NanoChrome
NanoChrome. Cyberpunk de poche, Chibi, [s.d.], 107 p.
Il y a certes des vieux grognards pour se plaindre, façon « c'était mieux avant », de ce qu'il ne paraît plus rien de neuf en jeu de rôle, mais ces gens-là ont à mon sens des œillères. Que ce soit chez les gros machins (tout relatifs, bien sûr) ou a fortiori du côté indépendant ou amateur, le catalogue me paraît amplement assez vaste pour que chacun y trouve son bonheur.
Et puis il y a cette chose étrange, que j'avais du mal à envisager jusqu'à une date toute récente : des auteurs. En l'occurrence, nous parlerons ici de John Grümph, très prolifique et dans tous les styles ou presque (en témoignent déjà les deux seuls jeux signés par le monsieur que j'avais déjà, l'intriguant Mahamoth et surtout l'enthousiasmant Oltréé ! – qu'il faudra bien que je teste un jour). Et puis il s'est mis, via sa collection Chibi, à développer des jeux très simples (façon de parler, hein), au système élémentaire, sans véritable background, mais parfaits pour l'initiation – et sans doute aussi pour la réflexion sur ce qui est constitutif du genre en question. J'avais lu ainsi bien des critiques positives de Dragon de poche. Aujourd'hui, cependant, c'est de NanoChrome (ou Cyberpunk de poche) que je vais brièvement vous parler, et j'ai l'impression qu'il a été plus diversement accueilli. N'empêche qu'il me tentait bien, surtout après ma déconvenue avec le livre de base de la cinquième édition de Shadowrun, tellement complexe et simulationniste qu'il en devenait à mon sens injouable. Alors un petit jeu cyberpunk, abordable et sans prétention absurde d'exhaustivité, moi, je disais oui. La chose est disponible pour pas cher (sur le ouèbe uniquement, pour le moment en tout cas), et on me l'a de toute façon prêté, alors hop.
Le premier contact a cependant eu quelque chose d'un peu rude. NanoChrome utilise un système OGL tout con (avec des d6) qui, pour être très simple, ne me paraît pas forcément très pertinent ici. La relative, voire presque complète absence de background, je m'y attendais, donc (on est joyeusement invité à piller ce qui se fait ailleurs, ou – mieux et essentiel ici – à générer tout ça). Je note quand même l'idée de « Panopticon », qui renvoie pas mal à la « sous-veillance » d'Eclipse Phase telle qu'elle est définie dans... Panopticon.
Autre chose à signaler, bien sûr : si les tables vous effraient (ce qui est souvent mon cas), fuyez, pauvre fous ! Ce fut à vrai dire mon premier réflexe. Je l'ai dépassé, heureusement, et ai fini par y trouver mon bonheur. Car si, disons-le, NanoChrome n'est à mon sens pas très enthousiasmant pour lui-même en tant que jeu, il fournit par contre un merveilleux outil de création pour le maître de jeu. Besoin d'une faction, d'un allié, d'une nemesis sur le pouce ? Hop ! Ça y est, en quelques jets de dés. Et ça marche aussi pour tout le reste, en fait – les lieux, par exemple, ou encore les événements déclencheurs, les complications, etc. Vous l'aurez compris, tout cela est surtout utile en mode « sandbox », mais je suis persuadé qu'on peut également l'utiliser pour préparer une partie un peu à l'arrache, mais parfaitement à même de satisfaire tous les joueurs.
D'où ce bilan : non, NanoChrome n'est pas en ce qui me concerne un très bon jeu de rôle ; mais c'est un outil de choix pour le maître de jeu, aussi vaut-il quand même le détour.
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