CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (17)
Dix-septième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
Le joueur incarnant Dwayne n’était pas présent au début de la partie, mais nous a rejoints ensuite : les PJ, au départ, étaient donc Leah McNamara, Michael Bosworth (dont le joueur incarnait également le bootlegger Clive dans la scène introductive), le perceur de coffres Patrick O’Brien, et ma « Classy » Tess, maître-chanteuse.
[Clive ; Tomni, Selvine, Higar, Hippolyte Templesmith] Sur l’astéroïde des Contrées du Rêve, Clive et ses comparses viennent de se rendre compte que l’éloignement du bateau les empêchait désormais de se comprendre. Tomni et Selvine redescendent vers les cages, tandis que Higar s’approche de la cabine du capitaine – plus luxueuse que le reste, même de l’extérieur. Clive suit ce dernier. Higar s’énerve contre la lourde porte, mais ne parvient pas à la forcer. Clive lui vient en aide et, même si la porte résiste un bon moment, il parvient enfin à la faire craquer d’un violent coup de son épaule gauche, et les gonds sautent. Clive entre alors dans la cabine, en quête de documents qui pourraient l’aider à maîtriser le navire. Puis Higar et lui entendent des cris haineux à l’extérieur, en provenance de l’astéroïde même ; Higar y jette un œil, et se retourne vers Clive, l’air affolé ; ce dernier se rend alors à un hublot, il voit un homme sur la pelouse de l’astéroïde, près d’une des cabanes, qui émet des sons sifflants et courroucés tout en pointant du doigt le navire – c’est Hippolyte Templesmith… Clive n’en poursuit pas moins ses recherches. Dehors, Selvine et Tomni remontent à toute allure sur le pont, l’air affolés, et suivis par trois « satures » (ou Hommes de Leng), qui vont immédiatement s’occuper des voiles et du gouvernail – ils semblent eux aussi désireux de fuir au plus vite… Mais s’ensuit un phénomène étrange : une des étoiles filantes dont le comportement laissait supposer une forme de conscience s’arrête subitement – et c’est comme si Templesmith la « serrait » à distance ; elle donne l’impression de s’ouvrir, comme un œuf cassé en deux…
[Tess : Fran ; Hippolyte Templesmith, Danny O’Bannion] À la ferme de Danny O’Bannion, Fran et moi venons de neutraliser une main tranchée, surmontée de deux petites boîtes à la manière de celles de Hippolyte Templesmith, et qui semblait nous espionner. Un de nos nouveaux gardiens approche et nous demande ce qui se passe ; je lui réponds que nous faisons son travail… Il vient voir, et je lui montre la main broyée avec ses boîtes, lui demandant ce qu’il sait au juste de notre situation ; il se montre évasif, mais O’Bannion leur avait parlé de « surprises »… Le spectacle ne semble pas l’affecter plus que cela, mais je lui confirme que c’est bien le genre de choses qu’entendait Danny ; je lui dis de ramasser tout cela pour le montrer à ses collègues. Tandis qu’il s’éloigne, toutefois, j’entraperçois à peine un léger mouvement, comme un jeu d’ombre – et je reconnais vaguement le son que faisait la main en se déplaçant ; je le signale au garde – il y a une autre de ces choses – après avoir fait de même avec Fran. J’ai entretemps perdu de vue la chose, mais me rends sur place pour fouiller ; et je retrouve la main, près d’un arbre – mais elle semble brusquement percutée par quelque chose d’invisible. Je m’en approche en indiquant la zone aux autres. Mais la main semble se faire grignoter, comme par des dizaines de petites morsures invisibles… S’agit-il des « lutins » ? De la neige tombe sur les créatures invisibles, les révélant brièvement, mais elle n’adhère pas à leur peau suintante et glisse rapidement… Il n’y a bien vite plus rien à voir, et je retourne à la ferme, où les gardes s’organisent, mettant en place une stratégie de surveillance.
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick ; Snake, Weedy, Danny O’Bannion] Les quatre autres ont été déposés par Snake et Weedy à environ une heure de marche de la ferme – il neige un peu… Ils remarquent quelques ruines aux environs, sans y prêter plus attention. Leah et Dwayne sont toujours à moitié paralysés, tandis que Michael et Patrick ne sont pas forcément très en forme non plus… Alors qu’ils se dirigent vers la ferme de Danny O’Bannion, en faisant attention à ne pas être suivis, Patrick ne peut bientôt que constater qu’il n’est pas en mesure de soutenir Dwayne ; Michael lui dit d’économiser ses forces, de se contenter d’aider ponctuellement ceux qui ont le plus de mal à marcher ; Dwayne et Leah sont alors attachés, de sorte que chacun soutienne l’autre.
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael, qui s’occupe de lier Dwayne et Leah ensemble, n’y prête pas attention dans l’immédiat, mais les autres discernent, à une trentaine de mètres en avant, une voiture laissée dans les champs, entre un tout petit bosquet et les reliquats d’un muret de briques. Michael, quand on le lui indique, prépare ses couteaux de lancers et s’avance en direction du véhicule, très vigilant – il veut s’assurer qu’il a bien été abandonné. Mais il sent une forte odeur de poisson… Quand il n’est plus qu’à dix mètres de distance, il indique aux autres qu’il y a du bruit entre la voiture et le bosquet. Patrick, aussitôt, crie à tout le monde de se jeter à terre : Leah obéit, et Dwayne, lui étant attaché, ne peut pas faire autrement ; Michael fait de même. Une demi-seconde après, les phares de la voiture s’allument juste devant eux, au point de les aveugler temporairement ; mais ils constatent aussi que d’autres phares s’allument, dans leur direction derrière le muret – d’un véhicule qu’ils n’avaient pas repéré… Ça a tout d’une embuscade ! Tous sont alors submergés par la senteur de poisson pourri. Patrick et Leah ont eu le temps de repérer des petites boîtes sur le tableau de bord du premier véhicule. Tous entendent ensuite des voix grasses et désagréables, évoquant des coassements : « Déposez vos armes ! » Ils sont quatre à six, impossible d’en savoir davantage pour le moment ; les PJ ont repéré des voix en provenance du bosquet, et d’autres derrière la deuxième voiture au-delà du muret…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael continue d’approcher aussi discrètement que possible de la première voiture, tandis que Patrick s’avance vers le muret sur sa droite. Leah, attachée à Dwayne, ce qui ne facilite pas exactement les choses, tente de suivre Michael, entraînant malgré lui son comparse. Dans cette situation, ils s’en tirent plutôt bien… « Dernière sommation ! » Les inconnus lâchent une rafale de Thompson dans le vide, plus pour les effrayer qu’autre chose et les inciter à obtempérer…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael atteint la portière droite de la première voiture, et parvient à monter à bord sans plus d’ennuis. Patrick, par contre, se fait repérer quand il arrive aux abords du muret, et un des types derrière la seconde voiture fait feu – Patrick a le temps de reconnaître au son un calibre .45 ; mais il parvient à s’abriter derrière le muret sans plus d’ennuis. Leah, tirant Dwayne, poursuit en rampant vers la voiture… mais de nouvelles rafales visent cette fois l’endroit où ils se trouvent, et Leah est gravement touchée dans le dos ! La douleur est extrêmement forte ; impossible cependant de savoir si un organe a été touché, mais sans doute a-t-elle au moins une côte fêlée… Les agresseurs, à l’évidence, ne sont pas portés à économiser leurs munitions, et ils balayent toute la zone…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael monte dans le premier véhicule – il voit deux types derrière, qui l’ont probablement repéré. Désireux de démarrer la voiture, Michael constate que le tableau de bord est très étrange : si l’on y trouve deux emplacements pour des boîtes, qui y sont logées, il n’y a absolument rien qui permette à un humain de conduire la voiture – pas de clef de contact, pas de volant, pas de pédales… Michael s’allonge sur les places avant. Patrick, derrière son muret, est touché à son tour, et aveuglé par les débris projetés par les impacts de balles ; il essaye cependant de contourner la deuxième voiture en longeant le muret sur la droite, et arrive à l’arrière du véhicule. Leah, de son côté, souffre énormément… Elle tente encore de rejoindre Michael, mais Dwayne refuse : c’est là qu’ils vont tous tirer ! Elle crie alors : « À droite ! » Dwayne est cependant touché à son tour, même si beaucoup moins gravement – il grogne… Mais tous deux parviennent à rejoindre l’abri relatif du muret. Ils entendent leurs adversaires qui rechargent, le bruit caractéristique des
des Thompson…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick] Michael repère les hommes derrière le bosquet, qui s’avancent vers la scène, tandis que les deux se trouvant derrière le premier véhicule passent l'un à gauche et l'autre à droite. Mais un de ces derniers tombe subitement à terre en grognant – les PJ ont entendu le bruit d’une détonation, loin derrière eux… L’autre sbire cherche à ouvrir la portière. Michael donne un violent coup de pied dans le parebrise pour s’échapper ; il parvient à le défoncer, mais pas encore à s’y engager… Les types dehors tirent, mais sans toucher qui que ce soit. Patrick passe derrière l’autre voiture, et cherche à localiser le réservoir : il y parvient, tire dedans (ce qui suscite des cris affolés des sbires derrière), de l’essence s’en échappe abondamment, mais le véhicule ne prend pas feu pour autant. Leah et Dwayne ne sont pas en état de fuir – ils sortent tous deux leurs armes et font feu : Leah semble toucher un des hommes sentant le poisson – à moins qu’il ait plutôt été blessé par des éclats de verre ? Dwayne en atteint un autre, avec davantage de réussite. Ils entendent à nouveau une détonation dans leur dos, et un des sbires blessés s’écroule, mort. Michael et Patrick repèrent en outre un groupe de silhouettes derrière les voitures, entre trente et quarante mètres plus loin, et qui s’approche. Michael se glisse dans la vitre avant pour rejoindre Dwayne et Leah, et va se planquer derrière le muret.
[Tess : Fran] Je rentre dans le corps de ferme avec Fran, qui me demande, doucement et un brin affolée, tandis que les gardes rejoignent leurs positions, si c’était « Lui » qui nous espionnait – pas besoin de préciser qui est ce « Lui », et je réponds à Fran que c’est probablement le cas… Fran se sert aussitôt un verre d’alcool – sans ménager la quantité, et sans doute sans faire attention au type d’alcool, à vrai dire… Je ne compte sûrement pas la sermonner, mais lui dis de faire attention avec ça, de veiller à garder le contrôle… Fran acquiesce, puis me tend un verre – que je refuse.
[Tess : Jerry, Jamie, Fran] J’entends des rires gras de l’autre côté du mur, dans la cuisine des gardes, et vais voir ce qui s’y passe. Jerry, le simplet, est par terre ; Jamie essaye de le relever, devant les gardes qui ricanent. Je leur jette un regard noir, puis vais aider Jamie – je suis nettement moins forte que lui, mais mon aide est tout de même la bienvenue. Jamie m’explique que Jerry souffre de « narcolepsie », il lui arrive de s’effondrer comme ça… Nous le portons jusqu’à sa chambre. Jamie me remercie. Puis il laisse entendre qu’il aimerait passer le reste de la nuit avec Fran… Ce dont je me fous complètement.
[Tess : Danny O’Bannion] Je retourne auprès des gardes, mais il n’en reste plus qu’un seul dans la cuisine. Je lui demande si son collègue leur a montré ce qui furetait dans les environs, et il me répond que oui. Danny O’Bannion leur en avait plus ou moins parlé – je perçois qu’il est plus angoissé que ce qu’il aimerait laisser paraître… Je lui dis qu’il y a d’autres créatures, invisibles, et que, pour les repérer, il faut soit leur coller une substance dessus (dont elles se débarrassent rapidement, toutefois), soit… et là je m’interromps un instant, bien consciente de ce à quoi mon discours ressemble, mais plus vraiment le choix… soit, donc, absorber de l’alcool. Et le type me prend clairement pour une dingue – d’autant plus quand je sens un contact, invisible, à ma jambe, que j’agite pour m’en libérer… Je vais à mon tour me servir un verre, écœurée, et me rends dans ma chambre : là, sur le bureau, je vois un crayon écrire tout seul ; quand le crayon est reposé, je vais voir ça de plus près – d’une écriture enfantine et maladroite, avec de grosses majuscules branlantes et nombre de fautes, je lis en substance ceci : « Nous garder, secret Danny, pas dire. » Perplexe, je finis mon verre et me couche…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick : Big Eddie, Danny O’Bannion] Du côté de l’embuscade, tous les PJ font feu, mais sans grande réussite. Leurs adversaires sont toutefois presque tous blessés. Le seul à ne pas l’être tire un coup sans viser, clairement dans l’optique de les tenir à l’écart plutôt que de les blesser. Mais le groupe au fond devient plus visible : ils y reconnaissent Big Eddie, à la carrure impossible à confondre, qui s’approche subitement et plante sa lame dans la gorge de l’ennemi indemne. Danny O’Bannion est là lui aussi, en personne, qui fait de même avec un autre sbire – ou essaye : sa cible est plus réactive, et le fait reculer d’un coup de coude après avoir été à peine entaillée… Michael se met de la partie, jetant un de ses couteaux de lancer à travers les vitres brisées du second véhicule, et sa lame se loge dans l’épaule gauche de sa cible. Un des survivants cherche à monter dans cette voiture et à la faire démarrer ; il est hors de portée de Patrick, qui vise plutôt le type resté seul derrière la voiture, le couteau de Michael fiché dans son épaule, et l’achève. Leah tire quant à elle sur le type passé derrière le volant, et le touche au flanc – il crache du sang. Dwayne tente la même chose, mais sans succès. Sa cible démarre alors le véhicule, mais elle ne peut pas le contrôler suffisamment, et tamponne doucement l’autre voiture… Le type aux prises avec Danny le rate, ce dernier esquive sans souci, et en profite pour loger le canon de son revolver dans la bouche de son adversaire – et c’est tout son crâne qui explose quand Danny appuie sur la gâchette… Quant à Big Eddie, il s’occupe d’un autre, gargouillant dans son sang… Le combat s’arrête bientôt, faute de combattants.
[Le joueur incarnant Dwayne nous rejoint au cours de la scène suivante.]
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick : Danny O’Bannion, Seth, Vinnie, Nick] Danny, l’air extatique, s’allume un cigare : « Ça fait du bien, parfois, de revenir sur le terrain, ça rappelle des valeurs saines… » Michael se rend auprès de Leah et Dwayne, pour voir s’ils ont besoin de soins – mais c’est à vrai dire aussi son cas… Une autre voiture arrive dans leur dos – Seth est au volant, Vinnie en sort avec un fusil à lunette, et Nick, le médecin personnel de Danny, est lui aussi là, qui s’occupe bientôt de faire des premiers soins d’urgence à tous les blessés. O’Bannion propose alors de les raccompagner en voiture à la ferme.
[Patrick : Nick, Danny O’Bannion ; Tina Perkins] Mais Nick entrevoit les cicatrices de Patrick, et notamment la marque de la cartouche tirée par Tina Perkins, qui lui avait explosé le ventre… et l'avait sans aucun doute tué, il était impossible de survivre à une blessure aussi grave, à bout portant... Il voit par ailleurs le tissu verdâtre qui a cicatrisé la blessure. Interloqué, il demande à Patrick : « Ça va mieux, les problèmes d’estomac ? » Patrick répond que c’est difficile à dire… Nick en profite : « C’est bien, je t’avais dit que ça s’arrangerait ! » Mais le médecin est visiblement très décontenancé par ce qu’il vient de voir, et rejoint O’Bannion pour s’entretenir avec lui…
[Michael : Danny O’Bannion ; Tina Perkins, Hope] Michael examine le tableau de bord modifié de la première voiture ; il y a donc deux petites boîtes au-dessus, enfoncées dans un petit espace qui leur est visiblement réservé. Il y a un œil dans la boîte ouverte, qui se tourne dans sa direction et l’observe… O’Bannion le rejoint, et enfonce son cigare allumé dans l’œil, qui crépite et donne même l’impression de pleurer… Il y a un autre organe, plus gros, dans la seconde boîte, où Michael repère aussi des traces d’écriture lui rappelant celle qu’il avait vue sur l’étrange générateur du « reflet » de la serre, chez Tina Perkins, où se trouvait Hope… Il ramasse les boîtes, puis ses lames – et récupère au passage un cran d’arrêt.
[Patrick : Big Eddie, Danny O’Bannion, Nick] Patrick s’adresse à Big Eddie, lui demandant s’il pourrait lui prêter son couteau un instant… La brute déteste Patrick, mais lui tend néanmoins son arme – c’est un collègue, qu’il le veuille ou non… Patrick ramasse l’arme, et se rend auprès d’un cadavre pour en découper un morceau ; il tombe tout d’abord sur des plaques de peau sèche et vaguement écailleuse, évoquant une horrible maladie… Il préfère une viande plus « saine », et prélève de la chair là où la peau n’est pas affectée par ce répugnant stigmate. Après quoi Patrick rend son couteau à Big Eddie, et, tout sourire, se met à manger la chair qu’il vient de découper sur le cadavre ! Big Eddie n’en revient pas, il est viscéralement écœuré… Patrick s’interrompt, lui demandant s’il veut goûter – c’est vraiment bon ! Mais Big Eddie refuse, sans surprise, et Patrick se remet à son repas – grommelant après chaque bouchée combien il a faim… O’Bannion le regarde faire, imperturbable et silencieux – tout au plus lui dit-il de ne pas manger dans la voiture, de crainte de tout salir… En fait, cette situation semble l’amuser ! Patrick comprend ce que lui dit son chef, et n’a pas le temps de tout manger ; peu importe : il rote, et jette ses restes. Après quoi il monte dans la voiture, sous l’œil révulsé de Nick, tandis que Big Eddie essuie sa lame avec grand soin…
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick : Danny O’Bannion ; Liam] Danny a offert des cigares à tous, pour se détendre ; Dwayne allume le sien, mais Michael préfère le garder pour plus tard. Leah, toujours amochée, prend soin de garder ses distances avec Patrick. Danny se montre très gentil avec elle – au point où ça a quelque chose de condescendant : « T’en fais pas, c’est le métier qui rentre… » Il tend à Dwayne une carte du Garage Hammer, désignant un certain Liam : ce sera désormais notre contact pour tout ce qui concerne les véhicules.
[Michael : Danny O’Bannion, Big Eddie] En route, O’Bannion leur demande quelles sont leurs découvertes récentes. Michael évoque à demi-mots des « technologies inconnues »… Mais Big Eddie n’en croit pas un mot : « De la sorcellerie, ouais ! » Les hommes de Danny étudieront la scène pour en apprendre le plus possible.
[Patrick : Danny O’Bannion, Big Eddie] O’Bannion se tourne alors vers Patrick, le félicitant pour sa « capacité de résistance étonnante », disant même que « ça fait honneur aux Irlandais » ! Patrick acquiesce, puis dit qu’il a une bonne et une mauvaise nouvelle : « Je suis mort, et, après la mort, il n’y a rien… » O’Bannion, jouant au bon catholique, dit qu’il a pour sa part des « garanties ». Mais Patrick insiste : « Non, il n’y a rien, rien de rien ! » Big Eddie, étonnamment croyant, mais surtout hostile vis à vis de Patrick, s’énerve – il n’apprécie visiblement pas ses allégations allant à l’encontre de ses propres croyances… O’Bannion sait qu’ils ont un contentieux, et n’a aucune envie de s’en mêler : qu’ils s’en débrouillent tout seuls ! Patrick a bien conscience qu’il n’est pas en mesure de se battre contre Big Eddie, mais il répète contre vents et marées qu’il est mort, et qu’il n’y avait rien au-delà…
[Dwayne, Michael : Danny O’Bannion ; Snake, Weedy] O’Bannion leur demande alors s’ils ont des nouvelles de la « taupe ». Michael, embarrassé (les autres tout autant…), répond que non… Danny leur fait remarquer qu’ils ont subi deux embuscades coup sur coup. Michael l’admet, avançant qu’il le redoutait et que c’est bien pourquoi ils avaient pris quelques précautions en revenant ici… Il reste évasif, peu désireux de mentionner Snake et Weedy devant son patron. Mais Dwayne, lui, n’hésite pas, bien au contraire, et transmet leur message à Danny (qu’il avait bien pris soin de noter). O’Bannion dit qu’il ne s’occupe de toute façon pas vraiment du marché de la marijuana… Pourquoi pas ? Dwayne a-t-il confiance en eux ? Oui : ils ont été très réglos, et même utiles, à deux reprises dans la soirée – leur aide a été essentielle pour qu’ils s’en tirent. O’Bannion en prend bonne note. Michael, tout de même, explique qu’il préférait que les deux Noirs ne connaissent pas la localisation de la ferme de Danny, et c’est pourquoi ils sont descendus à une heure de marche…
[Dwayne, Michael : Danny O’Bannion, Big Eddie ; Tina Perkins, Hope] La conversation revient sur ce qu’ils ont découvert dans la soirée. Dwayne explique à Danny ce qu’ils ont vu chez la fleuriste, Tina Perkins, et évoque sans sourciller l’étrange créature qu’est Hope. Cette menace a-t-elle été éliminée ? Dwayne n’en est pas certain – mais Michael suppose qu’ils ont quand même porté un coup assez rude à leurs « affaires »… O’Bannion précise que, si quelque chose doit arriver à la serre, il faut que ce soit un « accident ». Quant à Big Eddie, visiblement agacé, il ne cesse de marmonner devant l’incroyable récit des autres, mentionnant miroirs magiques, portails, végétaux conscients, etc.
[Dwayne, Leah, Patrick : Danny O’Bannion, Big Eddie, Nick] Ils arrivent à la ferme, et Danny les invite à se reposer. Quand Patrick descend de voiture, Big Eddie lui fait un croche-patte : « Quand tu veux, le taré ! Tu me dis le lieu et l’heure, quand tu veux ! » Mais Patrick se contente d’en rire… Les autres s’en détournent : comme Danny l’a dit, c’est leur problème… Dwayne et Leah sont toujours à moitié paralysés ; Nick leur injecte un produit qui devrait faciliter les choses…
[ATTENTION : les deux brèves scènes suivantes, m’impliquant, ont été jouées en arrière-salle ; considérons-les comme des SPOILERS ; je vais les retranscrire ici, parce que ça sera utile pour la suite et pour les lecteurs éventuels non joueurs, les fous, s’il y en a, mais de sorte que le texte ne soit lisible qu’en le sélectionnant ; ceci étant, camarades PJ, NE LISEZ PAS LES DEUX PARAGRAPHES QUI SUIVENT, bande de petits curieux…]
On toque à ma porte ; je m’étais allongée, et demande de qui il s’agit : c’est Danny. Je me vêts d’une robe de chambre et vais lui ouvrir, lui disant d’entrer. Il me parle tout d’abord du Docteur East – un homme courageux, pour être ainsi revenu à Arkham… Je lui réponds qu’il y était sans doute pour quelque chose, lui ayant offert sa protection, mais Danny prétend que non, il n’avait pas idée de l’identité du bon docteur. Mais il croit volontiers que le fugitif a du talent… J’approuve ; et je suis persuadée qu’il pourrait être très utile contre Hippolyte Templesmith, il a visiblement une dent contre lui… Hélas, il n’est pas très coopératif – notamment du fait de son exigence que l’on démasque la « taupe » au préalable… Mais Danny me charge de le rallier à « notre cause ». J’accepte, un peu lasse (je n’ai pas vraiment le choix, il est vrai), je vais faire de mon mieux…
Après quoi Danny me dit qu’il a appris que j’ai rencontré « Jingles ». Surprise, je commence par dire que ce nom ne mévoque rien… mais comprends alors même que je prononce ces mots à qui Danny faisait allusion. Et Danny me dit d’ouvrir la porte ; j’obtempère, et entends des tout petits bruits de pas, sans rien voir ; O’Bannion se penche dans cette direction et parle à la créature invisible dans un vieil irlandais qui m’échappe largement… Danny me dit ensuite que ces « lutins », avec qui il s’est associé suite à notre affaire il y a quelque temps de cela – je suis la seule, parmi les PJ, à y avoir participé, les autres sont morts ou disparus… –, se sont révélés plus qu’utiles, et le seront encore, surveillant la ferme aux ordres de Danny. J’explique ma méfiance : notre dernière rencontre avait été pour le moins conflictuelle… Mais la situation a changé : maintenant, les « lutins » travaillent avec Danny ; et, par ailleurs, ils semblent me vouer une étonnante estime – se souvenant de cette scène improbable, où une jolie rousse se battait contre eux en se livrant à une sorte de danse aussi gracieuse que redoutable… Bref : d’une manière ou d’une autre, ils sont maintenant dans notre camp, et participeront à la défense de la ferme en sus des gardes plus « traditionnels » (ces derniers sont vaguement au courant des implications surnaturelles de l’affaire, mais Danny leur a dit de s’occuper de défendre la ferme, et de nous laisser tranquilles au-delà). Par contre, il ne faut pas que j’en parle aux autres – d’autant plus que nous supposons donc qu’il y a une « taupe » parmi nous (j’acquiesce, sans en dire davantage). J’espère cependant qu’il n’est pas trop tard : déconcertée par le retour des « lutins », j’avais mentionné leur existence à un des gardes – mais, par chance sans doute, celui-ci m’avait clairement prise pour une débile… O’Bannion s’en satisfait, et prend congé ; mais j’entends du bruit au rez-de-chaussée et m’y rends.
[Dwayne, Leah, Michael, Patrick, Tess : Charles Reis, Fran, Lewis Garden, Docteur East/Herbert West, Jamie] Je descends m’entretenir avec mes collègues, enfin revenus. Je souhaite apprendre ce qui s’est passé – n’ayant pas forcément grand-chose à dire de mon côté : mes recherches se sont avérées plus frustrantes qu’autre chose (même si je suppose que Charles Reis pourrait être un allié utile), et je regrette surtout de ne pas les avoir accompagnés sur le terrain… Je mentionne cependant les mains « espionnes », avec leurs petites boîtes. Je leur dis aussi ce que Fran a fait : elle a rencontré l’étudiant en médecine Lewis Garden au Art’s Billiard, qui semble prêt à nous assister pour « emprunter » une salle d’opération de l’Université Miskatonic – et sans doute Fran peut-elle négocier pour en obtenir de meilleures conditions, en flirtant un peu… L’idée de l’opération travaille Michael, qui avance un peu laconiquement que l’état de Patrick « s’est aggravé »… Ils me parlent enfin de sa « résurrection ». Michael insiste, il faut faire vite – mais je lui réponds que nous ne pouvons rien faire à ce sujet avant la prochaine soirée… Il faut cependant contacter East de nouveau, et Michael se charge de rédiger un message à laisser à sa boîte postale. Je redoute cependant que East se montre toujours aussi intraitable en ce qui concerne la « taupe » à débusquer… Michael dit qu’il va mentionner l’état de Patrick, ce qui pourrait susciter la curiosité du Docteur East, mais je crains qu’il soit trop psychorigide pour que ça marche – peut-être faut-il mentionner les mains et les boîtes, en précisant que nous nous en sommes chargés ? Après quoi nous allons tous nous coucher (sauf Patrick), en entendant au passage Fran et Jamie qui se « divertissent »…
[Patrick] Patrick se rend dans la cuisine – il a encore faim, il cherche de la viande… Manger lui fait beaucoup de bien ! Il va ensuite au salon, où il s’enfonce dans un fauteuil confortable… Au bout d’un certain temps, il entend le téléphone qui sonne, et va décrocher. À l’autre bout du fil, il entend… sa mère ! Qui lui demande si c’est bien lui… Patrick est au moins aussi décontenancé : « Maman ? » Puis il entend un cri de douleur, et sa mère ne lui répond pas ; à sa place, il entend une vois masculine assez grave (qui rappelle à Patrick un « collègue » du temps où il était en Irlande), qui demande où le retrouver – précisant qu’ils s’en sont pris à sa mère, et qu’elle souffrira si Patrick ne coopère pas… Patrick obéit, puis raccroche ; il va voir les gardes, leur disant que des gens dangereux vont arriver d’un instant à l’autre… mais il remarque alors que ces gardes sont des combattants de l’IRA, qu’il avait connus dans le temps ! Et ceux-ci s’en prennent aussitôt à lui, l’assommant et le ligotant…
[Patrick] Patrick est aux bords de l’inconscience, mais sent qu’on le traîne par terre. Il essaye de se débattre, mais sans grand succès. Il entend un bruit évoquant du bois sur lequel on cognerait. Les membres de l’IRA le soulèvent, et le plongent dans un tonneau rempli de saumure, où Patrick étouffe – il comprend par ailleurs qu’un cadavre se trouve à ses côtés dans le tonneau… On le fait rouler par terre. Patrick, paniqué, essaye de défoncer le fond du baril en lui donnant de violents coups de pied ; ça ne donne pas grand-chose, et il s’étouffe de plus en plus dans la saumure… Puis ses efforts commencent à payer un minimum : de son talon, il a à peine percé le fond du tonneau, suffisamment toutefois pour que la saumure s’en écoule lentement. Mais Patrick sent alors qu’on a balancé le baril dans le vide, il est conscient de sa chute interminable…
[Patrick : Hippolyte Templesmith, Fran] Au bout d’un temps étonnamment long, le tonneau heurte le sol lourdement – Patrick discerne un bruit métallique, qui lui évoque des rails… Il entend en outre un bruit de pelle, régulier, ainsi que des mugissements las, le renvoyant au « souterrain infernal » de Hippolyte Templesmith ! Patrick, affolé, continue à taper dans le fond du baril, en hurlant : « À l’aide ! » Et il croit alors entendre Fran, appelant elle aussi au secours…
[Patrick : Danny O’Bannion, Vinnie, Big Eddie, Liam] Puis la chute du tonneau reprend. La saumure s’en écoule, très lentement… Mais Patrick se rend compte que le cadavre obture en partie le petit orifice. Après quoi le tonneau heurte enfin le sol, et éclate ; Patrick constate qu’il se trouve sur un sol d’herbe verte. Il sent des mains qui le « réveillent » et l’installent sur le dos ; surtout, il sent une odeur très particulière – l’odeur indéfinissable de l’Irlande, du printemps au pays… Et il voit alors des silhouettes familières : Danny O’Bannion, Vinnie, Big Eddie, et enfin Liam, son grand-père – lequel le remet ensuite debout et lui demande si ça va… Patrick, un peu perdu, voit des fermière qui étendent leur linge, tandis que leurs hommes vont travailler dans les champs… Patrick pleure maintenant, en appelant son grand-père, lequel lui dit de se reprendre. Ses comparses sont habillés comme des paysans, mais semblent exprimer une certaine fierté de porter ces frusques – pourtant bien éloignées des goûts de Danny et de ses sbires… Ils sont par ailleurs armés de mitraillettes Thompson (mais des modèles sans « camembert »).
[Patrick : Danny O’Bannion, Liam] O’Bannion demande alors à Patrick s’il est prêt pour la mission. Patrick lui demande de quoi il s’agit ; Liam dit « Oui, il a vraiment pris un sacré coup sur la tête… » Mais Patrick constate alors qu’il a l’impression déroutante d’être dans un corps « neuf », ou en tout cas « jeune », sans avoir pour autant perdu l’expérience acquise plus tard… On lui fait un briefing : il s’agit de poser des charges explosives pour faire dérailler un train rempli de soldats britanniques. Patrick s’en souvient, maintenant ; et c’est son grand-père Liam qui a conçu la bombe – un amas de dynamite avec un chronomètre en guise de détonateur. « Tu t’en rappelles ? On en a parlé hier soir pendant des heures… » Oui, Patrick se souvient, maintenant. Est-il prêt ? Oui… Liam lui pose la main sur l’épaule, il est visiblement fier de son petit-fils ; après quoi il lui tend la bombe – et Patrick se souvient qu’il avait travaillé avec lui dessus, et la prend. Mais il a une chose à dire à son grand-père : « Papy… Je sais que Dieu n’existe pas, mais je crains quand même l’enfer… » Liam lui répond : « L’enfer, c’est pour nos ennemis ; fais honneur à ton peuple et ta famille ! »
[Patrick : Fran, Liam] Patrick se rend sur le site de l’attentat. Il reconnaît en chemin Fran, toute gamine, un doudou (un lapin en peluche) dans les bras ; il s’arrête devant elle, et elle lui demande s’il a vu son papa… Patrick lui répond : « Non… Mais mon grand-père est là-bas, c’est un gentil monsieur… Il pourrait être un nouveau papa… » Fran poursuit : « La dernière fois que j’ai vu mon papa, les soldats britanniques l’emmenaient… » Patrick lui dit qu’ils vont l’aider. Et Fran se serre contre sa jambe, le remercie, puis rentre à l’intérieur de la petite ferme à côté.
[Patrick : Big Eddie, Danny O’Bannion, Vinnie] Patrick arrive au lieu de l’attentat, où l’attend Big Eddie, qui maugrée : « Toujours en retard… » Mais Patrick se contente de dire qu’il est prêt. O’Bannion est là lui aussi, qui intervient : Vous deux, arrêtez vos conneries ; z’allez pas foutre ce plan en l’air à cause de votre inimitié ? » Ils montent tous sur la colline où se trouve la voie ferrée. Danny leur fait le geste de se dissimuler, sans un bruit. De l’index, il désigne deux soldats britanniques sur la route ; il y en a d’autres derrière. Leur uniforme est rutilant, ce qui génère un fort contraste avec les frusques des Irlandais… Mais il y a autre chose, une nature bestiale qu’ils ne dissimulent en rien : Patrick constate que les doigts des soldats sont griffus, tandis que leurs têtes ont quelque chose de rongeurs, de rats plus précisément – c’est d’autant plus flagrant quand ils s’arrêtent, régulièrement, pour renifler… Danny dit que ce sont des éclaireurs, et qu’il ne faut surtout pas qu’ils les voient, sinon tous vont leur tomber dessus… Pourtant, il se précipite aussitôt sur l’un des gardes, et l’assomme d’un unique coup sur la tête ; son comparse, cependant, braque aussitôt Danny, qui se met à l’insulter… avant de se prendre un coup de crosse. Vinnie traverse quant à lui la route, pour se dissimuler dans les hautes herbes, et Big Eddie fait de même ; aussi Patrick les suit-il à son tour. Il entend des cris de douleur… et constate que Danny, qui ne cesse d’insulter les soldats tout en encaissant leurs coups, s’est sacrifié pour qu’ils puissent mener leur mission à bien. Ils arrivent au niveau des rails. Big Eddie et Vinnie regardent Patrick, qui a la bombe – il a toutes les instructions en tête, il sait exactement comment la placer ; à vrai dire, il a l’impression de l’avoir déjà fait… Il s’exécute. Vinnie le félicite pour son professionnalisme, tandis que Big Eddie grommelle. Ils entendent bientôt le train qui approche ; Big Eddie et Vinnie retournent se dissimuler dans la végétation, tandis que Patrick active le compte à rebours, avec une extrême précision, avant d’aller s’abriter à son tour.
[Patrick : Big Eddie, Vinnie ; Fran] Le train passe devant eux… et une grande explosion déchiquète la voie ferrée, le train déraille, on entend d’autres explosions (comme si elles s’enchaînaient, l’une entraînant l’autre) ; les wagons sont secoués dans tous les sens, certains se détachent et font des tonneaux, se déversant presque au niveau où se sont réfugiés les Irlandais ; en jaillissent une multitude de corps et de bagages… mais pas d’armes ni d’uniformes : ce sont des civils, homme et femmes, enfants et vieillards… Patrick comprend enfin : le conflit s’éternisant, les soldats britanniques avaient obtenu de la Couronne qu’elle fasse venir leurs familles auprès d’eux… Patrick est entouré de scènes d’horreur : un enfant mort avec dans ses bras un doudou semblable à celui de Fran, un homme amputé qui cherche à se déplacer mais éprouve les plus grandes difficultés… Patrick se jette sur Big Eddie : « Bande de tarés ! C’est pas des militaires, c’est des civils ! » Mais Big Eddie et Vinnie sont tout aussi choqués que lui : « On n’en savait rien, qu’est-ce que tu crois ? » Vinnie est considérablement abattu, le visage pâle devant l’horreur du spectacle ; Big Eddie aussi, sans doute, mais il n’en repousse pas moins violemment Patrick. Celui-ci lui hurle à la face : « Quand on fait ce genre d’opérations, on se renseigne ! » Mais Big Eddie lui répond : « Tu y as participé comme nous, et c’est toi qui as posé la bombe ! » Patrick se rend compte que c’est vrai, qu’il partage pleinement leur responsabilité dans cette tragédie ; il s’éloigne…
[Patrick : Big Eddie, Vinnie] Un soldat britannique en sanglots, à la tête évoquant toujours un rongeur, sort de fourrés et tire sur Patrick, traitant les Irlandais d’assassins. Big Eddie et Vinnie ripostent, touchent quant à eux de nombreux gardes, mais pas celui qui s’en est pris à Patrick. Ce dernier continue à s’éloigner – vers la maison de son grand-père ? Big Eddie attire l’attention du garde, qui lui tire maintenant dessus plutôt que sur Patrick hagard – et Big Eddie et le soldat s’effondrent en même temps… Patrick continue son chemin, il veut rejoindre son grand-père. Big Eddie, à terre, l’insulte : « Me remercie pas, connard ! » Patrick y reste indifférent. Big Eddie lui explique qu’il ne l’aimait pas, mais qu’il respectait au moins le résistant irlandais en lui… « Putain de famille ! »
[Patrick : Liam, Danny O’Bannion] Il y a plein de véhicules militaires dans le village, des Union Jacks sont affichés partout, tandis que des soldats-rongeurs se pavanent dans la place. Patrick voit dans le village tous les Irlandais qu’il a jamais connus, à toutes les époques de sa vie (y compris nous), qui creusent la terre, fouettés par les soldats ; ils ont des fermetures éclairs sur leur corps ; Liam, le grand-père de Patrick, est pour sa part écorché. Danny O’Bannion, quant à lui, est agenouillé devant la reine d’Angleterre (elle aussi arbore un museau de rongeur), et lui baise la main ; il désigne ensuite Patrick du doigt… et tout le monde, Britanniques comme Irlandais, fait bientôt de même, et tous hurlent : « TRAÎTRE ! » Patrick poursuit cependant son chemin, marmonnant sans cesse : « Ici, c’est l’enfer… Ici, c’est l’enfer… » Il est assailli de toutes parts, mais n’y prête pas attention.
[Patrick : Hippolyte Templesmith, Mortimer ; Tess] Puis Patrick reconnaît le buste de Hippolyte Templesmith, toujours aussi élégant, narquois également, qui l’observe, rayonnant, vainqueur ; les tripes de Patrick le mettent à genoux. Mais il ne s’en prend pas moins, verbalement, à Templesmith : « Ris toujours, ton tour viendra, d’autres personnes s’occuperont de toi ! » Mais Templesmith lui répond, d’une voix sifflante : « Savoureux… Tant de souffrances ! Votre esprit est encore plus fissuré que celui de Tess… » Patrick sent alors une odeur de lilas, et discerne des trainées mauves dans ciel – qui décontenancent semble-t-il tout autant Templesmith… Puis tous ces phénomènes s’arrêtent subitement. Templesmith reprend, dans le vide : « Étonnant… mais pathétique. » Il se tourne à nouveau vers Patrick : « Vous savez maintenant que vous n’êtes pas à l’abri de moi, de jour comme de nuit… » Il indique à sa victime une boîte postale, afin qu’il s’y rende pour y déposer les livres et parchemins que nous avons « volés » à Templesmith : « Pas besoin d’en parler aux autres ; vous avez l’habitude de trahir… » Patrick lui répond que c’est d’accord… mais n’en croit pas un mot, et Templesmith s’en rend compte : « Alors, la douleur… » Et une vague de vermines apparaît dans sa bouche, en jaillissant par dizaines de rongeurs qui se ruent sur Patrick, lui crachent dessus, puis se mettent à le grignoter ; apparaît également Mortimer, qui disparaît, réapparaît, disparaît, réapparaît, etc., en arrachant à chaque fois des lambeaux du visage de Patrick ; au bout d’un long moment d’horrible souffrance, il ne reste plus que le crâne, toute la chair le recouvrant ayant été grignotée par les rats ; et ceux-ci, maintenant, cherchent à gagner le cerveau de Patrick en passant par ses orbites…
[Patrick : Hippolyte Templesmith, Tess] Patrick se réveille, en hurlant ; il se souvient de ce que je lui avais dit, que Templesmith avait promis de lui rendre une visite onirique… Il hurle, encore et encore ; et a en tête l’image de la boîte postale mentionnée par Templesmith, dont il connaît parfaitement l’adresse…
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