CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (28)
Vingt-huitième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
Un joueur, celui incarnant l’avocat Chris Botti, est arrivé en retard – il avait toutefois donné des instructions pour son personnage, le temps qu’il nous rejoigne, à la joueuse incarnant la violoniste et chanteuse Leah McNamara… et s’est par ailleurs retrouvé à jouer ensuite (temporairement ?) le PJ abandonné Michael Bosworth. Était également présent le joueur incarnant Dwayne O’Brady. Quant à moi, j’ai tout d’abord joué « Classy » Tess McClure (ou plutôt « Tess la Rouge »…), mais il faut noter qu’elle avait déjà 0 en SAN au début de la séance (c’était également vrai pour la précédente, d’ailleurs) ; j’ai cependant continué de l’incarner un temps, jusqu’à ce que l’on décide d’en faire un PNJ, après quoi j’ai joué un nouveau personnage, Anatole « Froggy » Despart, garde du corps d’un écrivaillon…
I : LE MASSACRE DES ADORATEURS
[I-1 : Dwayne, Tess : Alexis Ranley] Dwayne a fait tomber des lits superposés, avec l’aide d’Alexis Ranley, pour bloquer le passage donnant sur la cuvette, mais un adorateur a néanmoins pu passer – et, à l’évidence, ça ne bloquera pas éternellement ses comparses. Mais je me suis positionnée en face de l’ouverture, pour disposer d’une bonne position de tir, et aligne automatiquement celui qui s’était avancé précipitamment, et qui est littéralement submergé sous les aphtes, au point où je me demande s’ils n’ont pas dévoré jusqu'à l’intérieur de son crâne. Je lui loge une balle dans la poitrine ; il ne meurt pas pour autant, mais le choc lui fait lâcher sa dague sacrificielle (usée mais à la garde étonnamment brillante).
[I-2 : Dwayne, Tess : Alexis Ranley] Alexis Ranley couine de terreur et se réfugie derrière un des lits superposés encore debout. Dwayne s’occupe d’en faire chuter un autre, et lui crie : « Bats-toi si tu veux survivre ! » Mais il est trop affolé, et ne peut rien faire d’autre que hoqueter de terreur. Dwayne aurait voulu faire s’écrouler un des meubles sur l’adorateur que j’avais amoché, mais n’en a pas eu le temps – d’autant qu’il s’est empêtré dans les débris qu’il avait déjà fait tomber dans le passage. Du coup, aussi abîmé soit-il, le cultiste blessé essaye de le saisir au cou des deux mains – il ne constitue toutefois pas une véritable menace. On entend alors des protestations fatiguées et des coups derrière la porte. Je m’approche du blessé au sol et l’achève à coups de pied, lui plantant le talon dans la tempe ! Sa blessure par balle l’avait déjà considérablement affaibli, tant elle saignait, et il meurt dans un répugnant gargouillement.
[I-3 : Dwayne, Tess] La porte grince et s’ouvre lentement – les autres adorateurs pourront bientôt passer, et, s’ils sont physiquement faibles, ils font preuve d’une certaine détermination. Dwayne continue à faire tomber des meubles dans le but de les ralentir – on ne les empêchera pas de passer, mais cela nous permettra de nous en débarrasser l’un après l’autre. Dwayne dégaine une lame et s’empare d’un tabouret dont il compte se servir en guise de bouclier ; après quoi il se place sur le côté tandis que je reste en face de la porte, arme au poing, bras tendu. Deux cultistes parviennent à se faufiler dans les débris en s’entraidant, mais nous sommes bien placés et nous en débarrassons sans le moindre souci ; même chose pour un troisième arrivant.
[I-4 : Dwayne : « le Maître »] On entend alors chuchoter ceux qui se trouvent toujours à l’extérieur. Dwayne avance prudemment la tête et parvient à entendre ce qu’ils disent : ils ont finalement compris qu’ils se feraient tous tuer à continuer ainsi, et ont décidé d’aller prévenir « le Maître ». S’avançant encore un peu, Dwayne en repère un qui se précipite vers l’escalier remontant le long de la cuvette, tandis qu’un autre emprunte la plateforme au-dessus de l’abîme pour descendre l’escalier en colimaçons qui s’y enfonce.
[I-5 : Dwayne, Tess] Dwayne se lance aux trousses de l’homme qui tente de monter – il est très lent… Mais un de ses comparses s’était caché sur le côté de la porte ! Voyant surgir Dwayne, il le frappe aussitôt à la tête – mais ça ne lui fait pas grand-chose, et il lui tire dessus par réflexe, l’atteignant au ventre. Le cultiste tombe sous le coup de la douleur et saigne abondamment ; il essaye de ramper vers l’escalier de l’abîme… Je suis Dwayne ; étant plus fine, je me faufile sans problème parmi les débris, et avance d’un pas détaché vers la plateforme ; j’achève au passage l’adorateur blessé par Dwayne, en lui écrasant la trachée du pied. Dwayne reprend son ascension.
[I-6 : Tess : Dwayne O’Brady] Je me retrouve devant les statues de la plateforme – je n’avais pas encore eu l’occasion de les voir. Autour sont disposés les quatre grands becs de poulpes, de dix à douze mètres de hauteur, qui font cercle autour de l’abîme. La plateforme est d’un gris argenté sous la faible luminosité grisâtre qui demeure, les lunes ayant dissimulé le soleil. Je constate que la structure est parsemée de petits trous, et suppose que c’est pour laisser s’évacuer le sang – d’ailleurs, celui de ma dernière victime s’insinue dans des rigoles avant de tomber dans le vide… Il y a trois statues ; mais, comme Dwayne avant moi, je sais qu’il devrait y en avoir quatre – en restent d’ailleurs quelques vestiges, évoquant des pieds griffus et écailleux, dotés de deux orteils seulement et d’un ergot…. Quant aux autres statues :
- La première lévite, c’est une sorte d’amas de bulles ne reposant pas sur un socle physique. Elle est façonnée dans une matière métallique évoquant les matériaux étranges que nous avons déjà vus plusieurs fois (et cela vaut d’ailleurs aussi pour la plateforme). Les bulles, de taille très variable, sont légèrement animées, elles semblent se tourner autour les unes des autres.
- La deuxième statue représente un gigantesque homme noir, dont la tête dépasse les becs de poulpes ; il n’y a pas de signe distinctif sur son visage, tout au plus le vague dessin d’un nez, mais pas de bouche ; il n’en a pas moins une allure hautaine et arrogante… Ses bras sont croisés sur son torse, tandis qu’un troisième membre semble jaillir de la tête, entouré de couronnes d’yeux plus ou moins ouverts ou fermés. Et il faut y ajouter le sentiment désagréable que ces yeux nous suivent quoi que nous fassions…
- La troisième statue représente un grand bouc, avec les cornes et les sabots de rigueur. Toutes les statues sont recouvertes de lanières de peau plus ou moins anciennes et putréfiées, mais, sur la « fourrure » du bouc, c’est comme si ces lanières constituaient un amalgame dont la créature se nourrirait – permettant son développement.
Toutes ces statues m’évoquent clairement des divinités, probablement celles qui apparaissaient dans mes récentes lectures ésotériques – ces sons étranges me reviennent en tête, « Sothoth », « Nyarlathotep », etc. Et je ressens alors le besoin irrésistible de tuer ! Faire souffrir me paraît le seul moyen de résister à la folie incarnée des statues…
[I-7 : Tess, Dwayne] Par chance, je ne m’en prends pas à Dwayne, qui, tandis qu’il poursuit le cultiste grimpant la paroi de la cuvette (lequel lui jette des mottes de terre à la figure pour le ralentir), m’indique celui qui descend dans l’abîme. Ce dernier fera bien l’affaire… Je me lance à sa poursuite. Mais mes jambes tremblent, en écho de la vision des statues – j’ai l’impression que l’exécution du rituel de change-forme, en faisant appel à ces divinités, a tacitement impliqué mon allégeance à leur égard…
II : LA MARÉE DE CHITINE
[II-1 : Leah : Chris Botti ; Charles Reis] Leah et Chris, devant la frénésie « nocturne » des crabes évoquée par Charles Reis dans son carnet (qu’ils n’ont du coup pas pu lire intégralement), se sont précipités dans la direction de la plateforme que le défunt avait tant bien que mal conçue. Ils se sont toutefois gênés dans leur course… Or des crabes apparaissent partout autour d’eux, visiblement agressifs. Il y en a de toutes tailles, notamment sur la plage. Toute ambiguïté quant au bruit de chitine disparaît, s’il en était encore besoin, alors même que tous deux arrivent à la base de l’arbre dans lequel a été bâtie la plateforme : ils sont entourés par des rangées innombrables de crabes très divers, qui se marchent dessus, s’entredévorent même (les plus gros massacrent les plus petits), et cette marée avance sur eux comme un titanesque rouleau compresseur vivant…
[II-2 : Leah : Chris Botti ; Charles Reis] Leah, paniquée, essaye d’escalader le tronc… mais une mauvaise prise la fait tomber à côté du squelette de Charles Reis. Les crabes sont alors à moins de quinze mètres. Elle tente de réessayer mais est trop affolée par l’imminence de la marée de chitine, et n’arrive à rien… L’adrénaline a un effet tout différent sur Chris, pourtant bien moins leste en temps normal : lui parvient à grimper. Il se retourne aussitôt pour tendre la main à Leah – les crabes sont alors à moins de dix mètres. Leah saisit la main secourable de l’avocat, mais ressent bientôt une douleur à la cheville – cinq à sept tout petits crabes la mordillent à cet endroit. Elle essaye de les faire tomber, mais n’est pas dans une position très assurée pour ce faire… Elle parvient toutefois à se hisser sur la plateforme aux côtés de Chris.
[II-3 : Leah : Chris Botti : Charles Reis] En dessous s’étale un tapis de chitine, qui semble attendre patiemment… Ces crabes sont plus ou moins vieux – la couleur et l’usure de la carapace, combinées à la taille, permettent de le déterminer. Bon nombre de ces crabes, de taille moyenne à grande, restent à s’agiter sous l’arbre où ils s’entredévorent ; mais certains sont minuscules – de la taille d’un pouce – qui parviennent à grimper aux arbres. Leah et Chris essayent de s’en débarrasser avec leurs lances rudimentaires ; il est possible de percer la carapace des crabes un peu plus gros qui tentent également l’escalade. Leah et Chris constatent aussi que les plus gros crabes ont des sortes de reflets métalliques étranges, comme si l’on avait « réparé » leur carapace trop usée… Le nombre est pour beaucoup dans la menace des crabes arboricoles ; mais pour l’heure Leah et Chris parviennent à s’en débarrasser sans trop de soucis – ils tombent directement entre les pinces des plus gros, qui restent en dessous… Ils brisent tout de même assez vite une des trois lances, trop fragile. Leah aimerait faire comme Charles Reis, concevoir de nouvelles lances en taillant au canif (récupéré dans le baluchon du défunt) des branches environnantes, mais elle ne dispose, ni du matériau adapté, ni des compétences nécessaires… Par ailleurs, c’est l’occasion de constater que la plateforme n’est prévue que pour une seule personne : en se déplaçant, Leah la fait grincer ; elle a le réflexe de revenir en arrière, mais l’endroit où elle se trouvait une seconde plus tôt s’affaisse puis tombe sur les crabes en dessous, qui ne tardent pas à submerger ce débris. S’ils répartissent mal leurs poids, il ne fait aucun doute que la plateforme finira par lâcher…
[II-4 : Leah : Chris Botti, Michael Bosworth, Pierce Hawthorne ; « 6X »/Hippolyte Templesmith] Ils entendent également des voix humaines, hurlant de souffrance, un peu partout autour d’eux. Mais ils n’ont pas le choix : ils ne sont pas en mesure de quitter la plateforme… Ils identifient trois de ces voix : tout d’abord, celle de Michael, qui jure en irlandais (il doit se trouver à une trentaine de mètres à l’ouest) ; ensuite, celle de Pierce Hawthorne (Chris avait assisté à son discours au gala), qui, hurle, affolé : « À l’aide ! ʺ6Xʺ ! » Le sortilège instinctif de Templesmith a donc affecté tout le monde au gala, y compris ses alliés… Hawthorne se trouve à plus de quarante mètres au nord. Dernière voix identifiée : celle d’un célèbre animateur radio… à l’agonie : il est à l’évidence dévoré vivant ! Au bout d’un moment, ils n’entendent plus la voix de Michael, tandis que les suppliques de Pierce Hawthorne persistent. Impossible de toute façon de venir en aide à qui que ce soit, et la plateforme est déjà bien trop petite comme cela ! Ils n’ont pas le choix : ils attendent… Les deux lunes sont dans l’alignement parfait du soleil ; une cependant semble s’en éloigner un peu, mais pas encore au point de susciter un rayon de lumière.
[II-5 : Leah : Chris Botti, Pierce Hawthorne ; « 6X »/Hippolyte Templesmith] Leah et Chris ne cessent de toute façon pas de dégager les petits crabes qui grimpent autour d’eux… Mais ils devinent aussi que des choses bien plus massives se déplacent dans la végétation tout autour de l’île (c’est au mouvement des arbres et des buissons qu’ils s’en rendent compte), et Leah n’en est que plus désespérée encore… Une de ces créatures semble prendre la direction de Pierce Hawthorne, qui continue d’appeler « 6X » au secours ; mais une autre vient dans leur direction : à treize ou quatorze mètres, des buissons s’écroulent littéralement… Puis des antennes gigantesques en dépassent, de la taille approximative de mains humaines, et d’une couleur rouge foncé mat. Leah dit à Chris de la boucler, il ne faut pas attirer son attention ! Mais surgit alors un crabe immense qui s’insinue dans la « clairière » formée par les crabes déjà présents sous l’arbre ; il fait plus d’un mètre cinquante de largeur pour deux mètres de longueur. Il traverse la marée de chitine sans crainte et se positionne sous l’arbre, en dégageant nonchalamment ses congénères bien plus petits. Ses antennes sont visiblement fixées sur Leah et Chris. Au centre de sa carapace, sur son dos, la chitine paraît plus souple, moins dure et dense, constituant comme une articulation – et, effectivement, cette partie du corps du crabe géant se soulève, et en sort un torse surmonté d’une tête et doté de deux membres, d’allure humaine, évoquant à sa manière un centaure…
III : LES MYSTÈRES DU CRATÈRE
[III-1 : Dwayne] Dwayne se débarrasse des mottes de terre que lui jette le cultiste qu’il poursuit – à peine à cinq mètres devant lui, la corniche est encore loin. Dwayne accélère le rythme… et le fuyard dérape ! Lui aussi s’est appuyé sur une terre trop humide… Il tombe, roulé en boule, et risque de faucher Dwayne au passage – lequel, cependant, est tout prêt à « l’aider à redescendre »…
[III-2 : Tess] Mon état mental désastreux me ralentit… Il faut que je me force pour dépasser la plateforme ; l’effort me fait saigner du nez, et je suis contrainte à me griffer pour garder conscience… J’atteins cependant l’escalier qui s’enfonce dans l’abîme ; mon apparition au sommet surprend ma proie, qui s’écroule… Je rejoins l’adorateur calmement, et le roue de coups, lui faisant descendre l’escalier marche après marche – il souffre horriblement, et est visiblement terrorisé : je m’en délecte. Je remarque que des lampes sont disposées irrégulièrement, qui éclairent vaguement l’escalier – lequel fait tout le tour de l’abîme, soit environ trente mètres de diamètre, c’est long… Le sang ruisselle dans l’escalier, ainsi que depuis la plateforme – cela fait comme une petite bruine rouge…
[III-3 : Dwayne] Dwayne évite l’adorateur qui dévale la pente dans sa direction, et saisit au passage sa chemise, tentant de le décoller de la paroi d’un coup sec, mais il se contente de tomber juste en dessous de lui. Dwayne lui saute alors dessus, éclatant sa poitrine en y atterrissant à pieds joints – les côtes craquent et se logent dans les organes vitaux : à peine le cultiste a-t-il le temps de cracher du sang qu’il meurt… Dwayne fouille le cadavre à tout hasard, mais n’y trouve guère qu’une pièce de 1 $...
[III-4 : Tess : Hippolyte Templesmith, Patrick] J’ai poursuivi ma descente dans l’abîme, et suis maintenant une dizaine de mètres plus bas – le cultiste à mes côtés n’est pas encore mort, mais je le traine avec moi… J’arrive devant une porte métallique, accessible depuis un palier de l’escalier. Je m’assure cette fois que l’adorateur est mort, puis m’approche de la porte ; j’entends derrière un bruit à la fois étrange et familier – comme une serpillère au sol ? Mais il y a des nuances plus déconcertantes, évoquant un couinement métallique et automatique… Je pense d’ailleurs à l’automate chez Hippolyte Templesmith. J’ouvre la porte, qui donne sur un tunnel où les étais renforcés évoquent une mine – un peu comme dans le souterrain où je m’étais retrouvé avec Patrick après avoir fouillé la résidence de Templesmith. Il y a d’ailleurs comme des gisements de ce métal étrange ; et deux automates en forme de mannequins d’anatomie font des allers-retours entre ces gisements et des cuvettes que je suppose remplies d’acide – ces automates sont du même métal, ont chacun un numéro sur la tête (2 et 3), et usent de leur « serpillère » contre les parois riches en minerai ; c’est comme si elles suintaient l’acide afin de « désépaissir » le métal pour le récolter ensuite, et le porter dans les cuves après coup, ou dans des chariots. Ces automates se distinguent de ceux que j’avais vus précédemment dans la mesure où il n’y a pas de « boîte » organe logée à l’arrière de leur crâne, ou où que ce soit ailleurs.
[III-5 : Dwayne : Tess McClure, Alexis Ranley] Dwayne est retourné dans la salle du dortoir où je m’étais éveillée. Il y fouille les cadavres des adorateurs, mais il n’y a pas grand-chose à y ramasser : un briquet qui ne marche plus, etc. Mais il trouve enfin la clef qu’il cherchait – pendant seule d’un anneau rouillé. Il ramasse également une dague sacrificielle – la moins abîmée ; mais c’est plus un outil d’apparat qu’une véritable arme, et elle n’est guère maniable. Alexis Ranley est toujours là, qui pleure et gémit, mais Dwayne s’en moque. Il essaye la clef sur la porte au fond de la pièce : il prend bien soin de ne pas l’ouvrir, il s’agit seulement de voir si c’est la bonne clef – et c’est le cas. À peine a-t-il fait jouer la serrure qu’il est assailli par une violente odeur d’excrément de l’autre côté ; il entend également des gémissements et des suppliques : « Pitié ! » Il referme la porte et sort du dortoir pour m’appeler.
[III-6 : Tess : Dwayne O’Brady] J’entends Dwayne qui m’appelle… mais n’y prête pas la moindre attention ; je pénètre à l’intérieur de la mine…
[C’est alors que je perds définitivement le contrôle de Tess ; celle-ci est désormais un PNJ, gérée par le Gardien des Arcanes, et n’apparaîtra donc plus dans ces comptes rendus qu’à la troisième personne. Quant à moi, j’incarnerai désormais un nouveau personnage, Anatole « Froggy » Despart, et c’est donc lui que je désignerai en employant maintenant la première personne, dès la scène V-1 de cette séance.]
IV : CLIFFHANGERS
[Sauf erreur, c’est en gros à partir d’ici, ou un peu avant, que le joueur incarnant Chris Botti nous a rejoints. En tout cas, il l’incarnait dans les scènes qui suivent.]
[IV-1 : Leah, Chris] Leah et Chris sont obnubilés par la figure du crabe « centaure ». A priori, la bête est trop grosse pour monter dans les arbres ; elle en a bien après eux, ainsi qu’en témoignent ses tentatives pour hisser ses gigantesques pinces en direction de la plateforme, mais les extrémités de ses membres ne parviennent qu’à peine à racler les rondins – et elle ne semble pas assez intelligente pour défaire l’armature de la plateforme ; après avoir insisté un moment, elle s’en prend toutefois au tronc soutenant pour l’essentiel l’abri arboricole, et ses violents coups de pinces font trembler la structure…
[IV-2 : Chris, Leah] Chris et Leah, confrontés à ce nouveau péril, cherchent des moyens de fuir : ils pourraient peut-être continuer à grimper, ou tenter un saut pour rejoindre un autre arbre sur la droite… Ils constatent par ailleurs que s’y trouve un réseau d’une sorte de lierre solide, qui pourrait faire office de lianes. Chris suggère à Leah de monter, et il va tenter de la suivre. Mais Leah retombe bien vite sur la plateforme, qui n’en tremble que davantage – une corde lâche, un rondin tombe sur les crabes toujours amassés en dessous : s’ils insistent, tout finira par s'écrouler… et la plateforme commence à pencher vers la droite sous les assauts du « centaure ».
[IV-3 : Chris, Leah] Chris tente alors, très prudemment, de rejoindre le lierre, tout en restant suffisamment près pour venir en aide à Leah le cas échéant. Ce qui fonctionne tout d’abord – mais Leah retombe pourtant lourdement sur ce qui reste de la plateforme, dont un quart s’écroule, alors qu’elle penche de plus en plus sur la droite ! Chris lui tend la main, et parvient à la hisser ; mais, d’ici une minute ou deux, le « centaure » aura fini son œuvre…
[IV-4 : Chris, Leah] Chris poursuit son ascension… mais c’est cette fois lui qui tombe, et il ne parvient pas à se rattraper à ce qui reste de la plateforme : il s’écroule plusieurs mètres en dessous, au milieu des crabes ! Et il est à portée des pinces du « centaure »… Les crabes s’en prennent aussitôt à lui ; pour l’heure, c’est plus douloureux que fatal, mais ils commencent à le submerger – ils arrivent presque à hauteur de poitrine ! Leah se trouve à plus de cinq mètres au-dessus, elle ne peut rien faire pour lui venir en aide. Le « centaure » se retourne alors vers Chris, et, de ses gigantesques pinces, déblaie le passage qui les sépare. Chris tente de s’agripper à un autre arbre, et y parvient malgré les morsures sans nombre ; son instinct de survie l’incite à marcher sur les carapaces des plus grands crabes, ce qui lui permet de remonter un peu – mais à peine à trente centimètres au-dessus de la marée de chitine : il est toujours à portée du « centaure », qui s’avance…
V : SANG FRAIS
[V-1 : Dwayne, Anatole : Tess McClure, William Harris-Jones] Dwayne a continué d’interpeller Tess plusieurs fois, mais sans en obtenir de réponse. Il retourne donc dans le dortoir, tendant l’oreille aux bruits en provenance de l’autre côté de la porte ; il remarque alors une voix à l’accent français : « Ici ! ici ! Ouvrez-nous ! » [Il s’agit d’Anatole, mon nouveau PJ.] Il entend aussi d’autres appels à l’aide, sans accent cette fois, évoquant plutôt un WASP : « Aidez-nous ! J’ai de l’argent ! Beaucoup d’argent ! » [Il s’agit de William Harris-Jones, mon employeur.]
[V-2 : Dwayne] Dwayne ouvre la porte. L’odeur d’excréments est insoutenable, et la pièce, dans le fond, fait visiblement office de fosse d’aisance ; non loin se trouvent des débris d’un métal noir, où il reconnaît des fragments humanoïdes de peau écailleuse – les vestiges de la quatrième statue ? Mais la pièce abrite aussi des cellules – et des prisonniers. La première cellule est plus vaste que la seconde : elle fait environ deux mètres sur cinq, et s’y trouvent six individus émaciés, enchaînés pour certains, parfois la bouche cousue, et visiblement traumatisés. La deuxième cellule n’abrite que deux personnes : un homme très élégamment habillé, avec une nuance d’excentricité artistique ; à ses côtés, un homme à la carrure autrement massive, figurant quelque malfrat et/ou garde du corps (et c’est ce dernier qui a l’accent français).
[V-3 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones] L’homme élégant s’approche des barres de la cellule, et répète qu’il a plein d’argent, tout en se nommant : « Je suis William Harris-Jones ! L’écrivain ! » Dwayne lui répond que son argent ne pèse pas bien lourd ici… Je lui demande quel est cet endroit, comment y sommes-nous arrivés – Dwayne n’a pas grand-chose à répondre… Peut-il nous ouvrir ? Cela dépend – peut-il nous faire confiance ? William Harris-Jones sort de sa veste un paquet de tissu ; l’entrouvrant, il montre qu’il contient de la cocaïne, et il en propose à Dwayne – au cas où cela pourrait remplacer l’argent… Mais Dwayne lui dit de ranger son paquet, ça ne lui sera pas davantage utile ici… Harris-Jones s’exécute, non sans s’accorder d’abord un petit rail. Me fixant, Dwayne dit qu’il aurait bien besoin de bras en plus, mais il me faudra suivre ses instructions – j’acquiesce. Dwayne ouvre alors la cellule (avec la même clef que pour la pièce), tandis que je me colle contre le fond du mur pour l’assurer que je ne lui causerai pas de soucis. Harris-Jones, lui, cherche aussitôt à se précipiter dehors, ce qui interpelle un bref moment Dwayne, qui comprend cependant bien vite que le riche prisonnier ne présente pas de danger. Il se contente de se palper en criant : « M’ont tout piqué ! » Dwayne nous fait signe de sortir.
[V-4 : Dwayne] Dwayne jette alors un œil à l’autre cellule – en quête de quoi que ce soit d’utile. Il y a une femme assez jeune, une plus vieille avec un enfant, trois hommes adultes – qui lui demandent : « Vous n’êtes pas avec eux ? » Ils ont l’air infiniment surpris…
[V-5 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones ; Tess McClure] Dwayne continue son tour d’horizon, et repère une armoire dans le coin de la pièce ; son attitude effraie un peu William Harris-Jones, qui le suit cependant – supposant que ses affaires manquantes seront dans le placard. Je suis également. Nous y trouvons des montres, des portefeuilles, des cigarettes, des briquets… mais aussi mes armes (un .45 amélioré, sans chargeur de rechange, et une matraque en cuir), ainsi que le Derringer de William Harris-Jones – il se jette dessus. Dwayne le contient et lui dit de se calmer – je l’appuie, mon patron doit arrêter les conneries. Prenant soin d’accorder un signe de tête à Dwayne, je m’avance vers l’armoire, et y récupère posément mes armes, qu'il avait bien identifiées comme telles ; quant à lui, il ramasse le Derringer de William Harris-Jones, et le lui tend en personne – l’écrivain est méfiant… Nous entendons un rire féminin, un peu hystérique, à l’extérieur – Dwayne reconnaît la voix de Tess… Indiquant nos armes, il nous dit qu’il nous faudra bientôt nous en servir…
[V-6 : Dwayne] Dwayne retourne alors à la cellule, où on le supplie plus que jamais : qu’il les fasse sortir ! Dwayne n’y voit pas d’inconvénient, mais leur dit qu’il ne fera en aucun cas leur nounou – et pas de précipitation ! Le suivront qui le veulent, mais ils devront alors suivre ses instructions. Il ouvre la porte ; la vieille se redresse aussitôt, l’enfant dans les bras – il faut de la nourriture au petit ! Quant à la femme plus jeune, elle se jette les bras ouverts sur Dwayne, qui l’évite, craignant le coup fourré – mais elle voulait seulement le serrer dans ses bras, l’embrasser… et peut-être un peu plus que cela. « Doucement ! C’est bon, c’est bon ! » Il la repousse.
[V-7 : Anatole : William Harris-Jones] De mon côté, je me montre plus professionnel que jamais – calmant mon patron, et prenant soin de bien vérifier que mon .45 est chargé et en état de fonctionner...
VI : HÉCATOMBE
[VI-1 : Chris : Charles Reis] Chris, submergé par les crabes et face au « centaure », tente, en se hissant sur les côtés, de contourner l’arbre pour atterrir ensuite sur le dos de la monstrueuse créature et lui crever les yeux. Mais il ne saurait rater davantage son coup [échec critique : 100] : le « centaure » l’empêche d’aller bien loin en broyant puis tranchant sa jambe droite d’une de ses pinces ! Chris s’effondre, pissant le sang, et la nuée de crabes le dévore alors qu’il est encore vivant… Accessoirement, c’était lui qui avait le baluchon de Charles Reis, dès lors inacessible et peut-être perdu.
[Le joueur incarnant Chris récupère maintenant, au moins temporairement, le personnage de Michael Bosworth, PJ abandonné depuis quelque temps, son joueur ne pouvant plus assurer sa participation à la campagne. La scène qui suit immédiatement est du coup un bref flashback.]
[VI-2 : Michael : Pierce Hawthorne, Chris Botti] Quand Michael est arrivé sur l’archipel, il a fait une courte chute, mais des branches l’ont amortie. Il était bien dans des arbres, et a pu bénéficier du réseau de lierre pour se déplacer sans risques excessifs. Il avait tout d’abord entrepris de descendre – il lui avait semblé avoir repéré des gens à distance, mais la végétation était trop touffue pour en être certain. Il n’a toutefois guère eu les temps d’arpenter les environs : la « nuit » n’a guère tardé, et Michael avait vite compris le danger représenté par les crabes – il est aussitôt remonté à la cime de son arbre (dans les huit ou neuf mètres), continuant de guetter pour trouver des signes d’autres personnes. Il a notamment vu, au loin – dans les 500 mètres ? – des survivants inconnus qui avaient confectionné un radeau de fortune ; ils partaient vers l’horizon, semblant fuir la colline centrale. Il y avait bien d’autres signes, mais guère encourageants : il a entendu les suppliques de Pierce Hawthorne, ainsi que la mort de l’animateur radio… mais aussi, à l’instant, l’agonie de Chris – immédiatement identifié comme tel.
[VI-3 : Michael : Radzak, Tess McClure] Par ailleurs, au loin, dans la direction de la colline, il a cru voir quelque chose d’assez petit tomber du ciel… [Il s’agit de Radzak, le chat onirique, que Tess a invoqué – elle avait systématiquement son cristal sur elle, qui chauffait…] Michael est cependant davantage attiré par un grand navire surgi à l’horizon, d’allure médiévale voire antique, et doté de nombreuses voiles, qui s’approche du radeau improvisé…
[VI-4 : Michael, Leah : Chris Botti] Mais, à guetter de toutes parts, Michael repère enfin Leah, là où Chris vient de mourir. Il se met à naviguer dans les branches pour tenter de la rejoindre – il est habile à ce petit jeu. Il interpelle Leah, qui l’entend, crie à son tour, et lui fait de grands signes pour indiquer sa position. Michael la rejoint bientôt, et lui demande ce qui s’est passé, et où est Chris ? Leah se contente de répondre : « Dans l’estomac d’un crabe… » Michael fait de son mieux pour l’aider, confectionnant notamment une corde de lierre pour qu’elle puise grimper plus haut et le rejoindre. Mais c’est trop tard : un faux mouvement de trop fait chuter Leah sur les crabes… Ceux qui se disputaient les restes de Chris (parmi lesquels un nouveau « centaure » ?) se tournent aussitôt vers elle et lui infligent d’innombrables morsures. Michael est sept ou huit mètres plus haut ; il essaye de redescendre aussi vite que possible, sa corde de fortune en main… Mais Leah, bien que relativement épargnée par sa chute, se noie sous les crabes qui la déchiquètent comme ils avaient déchiqueté Chris quelques instants plus tôt à peine…
[Mort de Leah. Sa joueuse n’a pas incarné de personnage temporaire jusqu’à la fin de la séance, un nouveau PJ sera créé d’ici à la prochaine séance.]
VII : LE RETOUR DU CHAT
[VII-1 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones ;
] Dwayne et moi nous dirigeons vers la sortie, William Harris-Jones derrière nous, après toutefois avoir jeté un œil aux débris de la statue ; la tête évoque un peu à Dwayne la véritable apparence de « 6X », mais en plus reptilien encore, avec des yeux en amande et une langue bifide… Pourtant, ce faciès n’est pas sans noblesse, et évoque une divinité aux traits de serpent. Que la statue ait été abandonnée dans une fosse d’aisance n’est sans doute pas anodin…
[VII-2 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones] Mais la femme qui s’était jetée sur Dwayne me vise désormais : « Mon sauveur ! » Je n’ai pourtant absolument rien fait pour la sauver… Mais elle commence à me déshabiller ! Je la repousse d’abord calmement, mais, quand elle insiste, je la projette par terre. La vieille, de son côté, ne cesse de se plaindre que l’enfant mourra s’il ne mange pas, très vite… Dwayne ne peut rien faire pour elle. Mais son comportement me plaît : c’est visiblement le seul ici à savoir ne serait-ce qu’un minimum quoi faire – je calque mon comportement sur le sien.
[VII-3 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones, Alexis Ranley, Tess McClure, Radzak] Dwayne et moi quittons les cellules pour aller au dortoir. Derrière nous, les gémissements ne laissent aucun doute : William Harris-Jones, lui, a accepté les avances de la femme… Nous n’y prêtons pas davantage attention, même si je ne peux retenir un soupir. Dwayne s’arrête, disant à Alexis Ranley de sortir de sa cachette : ou il vient, ou il crève ici ! Nous l’entendons ramper au sol, et il s’extrait de sous un lit. Il s’approche, conscient qu’il ne peut faire autrement. Dwayne nous indique la sortie, et nous le suivons – mais, à travers la porte entrouverte, nous parvient une voix féminine, que Dwayne reconnaît pour être celle de Tess, engagée dans une conversation enjouée avec une autre voix aux accents étranges…
[VII-4 : Dwayne, Anatole : Radzak, Tess McClure ; Johnny « La Brique », Moira] Dwayne jette un œil dans l’entrebâillement de la porte… et aperçoit un gros chat qui se dandine et parle avec Tess. Il se souvient de ce qu’avait raconté le gamin à la ferme, quand il avait rapporté la mort de « La Brique » et de Moira, et confié le cristal à Tess… Le chat pose des questions à Tess – portant sur ce qu’elle aimerait faire à l’avenir. Dwayne se fraye un passage aussi discrètement que possible… mais le chat se tourne aussitôt vers lui, et, d’une voix sèche : « Deux secondes. On discute. » Et il repousse la porte ! J’ai eu un vague aperçu du chat en train de parler, et je regarde Dwayne d’un air stupéfait, en quête d’explications, mais il n’a rien à me dire…
[VII-5 : Dwayne, Anatole : William Harris-Jones] Nous restons donc dans le dortoir pour l’heure. La vieille a fouillé dans les boîtes de conserve abandonnées, et en nourrit le gosse. Les autres sont avec nous, à l’exception de William Harris-Jones et de son amante. Nous n’avons que de très vagues échos de la conversation de l’autre côté de la porte, mais le volume est fluctuant – ils se déplacent tout en parlant. Dwayne nous dit de fouiller les cadavres pour trouver quoi que ce soit d’utile, mais, à l’évidence, il ne s’y trouve rien pour moi. Quand les gémissements s’interrompent, je laisse un peu de battement puis vais chercher mon patron… Après quoi je demande à Dwayne si nous allons attendre encore longtemps – mais il me dit qu’on attendra qu’ils aient fini de discuter, et qu’il ne vaut mieux pas les déranger… Le temps passe…
[VII-6 : Dwayne, Anatole : Radzak, Tess McClure] Au bout d’un moment, la conversation s’amenuisant, Dwayne toque à la porte : « Vous avez fini ? » Nous entendons le chat… exploser de rire. Puis Tess, joviale : « Oui, mais peut-être vous aussi ! » Leurs bruits de pas se rapprochent de la porte, ils ne discutent plus. Dwayne se recule, et je fais comme lui – en position pour tirer sur ce qui franchira la porte.
[VII-7 : Dwayne, Anatole : Tess McClure/« Tess la Rouge », Radzak] La porte s’ouvre. Les paupières de Tess sont agitées d’un mouvement perpétuel. Elle entre en compagnie du chat, qui se présent solennellement sous le nom de « Radzak ». Ils se comportent comme deux vieux amis… Dwayne avance qu’il a entendu parler de Radzak. Le chat dégage les débris du passage, tandis que les prisonniers se chient dessus – littéralement – à cette scène improbable et étrangement angoissante… Puis Radzak monte au sommet d’une pile de débris, il tourne un regard amusé vers Tess, puis lui dit : « Alors ? Choisis… » Dwayne demande à Tess si ça va, et elle répond : « Oui, mieux que jamais… » Son sourire est cette fois irrémédiablement celui de « la Rouge »… Elle « choisit » enfin la vieille et l’enfant. Dwayne me fait signe de ne pas intervenir – je me plie à ses instructions muettes… d’autant que j’ai le souvenir de « Tess la Rouge » telle qu’elle était dépeinte dans les journaux.
VIII : LE RESSAC, ENFIN
[VIII-1 : Michael : Leah, Pierce Hawthorne : « 6X »/Hippolyte Templesmith] Michael horrifié a vu Leah périr sous les assauts des crabes ; il est totalement perdu… Il entend toujours la voix de Pierce Hawthorne appeler « 6X » à l’aide. Au loin, il ne voit plus le radeau – sans savoir comment il a disparu. Il fixe un moment l’eau très claire, très pure, mais aussi très profonde… et finit par distinguer une ombre massive sous les flots, dotée de nombreux appendices – une immense pieuvre ? Elle se rapproche du bateau antique. Effaré, Michael prend toujours un peu plus conscience des dimensions colossales de la créature : elle doit faire des kilomètres pour qu’il la voie ainsi ! En comparaison, le bateau, pourtant volumineux, n’est plus qu’un point à l’horizon… Puis la silhouette disparaît dans les profondeurs – mais c’est alors que jaillissent ses tentacules, qui environnent le bateau puis se resserrent sur lui pour le broyer comme une coquille de noix ! Des passagers tentent de rallier des éclats de bois faisant office de petits radeaux, mais les tentacules achèvent leur office : ils disparaissent tous dans les profondeurs, et bientôt les tentacules de même…
[VIII-2 : Michael : Pierce Hawthorne] Michael a beau être terrorisé par l’enchaînement des événements sinistres, il tente de se reprendre et de faire quelque chose. Il se dirige donc vers la voix de Pierce Hawthorne. Au bout de quelque temps à naviguer dans les branches, il aperçoit sa silhouette obèse – il y a aussi des reflets sur sa barbe ainsi que dans l’armature de ses lunettes. Hawthorne ne l’a pas encore aperçu, et reste crispé sur sa branche – cela fait au moins une bonne heure qu’il appelle vainement à l’aide… Michael le surplombe à quelque distance. Les vêtements du chercheur sont abimés et imprégnés de sang – il a fait connaissance avec les crabes… Michael l’interpelle enfin – et lui demande si ça va. Hawthorne, pris par surprise, lui demande qui il est – il n’a pas l’air très rassuré… Mais il en revient bien vite aux suppliques : « Aidez-moi, je vous en supplie, je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps ! » Michael confectionne une nouvelle corde pour permettre au chercheur de le rejoindre à son niveau… tandis que son arbre tremble, victime à son tour des assauts d’un « centaure ». Hawthorne cède à la panique : « Vite ! » Michael accélère : « Ça vient, ça vient ! » Puis, alors même qu’il vient d’achever son travail et s’apprête à lancer la corde à Hawthorne, la luminosité change : un croissant de soleil très fin apparaît, se dégageant des lunes… Les chocs contre le tronc s’arrête presque aussitôt, et c’est comme un ressac de chitine…
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