CR Imperium : la Maison Ptolémée (12)
Douzième séance de la chronique d’Imperium.
Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance là. La séance précédente se trouve ici.
Tous les joueurs étaient présents, et ont donc continué d’incarner le jeune siridar-baron Ipuwer, sa sœur aînée Németh, l’Assassin (Maître sous couverture de Troubadour) Bermyl, ainsi que le Docteur Suk, Vat Aills.
[Cette session a toutefois été considérablement écourtée – en gros de moitié sur ce qui était prévu. Ma faute : je tombais de fatigue… Toutes mes excuses…]
Németh et Ipuwer accueillent leurs visiteurs : outre leur mère Dame Loredana, il s’agit de Linneke Wikkheiser, demi-sœur du comte Meric, femme de tête aussi subtile que belle, techno-progressiste notoire, et de la Révérende-Mère du Bene Gesserit Taestra Katarina Angelion. Le Docteur Suk, Vat Aills, est également dans l’assistance, ainsi que le Conseiller Mentat Hanibast Set, parmi bien d’autres (Bermyl est pour sa part à Heliopolis).
Németh s’adresse tout d’abord à Dame Loredana, se dit heureuse de la revoir aussi tôt (ce qui a surpris tout le monde), et accueille avec grâce ses invitées de haut rang ; Dame Loredana suppose avoir accompli la mission que lui avait confiée sa fille, et pense que Taestra Katarina Angelion pourra faire bénéficier de sa sagesse à la Maison Ptolémée – elle ajoute pour la forme qu’elle espère que son geste de l’inviter elle aussi n’a pas été trop cavalier… Németh, comme il se doit, la « rassure » publiquement à cet égard.
La Révérende Mère, à l’instar de Linneke Wikkheiser avant elle, se montre extrêmement courtoise et bien disposée envers les Ptolémée – mais il y a, dans son attitude corporelle, pour ceux qui savent les voir, des signes qui ne trompent pas : elle ne se laissera certainement pas bercer par les belles paroles de Németh, et n’est en rien impressionnée par le protocole et le faste (Németh en a bien conscience, de même que Hanibast Set ; peut-être Ipuwer s’en rend-il compte à sa manière…).
Si Németh agit en maîtresse de cérémonie compétente, elle sait bien qu’il faudra, le moment venu, laisser la parole à son frère le siridar-baron ; elle lui ménage adroitement une occasion de s’exprimer, et Ipuwer s’en rend compte… mais il se montre d’une extrême maladresse, lui qui n’est guère au fait des subtilités de l’étiquette et sans doute encore moins de la rhétorique. Il a voulu broder sur le thème de la « réputation », initié par sa sœur… mais il se perd dans ses propositions, perçoit avec un temps de retard que ce qu’il dit peut être interprété de sorte à lui nuire, après quoi il bafouille… C’en est très gênant, et Németh, si elle se contrôle suffisamment pour ne pas le montrer, n’en ressent pas moins une certaine honte. Vat Aills, lui aussi incommodé par ce navrant spectacle, a pensé un temps intervenir pour rattraper le désastre, mais il se rend bien compte que le protocole et les faufreluches n’autorisent guère un domestique, d’un rang aussi élevé soit-il, à prendre la parole en un moment pareil ; son intervention risquant donc d’aggraver les choses, il s’abstient…
Németh, catastrophée mais qui ne pouvait reprendre son frère sur le moment, essaye de rattraper les dégâts, mais n’a guère le choix : dans ces circonstances, mieux vaut couper court à la scène – elle invite donc les invitées à prendre possession des lieux, les confiant au soin du maître de cour, et laissant entendre qu’il sera bien temps, ensuite, d’organiser des rencontres plus « intimes », et moins protocolaires…
Linneke Wikkheiser accède à sa suggestion – non sans laisser transparaître une certaine morgue qui lui colle à la peau – et le maître de cour la conduit dans ses quartiers (d’ores et déjà choisis avec soin par Németh : ils correspondent à son rang prestigieux et sont tout à fait luxueux, mais pas au point où l’étalage dont les Ptolémée sont coutumiers tourne à la vulgarité de parvenus…).
Taestra Katarina Angelion laisse clairement entendre – de par son langage corporel encore une fois – qu’elle souhaite s’entretenir au plus tôt avec Németh, puis elle gagne elle aussi ses quartiers ; forcément, Németh n’avait rien pu prévoir à cet égard, l’arrivée de la Révérende Mère étant une surprise, mais le Palais dispose de chambres plus sobres voire austères, qui, pour trancher sur leur environnement fastueux, s’avèrent tout à fait à propos pour des visiteurs dans son genre.
Dame Loredana, pour sa part, ne prend pas immédiatement congé après avoir « livré » ses invitées ; elle reste pour l’heure dans la salle du trône, auprès de ses enfants. Németh la remercie à nouveau, de manière moins protocolaire maintenant, et l’invite à rejoindre ses propres quartiers (qui ont été laissés en l’état dans le Palais, Dame Loredana n’y séjournant que très rarement, mais cela s’est déjà produit), en l’assurant qu’elle l’y verra au plus tôt.
Ipuwer, quant à lui, boude sur son trône…
En chemin, toutefois, le Docteur Suk Vat Aills prend sur lui d’aborder Linneke Wikkheiser alors qu’on l’accompagne à ses quartiers. La dame de très haut rang est tout d’abord quelque peu choquée qu’un domestique l’aborde ainsi, et aussi tôt, mais se montre souriante après un bref temps d’arrêt, et a priori ouverte à la conversation. Vat évoque son techno-progressisme notoire, en glissant comme il se doit des allusions aux préceptes butlériens (laissant entendre que, sur ce point, les Maisons Wikkheiser et Ptolémée ont des approches assez similaires, avec des contraintes de même nature). Si Linneke Wikkheiser n’est certainement pas du genre à nier ses idées ainsi que celles de sa prestigieuse Maison, elle ne s’aventure pas en terrain trop glissant avec cet homme qu’elle ne connaît en rien. Vat brode alors sur la situation particulière de Gebnout IV, et sur les contrastes qui caractérisent le fief planétaire des Ptolémée – plus encore dans le cadre du colloque que souhaite organiser Németh à l’Université de Memnon. Linneke Wikkheiser lui demande des détails à ce sujet, et le Docteur Suk évoque alors le poids de la religion sur la planète, entrant peu ou prou toujours en contradiction avec les intérêts de la science ; la demi-sœur du comte Meric – qui s’est de toute évidence penchée sur la question avant de faire son apparition à la cour de Gebnout IV – n’apprend sans doute rien ici, mais se montre intéressée ; toutefois, elle ne comprend pas ce qu’entend dire Vat quand il mentionne ouvertement la problématique de la « résurrection », ce qui lui fait hausser un sourcil : n’est-ce pas là, justement, une question plus religieuse que scientifique ? Elle s’étonne de ce que le Docteur Suk, avec son conditionnement et sa formation rationaliste, trouve quoi que ce soit de « fantastique » et enthousiasmant dans ce débat ; mais Vat lui répond que la question l’intéresse justement sur un plan scientifique, non religieux : il s’agit, avec les outils de la science de l’Imperium, de trouver comment vaincre la mort… au-delà, sans doute, des seules méthodes connues, et notamment de la consommation d’épice gériatrique. Linneke Wikkheiser est visiblement intriguée, sans s’engager pour autant ; parvenue à ses quartiers, elle prend congé du Docteur Suk, en lui disant qu’il sera sans doute possible de reprendre cette intéressante conversation ultérieurement.
Bermyl, quant à lui, se trouve toujours à Heliopolis. Il s’occupe pour l’essentiel de préparer le raid sur le camp des Atonistes de la Terre Pure, destiné, soit à s’emparer des cartes de Sabah, soit à exfiltrer tout bonnement la cartographe. Mais il ne veut pas agir de manière précipitée, et s’en entretient donc tout d’abord, à distance, avec Ipuwer. Celui-ci lui concède que l’opération n’est pas urgente à proprement parler – mais elle est bien d’une importance capitale. Ce qui compte avant tout aux yeux du siridar-baron, outre la récupération de ces précieux documents, est la certitude que l’on ne puisse en rien imputer cette action à la Maison Ptolémée, aucun soupçon ne doit peser sur elle. Faut-il alors agir quand même dès ce soir ? Non : il faut être sûr de son coup, quitte à passer quelques jours encore à peaufiner le raid.
Après quoi Bermyl aborde un autre sujet : l’attitude à adopter à l’égard d’Elihot Kibuz, le Maître-Assassin fantoche dont il a récupéré les attributions, et dont la loyauté a pu être fortement questionnée, les soupçons de Bermyl à son égard étant en partie confirmés par l’interrogatoire déguisé que lui a imposé Vat Aills sous couvert d’examen médical. Peut-être serait-il possible de tourner son ressenti et sa rancune en leur faveur ? Bermyl suggère de mettre en scène une houleuse séance de réprimande, où Ipuwer blâmerait Bermyl de ses nombreux manquements (l’Assassin avance humblement que le siridar-baron n’aurait sans doute guère à se forcer…) en présence de Kibuz ; après quoi un Bermyl amer se confierait à son homme de paille, lui confessant qu’il regrette le précédent siridar-baron, Namerta… Il s’agirait dès lors de jouer sur cette tendance de Kibuz, de le pousser à l’enquête façon « baroud d’honneur », et d’en faire en quelque sorte un peu un « agent double », sinon de l’amener à des révélations potentiellement utiles… Ipuwer, dans cette suggestion, voit surtout l’occasion d’éliminer définitivement le Maître-Assassin fantoche… mais ce n’est de toute façon pas une priorité : d’abord, les cartes ; les rapports de Nefer-u-pthah, l’espionne que Bermyl a assigné à la tâche de filer Kibuz, détermineront ultérieurement la marche à suivre en ce qui concerne le vieux domestique aigri. Sans doute faudra-t-il aussi jouer du lien de confiance qui subsiste entre Kibuz et Vat Aills ?
Bermyl demande enfin à Ipuwer s’il a d’autres instructions à lui confier, mais ce n’est pas le cas – il se contente d’insister à nouveau sur la discrétion absolue requise dans le cadre du raid sur le camp des Atonistes de la Terre Pure. Le siridar-baron suggère à son assassin de requérir aux services du Conseiller Mentat Hanibast Set pour organiser au mieux l’opération, sans laisser la moindre imprécision aux conséquences éventuellement fatales. Bermyl s’attèle à la tâche, s’en entretenant d’ores et déjà avec son agent Kambish dans un lieu secret (et extérieur au camp de Thema Tena, où la couverture de l’agent a été grillée de manière certaine…)
Au Palais de Cair-el-Muluk, Németh va rendre visite à sa mère Dame Loredana, à l’heure du thé. Si l’ancienne baronne n’est pas d’une nature expansive, Németh, qui la connaît bien au-delà de leurs rapports parfois conflictuels, n’a pas manqué de constater sur ses traits un léger malaise en rapport avec la présence de la Révérende-Mère Taestra Katarina Angelion. Aussi mentionne-t-elle d’emblée cette prestigieuse invitée, demandant à sa mère qu’elle lui confie ce qu’elle sait de cette « vieille amie », et Dame Loredana n’est pas dupe… Après un temps d’arrêt, elle confie à sa fille la vérité à son sujet : elle n’a pas rencontré par hasard la Révérende-Mère sur Wikkheim ; et, si elle la connaît depuis longtemps, c’est parce qu’elle est en poste permanent sur Gebnout IV… En secret, bien sûr ; et qu’elle ait choisi de profiter de cette occasion exceptionnelle pour se montrer publiquement à la cour n’a pas manqué de l’étonner… et de l’inquiéter : pour qu’elle agisse ainsi, la situation doit être extrêmement grave ! Mais il faut que Németh lui parle – Dame Loredana n’a au fond rien de plus à dire à ce sujet, il faut s’adresser directement à la vieille Révérende-Mère. Németh se dit tout à fait désireuse de s’entretenir avec elle, tout en affichant clairement qu’elle ne tolèrera aucune ingérence de l’Ordre dans les affaires de la Maison Ptolémée. Dame Loredana comprend fort bien cette attitude de principe – mais si, à la différence de sa fille, elle n’a jamais prisé la politique, son expérience auprès du siridar-baron Namerta lui a cependant appris une chose essentielle : à terme, les concessions de part et d’autre sont inévitables ; il faut accepter des compromis – ce qui n’est pas la même chose que des compromissions… Németh, la situation l’imposant, mentionne son rapport ambigu au Bene Gesserit : elle a longtemps gardé une dent contre l’Ordre après ses épousailles ratées avec un Ophelion et sa coucherie avec Cassiano Drescii, quinze ans plus tôt (l’Ordre l’avait sèchement sermonnée, et n’était pas pour rien dans son retour honteux sur Gebnout IV, sans autre forme de procès…) ; mais la situation a changé : l’accession au trône de son frère Ipuwer l’a amenée à assurer la gouvernance effective, nécessitant une approche autrement pragmatique – en politique aussi consciente qu’habile, Németh sait très bien qu’une rancune toute personnelle à l’encontre des sœurs du Bene Gesserit ne saurait décider de ses choix et de ses actions les concernant. Elle peut donc entendre les suggestions ou demandes de l’Ordre – à la condition qu’il ne se montre pas d’une arrogance intraitable, toutefois… En fait, Németh est très curieuse des intentions des Sœurs, et ne le dissimule en rien…
Par ailleurs, les paroles échangées avec sa mère lors de leur dernière rencontre – tout particulièrement celles portant sur Namerta – l’ont beaucoup marquée, voire perturbée. Elle se demande, devant sa mère, s’il n’y aurait pas « d’autres moyens » d’obtenir des réponses dans cette complexe affaire ? L’allusion est extrêmement voilée… mais Dame Loredana comprend où sa fille veut en venir : c’est la Prescience qui l’intrigue… Sans répondre très clairement à cet égard, Dame Loredana ne peut réprimer un geste instinctif, tournant la tête vers la simple commode de sa chambre relativement austère – où l’élément le plus luxueux est très probablement, et bien en évidence, son jeu de Tarot du Gollam (que Németh connaissait bien : petite fille, elle passait beaucoup de temps à admirer les lames, d’une finition remarquable, et voyait régulièrement sa mère y recourir, si elle ne l’a jamais vraiment formée à l’interprétation des tirages)… Dame Loredana ne dit pour l’heure rien à ce sujet, mais voit très bien où sa fille veut en venir ; et cette simple allusion, étrangement, lui a fait entrevoir des possibles insoupçonnés… Németh, jouant de son avantage, avance que cette douloureuse affaire, d’une manière inattendue, pourrait rapprocher une nouvelle fois la mère et la fille ?
Autre chose cependant : que faut-il penser de Linneke Wikkheiser ? Dame Loredana, là encore, ne se mouille pas trop – se contentant pour l’heure de lister des évidences : la femme est indéniablement de très haut rang, elle a un caractère marqué qui joue en sa faveur, son intelligence, à l’instar de sa beauté et de sa grâce, ne saurait faire de doute… Elle concède enfin que ce serait assurément un très beau parti pour Ipuwer – mais doute que l’union envisagée se concrétise… Németh met en avant le rapport des Wikkheiser à la technologie, pour elle une raison essentielle de tenter un rapprochement avec la prestigieuse Grande Maison ; mais c’est là un point de désaccord, voire de discorde, avec Dame Loredana : la mère et la fille ne se sont jamais entendues sur cette question, et ça n’est pas prêt de changer… Dame Loredana se contente, plus froidement, de répéter que Linneke Wikkheiser est sans doute « une femme très bien », et coupe court à la discussion. Németh n’insiste pas, et se retire, après avoir assuré sa mère qu’elle s’entretiendrait bientôt avec Taestra Katarina Angelion.
Ipuwer, bien conscient de son ridicule lors de la réception des nouvelles invitées de la Maison Ptolémée, boude dans ses quartiers… Toutes ces affaires l’ennuient au plus haut point – ce n’est pas son monde, ça ne l’a jamais été, et ça ne le sera très probablement jamais. Aussi tue-t-il le temps en se consacrant à sa seule vraie passion : l’escrime – il visionne des holos de fameux duels…
Il admet cependant, au bout de quelque temps, qu’il a lui aussi des tâches à mener – bien loin de ces faufreluches qui l’agacent, il peut peut-être avoir son utilité… Aussi contacte-t-il le régiment qu’il avait laissé derrière lui, dans la région du Mausolée, sur le Continent Interdit. Hélas, cette communication s’avère pour le moins frustrante : les interrogatoires supplémentaires de Taa, la commandante des Gardiennes du Mausolée, n’ont rien donné de plus, et pas davantage ceux de ses sœurs… Sur un plan plus pratique, Ipuwer revient sur l’organisation militaire sur place – organisant notamment l’envoi périodique d’équipement pour consolider leur position sur place (il perçoit qu’il y a de fâcheux cafouillages en l’espèce, qu’il ne peut guère rattraper pour l’heure), et suggère à ses hommes de former plus « militairement » les Gardiennes du Mausolée…
Il commence par ailleurs à organiser des enquêtes concernant la face habitée de Gebnout IV : les priorités, pour lui, sont d’abord d’obtenir des renseignements exploitables (par son Conseiller Mentat Hanibast Set, notamment) portant sur l’activité des Maisons mineures de la planète (au premier chef, et dans l’ordre, les Maisons Nahab, Menkara et Set-en-isi) ; il s’interroge aussi quant à l’attitude à adopter à l’encontre d’Apries Auletes, le chef de la police notoirement corrompu – et s’il a longtemps toléré ce fâcheux trait de caractère, il y est de moins en moins enclin eu égard aux nombreux dangers de la situation présente…
Le Docteur Suk Vat Aills se remet lui aussi au travail. Il commence par rédiger une note à l’intention de Németh portant sur sa brève conversation avec Linneke Wikkheiser, et mentionnant l’intérêt plus ou moins avoué de la dame concernant la problématique de la « résurrection ».
Après quoi, il poursuit son enquête visant à repérer sur Gebnout IV des laboratoires « suspects » (en raison de leur consommation étrange de tel ou tel produit, par exemple des matériaux a priori sans rapport avec leurs objectifs affichés ; de même pour des commandes non honorées, ce genre de choses…). La masse d’informations à prendre en compte est telle que Vat doit recourir aux indispensables services de Hanibast Set – le Conseiller Mentat se met au travail avec sa compétence habituelle, et le Docteur Suk ne doute pas que son enquête s’avèrera très instructive.
Le Docteur Suk est toujours fortement intrigué par la « cargaison perdue », partie de Khepri mais jamais arrivée à Heliopolis – il a appris depuis que cette commande était au nom d’une certaine Antarta Tes-amen, à Cair-el-Muluk, de toute évidence un prête-nom, et ses entretiens avec Ra-en-ka Soris lui ont permis de comprendre qu’il s’agissait là d’une cargaison unique, très volumineuse, et d’un contenu probablement organique. Mais il ne sait pas vraiment que faire de tout ça pour le moment…
Il décide alors d’agir sur un autre tableau, en cultivant son « amitié » avec Elihot Kibuz. Il va rendre visite au Maître-Assassin fantoche dans son bureau, et discute avec lui de choses et d’autres, d’un ton jovial et chaleureux. Après quoi il mentionne au vieillard son « assistant personnel » Armin Modarai (Kibuz sait très bien de qui il s’agit, le jeune homme suivant peu ou prou toujours le Docteur Suk) ; Vat le dénigre d’une manière un peu gênée, disant qu’il ne sait pas quoi en faire : le petit n’est guère expérimenté, et sans doute pas très malin… Il ne s’intéresse pas à grand-chose en dehors de l’athlétisme, des armes, etc. – autant de sujets qui dépassent complètement le Docteur Suk, mais il suppose que c’est bien là le domaine d’Elihot Kibuz : le vieil assassin ne pourrait-il pas lui trouver une « vocation » ? Kibuz s’étonne de cette requête : n’est-ce pas le garde du corps du Docteur Suk ? Certes – mais Vat dit avoir de sérieux doutes sur sa compétence, et avance que l’Assassin pourrait le faire bénéficier d’une instruction bienvenue dans ces questions… Kibuz ne contredit pas ouvertement Vat – mais ce dernier a bien conscience de ce que le vieil homme n’est pas dupe : il est au mieux sceptique, au pire inquiet de cette requête – et sans doute au point de réviser quelque peu à la baisse la confiance qu’il voue instinctivement au Docteur Suk… Il accepte de « former » Armin Modarai – précisant cependant qu’il le « gardera à l’œil »… Autant dire que le jeune homme ne sera pas en mesure de « surveiller » Kibuz et de rapporter quoi que ce soit de suspect à son vrai maître. Vat se retire après quelques paroles destinées à détendre l’atmosphère, mais sait qu’il a fait un faux pas – et se rend compte, trop tard pour aujourd’hui, qu’il a un bien meilleur moyen de cultiver la confiance du Maître-Assassin fantoche, et peut-être même d’en tirer des confidences : il faut jouer sur son propre terrain, la médecine – la tendance à l’hypocondrie de Kibuz, autant que la compétence indéniable du Docteur Suk en la matière, impliquent une relation de confiance d’une tout autre envergure…
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