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CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (16)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (16)

Seizième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente.

 

Tous les joueurs étaient présents : les PJ étaient donc Dwayne, Leah McNamara, Michael Bosworth, le perceur de coffres Patrick, et ma « Classy » Tess, maître-chanteuse.

 

[Dwayne] Dwayne, dans la cour à l’arrière de la boutique de fleurs de Tina Perkins, Le Jardin d’Éden, continue à ramper tant bien que mal vers le mur ; il est en effet à demi paralysé, mais a tout de même l’impression que ce mal cesse de progresser, ou du moins le fait plus lentement. Mais la poudre qu’il avait reniflée malgré lui (en ouvrant le paquet dans le tiroir sous le comptoir de la boutique) commence quant à elle à faire effet : il a une sensation de joie malsaine et sadique, mêlée pourtant d’une certaine culpabilité, en se rappelant toutes les fois où il a commis le mal (par exemple, à l’armée, quand il s’était vengé contre un officier qui le saquait)… Ses visions permanentes rendent ses mouvements plus difficiles, et un rictus étrange se fige sur ses lèvres.

 

[Leah, Michael, Patrick] À l’intérieur de la serre, Michael soutient Leah, qui est dans un état comparable à celui de Dwayne. Ils comptent sortir de la bâtisse, mais Patrick, de son côté, reste obnubilé par le miroir. Par ailleurs, ils ont tous entendu comme un frémissement végétal, distinguant dans le bruit des feuilles une voix faible et interrogative : « Maman ? » Patrick demande à Leah et Michael s’ils ont entendu la même chose que lui, ils acquiescent. Mais Michael est à vrai dire plus inquiet de l’état de Patrick que de cette étrange voix… Il insiste : « Partons d’ici. » Mais Patrick est plus que jamais attiré par la luminosité et les cercles concentriques qui sont apparus dans le miroir après son dernier coup. Il s’en rapproche, le caresse à ce niveau ; cela interrompt l’effet de perturbation, mais, comme Leah avant lui, il discerne une sorte de creux carré au centre de la glace (invisible, seulement perceptible au toucher) – à l’évidence un logement pour une des petites boîtes de Templesmith ; Patrick retire brusquement sa main. Michael insiste, il faut partir ! Patrick voudrait démolir le miroir avant… Michael essaye de le raisonner (en arguant de l’état de Leah, et de ce qu’ils ne savent même pas où est Dwayne, outre la possibilité que quelqu’un arrive…). Mais Patrick lui demande de l’aider, très rapidement, et Michael accepte ce compromis à contrecœur… mais le miroir est scellé au sol, Michael en conclut aussitôt qu’ils ne peuvent rien faire de plus, et Patrick l’admet enfin.

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael se dirige donc vers la sortie, en soutenant Leah. Une fois dehors, ils entrevoient Dwayne au sol, qui rampe avec difficulté ; ils lui viennent en aide, et Patrick de même. Dwayne et Leah ont tous deux la bouche un peu empâtée, ce qui ne leur facilite pas la communication… Patrick assiste Dwayne comme Michael le fait pour Leah (Michael lui demande s’il s’en sent capable du fait de ses douleurs internes, mais Patrick lui répond qu’il n’y a pas de problème à cet égard). Ils approchent ainsi tous du mur. Michael commence à l’escalader, mais Dwayne se méfie, craignant que le bruit ait attiré du monde… Et Patrick dit qu’il a à nouveau eu une vision ; Michael lui demande ce qui se passe, Dwayne dit que ce n’est pas le moment… Mais Patrick fait surtout remarquer qu’il y a comme une odeur de poisson dans l’air… Dwayne la perçoit aussi, et appuie donc sur ses craintes : il y a peut-être un comité d’accueil de l’autre côté… Mais Michael, qui s’était interrompu dans son escalade, s’y remet ; il aperçoit toutefois bientôt, de l’autre côté, quatre individus en imperméables et borsalino, dont deux sont armés de Thompson, tandis que les autres ont des armes de poing… Ils les attendaient, et font feu aussitôt ! Michael, qui avait grimpé prudemment, redoutant le coup fourré, évite les tirs – c’est tout juste si une balle l’érafle. Il parvient à redescendre rapidement, et dit aux autres qu’il faut partir… mais pas par-là. Tous reprennent donc la direction de la serre, pour chercher une autre issue, mais ils sont lents…. Patrick ressent à nouveau la douleur dans ses viscères, qui le plie en deux ; Dwayne, qu’il soutenait, manque de se casser la figure. Leah s’emmêle les jambes du fait de sa paralysie partielle, ce qui ralentit également Michael. Les types armés derrière eux grimpent sur le mur…

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Ils ont cependant le temps de rentrer dans la serre ; ils ferment la porte derrière eux, puis, en faisant la chaîne, la barricadent avec des sacs d’engrais. Leah entend quelqu’un tomber dans l’escalier de la boutique. Mais tous entendent en même temps des pas de course dehors, derrière la porte… Dwayne cherche un endroit où se planquer, au moins le temps de reprendre son souffle ; Leah fait de même, qui s’abrite au milieu des sapins ; quant à Patrick et Michael, ils s’avancent vers la boutique – ils entendent un juron féminin qui en provient. Michael se cache derrière la porte. Patrick, lui, la franchit ; de l’autre côté se trouve une femme dans la quarantaine, qui tient gauchement un fusil de chasse, et qui l’oriente aussitôt dans sa direction. Patrick se jette à terre… mais sans effet : elle lui tire dessus à bout portant ! Le ventre de Patrick explose littéralement, et il sombre aussitôt dans l’inconscience – il est au mieux à l’agonie… La femme se fait menaçante : elle en a d’autres pour tous ceux qui tenteraient de passer la porte ! Michael essaye d’en profiter pour la localiser précisément et lui jeter sans qu’elle s’en rende compte un couteau de lancer – il y parvient, logeant sa lame dans le bras gauche de la fleuriste, après quoi il retourne s’abriter derrière la porte ; il entend un cri de douleur, et des bruits de pas remontant l’escalier. Mais, plus inquiétant, Michael et Leah entendent, d’une part des sirènes de police, d’autre part le tambourinement violent des sbires derrière la porte…

 

[Dwayne, Leah, Michael] Dwayne et Leah rejoignent Michael – ils gardent tout de même un œil en arrière. Il faut se barrer, par n’importe quel moyen ! Alors Dwayne retourne auprès du miroir – disant aux autres que c’est peut-être la seule issue… Michael lui demande ce qu’il compte faire, et Dwayne lui répond qu’il veut essayer de loger une boîte dans le creux du miroir, même si Patrick en était terrorisé ; Leah approuve d’un hochement de tête silencieux ; Michael va d’abord jeter un œil dans la boutique. Mais Dwayne le prévient : si la porte du jardin est défoncée, il n’hésitera plus et utilisera aussitôt le cube… Michael ne répond pas, se contentant de ramener le corps de Patrick (ou plutôt son cadavre, cela ne fait plus aucun doute maintenant) dans la serre… Le gond supérieur de la porte du jardin lâche – ils voient des doigts d’une longueur variable et déconcertante qui se glissent dans l’entrebâillement, puis une main qui redescend à la recherche de la poignée… Dwayne fait donc comme il disait : il s’empare d’un cube, et le glisse dans le creux du miroir (les autres sont à ses côtés, Patrick y compris – Michael avait en outre pris soin de fermer la porte donnant sur la boutique). Le verre du miroir devient aussitôt liquide, et absorbe le cube en générant des cercles concentriques, qui semblent peu à peu sortir du miroir, comme des vagues vertes, d’abord très claires puis plus sombres… Les bruits, que ce soit ceux des hommes de main derrière la porte ou des sirènes de police, s’arrêtent subitement.

 

[Dwayne, Leah, Michael] Ils se retrouvent dans une pièce tout d’abord indiscernable, un monde-reflet d’un blanc aveuglant au point qu’ils en viennent à l’envisager comme une « obscurité blanche », dans laquelle ils ne voient tout d’abord absolument rien, même pas leurs mains ; Dwayne, instinctivement, se demande s’il est mort… À quelque distance, cependant, les radiateurs de la serre originelle sont devenus des sortes de lampes – et, dans cette blancheur, c’est leur lumière noire qui permet de voir (quand Dwayne cherche à utiliser sa lampe torche, elle émet la même « obscurité blanche », ce qui la rend inutile). C’est ainsi qu’ayant accommodé ils peuvent constater que le sol, les murs et le plafond sont faits de gazon… Ils n’ont pas à proprement parler traversé le miroir, mais, en l’activant, ils ont intégré un reflet différent de la serre. Le miroir est par ailleurs toujours à la même place. Juste à côté se trouve une table avec des petites boîtes de même format, fermées ; mais, surtout, il y a une grande table, au bout de laquelle se trouvent trois autres de ces boîtes, mais ouvertes celles-ci, et contenant respectivement une oreille, des cordes vocales et un nez frémissant – les trois sont raccordées par des sortes de veines artificielles rosâtres. Au centre de la table, reliée aux boîtes, il y a comme une silhouette humanoïde en creux, remplie de végétaux qui l’environnent en outre de part et d’autre… La boîte des cordes vocales émet clairement : « Maman ? Il y a quelqu’un ? Je sens quelqu’un… Maman est là ? » C’est une voix inquiète, timide (par ailleurs, impossible de déterminer son sexe, à supposer que la créature en ait un – et c’est peu probable). Leah est très affectée par ce spectacle… Ils demandent à la créature qui elle est : « Maman m’a appelé Hope… » [En raison tant de ce prénom que du qualificatif de « créature », je vais utiliser le féminin par la suite en ce qui la concerne, mais c’est une pure convention narrative.] Leah lui demande qui est sa mère. « Vous ne la connaissez pas ? Que faites-vous ici si vous ne la connaissez pas ? J’ai peur… Je sens la mort… » Michael lui dit de ne pas s’inquiéter : sa mère a un empêchement, mais elle va bientôt venir ; quant à eux, ils sont de nouveaux amis : Wilfried, John…

 

[Tess] Je suis quant à moi restée à la ferme de Danny O’Bannion – sans vraiment parvenir à quoi que ce soit… Ma frustration, et l’anxiété dans laquelle je suis sempiternellement plongée depuis quelque temps, m’incitent à franchir le pas, et à céder enfin à l’impulsion de la cocaïne (drogue que je perçois comme « sociale », évoquant les classes supérieures les plus fantasques – Hollywood, etc. –, « justifiant » ainsi que je m’y mette…). J’en découvre les effets – sans trop de prudence, mais sans verser immédiatement dans l’excès non plus. Et ça me réconforte instantanément, je me sens mieux, beaucoup mieux, j’ai même un vague sentiment de supériorité…

 

[Tess] Et ça m’incite à me remettre au travail, en dépit de mes échecs constants depuis que je m’y suis mise dans la soirée. J’ai les derniers rapports de Stanley à consulter. La venue de Jasmine l’a-t-elle aidé ? En tout cas, il a arrêté de retranscrire l’autobiographie lourde de romance de l’auteur de Magie véritable, pour se concentrer sur « l’étrange » : il rapporte ainsi une improbable « recette », celle de la « poudre d’Ibn-Ghazi », supposée révéler l’invisible (des créatures, des lieux, des « portails »…), effet qui se maintient pendant dix battements de cœur seulement ; le mode d’emploi est très strict, impliquant des ingrédients saugrenus (de la belladone, un œil humain frais, trois grammes d’améthyste broyée, etc. – les doses sont toujours très précises) ; après quoi il faut faire « cuire » cette mixture dans un chaudron (dont les combustibles doivent être des objets à valeur sentimentale pour le créateur de la poudre ; quant à l’objet utilisé pour remuer le mélange, il doit avoir servi à causer la mort d’au moins un être humain…). La poudre, ensuite, peut être rendue plus liquide en la mêlant de sang ou de larmes ; il semble possible de l’utiliser alors à l’aide d’un pulvérisateur (je pense aussitôt à du parfum)… L’effroi de Stanley retranscrivant ce délire est palpable.

 

[Tess] Je décide alors de récupérer tous les livres se trouvant dans la chambre de Stanley (je l’entends gémir « Maman… » mais n’y prête pas plus attention) afin de poursuivre mes recherches selon une méthode différente (qui m’est suggérée par la « clarté d’esprit » que m’a procuré la cocaïne) : plutôt que de me focaliser sur un seul ouvrage à la fois, je vais tâcher d’établir des corrélations entre les différents textes, en m’appuyant notamment sur les schémas, dessins, écritures illisibles, etc. (un peu comme avec une Pierre de Rosette, disons). Outre les notes de Charles Reis sur lesquelles j’avais vainement travaillé en début de soirée, je dispose donc de Magie véritable, des notes de thèse de Mortimer Campbell, du livre de mathématiques ésotériques de Stuart, ainsi que d’un manuscrit cylindrique arborant une écriture incurvée, visiblement très ancienne. Je parviens bel et bien à discerner des schémas similaires, mais tout cela est décidément bien trop compliqué pour moi, et j’enrage… Je n’en retire qu’une chose – plus une confirmation qu’une découverte : tout cela, même sous les oripeaux scientifiques, relève bien de la magie, des sortilèges, etc.

 

[Tess] Puis Fran pénètre dans la pièce où je travaille. Elle me demande où sont les autres ; je lui réponds que je n’en sais rien, je n’en ai pas eu la moindre nouvelle depuis que nous nous sommes séparés – en tout cas, ils ne sont pas rentrés… Je lui demande si sa virée au Art’s Billard a été fructueuse ; c’est le cas : elle y a flirté avec l’étudiant en médecine Lewis Garden (notre médecin occasionnel), et celui-ci semble pouvoir nous faire accéder à une salle d’opération du campus – il demande cependant 100 $ en échange, et/ou une « protection » à haut niveau dans le milieu ; Fran pense pouvoir négocier de meilleures conditions en continuant à flirter. Je la félicite – sincèrement (et d’autant plus que je ne suis quant à moi arrivée à rien, je ne le cache pas…). Cette réaction la surprend profondément tout d’abord, puis, quand elle en vient à y croire, elle apprécie visiblement mon geste. Elle reste sur place – elle semble vouloir papoter, et je suis réceptive.

 

[Dwayne, Leah, Michael] Leah s’approche des boîtes, elle veut communiquer directement avec Hope. Elle lui demande quel est le secret de sa maman pour qu’elle soit aussi belle… Pendant ce temps, Dwayne passe derrière la petite table pour s’armer de son fusil ; sur le meuble se trouvent quatre petites boîtes fermées, du même format ; il en en ramasse une, la secoue doucement, a une sensation de froid et d’humidité, et ça fait « splotch » à l’intérieur ; il les met dans son sac à dos. Michael va fouiller dans les placards ; il trouve tout d’abord deux combinaisons hermétiques, de petite taille (équivalente à celle de Tina Perkins). Hope demande, par la boîte aux cordes vocales, pourquoi ils émettent une odeur de peur : « Pourquoi est-ce que je vous fais peur si vous me trouvez belle ? » Leah lui dit qu’elle se trompe, ils n’ont pas peur…

 

[Dwayne] Dwayne s’appuie sur son fusil comme sur une béquille, et va fouiller dans la pièce à l’ouest (correspondant aux plants de courges dans le monde « réel ») : il y a des râteliers à outils… mais surtout des corps humains, des cadavres pour la plupart, qui sont enfouis dans le sol et dont jaillissent des plantes étranges et animées qui semblent s’en nourrir ; parmi ces corps se trouve celui de Harvey (le clochard/bouquiniste), peut-être encore vivant, mais perdu à jamais et comme mangé de l’intérieur…) ; Dwayne referme instinctivement la porte, dégoûté…

 

[Michael] Michael passe à un autre placard, ne contenant que des outils de jardinage.

 

[Leah] Leah s’adresse à Hope : non, ils n’ont pas peur, c’est simplement qu’ils n’ont pas l’habitude de se trouver en face d’une personne aussi belle… Elle étudie les boîtes en même temps qu’elle parle. « Est-ce que ta maman chante pour toi ? » Hope répond : « Parfois ; elle dit que ça aide à la croissance des plantes… L’odeur de mort que je sens, est-ce que c’est encore de la nourriture ? » Leah lui demande si c’est avec cela que sa maman la nourrit ; elle sent à vrai dire elle aussi une odeur de cadavres, en provenance de là où se trouvaient les sacs d’engrais dans la serre… et voit qu’il y a ici, à la place, un amas de cadavres découpés, avec des outils tels que des scies à côté !

 

[Dwayne] Dwayne trouve des plantes étranges au milieu de la pièce… et identifie de la marijuana blanche, dite « albinos », une vraie légende chez les dealers… Il en prend un plant.

 

[Michael] Michael enfile une combinaison hermétique, mais sans le masque, toutefois. Il remarque qu’il n’y a aucune porte sur le mur sud (correspondant à celle donnant sur le jardin dans le monde « réel »). Il suit les câbles alimentant Hope (et toutes les autres plantes de cette pièce, d’ailleurs)… jusqu’à une cuve au fond de laquelle des pales découpent de la chair humaine. À côté se trouve un générateur, à l’emplacement exact de celui de la serre, mais il est parfaitement incompréhensible ; Michael relève cependant que deux petites boîtes y sont logées sur le côté.

 

[Leah] Leah ne répond pas à la dernière question de Hope, et préfère changer de sujet : elle demande donc à la créature si elle a des amis, des gens qui viennent lui rendre visite. « Non, maman dit que c’est trop tôt, qu’ils ne comprendraient pas et qu’ils chercheraient à me détruire, or elle a quelque chose à faire… » Quoi ? « Les végétaux influencent les mammifères de plein de façons qu’ils ne sentent même pas. Si mon instruction est efficace, je produirai des phéromones pour aider les mammifères, pour les rendre plus doux, plus compréhensifs ; c’est pour cet espoir d’un monde meilleur que Maman m’a appelée Hope : ce sera la paix, il n’y aura plus de douleur… Est-ce que vous êtes des amis ? » Leah répond qu’elle aimerait être son amie…Mais Hope reprend aussitôt : « Le mort à côté de vous, est-ce que je vais devoir le manger ? » Elle désigne bien entendu Patrick… Leah lui dit que non, pas du tout. Hope poursuit : « Je n’aimerais pas le manger… » Pourquoi ? « J’aime pas manger les gens, Maman dit que c’est normal de le faire, mais je comprends pas : pourquoi les manger si je dois les aider ? » Et puis, dans le cas de Patrick, elle sent encore un peu d’électricité dans son cerveau - c’est beau, elle ne veut pas le manger…

 

[Dwayne, Leah, Michael] Leah, stupéfaite, lui demande : « Tu crois qu’on peut le ramener à la vie ? » Hope dit qu’elle n’a jamais essayé, mais qu’elle aimerait bien… Leah va l’aider, et suit les instructions de Hope, qui lui dit de disposer le corps de Patrick sur la table, à côté d’elle (Michael et Dwayne la voient faire, et, s’ils ne comprennent pas forcément, ils viennent toutefois l’aider). Leah insiste et dit à Hope qu’elle ne doit pas manger Patrick. Hope palpe le visage du perceur de coffres de ses « mains » – et gémit de douleur, sa « main » droite tremble, elle a le réflexe de la retirer, mais persiste pourtant, et c’est alors le corps de Patrick qui se met à trembler. Hope geint : « C’est dur… ça m’aspire… ça me vide… » Son feuillage s’assèche et brunit. Patrick est alors pris de convulsions. Hope pousse un hurlement déchirant et retire cette fois sa « main » ; elle sombre dans l’inconscience…

 

[Patrick] Et Patrick s’éveille… Il est conscient, mais très faible ; il tousse, et crache du sang avec des glaires verdâtres ; il ressent toujours la douleur dans son ventre ainsi qu’à son œil droit. Mais le trou dans son ventre, suite à l’explosion de la cartouche tirée à bout portant par Tina Perkins, est obturé par une sorte de tissu, verdâtre lui aussi. Patrick s’est dressé sur la table, mais se recroqueville sous l’effet de la douleur persistante. Il est aussi affecté mentalement : il sait qu’il est passé de « l’autre côté »… et sait en fait surtout que cette expression est absurde ; parce qu’il a d’une certaine manière obtenu ainsi la confirmation qu’il n’y avait absolument rien de « l’autre côté » ; et, bien que n’étant pas porté sur la religion, cette « révélation » ne manque pas de le perturber…

 

[Tess] De retour à la ferme. Fran est visiblement un peu éméchée… Elle me dit qu’elle veut vraiment se rendre plus utile, ne pas être un poids mort – et elle exprime une certaine rancœur rentrée envers elle-même. Je lui dis que nous comprenons très bien qu’elle ne soit pas au mieux et ait besoin d’encore un peu de temps, après ce qu’elle a traversé ; et je ne doute pas qu’elle saura se rendre utile. Elle me demande alors si ça va, l’air intriguée ; elle trouve que j’ai les yeux « changés »… Je fais celle qui ne comprend pas, mais ça ne la leurre pas bien longtemps : « Je ne savais pas qu’il y avait du… ʺmaquillageʺ, ici… » L’allusion est transparente, et je ne cherche pas nier ; en fait, je lui offre de suite de partager… Elle sniffe un rail de coke à l’aide d’un billet. Elle est probablement elle aussi une débutante en la matière ; elle me confie que c’était une chose qu’elle s’était promise de faire depuis très longtemps, quand elle aurait su s’émanciper de son père… Son discours m’évoque une ado rebelle contre ses parents, et qui ressent maintenant une forte culpabilité, le père haï ayant disparu… Des remords, j’en ai moi aussi : je m’en veux de ne pas avoir suivi les autres (même si nous étions trop nombreux pour une infiltration, ce qui avait décidé de mon comportement), et d’autant plus que je n’ai peu ou prou rien trouvé en travaillant ici ; maintenant, je ne sais pas où ils sont, et pas davantage ce que je pourrais faire pour les aider, si seulement c’était possible… Mais Fran s’étonne, de manière générale, de notre comportement à tous : après avoir vécu tout cela, nous restons ici ? Des gens sensés seraient partis au plus tôt pour le Mexique, ou plus loin encore… Oui, c’est sans doute ce que feraient des gens sensés, j’en conviens ; sans doute ne sommes-nous pas très sensés… Mais nous avons des choses à faire ici. Fran en est convaincue – et sa haine à l’encontre de son bourreau Hippolyte Templesmith a peut-être pris un tour plus violent encore à la suite de ce qu’elle a constaté à Arkham : personne ne semble douter qu’il sera le prochain maire de la ville, les journaux en sont convaincus et en ont convaincu tout le monde, ils le traitent comme si c’était déjà fait… Et ce sale type décide déjà de tout pour tout le monde ? Dans son Europe de l’Est natale, Fran n’a sans doute pas eu une grande expérience de la démocratie, mais si la démocratie c’est ça… Je suis d’accord avec elle ; mais je maintiens : peut-être pouvons-nous faire quelque chose pour empêcher cela. Nous ne sommes pas des « Bons Samaritains », je ne prétendrais pas un seul instant une chose pareille, ce serait absurde ; mais nous pouvons quand même, quoique de manière un peu biaisée, arranger les choses pour tout le monde… Fran (qui ne partage pas tout à fait mon point de vue sur les « Bons Samaritains », à vue de nez), me confie aussi que la joie cruelle qu’elle a ressentie en tuant la mère de Hippolyte Templesmith ne la quitte pas un seul instant… et qu’elle s’en délecte. Chose que je comprends très bien ! Je n’insiste pas là-dessus pour autant. Mais Fran veut tuer Templesmith. ; je lui rappelle que Danny O’Bannion nous l’a interdit, mais pour le moment… À vrai dire, je suis persuadée qu’on en arrivera là tôt ou tard (comment l’arrêter autrement ?), et ce n’est sans doute pas pour me déplaire…

 

[Tess] Est-ce l’effet de la cocaïne ? Je me sens étonnamment lucide… Et derrière la fenêtre (fermée, mais les volets sont ouverts), j’aperçois une main qui se promène sur le rebord… Fran n’a a priori rien vu ; je poursuis la conversation comme si de rien n’était. Puis je me lève, en proposant à Fran de lui servir un thé (je lui fais signe discrètement, indiquant la fenêtre, et elle comprend mon allusion), mais me rends en fait à la porte. Je sors lentement de la maison, et vois bel et bien une main qui bouge toute seule, et sur laquelle se trouvent deux petites boites… Elle semble retourner à la fenêtre ; je m’avance à pas de loup… et l’écrase d’un coup de crosse – je broie le petit doigt, et atteins l’os ; je maintiens la main contre le rebord de la fenêtre – elle cherche à se dégager de mon emprise, mais je l’écrase de mon autre poing, et Fran, qui est sortie à son tour, lui donne des coups de tisonnier. J’ouvre alors les boîtes : dans l’une se trouve un œil, dans l’autre un cerveau (les deux boîtes sont reliées par une « veine ») ; j’arrache aussitôt l’œil. J’entends un des gardes qui sort, attiré par le bruit, et le vois bientôt, Thompson à la main.

 

[Leah, Patrick] Leah, émue aux larmes, remercie Hope (inconsciente…) pour le miracle qu’elle a opéré sur Patrick – toujours très faible.

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Dwayne suggère de ne pas s’attarder ici plus longtemps, et retire de sa propre initiative la boîte du creux du miroir. Des cercles concentriques apparaissent de nouveau, qui les englobent, et ils se retrouvent dans le plan précédent. La pièce est vide – mais ils entendent bientôt une voix en provenance de la boutique (Michael reconnaît un flic d’Arkham, mais pas un ripoux – un des « incorruptibles » de Harrigan…) : « Ils sont là-dedans ! On y va ! Madame, restez là… »

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Dwayne remet aussitôt la boîte dans le miroir – et ils sombrent tous dans l’inconscience ; Michael et Leah s’entrechoquent violemment au passage…Dwayne succombe quant à lui à un soudain coup de fatigue d’une extrême violence…

 

[Dwayne, Patrick] Patrick, s’il est dans un sale état, est donc le seul conscient ! Il sent quelque chose de moite à côté de lui, et perçoit une odeur familière – il entend aussi Dwayne ronfler… Patrick n’est pas vraiment en état de se déplacer lui-même. Il parvient quand même à se rapprocher des trois autres, et fait en sorte de réveiller Dwayne.

 

[Dwayne] Celui-ci perçoit une odeur de fumée qui émane de la boîte logée dans le miroir, et une chaleur en irradie. À travers le miroir, il aperçoit trois flics ainsi que Tina Perkins, qui lui adresse un regard meurtrier : elle voit Dwayne, aucun doute là-dessus, mais sans doute est-elle la seule ; elle passe son index sous sa gorge dans un geste éloquent… Mais Dwayne la menace tout autant, lui faisant comprendre que, s’ils n’ont pas moyen de partir, ils tueront Hope… Tina Perkins discute avec les policiers (impossible d’entendre leur conversation, seule l’image franchit le miroir).

 

[Dwayne, Patrick] Patrick, affamé, se traîne difficilement jusqu’à la table de Hope, et y grimpe tant bien que mal. Et il se nourrit alors en suçant le contenu d’un câble, avec avidité ! Dwayne est horrifié par ce spectacle cannibale, il veut l’arrêter (« Ce sont des humains ! »), mais Patrick ne l’écoute pas, s’interrompant à peine un instant pour dire combien c’est bon… Et il y retourne. Dwayne essaye de le dégager de force, mais Patrick ne se laisse pas faire… et essaye même de le mordre ! Dwayne parvient à esquiver cette défense surprise, tandis que Patrick retourne au contenu du câble… Il ne s’arrête que quand il est rassasié, et « rebranche » alors Hope.

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Tous les autres s’interrogent : peut-être Patrick est-il devenu comme Hope ? Mais Michael laisse entendre que ce n’est pas le moment d’en débattre, il leur faut sortir d’ici ! Leah, pourtant, se met à chanter une berceuse à Hope… Dwayne reste devant le miroir, montrant à Tina Perkins qu’il tient Hope en joue. Michael lui demande ce qu’il se trouve derrière la porte du mur ouest, et Dwayne lui répond laconiquement, sans un geste, qu’il y a là-bas des plantes qui se nourrissent d’humains… Patrick s’est assis au bord de la table où Hope gît inconsciente : « C’est cette chose qui m’a ramené ? » Leah répond que Hope lui avait dit qu’elle pensait pouvoir le faire, et elle avait alors tenté le coup… Patrick a senti son contact en lui ; il saisit la main de Hope et lui demande qui elle est, ce qu’elle a fait, pourquoi, comment… mais c’est peine perdue : Hope est toujours évanouie. Il la presse néanmoins de plus en plus, comme s’il était désireux de se fondre en elle ; il sent la densité d’un squelette métallique sous le végétal étrangement tiède.

 

[Dwayne, Michael] Dwayne voit Tina Perkins raccompagner les policiers (qui n’ont rien vu d’eux dans le miroir à l’évidence). Puis elle revient, et tend devant le miroir un papier sur lequel elle a inscrit : « Vous ne sortirez jamais d’ici vivants. » Dwayne et Michael usent à leur tour de ce procédé pour communiquer, appuyant sur la menace qu’ils font peser sur Hope ; Tina Perkins leur dit que, s’ils lui ont fait du mal, ils n’ont pas idée des conséquences qui pèseront sur eux… Dwayne répond : « Si on sort d’ici, il ne lui arrivera rien, alors ne fais rien de stupide. » Michael s’éloigne pour retirer les boîtes du générateur étrange – mais les lampes cessent alors d’éclairer de leur « lumière noire », et ils se retrouvent dans « l’obscurité blanche » (le miroir n’est par contre pas affecté). Dwayne laisse à Michael le temps de revenir à tâtons, puis enlève la boîte du miroir : rien… Mais il en a trois autres sur lui, et Michael a aussi les boîtes du générateur (qu’il lui donne) ; un nouvel essai avec une nouvelle boîte fonctionne.

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Ils se retrouvent tous dans le monde « réel ». [Dwayne et Leah ont perdu chacun un point de POU en raison des téléportations successives…] Tina Perkins n’est pas là, et la pièce est totalement vide. Ils sortent dans la cour, où flotte toujours une vague odeur de poisson, mais rien de comparable à la puanteur des sbires quand ils étaient sur place. Michael entend un clochard bourré, à distance, qui chantonne ; a priori, la voie est libre. Ils passent par-dessus le grillage, et se retrouvent dans la ruelle encombrée de détritus. Dwayne se dirige vers sa voiture… qui n’est plus là !

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Depuis French Hill Street, ils aperçoivent alors une voiture qui avance lentement dans leur direction, et dont les vitres sont fumées. Ils cherchent à se planquer par réflexe, mais Dwayne est très maladroit, et les autres guère plus lestes… La voiture s’arrête, la vitre descend ; Dwayne arme son fusil, tandis que Michael prépare un lancer de couteau ; Leah se réfugie quant à elle derrière des ordures… Un visage apparaît derrière la vitre – un visage noir arborant des cicatrices ; se trouve une autre silhouette plus fine derrière. Ils entendent alors : « Je t’avais dit que ça pourrait être utile de rester dans le coin… » Dwayne reconnaît la voix de Snake, et comprend que l’autre est son comparse plus massif, Weedy ; et il range son fusil. Snake, blagueur, leur dit : « Vous me devez pas une lampe ? » Mais Weedy s’adresse à Michael sur un ton plus grave : « Blanche-Neige, ne tente rien de stupide avec ton couteau, tu le regretterais… » Michael range son arme : il ne s’en prend pas aux amis de Dwayne. Snake leur dit alors de monter dans la voiture. C’est peut-être le moment de faire des présentations plus complètes ? Mais, avant toute chose, Dwayne sort un plan de cannabis albinos qu’il avait prélevé… et les deux Noirs en restent cons. « Vous avez trouvé ça là-bas ? » Oui, mais c’est plutôt compliqué pour y retourner… Dwayne offre le plant à Snake, qui le remercie ; il sait sur qui « tester » la chose, mais eux n’y toucheront pas. Et ça vaut amplement le prêt de la lampe… Snake et Weedy en disent plus long sur eux, se présentant comme des « entrepreneurs » ; en tant que nègres, c’est dur… Snake suppose que les Irlandais ont un certain rang dans le milieu ? Qu’ils passent le mot : Snake et Weedy sont respectables, et s’occupent désormais du trafic de marijuana ; ils ont toujours été réglos, et le resteront. Leurs amis irlandais y gagneront eux aussi, nul doute qu’ils pourront négocier un pourcentage avec leur chef… Dwayne en prend bonne note (littéralement), et dit qu’il transmettra le message. Snake et Weedy les conduisent alors hors de la ville, les déposant en périphérie, à environ un kilomètre de la ferme de Danny O’Bannion.

 

À suivre…

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