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20th Century Boys, t. 7 (édition Deluxe), de Naoki Urasawa

Publié le par Nébal

20th Century Boys, t. 7 (édition Deluxe), de Naoki Urasawa

URASAWA Naoki, 20th Century Boys, t. 7 (édition Deluxe), [20 seiki shônen, vol. 13-14], scénario coécrit par Takashi Nagasaki, traduction [du japonais par] Vincent Zouzoulkovsky, lettrage [de] Lara Iacucci, Nice, Panini France, coll. Panini Manga – Seinen, [2000] 2015, [450 p.]

 

DES HAUTS, DES BAS

 

J’avance dans ma lecture de 20th Century Boys, de Naoki Urasawa, avec ce tome 7 « Deluxe », rassemblant les volumes 13 et 14 de l’édition originelle.

 

J’avance, oui… en dépit de nombreuses phases de scepticisme quant à l’évolution de la série au long cours. Et de plus en plus ? Le fait est que, si la série demeure globalement accrocheuse, c’est parfois un peu par addiction artificielle – disons que mon comportement à cet égard a quelque chose de « mécanique » : on m’a (je me suis ?) poussé dans le dos avec le premier tome, alors je continue… Et je peste régulièrement, mais, tout aussi régulièrement, la BD me reprend aux tripes quand je ne m’y attends plus, en prenant une orientation éventuellement surprenante – vraiment surprenante, j’entends, pas seulement la mise en œuvre des procédés façon thriller qui imprègnent la structure narrative même de l’œuvre, de manière tantôt réjouissante, tantôt agaçante. Il y a toujours ou presque des bonnes choses, en fait – voire des très bonnes… et elles suffisent à m’inciter à continuer.

 

Ce tome 7 « Deluxe » m’a fait l’effet d’une illustration plus qu’éloquente de ces dimensions mêlées de la série – avec un volume 13 originel très dispersé, où l’on trouve de très bonnes choses et d’autres nettement moins bonnes, mais surtout sans l’impression que les choses avancent de manière très utile… Mais suit un volume 14 originel qui, lui, autrement resserré dans l’ensemble, m’a paru vraiment bon, même si pas sans défauts.

 

Or il faut bien ça : il semblerait, à ce que j’ai pu en lire ici ou là, que la BD approche alors de la fin de son « second arc » (le premier, c'était celui qui s’achevait – obscurément, mais de manière plutôt bien vue – sur la « fin du monde », le 31 décembre 2000 ; c'était dans le tome 3 de cette édition). L’accroche du tome 8 « Deluxe », pourtant, ne me paraît guère enthousiasmante, en revenant à ce satané complot visant à assassiner le pape, allons bon (voyez dans le tome 5)… Autant dire, jusqu’alors, les seuls aspects de la BD qui ont pu me faire avancer, chose inédite autrement, que cette fois c’était tout bonnement « mauvais ».

 

Mais, d’ici-là, ce tome 7 « Deluxe » constitue bien un opus plus que correct, et même bien plus que ça : très bon, disons-le – même si en bonne partie parce que sa deuxième moitié rattrape bien des faiblesses (relatives) de la première.

 

AMI MORT – MAIS OUI

 

Le tome précédent s’était conclu sur une des plus grosses « révélations » de la série jusqu’alors – et en même temps une des plus grossières et ineffectives.

 

Nous y avions donc assisté à « la mort » (on y croit) d’Ami – et en même temps à la révélation de son identité : il était donc Fukube, un des membres de la « bande à Kenji », censément mort le 31 décembre 2000 comme tous les autres – sauf que même les autres s’avèrent en fait tous vivants, ou plus exactement ont survécu au moins quelque temps encore… Kenji, à ce stade du récit, demeure la seule exception. À maints égards, ça sent donc les gros sabots, et cela fait quelque temps sans doute que cette thématique n’est plus guère palpitante à mes yeux. En fait, c’en était arrivé au point où la mort d’Ami (on y croit) autant que le dévoilement de sa véritable identité (on y croit) m’avaient laissé complètement froid…

 

Mais, Naoki Urasawa n’étant pas une bille (et son complice Takashi Nagasaki non plus, sans doute), il a parfois su, au fil de sa BD, surprendre « après coup », mais surprendre « vraiment », au sens où la « vraie révélation » suit, en fait, les « révélations » autrement attendues et mises artificiellement en avant en abusant des procédés les plus artificiels du thriller – à la sauce BD le cas échéant, comme de juste. On n’en dévoilait que davantage le jeu sur les codes qui est au cœur de la série ; avec cependant une réussite, et/ou une pertinence, variables.

 

En tout cas, c’est en partie ce qui se passe ici. Ami est mort ? Bof… Ami était Fukube ? Mf… Rien à foutre ? Peu ou prou, oui… Pourtant, en confirmation de ce que j’avançais à l’instant, ce tome 7 « Deluxe » s’ouvre sur ce qui compte vraiment dans cette histoire : la prise de conscience, tardive, que Fukube… n’était pas un ami d’enfance de Kenji et compagnie. Et c’est bien pourquoi personne parmi eux ne s’en souvenait, quand ils s’étaient « retrouvés » dans les dernières années du XXe siècle ! Une idée pas forcément évidente à avaler, mais très riche, indéniablement – elle a en fait un potentiel énorme… mais guère exploité dans ce volume, pour être franc. Cela oriente toutefois un peu le volume 14 originel qui forme la deuxième partie de ce septième tome – qui est bien à mes yeux une brillante réussite.

 

LES CONSÉQUENCES DE LA MORT D’AMI

 

En attendant, toutefois, le tome 13 originel doit bien composer avec le caractère « énorme » (…) de cet événement : Ami est mort !

 

(On y croit.)

 

Pareil « drame » ne peut qu’avoir des conséquences : Ami, après tout, était le sauveur du monde, celui qui avait trouvé comment mettre un terme à la terrible épidémie propagée par les odieux terroristes de la bande à Kenji le 31 décembre 2000 !

 

Or l’épidémie était mondiale – l’émotion l’est donc tout autant. Partout, aux quatre coins du globe (quelle expression…), on pleure Ami. Mais tout particulièrement au Japon, certes, où des milliers, des millions de citoyens veulent rendre un ultime hommage au bienfaiteur ultime – qui, dans sa légendaire modestie, son merveilleux désintéressement, avait souhaité que l’on ne lui consacre pas de cérémonie officielle. Ben tiens…

 

Mais il y a d’autres répercussions au niveau local. Le Parti de l’Amitié, vrai parti politique si fondé sur les bases d’une secte, se déchire sur la suite des événements – littéralement : bientôt les menaces volent, et les « morts suspectes » déboulent tout aussi rapidement. Dans ce cadre, c’est étonnamment (ou pas) Manjôme Inshû, aka « LA PLUS GROSSE TÊTE DE POURRI DU CUL DE TOUTE LA BD », qui s’en tire le mieux – sur le plan narratif : le bonhomme effondré a même quelque chose… d’émouvant, à l’occasion, qui ne fera que se développer dans la deuxième partie de ce gros septième tome.

 

Et nos héros ? Décidément bien vivants – dernier rappel en date, le bon gros Maruo ! Ils se retrouvent chez Haru Namio, horrible chanteur de l’horrible « Hello ! Hello ! L’Expo ! », hymne à Ami autant qu’à l’Exposition Universelle prévue pour bientôt, en écho de celle, très marquante dans l’histoire du Japon contemporain, qui avait eu lieu à Osaka en 1970 – très justement évoquée dans les moments où la BD se concentrait sur Kenji et ses amis enfants (mais avec comme de juste quelques répercussions par la suite – dont la « Tour du Soleil » déportée). Or Haru Namio, ainsi que nous l’avions appris dans le tome précédent (et ça pour le coup c’était très surprenant), est un ennemi acharné d’Ami – qui complote de longue date sa perte avec son « agent » Maruo. Nous apprenons ici pourquoi – dans une scène qui m’a paru un peu faible au regard de ce qu’elle impliquait, bon…

 

L’essentiel est cependant, encore que cela se passe pour quelque temps d’explications, que nos résistants savent que leur combat ne s’achève pas avec la mort d’Ami. Ils ont bien des choses à faire, car la menace persiste – et les « cahiers de prédictions », le « premier » comme le « nouveau », laissent toujours augurer d’un avenir des plus sombre…

 

L’ÉPIDÉMIE - BIS

 

Cette intuition se révèle bien vite fondée… car une nouvelle épidémie se propage insidieusement de par le monde – une épidémie qu’Ami, mort, ne peut pas stopper ! Et pour laquelle il n’y a pas de vaccin, semble-t-il ; aveu qui, comme de juste, nous est indirectement fait par Kiriko, la sœur de Kenji et mère de Kanna – et nous « savons » que la scientifique a sa part de responsabilité dans l’élaboration du virus du « bain de sang de l’an 2000 ». Ce qui passe ici par une assez longue scène l’opposant à un Yamane décidément inhumain, scène qui, là encore, me paraît un peu décevante au regard de son potentiel.

 

Mais il y a donc une nouvelle épidémie – dont on nous « prédit » qu’elle sera bien pire que la première : elle est destinée à effacer de la surface de la Terre 99 % de l’humanité (parce qu’il y a toujours 1 % qui survit…). Pour l’heure, cependant, elle agit en douce – se limitant à des zones restreintes et vite isolées.

 

Mais de telles zones, on en trouve dans le monde entier… Comme en témoignent deux épisodes plus ou moins « post-apo », en forme de « nouvelles » aux liens très minces avec la trame principale (mais il y a bien de tels liens malgré tout), d’abord dans un trou perdu des États-Unis, ensuite dans une petite ville allemande – le premier est sans doute un peu convenu et presse-bouton, si pas inintéressant, mais le second est vraiment très joli (oui, oui : joli…).

 

La tentative de ramener tout ça dans le cadre japonais est plus ou moins convaincante, par contre – essentiellement via le petit ami d’une copine à Koizumi. Celle-ci adopte plus que jamais un rôle de bouffon, pas totalement désagréable dans un premier temps, d'ailleurs (avec un moment « soap de lycéennes » relativement rigolo) ; en fait, c’est cette fois quand la donne redevient subitement « sérieuse » que ça ne marche plus trop – il pourrait y avoir de vrais enjeux, pourtant, mais en l’état, cela fait un peu l’effet d’une « diversion »… plus encore, en fait, que pour les saynètes américaine et allemande, bizarrement.

 

UN VOLUME 13 EN DEMI-TEINTE…

 

C’est l’effet global de ce volume 13 ; il me semble, à tort ou à raison, peiner à exposer la suite des événements après la mort d’Ami. Il contient plusieurs idées intéressantes, mais globalement sous-exploitées. Bizarrement, c’est peut-être quand il prend le temps de s’éloigner un peu du cœur de l’intrigue qu’il se montre le plus convaincant – avec les petits vieux allemands, ou Koizumi qui souffle un peu en compagnie de ses copines écervelées.

 

En tant que tel, il n’est donc pas mauvais, et on a lu dans les tomes précédents des « mini-arcs » nettement moins bons (suivez mon regard du côté du tome 5 « Deluxe », avec Kanna unifiant les mafieux pour sauver le pape…). Mais il se disperse, et est un peu trop dans l’attente – ce qui, en même temps, au plan de la logique narrative, fait parfaitement sens, certes, mais bon : sentiment mitigé, quoi.

 

… MAIS UN TRÈS BON VOLUME 14

 

Le volume 14 originel m’a bien davantage convaincu. Il est très différent, en même temps… S’il y a bien quelques interruptions çà et là, presque des plans de coupe ou que sais-je, l’intrigue principale reste cependant focalisée sur un même petit groupe de personnages (avec des invités-surprises-ou-pas-vraiment-surprises pour le principe) engagé dans une unique action.

 

RETOUR À L’AMBIGU SIMULATEUR D’AMI

 

Je suppose qu’il n’y a rien d’étonnant, au fond, si cette intrigue-là m’a autant parlé : elle fait en effet appel à une des meilleures idées de la BD à mon sens : le simulateur d’Ami.

 

Nous l’avions déjà vu bien plus tôt, essentiellement avec Koizumi, pour des séquences fortes qui donnaient au personnage gaffeur et égocentré de la petite lycéenne une épaisseur soudaine et bienvenue – en la mêlant, donc, à Kenji et ses copains enfants : c’était, pour la BD, un moyen pertinent de réintégrer dans sa trame narrative complexe les éléments mêmes qui la fondaient à l’origine – une alternative bienvenue aux seuls flashbacks, d’autant plus convaincante qu’elle se montrait d’une extrême ambiguïté.

 

En effet, cette « simple » simulation virtuelle s’avérait rapidement bien plus complexe. Et la BD, via les réactions des personnages à ce procédé, avançait à demi-mots des connotations tout autres : un simple « jeu »… Non. S’agissait-il d’explorer la psyché déviante d’Ami ? N’était-ce pas en même temps quelque chose de plus fort encore, tenant peu ou prou du voyage dans le temps ? Peut-être pas, c’est aller un peu loin… mais les réactions des personnages allaient dans ce sens, et cela ne faisait que rendre le procédé plus fascinant encore – et subtil : l’acte lui-même, et ses représentations, se mêlent donc sans cesse dans cette machine bizarre. S’en suit, en tâche de fond sinon au premier plan, un questionnement de la réalité qu’on aurait forcément envie de qualifier de dickien – et peut-être d’autant plus qu’au fur et à mesure que les « joueurs »… « progressent », de niveau en niveau, ils en viennent, ainsi que leurs contacts « extérieurs » (s’il y a bien un « extérieur » ? Ou si c’est bien le bon mot ?) à envisager avec toujours plus de perplexité ce qui aurait dû être une évidence : la part de mensonge dans tout ça. Sauf que cela ne fait qu’augmenter encore un peu plus leur trouble…

 

LA GLOIRE DE YOSHITSUNÉ

 

Dans le présent volume, Koizumi est largement contrainte (par les « gentils »…) de revivre ce cauchemar – qui avait bien failli lui coûter, sinon sa vie, du moins sa santé mentale ! Mais elle est accompagnée d’emblée par Yoshitsuné – le vieux « commandant » de la Résistance à Ami, qui n’a toutefois jamais pu s’envisager comme tel : bonhomme timoré et hésitant, il ne cesse de répéter qu’il n’a occupé cette fonction que par défaut… Alors, maintenant que ses camarades reviennent l’un après l’autre ?

 

Or Yoshitsuné est un très beau personnage – et ses interrogations, alors qu’il revit « ses » souvenirs de 1971 (mais via la machine d’Ami…), sont bien touchantes. À mesure que l’intrigue avance dans ce tome, à vrai dire, le personnage toujours un peu perdu n’en devient que toujours plus émouvant – jusqu’à l’avant-dernier chapitre, sauf erreur, où se produit enfin l’événement vers lequel il tendait sans doute d’emblée : la confrontation avec le petit garçon qu’il fut… C’est l’apogée de ce volume, un moment très touchant, très bien vu (aussi le peu qui reste encore après ça paraît-il un peu terne, sans doute…). La manière dont Naoki Urasawa fait bifurquer son récit jusqu’à cette rencontre est par ailleurs très habile.

 

COMME SI C’ÉTAIT VRAI ?

 

Et, bien sûr, le comportement de Yoshitsuné adulte, enfoncé dans cette simulation qu’il sait pourtant perverse, au-delà de son seul caractère virtuel, relève là encore de la conviction d’avoir affaire à la vérité – ce qui implique, d’une certaine manière, d’être véritablement revenu en 1971.

 

Et c’est bien pourquoi les personnages rencontrés dans le « jeu » ne sont jamais envisagés comme des « programmes », mais bien comme des êtres vivants à part entière et indépendants du contrôle ou de la volonté de quelque démiurge que ce soit. C’est comme s’ils vivaient même quand personne n’est connecté – ou du moins est-ce ainsi que se comportent les visiteurs avec eux ; aussi ont-ils tendance à « réconforter » les enfants (ou à chercher du réconfort auprès d’eux…), et à leur donner des sortes d’encouragements quant à leur avenir – or qu’est-ce que l’avenir peut bien signifier, pour un programme virtuel ?

 

On en revient à ce point que je trouve décidément très intéressant : à tort ou à raison, les personnages « connectés » se comportent comme s’ils voyageaient véritablement dans le temps – comme s’ils étaient bel et bien retournés en 1971. C’est une ambiguïté fascinante, qui hisse cette longue séquence au niveau des meilleures que contenaient la série jusqu’alors.

 

C’est peut-être d’autant plus vrai que la mise en scène de cette simulation fait intervenir une kyrielle de personnages, autant « joueurs » que « simulés », et qui, éventuellement dans ces deux dimensions à la fois, « profitent » du mensonge pour « s’élever » – moralement le cas échéant.

 

C’est sans doute vrai au premier chef de deux personnages que l’on ne s’attendait pas forcément à trouver ici : Manjôme Inshû, comme Yoshitsuné à la fois PJ et PNJ, si j’ose dire – et qui continue à gagner en âme, lui qui était jusqu’alors l’essence même de l’ordure, et donc forcément dépourvu de quelque chose d’aussi « positif » qu’une âme –, mais aussi, et c’est probablement bien plus surprenant, « Dieu »… Le clochard visionnaire (et astronaute) a donc un passé – mais qui s’exprime bien dans le « mensonge » de la simulation ; or ce passé, au moins « virtuel », le lie ici à Kenji et ses copains, mais quand ils étaient enfants…

 

Kenji qui a d’ailleurs lui aussi sa scène : en écho (annonciateur, en fait) de Yoshitsuné adulte rencontrant (virtuellement ?) Yoshitsuné enfant, nous avons aussi Kanna qui, après avoir rejoint la « partie » sur une impulsion (d’autant plus impérative et cruelle qu’elle se voit maintenant plus que jamais en fille des deux plus grands criminels contre l’humanité que la Terre ait jamais porté), rencontre forcément son oncle Kenji adoré… âgé de dix ans. Scène un peu plus convenue, mais je ne prétendrai certainement pas qu’elle m’a laissé indifférent – d’autant qu’elle fonde bien plus justement le caractère de Kanna : elle est bien, on nous le rappelle in extremis, la nièce de Kenji avant que d’être la fille d’Ami et Kiriko – le sang ne signifie rien, au fond, ou du moins les liens qui comptent n’en dépendant pas forcément tant que ça…

 

THRILLER MALGRÉ TOUT…

 

Toutefois, tous ces moments – qui à mon sens font toute la valeur de ce tome 7 « Deluxe » – sont suscités par une intrigue plus « directe », et plus ou moins enthousiasmante, elle : il s’agit, plus que jamais, de percer les secrets d’Ami-Fukube, en rapport avec un « drame enfantin » essentiel, ramenant bien plus avant dans la BD : qu’a donc vu Donkey dans la salle de sciences ? La part de fantasme et (au sens le plus strict, d’ailleurs) de « reconstitution » permet à ce fil rouge bien plus thriller de fonctionner assez bien, même si la BD gagne surtout en intérêt lors des séquences les plus émouvantes qui parsèment cette « progression ».

 

… HÉLAS AVEC DES GROS SABOTS

 

Et ce même si, dans cette optique, Naoki Urasawa recourt à l’occasion aux « gros sabots », une fois de plus – d’autant que certains procédés narratifs sont un peu trop « malhonnêtes » pour vraiment convaincre (en l’espèce – car la « malhonnêteté », dans les meilleurs des épisodes précédents, pouvait être délicieusement ludique, à la manière des mauvaises blagues de Shintarô Kago dans Fraction, pour citer une lecture récente).

 

Ainsi de ces personnages « extérieurs » qui répètent les mêmes choses à longueur de cases : c’est dangereux ! Il y a un intrus ! Il va très vite ! Mais alors vraiment très vite ! C’est incroyable à quel point il va vraiment très très vite ! D’ailleurs je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais j’ai dit qu’il allait vraiment très très très vite, et c’est pour dire que ça va foncièrement hyper vite ! Ces personnages donc sont bien vite (vraiment très très vite !) très très pénibles… Quant à l’ultime invité-surprise-ou-pas-tant-que-ça, bon… Mais ces menus défauts ne suffisent heureusement pas à disqualifier la BD.

 

De même, d’ailleurs, pour les (brèves, heureusement) séquences « totalement extérieures » de ce tome 14 originel, qui abusent pourtant d’un procédé très semblable, et qui saoule encore davantage, si ça se trouve : du côté des « gentils » comme des « méchants », on croise des personnages qui « voient quelqu’un » (que nous ne voyons pas – ce jeu sur les spécificités de la BD a pu être très intéressant, mais là on fait plus que lorgner sur l’abus…), et qui, dans les cases ultérieures, alors qu’ils réintègrent leur microcosme, ne disent rien d’autre que : « Je l’ai vu ! Je l’ai vu ! » Sans nous dire qui, bordel, même si, bon…

 

PLUTÔT HAUT QUE BAS

 

Reste que, en faisant la part de ces défauts, l’essentiel de la BD, cette fois, convainc – et fait même sans doute plus que cela. On peut y voir la confirmation de ce que ça marche – ou du moins que ça marche de temps en temps, suffisamment tout de même pour qu’on ait envie de poursuivre une série peut-être par essence inégale. Mais, globalement, dans ce tome 7 « Deluxe », et surtout pour sa deuxième partie donc, on est bel et bien dans les hauts – qui peuvent à l’occasion être vraiment très hauts.

 

Mais les hauts s’accompagnent de bas… Reste à espérer que le tome 8 « Deluxe », dont je suppose qu’il marquera la fin de ce « second arc » de la série, ne tombe pas « trop » bas, en revenant sur cet improbable complot portant sur l’assassinat du pape…

 

Mais Naoki Urasawa est donc toujours capable de me surprendre – et en bien, figurez-vous. Alors espérons…

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