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The Dying Earth : The Compendium of Universal Knowledge

Publié le par Nébal

The Dying Earth : The Compendium of Universal Knowledge

The Dying Earth : The Compendium of Universal Knowledge, Pelgrane Press, [2006] 2007, 285 p.

 

Jack Vance, avec la tétralogie de « la Terre Mourante », a créé un univers baroque et foisonnant, unique en son genre. Le lexique est abondant, qui n'est pas toujours mis en valeur autrement que par le contexte, et dans le but de susciter l'émerveillement par l'exotisme. Pour dire les choses clairement, et sans porter le moindre jugement de valeur, Vance n'était pas Tolkien. La Terre mourante du dernier Éon n'a pas le côté « carré » et précisément défini de la Terre du Milieu telle qu'elle a pu être élaborée au cours d'une vie entière ou presque. L'univers vancien, d'ailleurs, est du coup peut-être plus sujet encore à contradictions qu'Arda, mais sans doute posent-elles moins de problèmes.

 

Quoi qu'il en soit, la Terre mourante est un univers à la fois séduisant et plein de trous, et la tentation est forte de venir les combler, ou du moins apporter son grain de sel, sous une forme ou une autre. Cela a pu déboucher sur divers projets littéraires, avant même la grosse et très recommandable anthologie de Gardner Dozois et George R.R. Martin Chansons de la Terre mourante (en verra-t-on enfin un jour le troisième et dernier tome en français ? Grmbl...).

 

Une autre possibilité était le jeu de rôle. Dès le début, à vrai dire : Gary Gygax a volontiers reconnu avoir emprunté au monde vancien pour le vénérable Donjons & Dragons, notamment pour la magie, mais aussi au-delà. Puis, bien plus tard, Pelgrane Press a sorti l'adaptation officielle et approuvée par le Maître, The Dying Earth (en « français », Dying Earth, la Vieille Terre). L'univers s'y prêtait tout particulièrement et il y avait tant de choses à explorer dans les creux qu'on pouvait se permettre d'être créatif, tout en respectant l'œuvre vancienne, à la lettre et dans l'esprit. Plusieurs suppléments ont dès lors été publiés, qui ont joué le jeu du bouche-trous. Ce qui a fini par donner une masse d'informations relativement énorme, qu'il pouvait être intéressant de mettre à plat sous forme de synthèse.

 

Tel est l'objet de ce Compendium of Universal Knowledge, qui reprend tout ce qui avait été dit alors sur l'univers de la Terre mourante, dans les livres de Vance comme dans les suppléments de jeu de rôle (et peut-être aussi ailleurs, comme dans le roman La Revanche de Cugel l'astucieux de Michael Shea ?).

 

Ce Compendium est donc présenté sous la forme d'un dictionnaire au format A4, avec police riquiqui mais mise en page aérée, abondamment illustré (mais c'est généralement assez moche, et les cartes sont toujours aussi illisibles à mes yeux...). Et donc voilà : de « Accic Ocean » à « Zo Zam », tout, tout, tout, vous saurez tout sur la Terre mourante.

 

Les visas commencent par définir une catégorie à laquelle renvoyer le terme : objet, lieu, sortilège, créature, terme technique, etc.

 

On trouve ensuite le « Canon », généralement assez court, qui résume les informations certaines et « officielles » (entendre par-là celles qui figurent de manière clairement posée dans les quatre livres de Jack Vance).

 

Après le « Canon », le gros de l'article, le plus souvent, est occupé par les « Opinions », développements plus abondants mais sujets à contradictions, déduits de l'univers vancien, du contexte, etc., et qui forment dans un sens le matériau de base du jeu de rôle. Ces « Opinions » sont rapportées par des « Amis du Compendium », décrits en fin d'ouvrage, tous dotés d'une forte personnalité et qui ne rechignent certes pas à se marcher sur les pieds à la moindre occasion, en fonction de leurs passés réciproques.

 

On trouve aussi parfois des « Rumors of Impending Hazard », qui sont autant de pistes à creuser pour bâtir un scénario ou ne serait-ce qu'une transition ou une fausse piste (mais je n'ai le plus souvent pas été convaincu par ces suggestions, trop légères ou trop bourrines à mon goût...).

 

Enfin, les (assez rares) informations d'ordre technique figurent dans des encadrés grisés.

 

Le Compendium est un dictionnaire : en tant que tel, même pour les fans les plus acharnés, il a sans doute quelque chose de rébarbatif... J'aurais par ailleurs tendance à lui reprocher de trop mettre l'accent sur les créatures (on a parfois l'impression de lire un bestiaire...). J'a enfin trouvé regrettable que, en dépit des « Opinions » et des rivalités qu'elles suscitent, le livre soit nettement moins drôle et flamboyant que les autres textes du jeu que j'avais eu l'occasion de lire jusqu'à présent (en français il est vrai)...

 

Ceci étant, le Compendium of Universal Knowledge reste un supplément intéressant pour les rôlistes, qui y trouveront sans nul doute matière à étoffer leurs parties, et peut-être même pour les simples amateurs de l'œuvre vancienne, qui se replongeront ainsi avec plaisir dans cet univers d'une richesse incomparable (et dont on prend vraiment conscience ici, en se noyant sous les articles). Ouvrage bien conçu (en « hypertexte », au sens où chaque article est lié à nombre d'autres), et qui a le bon goût de distinguer intelligemment ce qui vient de la source originelle et ce qui en a été extrapolé depuis (j'aimerais bien que d'autres jeux de rôles « adaptés » procèdent ainsi, mais bon...), le Compendium of Universal Knowledge s'avère donc satisfaisant, même si l'on peut le critiquer ici ou là.

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