CR Imperium : la Maison Ptolémée (22)
Vingt-deuxième séance de ma chronique d’Imperium.
Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance là. La séance précédente se trouve ici.
Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Ipuwer, le jeune siridar-baron de la Maison Ptolémée, sa sœur aînée et principale conseillère Németh, l’assassin (maître sous couverture de troubadour) Bermyl, et le Docteur Suk, Vat Aills.
I : REPAS DE FAMILLE
[I-1: Ipuwer, Németh : Dame Loredana ; Namerta] Ipuwer et Németh, le soir, dînent en compagnie de leur mère, Dame Loredana – c’est un repas de famille, sans personne d’autre ; les valets servent, mais ne s’attardent pas. Ipuwer ayant pris cette initiative, il se dit ravi que la famille se rassemble ainsi – cela n’était pas arrivé depuis longtemps : depuis la mort de Namerta, en fait… D’où cette impression des convives qu’il manque quelqu’un à table… Dame Loredana, en effet, s’était alors très vite retirée auprès des sœurs du Bene Gesserit. Elle est assez morose, d’ailleurs, et ne prend pas la parole d’elle-même. Németh en a bien conscience, et s’inquiète de sa santé – mais rien de grave : elle est seulement perdue dans ses pensées.
[I-2 : Ipuwer, Németh : Dame Loredana] Ipuwer ne s’attarde toutefois pas sur les courtoisies de rigueur : ils ont à parler d’affaires pressantes. Il embraye aussitôt sur le Continent Interdit, si tardivement abordé par les Ptolémée – un endroit étrange, aux phénomènes climatiques déroutants… Dame Loredana lui demande des précisions concernant ces derniers. Ipuwer évoque son voyage à l’intérieur des terres, confirmé par d’autres sources : il y a au milieu du désert une tempête colossale, de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre, et qui ne bouge pas : elle semble avoir toujours été là – la tribu des sœurs du Mausolée l’a confirmé – et sa force prohibe toute approche à l’aide d’un ornithoptère. Dame Loredana se tourne alors vers Németh : était-elle au courant ? Elle dit n’avoir appris cela que suite au rapport de son frère – cela remonte à quelques heures à peine. Dame Loredana la fixe du regard pendant quelques instants, puis acquiesce d’un hochement de tête. Németh dévie la conversation : ils suspectaient depuis quelque temps des activités louches de la part de la Guilde des Navigateurs…
[I-3 : Németh : Dame Loredana] Németh dit à ce propos à Dame Loredana qu’elle compte frapper un grand coup, très prochainement, en abolissant le tabou concernant le Continent Interdit – il est absurde qu’une lubie religieuse prohibe aux Ptolémée l’accès à la moitié de leur planète ! Dame Loredana concède que cette règle est invraisemblable, et qu’il est difficile de croire qu’elle ait pu si longtemps être appliquée, au point où les services de renseignement de la Maison ne savaient absolument rien de ce qui se passait sur le Continent Interdit ; comment concevoir qu’ils aient pu être de tels fanatiques religieux ? Un tabou si vieux, de plusieurs millénaires...
[I-4 : Németh : Dame Loredana ; Taestra Katarina Angelion] Dame Loredana demande alors à Németh si elle a parlé de tout cela avec la Révérende Mère Taestra Katarina Angelion ; peut-être aurait-elle des choses à dire à ce propos… Németh admet qu’elle avait eu une conversation très intéressante avec elle, et comptait s’en entretenir dès que possible – tout en refusant qu’une quelconque faction extérieure fasse ingérence dans les affaires de la Maison Ptolémée. Dame Loredana ne la contredit pas, mais lui recommande de compter ses alliés…
[I-5 : Ipuwer, Németh : Dame Loredana ; Namerta, Suphis Mer-sen-aki, Bahiti Arat] Concernant ces alliés, au niveau stratégique, Ipuwer a d’autres choses à dire – en étant bien conscient qu’il n’est pas le plus à même d’œuvrer utilement au regard de la diplomatie ou de la popularité : il sait que la population de Gebnout IV le méprise, il a auprès de ses sujets « la cote de popularité d’un crapaud lépreux » ; ils semblent vénérer des « zombies »… dont Namerta (il ne dit pas « son père ») ; Quel miracle plus grand offrir à la foule ? L’ouverture du Continent Interdit risque d’autant plus de poser problème : ce satané grand prête, Suphis Mer-sen-aki, va sans doute leur mettre des bâtons dans les roues (peut-être le Culte Officiel dispose-t-il de caches d’armes ?), sans même parler de la folle Bahiti Arat et de ses zélotes… Tous seraient ravis de lui faire la peau ! Dame Loredana se surprend, de parler autant – mais elle ressent le besoin de s’impliquer. Concernant le Culte Épiphanique du Loa-Osiris, elle ne partage pas les craintes de son fils : ils s’opposeront à la levée de l’interdit pour la forme, certes… Mais le Culte est divisé – face au courant orthodoxe, c’est la déviation résurrectionniste qui est vraiment problématique ; dans l’optique de compter ses alliés, la branche orthodoxe pourrait s’avérer déterminante (si le grand prêtre lui-même n’est sans doute qu’un pantin). Mais il s’agit bien d’éviter de verser pour autant dans l’inquisition, ce qui serait suicidaire... Par ailleurs, aussi médiocre soit Suphis Mer-sen-aki, son affaiblissement risquerait de renforcer d’autant son opposition la plus radicale… Prudence, donc – pas par égard pour lui, mais au regard des conséquences éventuelles de toute vexation à son encontre. Dame Loredana saurait-elle qui, dans le mouvement orthodoxe, pourrait leur être utile ? Non, elle ne sait pas – du vivant de Namerta, elle ne s’impliquait guère en politique, et le Culte, jusqu’à ces dernières semaines, n’était guère plus qu’un élément du décor… Des « fonctionnaires efficaces » pourraient faire l’affaire – peut-être surtout ceux qui, à l’instar de telle compagnie religieuse de l’ancienne Terre, sont pragmatiques, et pas excessivement étouffés par les scrupules… Németh redoute autant qu’Ipuwer le risque que la dissension religieuse tourne à la guerre civile, mais elle sait que c’est un risque à prendre – ils sont dos au mur…
[I-6 : Ipuwer, Németh : Dame Loredana ; Abaalisaba Set-en-isi, Labaris Set-en-isi, Cassiano Drescii, Lætitia Drescii] Ipuwer dit alors à Németh qui sait qu’elle compte s’entretenir avec Abaalisaba Set-en-isi – éminent historien et brillant avocat, que Namerta avait récompensé pour ses indispensables services en élevant sa famille au rang de Maison mineure – la seule de Gebnout IV à être orientée vers la diplomatie. Il l’approuve – et l’ouverture du Continent Interdit rendra sans doute son aide plus précieuse, à mesure que leurs ennemis se découvriront. Ipuwer recommande à Németh de faire venir également son proche ami Labaris Set-en-isi. Peut-être faudra-t-il aussi prendre l’initiative à la CHOM, face aux magouilles de la Guilde ? Il y a ces questions de cargaisons suspectes, passant par les Maisons mineures commerçantes… Németh évoque aussi les clones du Bene Tleilax… Il faudra se coordonner, c’est certain, et prendre des mesures de sécurité très draconiennes – une action auprès de la CHOM devra peut-être être envisagée, oui. Ipuwer souhaite contrôler plus efficacement les vols orbitaux à destination de Gebnout IV. Il évoque aussi Cassiano et Lætitia Drescii – insultés eux aussi, comme la Maison Ptolémée ; peut-être faudrait-il alors s’associer à la Maison Ophélion, pour démasquer les usurpateurs qui leur ont fait tant de tort ? Németh était indécise à ce propos, mais elle abordera cette question avec Abaalisaba Set-en-isi. Mais Dame Loredana rappelle que les relations entre la Maison Ptolémée et la CHOM sont par nature houleuses…
[I-7 : Ipuwer : Dame Loredana ; Iapetus Baris, Namerta, Abaalisaba Set-en-isi] Et la CHOM n’est de toute façon pas de taille à faire face à la Guilde, si c’est bien la Guilde qui pose problème. Ipuwer propose d’en référer à l’empereur, mais, un peu condescendante, Dame Loredana lui répond que même l’empereur est un jouet entre les mains de la Guilde – et qu’il le sait très bien. Oui ; mais on ne peut pas laisser la Guilde s’impliquer de la sorte dans les affaires de Gebnout IV ! Qui serait de taille à lutter contre la Guilde… si ce n’est la Guilde elle-même ? Ce « gros têtard » de Iapetus Baris agit peut-être seul… C’est leur seule chance – que la Guilde règle alors le problème en interne. Ce serait tellement préférable à toute autre opportunité que Dame Loredana n’ose guère y croire… Mais elle ne peut pas l’écarter, en effet. Ipuwer poursuit : la Guilde a des avantages sur le Continent Interdit. Si c’est toute la Guilde qui est impliquée sur Gebnout IV, et que tous les Navigateurs comptent faire de la Maison Ptolémée leur putain, il faudra trouver à négocier avec eux, en leur fournissant des atouts hors de portée de leurs ennemis. Pour Dame Loredana, c’est donc une autre forme de prostitution… mais, oui, une possibilité à envisager. Le fait demeure : comme Ipuwer le sait très bien, si la Guilde peut se passer de la Maison Ptolémée, l’inverse n’est pas vrai. Oui – peut-être est-ce pour cela que la Guilde compte le remplacer à la tête de la Maison Ptolémée par le « zombie », ou le « clone », de son père Namerta… Dame Loredana reprend son fils : il devrait mesurer ses accusations ; certes, ils sont ici dans un cadre privé et protégé… Mais ils n’ont pas de preuves : même un brillant avocat tel Abaalisaba Set-en-isi ne pourrait rien faire sans preuves, a fortiori face à la Guilde ! Ipuwer atténue ses propos : il ne parlait pas forcément de la Guilde, mais plus globalement de leurs ennemis – le Bene Tleilax étant donc de la partie, ou plus généralement des scientifiques peu délicats avant les interdits du Jihad Butlérien. Mais la Guilde est en affaires avec eux, quels qu’ils soient, et que la Guilde soit totalement impliquée, ou seulement en partie. Dame Loredana rappelle à Ipuwer que la fortune de la Maison Ptolémée tient pour l’essentiel à ses manières de s’accommoder des prescriptions du Jihad Butlérien… Changer radicalement la politique de la maison à cet égard lui paraît douteux – et un peu « léger »… Très sceptique, elle baisse les yeux devant les suggestions d’Ipuwer à cet égard. Quoi qu’il en soit, ils manquent de preuves.
[I-8 : Németh, Ipuwer : Dame Loredana ; Cassiano Drescii] Németh remercie Dame Loredana de leur avoir fait part de ses lumières. Comme elle le sait, Ipuwer et elle doivent gérer au jour le jour les affaires de la Maison Ptolémée ; le recul dont leur mère fait preuve est plus qu’appréciable. Németh affirme ensuite qu’elle a maintenant pleinement conscience en Cassiano Drescii – et, dans l’éventualité où il faudrait s’associer avec la Maison Ophélion, un bon ambassadeur serait appréciable : qui mieux que Dame Loredana pourrait accomplir cette tâche ? Au fait des intérêts de la Maison Ptolémée, elle est en outre de taille à renforcer la vieille alliance entre les deux Maisons nobles… Dame Loredana semblait toujours prête à interrompre Németh, au motif habituel qu’elle ne serait pas une politique… Mais, à y réfléchir, ses yeux brillent à l’évocation de la Maison Ophélion : Dame Loredana semble considérer que sa fille a raison… Németh, qui le perçoit bien, adresse à sa mère un sourire complice ; elle en discutera avec Cassiano Drescii, et on verra plus tard…
[I-9 : Ipuwer, Németh : Dame Loredana ; Clotilde Philidor, Anneliese Hahn] Ipuwer, alors que les convives semblent prêts à se séparer, veut aborder rapidement un dernier point : il a rencontré leurs invitées Delambre – d’abord Clotilde Philidor, ensuite Anneliese Hahn ; la première est une fleur délicate, et habile à la balisette, tandis que la seconde est une ronce, aussi vulgaire avec sa langue qu’élégante avec son sabre… Il en vient au fait : aura-t-on besoin de lui durant les trois ou quatre prochains jours ? Dame Loredana est très surprise, mais se tourne vers Németh, sans un mot ; Németh suppose qu’Ipuwer est assez grand pour gérer ses relations galantes sans que cela empiète sur ses obligations politiques du moment, cruciales… Mais il y a un malentendu : il ne comptait pas fuir ses responsabilités ! Simplement, il ne coupera pas à un duel « public » avec Anneliese Hahn – il le lui doit ; et, au vu de son grand talent d’escrimeuse, il suppose qu’il pourrait bien en sortir blessé, au moins pour quelques jours… C’est d’ailleurs pourquoi il s’en est tenu, lors de leur précédente rencontre, au premier sang – pas question de rater cette réunion familiale ! Dame Loredana a tout de même l’air assez énervée : « Ipuwer, croyez-vous que vous pouvez vous permettre d’être humilié, en public, de la sorte, et qui plus est par une femme ? » Ipuwer suppose que c’est un risque à prendre – et qu’il n’a guère le choix. Németh s’interroge sur l’assistance lors du précédent duel ; Ipuwer répond qu’il y avait un garde – amplement suffisant pour propager une rumeur… Mais très bien ! Il attendra – ce qui ne fera qu’augmenter la déception de la Delambre…
II : CONFIDENCES ENTRE TROUBADOURS
[II-1 : Bermyl : Ipuwer, Namerta] Bermyl a passé une mauvaise nuit ; déjà affecté par ses entretiens et comédies avec Ipuwer, il a ensuite assisté à l’apparition de Namerta, qui ne le laisse pas indifférent ; le personnage – qu’il a bien vu, comme tel, aucun doute à ce propos – est toujours d’un incroyable charisme et, d’une certaine manière, Bermyl a apprécié les mots agréables du défunt siridar-baron le concernant… Mais, en même temps, cela l’a intrigué : ce Namerta est « trop » positif – en tant que tel, il ne peut s’empêcher de trouver qu’il sonne faux… Et ce en dépit des choses dites lors de cette brève rencontre, des choses que seul le vrai Namerta pouvait savoir – et Bermyl ne pouvait que regretter cette époque : ses relations avec Namerta étaient bien meilleures que celles qu’il a eu depuis avec Ipuwer... Bermyl est donc très partagé – mais domine la conviction d’avoir fait face à quelque chose de « pas naturel », et donc suspect.
[II-2 : Bermyl : Nadja Mortensen] Le lendemain matin, Bermyl prend l’initiative de revoir Nadja Mortensen, la troubadour impériale – mais cette fois en jouant franc-jeu : il s’agirait de lancer une alerte auprès de la Maison Corrino… Il sait comment la contacter, depuis leur voyage ensemble à Memnon. Elle est de retour à Cair-el-Muluk ; la retrouver n’est pas un problème, et ils conviennent d’un rendez-vous dans la matinée, dans un des grands jardins bordant le Palais – où les musiciens exercent leur art en public, dans des kiosques.
[II-3 : Bermyl : Nadja Mortensen] Ils se retrouvent donc vers 11h dans ledit jardin – un endroit très agréable, parcouru de canaux, et orné de semblants de bosquets, si rares sur cette planète. Quand Bermyl la repère, Nadja a sa balisette, mais, pour l’heure, ne joue pas : elle écoute un musicien, honnête mais guère plus, et semble s’ennuyer quelque peu… Bermyl (qui s’est lui aussi muni de sa balisette) l’accoste, et lui propose de gagner un kiosque – et d’y jouer un peu, avant d’échanger quelques nouvelles ? Elle acquiesce, souriante.
[II-4 : Bermyl : Nadja Mortensen ; Ipuwer, Clotilde Philidor] Ils prennent place, et Bermyl commence à jouer un air classique et mélancolique… mais c’est assez calamiteux : il produit quelques couacs, qui font instinctivement crisser la troubadour impériale. Bermyl lâche l’affaire : il n’a décidément pas la tête à ça. Nadja Mortensen lui dit qu’elle avait eu vent d’une rumeur, voulant qu’Ipuwer l’ait incité à pratiquer davantage, et peut-être le siridar-baron avait-il raison… Bermyl n’est en rien vexé – il sait de toute façon être bien moins doué qu’elle à la balisette. Il a d’ailleurs rencontré une autre excellente musicienne, du nom de Clotilde Philidor – qui l’a par ailleurs averti de menaces concernant, le cas échéant, sa propre sécurité au Palais. Bermyl montre à Nadja Mortensen, bien consciente de ce que l’introduction à la balisette n’était qu’un prétexte, un cône de silence, qu’il enclenche.
[II-5 : Bermyl : Nadja Mortensen ; Clotilde Philidor] Une fois la conversation sécurisée, Nadja Mortensen dit avoir effectivement entendu parler de cette Clotilde Philidor – habile à la balisette, chanteuse douée… Elle aurait donc d’autres qualités encore ? Oui – quelque chose qui tiendrait presque de la prémonition… Mais il aimerait parler d’autre chose : depuis son arrivée sur Gebnout IV, Nadja Mortensen sait sans doute très bien que Bermyl n’est pas vraiment un troubadour – et Bermyl de son côté sait très bien que la jeune femme n’est pas venue sur Gebnout IV pour jouer de la balisette. Jouons franc-jeu ! Perspective qu'elle accueille avec un sourire.
[II-6 : Bermyl : Nadja Mortensen ; Rauvard Kalus IV] Bermyl sait qu’il se passe sur Gebnout IV des choses qui dépassent la seule Maison Ptolémée – le retour des morts, les découvertes sur le Continent Interdit… Ce dernier sujet fait tendre instinctivement l’oreille à Nadja Mortensen (elle n’avait pas réagi à l’évocation du retour des morts). A quel point est-elle consciente de la gravité des derniers événements ? Elle hésite – d’autant qu’elle n’a guère de raisons de confier à Bermyl tout ce qu’elle sait. La Maison Corrino est au courant de bien des choses ici – à tel point d’ailleurs qu’elle a dépêché d’autres agents sur la planète, qu’elle ne connaît pas et dont elle ne sait rien elle-même. Mais elle a toute latitude pour une « discussion entre agents » : il ne s’agit sûrement pas d’impliquer officiellement la Maison Corrino. Impliquer le Landsraad et la CHOM ne pourrait cependant qu’être néfaste aux Ptolémée guère estimés dans ces assemblées : c’est bien avec la Maison impériale que Bermyl peut arranger les choses. Si la Maison Corrino ne peut pas intervenir directement, peut-être pourrait-elle cependant lui faire part de renseignements utiles ? Concernant les affaires religieuses, les violations du Jihad Butlérien… Des choses qui dépassent la Maison Ptolémée – mais parce que ce sont des sujets centraux, qui importent à l’Imperium dans son ensemble. Nadja Mortensen tique parfois – quand Bermyl se montre moins franc qu’il le prétend, sans la tromper pour autant… Mais Bermyl offre ses services le cas échéant. Elle suppose qu’ils peuvent déjà convenir d’échanges réguliers… Pour l’heure, elle ne peut pas en fait dire grand-chose ; et si elle a mentionné l’existence d’autres agents impériaux, c’est parce qu’on lui avait autorisé à le dire. Ces agents enquêtent de leur côté, et elle n’en sait rien de plus – un fonctionnement en cellules, le genre de choses que Bermyl connaît bien. Il faut donc espérer que les informations remontent, puis redescendent via Nadja Mortensen – ou un autre agent en mesure d’entrer en contact avec Bermyl. Pour le moment, c’est un peu tôt : elle peut garantir que la Maison Corrino s’intéresse à ce qui se passe sur Gebnout IV – et, finit-elle par lâcher, l’empereur Rauvard Kalus IV semble pencher du côté de la Maison Ptolémée dans cette affaire ; espérons que la Maison Ptolémée, ou son siridar-baron guère compétent, ne fasse rien pour changer la donne… Car elle y perdrait son plus précieux allié.
[II-7 : Bermyl : Nadja Mortensen ; Namerta] Bermyl change alors de ton – pour s’éloigner du formalisme des émissaires en pleine discussion diplomatique, afin qu’ils s’impliquent tout deux plus personnellement. Il lâche ainsi à Nadja qu’il a vu Namerta – vraiment vu ; et c’était bien lui, même si peut-être plus jeune, plus beau… Comment font-ils donc ? C’est bien pourquoi il a décidé d’en parler à la Maison Corrino… Nadja, qui avait réagi au changement d’attitude de Bermyl par la raillerie, via un air de balisette éloquent, redevient plus sérieuse que jamais à l’évocation de Namerta. Mais elle attend visiblement qu’il lui en dise plus. Bermyl évoque leur relation personnelle, rappelée par Namerta – sur un air de connivence et de respect. Il y a tout autour de lui un « réseau de prosélytes », parfaitement organisé, et qui sélectionne de nouvelles recrues – ces « prosélytes » semblent faire partie des « ressuscités ». Sans doute ce réseau couvre-t-il tout Gebnout IV… Nadja est perplexe – cette fois, elle ne sait vraiment pas que répondre. Elle recontactera Bermyl – c’est bien le genre d’informations qui doit remonter, puis redescendre… par elle, elle l’espère. Bermyl n’en démord pas, cependant, et répète sa question : comment font-ils ça ? Nadja comprend que ce « ils » ne désigne personne précisément. Elle le prend visiblement au sérieux, mais, là encore, ne sait que répondre ; elle va se renseigner. Elle a l’air gênée… D’habitude, elle est bien plus sûre d’elle, d’où son ton badin, mais elle sait cette fois que tout cela est grave et inquiétant. Elle ne savait donc pas pour Namerta ? Il y avait des rumeurs… mais qu’un agent essentiel des Ptolémée lui en parle, en lui assurant que la rumeur disait vrai, c’était une chose à laquelle elle ne s’attendait pas.
[II-8 : Bermyl : Nadja Mortensen] Bermyl se surprend de prendre autant d’initiatives, mais, maintenant qu’il est lancé, il poursuit : il y a tout lieu de croire que la Guilde est impliquée. Éventualité terrifiante… Mais des trafics passent sous le nez des Ptolémée… Nadja Mortensen lui dit qu’il lui faut en dire plus – dans cette affaire, surtout si la Guilde est en cause, il lui faut du concret – de simples rumeurs ne suffiront pas. Bermyl parle des trafics mis en évidence, sur la lune de Khepri, par Ra-en-ka Soris. Mais qu’est-ce au juste, et où est-ce aujourd’hui ? Ils n’en savent rien – mais la Guilde en sait forcément beaucoup plus. La préoccupation dépasse en tout cas Gebnout IV. Nadja Mortensen, perplexe, et sans doute un peu inquiète, dit qu’elle va faire remonter le nécessaire, et au plus tôt. Bermyl espère qu’ils pourront en discuter quand elle en saura davantage – en espérant qu’ils soient encore vivants. Pour Bermyl, ce n’est pas une blague – et Nadja Mortensen le comprend très bien ainsi.
[II-9 : Bermyl : Nadja Mortensen] Avant de quitter la zone de silence, Nadja Mortensen prend bien soin de recomposer son apparence normalement plus enjouée ; la manière dont elle y parvient impressionne Bermyl, pourtant doué en la matière. Quand elle s’est éloignée de quelques mètres, Bermyl l’interpelle : « Je vous promets de m’exercer à la balisette ! » Elle lui adresse un aimable sourire, et s’en va. Bermyl retourne dans ses quartiers, pour méditer tout cela.
III : LA POÉSIE EST LA MENACE
[III-1 : Vat, Ipuwer : Hanibast Set ; Ludwig Curtius, Anneliese Hahn] Le Docteur Suk Vat Aills est rentré sur Gebnout IV avec Hanibast Set ; il s’est reposé durant le trajet, et a laissé le Conseiller Mentat à l’institution psychiatrique adéquate. Il va ensuite à la rencontre d’Ipuwer, sur les coups de 11h du matin – après l’entraînement du siridar-baron avec son maître d’armes Ludwig Curtius (il s’en est plutôt bien tiré – mais n’est pas très content de sa performance : il faudra bien davantage pour se mesurer à nouveau avec Anneliese Hahn). Mais Ipuwer a l’air en forme – surtout de si bon matin. Il suppose que cela vient de sa consommation d’épice : à mesure que son régime se développe, il a de moins en moins envie de boire ou de recourir à d’autres drogues… Vat lui suggère cependant de ne pas en prendre trop : l’accoutumance à l’épice a ses effets pervers.
[III-2 : Vat, Ipuwer : Hanibast Set, Németh] Vat confirme à Ipuwer que Hanibast Set est dans un piètre état, et qu’il a fallu l’hospitaliser. Ipuwer le savait, sans rentrer dans les détails ; il a par ailleurs consulté les notes du Mentat – qu’il se repose, il en a bien besoin ; mais il va donc falloir faire sans lui pour quelque temps… Faut-il envisager de « commander » un nouveau conseiller auprès de l’Ordre des Mentats ? La liste d’attente est longue, ainsi que Vat en fait la remarque à Ipuwer… Il faudra consulter Németh à ce propos.
[III-3 : Vat, Ipuwer : « Cassiano Drescii », Hanibast Set] Vat suggère par ailleurs de sécuriser les carnets de « Cassiano Drescii » : ils ne sont a priori pas dangereux pour qui n’est pas Mentat, mais on ne sait jamais… Par ailleurs, ils disposent, dans les notes de Hanibast, du texte intégral du poème, lui aussi inoffensif en tant que tel.
[III-4 : Vat, Ipuwer : Hanibast Set, Németh] Mais, en fait de notes du Conseiller Mentat, Ipuwer a pour l’heure surtout consulté celles portant sur les cartes des Atonistes de la Terre Pure. Vat rebondit sur le sujet : il a fait un voyage orbital autour de Gebnout IV. La lune Safiya n’a rien apporté d’intéressant, toutefois… Ipuwer suppose que cette petite excursion touristique n’a pas forcément été vaine ; en fait, Safiya pourrait être l’occasion de mettre en place un système de surveillance… Vat a donc constaté, après cela, les particularités du Continent Interdit ? Oui – et cette colossale tempête l’a impressionné. Mais il faut sans doute en apprendre davantage avant de décider de toute action. Vat est choqué que la Maison Ptolémée soit aussi ignorante de ce qui se passe sur la moitié de sa planète… Pour lui, il faudrait avancer la date du colloque organisé par Németh. Ipuwer l’approuve – mais l’affaire est compliquée…
[III-5 : Ipuwer, Vat : Hanibast Set, « Cassiano Drescii »] Ipuwer, en présence du Docteur Suk, consulte les notes de Hanibast Set contenant le poème intégral masqué sous les séquences dans les carnets de « Cassiano Drescii » :
Voyez ! c’est nuit de gala dans ces derniers ans solitaires ! Une multitude d’anges en ailes, parée du voile et noyée de pleurs, siège dans un théâtre, pour voir un spectacle d’espoir et de craintes, tandis que l’orchestre soupire par intervalles la musique des sphères.
Des mimes avec la forme du Dieu d’en haut chuchotent et marmottent bas, et se jettent ici ou là, – pures marionnettes qui vont et viennent au commandement de vastes choses informes, lesquelles transportent la scène de côté et d’autre, secouant de leurs ailes de Condor l’invisible Malheur.
Ce drame bigarré – oh ! pour sûr, on ne l’oubliera, avec son Fantôme à jamais pourchassé par une foule qui ne le saisit pas, à travers un cercle qui revient toujours à une seule et même place ; et beaucoup de Folie et plus de Péché et d’Horreur font l’âme de l’intrigue.
Mais voyez, parmi la cohue des mimes, faire intrusion une forme rampante ! quelque chose de rouge sang qui sort, en se tordant, de la solitude scénique ! Se tordant, – se tordant, avec de mortelles angoisses, – les mimes deviennent sa proie et les séraphins sanglotent de ces dents d’un ver imbues de la pourpre humaine.
Éteintes ! – éteintes sont les lumières, – toutes éteintes ! et, par-dessus chaque forme frissonnante, le rideau, drap mortuaire, descend avec un fracas de tempête, et les anges, pallides tous et blêmes, se levant, se dévoilant, affirment que la pièce est la tragédie L’Homme : et son héros, le Ver Vainqueur.
[NB : il s’agit du poème d’Edgar Allan Poe Le Ver Vainqueur, dans sa traduction française par Stéphane Mallarmé.]
[III-6 : Vat, Ipuwer : Hanibast Set, Németh, « Cassiano Drescii »] Pour Vat, ça n’a ni queue ni tête – tel le ver du titre, en fait. Celui qui a écrit cette chose a dû abuser du jus de sapho ou de quelque autre drogue ! Mais il reconnaît certains passages, qui figuraient dans les boucles que répétait sans cesse Hanibast Set (d’abord la strophe « Des mimes avec la force du Dieu... », puis la première, « Voyez ! c’est nuit de gala... »). Que faut-il penser de tout ça ? Ipuwer parle des serpents de Gebnout IV ; Vat suppose que le Ver pourrait y faire référence, animal en outre insignifiant, mais qui aère les terres pour les cultures… Mais ni l’un ni l’autre ne sont très portés sur la poésie : en l’état, ils n’y comprennent rien… Il faudra en parler à Németh. D’ici-là, le texte sera sécurisé, ainsi que les notes initiales de « Cassiano Drescii ».
[III-7 : Vat, Ipuwer : Hanibast Set, « Cassiano Drescii »] Par ailleurs, il faudra que le Docteur Suk consulte les notes de Hanibast Set sur les cartes des Atonistes de la Terre Pure. Ipuwer s’y est essayé, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec les cartes stratégiques sur lesquelles il travaillait à l’école militaire... Vat relève qu’il s’agit là encore d’un schéma extrêmement complexe – qui, en tant que tel, peut d’ailleurs rappeler le « code » des carnets de « Cassiano Drescii » ; au risque de produire les mêmes conséquences ? Le Conseiller Mentat supposait qu’il pourrait mieux comprendre ce schéma en se rendant sur place, aux environs du Mausolée du Continent Interdit notamment – mais il est donc pour l’heure cloîtré dans une unité psychiatrique. Ipuwer et Vat entendent encore une fois se rendre auprès de Németh pour évoquer toutes ces questions.
IV : LES RÉVÉLATIONS DANS LES LAMES
[IV-1 : Németh : Ipuwer, Dame Loredana, Linneke Wikkheiser, Cassiano Drescii, Taestra Katarina Angelion] Petit flashback : après son repas avec Ipuwer et Dame Loredana, Németh décide, avant de se coucher, de faire usage du Tarot de Gollam – pour la première fois depuis que ses capacités prescientes se sont manifestées (elle aimait déjà avant les jolies lames du Tarot de Gollam, et avait souvent vu, enfant, sa mère Dame Loredana « jouer » avec).
TIRAGE
Carte Senestre (circonstances défavorables, obstacles) : la Machine. Cette carte peut désigner la technologie, ou, de manière plus métaphorique, les rouages de tout système (et c’est pourquoi certains fanatiques du Jihad Butlérien considèrent le Tarot de Gollam douteux par rapport à leurs préceptes).
Carte Haute (principale voie qu’empruntera le futur, moteur de la destinée) : le Vaisseau. Cette carte est souvent associée à la Guilde des Navigateurs, mais peut renvoyer en fait à n’importe quel forme de périple, ou type de voyageur.
Carte Dextre (opposée à la senestre : circonstances favorables, actions à accomplir, avantages dont tirer partie) : les Amants. Cette carte peut désigner l’amour, ou, dans un sens plus large, l’harmonie, ou encore l’attraction entre deux parties ; elle peut aussi, dans l’absolu, témoigner du risque d’être aveuglé par ses propres passions, mais, en l’espèce, la carte ayant été tirée en Dextre, cela paraît peu probable.
Carte Basse (voie secrète ou latente pour agir, ennemi caché, voie alternative à la Carte Haute, ou seconde voie si elle échoue) : la Pythie. Cette carte est souvent associée au Bene Gesserit, mais, de manière plus large, peut désigner la Prescience, ou encore le prescient lui-même.
INTERPRÉTATION DE NÉMETH
La Carte Senestre, la Machine, parait assez claire pour Németh. Pour elle, la Machine désigne le Bene Tleilax – à moins qu’elle ne renvoie aussi à Linneke Wikkheiser, issue d’une maison notoirement techno-progressiste ? Déjà obsédée par l’attitude hostile de la Wikkheiser, Németh y voit une raison supplémentaire de s’en méfier : il faut savoir ce qu’elle manigance au juste à Memnon ! Toutefois, le danger global, à ses yeux, renvoie bien au Bene Tleilax. À titre personnel, Németh envisage cependant une autre interprétation possible : elle a toujours adopté un rôle de marraine des sciences – peut-être faut-il en déduire qu’elle doit bien prendre garde à ne pas jouer avec le feu ?
Concernant la Carte Dextre, les Amants, qu’elle préfère envisager avant la Haute, car elle se sent plus sûre d’elle pour cette lame indiquant les « circonstances favorables », Németh est confortée dans l’idée, au cœur de son repas avec Ipuwer et Dame Loredana, qu’il leur faut compter leurs alliés. Elle pense tout d’abord à la Maison Ophélion, éventuellement au Bene Gesserit (en dépit de sa méfiance instinctive pour l’ordre). Mais la carte des Amants peut aussi évoquer les affaires matrimoniales d’Ipuwer… Là encore, Németh est toutefois ramenée, de manière éventuellement inattendue, à une interprétation la concernant elle-même à titre personnel : il y a quelque temps de cela, Dame Loredana semblait regretter que sa fille n’ait pas conclu un nouveau mariage – ne pensera-t-elle donc jamais à elle ? Ce tirage du Tarot de Gollam la contraint en fait à se poser la question… Y a-t-il, notamment, un lien avec Cassiano Drescii ? Mais elle entend s’en faire un allié, non à nouveau un amant…
La Carte Haute, le Vaisseau, lui paraît plus problématique : elle s’attendait à ce que la Guilde constitue une opposition, en Senestre… Peut-être faut-il se montrer prudente, avant de la considérer unilatéralement comme étant une ennemie ? Mais, en sortant de la logique des oppositions Dextre et Senestre, elle peut tout de même représenter la menace essentielle, en tant que « moteur de la destinée »… Cela dit, la carte renvoie aussi au « périple » : cela pourrait désigner des ambassades auprès d’autres Maisons nobles… ou, sur Gebnout IV même, la nécessité de se rendre sur le Continent Interdit – et d’arrêter de tourner autour du pot à ce propos !
La Carte Basse, la Pythie, renvoie peut-être au Bene Gesserit – beaucoup plus puissant que ce que Németh était prête à envisager : l’ordre tire les ficelles sur Gebnout IV, Taestra Katarina Angelion l’a suffisamment démontré… et peut-être depuis plus longtemps que les autres ! Németh ne veut pas être manipulée – ce qui perturbe son rapport au Bene Gesserit ; mais, d’une certaine manière, elle en a bien conscience… Mais la Pythie peut aussi désigner le prescient – elle-même, donc ! Elle a toujours eu des ambitions concernant la Maison, ou d’autres plus personnelles… Quel sera donc son rôle dans tout cela ? Un rôle de premier plan, sans doute…
Quel est son sentiment global, sur un plan davantage émotionnel ? Németh se sent un peu galvanisée, en fait : elle a l’impression d’être en relation avec une sorte de « force supérieure », maintenant que sa faculté de Prescience s’est éveillée ; et le tirage n’a fait qu’accroître ce sentiment. Tout n’est donc pas perdu – et peut-être justement parce qu’elle est là, avec sa propre destinée !
V : CELUI QUI MEURT DEUX FOIS
[V-1: Bermy : Taho] Bermyl, toujours chamboulé par l’évolution récente des événements, et inquiet quant à sa sa sécurité, contacte son agent de confiance Taho. Ils avaient mis en place un protocole, sans doute à revoir dès que possible, mais peuvent ainsi convenir d’un rendez-vous en toute discrétion, prenant bien garde à ce qu’on ne les suive pas.
[V-2 : Bermyl : Taho ; Namerta, Nadja Mortensen] Bermyl informe Taho de ce qu’il a appris la veille : il a donc vu Namerta. Taho, personnage que Bermyl a toujours connu extrêmement froid et discipliné, semble être très étonné par cette confession ; il se reprend aussitôt, mais Bermyl a bien perçu cette fraction de seconde d’hésitation. Taho ne dit cependant rien pour l’heure. Bermyl lui parle ensuite du réseau de « prosélytes » ; confirmation supplémentaire de ce qu’ils sont dépassés par les événements… C’est pourquoi Bermyl a pris l’initiative de contacter un agent impérial, Nadja Mortensen. Bermyl sait que son départ du Palais approche, enfin.
[V-3 : Bermyl : Taho ; le Vieux Radames, Vat Aills, Ta-ei] Que pense Taho de toute cela ? Il est resté stoïque après sa petite hésitation initiale – mais s’est montré tout particulièrement attentif quand Bermyl a parlé du réseau de « prosélytes ». Au fil de ses enquêtes, Taho a en effet pu constater l’existence de semblables réseaux – et qu’en faisaient partie des individus notoirement décédés ! Il cite plusieurs noms – mais ces personnages, pour être « religieux », sont difficiles à percer quant à leurs intentions. Pour l’heure, cependant, Taho n’y voit pas de caractère véritablement subversif. Parmi ces morts, toutefois, il y en a un… qui est « mort à nouveau ». Il était décédé il y a environ deux ans, mais était revenu – les rumeurs en faisaient état –, et a plus tard, tout récemment en fait, été assassiné, et est donc mort une deuxième fois : c’est un personnage que l’on connaissait sous le nom de Vieux Radames. Sa dépouille se trouve dans un hôpital, pour les besoins de l’enquête – il sera possible, sans trop de difficultés, de la transférer dans les propres services du Docteur Suk Vat Aills. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il a été assassiné : il a été lardé de plusieurs coups de couteaux, et son corps a été plus globalement dégradé – ce qui semble témoigner d’une forme d’acharnement (il était mort de vieillesse, la première fois). Sa petite-fille, du nom de Ta-ei, a aussitôt été recherchée, mais impossible de mettre la main sur elle. Le cadavre du Vieux Radames a été laissé devant la maison qu’il occupait de son vivant. Sa petite-fille n’était donc pas là, et les voisins se sont montrés tout sauf loquaces. Bermyl suppose que le personnage a pu être lynché. Peut-être ont-ils des alliés ? À moins que cet assassinat n’ait eu que des raisons personnelles…
[V-4 : Bermyl : Taho] Bermyl interroge ensuite Taho sur les risques en matière de sécurité – notamment concernant sa propre personne… Rien de concret dans les rues de Cair-el-Muluk. Il est trop tôt pour en savoir beaucoup plus au sein des services de renseignement.
[V-5 : Bermyl : Vat Aills ; le Vieux Radames] Bermyl rentre au Palais, et informe Vat Aills de ce qu’il lui adresse la dépouille du Vieux Radames. Après quoi il souhaite faire le point…
VI : BEL ACCUEIL À LA SCIENCE
[VI-1: Németh : Abaalisaba Set-en-isi, Nofrera Set-en-isi, Taharqa Finh ; Ai Anku, Namerta] Németh, dans la matinée, reçoit ses invités, arrivés peu ou prou en même temps : le diplomate Abaalisaba Set-en-isi, sa cousine océanologue et planétologue, Nofrera Set-en-isi, et enfin l’historien et archéologue Taharqa Finh, spécialiste des religions. Il ne s’agit pour l’heure que d’une rencontre très protocolaire : les vrais discussions, avec chacun d’entre eux, n’auront lieu qu’après, et sans doute séparément. Németh ne connaît pas vraiment Taharqa Finh, s’il est précédé par sa réputation. Elle a pu entretenir quelques liens avec Nofrera, du fait de sa politique d’aménagement des deltas – outre qu’elle est une Set-en-isi ; ce n’est pas une amie à proprement parler, mais c’est un peu plus qu’une connaissance – elle l’estime et la trouve très sympathique, tout en sachant qu’elles n’ont pas forcément les mêmes opinions : Németh est techno-progressiste, Nofrera plus conservatrice sur le plan écologique... d’où ses bonnes relations avec le mouvement atoniste, dit la rumeur ; Németh sait cependant qu’elle est profondément honnête intellectuellement – Nofrera respecte d’ailleurs notoirement Ai Anku, et suppose-t-elle, elle la respecte elle aussi également. Abaalisaba est un personnage d’une autre stature, très charismatique (mais un peu perturbant à sa manière – ses traits à la fois secs et androgynes font qu’il ne passe pas inaperçu), et un orateur exceptionnel : la moindre de ses phrases est de l’art. Il a été très proche de Namerta, et a beaucoup œuvré pour lui. Il en a été récompensé par l’élévation de sa famille au rang de Maison mineure… ce qui a pu faire jaser : les mauvaises langues disent que c’était pour acheter son silence – il est ambitieux, et fourbe, puisque avocat… Les deux Set-en-isi sont assez proches, ils s’entendent bien – il faut d’ailleurs rappeler qu’Abaalisaba, à l’origine, était lui-même un universitaire (un historien, spécialiste du Jihad Butlérien ; sans doute, du coup, a-t-il pu développer des liens avec Taharqa Finh également).
[VI-2 : Németh : Taharqa Finh, Abaalisaba Set-en-isi, Nofrera Set-en-isi] Németh décide de recevoir Taharqa Finh en même temps que les deux Set-en-isi – ce qui a quelque chose d’un honneur, elle pense que cela peut être utile pour se le mettre dans la poche. Elle les reçoit tous ensemble, mais en privé – il n’y a personne d’autre dans la pièce. Németh se dit ravie de revoir les Set-en-isi, très dignes à leur habitude ; elle se félicite de rencontrer enfin Taharqa Finh – en percevant bien que le bonhomme, conformément à sa réputation, est un peu bougon… En fait, la « convocation » ne lui a probablement pas fait plaisir. Németh s’en rend compte.
[VI-3 : Németh : Taharqa Finh, Nofrera Set-en-isi, Abaalisaba Set-en-isi] Németh explique vouloir s’entretenir avec eux du colloque à venir, mais elle a d’autres raisons pour les avoir convoqués ; d’ores et déjà, elle leur dit à tous – en précisant que très peu, même au sommet de la Maison Ptolémée, sont au courant – que le colloque en question sera l’occasion de mettre fin au tabou religieux portant sur le Continent Interdit. Taharqa Finh, aussitôt, lâche : « Ah ! Enfin ! » Réaction qui fait un peu sourire Nofrera, qui ne dit cependant mot pour l’heure. Abaalisaba a lui aussi un petit sourire : effectivement, il suppose qu’il va avoir beaucoup de travail les prochains jours…
[VI-4 : Németh : Abaalisaba Set-en-isi, Taharqa Finh, Nofrera Set-en-isi ; Hanibast Set] Németh dit avoir besoin de leurs lumières à chacun dans leur domaine respectif : Abaalisaba pour les implications politiques, diplomatiques et juridiques de cette décision… Il l’interrompt aussitôt : pour ce faire, il aurait sans doute bien besoin des services d’un employé de la Maison, mais a cru comprendre qu’il n’était guère en forme… Oui, il est bien renseigné, à son habitude : Hanibast Set traverse une mauvaise passe, et il faudra pour un temps se passer de ses facultés Mentat – ils réfléchissent à une solution pour pallier à cette difficulté. Németh suppose qu’Abaalisaba saura se montrer utile malgré tout : oui, il en est certain – mais il leur faudra donc s’entretenir en privé (« Pas d’offense, Maître Taharqa Finh... » L’historien fronce les sourcils à cette interpellation) quant aux… « conséquences » que Németh souhaite obtenir, et à celles qu’elle entend à tout prix éviter ; mais il est confiant ! Nofrera sourit toujours – mais du cinéma de son cousin, qu’elle connaît très bien pour l’avoir souvent vu faire…
[VI-5 : Németh : Nofrera Set-en-isi] Németh s’adresse ensuite à Nofrera, justement – dont elle avait apprécié la collaboration lors des travaux d’aménagement des deltas ; Nofrera la reprend sur le terme « collaboration », mais aimablement, sur le ton d’une grand-mère complice – elles ne partageaient pas forcément les mêmes idées… Németh la remercie néanmoins pour sa compétence scientifique, et son honnêteté intellectuelle de tous les instants. C’est pourquoi elle lui confie ses suspicions sur le contrôle climatique de la Guilde concernant le Continent Interdit – un cheval de bataille de l’océanologue et climatologue… qui avoue avoir sans doute quelques idées à lui soumettre à ce propos !
[VI-6 : Németh : Taharqa Finh, Labaris Set-en-isi, Nofrera Set-en-isi, Abaalisaba Set-en-isi ; Ipuwer] Németh se tourne enfin vers Taharqa Finh – le « roturier » de l’assistance, et qui en a les manières un peu rudes… Mais à peine a-t-elle prononcé son nom que la grande porte à double battant de la pièce d’accueil s’ouvre brutalement ! Et apparaît Labaris Set-en-isi – petit-fils d’Abaalisaba, ami de longue date d’Ipuwer (avec lequel il dispute régulièrement de longues et acharnées parties de khéops), et qui pensait pouvoir se permettre cette fantaisie d’apparaître ainsi en pleine réunion privée… Grand silence à l’intérieur. Labaris s’étonne : « Ipuwer n’est pas là ? » Nofrera a toujours le même sourire aimable de grand-mère, mais Abaalisaba semble mécontent (Taharqa Finh aussi, mais étonnamment conscient de ce qu’il n’est pas en position de la ramener…). Németh se montre très calme, mais lui explique qu’il s’agissait d’un entretien privé… « Ah, j’ai dérangé ? » Il semble ne prendre conscience de la présence des convives qu’à ce moment – et salue cavalièrement son grand-père et sa grande-tante… « Excusez-moi... » Il repart à la recherche d’Ipuwer, sans plus de façons. Németh le foudroie du regard…
[VI-7 : Németh : Taharqa Finh] Taharqa Finh est un peu énervé. Németh revient à lui : le savant se doute bien de son rôle dans cette affaire. Németh connaît sa passion pour l’histoire religieuse de Gebnout IV, et en particulier les origines du Culte Épiphanique du Loa-Osiris ; or celui-ci risque de ne guère apprécier la levée du tabou sur le Continent Interdit, et… Taharqa Finh arbore maintenant un grand sourire : « Ça va être amusant ! Toujours à votre service pour déboulonner quelques vieilles idoles ! » Il attendait ça depuis très longtemps… Il est content ; au point d’avoir digéré ses multiples interruptions, et la tendance plus ou moins consciente à le rabaisser, sensible chez tous les autres assemblés dans cette pièce.
[VI-8: Németh : Abaalisaba Set-en-isi] Németh n’en dira pas plus pour le moment : les prochains entretiens, plus longs, se feront en privé. Elle invite donc les éminents personnages à rejoindre leurs quartiers : Abaalisaba dispose toujours des siens au Palais, d’autres ont été aménagés pour les deux scientifiques.
VII : UN NOUVEAU JEU
[VII-1 : Ipuwer : Labaris Set-en-isi ; Hanibast Set, « Cassiano Drescii »] Ipuwer est dans son bureau – où il vient de ranger dans un coffre les notes d’Hanibast Set ainsi que les carnets de « Cassiano Drescii ». Il entend toquer à la porte ; il n’a pas le temps de dire « Entrez ! » que la porte s’ouvre, et apparaît Labaris Set-en-isi. Ipuwer le reçoit chaleureusement. Labaris dit qu’ils ont quelques parties en retard… C’est qu’il avait dû s’absenter – mais, ayant appris que « la famille » venait au Palais, il s’est dit que c’était l’occasion de taper l’incruste… Ipuwer lui répond qu’il a eu bien raison. D’ailleurs, il pourrait peut-être l’aider ? Des choses à ranger dans le bureau du Conseiller Mentat Hanibast Set – indisposé… Labaris veut bien, même s’il avait autre chose en tête…
[VII-2 : Ipuwer : Labaris Set-en-isi] C’est qu’on a fait découvrir à Labaris une nouvelle manière de jouer au khéops ! Ipuwer sera ravi d’essayer ça ce soir… Mais Labaris entend en présenter d’ores et déjà les principes : normalement, quand on joue au khéops, c’est une pure stratégie abstraite, on cherche à gagner, point… Mais il y a une variante – un jeu sur les contraintes, en fait, et Labaris aime bien cette idée… Voilà : on joue un rôle, et on doit gagner en fonction de ce rôle ! Par exemple, Ipuwer pourra jouer, disons, la Maison Ptolémée, et Labaris son pire ennemi, qu’il lui laisse le soin d’identifier…
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