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CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (08)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (08)

Huitième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente .

 

La joueuse incarnant la flingueuse Moira était absente. Étaient donc présents l’homme de main Johnny « La Brique », le bootlegger Clive, le perceur de coffres Patrick, et ma « Classy » Tess, maître-chanteuse.

 

Patrick, quand il s’est rapproché de la porte donnant dans le vide, a perdu ses sourcils et s’est retrouvé complètement chauve ; je n’ai pour ma part perdu que quelques mèches, une coiffure attentive devrait pouvoir dissimuler cette perte… Les rails dans le tunnel de gauche donnent l’impression d’être plus détériorés que les autres ; il y a des traces de sang sur la draisine, et les griffures ont clairement été faites par des ongles humains.

 

Clive, Johnny et Moira sont plongés dans une obscurité totale – et Moira est inconsciente. Johnny, en tâtant sa nouvelle arme, comprend qu’il s’agit en fait d’une hache à long manche – Clive, par contre a bien un cimeterre. Ils perçoivent des miaulements gémissants. Clive se penche sur Moira pour évaluer son état – son pouls est rapide, mais revient à la normale. Johnny tâte les murs – de vieilles pierres ; le sol est pavé. Il cherche un interrupteur, mais n’en trouve pas ; il y a par contre une torche ; Clive a une boîte d’allumettes, ils ont donc maintenant une source de lumière, et peuvent distinguer deux portes en bois, épaisses, l’une devant (donnant probablement sur l’extérieur), l’autre derrière – elles n’ont pas de serrure, juste une poignée. Johnny perçoit, provenant de la porte de derrière, des respirations humaines très basses. Il entrouvre cette porte, et voit qu’elle donne sur des cages ; dans celle qu’il distingue le mieux, il y a cinq ou six corps, entassés les uns sur les autres ; il entend à nouveau des miaulements, plus forts depuis qu’il a entrouvert la porte ; il l’ouvre maintenant complètement, et voit qu’il y a trois cages : au milieu, celle qu’il avait entraperçue ; sur sa droite, une autre cage contient des hommes debout horriblement écorchés, les lèvres cousues, des marques de trépanation sur le crâne, qui émettent une respiration faible entremêlée de beuglements et de gémissements ; ces créatures ne sont cependant pas tout à fait humaines, à y regarder de plus près : elles ont des petites cornes et des genoux inversés, comme les « satyres » du tableau de Shipley… La cage à sa gauche, avec des barreaux plus resserrés, abrite seulement un chat, très faible, émaillé de traces de brûlures, qui se relève péniblement et s’approche en gémissant des barreaux ; contrairement aux autres cages, celle-ci n’a pas de serrure, mais une simple poignée ; Johnny ouvre la porte…

 

Du côté de Patrick et Tess, le tunnel est assez large (quatre à six mètres). On distingue au sol des traces de pas récentes – les rails partant sur la droite sont rénovés, mais tout laisse à penser que la structure est autrement fort ancienne. Nous nous avançons prudemment dans cette direction ; la lumière étant suffisante, j’éteins ma lampe torche afin de l’économiser. Il y a une odeur de sang, de corps… Nous aboutissons dans une grande salle illuminée par des projecteurs (leur lumière crue et puissante nous agresse d’ailleurs les yeux). Il y a un peu partout des sortes d’ « étendoirs », sur lesquels on trouve des dépouilles humaines menottées ou ligotées avec du fil de fer barbelé – quelques agonisants au milieu des cadavres, tous ont visiblement des organes en moins, ou du moins de la peau. Le sol est strié de canalisations sanguinolentes qui se dirigent vers une grande cuve au centre de la pièce, au-dessus de laquelle se trouve une sorte de grue ; par ailleurs, de notre côté, il y a aussi un bac de liquide vert phosphorescent. Les bruits de pelle proviennent du couloir à l’autre bout de la salle. Il y a des sortes de cellules au nord ; je m’approche de la première, longeant des « étendoirs » où sont attachés des écorchés, à la façon des « vêtements » de peau humaine vus chez Templesmith. À côté de la cellule, il y a un entassement de chaînes et de menottes ; à l’intérieur de la cage, trois hommes, enchaînés, qui ne peuvent presque pas bouger – ils sont très amochés, et ont l’air enragés ; tout cela évoque une sordide banque de prélèvement d’organes et de peau… Patrick me rejoint, et sort son arme à tout hasard…

 

Clive interpelle Johnny, lui demande ce qu’il fait (il ne le voit pas). Johnny répond sans donner de détails : « Il y a des trucs enfermés… » Quelque chose de dangereux ? Il n’en sait rien… Clive laisse alors Moira inconsciente et rejoint Johnny ; il voit les cages, et notamment les « satyres » (uniquement des mâles, nus, alors que les autres corps comprennent autant d’hommes que de femmes ; les « satyres » eux aussi arborent des marques de prélèvement, mais moins nombreuses et moins pénalisantes – lobotomie exceptée…). Johnny ouvre donc la porte de la cellule du chat, qui se montre soulagé… au point de sourire… et parle : « Enfin ! » Il fait un pas hors de la cage… et disparaît d’un seul coup. Clive et Johnny entendent alors un cri d’enfant à l’extérieur – et Clive le reconnaît (un gamin issu d’une famille WASP pauvre ; ses parents alcooliques l’envoyaient se fournir chez Clive, qui les avait par ailleurs entendu battre le mioche). Ils étudient de plus près la cage du chat : elle pue la pisse et les excréments… mais ils remarquent que les barreaux, au sommet, se plient pour former des angles étranges – évocateurs des symboles de la tablette, etc. Clive s’attarde sur les corps nus – certains ont une fermeture éclair – tandis que Johnny se dirige vers la porte donnant sur l’extérieur ; Clive le suit enfin, en soulevant Moira toujours inconsciente. Dehors, ils tombent sur un cadavre d’enfant éventré – le chat est dessus et se repait de ses intestins, l’air ravi… Le chat semble par ailleurs un peu plus gros que quand il était dans la cage – ses griffes sont plus longues, les crocs proportionnels, et ses traces de brûlures semblent avoir été remplacées par un étrange pelage translucide, à la manière de cristaux… Clive remarque que le chat fixe Moira, l’air alléché. Puis il les regarde eux, visiblement amusé. Clive lui demande qui il est, et où ils sont. Le chat répond : « Tant de questions… À voir vos tronches, je suppose que vous n’êtes pas d’ici… » Il dit d’une voix fluette et mélodique qu’il ressent une certaine gratitude (il semble se contredire à ce sujet plus loin), et dit s’appeler Radzak. Il leur demande qui ils sont ; Johnny répond sans hésiter, mais Clive est visiblement perturbé… Le chat leur dit qu’il suppose qu’ils ne sont pas des alliés de 6X. Ils disent ne pas le connaître, mais en avoir entendu parler. « Vous n’êtes pas là par hasard, vous cherchiez quelque chose… » Le chat ajoute que leurs questions ne sont qu’un début. Clive lui demande qui est 6X : « Un très mauvais employeur… » Le chat dit qu’il est un bâtard, tout comme 6X – mais ce dernier négligeait ses besoins alimentaires… Clive lui demande si c’est 6X qui l’a enfermé ici. « Vous êtes perspicaces ! » Le chat lève alors sa patte droite en direction du ciel… et Clive et Johnny prennent enfin conscience de leur environnement – qui rappelle à Johnny le tableau de Shipley : le bateau, comprend-il, ne voguait pas sur de l’eau sombre, mais dans le vide spatial ! Ils sont en effet sur une sorte d’astéroïde en forme de disque, couvert d’un gazon bleu, et entouré d’astres divers – des bulbes palpitants, des sphères gazeuses d’où jaillissent des protubérances d’ampleur planétaire, des comètes çà et là (dont les trajectoires, entre virages et intersections, semblent indiquer une forme de conscience…) ; Johnny voit des bateaux d’ébène semblables à celui du tableau, qui naviguent à son instar dans l’espace. Cette révélation est terrible : Clive s’écroule, lâchant Moira, tandis que Johnny reste figé plusieurs minutes, comme en transe…

 

Patrick et moi nous dirigeons vers la deuxième cellule – la plus grande : s’y trouvent dix hommes et femmes nus (jeunes ou au plus entre deux âges) ; ils sont eux aussi lobotomisés, mais pas enchaînés, leurs lèvres ne sont pas cousues, et certains ont encore des yeux, des doigts, etc., même si leur peau a été arrachée (et ils ont eux aussi des fermetures éclair). Ils s’entrechoquent sans cesse, tombent, se relèvent… Nous en reconnaissons certains (des clochards notamment – des gens, globalement, dont la disparition passe inaperçue). Je me dirige alors vers la dernière cellule ; s’y trouve une femme seule, entre vingt et vingt-cinq ans, nue, en position fœtale ; ses cheveux blonds semblent déteindre, revenir à une coloration aile-de-corbeau ; elle ne présente pas de signes de prélèvements. Non loin, outre des produits de beauté (?), il y a un râtelier de lames et de scies chirurgicales, ainsi qu’une table de menuiserie avec des outils. J’interpelle la jeune femme, qui me regarde sidérée : « Vous… » Elle demande si c’est encore une mauvaise blague – je lui réponds que, si c’est le cas, nous en sommes les victimes. Patrick dit que cela n’a pas d’importance ; mais où sommes-nous ? Elle demande qu’on la libère si elle répond ; nous acquiesçons… et elle dit qu’elle pense que nous sommes à Boston ! Elle ajoute que c’est Templesmith qui l’a mise ici. Je lui demande si elle est Diane, elle répond s’appeler Fran. Patrick essaye de crocheter la serrure de la cellule ; la jeune femme n’a pas l’air d’y croire, elle essaye de toucher Patrick pour s’assurer qu’elle ne rêve pas ; Patrick se retire par réflexe, elle s’excuse, et il se remet au travail. Une fois la porte ouverte, la jeune femme se précipité sur un des « étendoirs », derrière nous, et se jette sur le corps qui y est attaché : « Papa… Papa… » Elle demande ensuite à Patrick s’il a une arme – il l’admet… mais ne semble pas très chaud pour la lui confier. Fran se rend au râtelier, et s’empare d’une lame chirurgicale, avant de revenir auprès de l’ « étendoir », et nous comprenons bien ce qu’elle compte faire. Patrick essaye de la tenir à distance d’une main ; par réflexe, elle bondit en arrière et le regarde ; Patrick lui dit de le laisser faire, elle le regarde sidérée ; il pointe son revolver sur le « père » de Fran et lui tire une balle dans la tête. Fran se rapproche à nouveau de la dépouille. Mais, de mon côté, j’ai remarqué que le bruit de pelle avait cessé après la détonation… Je me range contre le mur et me dirige prudemment vers l’angle du couloir… Fran demande à Patrick s’il sait où trouver des vêtements ; il dit qu’il va fouiller, et suggère à Fran de me rejoindre ; elle se donne une petite gifle, comme pour se réveiller, s’approche de moi et me demande de lui prêter ma veste – je la lui donne et elle me remercie. Patrick se met à fouiller dans la grande salle ; il passe notamment devant la grue – peut-être y a-t-il un corps à l’extrémité ? Je chuchote à Fran de rester en arrière, discrète, et arrive à l’angle du tunnel – je perçois des bruits de pas qui s’avancent vers nous ; j’y jette un œil : il y a, assez près, une fosse à cadavres, et plus loin un tas d’éboulements ; entre les deux se trouve une silhouette, une sorte de mannequin de bois traînant une pelle, qui avance lentement… Fran retourne s’armer auprès du râtelier, mais ne semble pas constituer une menace pour moi (je l’épie de temps à autre ; à la manière dont elle s’équipe, je suppose qu’elle est du métier…). Patrick passe à côté de la cuve – sans regarder à l’intérieur ; il perçoit des glougloutements… Il passe aussi à côté des générateurs, qui émettent un vrombissement sourd…

 

Clive se reprend, mais constate que Johnny est toujours figé. Radzak se rapproche doucement de Clive, avec un sourire amusé. Il lui demande s’ils savent maintenant où ils sont… Il pointe un astre, disant que c’est « sa » Saturne, et qu’il lui tarde d’y retourner… Mais il ajoute : « Vous n’êtes pas des alliés de 6X, nous pourrions avoir des intérêts communs. » Clive dit que c’est bien possible, et qu’il souhaiterait qu’ils collaborent. Mais le chat dit prendre grand-soin de son indépendance… Il dit qu’il va d’abord faire un tour chez lui, et qu’il repassera peut-être les voir – s’il y pense… et s’ils ont quelque chose à lui offrir ? Il regarde à nouveau Moira inconsciente en se léchant les babines… Clive lui demande qui a dépecé les cadavres : « 6X. Je l’avais aidé pour les premiers », répond le chat… À quoi ressemble 6X ? « Il a tellement de formes… La plus naturelle est abjecte même à mes yeux. Sa forme terrienne est plus jolie… » Johnny commence à reprendre ses esprits, mais manque encore de chavirer… Clive demande au chat s’il souhaite qu’ils éliminent 6X. « Avec grand plaisir ! » Mais qu’est-ce que cet astéroïde : une sorte de garde-manger ? « Oh, non, bien plus que ça… » Le chat recommence cependant à dévorer le cadavre d’enfant… « Aimez-vous les enfants ? » Le chat se tourne cependant vers « sa » Saturne, prêt à bondir. Clive aimerait le retenir encore un peu, lui demande s’il les aidera à trouver 6X et à partir d’ici… Le chat tient un discours plus sec que précédemment : « Vous m’avez humilié en me libérant… La gratitude n’est pas très répandue chez ceux de ma race… » Il repassera quand il le voudra, point. Il bondit dans l’espace… et ne retombe pas mais disparaît au fur et à mesure. Clive et Johnny regardent autour d’eux. À environ un kilomètre de là, ils distinguent quatre bâtiments rectangulaires, et aussi une surface d’herbe verte, une sorte de jardin (avec deux bâtiments hexagonaux). Ils s’avancent, et constatent qu’une sorte d’étoile semble les accompagner, éclairant leur chemin. De l’autre côté de l’astéroïde, ils distinguent aussi des sortes de quais… Le premier bâtiment sur leur route est une cabane de jardin (mais à côté de celui-ci) : on y trouve des ustensiles parfaitement normaux, des sacs de terreau, et, dans des petits tiroirs carrés, quelques graines (très peu). On lit sur ces tiroirs des sortes de « hiéroglyphes », évoquant aussi une écriture curviligne, donnant l’impression d’un langage raffiné… mais inconnu. Tous deux se dirigent alors vers les bâtiments hexagonaux du jardin, chacun le sien ; Johnny arrive le premier à destination – c’est une structure très différentes des autres bâtisses, composée de grandes surfaces vitrées au lieu de briques, mais il y a un voile qui empêche de distinguer l’intérieur ; Johnny tend l’oreille, n’entend rien, et va ouvrir la porte. Clive, en traversant le jardin, sent quelque chose d’étrange à sa jambe, et la secoue ; il aperçoit une sorte de plante faite d’ossements (les pétales sont des dents, la tige est constituée de vertèbres…), avec une pierre en son sein ; il la tranche d’un coup de cimeterre… mais voit d’autres plantes étranges, notamment une sorte de rose abritant un reptile embryonnaire entre ses pétales (comme si elle le portait avant de lui donner naissance) ; ou encore une plante mi végétale, mi carnée (les tiges sont des canines, les pétales de fines langues, avec un œil au centre – qui « pleure ») ; et il entend des chuchotements (pensées obscènes de torture et de souffrance)…

 

Patrick est arrivé dans une grande réserve, éclairée par deux projecteurs : on y trouve cinq caisses, ainsi que des amas de tiges de métal, et une étagère abritant des fioles – comportant des organes préservés dans un liquide transparent… De mon côté, je reste plaquée contre le mur, attendant que le mannequin sorte du tunnel, gardant mon arme pointée à hauteur d’homme (je jette parfois un œil à Fran, à quelque distance – elle est armée d’un couteau de boucher et me regarde, l’air inquiet). Patrick s’empare d’une barre de métal faisant un bon gourdin (d’un mètre environ) ; il garde son pistolet dans l’autre main. Il ouvre les caisses, qui sont toutes remplies aux deux tiers de bijoux anciens, parfois même primitifs (colliers, bagues, diadèmes…). Le mannequin débouche enfin du couloir dans la grande salle, et je le vois bien mieux : il est effectivement constitué de bois pour l’essentiel, avec des rivets ; le chiffre « 4 » est gravé sur son front, et, juste en dessous, on trouve une petite boîte, similaire à celles de l’armoire de Templesmith – il y en a une autre sur sa nuque ; au niveau du torse, il a un écriteau, auquel est attaché un marqueur ; on distingue enfin sur sa jambe droite une sorte de greffe de peau, avec des couches de gaze pour la protéger (on voit les artères), évoquant un travail en chantier… Quand il passe à côté de moi, je cherche à m’emparer de la boîte à l’arrière de son crâne – le contact est froid, la texture écailleuse… mais je ne parviens pas à la déloger. Quand je le réalise, je braque à nouveau mon arme dessus, souhaitant tirer dans la boîte, mais le mannequin réagit avant, lève son bras dans un geste de défense et me repousse ; il s’empare alors de son écriteau et utilise son marqueur dessus – tandis que je me recule en le braquant, sans tirer. Patrick a dû entendre quelque chose, il sort de la réserve et nous appelle, Fran et moi… Le mannequin me tend son écriteau : « Ordres ? » Derrière moi, Fran s’est reculée jusqu’au râtelier, visiblement terrifiée… Je dis à l’automate : « Aide-nous à sortir d’ici vivants. » Pas de réaction, comme s’il n’entendait pas (pourtant, la détonation auparavant ?) ; il me tend l’écriteau, et j’écris mes instructions dessus ; il le reprend et le soulève devant son « visage » (la petite boîte à son front lui sert semble-t-il d’œil). Il secoue la tête, de manière de plus en plus violente, efface ce que j’ai écrit, et y met à la place : « Ordres contraires. » Je reprends l’écriteau, y inscris : « Obéis. » Patrick se rapproche de nous, dans le dos du mannequin, qui reprend ses mouvements nerveux, et écrit enfin : « Ordres contrmot de passeaires. » Patrick comprend la situation (Fran dit que le mannequin ne peut pas entendre, et que c’est l’esclave de Templesmith) ; je reprends doucement l’écriteau, indiquant d’un geste la boîte à l’arrière du crâne à Patrick – ce dernier me comprend, et fracasse la tête du mannequin de son gourdin de métal. Il entend un craquement, et réalise avec dégoût que la boîte n’est pas cassée mais est encore plus enfoncée ; le choc a cependant délogé la boîte à l’avant : le mannequin a des mouvements nerveux, évoquant un aveugle ; Patrick le frappe à nouveau, mais le mannequin arrête son arme et s’en empare, comptant la retourner contre lui – Patrick esquive le coup et parvient à se reculer. Je tire alors à bout portant dans la boîte arrière : elle vole en éclats, projetant des esquilles de bois et des bouts de cerveau ; l’autre boîte, au sol, s’est ouverte, et abrite un œil – Fran piétine le mannequin avec rage, et lui donne vainement des coups de couteau à la gorge ; il reste immobile. Je demande à Patrick ce qu’il a trouvé. Très affecté, il ne cesse de répéter : « C’est l’Enfer ! » Puis il s’empare du mannequin au sol, et, entraîné par son instinct, le traine vers la cuve où il compte le jeter… Fran, quand elle le comprend, succombe à une crise d’angoisse. Je me précipite derrière Patrick, lui crie violemment d’arrêter : il ne sait pas ce qu’il fait ! Patrick atteint la cuve, non loin du bac au liquide vert phosphorescent. Fran hurle désormais. Je rattrape Patrick, l’intercepte et l’empêche de jeter le mannequin dans la cuve. Fran hoquète d’horreur : « C’est là qu’il le plonge, le ravive, celui sans tête ! »

 

Johnny ouvre la porte de la serre. Il voit une plante immense, d’un mètre cinquante à deux mètres de large, pour deux à trois mètres de hauteur, sans racines dans le sol (carrelé), mais reposant sur une succession de branches, en dégradés de bleu, reproduisant des signes similaires aux runes de la tablette. En dessous se trouvent des fragments humains : un visage à la mâchoire disloquée, un œil qui le fixe et pleure, des bras lacérés par les branches qui s’en nourrissent, une cage thoracique broyée d’où pendent des organes encore palpitants… Johnny a pour réflexe de refermer la porte, mais succombe à la folie furieuse et se jette sur la plante (il laisse tomber Moira, devant la serre). Clive, de son côté, ouvre la porte de la cabane où il se rendait : s’y trouve une sorte d’autel orné de statuettes en divers matériaux (bois, chair, os…), dont un poulpe humanoïde, une créature bipède dont la tête est remplacée par un long tentacule, un amas de chair informe d’où jaillissent des bouches, des yeux, des sabots de chèvre… Il y a, de gauche à droite, comme une progression dans l’achèvement. Mais Clive entend alors le hurlement de rage de Johnny, et le voit pénétrer furieusement dans la serre avec sa hache ; il se précipite alors vers lui… tandis que les portes du plus grand bâtiment s’ouvrent et qu’en sortent trois ou quatre enfants, en pyjama, qui semblent se réveiller tout juste : « Qu’est-ce qui se passe ? » Johnny massacre la plante à coups de hache, mais perçoit indistinctement que les fleurs émettent une sorte de pollen…

 

À suivre…

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