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L'Ascension d'Horus, de Dan Abnett

Publié le par Nébal

L'Ascension d'Horus, de Dan Abnett

ABNETT (Dan), L'Ascension d'Horus, [Horus Rising], traduit de l'anglais par Julien Drouet, Nottingham, Black Library, coll. The Horus Heresy, [2006, 2008] 2014, 414 p.

 

J'ai toujours eu une certaine sympathie pour l'univers bariolé et fascistoïde de Warhammer 40 000. Il faut dire qu'il a beaucoup compté pour moi, quand bien même de manière indirecte. En effet, je l'ai découvert – je devais avoir huit ou neuf ans – quand on m'a offert le très chouette jeu de plateau et de combat tactique (que j'ai hélas paumé depuis...) Space Crusade. J'ai passé des heures et des heures dessus avec mes petits camarades, à guider mes figurines de vaillants Space Marines dans les couloirs obscurs d'un vaisseau mystérieux afin d'y massacrer de l'Orque à tout va (en espérant ne pas tomber sur un Genestealer...). Et, à l'évidence, j'en voulais encore.

 

Et puis, un jour, je suis tombé sur un numéro de White Dwarf, qui représentait en couverture des Space Marines à foison – c'était pour la sortie du jeu Epic –, même si j'avais surtout été bluffé, à la lecture de cette étrangeté chopée par hasard, par la version médiévalisante – Warhammer, ou Warhammer Battle –, avec un compte rendu de bataille qui m'avait autant passionné que tétanisé ; j'ai lu et relu ces pages joliment illustrées, avec ces figurines merveilleusement peintes (je n'ai jamais réussi à obtenir quelque chose de correct pour ma part...), et c'est ainsi que j'ai découvert l'univers des wargames avec figurines. Inévitablement, quelque temps plus tard, je me suis fait offrir la boîte de base (avec, à l'époque, des Hauts-Elfes et des Orques), et, si j'ai galéré un moment avant d'y comprendre quoi que ce soit, j'ai ensuite monté ma propre armée – des Nains ; j'avais l'ambition aussi de faire une tentative du côté des Skavens et des Morts-Vivants, mais ça n'a jamais pu se faire – et cherché à conquérir le monde face à mes petits camarades...

 

Et puis, troisième étape : un jour, en fouinant dans une maison de la presse, j'ai eu l'impression de retomber sur un Space Marine, vaguement différent certes, mais qui m'a forcément fait de l'œil : il s'agissait en fait d'une illustration pour un jeu qui n'avait rien à voir, offert dans ledit numéro de Casus Belli. Du coup, indirectement, c'est aussi à cause de (pardon : grâce à) Warhammer 40 000 que j'ai découvert les jeux de rôle... Même si le premier que je me suis procuré, c'était le vieux Star Wars. Étrangement (ou pas), je n'ai jamais joué aux jeux de rôle dans les univers de Warhammer et de Warhammer 40 000 (mais je ne suis pas certain que j'y trouverais mon bonheur, a fortiori maintenant), mais peu importe.

 

Quatrième étape, enfin : les jeux vidéos, qui ont maintenu la flamme, et dans lesquels j'ai retrouvé cet univers avec plaisir (même si un seul m'a vraiment beaucoup marqué : le wargame – tour par tour, forcément – Final Liberation)...

 

(Ah, et, à côté, il y avait aussi Blood Bowl, sous toutes ses déclinaisons ; mais c'est une autre histoire...)

 

Et voilà où j'en suis : cette nostalgie – assez fondée tout de même, il me semble – m'a amené à lire le premier tome de « L'Hérésie d'Horus », très gros cycle écrit à plusieurs mains retraçant une histoire essentielle du background de Warhammer 40 000 (qui me paraît d'ailleurs avoir pas mal changé sous cet angle, par rapport à mes vieux souvenirs : les Orques et les Eldars y occupaient une place beaucoup plus importante, eux qui sont aujourd'hui rassemblés, avec les Tyranides, etc., dans la catégorie des Xénos, et, corrélativement, le Chaos, sans être négligeable, était moins omniprésent). Certes, les licences, c'est généralement Le Mal. Cela dit, j'avais entendu des échos plutôt positifs de cette longue série, et notamment des romans écrits par le best-sellereux Dan Abnett, à l'instar de ce premier tome qu'est L'Ascension d'Horus. Alors, sur une impulsion – une envie de lire du pas-prise-de-tête, éventuellement takata-boum –, j'ai acquis ce premier volume, et je l'ai lu, presque aussitôt.

 

Et j'imagine que j'y ai trouvé ce que j'en attendais : oui, c'est abominablement mal écrit, et encore plus mal traduit (certaines phrases, désolé, ne veulent tout simplement rien dire en français). Mais c'est aussi, oui, passablement entraînant, aussi fascinant que l'univers est fascisant, et à n'en pas douter addictif. À s'en tenir du moins à ce premier tome écrit par Dan Abnett. On verra pour la suite. Oui : on verra.

 

Il y a l'Imperium des Humains. Après la Longue Nuit qui a séparé les peuples humains égarés sur des milliers de systèmes, et après les guerres d'unification de Terra, l'Empereur a lancé une grande croisade afin de rétablir les liens, en voyageant à travers le Warp. L'Empereur a tout d'abord conduit lui-même cette croisade, puis a décidé de retourner sur Terra, et d'en confier le commandement à son fils préféré Horus, promu pour le coup Maître de Guerre. À la tête des Luna Wolves, peut-être les plus fougueux des Space Marines, le brillant Horus répand ainsi la vérité de l'Imperium à travers la galaxie ; une vérité sans Dieu, il est important de le noter (malgré les tentatives de diviniser l'Empereur, qui sont rejetées par le principal concerné) ; mais une vérité qui ne fait aucun doute pour les soldats d'élite que sont les membres de l'Astartes.

 

Ou presque... Forcément.

 

Le roman, composé de trois parties inégales, s'ouvre sur la conquête... de Terra. Enfin, d'une planète qui se dit Terra, ce qui est bien sûr impossible, puisque la vraie Terra, c'est celle de l'Empereur, qui justifie l'action des Space Marines (produits génétiquement pour une efficience maximale dans l'art de la guerre)... La rencontre entre les deux Terra, les deux empires (puisqu'il y en a un là aussi...), dégénère très vite – forcément. Mais les troupes de ce monde lointain ne sont pas à même de résister bien longtemps à la furie de l'Astartes... Il y a cependant des poches de résistance, qui se fondent notamment sur la foi – la religion, et d'autres superstitions du même type, comme la légende à propos de ces montagnes qui murmurent, et seraient le repaire de démons... N'importe quoi, hein ?

 

L'aventure se poursuivra au-delà de cette fausse Terra, tout d'abord dans un monde débordant d'Arachnides, puis sur un nouveau centre humain. Mais chacune de ces étapes sera en fin de compte une occasion supplémentaire de questionner, quand bien même timidement, la vérité de l'Empereur et la justesse des méthodes (bourrines) de l'Astartes pour l'imposer.

 

Horus, le charismatique Horus, est là, bien sûr, mais un peu en retrait – et il ne faut pas s'attendre, dans ces pages, à le voir succomber : l'hérésie n'est encore qu'en puissance, le fils préféré de l'Empereur reste son plus fidèle soutien. Les principaux personnages et points de vue sont, d'un côté, Garviel Loken, capitaine de la 10e Compagnie des Luna Wolves – qui connaît une ascension fulgurante dans ces pages, devenant conseiller informel du Maître de Guerre Horus en tant que membre du Mournival, sans doute un brave type, indéniablement loyal, peut-être trop (mais ce n'est pas un imbécile pour autant, et il est régulièrement amené à s'interroger sur ce qui se produit autour de lui, chose horrible et insupportable pour un militaire) –, et, d'un autre côté, les commémorateurs accompagnant la croisade, et chargés d'en narrer les hauts faits via leurs différentes pratiques artistiques, à fins de propagande – qui, eux aussi, pour être habitués à n'intervenir qu'après la bataille et ses horreurs, n'en tendent pas moins à se rebeller, même très légèrement, et à s'interroger à leur tour...

 

De la sorte, Dan Abnett, même avec sa plume pauvre, et en dépit de certaines scènes plutôt malhabiles quand elles entendent confronter immédiatement les personnages à des réflexions éthiques et politiques trop éthérées pour eux, remplit sans doute son contrat : le roman est prenant, abondant en scènes d'action plutôt efficaces, et le sérieux pointe en outre de temps à autre, de manière plutôt intéressante. Certes, on ne fait pas là dans la Ghrandhe Hlittérathure, mais ça n'a aucune espèce d'importance : L'Ascension d'Horus est bien un produit de consommation courante ; je l'ai consommé, et m'en porte plutôt bien, ayant retrouvé avec plaisir cet univers belliqueux aux visuels saisissants. J'ai même, à vrai dire, une grande envie de poursuivre l'aventure, d'assister à la naissance de l'hérésie à proprement parler... Aussi me suis-je procuré le deuxième tome, Les Faux Dieux de Graham McNeill... Et on verra bien...

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E
Les Faux Dieux devraient mieux passer, McNeill capitalisant efficacement sur le premier tome d'Abnett.<br /> Passé les trois premiers, tu pourras en éviter pas mal, je te conseille le duo Des Milliers de Fils / Prospero brûle qui devrait satisfaire tes envies de littérature "BEUAAAAH !".<br /> <br /> Sinon "fascistoïde" c'est mignon. ;) :)
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