CR Imperium : la Maison Ptolémée (28)
Vingt-huitième séance de ma chronique d’Imperium.
Vous trouverez les éléments concernant la Maison Ptolémée ici, et le compte rendu de la première séance là. La séance précédente se trouve ici.
Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Ipuwer, le jeune siridar-baron de la Maison Ptolémée, sa sœur aînée et principale conseillère Németh, le Docteur Suk Vat Aills, et l’assassin (maître sous couverture de troubadour) Bermyl.
I : APPRENDRE DU DÉSERT
[Lors de la partie précédente, le joueur incarnant le Docteur Suk, Vat Aills, était absent ; j’avais intégré dans le compte rendu quelques indications tenant aux instructions qu’il m’avait fournies, mais il fallait revenir sur quelques points corollaires en début de séance.]
[I-1 : Vat : Taharqa Finh, Nofrera Set-en-isi] Vat dirige donc une expédition dans le Continent Interdit afin de percer les secrets de la Tempête ; il est accompagné de l’archéologue et historien Taharqa Finh, de la climatologue Nofrera Set-en-isi, de deux guides atonistes de la Terre Pure, et d’une petite troupe de commandos d’élite habitués au désert.
[I-2 : Vat] Vat s’intéresse à plusieurs points de cet environnement très particulier – à la lisière du grand désert de sable au centre duquel se trouve la Tempête, sachant que leur camp de base, dans une grotte, se situe environ à 300 kilomètres de la limite du phénomène ; c'est, à en croire les Atonistes, l’abri le plus proche que l’on puisse trouver. Par ailleurs, ils n’ont jamais pu dépasser un rayon de 150 kilomètres environ, l’endroit où la violence des vents et le sable qu’ils transportent empêchent de s’approcher davantage sans un équipement adéquat (au moins une sorte d’armure, sans doute complétée par des suspenseurs afin de faciliter les mouvements), dont ils ne disposent pas sur place.
[I-3 : Vat] Premier point : la flore. Elle est très rare, mais il y en a tout de même un peu – généralement là où l’on trouve de l’eau, et donc souvent dans les abris rocheux (rien de la sorte dans le désert de sable environnant la Tempête). On trouve essentiellement des sortes de fougères, ou quelques plantes grasses, outre des champignons et moisissures assez variés ; seuls ces derniers semblent pouvoir être éventuellement comestibles. Mais, de manière générale, il n’y a aucune trace d’une quelconque agriculture, cette végétation est très limitée et clairement sauvage.
[I-4 : Vat : Thema Tena] Concernant la faune, elle consiste a priori uniquement en insectes – et Vat manque un peu de bagage zoologique pour apprécier leur singularité ; toutefois, cela correspond bien à ce que Thema Tena avait évoqué. Ces insectes sont propres au désert du Continent Interdit, on n’en trouve pas de semblables sur la face habitée de Gebnout IV. Ils sont somme toute peu nombreux, mais on en trouve souvent là où il y a de l’eau, et donc essentiellement dans les abris rocheux tel que celui où l’expédition a installé son camp de base ; ce sont des insectes fouisseurs, et par ailleurs des insectes sociaux, qui vivent en colonies pouvant évoquer des ruches – mais celles-ci ne semblent pas leur être imposées par la crainte de prédateurs ou le besoin de protection contre des phénomènes climatiques, seule la proximité systématique de l’eau peut être notée. Vat, attentif, a cependant pu remarquer, dans les mouvements les plus avancés de l’expédition, à environ 150 kilomètres de rayon de la Tempête, qu’on trouvait de semblables insectes dans le sable.
[I-5 : Vat] Vat se demande si les Atonistes n’auraient pas quelques « légendes » concernant cette flore et cette faune, mais on le détrompe très vite : le mouvement atoniste, par ailleurs assez récent, a une approche largement pragmatique de son Pèlerinage Perpétuel, et ne s’est pas construit sur une base folklorique…
[I-6 : Vat] Concernant la structure géologique du sol, elle est assez difficile à déterminer – même si l’expédition avait pris soin de se munir de matériel de forage. Mais le désert de sable ne facilite pas exactement les opérations ; il y a sans doute une couche plus dure, probablement de roche, sous le sable, mais c’est très profond – et rien à la surface ne permet de déterminer des variations à cet égard. Pas de sables mouvants, par contre. Mais, en surface, la morphologie du désert de sable est très variable, car les dunes sont poussées par le vent et sans cesse remodelées – elles vont donc toujours dans le même sens ; mais, à la lisière des zones rocheuses, des turbulences récurrentes peuvent propulser les particules de sable dans l’atmosphère et les ramener au cœur de la Tempête, ainsi auto-alimentée. Vat envisageait d’user d’une technologie de pointe, probablement ixienne, pour creuser des tunnels sous le sable, mais il ne dispose pas sur place de ce genre de matériel très pointu, et sans doute n’y en a-t-il pas à la base sur Gebnout IV ; maintenant, il est sans doute possible de s’en procurer via le marché franc de la lune de Khepri, mais ça ne s’annonce pas forcément évident… d’autant que la Guilde surveille les transactions, bien sûr. Le même problème se pose concernant les « sondes » que Vat aimerait envoyer dans la Tempête pour y rassembler des données (même si envoyer des projectiles, avec du matériel de mesure, pourrait être envisagé sans trop de difficultés ; le problème serait alors de récupérer les données).
[En termes de jeu : la Maison Ptolémée a un Niveau Technologique (NT) de 4, ce qui est le meilleur score envisageable pour une Maison noble créée par des PJ ; le NT 5 existe, mais n’est accessible qu’aux Maisons plus puissantes et davantage engagées dans la voie de la science et de la technologie, par exemple la Maison Wikkheiser (certaines technologies, dites NT X, sont inaccessibles aux Maisons quelles qu’elles soient, et réservées à des factions très spécifiques telles que la Guilde Spatiale ou le Bene Tleilax – forcément…) ; via Khepri, se procurer du matériel NT 5 est envisageable (contrairement au NT X), mais coûteux, long, et éventuellement dangereux.]
[I-7 : Vat] Par ailleurs, au fil des observations, les membres de l’expédition n’ont pas constaté de phénomène particulier tels que des « objets » qui « entreraient » ou « sortiraient » de la Tempête ; ils ont donc pu s’approcher dans un rayon d’environ 150 kilomètres, mais pas plus loin – cependant, les armures envisagées plus haut (avec suspenseurs, boucliers, etc.) pourraient sans doute être conçues sur Gebnout IV, sans nécessiter des transactions sur le marché franc de Khepri. À vrai dire, les armures des commandos pourraient être « bricolées » dans ce sens. Vat communique donc avec Cair-el-Muluk pour « passer commande » de tous ces éléments.
[I-8 : Vat : Nofrera Set-en-isi] Vat discute avec Nofrera Set-en-isi de la Tempête, mais la climatologue n’est pas forcément en mesure d’apporter grand-chose de neuf pour l’heure. En tout cas, elle confirme l’évidence : ce phénomène n’a absolument rien de naturel, et c’est forcément la Guilde qui l’a suscité à l’origine et entretenu depuis, via ses satellites de contrôle climatique. Elle analyse cependant le fonctionnement très concret du phénomène, avec sa nature de tourbillon, la formation des dunes, le circuit d’auto-alimentation, etc.
[I-9 : Vat : Taharqa Finh ; Taa] Vat s’entretient aussi avec Taharqa Finh de ses conclusions concernant le Mausolée des Ptolémée, qu’il avait étudié avant que l’expédition s’enfonce dans le désert. L’archéologue, fasciné par cette structure, confirme que « tout colle » au niveau des dates : le Mausolée a sans doute été construit il y a quatre ou cinq millénaires de cela, à l’époque où les Ptolémée ont progressivement déplacé le centre du pouvoir sur Gebnout IV dans la ville somptuaire de Cair-el-Muluk – d’abord en y transférant le Palais, ensuite en y bâtissant, avec l’accord voire à terme la complicité du Culte Épiphanique du Loa-Osiris, le Grand Sanctuaire d’Osiris ; c’est donc à la même époque que le rituel du « voyage des morts » a été mis en place, avec ses spécificités concernant les siridar-barons défunts, justifiant l’implantation secrète dans la région de l’ordre des Sœurs d’Osiris, dont Taa est aujourd’hui la dirigeante (Taharqa Finh s’est longuement entretenue avec elle – dans une discussion bien trop pointue pour qui n’est pas spécialiste de la matière) ; corrélativement, c’est donc l’époque où le « tabou » concernant le Continent Interdit a été formulé puis est devenu canonique, sans que l’on n’y change rien jusqu’à ces dernières semaines...
II : UNE AFFAIRE DE POISONS
[II-1 : Bermyl : Taho, Vat Aills, Németh Elihot Kibuz] Bermyl a fait évacuer le cadavre empoisonné de son agent Taho, confié aux services du Docteur Suk Vat Aills, même en l’absence de ce dernier. Il s’interroge sur le sens des paroles du défunt, affirmant que leurs ennemis connaissaient leurs mouvements (ou en tout cas ceux de Bermyl) à l’avance : auraient-ils recours à la Prescience ? Il lui faut communiquer aussitôt cette information à Németh, et l’assassin retourne de ce pas au Palais ; il soupçonne Elihot Kibuz, le maître assassin fantoche, dont il sait les talents en matière de poison, d'être le responsable de la mort de Taho…
[II-2 : Bermyl : Németh] Mais, alors même qu’il rentre au Palais, Bermyl perçoit à son tour qu’une tempête approche – littéralement, qu’il y a de l’électricité dans l’air, ce qui n’est pas normal… Bien sûr, il n’est pas le seul à s’en rendre compte : la foule de Cair-el-Muluk, tout autour de lui, partage cette surprise, qui tourne immédiatement à l'inquiétude, voire à la panique – mais peut-être d’autant plus que, parmi cette foule, bien rares sans doute sont ceux qui ont pu se rendre sur d’autres planètes que Gebnout IV, et assister de leurs yeux à pareil phénomène, inédit sur le fief planétaire des Ptolémée… Il n’est que plus urgent de discuter de tout cela avec Németh – de cette certitude que leurs ennemis ont au moins une longueur d’avance sur eux. Il lui adresse un message à cet effet, lui demandant aussi si elle a la moindre idée de comment leurs ennemis pourraient procéder (Prescience ou autre méthode).
III : RÉUNION DE CRISE
[III-1 : Németh : Bermyl, Taho] Németh est alors sur le balcon océanique, où elle regarde les yeux exorbités la tempête qui approche ; elle avait déjà reçu une laconique notification de Bermyl, rapportant la mort de Taho, mais les communications les plus récentes de l’assassin en route pour le Palais lui sont alors apportées sur le balcon par une estafette. Németh retourne à l’intérieur, prend connaissance du message, et congédie l’estafette après lui avoir confié la tâche de donner à Bermyl l’ordre de rentrer immédiatement au Palais.
[III-2 : Németh, Ipuwer : Apries Auletes, Ngozi Nahab, Clotilde Philidor] Une réunion de crise s’impose, dans un endroit approprié. Németh se rend compte alors qu’elle ne sait même pas où se trouve son frère Ipuwer, à impliquer forcément, depuis son retour d’Heliopolis où il s’était entretenu avec le chef de la police Apries Auletes (notamment concernant Ngozi Nahab) – même si elle lui avait communiqué, sans entrer dans les détails, l’incident survenu avec Clotilde Philidor la veille au soir. En fait, il se trouvait au bord de sa piscine… où il a lui aussi perçu la tempête qui s’annonçait ; dans le plus simple appareil ou peu s’en faut, il s’est aussitôt précipité dans les couloirs du Palais pour retrouver Németh, et les deux se rencontrent donc au détour d’un couloir, chacun en quête de l’autre.
[III-3 : Németh, Ipuwer, Bermyl : Clotilde Philidor, Abaalisaba Set-en-isi] Németh dit alors à son frère que Clotilde Philidor avait vu juste… Ils se rendent ensemble dans la « salle de guerre » du Palais (après avoir envisagé un temps de tenir conseil dans la bibliothèque, généralement délaissée – sauf qu’Abaalisaba Set-en-isi, ces derniers temps, y travaille beaucoup –, mais la situation impose un lieu de réunion tout autre). Déjà, en chemin, ils s’interrogent sur les mesures d’urgence à prendre : ils parlent d’évacuation, de déterminer les lieux en altitude et à l’intérieur des terres les moins susceptibles d’être affectés par le tsunami qui s’annonce (car Németh précise alors la vision de Clotilde Philidor, ce qu’elle n’avait pas fait jusqu’alors : c’est bien le tsunami qui est surtout à craindre, plutôt que la tempête à proprement parler), etc. Des idées échangées à la volée, sous la pression des événements, et sans données concrètes – qu’ils espèrent pouvoir rassembler dans la « salle de guerre », avec l’équipement et leurs subordonnés pour les assister dans cette tâche ; Bermyl est également en route pour cette réunion de crise – il suspecte quant à lui une diversion...
[III-4 : Ipuwer : Iapetus Baris] Ipuwer, comme de juste, contacte aussitôt la Guilde Spatiale, sur la lune de Khepri – car c’est la Guilde qui, via ses satellites, modèle le climat de Gebnout IV, ce qui devrait prohiber ce genre d’incidents. Il est impossible d’entrer directement en communication avec le représentant Iapetus Baris ; les services de la Guilde se contentent d’évoquer laconiquement « un léger dysfonctionnement », qui ne durera guère, et tout sera bientôt sous contrôle…
[III-5 : Ipuwer, Németh] Ipuwer pose donc la question de l’évacuation. Mais, même à s’en tenir aux seuls grands centres urbains sous le coup de la menace de la tempête, cela représente environ onze millions de personnes, réparties entre Cair-el-Muluk, quatre millions et demi d’habitants, et Heliopolis, six millions et demi d’habitants… même si la menace sur cette dernière ville est plus lointaine, et pour l’heure simplement hypothétique. Mais c’est oublier les très nombreuses petites villes réparties sur les côtes ou dans les archipels à l’est de Cair-el-Muluk, en plein sur le chemin de la tempête ! Organiser une évacuation de masse semble inimaginable – d’autant que Gebnout IV, en principe épargnée par toute menace du genre, ne dispose pas vraiment des infrastructures adéquates ; par ailleurs, pareille opération d’évacuation nécessiterait, en l’absence d’organisations dédiées, de déployer les forces militaires de la Maison en urgence – or ces troupes sont très limitées en nombre, si elles bénéficient d’une capacité de déploiement relativement efficace du fait de son équipement plus que correct en transports de troupes [concrètement, en termes de jeu, la Maison Ptolémée a un niveau de 2 en Guerre, ce qui est au mieux moyen ; une opération d’une telle envergure impliquerait de mobiliser au moins un de ces deux points pendant une durée indéterminée – puisqu’il faudra prendre en compte aussi les secours, en temps utile] ; et l’urgence complique encore la donne : la tempête va frapper ces zones dans quelques heures au plus tard ! En fait, ce genre d’évacuation est totalement inenvisageable ; Németh avance d’ailleurs que cela risquerait de susciter un mouvement de panique… mais comprend aussitôt qu’il y aura forcément des mouvements de panique, quoi que fasse la Maison Ptolémée.
[III-6 : Németh, Ipuwer, Bermyl : Elihot Kibuz, Clotilde Philidor, Namerta, Bahiti Arat] Németh suppose donc que la seule évacuation envisageable est celle du « gratin » de Cair-el-Muluk – les plus hauts responsables de la Maison Ptolémée dont la présence n’est pas requise (ce qui exclut pour partie les dirigeants militaires et ceux des services de renseignement – mais, suite aux derniers rapports de Bermyl, Németh envisageait de faire arrêter immédiatement Elihot Kibuz ; Bermyl, d’ailleurs, reste, sans l’ombre d’une hésitation, d’autant qu’il suspecte un coup fourré...), les invités de la Maison, éventuellement d’autres notables des Maisons mineures ou indépendants… Très peu de monde, somme toute, car il faut se livrer à un tri drastique, pas le temps de satisfaire tout le monde. Pour elle, c’est une évidence, Ipuwer, qui est « la personne la plus importante sur cette planète », doit être évacué. Mais Ipuwer entend rester sur place, « auprès de son peuple » (en rigolant, il rappelle à sa sœur qu’il a « une cote de popularité à soigner »...), et envisage aussi la possibilité que cette catastrophe tourne à la tentative de coup d’État, auquel cas les séditieux « le trouveront sur leur route » ; quoi que puisse lui dire Németh, il restera. Par contre, il sait qu’il ne faut pas que la Maison Ptolémée conserve tous ses œufs dans le même panier… En fait, il enjoint sa sœur, « la véritable dirigeante de cette Maison », dit-il, de partir, elle, et immédiatement, de Cair-el-Muluk – Ipuwer va jusqu’à dire que, si lui mourait, la Maison Ptolémée pourrait s’en relever, mais qu’elle ne se relèverait pas de la perte de Németh ! Elle doit donc partir, elle, avec « leurs invités » (il ne cite expressément que Clotilde Philidor), à destination d’un relais de chasse à l’intérieur des terres, du nom de Darius, à quelque distance au nord-est de Memnon, dans les montagnes – une installation hautement sécurisée, conçue également pour ce genre de situations (plus précisément dans l’hypothèse d’une guerre).
[Note : les joueurs, dans cette discussion, se sont posé la question des règles de succession de la Maison Ptolémée, à laquelle nous n’avions jamais défini de réponse jusqu’alors, même si elle était sous-jacente à plusieurs développements de la chronique ; ainsi, Ipuwer avait succédé à Namerta, et non Németh, même si cette dernière était son aînée ; par ailleurs, les tractations matrimoniales, de longue date dans la partie, étaient motivées par le fait qu’Ipuwer n’avait pas d’héritier (légitime, du moins…), problème dont Németh elle-même considérait qu’il devait être réglé au plus tôt, et probablement par ses soins. Cependant, cela laisse une certaine marge de manœuvre aux joueurs pour déterminer le système en vigueur – de nombreuses solutions peuvent être envisagées, précisant la seule primogéniture masculine qui semble quant à elle acquise, et ce même dans un univers aussi fondamentalement sexiste (au sens le plus strict) que celui de Dune (y compris en se basant sur la thématique égyptienne de la Maison Ptolémée – on avait déjà introduit dans la campagne l’idée du mariage entre frère et sœur, par exemple, avec les partisans d’Isis, et la variante propre à Bahiti Arat se voyant elle-même en Isis). J’ai préféré laisser cette question à la discrétion des joueurs, et tiendrai compte de leurs choix en la matière le moment venu.]
[III-7 : Németh, Ipuwer : Clotilde Philidor, Taestra Katarina Angelion, Labaris Set-en-isi, Abaalisaba Set-en-isi, Suphis Mer-sen-aki ; Anneliese Hahn, Hanibast Set, Vat Aills] Németh, un peu sceptique, peut-être aussi surprise, accepte enfin de se plier aux injonctions de son frère, et ne tarde guère à partir, avec les autres réfugiés notables, à bord d’ornithoptères, qui prennent la direction du sud tant qu’il leur est encore possible de voler… Les invités de la Maison l’accompagnent (ce qui inclut notamment, outre Clotilde Philidor, la Révérende-Mère Taestra Katarina Angelion ainsi que Labaris Set-en-isi, proche ami d’Ipuwer qui loue volontiers ses talents) – à l’exception toutefois d’Anneliese Hahn, qui ne se trouve alors pas dans le Palais, et il est impossible de déterminer où elle se trouve précisément (même si c’est à Cair-el-Muluk, elle n’a semble-t-il pas quitté la ville insulaire)… Sont aussi du lot quelques autres notables, tel qu’Abaalisaba Set-en-isi ; mais le Grand Prêtre Suphis Mer-sen-aki demeure à Cair-el-Muluk, Ipuwer l’exige, car il a besoin de ses services. En tout, 200 personnes environ quittent Cair-el-Muluk avec Németh, accompagnés de quelques troupes d’élite pour assurer leur sécurité (d’autres gagnent directement Darius). À noter, le Conseiller Mentat Hanibast Set n’est pas du voyage, car il ne se trouve pas à Cair-el-Muluk : le Docteur Suk Vat Aills l’a placé dans une institution psychiatrique isolée, au nord de Memnon, trop loin dans les terres pour être menacée par le tsunami, afin qu’il récupère de son « gel du Mentat ».
IV : AUX RAPPORTS
[IV-1 : Bermyl : Ipuwer] Bermyl, dès lors, suit Ipuwer comme son ombre – car il redoute que l’on ne profite de la situation pour tenter de s’en prendre à lui, et il remplit donc son office de garde du corps.
[IV-2 : Bermyl : Taho] Par ailleurs, Bermyl comprend, un peu tardivement (du fait de la précipitation des événements), que le poison qui avait tué Taho l’avait lui-même atteint – sans doute quand le fidèle agent s’était écroulé dans ses bras ; mais sa connaissance des toxines, et sa pratique de la mithridatisation, lui ont permis de ne pas en subir les effets au-delà de quelques signes éloquents mais pas fatals – ses veines qui ressortent, notamment.
[IV-3 : Bermyl] Mais Bermyl joue aussi sa part dans la gestion de la crise : en tant que chef officieux des services de renseignement des Ptolémée, il reçoit de très nombreux rapports, en permanence, en temps réel – mais en ayant bien conscience que ses services ne sont pas fiables, de manière générale… Ces rapports confirment l’évolution de la tempête, qui semble devoir passer à l’est de Cair-el-Muluk, en plein sur une zone d’archipels, et éventuellement à terme dans la direction d’Heliopolis ; impossible cependant d’avoir des informations plus précises, car la tempête prohibe le survol de la zone par des ornithoptères – tandis que la Guilde, forcément, demeure muette, s’en tenant à la seule mention d’un « léger dysfonctionnement »… Par ailleurs, la zone couverte par la tempête, si elle est habitée, ne bénéficie gère d’infrastructures permanentes, et notamment de moyens de communication, permettant d’avertir Cair-el-Muluk de ce qui se produit dans les archipels.
[IV-4 : Bermyl] Des rapports d’un autre ordre lui parviennent : la situation demeure gérable pour l’heure à Heliopolis, encore à quelque distance de la tempête, mais, à Cair-el-Muluk, la population commence à succomber à la panique – il y a déjà eu des mouvements de foule, des bousculades… À l’évidence, il y a déjà des morts, et en nombre ! Car les habitants sont d’autant plus terrorisés que cet événement est pour la plupart d’entre eux, qui n’ont jamais quitté Gebnout IV, totalement incompréhensible, et d’une certaine manière apocalyptique – ce n’est pas censé pouvoir se produire sur le fief planétaire de la Maison Ptolémée ; laquelle, à l’évidence, ne dispose pas des troupes permettant de juguler ces mouvements de panique…
[IV-5 : Bermyl : Ipuwer, Namerta] Bermyl sait qu’il ne pourra probablement pas disposer de renseignements fiables, dans ces circonstances, portant sur d’éventuels mouvements de troupes (en provenance par exemple du Continent Interdit, ou dans sa direction ?) ; rien ne va dans ce sens. Par contre, dans ce contexte apocalyptique, même si cela ne semble pas pour l’heure témoigner de mouvements organisés, des rapports l'informent que, çà et là, des « prêcheurs » expriment et entretiennent la colère de la foule terrifiée en imputant la catastrophe à « la colère des dieux », et n’hésitent guère à accuser Ipuwer d’être le responsable de ce drame – certains allant jusqu’à dire que c’est là la preuve que Namerta doit remonter sur le trône de la Maison Ptolémée... Ce qui n’était jusqu’alors que latent dans les rues de Cair-el-Muluk devient subitement très concret : la tempête joue le rôle de la proverbiale goutte d’eau qui fait déborder le vase, et l’on passe des ragots et moqueries à la sédition.
V : GÉRER LA FOULE
[V-1 : Bermyl, Ipuwer : Kiya Soter] Kiya Soter est présent quand Bermyl communique ces informations à Ipuwer, et ne s’embarrasse pas de précautions : en pareil cas, il lui faut des instructions précises de son siridar-baron – comment doit-il gérer la foule, la panique, la sédition ? Il y a un risque non négligeable que tout cela vire à l’émeute…
[V-2 : Ipuwer : Suphis Mer-sen-aki] Pour Ipuwer, il faut d’abord communiquer – et pour cela, il a besoin de Suphis Mer-sen-aki, dont il exige la présence au Palais ; le Grand Prêtre se trouvant au Sanctuaire d’Osiris tout proche, il peut venir aussitôt. Ipuwer le charge de calmer la foule en communiquant à la radio et par hauts-parleurs.
[V-3 : Ipuwer] Ipuwer lui-même ne s’exprime pas directement sur les ondes, mais donne les grandes lignes d’une communication officielle jouant de la voix de la raison (et de la vérité), donnant des mesures de sécurité concrètes, et rappelant à ceux qui pourraient, dans la panique, l’oublier, que le climat sur Gebnout IV est géré par les satellites de la Guilde, temporairement affectés par un « dysfonctionnement », bientôt réglé, selon ses propres termes – mais certes dangereux, il faut donc garder la tête froide et se conformer aux consignes de sécurité.
[V-4 : Ipuwer] Mais Ipuwer s’implique directement dans la gestion de la crise au plan stratégique – ce qui influe sur la communication officielle au fur et à mesure que les événements progressent et que les réponses de la Maison Ptolémée se précisent. Ainsi, il faut réfléchir d’ores et déjà à « l’après ». Ipuwer met en place des points de collecte éloignés des côtes pour que la population affectée puisse obtenir des vivres et des soins une fois la tempête passée, et envisage notamment d’utiliser à cet effet les grands jardins ceinturant le Palais et le Sanctuaire d’Osiris.
[V-5 : Ipuwer : Kiya Soter] Mais Kiya Soter, s’il reste courtois, trépigne visiblement : Ipuwer ne lui a toujours pas répondu concernant la gestion de la foule et du risque d’émeute ! Sans le dire frontalement, il suppose qu’il lui faudra prendre des initiatives – quelles qu’elles soient. Mais tous deux savent que la Maison Ptolémée ne dispose pas d’effectifs militaires suffisants pour véritablement juguler les mouvements de panique… Dès lors, Ipuwer décide de concentrer les troupes autour du Palais et du Sanctuaire d’Osiris pour en assurer la protection. Mais il faut autant que possible s’abstenir de recourir à la force !
[V-6 : Ipuwer, Bermyl : Kiya Soter] En même temps, Ipuwer veut cependant... ouvrir le Palais et le Sanctuaire d’Osiris, ou plus exactement leurs immenses cours bien protégées, à certains habitants de Cair-el-Muluk – les femmes et les enfants. Décision qui n’enchante pas Bermyl et Kiya Soter – c’est faire entrer la menace dans le Palais même ! Bermyl loue la noblesse d’âme de son siridar-baron, désireux d’assister et protéger son peuple – mais ledit peuple se méfie de plus en plus de lui, et il en est même qui appellent à le renverser ! Et, bien sûr, il faut prendre en compte la panique… Ipuwer doit rester à distance, au moins – protégé à l’intérieur du Palais.
[V-7 : Ipuwer] Mais sa décision est prise : Ipuwer ouvre les cours du Palais et du Sanctuaire d’Osiris (voire l’aile est du Palais, de toute façon en perpétuels travaux de réfection – mais ses conseillers l’en dissuadent : personne à l’intérieur du Palais proprement dit !) aux femmes et aux enfants ; il envisage aussi d’y transférer les patients des hôpitaux, mais l’urgence comme la panique rendent une évacuation de ce type particulièrement improbable – à vrai dire, même concernant les femmes et les enfants se pressant dans les cours, ces problèmes se produiront de toute façon : les troupes doivent gérer l’accès aux cours, et la tâche s’annonce délicate et susceptible à chaque instant de déraper… Ipuwer prend donc les choses en mains, et obtient des résultats très concrets.
[En termes de jeu, sept succès à son jet de Stratégie, ce qui est admirable ; Ipuwer pâtit toujours de son Aura très faible – il n’a que 2 – mais obtient tout de même un succès, ce qui, dans ces conditions, s’avère suffisant, le jet de Stratégie compensant ce petit score.]
VI : LA MENACE SUR HELIOPOLIS
[VI-1 : Bermyl] Bermyl reçoit alors un nouveau rapport – en provenance des derniers ornithoptères en vol, qui doivent maintenant se poser car les conditions sont devenues trop dangereuses. Ils confirment que des tsunamis se sont bel et bien formé, qui ont déjà submergé des villages de pêcheurs dans les archipels à l’est de Cair-el-Muluk – ce qui confirme aussi que, si la situation continue de progresser de la sorte, Heliopolis aussi sera menacée.
[VI-2 : Ipuwer : Apries Auletes, Ngozi Nahab] Suite à ce rapport, Ipuwer communique aussitôt avec Apries Aletes à Heliopolis ; à lui de gérer la situation sur place – avec l’assistance le cas échéant de Ngozi Nahab, qu’Ipuwer décrit comme étant « son fidèle vassal ». Mais Ipuwer perçoit bien que son chef de la police n’est pas à l’aise – il a peur, et avant tout pour lui, ce qu’il ne dit bien sûr pas, mais le siridar-baron s’en rend compte.
[VI-3 : Ipuwer : Ngozi Nahab, Apries Auletes] C’est pourquoi il décide de contacter lui-même Ngozi Nahab – dans les mêmes termes : il faut qu’il protège la population au mieux, et prévienne les désordres d’émeutiers éventuels. Plus froid et stoïque, le chef de la Maison mineure Nahab a aussi l’air plus confiant que sa marionnette Apries Auletes – d’autant qu’Ipuwer insiste sur ce qu’ils ont tous à perdre dans cette affaire, pour leurs « sujets », dit-il, mais Ngozi Nahab les envisage surtout comme des « clients »… Qu’importe le terme : oui, leurs intérêts se rejoignent.
VII : « LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD ! »
[VII-1: Ipuwer, Bermyl : Kiya Soter ; Namerta] Kiya Soter, très sceptique mais loyal, organise et prend en charge, sur place, le plan d’Ipuwer visant à offrir un refuge aux femmes, aux enfants et aux malades (mais sans guère de succès pour ces derniers) dans les cours du Palais et du Sanctuaire d’Osiris – les incidents sont de la partie, mais, dans ces circonstances, et avec l’aide d’Ipuwer (qui pour l’heure demeure dans le bunker, mais se montre très efficace), il obtient finalement de bons résultats. Cependant, la panique complique la tâche – et, aux abords du Palais où l’on laisse entrer les seules femmes et enfants, et où les cordons de sécurité sont particulièrement difficiles à mettre en place, des éléments séditieux se manifestent, qui dénoncent l’incompétence d’Ipuwer et prônent un soulèvement visant à ramener Namerta sur le trône !
[VII-2 : Bermyl, Ipuwer] Bermyl, cependant, qui participe à toute cette gestion (et ça n’a rien d’évident, car la sécurité du Palais dépend pour une bonne partie de ses services, qu’il sait pas des plus fiables...), reconnaît alors que le choix d’Ipuwer, à terme, est sans doute le meilleur, afin de ne pas se mettre toute la population à dos (ou plus qu’elle ne l’est déjà) ; mais Ipuwer est très premier degré : il fait ça pour protéger sa population, pas pour en retirer à terme un éventuel bénéfice politique… Tout au plus concède-t-il que son choix de se limiter aux femmes et aux enfants doit aussi dissuader d’éventuels rebelles de tirer dans le tas – mais cela sent la justification « pragmatique » après coup : son premier mouvement était bien de pure compassion et générosité désintéressée. Bermyl n’en fait pas moins la remarque qu’ils ont déjà eu affaire à des « clones, des machines sans âme », ayant pris l’apparence de femmes…
[VII-3 : Bermyl] Mais c’est avant tout la panique qui règne dans les cours et aux abords. Les rapports de Bermyl ne peuvent se montrer très précis, mais, à l’évidence, il y a déjà eu des bousculades suscitées par la panique, et il y a déjà eu des morts : outre les victimes dans les archipels à l’est de Cair-el-Muluk, dans la capitale politique même, sans doute se comptent-elles déjà par milliers…
VIII : L’AUTRE TEMPÊTE
[VIII-1 : Vat] Pendant ce temps, sur le Continent Interdit, aux environs de la Tempête (de sable…), le Docteur Suk Vat Aills n’est pas du tout conscient de ce qui se passe de l’autre côté de la planète : pour lui, le ciel est parfaitement « normal ».
[VIII-2 : Vat] Mais un curieux phénomène se produit néanmoins alors qu’il observe à distance la Tempête : l’espace de quelques secondes à peine, quinze au plus, avec une vitesse qui tient lieu de la brutalité, le phénomène climatique s’interrompt totalement ! Le ciel est bleu, la vision est presque totalement dégagée – mais pas au niveau du sol, du fait du sable qui retombe à une vitesse anormale… Impossible, pour le coup, de repérer d’éventuels bâtiments à l'intérieur.
[VIII-3 : Vat : Nofrera Set-en-isi] Nofrera Set-en-isi, qui se trouvait non loin de Vat, a observé en même temps que lui l’improbable phénomène – et elle est visiblement terrorisée. En bafouillant, elle avoue au Docteur Suk que, même avec toutes ses connaissances en matière de climatologie, et sa compréhension des technologies employées par la Guilde pour gérer le climat de Gebnout IV, elle n’aurait jamais cru que ce contrôle pouvait aller à ce point, être d’une telle précision – à la seconde près, c’est proprement surréaliste ! Elle y voit, d’une certaine manière, une forme de moquerie – la Guilde, consciente de leur présence, les nargue… Elle a du mal à comprendre la raison d’être de ce comportement que l’on pourrait juger bien trop puéril de la part de pareil antagoniste, si ce n’est, bien sûr, de les effrayer – et, en ce qui la concerne, ça marche ! Sans doute faut-il y voir un avertissement…
IX : DE LA STRATÉGIE À LA TACTIQUE
[IX-1 : Ipuwer, Bermyl] À Cair-el-Muluk, Ipuwer et Bermyl n’ont plus guère de rapports sur le suivi direct de la tempête, car les ornithoptères de la région ne peuvent plus voler dans ces conditions ; la ligne permanente avec la Guilde Spatiale sur la lune de Khepri s’en tient toujours aux mêmes réponses, sur un ton froid et mécanique : il y a un dysfonctionnement, qui sera bientôt réglé. D’autres rapports, par contre, proviennent des troupes basées dans la ville, et chargées d’assurer que les femmes et les enfants trouvent à s’abriter dans les cours du Palais et du Sanctuaire d’Osiris ; l’affaire est compliquée, il y a des bousculades dues à la panique, il y a donc des morts (impossibles à chiffrer), mais, un bon point qui n’avait rien d’évident, les rapports semblent témoigner de ce que le risque que la cohue tourne à l’émeute est jugulé – pour l’heure, du moins ; cette politique semble donc bel et bien la meilleure, et être à même de porter ses fruits. Pourtant, il y a eu un moment où des rumeurs délirantes avaient commencé à circuler : pourquoi seulement les femmes et les enfants à l’intérieur ? Sans doute que les Ptolémée, voire Ipuwer lui-même, entendaient leur faire « quelque chose »… Mais ça n’a pas vraiment pris – peut-être, en fait, parce que la panique était déjà bien trop élevée pour cela.
[IX-2 : Ipuwer] Ipuwer continue de s’investir dans les opérations de protection de la population. Il réfléchit à d’autres lieux susceptibles d’accueillir des habitants de Cair-el-Muluk, mais il y en a très peu (il les fait néanmoins aussitôt communiquer par radio et hauts-parleurs) : c’est que la ville est une île, pour partie artificielle d’ailleurs, et clairement pas conçue pour ce genre de catastrophe normalement inenvisageable – l’océan n’est jamais bien loin, et les bâtiments les plus hauts ne résisteraient pas forcément à un tsunami qui pourrait les faire s’écrouler en détruisant leurs fondations… Le Palais et le Sanctuaire d’Osiris demeurent les endroits les plus sûrs, parce qu’ils bénéficient de leur architecture monumentale – avec de grandes murailles, etc. En prenant en compte toutefois que, sous cet angle, le Palais est plus sûr que le Sanctuaire – lequel, en effet, est aussi un port, du fait de son rôle dans les cérémonies mortuaires de la grande fête d’Osiris… Cependant, il est vaste, et les cours les plus éloignées de la côte devraient pouvoir abriter nombre d’habitants en cas de tsunami.
[IX-3 : Ipuwer : Kiya Soter] Ipuwer agit aussi à un niveau plus tactique, pour assister Kiya Soter dans la gestion concrète des troupes à Cair-el-Muluk, en charge de l’opération dans les cours du Palais et du Sanctuaire d’Osiris ; mais, sans être inutile, il n’est pas d’un grand secours – car le général Soter, d’abord très sceptique concernant les instructions de son siridar-baron, s’est cependant attelé à la tâche et avec une très grande efficacité [en termes de jeu, il a obtenu huit succès à son jet de Stratégie] ; il gère au mieux, et maintient l’ordre tant au sein de ses troupes (il est très ferme, ses soldats comprennent bien qu’il leur arrivera malheur s’ils ont la mauvaise idée d’ouvrir le feu) que dans les rues de la ville submergées par une foule terrorisée : pour ce faire, il a quitté le bunker, même s’il demeure en liaison permanente, pour superviser lui-même les opérations de secours depuis le grand balcon du Palais, qui donne sur la cour – il a fait jouer autant que possible l’autorité militaire, sur un ton très sec, très autoritaire, celui qu’il fallait adopter sur le moment (même si, à terme, cela pourra avoir d’autres répercussions). La vitesse à laquelle il donne ses ordres est ahurissante, de même que la précision et la pertinence de ces derniers, évoquant presque les capacités d’un ordinateur interdit.
X : QUESTIONS D’ÉCHELLE
[X-1 : Németh : Taestra Katarina Angelion, Clotilde Philidor, Abaalisaba Set-en-isi, Labaris Set-en-isi] Németh sont en vol pour le relais de chasse de Darius. Dans son ornithoptère se trouvent notamment la Révérende-Mère Taestra Katarina Angelion, Clotilde Philidor, Abaalisaba Set-en-isi et Labaris Set-en-isi. Elle est tenue au courant de l'évolution de la situation en temps réel, par radio.
[X-2 : Németh : Taestra Katarina Angelion, Clotilde Philidor] Si la Révérende-Mère réagit à la situation avec sa sévérité coutumière (le visage fermé, elle n’a pas prononcé un mot depuis le décollage), Clotilde Philidor est quant à elle visiblement abattue – elle ne parle pas davantage, mais ses yeux errent dans l’habitacle, en quête d’un réconfort que nul ne semble en mesure de lui prodiguer. Németh s’en rend compte, bien sûr – et sait très bien ce qu’il en est : si la jeune Delambre est aussi désemparée, ce n’est pas en raison des événements eux-mêmes, mais du fait de la confirmation de ce que sa vision, comme toujours, s’est réalisée, et qu’elle n’a rien pu y faire – adoptant par la force des choses un rôle pathétique de Cassandre… Németh ne peut pas faire grand-chose pour réconforter Clotilde Philidor, elle le sait – elle lui passe néanmoins le bras autour des épaules, et la presse contre elle. Elle lui dit aussi qu’il ne faut pas s’inquiéter davantage, qu’elles sont en sécurité, qu’elle retrouvera bientôt sa famille, ce genre de choses. Ça ne produit pas beaucoup d’effet...
[X-3 : Németh : Clotilde Philidor ; Anneliese Hahn] D’effet positif, du moins ; la mention par Németh de la famille de Clotilde Philidor amène cette dernière à s’inquiéter pour Anneliese Hahn, absente, quand elle aurait à l’évidence dû se trouver dans cet appareil : elle ne semblait pas faire grand cas, jusqu’alors, de sa famille en générale et de son expansive cousine, mais les circonstances ont changé tout cela – ce qui la surprend peut-être plus que quiconque. Németh l’assure qu’il n’arrivera rien à sa cousine ; simplement, elle en est désolée, mais, ne sachant pas où se trouvait la jeune épéiste, et les événements devenant toujours plus menaçants, l’attendre n’était pas une option – il fallait décoller au plus tôt pour gagner le relais de chasse de Darius, au risque de sacrifier « tous les autres »… Clotilde Philidor le comprend bien, hochant la tête doucement, sans dire un mot...
[X-4 : Németh : Taestra Katarina Angelion ; Ipuwer] Németh guette aussi les réactions de la Révérende-Mère Taestra Katarina Angelion – ce qui n’échappe bien sûr pas à cette dernière ; elle se tourne vers Németh, la dévisage à son tour, puis dit : « Bien évidemment, tout ceci n’est qu’un avertissement. » Németh lui demande de se montrer plus explicite – savait-elle ce qui allait se passer ? Savoir… À la réflexion, probablement : la « bombe climatique », dans le contexte de Gebnout IV, est la meilleure arme de la Guilde Spatiale – on pouvait supposer, avec une grande marge de certitude, qu’elle en ferait usage à partir du moment où les investigations de la Maison Ptolémée à son encontre deviendraient plus flagrantes ; elle ne pouvait pas déterminer que cela se produirait aussi vite et aussi brutalement, cependant. Mais... ce n’est donc qu’un avertissement. Très bientôt, dans quelques heures au plus, la Guilde contactera la Maison Ptolémée, s’excusera faussement pour ce « léger dysfonctionnement », l’assurera que le problème a été réglé, et que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes… Peut-être la Guilde fera-t-elle durer le plaisir, seulement pour étudier comment tournent les choses à Cair-el-Muluk, histoire de voir comment Ipuwer résistera face à la panique et à la colère d’une population de quatre millions et demi d’habitants chauffés à blanc ? Mais cela demeure un avertissement plus qu’un assaut décisif. Bien sûr, cet avertissement aura d’ici-là provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes, et ils n’en tiendront absolument aucun compte. Que Németh ne s’y trompe pas, bien sûr : Taestra Katarina Angelion elle-même, et d’autant plus du fait de son rang dans le Bene Gesserit, est certes portée au cynisme, et ces milliers de morts ne l’affectent guère plus ; ce qui la perturbe, c’est justement cette nature d’avertissement, qui est en même temps la démonstration d’un pouvoir inouï, à même d’obliger à une redistribution des cartes… Pour dire les choses : ce qui l’effraie, c’est qu’elle ne sait pas comment il faudrait réagir face à un pouvoir pareil.
[X-5 : Németh : Taestra Katarina Angelion] Ces paroles de la Révérende-Mère laissent Németh un peu sceptique : elle sait, comme tout le monde à vrai dire, que le Bene Gesserit est par essence impliqué dans ce genre d’affaires, avec autant de compétence que de cynisme – comme la Guilde, comme le Bene Tleilax ; croire, alors, que l’ordre ne saurait pas comment réagir ? Taestra Katarina Angelion lui répond que c’est une question d’échelle : le Bene Gesserit s’implique à l’évidence dans ce genre d’affaires – dans l’ombre, il lutte, recule parfois, progresse souvent… Mais ces « plans dans des plans » s’inscrivent souvent dans des durées très longues, sur des millénaires, même. Ce qui pose problème ici, pour l’ordre, c’est l’immédiateté – elle parle d’une affaire où, subitement, tout est amené à se jouer en l’espace de quelques heures – et, à cette échelle-là, à l’en croire, le Bene Gesserit n’est finalement pas beaucoup plus compétent que quiconque. À terme, il pourra agir, et il pourra l’emporter ; mais concrètement, sur le moment… Les prochains jours, voire les prochaines heures, sur Gebnout IV… La Révérende-Mère l’avoue sans peine : cela la dépasse – et elle n’a pas honte de le dire.
[X-6 : Németh : Taestra Katarina Angelion ; Bermyl] Mais Németh passe alors à autre chose – et évoque devant Taestra Katarina Angelion le rapport que lui avait adressé Bermyl, selon lequel leurs adversaires « prévoyaient » leurs actions. Ils bénéficieraient donc eux aussi du don de Prescience, dès lors plus l’apanage du Bene Gesserit ? La Révérende-Mère le savait-elle ? Taestra Katarina Angelion répond que ce n’est pas de la Prescience : il y a « d’autres moyens ». Ce qui laisse Németh pantoise… Mais la Révérende-Mère développe : la Prescience est une faculté que personne ne comprend très bien, et qui permet d’aboutir, sans que l’on sache comment, à des certitudes concernant l’avenir. Mais la science est une autre voie : sur la base du recoupement des observations et de l’analyse psychologique, sociologique, etc., elle peut aboutir, sinon à des certitudes à proprement parler, du moins à des probabilités telles qu’elles deviennent quasiment des certitudes ; c’est, après tout, ainsi que procèdent les Mentats dans leurs analyses projectives. Pas de la Prescience, pas de la précognition à proprement parler, mais de l’extrapolation à partir de données « objectives », « scientifiques », et selon des méthodes éprouvées de spéculation. Or circulent des rumeurs selon lesquelles le Bene Tleilax aurai produit des « Mentats déviants », échappant au conditionnement normal de l’Ordre des Mentats, et donc à leur limitations à la fois éthiques et techniques… Bien sûr, il ne s’agit que de rumeurs – et Taestra Katarina Angelion, avec un sourire narquois, souligne devant Németh qu’elle-même, ici, joue avec les probabilités… Mais elle croirait volontiers que le Bene Tleilax, dans le cadre de ses opérations sur Gebnout IV, disposerait d’un « groupe » de Mentats déviants, focalisés sur la prospective, lesquels, en s’associant dans leurs extrapolations, parviendraient à obtenir des analyses projectives avec un très haut degré de probabilité, touchant à la quasi-certitude.
[X-7 : Németh : Taestra Katarina Angelion ; Bermyl, Elihot Kibuz] Németh demande alors à Taestra Katarina Angelion si, à cet égard, elle doit se méfier de son entourage… Eh bien, en tant que véritable « tête » de la Maison Ptolémée, elle doit certes se méfier de tout le monde. Mais précisément eu égard à cette question ? Pas spécialement… Ils n’ont guère besoin de s’infiltrer, au fond – au-delà, disons, des services de renseignement de Bermyl, ou d’Elihot Kibuz, notoirement corrompus – lesquels transmettent alors leurs informations sensibles (ou moins) aux Mentats déviants, à charge pour eux de déchiffrer l’avenir au milieu des données ; ces fuites leur sont indispensables, mais, au-delà ?
[X-8 : Németh : Taestra Katarina Angelion] Németh lâche qu’elle a bien compris que la Maison Ptolémée et les habitants de Gebnout IV ne sont guère que des pantins sans âmes pour le Bene Tleilax et la Guilde – elle précise non sans rancœur qu’il en va également de même pour le Bene Gesserit… Mais pourquoi ? Pourquoi se sont-ils emparés de la planète ? Pourquoi s’en prennent-ils à la lignée des Ptolémée ? La Révérende-Mère, sans hostilité, répond que la lignée des Ptolémée est à l’évidence totalement secondaire… Ce qui est certain, c’est que le Bene Tleilax, avec la complicité de la Guilde, ou, il faut l’espérer, de partie seulement de la Guilde (ce qu’elle tend à croire, mais on ne peut pas évacuer ainsi l’hypothèse contraire), a initié sur Gebnout IV un plan millénaire, qui semble approcher de sa conclusion. Le Bene Gesserit n’est pas en mesure de savoir ce qu’il en est au juste de ce plan… Mais, dit-elle, au risque d’effrayer Németh – et à raison, car elle devrait en être effrayée –, tout porte à croire, chose qui était encore improbable somme toute peu de temps auparavant, que Gebnout IV est, métaphoriquement, au centre de l’univers ; et qu’elle l’est en fait depuis des milliers d’années, sans que personne ou presque n'y ait prêté attention… Ce qui se passe ici décidera du destin de l’Imperium. L’alliance du Bene Tleilax et de la Guilde, les moyens mis en œuvre, les technologies de pointe testées in situ, le système de contrôle climatique comme garant de ce que la Maison Ptolémée demeure inoffensive, une armée de clones, une ou des bases secrètes çà et là et tout particulièrement sur le Continent Interdit, protégé par des tabous et des superstitions savamment élaborées et entretenues depuis des millénaires, des cargaisons étranges qui se volatilisent, des Mentats déviants spécialement affectés à la tâche de déterminer les moindres faits et gestes de leurs adversaires… Le Bene Tleilax ne gaspillerait pas ainsi ses ressources si ce qu’il avait entrepris sur cette planète n’était que d’une importance secondaire. À vrai dire, Taestra Katarina Angelion avance qu’elle a toujours été convaincue de ce que la partie qui se jouait là était capitale… Mais, à ce stade, cela devient incontestable – et tout particulièrement effrayant, mais notamment parce que les événements se précipitent. Cependant, elle l’avait déjà dit, cette précipitation peut devenir un atout… La démonstration de ce soir est toutefois éloquente : leurs adversaires ont des moyens, et pas de scrupules.
XI : Y A-T-IL UN MÉDECIN DANS LA SALLE ?
[XI-1 : Ipuwer : Vat Aills] Vat Aills n’avait pas été tenu au courant des événements sur l’autre face de la planète – dans la précipitation, l’informer n’était pas urgent… Mais Ipuwer, qui peste que le Docteur Suk soit absent quand on a besoin de lui – car un docteur aura beaucoup de travail à accomplir dans les jours qui viennent –, décide enfin de lui envoyer un message, que Vat reçoit donc aussitôt. Bermyl, par ailleurs, soupçonne que la catastrophe a quelque chose d’un avertissement – sans doute lié à ce que Vat a pu faire sur le Continent Interdit.
[XI-2 : Vat : Nofrera Set-en-isi] Le Docteur Suk n’hésite guère, et contacte la base du Mausolée pour qu’on lui envoie un ornithoptère ; il demande par ailleurs à être tenu informé de la situation exacte à Cair-el-Muluk, dès l’instant qu’il sera possible de faire un bilan des blessés, des possibilités d'accueil des hôpitaux, etc., afin qu’il coordonne les opérations de secours. Et concernant le reste de son expédition ? Doit-il laisser sur place les scientifiques et les commandos qui l’avaient accompagné ? Il hésite tout d’abord – mais la gravité de la situation à Cair-el-Muluk, et à vrai dire aussi l’effroi manifesté par Nofrera Set-en-isi, l’incitent à plier bagage – ils reviendront plus tard, mieux équipés, aucun intérêt à laisser qui que ce soit dans le désert de sable pour l’heure ; toutefois, leur rapatriement n’étant pas aussi urgent, ils pourront rester quelque temps à la base du Mausolée, et ne rentrer que plus tard, dans d’autres appareils – seul Vat Aills rentre aussitôt.
XII : « CHERCHEZ LA FEMME ! » (1)
[XII-1: Bermyl : Ipuwer, Kiya Soter ; Druhr, Ahura Mendes, Taa, « Lætitia Drescii »] À Cair-el-Muluk, tandis qu’Ipuwer et Kiya Soter supervisent les opérations de secours depuis le grand balcon du Palais (car Ipuwer a décidé de se montrer, sans se mettre pour autant en avant), Bermyl s’inquiète de la possibilité que le Palais lui-même, sinon seulement la grande cour, ait pu être infiltré par leurs ennemis. Il a tout spécialement en tête cette femme appelée Druhr, la responsable de l’assassinat d’Ahura Mendes, ou ses semblables, puisque les sœurs de Taa, au Mausolée, ont parlé d’une armée entière de clones ayant semble-t-il cette même apparence. Pour cette raison, l’accueil qu’a fait Ipuwer aux seuls « femmes et enfants » ne lui semble pas le moins du monde rassurant… D’autant qu’il faut y ajouter la fausse « Lætitia Drescii », elle aussi disparue sans la moindre trace !
[XII-2 : Bermyl : Kiya Soter] Bermyl rôde donc dans les couloirs du Palais, censément hermétique, quand il n’ausculte pas la foule des réfugiés depuis le balcon, voire directement depuis la cour. Dans le Palais, Bermyl ne repère pas de visages suspects – et il s’est appliqué à la tâche. Mais, dans la cour, les réfugiés sont déjà plusieurs milliers, et les risques de bousculades toujours à craindre – repérer un suspect quelconque dans ces conditions est peu ou prou impossible… Par contre, Bermyl constate que les semeurs de troubles mentionnés dans les rapports à lui adressés (ou à Kiya Soter) ne sont pas rentrés dans la cour, ou bien ont cessé d’y attiser la colère des victimes, plus ou moins réceptives ; en fait, les femmes et les enfants rassemblés dans la cour expriment avant tout une forme de résignation fataliste – au milieu des sanglots…
[XII-3 : Bermyl : Elihot Kibuz ; Németh, Taho] Mais Bermyl garde aussi un œil sur Elihot Kibuz – qui les avait rejoints dans la « salle de guerre » dès le début de la crise, et semble s’être depuis acquitté de sa tâche avec loyauté et compétence. Reste que la présence de ce traître plus ou moins notoire dans un lieu aussi stratégique n’était pas sans poser problème – en fait, Németh, avant de partir pour Darius, avait été sur le point de réclamer son arrestation immédiate ! Mais la pression des événements a fait que cet « ordre », si c’en était bien un, n’a pour l’heure toujours pas été exécuté. Or la mort de Taho, bien sûr, n’a fait que renforcer la défiance de Bermyl, porté à croire que le maître assassin fantoche a ainsi tenté de l’empoisonner lui-même – franchissant un pas supplémentaire dans sa traîtrise…
XIII : APRÈS LA PLUIE…
[XIII-1 : Vat Aills, Nofrera Set-en-isi] Quatre heures environ se sont écoulées depuis le début de l’alerte, et la tempête commence à tomber – mais « normalement », pas avec la soudaineté impossible de la Tempête de sable du Continent Interdit, sous les yeux mêmes de Vat Aills et Nofrera Set-en-isi. Le ciel commence à se dégager au large de Cair-el-Muluk (mais la nuit est tombée, pas de ciel bleu faisant contraste, donc) ; il pleut toujours, et à un volume inhabituel pour Cair-el-Muluk, dont certains quartiers sont inondés, mais sans plus constituer une menace, et le tsunami n’a donc pas affecté la capitale. Et, bientôt, la Guilde communique que « le dysfonctionnement a été réglé », sans plus d'explications...
[XIII-2 : Ipuwer : Ngozi Nahab, Apries Auletes] Les ornithoptères, du coup, peuvent à nouveau décoller – et reçoivent aussitôt d’Ipuwer l’ordre de le faire, pour tirer un premier bilan de la catastrophe. Cair-el-Muluk doit certes pleurer des milliers de morts, mais qui ne sont qu’indirectement les victimes de la tempête – le tsunami redouté n’a pas eu lieu, ce sont la panique et les bousculades qui ont tué. Quant à Heliopolis, elle a finalement toujours été trop loin pour être directement affectée par la tempête ; il y a bien eu quelques mouvements de panique, mais tenant surtout aux informations en provenance de Cair-el-Muluk ; quelques bousculades, oui, des morts sans doute, mais rien d’ampleur : Ngozi Nahab, plutôt qu’Apries Auletes, y a veillé – et il ne manque pas de le signaler à Ipuwer. Ambiance étrange dans la capitale administrative, du coup, où les agents de la pègre se sont substitués aux forces de l’ordre pour gérer la crise – et les habitants sont loin de leur en vouloir… Voilà pour les grands centres urbains – mais le tableau est on ne peut plus différent dans les archipels à l’est de Cair-el-Muluk : là-bas, le tsunami a frappé de plein fouet nombre de petites communautés, de pêcheurs essentiellement, ne bénéficiant pas des infrastructures des grandes villes ; et, très vite, les ornithoptères confirment que la situation sur place est catastrophique, voire apocalyptique – les villages ont été littéralement rayés de la carte, la quasi-totalité sans doute de leurs habitants ont été emportés par la vague : on comptera sans doute les morts par dizaines de milliers ; quant à venir au secours d’éventuels survivants, sur une zone aussi vaste, cela s’annonce compliqué…
[Se pose donc à nouveau, en termes de jeu, la question de la dépense temporaire d’un point de Guerre. Même si les éventuels survivants seront tous retrouvés dans les 72 heures, pas au-delà, l’implication des troupes mobiliserait énormément de ressources, surtout dans les premiers jours, mais aussi sans doute pour quelques semaines ensuite – probablement deux à trois. À l’évidence, l’offensive contre la Maison Arat devra être reportée, et peut-être d'autres opérations çà et là.]
XIV : À DARIUS
[XIV-1 : Németh] Németh arrive à Darius à peu près au même moment – son voyage n’a pas été émaillé de difficultés imprévues. Tenue au courant de l’évolution des événements en temps réel, elle rassemble ses 200 convives dès l’atterrissage pour leur récapituler la situation. L’alerte est terminée – mais il faudra attendre la confirmation de ce que la capitale est sécurisée avant de rentrer à Cair-el- Muluk.
XV : « CHERCHEZ LA FEMME ! » (2)
[XV-1 : Ipuwer, Bermyl : Anneliese Hahn, Ludwig Curtius] Ipuwer et Bermyl, par ailleurs, depuis le balcon où ils surveillent la situation dans la cour du Palais, constatent peu ou prou en même temps que, parmi les femmes réfugiées, se trouve Anneliese Hahn. La Delambre se remarque, car elle conserve même dans cette situation une certaine aura aristocratique – mais ce qui frappe bien vite les observateurs, pourtant, c’est qu’elle a perdu toute sa morgue dans l’épreuve : s’ils ne l’avaient jamais vue auparavant, ils n’auraient certainement pas pu la distinguer dans la foule de toutes ces femmes pauvres, sales, hagardes, blessées parfois, désespérées toujours… Des traces de boue partout, jusque sur le visage en temps normal si apprêté, des vêtements déchirés, aussi luxueux soient-ils, çà et là des griffures et peut-être d’autres blessures… Elle est visiblement traumatisée : la peur l’a brisée, la panique même, mais aussi, de toute évidence, la honte. Ipuwer envoie Ludwig Curtius la chercher, avec une escorte, pour qu’elle se remette dans le Palais… La foule atone laisse faire – après avoir ressenti une vague crainte pendant un très bref laps de temps : ces femmes, ces enfants, sont tous plus abattus les uns que les autres.
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