CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (24)
Vingt-quatrième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Dwayne O’Brady, l’avocat Chris Botti, la chanteuse Leah McNamara et quant à moi « Classy » Tess McClure, maître-chanteuse.
I : L’OMBRE SUR LA FERME
[I-1 : Tess : Chris Botti, Michael Bosworth, « 45 » ; Danny O’Bannion, Jingles] La ferme de Danny O’Bannion est assiégée par les policiers, très nombreux. Chris s’est fait littéralement déchiqueter sous nos yeux. La voix dans le mégaphone nous dit que ce n’est qu’un exemple, et nous ordonne de déposer nos armes. Puis elle ajoute qu’ils ont pour ordres de nous prendre vivants, même si ça ne leur plaît pas… De mon côté, cela faisait quelque temps que j’appelais frénétiquement « Jingles ! », mais ça n’a a priori aucun effet… Michael Bosworth décide d’obéir aux flics, il laisse tomber ses lames et lève les mains. Le compte à rebours progresse… « 45 » hésite sur la marche à suivre. Leah finit par se mettre à genoux à son tour, et je fais de même quand le compte à rebours n’est plus qu’à 5 ; nous tentons toutes deux de dissimuler un Derringer sur nous… Je perçois, sans trop savoir comment, la frustration du policier au mégaphone, déçu que nous nous soyons tous rendus…
[I-2 : Tess : Jamie, Jerry] De nombreuses silhouettes en uniformes avancent vers nous en nous braquant. Ce ne sont clairement pas des flics de base, mais ce qui se rapprocherait le plus de forces spéciales dans ce contexte ; beaucoup sont équipés de mitraillettes Thompson – quelques officiers ont même des grenades ! Jamie et Jerry sortent de la ferme, les mains en l’air. Mais le simplet ne comprend pas les instructions du flic paniqué en face de lui et s’avance un peu trop… Un coup de feu résonne, le jeune policier a tiré par réflexe ; on entend le hurlement de douleur et d’incompréhension de Jerry, gravement blessé au ventre ; Jamie horrifié engueule le jeune flic… et est bientôt passé à tabac par les collègues de ce dernier – ils achèvent même Jerry !
[I-3 : Leah, Tess : « 45 »] « 45 » est près de Leah et moi ; les flics l’ont repéré, et en sont visiblement très contents. Ils nous fouillent… et trouvent nos Derringers ; nous sommes punies chacune d’un coup de crosse… Les flics se montrent particulièrement violents avec « 45 » (nous comprenons à demi-mots qu’il était connu pour avoir tué un policier). Mais il a une dernière surprise pour eux – il parvient à se dégager à coups de pied et sort une grenade de sa veste : « J’vais vous en faire bouffer, de l’Irlandais ! » Je tente de m’éloigner au cas où, mais les policiers se trouvent donc entre « 45 » et moi, et ce sont eux qui encaissent le choc … Les survivants révoltés poussent des hurlements de haine ; ils se vengent sur nous, et nous sombrons dans l’inconscience sous les coups…
II : CELLE QUI ERRAIT DANS LES TÉNÈBRES
[II-1 : Leah, Tess, Dwayne : Seth ; Brienne, Big Eddie] Nous nous réveillons (Leah et moi, mais aussi Dwayne – il a le souvenir d’un bruit qui l’avait réveillé dans son lit, mais avait presque aussitôt reçu un violent coup au crâne tandis que Brienne hurlait) sur un ciment froid ; les murs alentour ont une texture évoquant le crépis ; il y a une tenace odeur de moisissures, d’excréments, d’urine… Nous sommes dans une cellule de 5 m² environ, dotée d’épais barreaux. Nous avons tous un lourd collier autour du coup, relié à une chaîne – Leah se trouve à l’autre bout de ma chaîne. Il n’y a personne au bout de la chaîne de Dwayne… mais des traces de sang et des cheveux qui pourraient bien appartenir à Brienne ? Seth est là, lui aussi, sans personne à l’autre bout de sa chaîne. Quoi qu’il en soit, toutes les chaînes sont reliées à un anneau au sol. Non loin, on trouve un morceau de pain moisi et une casserole remplie d’eau croupie. Nous ne sommes autrement pas menottés, nos mains sont libres, nos pieds de même. Nous avons été fouillés, et n’avons plus que nos vêtements – en lambeaux désormais. Nous entendons des hurlements de douleur à distance – Leah reconnaît la voix de Big Eddie…
[II-2 : Tess, Dwayne, Leah : Seth ; Brienne, Big Eddie] Je tâte mon collier, qui est fermé par un vieux cadenas rouillé. Dwayne s’approche des barreaux et appelle Brienne – il n’y a pas de réponse, mais nous reconnaissons tous maintenant les cris de douleur de Big Eddie... Le couloir donne sur d’autres cellules, mais nous ne pouvons pas déterminer s’il y a du monde à l’intérieur. Je vais inspecter le collier de Leah, j’y vois ce que je n’avais pu que sentir sur le mien. Mais je remarque que l’anneau central a un peu de jeu… Je me penche et m’en assure : c’est bien le cas, et on devrait pouvoir en faire quelque chose. Je l’indique à Leah, et nous essayons de le forcer ensemble – nous nous y écorchons les doigts, elle surtout ; pour ma part, je ressens davantage la fatigue… Mais je persévère, et sens que le jeu s’agrandit. Dwayne, de son côté, s’affaire sur sa chaîne, et essaye de défoncer son cadenas ; il réveille Seth au passage, terrifié, qui demande où nous sommes et depuis combien de temps ; toujours affairée sur l’anneau central, je lui réponds que nous n’en savons rien, et nous sommes réveillés il y a peu. Il voit ce que Leah et moi tentons de faire, et vient nous aider.
[II-3 : Dwayne, Tess, Leah : Seth] Dwayne entend des bruits de pas lourds et nombreux au bout du couloir, et nous percevons ensuite des ombres. Il arrête de s’exciter sur son cadenas, et recule au fond de la pièce – malgré les excréments… C’est en voyant Dwayne se déplacer que je prends conscience de ce que quelqu’un arrive ; et je réagis comme lui, Leah de même – nous laissons là l’anneau central et nous replions contre le mur du fond. Arrivent quatre individus, vêtus d’uniformes de matons, mais « mal attribués » : leurs gros ventres débordent et ont fait sauter des boutons. Ils ont des têtes larges, des bouches et des yeux qu’on ne peut s’empêcher de juger trop grands, leurs yeux sont décalés sur les côtés du visage. Par ailleurs, ils suintent, et on devine ici ou là des reflets verdâtres. Trois d’entre eux sont armés de pistolets et de matraques ; le dernier a un fouet et un lourd anneau de clefs bien rempli. Il donne un coup de pied dans les barreaux de la cellule, qui vibrent. Tous nous regardent. Ils parlent, mais il n’est pas facile de comprendre ce qu’ils disent – leur voix glougloute, leur discours est émaillé de clapotis… Ils semblent se concerter entre eux. Ils désignent parfois l’un d’entre nous, sans que nous ayons de certitude quant à savoir qui. J’essaye de positionner la chaîne de telle sorte qu’elle ne m’empêche pas de me défendre à coups de pied le cas échéant, mais sans trop y croire… Ils ont l’air de se mettre enfin d’accord. Le maton au fouet ouvre la porte de la cellule, tandis que ses trois compères nous braquent. Ils rigolent, d’un air sadique, mais n’en sont pas moins des professionnels sur leurs gardes. Celui au fouet désigne de la main Seth : « Lui, là. » Seth nous regarde, terrifié. Le gardien reprend : « Vous nous le donnez, ou on s’amuse ? » Il fait claquer son fouet. Leah s’avance un peu : « Mais où voulez-vous l’emmener, bon sang ? Qu’est-ce que vous comptez faire de lui ? » Le gardien lui assène un coup de fouet à la bouche, qui la fait chanceler. Seth se lève et vient l’aider à se remettre d’aplomb, puis soupire, et s’approche du maton – qui l’agrippe et le traîne sans ménagements jusqu’à la porte de la cellule après l’avoir libéré de sa chaîne ; il le confie aux gardes armés. Dwayne plonge la main dans les excréments et ramasse un étron – ce qui fait rire un des matons ; il le lui balance alors à la gueule… La riposte ne se fait pas attendre : le gardien vide son chargeur sur Dwayne, qui tombe mort. Les autres nous regardent froidement… puis s’en vont. Nous entendons Seth qui proteste, des bruits de coups, des cris de douleur…
[II-4 : Leah, Tess : Dwayne ; Seth, Herbert West] Leah et moi nous remettons à travailler sur l’anneau central – le sang de Dwayne ruisselle jusqu’à nos pieds… Leah parvient à forcer suffisamment pour que l’on entende un craquellement – la partie supérieure de l'anneau ne semble plus enchâssée, ce qui est un soulagement. Il en reste une bonne moitié, mais il est possible de la faire tourner. Alors que les hurlements de Seth cessent sur une note d’agonie, nous parvenons enfin à extraire l’anneau, qui cède d’un coup, aussi tombons-nous à la renverse. Les rivets ont lâché – ils font une dizaine de centimètres, et j’en prends un, qui pourra me servir de poignard de fortune ; je cherche d’autres objets pointus pour crocheter la porte de la cellule, mais rien de plus – je ne fais que m’écorcher encore davantage. Mais je tente de forcer la serrure avec mon « poignard ». J’entends au loin une autre voix qui hurle de douleur, tout en gardant un caractère étonnamment contenu… et reconnais la voix d’Herbert West. Mes efforts ne payent pas ; je rajoute peut-être un peu de jeu dans la serrure, mais coince le rivet à l’intérieur, et dois passer du temps pour le dégager – et je m’y agace… Mais Leah vient m’aider et se montre plus habile : nous entendons comme des petites « billes » qui tombent, le mécanisme est cassé. La porte s’entrouvre, et je m’avance dans le couloir, armée de mon rivet rouillé.
[II-5 : Leah, Tess : Dwayne, Herbert West] Il y a une lumière vague dans le couloir, nous n’entrapercevons qu’à peine les barreaux des autres cellules. Leah et moi sortons, en faisant en sorte de ne pas laisser traîner la chaîne qui nous relie. Nous jetons un coup d’œil aux cellules alentour, mais n’y voyons pas grand-chose… Leah, toutefois, voit un pendu, au rictus figé, et y reconnaît un client du Paddy’s, probablement même pas un criminel... Nous avançons. Çà et là, il y a d’autres cadavres abattus comme Dwayne. Leah est très affectée à la vue d’un corps visiblement piétiné avec un acharnement impensable et réduit à de la bouillie… Puis j’entraperçois au fond d’une cellule ce qui semble bien être une lame, à proximité d’un cadavre – à moins qu’il ne s’agisse de deux cadavres ? Oui, c’est bien un couteau – un vrai. Mais la porte de la cellule est entrouverte, et nous redoutons un piège… La lame m’attire, cependant, et je pousse très doucement la porte, au moment exact ou résonne le cri d’agonie de Herbert West.
[II-6 : Tess, Leah : Fran, Maggie, Brienne ; Patrick O’Brien, Hippolyte Templesmith/« 6X »] Je me penche avec prudence… Le cadavre à côté semble alors bouger. Je ramasse la lame et me recule prestement. Je vois maintenant, non pas un ou deux cadavres, mais trois ou quatre – au moins. Je crois voir un cadavre se relever – mais tout autour ce sont des torses qui s’agitent. Et il y a des bruits du même genre tout autour ! Nous partons en courant vers la porte au bout du couloir obscur – l’éclairage varie sans cesse. Mais un amas de torses s’extrait d’une cellule en se précipitant vers celle d’en face, tentant de nous bloquer le passage – des torses liés entre eux, cousus grossièrement, et faisant comme un mille-pattes humain… Des bras et des jambes en jaillissent çà et là, animés. Les torses ne cessent de tourner sur eux-mêmes. Des visages humains sont aussi greffés dessus – je reconnais celui de Fran, Leah celui de sa collègue Maggie… D’autres encore qui ne nous sont pas inconnus. Leurs yeux nous fixent, et elles crachent nos prénoms (Fran le mien, Maggie celui de Leah…). Je tente de sauter par-dessus l’obstacle, et Leah n’a pas d’autre choix que de me suivre. Nous croyons y parvenir l’espace d’un instant, les bras de la créature ne parviennent pas à nous saisir… mais ils s’emparent sans difficulté de notre chaîne, et, tirant dessus, nous ramènent en arrière et nous font tomber sèchement. Nous reconnaissons d’autres visages : celui de la mère de Patrick, celui de Brienne, des Irlandais croisés ici ou là, des membres de nos familles respectives… Tous marmonnent nos prénoms ; ils semblent former comme une conscience humaine collective, dont le ton est tour à tour ou en même temps haineux et doux. Les propos deviennent progressivement plus cohérents : « C’est elles ? C’est elles ! C’est leur faute ! C’est leur faute à elles ! C’est parce qu’elles ont refusé de rendre les manuscrits à ʺ6Xʺ ! C’est pour ça qu’il nous a pris ! » Suivent des insultes de plus en plus violentes… Leah repère vers le milieu de cette créature des organes tout aussi grossièrement greffés, reliés par des veines et artères et la « chair végétale » que nous avons vue à plusieurs reprises – cela fait comme des grappes sombres et suintantes… Leah, bien que je lui sois attachée par la chaîne, me dit de fuir tandis qu’elle se jette sur ces organes – cela me fait l’impression qu’elle cherche en vérité à être dévorée par la créature, pour mettre fin à cet insupportable cauchemar… Mais je vois ainsi les organes qu’elle avait pris pour cible, et me met à les poignarder frénétiquement. C’est efficace, mais les bras et jambes alentour ne cessent de m’assener des coups et je souffre horriblement. Le sort de Leah est cependant bien pire : de nombreux membres s’abattent sur elle et la compriment, au point de l’écraser en faisant craquer sa cage thoracique… Elle en meurt sans même avoir le temps de hurler, son cadavre désarticulé s’étend juste à côté de moi, tandis que la créature, sous mes coups de poignard, arrête enfin de gesticuler – les visages sont maintenant yeux fermés et bouches béantes… Plus rien ne bouge dans le couloir. Mais le silence est bientôt rompu par de nouveaux hurlements lointains… et j’ai l’impression troublante d’y reconnaître notre gardien ? Je finis de dégager le cadavre de Leah, broyé, fracassé… Les hurlements s’arrêtent à nouveau. Assise par terre, terrifiée par le cours des événements, j’hésite sur la marche à suivre : la tentation du suicide est plus prégnante que jamais ; mais Tess est une battante qui refuse de s’avouer vaincue – il lui faut poursuivre… Ce qui implique une mesure « désagréable » : à l’aide de mon poignard, je me mets à scier le cou de Leah pour ne pas être entravée par son cadavre… Ce qui demande du temps, des efforts, et ne renforce pas exactement ma sérénité…
[II-7 : Tess] J’y parviens, pourtant – et reprends enfin ma route. J’entends de lourdes détonations au loin ; j’ai l’impression que la terre et les barreaux vibrent… Cela évoque clairement des explosions secouant le bâtiment. Je poursuis dans le couloir. Je passe devant un soupirail, obstrué par la terre – les explosions ont-elles pour but d’enterrer le bâtiment ? Et moi avec…
[II-8 : Tess : Patrick O’Brien ; Dwayne O’Brady, Leah McNamara] Mais il y a autre chose : des bruits « métalliques » devant moi, et aussi un léger bruit de pas dans le couloir ; prêtant l’oreille, je discerne bientôt des gémissements, et des bruits qui me font l’effet d’être « spongieux »… Ma pulsion suicidaire me reprend, subodorant une autre horreur encore pire que tout ce qui a précédé – mais je continue. Les bruits évoquent un craquellement métallique, et certains sons semblent correspondre à celui que pourraient émettre des tiges… Et j’entends alors une voix : « Putain, ça y est, je l’ai enlevé ! » C’est indubitablement la voix de Patrick… Je continue d’avancer, lentement, mon poignard oscillant indécis entre ma gorge et une cible éventuelle. Il y a un liseré de lumière derrière la porte. Puis elle s’ouvre, et Patrick en jaillit. Sa mâchoire est recouverte de sang, parfois séché, parfois ruisselant encore ; j’y devine les marques d’un appareil destiné à maintenir la bouche grande ouverte, dont il se serait tout juste débarrassé. Par ailleurs, son ventre est très gros, c’est comme s’il était « enceint ». Patrick trébuche sur le cadavre écorché d’un garde. Il essaye de se relever, regarde par réflexe ce qui l’a fait chuter… puis plonge la main dans ses tripes pour s’en repaître ; mais il recrache bientôt : « Pas eux, c’est dégueulasse ! » Je m’avance normalement vers Patrick. Le tintement de ma chaîne attire son attention – il ne m’avait semble-t-il pas remarquée jusqu’alors. « Less ? Mess ? » C’est comme s’il me reconnaissait, et en même temps pas tout à fait – je lis sur ses traits un effort de remémoration douloureux. Il me fixe, curieux. Je m’agenouille devant lui : « Patrick… » Il continue : « Mess ? Less ? » Je remarque qu’il saigne du nez. « Patrick, c’est moi… C’est Tess… » Il a l’air stupéfait : « Vivante ? » Mais il y a une sorte de joie en lui… Puis il me demande : « Et les autres ? Où sont les autres ? Pwayne ? Meah ? » Ils sont tous morts, il n’y a plus que moi… Nous… euh… Il secoue la tête, comme s’il se reprochait d’avoir fait une chose horrible : « Ils m’ont forcé… » Je lui demande de quoi il parle. « Les dévorer. Tous. Les amis, les familles… Mais le pire », dit-il en massant son gros ventre, « c’est que j’ai encore faim ! » J’hésite l’espace d’un instant – puis lui plante mon poignard en pleine gorge. Il hurle de surprise autant que de douleur quand sa tête part en arrière tandis que le sang gicle violemment de son cou ; la douleur est aussi « émotionnelle » – parce que c’est moi qui l’ai tué… Mais son ventre remue, c’est comme si quelque chose s’agitait dedans. Je me précipite dans la pièce illuminée au-delà de la porte… et j’entends Patrick derrière moi, malgré sa gorge qui pisse le sang en un jet continu : « Pourquoi t’as fait ça ? Je t’aurais juste demandé un œil ! Un œil, qu’on soit quittes ! » Je me retourne pour lui faire face, et de son ventre jaillissent ses tripes, qui me tirent vers lui… « Juste un œil ! » N’y tenant plus, horrifiée, désespérée, confrontée à la certitude d’une mort atroce et douloureuse, je me tranche la gorge…
[II-9 : Tess] Et je me réveille en hurlant, dans mon lit, à la ferme.
III : LA MISE EN GARDE DE LA SORCIÈRE
[III-1 : Tess, Leah, Chris : Michael Bosworth ; Hippolyte Templesmith] J’entends encore les échos du rire de Templesmith à mesure que je reprends conscience… Je ruisselle de sueur. Je n’ai pas conservé de séquelles physiques de cet affreux cauchemar, mais, quand je passe la main sur mon corps, il y a comme une douleur « mémorielle » – parce que j’y ai cru… J’entends Leah, Chris et Michael qui tambourinent à ma porte. Je reste prostrée, en sanglots, incapable de me lever comme de leur répondre… Chris parle de défoncer la porte, mais Michael lui dit qu’il peut très aisément la crocheter, et c’est ce qu’il fait. Ils entrent dans ma chambre. Chris me demande ce qui se passe. Je suis en état de choc, stupéfaite de les voir vivants ; les nerfs à vif, je suis partagée entre l’horreur et la joie ; bien incapable de lui répondre, je suis secouée par mes pleurs et ces violentes émotions qui s'enchaînent à toute vitesse. Chris insiste : « Ça va ? Ça va ? » Leah se montre plus douce, et, au bout d’un moment, je peux enfin lui répondre : « Un cauchemar… Templesmith… Vous étiez tous morts… Et je… je me suis tuée moi-même… » Le choc émotionnel est flagrant. Chris demande à Leah de rester avec moi, le temps que je me reprenne. Leah me dit que ce n’était rien qu’un rêve, mais non : il l’avait déjà fait, il sait faire…
[III-2 : Chris, Leah, Tess : « 45 », Michael Bosworth] « 45 » nous rejoint à l’étage, devant ma chambre. Il dit qu’une voiture arrive, et qu’il faut qu’on descende, c’est pour nous. Chris répond qu’il y va tandis que Leah reste avec moi. Mais les propos de « 45 » m’ont rappelé le début de mon cauchemar, et je me rends à une fenêtre donnant sur le devant de la ferme. Je vois deux voitures qui s’approchent : l’une appartient aux gardes, l’autre est bien plus luxueuse… « 45 » insiste : ça nous concerne, il faut descendre. Mais il doit bien se rendre à l’évidence que je ne suis pas pour l’heure en état, et Leah reste à mes côtés, tandis que Chris et Michael descendent – il ne les a pas attendus.
[III-3 : Tess, Chris : Howard, « 45 », Michael Bosworth ; Hippolyte Templesmith, Johnny « La Brique », Moira, Clive Donnelly] Les voitures s’arrêtent dans la cour tandis que l’aube se lève. Les gardes ouvrent le coffre de la voiture de luxe et en sortent quelqu’un de ligoté – c’est un homme, il a de toute évidence été battu violemment, et on devine qu’il crache des insultes dans son bâillon, sans tenir compte des gifles que lui assènent les gardes. L’un d’entre eux dit qu’il a été intercepté sur le chemin de la ferme – à l’en croire, il aurait un marché pour nous… Mais les gardes savent qu’il travaille pour Templesmith. Et, effectivement, je reconnais enfin le domestique, Howard, que j’avais entraperçu quand je m’étais rendu à la demeure de Templesmith pour faire du repérage… Chris, qui ne le connaît pas, s’approche de lui : « Alors, l’ami, qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? » Il dit aux gardes de lui enlever son bâillon. Sitôt fait, Howard lâche un flot d’insultes contre les gardes. Puis il dit : « Où est ʺLa Briqueʺ, ou l’autre, là, la rousse ? J’avais un marché ! » Chris répond que « La Brique » n’est pas là, et moi non plus. L’autre poursuit : « Moira ? Clive ? » Chris répond qu’ils sont tous morts (moi y compris)… Mais ce n’est pas grave, lui et ses compagnons ont pris le relais ! Qu’est-ce que c’était que cet accord ? Howard regarde tout autour de lui, l’air décontenancé… Puis il dit qu’il s’agissait de lui faire bénéficier d’un sauf-conduit en échange d’informations sur Hippolyte Templesmith. « Ils sont vraiment tous morts ? », demande-t-il ensuite, l’air penaud. Chris le lui confirme – il y a eu beaucoup de morts dans nos rangs… « En échange, ils devaient me sortir de là ! » insiste Howard. Chris lui dit qu’il n’y a pas de problème : il répète ses informations, et bénéficiera du sauf-conduit ; on le libèrera, et on le conduira où il le souhaite… Howard lui lance un regard noir, il est visiblement très énervé : « Il a des oies, il baise jamais, il a des systèmes de sécurité bizarres ! » Chris lui dit que, s’il n’a rien de plus concret, son histoire s’arrêtera très vite… « Et si je dis que j’ai une information de valeur, j’aurai droit à mon sauf-conduit ? » Oui, si cette information nous intéresse… Howard exige qu’on le libère, et Chris demande qu’on lui desserre un peu les liens – mais, à la moindre entourloupe… La plupart des gardes retournent à leur poste – après avoir poussé Howard par terre un peu gratuitement –, mais « 45 » reste à le surveiller. Chris se charge lui-même des liens de Howard, en marmonnant : « Putains d’Irlandais… Mais si tu bouges un sourcil de trop, on s’occupera de toi… » Howard lui répond qu’en d’autres circonstances, la menace aurait pu l’exciter, mais il n’a pas la tête à ça. Il demande à Chris s’il a une lame, « n’importe quoi, un coupe-ongles, même »… Ce n’est pas le cas ; Michael, à côté, montre une de ses lames, mais n’a pas l’air spécialement désireux de la confier à Howard…
[III-3 bis : Tess] J’ai entendu tout cela depuis l’étage ; consciente qu’il me faut bien agir, mais encore bouleversée, je décide de m’accorder un rail de cocaïne pour me requinquer et me donner le courage de poursuivre…
[III-3 ter : Dwayne : Brienne ; Diane Pedersen] À l’appartement de French Hill, le réveil de Dwayne sonne – il l’avait réglé pour revenir assez tôt à la ferme et que l’on affine nos plans, avant de partir pour Boston régler le cas de Diane Pedersen. Brienne fait celle qui dort encore, mais ça ne le trompe pas – alors elle admet être réveillée, et demande à Dwayne sur le départ de tenir sa promesse…
[III-4 : Chris : Elaine/« Howard », Michael Bosworth, « 45 » ; Danny O’Bannion, Hippolyte Templesmith] Howard suit Chris, Michael et « 45 » dans le salon, et réclame un whisky. Puis : « J’espère que vous êtres prêts… » Et il se met à déchirer sa peau ! Le sang coule à flots, mais apparaissent progressivement sous cette chair lacérée d’autres traits : ceux d’Elaine, l’ex de Danny O’Bannion… et maintenant de Hippolyte Templesmith ? Elle s’extrait de l’enveloppe de Howard, en râlant : « Vous avez vu toutes les merdes que j’ai dû subir pour arriver ici ? J’ai droit à mon sauf-conduit ! Et à mon whisky ! » Chris dit à « 45 » d’aller lui en chercher, mais le garde lui rétorque violemment, une fois de plus, qu’il n’est pas sa bonniche ! Il est furieux – mais sans doute aussi très décontenancé par le spectacle auquel il vient d’assister…
[III-5 : Leah, Tess, Dwayne, Chris : Elaine, « 45 » ; Danny O’Bannion, Hippolyte Templesmith] Leah et moi descendons à ce moment-là – et je reconnais donc Elaine. La cocaïne a peut-être un effet palliatif, pour le moment du moins, qui m’aide à digérer tout ça (même si la présence d’Elaine me renvoie à mon cauchemar…). Dwayne arrive à peu près en même temps – je le revois donc vivant lui aussi… Il va chercher le whisky que réclame Elaine, coupant court à l’hostilité entre Chris et « 45 ». Ce dernier reste avec nous, à surveiller la scène, tandis qu’un de ses collègues va téléphoner – sans doute à la résidence de Danny O’Bannion. Elaine, en me voyant, est surprise : « On m’avait dit que t’étais morte ? » Je lui réponds que je ne suis pas certaine que ça ait été un mensonge. « Bonne ambiance », conclut-elle… Mais elle en arrive à l’essentiel – comme dans mon cauchemar : « Vous savez qu’il sait pour ici ? Qu’il va attaquer ? » Oui… « Et vous êtes encore là ? Il faut partir ! Il faut partir tout de suite ! Et me conduire en sécurité, chez mes parents ! » Mais ce n’est pas notre priorité pour le moment. D’après Elaine, Templesmith avait prévu de lancer l’assaut le lendemain… mais il peut encore accélérer la cadence ! Chris doute qu’elle serait en sécurité chez ses parents ; mais Elaine lui répond qu’elle ne lui a pas demandé son avis, et qu’elle préfèrera les conseils d’autres que lui, merci… Mais j’appuie ce que vient de dire Chris – ajoutant qu’on n’en est plus là… Elle réclame quand même qu’on la conduise à Boston. Pour quoi faire ? Baratiner ses parents, choper leur pognon, se casser en Italie et s’y taper des beaux mecs ! Chris lui dit que ça n’arrivera pas : « Il sera là-bas et tu vas crever ! » Elle lui file une gifle qui le laisse coi, et s’enfile le whisky qu’a ramené Dwayne…
[III-6 : Tess, Dwayne : Elaine, « 45 » ; Hippolyte Templesmith, Howard] J’aborde un autre sujet : qu’en est-il de ce costume de chair ? Elaine dit qu’elle a appris des choses chez Templesmith… Mais quelle est l’étendue de ses savoirs ? Pas grand-chose de plus, à vrai dire – et elle ne sait pas si elle le regrette ou si c’est déjà bien trop suffisant comme ça… Dwayne lui demande comment elle a fait. Elle n’a pas l’air d’avoir envie de répondre… Il va chercher une bouteille de bon whisky. Elaine se gratte les yeux, et semble faire un effort pour se reprendre. Elle prend la bouteille que Dwayne ramène et s’en verse une bonne rasade. Elle s’explique : elle avait farfouillé dans les notes de Templesmith, quand celui-ci s’absentait pour prendre du bon temps avec son domestique, Howard. Son éducation plus que « correcte » lui a permis de « comprendre » la retranscription d’un sortilège de « changement de peau » ; ce qui l’a intriguée… Elle l’a recopié, puis essayé – elle n’a pas tué Howard elle-même, elle a payé quelqu’un… Suivaient trois quarts d’heure de « méditation et psalmodie » ; l’expérience était visiblement traumatisante, et Elaine parle de la sensation d’étouffer qu’elle a ressentie tout du long – ça lui a bien coûté quelque chose… Mais voilà : « Un truc génial, c’est qu’on me prend souvent pour une conne ; et j’en profite… » Dwayne lui demande si elle a ses notes sur elle. « Tout se négocie, mais pas maintenant… » Dwayne laisse entendre qu’il peut l’envoyer à Boston le lendemain, ou même dans l’après-midi. Elle n’en revient pas de notre calme : « Vous comptez vraiment l’attendre ici ? C’est pas une blague ? » Puis elle explose : « Vous me saoulez tous ! Là, je vais prendre une douche, et ne suis pas contre de la compagnie ; mais quand j’en sortirai, j’espère que vous aurez assez de cerveau pour vous barrer d’ici et me conduire à Boston… » Elle se rend dans la salle de bain. « 45 », après avoir échangé quelques mots avec le garde qui avait téléphoné, garde l’œil sur la porte de la salle de bain – la proposition d’Elaine l’excite, visiblement…
[III-7 : Tess, Dwayne : Elaine, Danny O’Bannion] Je fais signe à Dwayne que j’aimerais lui parler dans un endroit hors de portée des oreilles curieuses. Je commence par lui dire que nous avions effectivement convenu d’un sauf-conduit avec Elaine ; quant à savoir s’il nous faut le respecter… Peu importe ; par contre, je ne suis vraiment pas rassurée à l’idée de la conduire à Boston, et Dwayne est du même avis : peut-être est-elle une nouvelle « caméra humaine » ? Et elle n’est sans doute pas très fiable de manière générale… Mais débrouillarde, aucun doute là-dessus. Mais je n’ai pas vraiment envie de m’associer plus avant avec elle ; et je n’ai pas envie non plus de me retrouver entre elle et O’Bannion, qui a sans doute été prévenu… J’ajoute que son apparition à la ferme correspond dans les grandes lignes à ce que j’avais vécu dans mon cauchemar – et qu’un assaut de la ferme avait suivi presque aussitôt, des dizaines de flics, et… après… après… Je ne parviens pas à en dire plus.
[III-8 : Dwayne, Tess : Elaine, Leah McNamara] Nous rejoignons les autres, mais Dwayne fait d’abord un saut dans la salle de bain – qui n’est donc pas verrouillée. Il s’empare de la robe (de soirée) d’Elaine, et la fouille, mais n’y trouve rien ; il suppose qu’elle avait dû se contenter d’un vêtement très fin pour son sortilège… Il n’y a pas d’autres objets intéressants dans la salle de bain. Dwayne garde sa robe, mais va lui chercher d’autres vêtements (pas parmi les miens ni ceux de Leah) ; il ne cherche alors en rien à dissimuler sa présence.
[III-9 : Dwayne ; « 45 » ; Danny O’Bannion, Elaine] Après quoi Dwayne va voir « 45 », qui garde la porte d’entrée, s’il a toujours un œil sur celle de la salle de bain. Il lui apporte un café. Il demande alors où est passé le garde qui a téléphoné – « 45 » répond qu’il fait son boulot… Dwayne lui demande quand il pense que Danny O’Bannion viendra : « Quand il voudra… » Dwayne, embarrassé, suppose qu’il a été appelé, par rapport à son ex, et… « Quand il voudra… » Réponse réflexe, même pas nécessairement chargée d’antipathie. Dwayne remarque néanmoins ses œillades envieuses en direction de la salle de bain. Il lui propose de prendre sa place un moment, s’il doit « s’absenter »… « 45 » hésite, finit par dire que c’est « gentil », mais qu’il n’a pas envie que Danny le pende par les couilles… Dwayne lui répond que Danny n’en a « plus rien à foutre ». « 45 » : « Me tente pas… » Dwayne poursuit ce petit jeu : elle attend, hein… Quand « 45 » lui demande pourquoi il insiste autant, il lui répond tout de go qu’il est preneur de toute information de la part d’Elaine – si elle doit se montrer plus coopérative ensuite… « 45 » demande à Dwayne pourquoi, dans ce cas, il ne s’en charge pas lui-même ? Dwayne répond qu’il est casé. « Oh, pardon… »
[III-10 : Tess/« La Rouge » : Seth ; Leonard Border, Hippolyte Templesmith] Seth a apporté les journaux du matin, et j’y jette un œil. La Gazette d’Arkham est largement consacrée à son gros titre : « ENLÈVEMENT D’UN JOURNALISTE ! » Il s’agit bien sûr de Leonard Border ; en une, la photo du cadavre de son garde du corps, dans le parking du Guardian’s ; d’après des proches, le journaliste aurait été menacé par Tess la Rouge elle-même. Serait-elle la coupable ? Le journal le suppose, bien sûr – me rendant responsable de l’enlèvement d’un de ses journalistes les plus talentueux. Un article évoque même une possible motivation : la question de l’invitation au gala de Hippolyte Templesmith, ce soir ! Tess la Rouge était-elle jalouse de n’avoir pas été invitée ? Rien d’autre de notable dans ce numéro et les autres journaux…
[III-11 : Dwayne, Tess : « 45 », Elaine, Michael Bosworth ; Brienne] Dwayne continue à tenter de persuader « 45 » d’aller passer un bon moment avec Elaine… Mais il insiste trop, et s’aliène « 45 ». Qui lui demande d’abord s’il s’agit d’un plan pervers, qu’il voudrait mater en douce… Non, non ! Elle est nerveuse, et si quelqu’un peut la détendre… « 45 » se braque : il a du travail, que Dwayne demande à ses potes ! Dwayne comprend qu’il ne sert plus à rien d’insister… mais va proposer la même chose à Michael ! Lequel a peur de se faire dégager – il sait bien qu’il n’a rien d’un sex-symbol… Dwayne l’incite quand même à tenter le coup. Michael rentre dans la salle de bain… et on entend bientôt le cri d’Elaine, qui lui balance le jet d’eau en pleine figure en lui gueulant de se barrer ! Michael s’empresse de quitter les lieux ; il regarde Dwayne d’un œil noir… puis il me rejoint et me réclame les clefs de l’appartement de French Hill. Je lui dis que c’est « occupé » (sans avoir conscience de ses bisbilles avec Dwayne), mais il s’en moque : il sait pour Brienne, et ce n’est pas un problème. Je lui demande si c’est vraiment le moment – mais oui : on fait ce qu’on veut, mais lui ne restera pas plus longtemps dans cette planque compromise… Je n’ai pas de raison de lui refuser les clefs, et les lui donne.
[III-12 : Dwayne, Tess : Elaine ; Hippolyte Templesmith] Nous patientons le temps qu’Elaine ait fini de se doucher… Après quoi, Dwayne et moi aurons à faire à Boston… Elaine sort enfin de la salle de bain ; elle n’aime pas les fringues que lui a sorties Dwayne, et me demande si je n’en ai pas des « vraies » – si… Je l’accompagne à ma garde-robe et la laisse se servir, en refusant le billet de 20 $ qu’elle insiste pour me tendre. C’est alors que je remarque qu’elle a un tic : elle ne cesse de se gratter l’œil gauche – quand je lui demande ce qu’il en est, elle me dit que cela fait quelques jours qu’elle est dans cet état : une allergie, sans doute… Dwayne s’en rend compte, et entend ses explications. Il lui ordonne de fermer immédiatement l’œil gauche. Elle refuse par principe, n’appréciant pas le ton qu’il emploie – mais il le lui ordonne à nouveau : « Ferme, et je t’explique… » Elaine obéit pour un instant – après tout… Dwayne attrape un papier et écrit quelque chose dessus ; Elaine, impatiente, ouvre à nouveau l’œil gauche, mais il l’exige qu’elle le ferme, lui tendant le papier pour qu’elle le lise du seul œil droit. Il lui explique ainsi qu’elle a été infectée par un produit de Hippolyte Templesmith, qui en a fait une « caméra humaine » : il voit maintenant par son œil gauche ! Elaine ouvre les deux yeux par réflexe, mais les referme aussitôt. « C’est une blague ? » Non… et il n’y a qu’un moyen d’y remédier. Elaine comprenant les intentions de Dwayne, hurle : « Non ! » L’œil gauche toujours fermé, elle se rend à une fenêtre, arrache un bout de rideaux, et se confectionne un bandeau. Elle maintient qu’il ne s’agit sans doute que d’une allergie… Mais Dwayne lui assure que non – il est toutefois prêt à s’accommoder pour l’heure de la solution du bandeau… Quant à moi, je suis très perturbée par cette scène, qui me réveille de mauvais souvenirs, et je ne veux pas m’impliquer… Après quoi Elaine, moins arrogante, presque au point de gémir, réclame à nouveau une voiture pour Boston… Dwayne va voir ce qu’il peut faire.
[III-13 : Chris, Leah : Elaine] Chris, pendant ce temps, avait abordé Leah discrètement, afin qu’ils quittent la ferme dès maintenant – et hors de question de prendre Elaine avec eux… Celle-ci, cependant, a perçu leur petit jeu, et, hystérique, réclame de partir avec eux ; elle attrape même Chris par l’épaule… et il lui fout une claque. Ce qui la choque : ça ne lui est semble-t-il pas arrivé très souvent… Elle reste coite, et ils s’en vont sans qu’elle réagisse davantage.
[III-14 : Dwayne, Tess : « 45 », Elaine, Seth ; Danny O’Bannion, Brienne, Michael Bosworth, Chris Botti, Leah McNamara] « 45 » ramène Elaine dans le salon ; elle est furieuse et l’agonit d’insultes – mais il s’en moque complètement. Seth va alors s’entretenir avec « 45 », puis avec Dwayne et moi : O’Bannion a donné l’ordre de la garder dans l’appartement de French Hill. Dwayne refuse vigoureusement : pas après ce qu’on vient d’apprendre ! Ou alors on déménage Brienne… Mais il n’a sans doute pas vraiment le choix. Il va parler à Elaine : « Si tu t’avises d’enlever ce bandeau un seul instant et qu’il se passe quelque chose là-bas, c’est de moi qu’il faudra avoir peur… » Elaine est plus boudeuse qu’effrayée, toutefois. Des gardes vont l’accompagner à la garçonnière ; Dwayne leur répète ses instructions : elle ne doit surtout pas ôter son bandeau… Elaine, devant cette scène, comprend que Dwayne ne blague vraiment pas – c’est du sérieux… Dwayne, finalement, est plutôt satisfait maintenant de ce que Michael se soit rendu à l’appartement – mais Chris et Leah l’embarqueront sans doute pour se rendre à Boston… Elaine s’en va avec plusieurs gardes.
IV : LES RÔDEURS DANS LA MAISON MAUDITE
[IV-1 : Dwayne, Tess : Stanley ; Leonard Border] Dwayne va chercher de quoi manger et boire, il est bien temps d’aller rendre visite à Leonard Border dans la cave – je l’accompagne, me disant qu’il me faudra de même aller voir Stanley à l’étage… Mais, alors que nous nous rendons à la cave par l’extérieur, j’entends comme un bruit de chute et d’atterrissage… et un « Ouf ! » de Stanley, qui s’est mal réceptionné ; je me précipite dans cette direction, et Dwayne également. Sous une fenêtre, l’herbe a été couchée par la chute du bibliothécaire, et nous le voyons tenter maladroitement de fuir – il s’est visiblement cassé une jambe… Arrivant à la lisière d’un champ, il se jette à plat-ventre dans les plantations, mais c’est bien trop tard, et nous nous emparons de lui sans souci. Dwayne le relève et le confie brutalement aux gardes qui restent. Le bibliothécaire réclame notre pitié, à son habitude, répétant qu’il ne nous sert plus à rien… Dwayne fulmine : « On t’avait dit que, si tu faisais pas de conneries, tu serais libéré ce soir ! » Un des gardes, aux paroles de Dwayne, sort son revolver et braque Stanley ; je crie : « Non ! Surtout pas ! » Dwayne dit au garde de ranger son arme, et l’accompagne (je suis également) pour ramener le bibliothécaire dans une chambre verrouillée à l’étage, et dépourvue de fenêtre ; on lui laisse un peu d’eau et de nourriture… C’est comme s’il était abêti par sa captivité, il devient de plus en plus puéril et geignard. Je lui dis de se calmer – et, hors de portée de ses oreilles, je dis aux gardes qu’il ne faut surtout pas qu’il lui arrive quoi que ce soit ; ils acquiescent sans vraiment comprendre…
[IV-2 : Dwayne, Tess : Leonard Border] Après quoi Dwayne et moi reprenons ce que nous avions prévu de faire… Nous nous rendons donc à la cave où est enfermé Leonard Border – mais, alors que je passe la porte la première, nous constatons que la chaise à laquelle il avait été ligoté est vide… Le journaliste, en embuscade, a essayé de passer dans mon dos pour m’attaquer avec un tesson, mais Dwayne l’a repéré suffisamment à temps, et il lui fracasse sa bouteille sur le crâne. Border chancelle, sonné, et lâche son tesson. Dwayne en a plus que marre : « Vous faites tous chier aujourd’hui ! » Border, stoïque, lui rétorque : « Vous m’excuserez de tenter de sauver ma vie… Si vous devez m’exécutez, faites-le vite. » Dwayne pète un plomb : « Ce soir ! CE SOIR, putain ! Vous faites tous chier ! » L’aveu impromptu ne surprend pas vraiment le journaliste… Dwayne le ligote une nouvelle fois, mais plus à la chaise ; il y passe du temps, ainsi qu’à enlever tout ce qui pourraît être utile au journaliste ; et il l’enferme de nouveau.
[IV-3 : Dwayne, Tess : « 45 »] « 45 » vient alors nous voir, afin de nous demander ce que nous comptons faire. Dwayne répond que nous allons partir pour Boston, et en reviendrons d’ici quatre ou cinq heures – les gardes pourront partir quand nous serons de retour. Mais « 45 » parle pour ses collègues : il n’en est pas question ! Ils ne sont pas des lapins à tirer ! Dwayne s’y résout (en râlant : tout ce qu’il a fait dans la cave n’a donc plus de sens !) : dans ce cas, il faut transférer nos prisonniers, et surtout les garder en vie ; il pense à un love hotel… Mais j’interviens : se pose aussi le problème des récipients pour le rituel… Mais nous avons une relative confiance en notre capacité à graver à nouveau le symbole aklo – nous ferons avec les baignoires de l’hôtel…
[IV-5 : Dwayne, Tess : Stanley, Leonard Border] Nous nous rendons donc tous ensemble au love hotel. Tandis que les gardes surveillent nos prisonniers, Dwayne et moi gravons à nouveau le symbole aklo pour des baignoires. Du moins, j’y parviens sans souci – au point d’être bizarrement fière de moi… mais ce n’est pas le cas de Dwayne, qui doit s’y reprendre à plusieurs fois, son agacement ne lui facilitant d’ailleurs pas la tâche ! Il pète même une canalisation – le directeur de l’hôtel vient s’en plaindre… mais se rappelle alors qui nous sommes tandis que Dwayne lui jette un regard noir, et il n’insiste pas davantage. Après plusieurs tentatives, Dwayne parvient enfin à reproduire lui aussi le symbole aklo…
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