CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (32)
Trente-deuxième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
La joueuse incarnant Romy était absente. Les PJ présents étaient donc Dwayne O’Brady, Michael Bosworth, et, en ce qui me concerne, le garde du corps aux ambitions d’écrivain Anatole « Froggy » Despart. Toutefois, le joueur incarnant Michael Bosworth n’est arrivé que tardivement ; la majeure partie de la séance a donc été jouée à deux PJ.
I : TOUT FEU TOUT FLAMME
[I-1 : Dwayne] Dwayne avait tenté de rester discret pour pénétrer dans la pièce, mais il a aussitôt croisé du regard le jeune homme qui s’y trouvait, moins de trente ans, et qui travaillait sur une table recouverte de feuilles annotées, tout en écoutant son mélange personnel de musique classique, et de cris de douleur et de supplication, diffusés en même temps par deux gramophones. Surpris, le jeune homme n’en a pas moins eu une réaction très vive – il s’est levé aussitôt, répandant par terre ses feuillets, et s’est réfugié derrière une armoire ; là, nous l’avons entendu psalmodier à voix basse…
[I-2 : Dwayne, Anatole : Cthugha] Dwayne, aussitôt, me dit de foncer sur l’inconnu – même s’il avance de son côté qu’il pourrait être utile de discuter… Un peu tard ; je me précipite sur le jeune homme, matraque en main, mais l’environnement encombré ne me facilite pas la tâche, et mon gabarit pas davantage… Quand j’arrive à proximité du jeune homme, sans avoir pu lui porter un coup, il s’arrête de psalmodier, l’air soulagé – et je perçois bientôt comme des grésillements… Un voile de flammes apparaît, qui le recouvre entièrement ! Ce n’est pas qu’il prend feu – plutôt qu’il est revêtu d’un manteau de flammes, qui le protège et, tout à la fois, émet une chaleur intense. Sur le moment, je me demande même si mes cheveux et vêtement ne vont pas y passer… Quoi qu’il en soit, l’étudiant s’exclame : « Loué soit Cthugha ! » Puis il tend ses mains dans ma direction – et je ressens une soudaine bouffée de chaleur… Je me recule prestement et dégaine mon .45 amélioré.
[I-3 : Dwayne, Anatole] Dwayne n’essaye plus de discuter ; lui aussi a dégainé son pistolet, mais je suis sur sa trajectoire de tir… Il se déplace pour ajuster au mieux son attaque, passant de l’autre côté de la table.
[I-4 : Anatole] Mon agresseur est plus rapide que moi, même si ça se joue à pas grand-chose. Je parviens cependant à éviter sa main enflammée, qu’il tendait dans ma direction. J’ai par ailleurs remarqué qu’il n’était pas en mesure de fermer le poing – il avait essayé, mais avait visiblement ressenti alors une vive douleur, et s’était brûlé lui-même… Il se contente donc de tendre les doigts, cherchant à les planter dans mon torse. Je ressens de plus en plus la chaleur…
[I-5 : Michael Bosworth, Romy] Michael est inquiet… pour son oiseau. Il se tient à distance, et caresse tendrement la petite tête du canari… Romy reste elle aussi dehors, mais prête à intercepter notre adversaire s’il venait à franchir la porte.
[I-6 : Dwayne, Anatole] Dwayne est maintenant en position, et fait feu par deux fois. Les balles passent bien à côté de moi, je ne courais aucun risque. Mais elles ne semblent pas atteindre leur cible… Par réflexe, je recule et constate qu’une des deux balles a fondu quand elle a atteint le manteau de feu ; quant à l’autre balle, elle a été déviée au tout dernier moment – par un courant d’air chaud ? Elle se loge dans un des crânes du mur, qu’elle fait exploser, répandant des éclats d’os partout…
[I-7 : Anatole] L’état de notre adversaire oscille en permanence : un moment il est pleinement confiant, certain de ce qu’il va nous détruire ; le suivant, il est bien obligé d’admettre qu’il n’est pas très sûr de ce qu’il fait au juste… Sentiment qui tend à s’accroître ? En tout cas, je le vois se brûler à plusieurs reprises… Ma manche droite, trop proche du manteau de feu, ne s’est pas enflammée : elle a instantanément été réduite en cendres… Je décide de tenter autre chose : je m’empare des papiers sur lesquels notre adversaire travaillait quand il nous a vus, et les lui jette dessus – espérant vainement qu’il y tiendrait trop pour risquer de les anéantir de ses flammes. Et je bouge en permanence, me trouvant toujours de l’autre côté de la table par rapport à lui. Le papier que je lui avais balancé à la figure brûle instantanément ; je ne sais pas s’il a conscience de ce dont il s’agit… Mais l’incandescence rapide l’aveugle un instant, et il s’en retrouve mal à l’aise. Il lève cependant de nouveau ses mains, et les tend devant lui ; je comprends qu’il ne cherche plus à me saisir, mais compte projeter des flammes dans ma direction. Toutefois, dans un soupir de soulagement, je constate qu’il n’est pas tout à fait au point à cet égard… Il pousse un cri de douleur – s’est-il à nouveau brûlé ? Mais il parvient après coup à projeter des flammes ainsi qu’il le souhaitait ! Cependant, elles ne sont pas en mesure de m’atteindre – elles filent vers l’armoire, qui s’enflamme aussitôt… Mais le sorcier est mal en point : il ne cesse de tousser, visiblement à deux doigts de l’asphyxie… Mais il reprend toujours ses esprits, et continue d’avancer sur nous…
[I-8 : Dwayne, Anatole] Dwayne s’est déplacé furtivement en longeant le mur ; il se poste à l’entrée de la pièce. Toujours sous la menace du sorcier, je lui balance sa table dessus. Il pousse un couinement de douleur et recule légèrement – je l’ai atteint avec la table, mais elle s’enflamme très rapidement. Je tente alors de me replier près de Dwayne… mais c’est une occasion pour notre adversaire de faire un tir groupé : il projette ses flammes dans notre direction – je m’en sors relativement bien (manche du bras gauche enflammée, toutefois), mais Dwayne est sévèrement touché, même s’il a pu esquiver une partie des flammes qui lui étaient destinées… Il prend feu aussitôt, et se roule par terre pour éteindre les flammes, franchissant ainsi la porte… Conscient de son état de torche humaine, je sors à mon tour – cette fois en prenant bien soin de ne pas susciter une nouvelle occasion de tir groupé
, et, une fois dehors, je ferme la porte derrière moi.
[I-9 : Dwayne/« Leonard Border » : Romy, Michael Bowsorth] Romy tente d’aider Dwayne, mais n’arrive à rien. Ses propres vêtements commençant à s’enflammer, elle s’interrompt pour les éteindre. Michael, lui, n’accorde d’attention qu’à son pioupiou… De l’autre côté de la porte, le jeune homme nous traite de lâches, nous mettant au défi de revenir affronter notre mort ; il inonde la porte d’un torrent de flammes – elle commence à se gondoler, et de la fumée s’en échappe… Dwayne, cependant, n’est plus en feu. [Il a toutefois perdu un point d’APP – c’est sa véritable apparence qui est affectée, non celle de Leonard Border.]
[I-10 : Anatole] Jetant un coup d’œil au couloir, je me rends compte que la porte que nous avions franchie depuis l’abîme bouge… C’est notre cobaye, qui est ressorti, et qui la manipule pour nous enfermer dans le couloir ! Je me précipite dans sa direction, et l’atteins alors qu’il cherche à faire tomber la porte. Je n’ai toutefois pas le temps de le frapper : bien que surpris, et bien que handicapé, il laisse là la porte et se retire – mais son genou ne lui permet pas d’aller bien loin… Il s’étend par terre, incapable de quoi que ce soit. Je donne un grand coup dans son genou déjà très abimé, ce qui le fait hurler de douleur – il n’y reste plus guère que quelques lambeaux de peau en guise d’articulation… Il ne tarde pas à s’évanouir.
[I-11 : Dwayne, Anatole : Romy, Michael Bosworth] Dwayne voit la porte devant lui se gondoler ; au travers, il entend notre adversaire tousser fortement – l’asphyxie ? Quoi qu’il en soit, Dwayne dit à Romy qu’il leur faut partir (il ne prête plus attention à Michael, qui est dans son monde…). Ils voient tous deux que je suis retourné à l’entrée du couloir, et viennent me rejoindre – Romy en courant, Dwayne en peinant avec ses semelles fondues qui collent au sol… Michael suit lui aussi, à son rythme…
[I-12 : Dwayne, Anatole : Romy] Dwayne franchit la porte donnant sur la plateforme, puis emprunte à nouveau l’autre porte, ramenant à l’hôtel – en quête d’eau. Romy le suit et l’aide. Je les suis également, peu désireux de rester seul… Mais je leur dis que notre adversaire ne semble pas en mesure de continuer ainsi très longtemps : ça l’épuise et le blesse, il faut en profiter, ne surtout pas lui laisser le temps de se reprendre… Nous trouvons des seaux à champagne que nous remplissons d’eau. Dwayne se munit aussi d’un linge mouillé en guise de masque.
[I-13 : Michael Bosworth] Nous retournons dans le couloir de l’ossuaire. En chemin, nous croisons Michael, qui s’était arrête sur la plateforme, et qui désignait à son canari notre cobaye au genou éclaté : « Ça, c’est un méchant… C’est ce qu’on fait aux méchants… Mais moi je te protègerai ! »
[I-14 : Dwayne] De retour dans le couloir, nous voyons la porte du bureau de l’étudiant s’entrouvrir. Et la franchit une silhouette humaine littéralement carbonisée – elle n’a plus de cheveux, ses yeux ont fondu… Elle chancelle, sa respiration est douloureuse… puis elle s’effondre par terre. Dwayne s’en approche, et nargue l’apprenti sorcier : « Alors ? On est revenus… » Mais il n’obtient pas de réponse de la créature fumant de toutes parts. Dwayne lui déverse des glaçons dessus, ce qui suscite un mouvement réflexe… puis plus rien : notre adversaire est mort.
II : LAISSEZ BRÛLER LES PETITS PAPIERS
[II-1 : Anatole] Je vais jeter un œil à la pièce – elle est ravagée, comme après un incendie : tout le bois et le papier ont brûlé, les gramophones ont fondu… Il y a une porte à l’autre bout – faite du même métal que la première. Il y a encore des flammèches çà et là, et la chaleur demeure élevée.
[II-2 : Anatole, Dwayne : Michael Bosworth] Mais je rejoins les autres, et nous nous dirigeons vers la dernière porte du couloir. Dwayne tend l’oreille, mais n’entend rien. Il ouvre discrètement la porte – c’est une pièce très similaire à la précédente, mais mieux entretenue ; il n’y a pas ici de gramophones, mais davantage encore de papier, par contre. Dwayne dit à Michael que c’est un endroit sûr : « Parfait pour ton oiseau ! » Et il lui fait signe d’entrer. Mais Michael est sceptique : dans ce cas, pourquoi Dwayne n’y va-t-il pas lui-même ? Dwayne grommelle – reprochant à Michael de n’avoir absolument rien fait pour nous aider…
[II-3 : Dwayne, Anatole] Il y a là aussi une porte au fond de la pièce – la disposition laissant supposer qu’elle donne sur une autre salle, et la même que celle à laquelle on pourrait accéder depuis la porte du fond du bureau ravagé par les flammes. Une besace est accrochée à un fauteuil, à côté de la table de travail recouverte de papiers divers. Dwayne s’intéresse au sac, et moi aux papiers.
[II-4 : Anatole : Hippolyte Templesmith/« 6X », Andrew Stuart] Ces derniers sont bien rangés. Une note d’une encre relativement fraîche, et signée « 6X », est posée au centre de la table. Sinon, il s’agit pour l’essentiel de travaux d’ordre historique, surtout en rapport avec l’Antiquité gréco-romaine, d’essais astronomiques ou astrologiques également ; on y trouve enfin des documents moins définis, entre le carnet de notes et le journal – et ce sont ces derniers que je lis en priorité :
Elle ne craint rien, si ce n’est la magie et le signe des anciens ; je rigole en imaginant le pauvre bougre essayant de la libérer. Étonnant de voir qu’une créature si puissante et supérieure à nous poursuive des déplacements rémanents à son cycle d’existence. Dire que nous allons l’enfermer, l’assujettir. Qu’elle pourrait croupir pour l’éternité, si nous le désirions. Notre pouvoir est énorme… J’ai eu un instant un souvenir d’Andrew quand Hippolyte m’a adressé son plan. Il est vrai que le talent mathématique de Stuart m’aurait épargné des efforts, mais cet imbécile, de par sa naïveté et sa stupide bienveillance innée, n’aurait véritablement pu être utile qu’en tant que sacrifice. J’ai grande hâte que 6X m’avoue le but final de cette manœuvre et démonstration de force. Le rituel doit avoir lieu à minuit pile, lors de la veillée de Noël à la ferme des Gardner. Les feux d’artifices d’Arkham devraient totalement couvrir notre action….
[II-5 : Dwayne : Pierce Hawthorne] Dwayne soupèse le sac avant de l’ouvrir – des choses teintent à l’intérieur. Il pèse entre un et deux kilogrammes. À l’intérieur se trouve un crâne, recouvert d’une écriture aklo en spirale, et avec des billes de verre à la place des yeux. Mais cette dépouille n’est pas tout à fait humaine… Elle évoque à nouveau une sorte d’hybride entre l’homme et le reptile. Le reste du contenu du sac n’a pas autant de valeur : une pipe, du tabac… Probablement les affaires personnelles de Pierce Hawthorne ?
[II-6 : Dwayne, Anatole : Romy, Michael Bosworth ; Herbert West, Hardwicke, Hippolyte Templesmith/« 6X »] Dwayne décide alors d’étudier ainsi que moi les papiers – avec un objectif plus précis en tête : trouver comment sortir d’ici… Romy s’y met également, tandis que Michael fouille les armoires – où il trouve d’autres documents historiques (gréco-romains) ou astronomiques… ainsi que des bocaux évoquant immanquablement l’antre d’un sorcier, et contenant des herbes étranges, des dépouilles d’animaux inconnus, etc. Parmi les divers papiers, nous trouvons notamment une lettre courroucée contre « cet imbécile de Herbert West » qui a refusé de rejoindre leur alliance ; mais aussi un appel aux Hardwicke, afin qu’ils viennent les rejoindre ; le nom de « 6X » figure partout.
[II-7 : Dwayne, Anatole : Hippolyte Templesmith/« 6X »] Dwayne lit aussi le message signé « 6X » au centre du bureau ; à l’évidence récent, il emploie un ton très sec, impératif, ne laissant aucun choix aux destinataires : il exige qu’ils finissent leur travail à la ferme des Gardner, afin d’ « ouvrir les vannes » ; et il n’acceptera aucune excuse.
[La référence à la ferme des Gardner m’était inconnue, n’ayant jusqu’alors jamais mis les pieds à Arkham ; mais Dwayne, par contre, sait très bien de quoi il s’agit : cela renvoie à la « Lande foudroyée », à proximité d’Arkham, où la chute d’une météorite, il y a longtemps de cela, avait entraîné le dépérissement d’une famille de fermiers, les Gardner – cf. « The Colour Out of Space ».]
III : DOES NOT COMPUTE
[III-1 : Dwayne] Nous nous rendons à la porte du fond – un très léger cliquètement métallique, régulier et multiple, en émane. Dwayne ouvre prudemment la porte. Nous voyons derrière comme un écran plat transparent, d’un mètre cinquante de hauteur pour deux à trois mètres de longueur, posé sur une table ; tout autour de l’écran, sur la table, se trouvent nombre de claviers de machines à écrire, soudés ensemble et reliés à l’écran ; tout autour, il y a comme des bornes fichées dans le sol, qui émettent un vague glougloutement – un système de refroidissement ? Les claviers, par ailleurs, ne sont pas tous adaptés aux caractères anglais – on y trouve bien d’autres langues, et même de l’aklo. Nous distinguons aussi un clavier particulier en ce qu’il arbore un gros interrupteur, marqué « on/off » (et qui est présentement sur « off »).
[III-2 : Anatole, Dwayne : Hippolyte Templesmith] Je me demande de quoi il s’agit, mais suppose que cela doit être une sorte de machine à calculer – les claviers servant à entrer les données. Dwayne se demande quant à lui si la machine fait usage des petites boîtes de Templesmith – pourraient-elles faire office de cerveau pour la machine ? Il y en a çà et là, reliées à l’ensemble… Je suis mortellement curieux, j’ai envie de l’utiliser… J’adresse des coups d’œil éloquents à Dwayne – qui est sceptique, mais me laisse faire… J’abaisse l’interrupteur sur « on ». De nombreux déclics se font entendre – mais aussi d’autres bruits, plus spongieux, et répugnants… Le système de refroidissement fait davantage de bruit, et les petites boîtes s’agitent très légèrement… Puis l’écran s’illumine – devenant une surface recouverte de caractères aklo ; la lumière donne l’impression d’un circuit imprimé sur l’écran. Pendant une minute, je ressens une certaine angoisse… puis la machine se met à diffuser des images mouvantes, comme au cinéma – mais pas en noir et blanc : en couleur. J’ai l’impression d’une vision de l’espace – avec la Terre, petite, dans le coin inférieur gauche de l’écran. Au centre se trouve un nuage massif d’une couleur indéfinissable, qui se meut lentement, croisant des astéroïdes ou des étoiles… Je crois aussi voir comme un bateau voguant dans le vide ! Mais le nuage retient bien davantage mon attention – j’y vois une forme de vie, gazeuse peut-être, protéiforme en tout cas, et qui se dirige vers la Terre. On trouve également sur l’écran des données écrites, comme des commentaires – mais en aklo… À gauche de l’écran, il y a une colonne de calculs, qui défilent sans cesse. Intrigué, je tape n’importe quoi sur un clavier : à l’écran apparaît la formule « Does not compute ». Les calculs s’interrompent un bref instant, mais reprennent aussitôt.
[III-3 : Dwayne] Dwayne, pendant ce temps, regarde à nouveau le crâne de sa besace ; il étudie tout particulièrement la séquence de caractères aklo qui en fait le tour – il est pris de l’envie de taper cette séquence sur un clavier – ce qui prend du temps : il lui faut bien identifier chaque caractère et trouver comment le taper…
[III-4 : Anatole : Dwayne O’Brady ; Hippolyte Templesmith/« 6X », Pierce Hawthorne] En attendant, je vais jeter un œil aux documents astronomiques de la pièce précédente. Ils me laissent comprendre qu’il s’agissait d’essayer de localiser précisément quelque chose dans l’espace. Ils disent que « la machine de ʺ6Xʺ », parfois appelée « ordinateur », leur a été d’un grand secours. Je comprends que la chose qu’ils cherchaient, et qui apparaît à l’écran, correspond à la « créature » mentionnée dans les notes de Pierce Hawthorne que j’avais lues un peu plus tôt. Mais les données ultérieures n’ont plus rien à voir avec de l’astronomie – elles relèvent des sciences occultes, détaillant nombre de sortilèges destinés à « entraver » la créature… Par ailleurs, suite aux remarques de Dwayne, j’établis un lien entre la créature et la « Lande Foudroyée » : « 6X » et ses alliés veulent la capturer, de toute évidence – je ne sais pas dans quel but, mais la mention « ouvrez les vannes » dans le précédent document m’inquiète ; les rituels sont décrits avec précision, ce qui inclut aussi bien les sacrifices « nécessaires » que d’improbables noms de divinités à contacter…
[III-5 : Dwayne : Hippolyte Templesmith/« 6X »] Dwayne a fini de taper sa séquence en aklo – qui s’est inscrite au centre de l’écran. Il voit que le clavier présente une touche « Entrer », et finit par appuyer dessus. Il y a un léger scintillement à l’écran – évoquant un travail de trop ? Mais apparaissent ensuite des choix – toujours en aklo, mais numérotés avec des chiffres arabes : 1, 2, 3. Dwayne hésite un instant, puis tape « 1 ». Nouveau scintillement. Apparaît cette fois un texte en anglais :
Traduction : S’il survit malgré lui, le concepteur de « 6X », incapable de comprendre la grandeur de sa réalisation, subira le martyre pour l’éternité – et pour mon plus grand plaisir. [Signé :] « 6X » [Suivent des insultes.]
[III-6 : Dwayne, Anatole : Hippolyte Templesmith/« 6X »] Dwayne comprend que le crâne appartenait à un grand-prêtre du Peuple Serpent, que « 6X » nargue… Il sent la mâchoire du crâne s’entrouvrir – à peine. Il y regarde de plus près – peut-être y a-t-il une cavité à l’intérieur ? Mais la mâchoire se resserre – et le crâne pleure des larmes de sang. Dwayne me demande de l'aider ; n’espérant plus tirer quoi que ce soit des documents astronomiques ou ésotériques, je le rejoins. En forçant, je parviens à abaisser la mâchoire inférieure du crâne – qui résiste pourtant, en dépit de l’absence de tendons : c’est comme si elle ne « voulait » pas être ouverte… Mais je finis par l’écarter suffisamment pour dévoiler un logement cubique destiné à accueillir une des petites boîtes de Templesmith – c’est ce que Dwayne cherchait, et il m’explique ce qu’il en sait : cela sert surtout à ouvrir des « portes », et il a quelques-unes de ces boîtes sur lui… J’acquiesce, me fiant à son expérience. Dwayne insère une boîte – sans effet… Sinon que la mâchoire « veut » à nouveau se refermer. Dwayne ôte alors cette boîte, et en essaye une autre – cette fois, la mâchoire se ferme aussitôt, dans un claquement bruyant, sans que j’aie rien pu y faire. Et nous nous évanouissons tous…
IV : COURS (MAGISTRAL)
[IV-1 : Dwayne, Anatole : Romy, Michael Bosworth ; Pierce Hawthorne] Nous reprenons connaissance tous les quatre dans un bureau ; à travers la fenêtre, nous voyons un parc qui semble terrien, un soleil « normal »… C’est un énorme soulagement : nous sommes enfin retournés chez nous ! Romy n’en revient pas… Mais Dwayne reconnaît les espaces verts du campus de l’Université Miskatonic, à Arkham. Nous sommes encore pâteux, toutefois – Michael surtout… Un examen un peu plus soutenu nous permet de déterminer que nous sommes au deuxième étage d’un bâtiment de l’Université – dans le bureau de Pierce Hawthorne. Michael se réveille enfin – mais, quand il s’était évanoui, il avait inconsciemment laissé échapper son canari ; le petit oiseau nous a suivis dans notre retour sur Terre, mais il volète çà et là, et Michael essaye de l’attraper délicatement. Je n’ai aucune idée d’où je suis – mais Dwayne me l’explique. Il précise quand même que « ce n’est pas fini »… Dwayne entreprend de fouiller le bureau de Pierce Hawthorne. Michael, obsédé par son oiseau, nous ignore totalement – au point de nous rentrer dedans à plusieurs reprises…
[IV-2 : Dwayne, Anatole : Michael Bosworth, Romy ; Pierce Hawthorne] Mais Dwayne entend alors des bruits dans le couloir – des bruits de pas qui s’approchent… Tendant l’oreille, il identifie la voix d’un policier – qu’il sait être corrompu par « le Milieu ». L’autre personnage est sans doute un employé – ils bavardent en chemin, mais aucun doute sur leur destination : c’est bien le bureau de Pierce Hawthorne… Ils arriveront bientôt – et il nous est impossible de nous cacher dans cette pièce… Je regarde à mon tour par la fenêtre : c’est le milieu de matinée, étudiants et professeurs se promènent dans les parcs en dessous… Une issue envisageable, malgré tout, mais nous manquons de temps ! Dwayne laisserait bien Michael attirer l’attention de nos visiteurs – il se cale contre un mur, moi de même à un autre endroit, tandis que Romy, plus leste et plus petite, parvient à se cacher.
[IV-3 : Anatole, Dwayne/« Leonard Border » : Michael Bosworth ; Pierce Hawthorne, Leonard Border, Danny O’Bannion/« M. O… »] La porte s’ouvre au moment même où Michael attrape enfin son petit oiseau… Le flic et l’employé sont ébahis. Ils ne reconnaissent pas l’intrus… pas plus qu’ils ne me reconnaissent moi, or ils m'ont très vite repéré. Le policier – alerté par ma carrure et mes vêtements dans un triste état après le combat contre l’apprenti sorcier – dégaine aussitôt son pistolet et me braque : « Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites ici ? » Bien que peu porté sur le baratin, et en dépit de ma mise improbable, je tente instinctivement de prétendre avoir un rendez-vous avec le professeur Hawthorne – et de m’offusquer du comportement inqualifiable du policier. Bien sûr, il ne me croit pas un seul instant – mes vêtements brûlés suffisent amplement à le convaincre que tout cela est plus que louche… Je lui suggère de « discuter plus posément », sans grand espoir. Dwayne, qui n’avait pas encore été aperçu, se glisse discrètement dans le dos du policier, et lui cale son pistolet dans le dos – lui laissant cependant le champ pour se retourner. Mais Dwayne a toujours l’apparence de Leonard Border – le flic pourri connaissait bien Dwayne, mais ce n’est pas lui qu’il voit… Stupéfait, il lâche « Border ? Qu’est-ce que… » Incrédule, il avance que c’est bien la première fois qu’il se fait braquer par un journaliste… Mais il se reprend aussitôt, et, catégorique : « POSE TON ARME ! » Dwayne – qui ne camoufle pas sa voix, mais sans effet sur le flic – lui dit qu’ils vont discuter… Mais le policier n’est pas disposé à l’écouter : « Tu sais ce qui arrive à ceux qui agressent des flics ? » Visiblement nerveux, il répète : « POSE TON ARME ! » Dwayne lui dit alors qu’un certain « M. O… » ne sera pas très content – ce même « M. O… » qui lui graisse la patte… Il dit par ailleurs à l’employé de ne pas faire le moindre geste (ce dernier recule… mais je lui fais signe, du doigt, de ne pas déconner, en indiquant de la tête la scène qui se joue à côté de lui, et ça l’interrompt). Michael, quant à lui, recule de son côté et se plaque contre le mur, en tenant bien fort son petit oiseau contre lui…
[C’est à ce moment que le joueur incarnant Michael Bosworth nous a rejoints.]
[IV-4 : Dwayne] Mais le flic ne comprend rien à rien, tout cela est bien trop bizarre… Il enjoint encore Dwayne de poser son arme – préalable indispensable à une conversation au calme. Dwayne se dit prêt à le faire – à la condition que le policier fasse de même : ils seront ainsi à même de discuter posément. Quant à l’employé, pas de bêtise ! Dwayne baisse son arme. Le policier lui dit que ce n’est pas suffisant : qu’il la pose par terre ! Dwayne obtempère ; le flic pose le pied dessus, et sort des menottes. Dwayne : « On ne devait pas discuter ? » Si… mais pas sans ce préalable ! Dwayne prend les menottes… mais son geste trop brusque a surpris le policier, qui tente par réflexe de lui donner un coup de crosse dans les dents ! Dwayne l’évite sans souci : « Mais putain, pourquoi… ? »
[IV-5 : Anatole, Dwayne, Michael : Romy] Je m’approche instinctivement, et le policier s’en rend compte. Au même moment surgit Romy – dans sa tenue de bunny ! Elle pleurniche : « À l’aide, ils voulaient m’enlever ! » Elle se jette dans les bras du policier – mais pour le neutraliser ! Je fonce aussitôt sur lui, tandis que Dwayne essaye de faire tomber le pistolet de notre adversaire. Michael, bien que toujours dans la lune et obnubilé par son canari (qu’il tient dans sa main droite), vient néanmoins à notre secours ; il tente de donner un coup de coude au policier… mais, craignant de trop serrer son poing par réflexe et d’écraser son compagnon à plumes, il retient son coup. Peu importe : je donne au policier un coup de matraque sur le crâne, et l’assomme pour le compte.
[IV-6 : Dwayne] Mais l’employé s’enfuit… Dwayne se lance à ses trousses, mais, connaissant moins bien l’environnement que le fuyard, lequel le connaît par cœur, il ne tarde guère à se faire distancer.
[IV-7 : Dwayne : Romy] Dwayne retourne auprès de nous. Il prend soin d’écrire à la hâte un petit mot destiné au policier, pour l’heure inconscient : il doit camoufler cette histoire ! Il sait pour qui, et comment il en sera récompensé… Mais Romy ne tient plus en place : nous sommes pressés, il nous faut partir ! En effet : des gens sont sortis dans le couloir, alertés par les injonctions du policier et les bruits de lutte qui avaient suivi – et l’employé, en fuyant, n’avait pas manqué d’appeler à l’aide…
[IV-8 : Dwayne, Michael, Anatole : Romy] Peut-être pouvons-nous nous enfuir par la fenêtre ? Dwayne va y jeter un œil : une gouttière est accessible depuis le rebord… C’est notre issue – et tant pis pour les gens dans le parc ! Dwayne entame la descente. Romy, prestement, le suit – au point où elle est bien vite gênée par son prédécesseur, assez agile, néanmoins plus lent qu’elle. Michael suit – toujours obsédé par la crainte de faire mal à son canari… Insuffisamment concentré, il glisse… mais se rattrape in extremis à une fenêtre. La gouttière, cependant, en a été affectée, et a commencé à se détacher du mur… Je sais de toute façon qu’elle ne tiendra pas pour moi, je suis probablement trop lourd – mais je parviens à me débrouiller avec les rebords des fenêtres, je m’en tire même bien mieux que je ne le pensais.
[IV-9 : Dwayne : Danny O’Bannion] Dehors, les gens stupéfaits assistent à la scène – ils ne sont pas encore une foule, mais ça ne va pas forcément tarder. Et certains crient déjà : « Au voleur ! » Tandis que d’autres nous intiment de rester sur place… Mais pas question : nous fuyons ! Mais par où ? Dwayne réfléchit à la planque la plus proche et la plus appropriée : la villa de Danny O’Bannion ? Mais, dans l’immédiat, vaut-il mieux passer par le parc, ou rejoindre immédiatement la route ? Dwayne se décide pour le parc, et nous le suivons – plus par instinct qu’autre chose. En chemin, nombre de badauds nous interpellent, mais ils ne sont pas assez vaillants pour chercher à nous arrêter, ou même à nous suivre. En empruntant les zones les plus boisées, nous parvenons à les distancer – et débouchons sur un quartier résidentiel, où passent quelques voitures.
[IV-10 : Dwayne/« Leonard Border » : Leonard Border, Danny O’Bannion] Dwayne repère un taxi – et de la Compagnie du Trèfle ! Il lui fait signe. Le taxi s’arrête, mais le chauffeur est incrédule : « Mais c’est Border ! J’ai vu vot’ visage dans l’journal… Z’étiez pas disparu ? » Dwayne se contente de dire que non, sort un billet et indique sa destination – sans en donner l’adresse exacte, c’est bien de la villa de Danny O’Bannion qu’il parle. Sans doute le chauffeur le comprend-il très bien – je le vois cligner des yeux quand Dwayne lui donne cette adresse approximative. Mais il prend le billet, sans ajouter un mot de plus, et nous conduit tous quatre là-bas…
V : CHALEUREUSES RETROUVAILLES
[V-1 : Dwayne : Danny O’Bannion] Le chauffeur arrête son taxi un peu avant le portail de la villa de Danny O’Bannion. Dwayne le remercie, et nous sortons tous du véhicule – mais à peine avons-nous mis le pied dehors que le chauffeur appuie sur l’accélérateur, pour s’arrêter brusquement au niveau du portail : là, il dit quelque chose en irlandais aux gardes – il y a une bande de gars bizarres qui arrivent, faut s’en occuper ! Les gardes ouvrent le portail, ils sont armés – le chauffeur aussi, qui s’est précipité dehors pour ouvrir son coffre et en extraire un fusil de chasse…
[V-2 : Dwayne/« Leonard Border », Michael : Leonard Border] Les gardes nous disent de rentrer, armes en mains. Mais, de toute façon, nous sommes venus pour ça… Dwayne répond que nous arrivons – en irlandais. C’est alors seulement qu’un des gardes reconnaît Michael – il le saisit par le coude, et l’emmène en direction de sa guérite, tandis que nous autres sommes conduits à l’écart. Le garde demande à Michael avec qui il traîne… Avec qui il peut ! « Nous revenons de l’Enfer… » Le garde interloqué acquiesce, et lui dit de se calmer – il y a du café et du whisky, qu’il se serve… Mais Michael lui demande s’il n’aurait pas aussi de l’eau – c’est pour son petit oiseau… « Euh… ouais… » Dwayne, voyant que Michael est conduit à l’écart, lui dit d’expliquer qui il est. Mais les gardes l’interrompent aussitôt : « Ta gueule ! » Ils nous conduisent dans un cabanon… Michael est stupéfait : « Mais c’est Dwayne ! Pourquoi vous faites ça ? » Le garde lui tend un journal traitant de la disparition de Leonard Border. Michael explique que « ces gars ont fait des trucs extraordinaires… Lui, en apparence, c’est Leonard Border, mais, en dessous, c’est Dwayne… » Le garde est étonné… OK, ils vont attendre le patron. Michael prend un verre d’eau, et y fait boire son canari. Le garde plus que jamais décontenancé lui dit qu’il a l’air d’en avoir chié… Michael lui répond : « T’as pas idée ! Être à poil au milieu d’une bande d’Italiens, à côté, c’est rien ! »
[V-3 : Anatole, Dwayne/« Leonard Border » : Romy ; Leonard Border] Romy et moi entrons dans le cabanon – les gardes disent à « Border » de rester dehors. Je sais bien sûr que nous sommes au cœur de la pègre irlandaise d’Arkham… Dwayne, dehors, parle – toujours en irlandais –, expliquant sans cesse qu’il n’est pas Leonard Border, mais Dwayne, qu’ils connaissent bien ; d’ailleurs, sa voix… Mais les gardes n’en sont que davantage énervés, ce discours les met profondément mal à l’aise ; ils s’en tiennent peu ou prou à une unique réplique : « Ta gueule ! »
[V-4 : Dwayne/« Leonard Border » : « .45 » ; Leonard Border, Vinnie] Mais c’est alors qu’une silhouette reconnaissable sort de la villa : Dwayne voit « .45 », qui s’approche de lui, et l’observe avec une grande attention. « C’est moi, ʺ.45ʺ ! Tu me reconnais, hein ? » « .45 » lui demande les noms de ses parents et grands-parents, et Dwayne répond : « OK, c’est bien lui… » Mais qu’en est-il des deux dans le cabanon ? Dwayne répond que, sans aller jusqu'à dire qu’ils sont de ses amis, ils sont du moins de son côté – de leur côté ; ils l’ont beaucoup aidé – il ne faut pas leur faire de mal. D’autant qu’ils ont encore du boulot… « .45 » ne relève pas, mais demande à Dwayne s’il a des nouvelles de Vinnie : non – il ne l’a pas vu depuis le gala ; sans doute est-il coincé « là-bas »… Mais justement : « .45 » lui demande où il était passé depuis. Dwayne, un peu gêné : « C’est difficile à croire… mais tu nous as vu faire un rituel ; il y avait de ça, et on a été… transportés… ailleurs, dans un autre endroit… »
[V-5 : Dwayne : Seth, Romy, Anatole « Froggy » Despart] C’est alors qu’une limousine fait son apparition – avec Seth à son bord ; sans se montrer menaçant, il nous invite tous à monter à bord, à ses côtés. Dwayne nous dit, à Romy et moi, de « laisser faire » : ça va se tasser…
[V-6 : Dwayne : « .45 » ; Hippolyte Templesmith, les Carlysle] Monté à bord, Dwayne demande s’ils ont des informations quant à ce qui s’est dit à propos du gala… « .45 » émet un rire nerveux. Nous sommes en route vers Le Trèfle, il y a d’autres gardes armés dans le véhicule – qui s’arrête à un kiosque à journaux, où un de ces derniers récupère de quoi faire une revue de presse ; il balance les journaux à Dwayne. L’Observateur et la Gazette d’Arkham donnent des versions différentes quant aux événements qui se sont produits au gala de Hippolyte Templesmith : on parle ici d’un attentat, d’une explosion, là d’une disparition, d’un enlèvement… Toutes les rédactions sont en fait dans l’expectative : certaines évoquent Templesmith « pris en flagrant délit », sans autre précision, et contraint à fuir ; d’autres vont jusqu’à parler d’un monstre ! La Gazette a même livré deux éditions, concernant la plus singulière étrangeté de cette soirée : il n’y a pas eu de blessés, quoi qu’il se soit passé, mais on compte beaucoup de disparus, dont on n’a pas la moindre nouvelle ; cependant, les invités qui se trouvaient au moment fatidique (?) dans le dancing room et le dining room sont toujours là – seuls ceux qui se trouvaient alors dans la salle principale, celle du gala à proprement parler, ont disparu ; mais elles ont toutes disparu… à l’exception semble-t-il de Miss Carlysle et de son frère, mais ils n’ont livré aucun commentaire, et sont aussitôt retournés à New York. Sinon, pas la moindre nouvelle des autres – ce qui concerne tant les employés que les invités, et Templesmith lui-même. Pas de traces de sang, pas de cadavres… C’est l’incertitude la plus totale – et les journaux ne se privent pas de dire qu’il y aura une ambiance très particulière pour Noël… c’est-à-dire demain soir.
VI : DEBRIEFING AU TRÈFLE
[VI-1 : Dwayne : Romy] Nous arrivons à proximité du Trèfle. Romy a beau avoir emprunté une veste et déchaussé ses talons hauts, ses bas résille n’en suscitent pas moins des sifflets… Un garde, la désignant, dit à Dwayne qu’il a visiblement pris du bon temps – cette femme ne pouvant être qu’une prostituée. « Si seulement j’avais eu le temps, mec… » Dwayne est agacé.
[VI-2 : Anatole, Dwayne, Michael : Seth] On nous escorte à l’intérieur du Trèfle – où nous entrons bien sûr par derrière. On nous conduit dans un salon privé, où nous attendent un petit verre de whisky chacun. On nous demande aussi si nous avons envie de manger quelque chose : oui ! Moi tout spécialement... Mais, avant cela, Seth demande à Dwayne de le suivre, il a des questions à lui poser… Il l’entraîne dans une pièce à part, où il se livre à un interrogatoire serré, et Dwayne raconte tout, tandis qu’un type tape son rapport. La scène se répète ensuite pour Michael… mais ses interrogateurs se rendent compte qu’il est bien « fatigué », c'est peu dire. Ils font enfin venir un médecin, qui lui administre une piqûre de sédatif, et ils le laissent dormir dans une chambre.
[VI-3 : Anatole : Seth ; Dwayne O’Brady, Goody Fowler, Romy] C’est à moi. Ils me demandent qui je suis, d’où je viens, pour qui j’ai bossé… Ils savent que je suis du Milieu. Dwayne leur avait un peu parlé de moi. Je me montre parfaitement honnête dans mes réponses, évoquant mes trafics de morphine dans les tranchées, comment je me suis réfugié aux États-Unis quand ça a commencé à sentir mauvais pour moi après la guerre, je suis d’abord allé à New York, après quoi ce fut Boston… Puis ils me demandent de rapporter mes toutes dernières expériences ; ils ne sont visiblement pas à l’aise quand j’évoque les éléments surnaturels – j’ai cependant toujours avec moi le Manuel de Goody Fowler, qui semble appuyer mes dires. Mais je le garde, et, surtout, qu’ils n’y touchent pas ! Seth veut y jeter un œil de plus près, mais je lui parle de l’effet de vieillissement… et de manière assez convaincante, sans doute, puisque Seth s’abstient de m'emprunter le grimoire. Par ailleurs, je laisse entendre que je cherche à me recaser… Ils me font une vague proposition d’embauche – rien de précis pour l’heure, mais si je me montre loyal et efficace, la famille pourrait avoir besoin de moi… Ils laissent entendre qu’un « non » pourrait avoir des conséquences fâcheuses, à ce stade – mais j’ai de toute façon envie de travailler avec eux ! Après quoi ils me laissent retourner au salon (ils n’interrogent pas Romy).
[VI-4 : Anatole, Dwayne/« Leonard Border » : Seth ; Michael Bosworth, Hippolyte Templesmith, Brienne, Leonard Border] Excepté Michael qui dort, nous nous retrouvons tous dans le salon privé. Les interrogatoires étant terminés, les employés nous amènent du whisky, et proposent d’autres « distractions » : des jeunes filles peu farouches sont à notre disposition… Mais ça ne me branche pas : j’ai surtout besoin de soins… Dwayne dit par ailleurs à Seth que nous n’en avons pas terminé : il va se passer quelque chose demain – il sait où, il sait quand… Il ne sait pas exactement quoi, mais c’est en tout cas en rapport avec Hippolyte Templesmith – et ce sera à la ferme des Gardner… Révélation qui met Seth mal à l’aise, encore un peu plus – mais il suppose que c’est important… Dwayne le confirme – d'ailleurs, il a besoin de matériel, et en quantité ! Seth lui propose toutefois d’aller rendre visite à Brienne… mais Dwayne préfère s’abstenir – il va seulement lui écrire un mot, à lui transmettre ; le fait qu’il arbore toujours l’apparence de Leonard Border n’y est sans doute pas pour rien…. Mais il insiste : demain soir, ça sera important…
[VI-5 : Anatole : Romy] Tandis que Romy se retire dans une chambre pour dormir, je bénéficie de quelques soins, et mange un peu. Je n’ai pas vraiment envie de faire des folies de mon corps – je ne me sens pas encore assez bien pour cela, je ressens le besoin de me reposer… Les prostituées, non sollicitées, s’en vont.
[VI-6 : Dwayne/« Leonard Border » : Brienne, Leonard Border] Dwayne veut se débarrasser de son apparence d’emprunt, qui lui pèse de plus en plus – et qui le coupe de son milieu, et, pire encore, de Brienne ! Il boit plus que de raison, prend une douche bien chaude – puis se gratte, voire se griffe de toutes parts ; mais cela ne change rien à son apparence globale : il demeure, aux yeux des autres, Leonard Border… Ulcéré, Dwayne fracasse le miroir qui persiste à lui renvoyer ce reflet honni ! Après quoi, abattu, il se met à rédiger un message pour Brienne – lui assurant qu’après Noël, comme promis, tout sera fini…
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