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CR Imperium : la Maison Ptolémée (10)

Publié le par Nébal

CR Imperium : la Maison Ptolémée (10)

Dixième séance de la chronique d’Imperium.

 

Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance . La séance précédente se trouve ici.

 

Le joueur incarnant le Conseiller Mentat Hanibast Set était absent. Étaient donc présents le jeune siridar-baron Ipuwer, sa sœur aînée Németh, l’Assassin (Maître sous couverture de Troubadour) Bermyl, ainsi que le Docteur Suk, Vat Aills.

 

Bermyl est en état d’alerte, sachant que sa couverture a été grillée par la Maison Nahab (au moins…) ; il pense cependant rester encore quelque temps à Heliopolis, notamment pour enquêter sur les Atonistes de la Terre Pure ; il sait par ailleurs qu’Akela est en mesure, s’il le désire, de lui organiser un rendez-vous avec Ngozi Nahab lui-même – mais il s’en est entretenu à distance avec Ipuwer, qui préfère calmer le jeu à ce sujet pour le moment, et attendre que la Maison Ptolémée regagne une position plus favorable… À terme, cependant, Bermyl compte bien élargir le champ de ses investigations.

 

Németh se consacre pour le moment à deux thématiques pour l’essentiel : d’une part, les affaires matrimoniales – la proposition émise par Lætitia Drescii est à ses yeux inacceptable, elle ne compte pas laisser aux Kenric l’accès au marché franc de la lune de Khepri… Mais, pour avancer dans ce domaine, il lui faut attendre le retour de ses émissaires (auprès des Wikkheiser et des Delambre). D’autre part, donc, et de manière plus immédiate, elle souhaite se consacrer à l’organisation du colloque qu’elle entend parrainer à l’Université de Memnon – elle compte retourner dans la ville universitaire, pour mettre au point le programme du cycle de conférences (elle pense flirter avec les limites en ce qui concerne le rapport aux interdits du Jihad Butlérien) ainsi que la liste des invités. Enfin, même si elle ne voit guère comment s’en occuper elle-même, elle conserve en tête la mention du Vieux Radames que lui a faite la Révérende-Mère Quibailah Amari – et, derrière, elle ne manque pas de s’inquiéter de ce qui est arrivé à son père, le précédent siridar-baron Namerta…

 

Vat Aills, maintenant qu’il a établi la réalité du trafic d’organes entre l’hôpital de Nofre-It et les Nahab d’Heliopolis (le directeur de l’hôpital devant le tenir au courant des commandes et de leur livraison), compte surtout se pencher sur cette mystérieuse cargaison qui a disparu il y a environ un an et demi de cela, lors de son transfert entre la lune de Khepri et l’astroport d’Heliopolis : quelqu’un s’est-il plaint d’avoir perdu quelque chose, ou de ne pas avoir été livré ? Par ailleurs, il garde en tête l’idée que ce trafic de haute technologie, à l’occasion, semblait échapper à la Maison Soris, qui en a pourtant en principe le monopole ; il souhaite donc s’entretenir de nouveau avec le chef de la Maison, Ra-en-ka, sur Khepri – il sait par ailleurs que sa Maison s’est semble-t-il rapprochée de la Maison Menkara pour faire face à la domination des Nahab…

 

Ipuwer se remet de la « fête » qu’il s’est accordée à son retour du Continent Interdit. Trois points l’intéressent tout particulièrement, au-delà de la satisfaction de ses besoins et désirs : d’une part, il entend déterminer comment explorer le Continent Interdit, à la recherche de la base de Druhr et de ses semblables – il recevra bientôt les images satellites de la Guilde, mais il faudra sans doute en faire davantage, et il compte en discuter avec Hanibast Set. D’autre part, il est ainsi que sa sœur curieux de mettre la main sur le Vieux Radames – même si ce n’est sans doute pas une tâche qu’il peut accomplir lui-même, mais il peut mettre en branle les services de renseignement de la Maison Ptolémée, via le cas échéant le Maître-Assassin fantoche Elihot Kibuz. Enfin, l’idée que des groupes divers lui rendent une sorte de « culte » lui a quelque peu tourné la tête – il est de plus en plus pris par l’idée de réaliser son autopromotion, ou, mieux, son hagiographie : il aimerait écrire sa propre légende, et s’entretenir à cet effet avec l’écrivain Cassiano Drescii, toujours invité dans son palais…

 

Bermyl, sous sa couverture de troubadour, se rend au camp des Atonistes de la Terre Pure. La structure est très informelle, mais il comprend que, s’il est un endroit où il pourra trouver ce qu’il cherche, c’est probablement à la sorte de « place du marché » que l’on trouve en gros au centre du camp. En chemin, il épie les pèlerins, guette les discussions – il repère aussi des membres de ses services, infiltrés sur place par Elihot Kibuz à la requête d’Ipuwer, mais ils font bien sûr comme s’ils ne le connaissaient pas. L’ambiance dans le camp est à la mesure de la réputation des Atonistes : ils font très hippies, souriants, ouverts, s’impliquant volontiers dans des débats d’ordre spirituel ou philosophique où chacun peut s’exprimer comme il le souhaite… Bermyl note que les pèlerins les plus récents, bien davantage que leurs aînés qui ont déjà accompli une ou plusieurs fois le voyage vers l’Ouest Perpétuel, font parfois part de leurs craintes quant aux menaces que pourraient susciter le Culte Officiel, plus encore les fanatiques de la Maison Arat, éventuellement même les membres de la Maison Menkara – mais rien de très concret à cet égard. Arrivé aux environs du « marché », Bermyl relève la présence de Kambish, un bon élément de ses services ; il l’accoste tout naturellement, échange avec lui les politesses d’usage dans le cadre d’une conversation en rien suspecte, puis tous deux s’écartent discrètement de la foule – quand ils sont parvenus dans une zone moins fréquentée, et se sont assurés de ne pas avoir été suivis, ils s’entretiennent plus précisément des intérêts de la Maison Ptolémée sur place, la conversation étant dissimulée aux oreilles indiscrètes par l’emploi d’un cône de silence. Kambish s’était intéressé à ce qui pouvait se dire concernant le passage des Atonistes sur le Continent Interdit, mais ce n’est pas un thème spontané. Quand Bermyl lui demande si un pèlerin notable pourrait s’avérer instructif à cet égard, Kambish le renvoie sur Pnebto, un vieil homme qui avait intégré le mouvement avant même Thema Tena, très volubile de nature, et sans doute passablement naïf… Peut-être pourrait-il en dire davantage à Bermyl ? Celui-ci, en attendant, donne ses instructions – à transmettre également aux autres agents : ils doivent continuer de fouiner, notamment en ce qui concerne d’éventuelles intentions politiques de Thema Tena, les rapports entretenus par les Atonistes avec les diverses Maisons mineures, les éventuels « secrets » concernant le Continent Interdit… Bermyl laisse alors Kambish, et part en quête de Pnebto – demandant çà et là aux aimables Atonistes comment rejoindre le vieux bonhomme, qui passe ses journées à marcher au petit bonheur à travers le camp…

 

Németh se rend à Memnon pour organiser son colloque – qu’elle conçoit de manière assez généraliste, mais visant à la promotion de Gebnout IV et de la Maison Ptolémée ; elle souhaite en tout cas qu’il adopte une dimension pluridisciplinaire, permettant de traiter des rapports entre commerce, science et religion. Elle a déjà songé à quelques intervenants de Gebnout IV : Ai Anku, forcément, mais aussi Thema Tena et Suphis Mer-sen-aki (qui risque de ne pas apprécier cette idée d’œcuménisme, toutefois…) ; parmi les services de la Maison Ptolémée, elle entend ménager une place au Docteur Suk, Vat Aills ; elle aimerait aussi que Iapetus Baris y participe, mais se doute que le représentant de la Guilde risque de se montrer récalcitrant… Németh passe quelque temps dans les quartiers des Ptolémée, puis se rend à l’Université, accompagnée d’une petite troupe (rien d’inhabituel, mais un garde du corps reste toujours à ses côtés), afin de s’entretenir elle-même avec Ai Anku – elle a prévenu le doyen de sa visite, mais pas la fameuse scientifique. Németh entre dans l’amphithéâtre où Ai Anku achève son cours – « normal », en apparence, mais trop pointu pour que Németh en retire quoi que ce soit ; la scientifique l’a peut-être repérée, mais n’en tient pas compte, et son cours se poursuit comme si de rien n’était. Une fois la leçon achevée, Németh attend que les étudiants quittent les lieux (quelques-uns d’entre eux vont tout d’abord poser des questions à leur professeur – ce qui donne l’impression d’une corvée pour cette dernière, mais elle s’exécute néanmoins). Après cinq à dix minutes, Ai Anku se retrouve seule et range ses affaires – elle n’a toujours pas prêté la moindre attention à Németh, qui s’approche de l’estrade. Ce n’est qu’alors qu’Ai Anku la regarde, guère avenante – elle attend que Németh se lance. Celle-ci la loue tout d’abord pour son prestige scientifique, avance qu’elle a admiré son cours, mais Ai Anku lui demande si elle y a compris quoi que ce soit, l’air d’en douter… Mais Németh dit vouloir aller à l’essentiel : elle s’est entretenue avec le doyen de l’organisation du colloque qu’elle souhaite parrainer, et considère que Ai Anku est tout indiquée pour y participer, et même à une place d’honneur – celle-ci est volontaire, mais guide Németh dans son bureau pour en discuter dans un cadre plus intime. En chemin, la scientifique, sans se montrer pour autant très aimable (ce n’est guère dans sa nature, elle est essentiellement froide et sèche), concède qu’elle a une bonne image de Németh, du fait de son investissement dans le parrainage des activités scientifiques et technologiques : son rôle dans le programme d’aménagement des deltas (en parfaite adéquation avec les idées du Sentier de l’Eau), ou, à titre plus anecdotique, son ambition d’un jardin somptuaire à Cair-el-Muluk (qu’elle-même verrait surtout comme une vitrine des progrès de la planétologie de Gebnout IV, au-delà du seul apparat), la lui rendent plutôt sympathique… Une fois arrivées au bureau, Németh demande à Ai Anku si elle a quelques noms à lui suggérer, des invités qu’elle considèrerait intéressants dans le cadre du colloque – et elle leur facilitera alors la tâche (transport, hébergement, rémunération, etc.) ; Ai Anku lui dit qu’elle va réfléchir et dresser une liste à cet effet… mais semble un peu gênée, et demande, maladroitement, de quelle marge de manœuvre elle dispose à cet effet – puis elle lâche le morceau : ce colloque étant interplanétaire, il doit, à ses yeux, contribuer à faire vraiment changer les choses, au-delà d’une seule démonstration somptuaire dont elle n’a que faire : clairement, elle souhaite inviter des scientifiques d’Ix, de Richèse ou de Tleilax… Németh dit qu’elle va y réfléchir, mais entend rester discrète à cet égard pour le moment – et Ai Anku se referme alors un peu, visiblement déçue ou plutôt frustrée… Németh la rassure : ce n’est pas une fin de non-recevoir ! Elle-même serait d’ailleurs plutôt favorable au projet d’Ai Anku, mais c’est simplement qu’elle n’ose pas s’engager pour le moment, toute seule qui plus est… La scientifique lui demande alors si elle a déjà prévu quelques noms, et Németh évoque donc Thema Tena et Suphis Mer-sen-aki, au premier chef ; Ai Anku juge qu’ils sont sans doute « inévitables »… Elle ne s’y oppose pas, mais émet alors une condition à sa participation : elle entend œuvrer directement à l’organisation du colloque, sous tous ses aspects, afin de garantir sa neutralité sur un plan philosophique et spirituel – qu’il ne vire surtout pas au prosélytisme en faveur d’un saltimbanque comme le Grand Prêtre… Németh dit ne pas y être opposée, et accepte de la tenir directement au courant de ce qui sera envisagé pour le cycle de conférences – elle est ouverte à ses remarques, et encourage sa libre parole. Németh se présente elle aussi comme femme de raison et de science (Ai Anku ne peut alors retenir un petit sourire en coin, difficile à interpréter…), et sera ravie de la tenir informée des développements concernant les invités. La conversation s’arrête là ; Németh envisageait de retourner au Palais, à Cair-el-Muluk, mais se décide finalement pour Heliopolis – où elle compte voir Bermyl.

 

Vat est retourné à Heliopolis. Intrigué par la cargaison disparue entre la lune de Khepri et l’astroport, il se remet à l’étude des dossiers – et détermine une chose qui lui avait échappé quand il se focalisait sur les dimensions juridique et commerciale : le jargon technologique et scientifique portant sur le contenu précis de la cargaison est un pur charabia, qui ne veut strictement rien dire… Vat s’intéresse alors au destinataire : à en croire les papiers, il s’agirait d’une certaine Antarta Tes-amen, à Cair-el-Muluk – mais il peut vite déterminer que cette dernière ne s’est jamais manifestée, n’a pas émis la moindre plainte en rapport avec cette livraison jamais reçue… Conscient d’avoir déniché quelque chose, Vat fouine dans les registres planétaires d’Heliopolis (cette ville étant la capitale administrative, il dispose de bien des dossiers, probablement plus qu’ailleurs) : il détermine ainsi que la femme en question est une vieillarde, d’un peu plus de 70 ans, visiblement pauvre – vraiment pas du genre à se livrer à des transactions sur le marché franc de Khepri… C’est très probablement un prête-nom – Vat suppose que son identité a été choisie justement parce qu’elle n’était pas du genre à jamais entendre parler de cette affaire, et à poser la moindre question à ce sujet… Le Docteur Suk pense alors consacrer un peu de temps à la traque d’éventuelles drogues « zombies », mais doit se rendre bien vite à l’évidence : les vallées fluviales sont submergées par les cultures OGM, les laboratoires et les pépinières en rapport… Il ne pourra rien déterminer d’efficace en la matière sans davantage de précisions. Vat monte enfin dans une navette à destination de Khepri, après avoir prévenu Ra-en-ka Soris qu’il souhaitait le rencontrer à nouveau – et s’entretenir notamment des « menaces » qu’il avait évoquées très allusivement…

 

Ipuwer est rentré à Cair-el-Muluk, et gère tout d’abord ses activités quotidiennes : il se remet de sa petite fête de retour, puis s’entraîne à l’escrime avec Antonin Naevius (ce qu’il avait promis à son maître d’armes Ludwig Curtius, en route pour Delambre). Il envoie alors une équipe de renseignement, via Elihot Kibuz, afin d’interroger plus efficacement les Sœurs du Continent Interdit – il demande aussi à Kibuz de lui faire un rapport exhaustif sur le Vieux Radames, ce qui devrait être fait dans la journée. Puis, assisté par Hanibast, il se penche sur les photos satellites portant sur les deux dernières années, fournies par la Guilde… et Hanibast, stupéfait, constate bien vite que ces photos ont été trafiquées, il n’y a aucun doute à ce sujet (non que le travail ait été à proprement parler bâclé – mais Hanibast et Ipuwer ont vu sur place des choses ne figurant pas sur ces images…) ; il suppose que c’est très probablement la Guilde qui est responsable de cette falsification… ce qui ne manque pas d’inquiéter Ipuwer. Celui-ci décide alors d’organiser une réunion stratégique, où Hanibast est toujours présent, avec le général Kiya Soter : comment trouver une base éventuelle sur le Continent Interdit, dans ces conditions ? Peut-être les Atonistes ont-ils quelque chose à dire à ce sujet ? On pourrait aussi concevoir une grosse expédition d’ornithoptères – mais celle-ci serait nécessairement lourde, voyante, coûteuse… et imprécise dans ces conditions : il faudrait déterminer plus clairement ce qu’elle serait supposée chercher, et où en particulier. Ipuwer décide de rester en l’état pour le moment – tout au plus peut-on commencer à établir les grandes lignes du projet. Après quoi Ipuwer reçoit le rapport de Kibuz concernant le Vieux Radames… mais comprend bien vite qu’il est creux, vide, à n’en pas douter lacunaire – que ce soit parce que Kibuz et ses hommes sont incompétents, ou réfractaires : il y a forcément plus de choses à trouver ! Ipuwer, qui se méfie donc de plus en plus de Kibuz, contacte Bermyl à Heliopolis.

 

[NB : la scène du paragraphe suivant, en fait, se situe donc chronologiquement après celle qui la suit immédiatement, et qui voit Bermyl poursuivre ses investigations dans le camp des Atonistes de la Terre Pure – scène qui doit donc quant à elle être considérée plus ou moins comme un flashback ; les deux scènes ont été jouées dans cet ordre pour une pure question de rythme et d’opportunité.]

 

Ipuwer demande à Bermyl s’il pourrait discrètement lui suggérer un bon élément pour mener l’enquête (et éventuellement prendre la place de Kibuz en l’absence de Bermyl ?), et l’assassin, plutôt que de suggérer un nouveau nom, mentionne celui de Taho, en qui il a toute confiance, et qui est pour l’heure en mission d’infiltration au sein de la Maison Arat, à Nar-el-Abid – infiltration guère fructueuse cependant, aussi vaudrait-il peut-être mieux redéployer ce très bon élément, dont on gâche présentement les compétences pour une mission sans doute inutile ? Ipuwer admet volontiers que les réactionnaires de la Maison Arat, s’il tend à s’en méfier, ne sont cependant pas du genre à gérer une armée de clones et à piller des cadavres, ce qui le préoccupe bien davantage… On pourrait effectivement alléger quelque peu la surveillance sur les zélotes – Ipuwer donne son accord pour rapatrier Taho à Cair-el-Muluk, afin qu’il travaille sur le Vieux Radames. Mais quel comportement adopter à l’égard de Kibuz ? Doit-il y avoir des conséquences politiques ? Ipuwer n’est guère satisfait de ses services depuis plusieurs années déjà, avant même la mort de son père, qu’il n’a su éviter – il envisage de le mettre discrètement à la retraite, mais préfère attendre encore un peu (peut-être le temps que la position de la Maison Ptolémée soit consolidée par rapport aux Kenric ? Cela pourrait prendre du temps…) ; Bermyl ne cache cependant pas qu’il est de plus en plus suspicieux à l’encontre de son « homme de paille » : l’âge n’excuse pas tout ! Peut-être, en fait, faudrait-il le surveiller lui aussi…

 

[On retourne donc en flashback à la deuxième scène de Bermyl au campement des Atonistes de la Terre Pure.]

 

Bermyl est à la recherche de Pnebto ; en demandant son chemin aux pèlerins, il finit par le retrouver, un vieil homme qui correspond pleinement au portrait qu’on lui en avait dressé : volubile, souriant, extrêmement sociable, par ailleurs affligé d’une concentration de poisson rouge… et d’une naïveté invraisemblable. Bermyl, toujours sous sa couverture de troubadour, l’accoste et, après les courtoisies d’usage, lui dit être intéressé par le mouvement des Atonistes, et souhaiter s’entretenir – plutôt en privé ? – avec Pnebto, dont il a beaucoup entendu parler comme étant un des piliers de la communauté, par ailleurs un ancien du mouvement. Pnebto ne voit guère de raison de ne pas discuter de tout cela en public, mais c’est donc un grand naïf, en rien méfiant – il envisage tous ses semblables de manière on ne peut plus positive –, et il veut bien conduire Bermyl dans une tente vide (mais probablement pas la sienne pour autant) afin de discuter de tout cela dans un cadre plus intime et moins angoissant pour le néophyte. Bermyl lui propose alors un alcool qu’il s’était procuré avant de venir, et trinque avec Pnebto (l’assassin prend cependant garde de ne pas boire au point de dégrader ses capacités…). Bermyl, en troubadour, lui demande s’il existe des chansons propres à la culture des Atonistes – c’est sans doute le cas, de nombreux chants de marche… Pnebto est à l’évidence très ouvert, et désireux de satisfaire la curiosité de son jeune interlocuteur. Bermyl, progressivement, détourne la conversation sur le Continent Interdit : y a-t-il des légendes le concernant ? Il en est très curieux, et déplore que l’on n’en ait même pas de cartes ! Mais Pnebto rit alors dans sa barbe… Bermyl joue son jeu, et le vieil homme ne tarde guère à lui dire qu’ils ont bien entendu des cartes ! Certes, des cartes sommaires, imprécises par rapport à celles que l’on trouve aisément pour la face habitée de Gebnout IV – néanmoins utiles pour permettre aux Atonistes de concevoir au mieux les différentes étapes de leur Pèlerinage Perpétuel. Bermyl l’interrogeant sur ce qu’ils ont pu rencontrer lors de leurs voyages, Pnebto dit que ce désert – c’en est bien un pour l’essentiel – n’est pas totalement inhabité : on y croise à l’occasion des tribus « primitives », en fait essentiellement des « primitivistes » venant de la face habitée, des réactionnaires désireux de vivre au plus près de la nature ; ils ont d’ailleurs de très nombreuses et très jolies chansons ! Mais on ne dispose pas d’un registre les concernant, cela relève d’une pure tradition orale. Pnebto dit qu’on y croise aussi, parfois, des soldats de la Maison Ptolémée en patrouille… mais, dans ce cas, les rapports sont pour le moins limités. Bermyl, n’y tenant plus, lui montre le portrait-robot de Druhr (Pnebto est tellement naïf qu’il ne s’étonne même pas de ce qu’un troubadour dispose d’un document pareil…), et il finit, après quelques hésitations, par dire que ça lui fait penser aux « jumelles », deux femmes d’allure étonnamment similaire qui les avait accompagnés pendant quelque temps – elles aussi, d’ailleurs, s’étaient montrées intéressées par les cartes des Atonistes… Mais elles ont disparu du jour au lendemain – on a mis ça sur le compte d’une mauvaise rencontre avec des animaux sauvages, on en rencontre parfois dans le désert… Bermyl l’encourage à poursuivre, disant être fasciné par ces cartes, ces chansons, avançant aussi qu’il aimerait en savoir plus sur les monuments du Continent Interdit – mais Pnebto n’en a pas vu un seul. Si la question des cartes l’intéresse tant que cela, sans doute devrait-il s’adresser à Sabah – une Atoniste dans la cinquantaine, probablement la plus grande spécialiste en la matière. Et Pnebto conduit donc Bermyl plus loin dans le camp, avant de s’arrêter auprès d’un petit groupe plongé en plein débat métaphysique ; il désigne Sabah à Bermyl, et commence à s’en aller, mais le « troubadour » lui demande de l’introduire auprès de la cartographe – ou plutôt la « Maîtresse des Cartes, » comme la désigne Pnebto, ce qui la fait un peu tiquer… Bermyl continue de jouer au troubadour : Pnebto lui a donné des informations intéressantes sur le Pèlerinage Perpétuel, qui l’intrigue et le séduit, et il lui a notamment parlé des cartes – comment fait-elle ? Sabah est autrement plus méfiante que Pnebto, à l’évidence, mais ne semble pas voir pour le moment de raison de se braquer : elle et d’autres tout autant ont effectivement conçu des cartes (sommaires) pour aider les pèlerins dans leurs voyages successifs – à force, une bonne partie du Continent Interdit a été couverte, encore que de manière imprécise. Bermyl parle de son ambition de composer une grande chanson, un grand récit, portant sur les Atonistes – et c’est pourquoi il aimerait qu’on lui indique les endroits les plus intéressants du Continent Interdit… Mais Sabah n’ose pas lui montrer ces cartes – d’autant qu’elles sont très problématiques aux yeux du Culte Officiel. C’est une affaire de pèlerinage : si Bermyl est si intéressé que cela par ces endroits, il devrait les accompagner sur la route de l’Ouest Perpétuel ! Après tout, il n’a aucune raison de se montrer pressé à cet égard, les mois voire les années de pèlerinage lui seront profitables à tout point de vue… Bermyl dit qu’il va y réfléchir – il avance aussi qu’il pourrait participer lui-même à l’élaboration des cartes… Mais il comprend que Sabah se referme de plus en plus, sans pour autant se montrer hostile – mais c’est visiblement un sujet dont elle n’a guère envie de discuter avec le premier venu… Elle est un brin gênée, peut-être même méfiante ; par ailleurs, Bermyl n’a pas manqué de noter que deux des « gardes » du camp (des hommes simplement armés de bâtons) se sont discrètement rapprochés… Bermyl met courtoisement un terme à la conversation, et s’en va l’air de rien – mais aux aguets. Des « gardes » le suivent pendant un temps, mais ils s’arrêtent aux limites du camp de Atonistes. Bermyl retourne alors aux quartiers des Ptolémée à Heliopolis.

 

Németh est justement arrivée à Heliopolis – et se rend aussitôt au camp des Atonistes de la Terre Pure, afin de s’entretenir avec Thema Tena (Bermyl et elles sont ainsi amenés à se croiser, mais font bien sûr comme si de rien n’était…). Németh est accompagnée, protocolairement, de deux gardes, à la présence visible. Elle accoste les pèlerins à l’orée du camp, se présente comme étant Dame Németh, désireuse de parler à Thema Tena d’un colloque qu’elle souhaite planifier, et où la célèbre Atoniste aurait sa place. Les pèlerins les guident volontiers vers Thema Tena, qu’elle trouve assise devant sa tente (laquelle n’est par ailleurs pas différente des autres) ; Németh passe par un garde pour demander une « audience » à l’Atoniste, qui accepte volontiers, sans faire de chichis en raison du statut. Németh préfèrerait s’entretenir en privé, tout en prétendant qu’il s’agit d’une simple visite de courtoisie, et que leur conversation n’aurait aucun intérêt pour les autres… Thema Tena lui adresse un sourire peut-être un peu condescendant mais pas méchant, puis lui fait signe d’entrer dans la tente et l’y rejoint. Németh affirme encore le caractère informel de sa visite, mais passe bientôt au sujet du colloque qu’elle souhaite organiser : celui-ci traiterait notamment de questions de spiritualité, et comme Thema Tena est une figure incontournable de la planète à cet égard… Thema Tena, qui apprécie l’emploi du terme « spiritualité », rappelle, comme toujours, qu’il n’y a rien d’officiel et certainement pas de hiérarchie au sein du mouvement atoniste – mais elle ne se voile pas la face, elle a bien conscience de son statut de « représentante » aux yeux extérieurs… Németh le sait ; mais le fait est qu’elle souhaite que toutes les spiritualités soient représentées dans le cadre du colloque : ses « homologues » du Culte Épiphanique du Loa-Osiris et de l’Évangile des Cataractes seront présents, alors… Thema Tena ne manque pas de s’étonner de cette ouverture d’esprit, notamment du fait des relations officielles unissant la Maison Ptolémée et le Culte Épiphanique, mais note que c’est tout à l’honneur de Németh. Sans doute cependant subodore-t-elle qu’il y a anguille sous roche… Thema Tena poursuit : cet œcuménisme ne sera à l’évidence pas du goût de tous – même en dehors des milieux religieux à proprement parler, il y a des groupes plus bornés : elle cite nommément la Maison Arat… Németh entend la rassurer : il n’y aura pas de problèmes, et, le cas échéant, la Maison Ptolémée saura rappeler son autorité, et sa position intrinsèquement supérieure. Thema Tena est sans doute un peu méfiante, ou plus ou moins convaincue, mais l’idée tend à la séduire, elle acquiesce et reste ouverte et volontaire. Németh ajoute que sa foi pourrait y gagner, notamment en reconnaissance… Elle ne cache pas que, parmi les invités, figurent donc d’ores et déjà Suphis Mer-sen-aki et Ai Anku ; mais chacun prendra sur soi, et il ne pourra en résulter qu’un cycle de conférences profitable à tous – et à tout Gebnout IV. Thema Tena poursuit la conversation sur le mode de la courtoisie, mais laisse entendre qu’elle a besoin de temps pour réfléchir. Németh la laisse donc là, et retourne aux quartiers de la Maison Ptolémée à Heliopolis – croisant, impassible, Bermyl sous couverture, mais, pour autant qu’elle le sache, les « gardes » armés de bâtons n’établissent pas de lien entre eux.

 

À suivre…

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