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"Les Abominations de Cthulhu", de Brian Lumley

Publié le par Nébal

Les-Abominations-de-Cthulhu.jpg

 

LUMLEY (Brian), Les Abominations de Cthulhu, [De Marigny’s Dream-Quest], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1975] 1978, 249 p.

 

« Nébal ? »

 

Oui ?

 

« Nébal. Faut qu’on parle. »

 

Mmmh ?

 

« C’est à propos de ton idée débile de passer tes vacances à enchaîner les lectures « festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses ». »

 

Je m’en doutais un peu…

 

« Euh, oui, bon… Enfin, voilà. Que tu puisses considérer Légende de David Gemmell comme un divertissement honnête, passe encore. Que tu veuilles tenter « Xanth », je peux le comprendre. Mais pourquoi t’acharner sur le « cycle de Titus Crow » ? De ton propre aveu, si Le Réveil de Cthulhu pouvait être sympathique par moments, La Fureur de Cthulhu était par contre une purge indicible. Tu crois vraiment que ça va aller en s’améliorant ? »

 

Oh, non.

 

« … »

 

 

« Donc tu vas arrêter ? »

 

Non.

 

« … »

 

 

« Mais bordel, pourquoi ? T’as rien de mieux à faire ? »

 

Pas grand-chose… Et puis j’ai la tête dure. Le « cycle de Titus Crow », vois-tu, j’ai décidé d’en faire la pierre angulaire de ma session de lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses. J’ai commencé par ça et, par Cthulhu, je finirai par ça !

 

« Pervers. »

 

Oui. Gnihi. Et ta gueule.

 

« Cycle de Titus Crow », tome 3, Les Abominations de Cthulhu. Toujours rien à voir avec le titre original, mais un chouia plus avec le contenu, pour une fois. Par contre, autant le dire de suite, malgré ce titre alléchant, ce n’est hélas toujours pas véritablement le nanar cthuloïde que j’attendais… En effet, si l’abominable La Fureur de Cthulhu jouait (mal) la carte science-fictive, le furieusement mauvais Les Abominations de Cthulhu joue (toujours aussi mal) de celle de la fantasy. Et pour cause : l’intrigue se situe cette fois dans les Contrées du Rêve (comme l’indique clairement le titre original, De Marigny’s Dream-Quest). Les Contrées du Rêve, chez Lovecraft, ça a pu donner des choses très bien, et notamment l’indispensable « Quête onirique de Kadath l’Inconnue » (ce qui est l’occasion, tiens, tant qu’on y est, de rappeler à votre bon souvenir l’excellent guide de Kadath). Mais passées à la moulinette bisseuse de Lumley, ça peut donner quelque chose de… singulièrement singulier.

 

Donc. De Marigny’s Dream-Quest prend directement la suite de The Transition of Titus Crow. Mais comme son titre l’indique singulièrement, notre héros sera cette fois le singulier Henri-Laurent de Marigny. Celui-ci a hérité de la singulière horloge voyageuse du singulier Titus Crow, singulier engin qui avait autrefois appartenu à son père, le singulier Étienne-Laurent de Marigny, devenu depuis le singulier conseiller du fameux roi Randolph Carter dans la singulière ville d’Ilek-Vad dans les singulières Contrées du Rêve. Alors qu’il emprunte, vêtu de sa singulière cape volante, la singulière création des Anciens Dieux pour se rendre en Elysia, Henri-Laurent de Marigny est contacté par le singulier Kthanid, qui lui confie une singulière mission. Il s’agit pour lui de sauver Titus Crow et sa femme, la singulièrement belle Tiania, qui sont prisonniers des Contrées du Rêve, où ils s’étaient rendus pour mettre un frein singulier aux singuliers cauchemars suscités singulièrement par le singulier Cthulhu. Las, ils sont tombés dans un piège (singulier), et ont été capturés par les singuliers êtres cornus de Leng, ce qui est pour le moins singulier. Henri-Laurent de Marigny s’endort donc, et fait un rêve singulier, qui va le propulser dans une intrigue de fantasy singulièrement médiocre.

 

Objectivement, Les Abominations de Cthulhu est probablement moins mauvais, singulièrement, que La Fureur de Cthulhu. Notamment en ce qu’il est plus court, et moins ennuyeux (singulièrement). Mais ça n’en fait certes pas un bon roman pour autant. C’est même singulièrement mauvais, à l’instar de la singulière traduction de France-Marie Watkins, qui, aux bout de trois tomes, abuse toujours autant du « singulier » et du « singulièrement ». Hélas, on ne pourra que rarement dire de De Marigny’s Dream-Quest que c’est « so bad it’s good »… Dans l’ensemble, c’est juste mauvais. Singulièrement mauvais.

 

Il est cependant quelques scènes singulièrement connes qui suscitent de francs éclats de rire singuliers chez le lecteur. On notera, déjà, qu’il s’agit bien de fantasy, dans la mesure où les femelles s’y font tout le temps singulièrement enlever par les méchants. La singulière Tiania nous fait le coup pas moins de trois fois (!) en moins de 250 pages, ce qui relève singulièrement de la performance singulière. Mais d’autres scènes singulières sont à relever. Au hasard, Titus Crow qui se latte à poil contre des sales bestioles cthuliennes mais non moins singulières, Marigny qui se bourre singulièrement la gueule au cognac pour retourner dans les Contrées du Rêve, ou encore cette singulière conclusion où, outre un deus ex machina au sens strict, parfaitement ridicule et singulièrement rapporté par le résumé en quatrième de couverture (!), nous avons la joie singulière d’assister à un singulier défilé de DCC (Divinités du Cycle de Cthulhu, faut-il le rappeler).

 

Bref : Les Abominations de Cthulhu, c’est singulièrement abominable. Mais ça ne m’empêchera pas de poursuivre l’aventure avec Le Démon du vent, parce que merde, je le veux, mon nanar authentiquement et singulièrement cthuloïde !

 

« Pervers. »

 

Oui. Mais ta gueule.

 

Singulièrement.

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"Xanth, t. 1. Lunes pour Caméléon", de Piers Anthony

Publié le par Nébal

Xanth--1.-Lunes-pour-Cameleon.jpg

 

ANTHONY (Piers), Xanth, t. 1. Lunes pour Caméléon, [A Spell for Chameleon], traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Haas, Paris, Bragelonne – Milady, [1977, 2009] 2010, 441 p.

 

POUET POUET !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Suite de mes lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses. Mais cette fois, ce n’est pas avec un livre spécialement acheté pour l’occasion, mais avec un bouquin qui traînait depuis quelque temps déjà dans ma commode de chevet. La raison en est simple : depuis que Pratchett s’est mis à gagater sérieusement, j’ai de plus en plus de mal à trouver mon injection régulière de fantasy humoristique (parce que rire, des fois, ben ça fait du bien). Or le volumineux également « cycle de Xanth » (plus de trente volumes) nous est présenté ici comme « un chef-d’œuvre de la fantasy humoristique ». Bon, certes, je me doutais bien qu’il risquait d’y avoir là comme une exagération commerciale… Mais j’étais malgré tout prêt à tenter l’expérience, et, l’occasion faisant le larron, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de tenter du Milady. D’où, ben voilà : lecture du premier tome du cycle, Lunes pour Caméléon.

 

TA-DOUM TCHIII !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Posons tout d’abord le cadre : il y a Xanth, et la Vulgarie. Xanth est une petite péninsule magique : tout y est magique, ou dispose au moins d’un pouvoir magique. Aussi y croise-t-on moult créatures improbables et dangers insondables. Par opposition, en Vulgarie, séparée de Xanth par une barrière invisible mais néanmoins mortelle, la magie ne subsiste pas. L’essentiel de l’action de ce roman, comme on pouvait légitimement le supposer au vu du nom du cycle, se passe sur Xanth.

 

POUET POUET !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Nous y faisons la connaissance du jeune Bink, qui est beau, fort et intelligent. Pourtant, il a quelque chose d’un paria, et l’on juge qu’il n’a pas sa place à Xanth. En effet, à la différence de tous les autres humains de Xanth, et notamment de son Village du Nord natal, Bink ne dispose pas de pouvoir magique. Ou alors, c’est qu’il ne sait pas quel est son don. Problème : la loi a décidé que quiconque, à Xanth, ne disposerait pas de pouvoir magique, serait exilé en Vulgarie. Voilà qui chagrine fort Bink, qui souhaite rester à Xanth et y épouser la belle Sabrina… Aussi, Bink décide-t-il de rendre visite au Bon Magicien Humfrey, spécialiste de la divination, pour que celui-ci détermine s’il a un pouvoir, et, si oui, quel est-il. Ainsi débute une aventure fort picaresque, où notre héros multipliera les rencontres (notamment avec des jolies filles et des monstres). La quatrième de couverture lâche le morceau, aussi on ne s’en privera pas ici : Humfrey détermine que Bink a bel et bien un pouvoir, très puissant (à même de faire de lui un Magicien), mais il est incapable de déterminer lequel, malgré toute sa science. Et Bink de prendre bientôt, bien malgré lui, la route de l’exil en Vulgarie… Mais ce n’est en fait qu’alors (bien tardivement, pour le coup) que le roman débutera véritablement, à mes yeux en tout cas, le reste ne constituant largement qu’un long prologue. Nouvelles rencontres, et non des moindres, et nouveaux défis pour Bink le sans-magie…

 

TA-DOUM TCHIII !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Or il y a un problème : Lunes pour Caméléon n’est PAS drôle. C’est embêtant, pour « un chef-d’œuvre de la fantasy humoristique »… Mais le constat est clair, net et précis : ce n’est PAS drôle. Mais alors pas du tout. Je n’ai jamais souri au cours de ma lecture ; j’ai par contre été navré plus d’une fois (facepalm !) devant la rudesse de la chose. Mais les responsabilités sont peut-être ici partagées. En effet, une bonne part de ce qui se prétend a priori drôle dans Lunes pour Caméléon repose sur des jeux de mots et compagnie, le genre de machins intraduisibles. Je ne sais pas du tout ce que cela donne en VO (où, si ça se trouve, ça marche) ; mais, en français, c’est juste désespérant, débordant de jeux de mots laids, de calembours lourds et de mots-valises pathentables… et tout cela n’est certainement pas drôle. J’imagine que cela prétend évoquer Lewis Carroll, entre autres, mais, dans les faits, cela m’a surtout rappelé un forumer d’ActuSF dont le pseudonyme commence par E, finit par S, et comprend entre-temps les lettres O et N (avec peut-être une touche du pire Damasio par moments). Et c’est rude. Terriblement rude. Certains passages sont tout particulièrement pénibles (je pense notamment au moment du sphinx, où ça cartonne à tout va), mais, de manière générale, chaque fois que le roman s’essaye à l’humour, ça foire. Et les jeux de mots et compagnie ne sont hélas pas seuls en cause : les situations censément humoristiques sont généralement affligeantes, c’est d’un cucul insupportable (au passage, le mot « cul » semble proscrit sur Xanth, alors qu’il joue un rôle non négligeable dans le roman…).

 

POUET POUET !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

C’est d’autant plus dommage que tout n’est pas si mauvais que ça dans Lunes pour Caméléon. En fait, dès l’instant où il ne prétend pas être drôle, il contient même quelques bonnes idées – par exemple, sur le pouvoir et l’évolution. Les personnages sont par ailleurs plutôt corrects. Et on peut difficilement prétendre que Piers Anthony manque d’imagination, tant ça déborde. Il faut cependant parvenir à faire l’impasse, non seulement sur l’humour consternant qui est supposé fournir le ressort essentiel du roman, mais aussi sur un certain moralisme gnangnan qui débouche très logiquement sur un pénible happy end

 

TA-DOUM TCHIII !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Aussi les défauts l’emportent-ils, et de loin, sur les qualités. Du coup, je ne pense pas en lire un jour la suite, sauf peut-être dans le cadre d’un pari débile comme celui qui m’a valu cette première incursion en Xanth. Parce que, dans l’ensemble, ce fut quand même avant tout navrant, voire éprouvant.

 

POUET POUET !

 

AH AH AH AH AH AH !

 

Oh, vos gueules.

CITRIQ

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"La Fureur de Cthulhu", de Brian Lumley

Publié le par Nébal

La-Fureur-de-Cthulhu.jpg

 

LUMLEY (Brian), La Fureur de Cthulhu, [The Transition of Titus Crow], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1975] 1977, 251 p.

 

« Nébal ? »

 

Oui ?

 

« Nébal. Faut qu’on parle. »

 

Mmmh ?

 

« C’est à propos de ton idée débile de passer tes vacances à enchaîner les lectures « festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses ». Je… ça pose problème. »

 

Oh ?

 

« Tu… tu te rends compte que tu lis vraiment de la merde ? »

 

Oh, oui !

 

« Et… que ton blog miteux est en train de perdre toute crédibilité, si tant est qu’il en avait une ? »

 

Yep. Uh uh.

 

« Non, mais, franchement, ça peut plus durer. Ce n’est pas sain. Tu es maso, ou quoi ? »

 

Peut-être un peu, oui. Mais ça me fait rire, aussi. Et…

 

« Et ? »

 

Et… et c’est QUE LE DÉBUT, MOUHAHAHA !

 

« Mon Dieu. Mais… »

 

Ta gueule. Je lis tout qu’est-ce que j’veux, d’abord. Et la descente aux Enfers ne fait que commencer (gnihihi). J’en veux pour preuve que j’ai lu le deuxième tome du « cycle de Titus Crow », bêtement intitulé en français La Fureur de Cthulhu (là encore, rien à voir avec le titre original, et pas grand-chose avec le contenu du bouquin, mais j’y reviendrai), et que je suis toujours vivant. Et là, pourtant, c’était vraiment très mauvais. Mais je sais quand même que d’ici à mon retour sur Paris, je vais très probablement lire PIRE ENCORE ! AH AHAHAHAH !

 

« Mais c’est dingue ! C’est obscène ! C’est… »

 

Mais ta gueule ! Parlons plutôt de ce bousin. La Fureur de Cthulhu, donc. Ou plutôt : The Transition of Titus Crow. Une chose indicible dédiée à H.P. Lovecraft, qui n’en demandait sûrement pas tant, et qualifiée en quatrième de couv’ de « vertigineuse épopée ». Car, qu’on se le dise : « Brian Lumley a donné au Réveil de Cthulhu la suite que tous les amateurs de fantastique attendaient. » Aha. Ce qui montre bien que je ne suis pas le seul pervers dans cette sphère littéraire.

 

Nous sommes dix ans après Le Réveil de Cthulhu (enfin, The Burrowers Beneath). Pile poil. Le précédent roman s’était achevé sur la destruction de Blowne House et la disparition de nos deux héros, Titus Crow, propriétaire des lieux, et son pote Henri-Laurent de Marigny. Ce qui appelait de toute évidence une suite. Mais quelle suite, mes aïeux ! Autant gommer d’entrée de jeu un vilain mensonge, tant qu’on y est : La Fureur de Cthulhu n’est pas un roman pour « les amateurs de fantastique ». C’est un pur roman de science-fiction, et de la plus laide eau.

 

Tout commence avec la « résurrection » (ou réapparition, comme on voudra) d’Henri-Laurent de Marigny. La première partie du roman, qui devrait en principe nous conter son lent retour à la vie, ne consiste en fait qu’en un grossier et interminable résumé de l’épisode précédent, qui en rajoute encore sur les plus mauvaises idées que ce glorieux prédécesseur avait déjà osé avancer (non mais franchement, déjà, les Anciens Dieux, bon – on y reviendra – ; mais la famille de Cthulhu !). C’est donc le plus nanardesque du Réveil de Cthulhu qui nous est longuement rappelé. Ce qui en dit déjà beaucoup sur la qualité de cette suite.

 

Mais le roman ne débute véritablement qu’avec le retour de Titus Crow. Et celui-ci de nous conter, via Marigny, sa longue odyssée à travers le temps, l’espace et les autres dimensions, à bord de sa mystérieuse horloge voyageuse en forme de cercueil. Et sa « transition ».

 

Et attention, c’est du lourd (dans tous les sens du terme). Cela nous vaut en effet un roman qui n’entretient qu’épisodiquement des rapports véritables avec le Mythe de Cthulhu. Certes, on croise bien, et à plusieurs reprises, les Chiens de Tindalos, qui harcèlent notre héros, ou encore la Grand-Race, et même Yog-Sothoth. Mais, au fond, tout cela n’importe guère. La Fureur de Cthulhu, très mal nommée donc, est bien avant tout un roman de science-fiction d’Ancien Régime, très popu, mais surtout très ringarde et dans l’ensemble très chiante, accumulant le déjà-lu avec une constance que l’on peut bien qualifier d’audace, à ce niveau. En avant, en arrière, sur le côté : tout cela a déjà été lu et relu cent fois en cent fois mieux, depuis Wells notamment, et on s’emmerde grave.

 

Même si des fois on rigole (c’est les nerfs). Et à la fin, on se bidonne carrément. Il faut lire, en effet, le récit par Super Titus Crow de son périple en Elysia, le domaine des Anciens Dieux (quelle idée à la con, décidément), où il retrouve son Élue des Dieux, Tiania, éperdue d’amour pour lui. C’est d’un bisounoursesque gnangnan à se rouler par terre. Et ça, très certainement, n’a pas grand-chose de lovecraftien (même quand Super Titus Crow, après avoir batifolé avec des dragons zozoteurs et compagnie, découvre le terrible secret de l’Ancien Dieu Kthanid, moment d’anthologie d’un ridicule achevé).

 

Saluons également la performance de la traductrice, qui parvient à livrer ici un « travail » encore plus ignoble que ce qu’elle avait déjà effectué pour le roman précédent, et c’était pas gagné. Bravo, Madame.

 

Inutile de s’étendre plus que de raison : La Fureur de Cthulhu est une vilaine bouse, qui tient en outre à peu de choses près de l’escroquerie pure et simple (remboursez !). Contrairement au Réveil de Cthulhu et, dans un autre genre, à Légende de David Gemmell, ce roman pathétique n’offre pas au lecteur ce qu’il était venu chercher. Et ça, c’est mal.

 

Mais ça ne m’empêchera pas de lire la suite, à savoir Les Abominations de Cthulhu (j’en frémis déjà), parce que c’est le jeu. J’espère cependant qu’il y aura un peu plus de Mythe dedans, même mauvais. Parce que merde, quand même. Je le veux, mon nanar cthuloïde !

 

« Pervers. »

 

Ta gueule.

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"Légende", de David Gemmell

Publié le par Nébal

Legende.jpg

 

GEMMELL (David), Légende, [Legend], traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Alain Névant, Paris, Bragelonne – Milady, [1984, 2000, 2008] 2009, 511 p.

 

Ah ben voilà un bouquin dont au sujet duquel que pour en rendre compte, ben qu’il me fallait au moins les 30 points de QI supplémentaires qu’on m’a généreusement offerts pour la Nouwël, tiens !

 

Que je vous explique.

 

Légende, premier roman de David Gemmell, et fondateur du « cycle Drenaï », n’a rien à voir avec le film éponyme de Ridley Scott. Ici, on ne fait pas dans la fantasy pour fillettes, avec Tom Cruise et autres nabots. Nan. Ici, fantasy-BASTON ! Avec MUSCLES ! Et COUILLES !

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

 

 

Reprenons plus calmement.

 

Nébal, de temps à autre, aime bien l’heroic fantasy où c’est qu’on tranche des têtes, et notamment la sword’n’sorcery bien barbare. Nébal adorer « Conan », adorer « Kane ». Aussi, un jour ou l’autre, je devais nécessairement me taper du David Gemmell. C’était fatal. La curiosité a bien fini par l’emporter, et c’est tout naturellement que Légende (sous-titré « l’ultime combat ! », comme un fantabuleux nanar) a trouvé sa place dans mon cycle de lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses. Une expérience.

 

Résumons la chose (ça ira vite). Légende, c’est d’abord et avant tout Druss. Que c’est lui, la Légende. Pour vous le présenter rapidement, disons qu’il s’agit d’une sorte de Cohen le Barbare en moins sympathique (mais pas moins rigolo), avec une touche de John Rambo. Vieux guerrier arthritique qui a quasiment pris sa retraite là haut sur la montagne, il attend la mort. Et il va bien trouver une occasion de précipiter les événements, et de ressortir sa bonne vieille hache.

 

En effet, Ulric, Khan des Nadirs fourbes (ils ont des yeux bridés ; c’est pas parce qu’on s’appelle Ulric qu’on ne peut pas avoir des yeux bridés, arrêtez tout de suite), a réussi à fédérer les tribus des steppes, et avance avec une armée de 500 000 hommes sur la forteresse de Dros Delnoch (pas de doute, on est bien dans un roman de fantasy), qui garde l’entrée de l’Empire drenaï (ou de ce qu’il en reste). La Dros n’abrite que quelques milliers de soldats, pour la plupart des fermiers inexpérimentés. Autant dire qu’ils vont se faire méchamment écraser la gueule.

 

Sauf que Druss rapplique. Et Druss avoir MUSCLES ! Et COUILLES !

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

 

 

Pardon.

 

N’empêche que voilà : Légende, c’est grosso merdo 300 pages de préparatifs (avec Druss, mais aussi une multitude d’autres figures, même si l’on en retiendra surtout le voleur berserk Rek, sa compagne Virae, et les Trente, templiers menés par un albinos – tiens, original…), et 200 pages de baston. Ça charcle sévère. « Quand Conan rejoint Fort Alamo », nous dit-on. Oui, certes, pourquoi pas. Mais, pour ma part, j’aurais plutôt envie de comparer Légende à 300 : en effet, comme 300, Légende est sacrément crétin, passablement jouissif, et un peu facho quand même. Certes, à la différence de 300 (je parle bien entendu de la chouette BD de Frank Miller, pas du navet « réalisé » par ce tâcheron de Zach Snyder), Légende sacrifie à peu près tout sur l’autel de la seule efficacité. Le roman n’a rien d’original, n’est certainement pas subtil, n’a rien de beau, est écrit de manière purement utilitariste (avec plein de dialogues) et traduit à l’arrache, construit de manière contestable, les personnages y sont des clichés sur pattes (même si Druss ne manque pas de charisme, reconnaissons-le), les situations sont vues et revues… Et pourtant, ça marche.

 

Zarbi.

 

Mais, oui, le fait est qu’on se prend d’enthousiasme pour Druss et ses potes, et qu’on s’imagine bien beugler à son tour sur les six murailles de Dros Delnoch. On ressent chaleureusement l’atmosphère si gay friendly de franche camaraderie virile qui règne dans les casernements, odeur de vestiaire incluse. « Ma-cho, ma-cho man ! » D’ailleurs, tant qu’on y est, on notera au passage le caractère fondamentalement navrant des (très rares ; seulement deux parmi les principaux) personnages féminins du roman, qui n’ont guère d’alternatives : ce sont des salopes et/ou des infirmières. Mais bon, passons ; après tout, par définition, même psychopathes, elles manquent de MUSCLES ! Et de COUILLES !

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

 

 

Aheum.

 

Efficacité, donc. Parce que oui, David Gemmell, à défaut d’autre chose, sait aller à l’essentiel et emporter son lecteur. Le fait est que ça marche, et que j’ai dans l’ensemble pris beaucoup de plaisir à suivre le siège de Dros Delnoch. En tout cas, je ne me suis pas ennuyé un seul instant, et c’est déjà pas mal.

 

 

Cependant…

 

[SPOILER !]

 

… il faut bien reconnaître que la fin gâche un peu tout, tant elle est ridicule, lamentable, pathétique, invraisemblable et conne. Si j’étais aussi macho que ses personnages, je dirais volontiers que David Gemmell, pour le coup, n’en a pas eu, de COUILLES !

 

BEUA…

 

 

Non, pas cette fois, justement.

 

Et c’est sacrément dommage. Parce que sans ça, Légende, si l’on n’en fera pas un roman exceptionnel, serait vraiment un divertissement plus qu’honorable, et même tout à fait correct.

 

Bon, n’exagérons rien : dans la mesure où ce ne sont que les vingt ou trente dernières pages qui sont vraiment à chier, on peut dire, allez, soyons bon prince, que Légende est bel et bien un divertissement plus qu’honorable, et même tout à fait correct. Je ne vais pas bouder mon plaisir déviant. Et j’ajouterais même que ça m’a donné envie, comme ça, à l’occasion, de lire d’autres bouquins de David Gemmell. Pourquoi pas, hein ? Après tout, de temps en temps, ça fait du bien, un peu de MUSCLES ! Et de COUILLES !

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

 

 

BEUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARH !!!

CITRIQ

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"Le Réveil de Cthulhu", de Brian Lumley

Publié le par Nébal

Le-Reveil-de-Cthulhu.jpg

 

LUMLEY (Brian), Le Réveil de Cthulhu, [The Burrowers Beneath], traduit de l’anglais par France-Marie Watkins, Paris, Albin Michel, coll. Super-Fiction, [1974] 1976, 247 p.

 

Ouééééééééééé ! C’est les vacances ! L’esprit de Nouwël descend sur moi ! Du coup, j’ai envie de lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne. Voire carrément perverses.

 

MORT À LA LITTÉRATURE !

 

Là, présentement, je veux du gros qui tache. Pas envie de me prendre la tête avec des choses aussi superflues que la beauté ou l’intelligence. Pas envie de bons livres, en fait. Envie de trucs efficaces, même cons. Et va y avoir du lourd, autant vous le dire de suite.

 

FUYEZ, PAUVRES FOUS !

 

Mouhahahaha.

 

 

Gnihihihihihi.

 

 

Ben, par exemple, j’avais envie de me refaire le « cycle de Titus Crow » de Brian Lumley, que j’avais hâtivement parcouru étant gosse dans une édition « abominable » au Fleuve Noir. Je me suis donc pris les cinq bouquins parus dans la très kitsch collection Super-Fiction, histoire de.

 

Et là, j’aimerais m’attarder un peu sur l’emballage de ce premier tome qu’est Le Réveil de Cthulhu, parce que c’est quand même un beau cas-limite. Maquette et illustration hideuses, coquille sur le nom de l’auteur, titre français crétin et racoleur qui n’a rien à voir, ni avec l’original, ni avec le contenu du bouquin, et savoureuse présentation de l’auteur, que je ne peux m’empêcher de vous livrer in extenso :

 

« Brian Lumley, bien que né exactement neuf mois après la mort de H.P. Lovecraft, nie être la réincarnation de l’âme hallucinée du Maître de l’horreur.

 

« Les apparences, notamment la passion évidente de Lumley pour le mythe de Cthulhu et le fait qu’il est de plus en plus souvent reconnu comme l’héritier du talent littéraire de Lovecraft, tendraient plutôt à témoigner du contraire.

 

« D’autant que Lumley n’est pas un simple imitateur mais un innovateur génial dans la science-fiction fantastique, que Lovecraft lui-même aurait été heureux de saluer. »

 

 

And my ass, is it some chicken ?

 

Ça pousse quand même bien mémé dans les shoggoths. N’exagérons rien, donc, et essayons d’envisager plus sereinement ce roman de Brian Lumley. Oui, il s’agit bien d’un héritier de Lovecraft ; mais de sa création, pas de son talent littéraire ; et encore faut-il reconnaître que cette succession s’est faite via August Derleth, dont Lumley reprend certaines mauvaises idées, s’éloignant du rationalisme et du matérialisme de l’horreur cosmique lovecraftienne stricto sensu (même s’ils ressurgissent à l’occasion, comme, par exemple, dans la perception d’Azathoth, ici). Ainsi, on retrouve ce fâcheux panthéon « élémentaire » typiquement derlethien, et, pire encore, cette quasi-trahison qu’est l’intervention d’Anciens Dieux « bons » contre les maléfiques Grands Anciens… Méfiance, donc.

 

Nous avons deux héros, deux occultistes chevronnés : Titus Crow, donc, et son ami Henri-Laurent de Marigny (le fils du pote à Randolph Carter). C’est essentiellement à travers les carnets de Marigny que nous vivrons la terrible aventure qui va, pour la première fois, confronter véritablement les deux hommes au Mythe, aux terribles DCC (Divinités du Cycle de Cthulhu) (si). Mais de Cthulhu à proprement parler, et a fortiori de son réveil, il ne sera en fait quasiment pas question dans ce roman, qui tourne principalement autour des Cthoniens et de leur vilain pas beau de pater, l’indicible Shudde-M’ell. Affaissements de terrain et étranges secousses sismiques ont mis la puce à l’oreille de Crow ; et il en est arrivé à cette conclusion effroyable :

 

LES CTHONIENS ENVAHISSENT LA GRANDE-BRETAGNE !

 

Horreur ! Malheur ! Il faut faire quelque chose ! Et Titus Crow et Henri-Laurent de Marigny de partir en croisade contre les terribles Fouisseurs des profondeurs. Voilà, en gros, pour le pitch.

 

Comme vous l’aurez compris, Le Réveil de Cthulhu, ou plutôt The Burrowers Beneath, s’il s’inscrit bien dans la tradition lovecraftienne, le fait un peu à la manière d’un Stuart Gordon au cinéma : on fait ici, plus que dans le pastiche « sérieux » de ce qui relevait bel et bien d’une forme de littérature populaire, dans la franche bisserie tendance feuilletonesque, avec plus ou moins de talent. Aussi le roman oscille-t-il tout du long entre série B plus qu’honnête, voire jubilatoire (si), et série Z consternante, en se tapant quasiment tout l’alphabet en cours de route. Certains passages, les plus lovecraftiens d’ailleurs, sont très réussis : cela vaut notamment pour tout le début du roman, et en particulier pour ce moment d’anthologie qu’est le récit de Paul Wendy-Smith, qui dévoile la sinistre réalité derrière les Fragments de G’harne.

 

Hélas, au fur et à mesure que l’on avance dans le roman, l’investigation cède le pas à l’action, et Lumley fait de plus en plus péter les effets spéciaux. Mais le manque de budget se ressent, et certaines scènes qui se voudraient terrifiantes se révèlent en définitive plus ridicules qu’autre chose…

 

Dommage, parce que, en dépit de ses nombreuses « imperfections » (le mot est un peu faible) et d'un style lamentable remarquablement rendu par une traduction abjecte, The Burrowers Beneath se lit plutôt bien : on tourne les pages l’air de rien, et on respire avec bonheur les effluves de bière et de pop-corn. Lovecraft, contrairement à ce que prétend la quatrième de couv’, s’en est peut-être à l’occasion retourné dans sa tombe, mais pourtant, c’est à bon droit que l’on fait de Lumley un des plus célèbres (sinon des plus talentueux) continuateurs de l’œuvre du Maître de Providence. Bon, on a plus l’impression, parfois, de lire un compte-rendu d’une partie de L’Appel de Cthulhu qu’un véritable récit lovecraftien, mais, dans l’ensemble, on s’amuse bien, et on apprécie, du moins dans la partie « investigation » du roman, la manière dont l’auteur reprend à son compte les codes du Mythe.

 

Bien entendu, je ne saurais faire de ce Réveil de Cthulhu une lecture recommandable. Je suis très bon public, là, comme vous l’aurez deviné (et ça vaudra pour mes autres comptes-rendus pervers) ; objectivement, je devrais plutôt reconnaître que tout cela n’est « pas très bon »… Mais je me suis bien marré quand même, parfois aux dépends du bouquin certes, mais peu importe au final : bière, pop-corn, tout ça… Je n’en demandais pas plus. Alors je vais bel et bien jouer le jeu du cliffhanger final, écrivant à peu de choses près en lettres capitales « SUITE AU PROCHAIN ÉPISODE », et poursuivre le cycle avec La Fureur de Cthulhu.

 

Burp…

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Suffer

Publié le par Nébal

 

 

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"Berazachussetts", de Leandro Avalos Blacha

Publié le par Nébal

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ÁVALOS BLACHA (Leandro), Berazachussetts, [Berazachussetts], traduit de l’espagnol (Argentine) par Hélène Serrano, postface d’Hélène Serrano, Paris, Asphalte, [2007] 2011, 185 p.

 

Voilà un livre que l’on m’a fort bien vendu. En effet, dès avant sa parution, on m’avait assuré qu’il y aurait dedans des pingouins, des zombies et des paralytiques. Or Nébal aime les pingouins, les zombies et les paral…

 

 

Broumf.

 

Disons que ce livre, si le programme était bien respecté, était a priori fait pour moi. Et c’était en outre l’occasion de découvrir enfin les éditions Asphalte, dont j’ai accumulé plusieurs ouvrages sans trouver d’opportunité pour les lire (honte sur moi). Ayé, le tort est réparé (enfin, en partie…), Berazachussetts est lu, et je peux dire, après en avoir quelque peu douté, que le programme a bien été respecté. Oui, on trouve dans le roman de Leandro Ávalos Blacha (pourrait pas s’appeler Jean-Pierre Martin, comme tout le monde…) des pingouins, des zombies et des paralytiques. Mais aussi bien d’autres choses. C’est rien de le dire, que ça foisonne dans ce court bouquin. Il en retire quasiment un côté picaresque, ou hystérique, c’est selon.

 

Aussi n’est-il pas très évident de le présenter, ou a fortiori d’en résumer l’intrigue, au-delà de cette sentence qui aurait déjà dû vous convaincre de vous précipiter dessus : dedans, il y a des pingouins, des zombies et des paralytiques.

 

Oui.

 

Bon, essayons tout de même. Nous sommes à Berazachussetts, une sorte de banlieue de Buenos Aires fantasmée (voir la postface pour les « précisions » – façon de parler – cartographiques de cette géographie décalée). Quatre cûpines, anciennes instits à la retraite et toutes veuves, vivent ensemble : Dora, Milka, Beatriz et Susana. Un jour, elles tombent par hasard sur Trash, une zombie punk et obèse qui se promène les énormes nichons à l’air, et décident de la ramener chez elles, parce qu’elle a quand même un peu l’air dans un sale état.

 

En fait de zombie, Trash n’a pas grand-chose à voir avec les classiques vaudous ou romeriens : certes, elle est anthropophage, mais elle pense, parle, boit de la bière et pogote sur les Misfits. Quelqu’un de bien, donc. Ce qui en fait quelque peu une exception dans cet univers sordide où les psychopathes se rencontrent par paquet de dix, jusque dans le petit groupe des cûpines.

 

Sans rentrer dans les détails, disons que ce petit groupe va – sévèrement – battre de l’aile, que ça va se séparer dans les insultes, et que ça va – de manière générale – charcler pas mal, dans une ambiance de délire généralisé, jusqu’à une conclusion nécessairement apocalyptique. Ben oui. Mais d’ici là, on aura croisé un ancien maire pervers qui fait du tourisme chez les pauvres, son fiston qui tourne des snuff movies, des pingouins en vitrine (parce que c’est chouette), des vieux et des cadavres révolutionnaires, et un gang d’handicapés très Action mutante versant faf, mené par la terrible et omnisciente et paralytique Periquita (hi hi hi).

 

Mais c’est complètement n’importe quoi, ma parole !

 

Eh bien, oui et non. C’est, d’une part, un grand nawak jubilatoire, qui se savoure comme une comédie horrifique de la plus belle eau et du plus mauvais goût (miam), et, d’autre part, sous la couche de réjouissant délire, un tableau acide et sans appel de l’Argentine contemporaine, pays qui en a chié, c’est le moins qu’on puisse dire. Entre cumbia et bidonvilles, cartes postales et réalités moins glop, Leandro Ávalos Blacha dresse mine de rien un constat passablement putride d’une société en décomposition, bouffée par la crise, la misère et la corruption, une société anarchique dans le mauvais sens du terme, appelant l’anarchie dans un sens autrement plus laudatif.

 

Et ça marche parfaitement. Sans être le livre de l’année, Berazachussetts remplit parfaitement son office sur tous les plans. Il part dans tous les sens, mais c’est tant mieux – comme ça, on voit du pays. Et on s’amuse beaucoup, on éclate même parfois de rire, tout en devinant sous la chouette mauvaise blague quelque chose de plus grinçant et nettement moins enthousiasmant.

 

Servi par une plume limpide et d’une fluidité tout à fait remarquable (mais qui, je dois dire, m’a semblé étrangement pudibonde par moments), Berazachussetts se dévore comme un humain encore chaud. On y trucide dans la joie, on s’y lâche pour exaucer tous ses rêves, mesquins ou pas, et, de manière générale, on se fait plaisir. L’auteur aussi, sans doute, et le lecteur itou.

 

Alors lisez Berazachussetts : un roman qui fait du bien, mais pas que, avec dedans des pingouins, des zombies et des paralytiques, mais pas que. Et comme ça fait déjà pas mal, je ne vois pas de raison de bouder son plaisir.

CITRIQ

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"Z-Corps : UnDead On Arrival"

Publié le par Nébal

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Z-Corps : UnDead On Arrival

 

Petit nouveau dans la gamme « fermée » de Z-Corps, UnDead On Arrival est un supplément bienvenu, qui permet de changer assez radicalement la donne, et de conférer une nouvelle orientation aux parties. Sous cet angle, il répond bien aux attentes que j’évoquais en rendant compte de ma lecture de 8 Semaines plus tard, premier supplément de la gamme, d’une utilité moyenne. Y a du progrès, donc, et on ne saurait s’en plaindre (un truc dingue : même pour ce qui est des coquilles, il y a du mieux. Dingue, vous dis-je). À la différence du précédent, ce supplément est cette fois clairement réservé au MJ, et se découpe en trois parties.

 

« Vivre ? » commence par détailler les événements survenant lors de la neuvième semaine de l’épidémie. Il est évidemment hors de question que je rentre dans les détails et que je vous spoile tout ça… Je me contenterai donc de noter que tout cela se lit fort bien, et d’évoquer ici le trait essentiel qu’est le changement de stratégie adoptée à l’encontre des Hostiles, qui concerne tout particulièrement les Z-Corps. Les régions infectées sont désormais confinées derrière une « Ligne Grise » qu’il s’agit de défendre à tout prix. Plus question pour les Z-Corps de mener désormais des missions d’extraction dans les « zones rouges », et tant pis pour les éventuels Survivants qui pourraient s’y trouver… Leur boulot, désormais (ou plus particulièrement celui de ces nouvelles unités que l’on appelle « Deathkeepers »), s’effectue pour l’essentiel dans les « zones oranges », non infectées mais proches de la Ligne Grise.

 

Voilà qui donne l’orientation générale de ce supplément, plus particulièrement dédié aux « zones oranges ». En somme, on pourrait dire – même si cela n’est pas tout à fait juste – qu’il s’agit désormais de faire du jeu de zombies… sans zombies. L’idée peut paraître saugrenue vue de loin, mais est en fin de compte tout à fait heureuse, dans la mesure où elle permet de changer l’orientation générale de la campagne, qui sans cela pourrait commencer à devenir un peu répétitive. Autre bon point : on intègre désormais plus clairement dans le background du jeu la dimension sociale caractéristique des films de Romero, notamment.

 

Le chapitre suivant s’intitule donc « Bienvenue parmi les vivants », et décrit le monde non infecté, avec moult détails et de nouveaux archétypes pour les différents types de personnages que l’on peut y rencontrer. On s’intéresse tout d’abord aux migrants, puis aux contrôleurs en zone orange (les « Deathkeepers », notamment), puis – très bonne idée – aux forces internationales (ce qui permet de faire le point sur l’évolution de la pandémie à l’échelle du globe). Le chapitre, dense et d’une lecture intéressante, s’achève sur quelques éléments de recherche et développement, avant d’envisager un nouveau type d’Hostile : le Hunger ou « Grand Blanc ».

 

Reste enfin un scénario… ah ben qui s’intitule « Le Grand Blanc », justement. Celui-ci présente pour intérêt majeur de pouvoir être joué, soit en mode Survivants, soit en mode Z-Corps, soit en multi-tables. De toute évidence, c’est cette dernière option qui est la plus intéressante… mais elle nécessite pas mal de joueurs, et deux, voire trois, maîtres de jeu… Pas facile à mettre en place, donc (en convention, peut-être ? C’est ainsi qu’il a été testé, semble-t-il). C’est à vrai dire le seul moyen de rendre intéressant ce scénario autrement très banal, et pas bien glop dans les deux modes « classiques » du jeu…

 

Quoi qu’il en soit, ce bémol mis à part, UnDead On Arrival est un supplément plutôt réussi, incontestablement plus intéressant et utile que 8 Semaines plus tard. J’attends maintenant (oui, déjà…) la suite avec impatience ; d’autant qu’il semblerait que celle-ci viserait à intégrer plus radicalement les joueurs dans les événements de la storyline

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"L'Horreur tropicale", de William H. Hodgson

Publié le par Nébal

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HODGSON (William H.), L’Horreur tropicale et autres nouvelles, traduit de l’anglais et préfacé par François Truchaud, [s.l.], Terre de brume, coll. Terres fantastiques, 2011, 119 p.

 

Ça commençait à faire pas mal de temps qu’on me disait qu’il fallait que je lise un de ces jours William Hope Hodgson. Ma passion pour Lovecraft n’y était bien sûr pas étrangère, mais je crois que le véritable déclencheur a été ma lecture de l’excellent La Peau froide. Encore fallait-il qu’une occasion se présente, du fait de la bête organisation scientifique de ma commode de chevet… Occasion il y eut, avec la publication par Terre de brume, qui a déjà plein de titres de l’Anglais au compteur, de L’Horreur tropicale et autres nouvelles, petit recueil de sept histoires courtes, a priori bien représentatif de l’œuvre du bonhomme.

 

D’où un thème dominant : la mer. Terrifiante. Fascinante et mortelle. Les souvenirs de l’auteur, de son expérience de huit ans dans la marine, ont profondément marqué l’ensemble de son œuvre, et ce recueil en témoigne à coup sûr : cinq des sept nouvelles ici reprises ont la mer pour cadre (et une sixième tourne encore autour de l’eau). La mer, donc. Porteuse de malédictions indicibles, recelant des monstres invraisemblables, ou devenant elle-même un monstre, ou en suscitant parmi les hommes ; la mer, lieu propice à l’aventure fantastique, assurément.

 

On commence avec une nouvelle de « jeunesse » (enfin, 30 ans…), la deuxième de l’auteur, « L’Horreur tropicale » : un texte qui n’est certainement pas sans faiblesses, et accuse l’âge et surtout l’inexpérience de son auteur. Pas d’intrigue, à vrai dire, dans cette nouvelle qui démarre sur les chapeaux de roues et va à l’essentiel. Juste un motif : un monstre répugnant surgit dès la première page de la mer, et s’en prend aux pauvres marins sans défense du Glen Doon. Un peu maladroit, donc, et pourtant d’une efficacité certaine : la nouvelle, avec ses défauts, contient amplement de quoi glacer le sang. Quant au lien avec l’œuvre ultérieure de Lovecraft, il est ici indéniable et saute aux yeux.

 

Le court texte qu’est « Une voix dans la tempête », de même, n’est pas sans défauts et se réduit à un motif : la communication d’un homme perdu dans une tempête qu’il sait devoir mettre fin à ses jours. Mais là encore, le tableau est saisissant, et, si l’on fait abstraction de quelques philosopheries peu convaincantes, l’horreur, bien présente, s’empare du lecteur et ne le lâche plus.

 

« À la recherche du Graiken » est peut-être bien la nouvelle qui m’a le plus séduit dans ce recueil, malgré un happy end qui nuit un peu à la force de l’ensemble. Ce texte est cependant remarquablement construit, et contient de très belles idées, de la communication « télépathique » entre une femme et son époux à la description hallucinée de la mer des Sargasses. Une vraie réussite.

 

On change complètement de registre avec l’intrus du recueil, « Éloi Éloi lama sabachthani ». Une étrange nouvelle oscillant entre science-fiction et fantastique, où un sympathique savant fou reproduit les derniers instants du Christ. Le postulat vaut ce qu’il vaut, mais Hodgson fait montre ici d’un véritable don pour rendre la douleur dans ce qu’elle a de plus terrifiant.

 

« Le Réservoir de la peur » est une enquête policière mêlée de science-fiction, à nouveau éloignée de la mer. Assez prévisible et somme toute peu convaincante, c’est probablement la nouvelle la moins intéressante du recueil, à mes yeux en tout cas. Ce qui n’en fait pas un échec total pour autant.

 

Mais c’est décidément sur la mer que William Hope Hodgson peut faire la démonstration de tout son talent. En témoigne aussitôt « L’Albatros », qui met du temps à démarrer et est là encore un peu gâché par un happy end, mais contient un superbe tableau d’horreur avec sa horde de rats grouillant sur le pont d’un navire où survit contre tout espoir une jeune femme…

 

Reste enfin « Le Fantôme du Lady Shannon », qui vaut à mon sens surtout pour sa condamnation sans appel des brimades infligées aux marins, et en premier lieu aux novices, par des officiers sadiques. Un texte qui sent l’expérience personnelle, et produit donc son petit effet, même si on peut à bon droit le trouver plus faible que les nouvelles maritimes plus résolument horrifiques qui ont précédé.

 

Un recueil qui n’est pas sans défauts, donc, mais qui m’a plus que séduit. Il y a effectivement un vrai talent chez Hodgson, et certains passages de ces nouvelles constituent du « pré-Lovecraft » de la plus belle eau. Aucun doute, j’y reviendrai.

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"Pathfinder Univers : Descente en Ombreterre"

Publié le par Nébal

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Pathfinder Univers : Descente en Ombreterre

 

Marre de la surface ? Les grandes étendues, ça vous rend nerveux ? Alors, à n’en pas douter, ce court supplément pour Pathfinder est fait pour vous ! Toujours centré sur la région de la mer Intérieure, comme l’indispensable Cadre de campagne, il vous propose d’explorer un riche environnement souterrain sur trois étages, d’inspiration plus ou moins lovecraftienne. Un classique des jeux de rôle de fantasy, que ce soit sur table ou en jeux vidéo. Mais comme on pouvait s’y attendre de la part des créateurs de Pathfinder, le résultat est ici plus qu’à la hauteur de nos attentes, et fournit un cadre de jeu complet tout à fait passionnant.

 

On commence par « Exploration de l’Ombreterre », une présentation générale fort bien faite, qui contient en outre quelques données techniques. On y récapitule les langues parlées dans l’Enfer froid, les principaux points d’accès à l’Ombreterre (carte à l’appui), puis les divers périls que l’on peut y rencontrer, outre les vilaines bébêtes (avec bien évidemment une table de rencontres aléatoires) : air, effondrements et secousses, obscurité, champignons, chaleur et radiations.

 

Armé de ces données de base, le MJ peut maintenant aborder la description détaillée des trois étages de la Nuit éternelle : le Nar-Voth (de la surface à 600 mètres de profondeur), la Sékamine (de 600 à 2400 mètres de profondeur), et enfin les mystérieux Caveaux d’Orv (au-delà de 2400 mètres de profondeur). Pour chaque étage sont indiqués les principaux habitants et les endroits importants, là encore cartes à l’appui.

 

On commence donc par le Nar-Voth, l’étage le plus proche de la surface, et le point d’accès aux étages suivants (c’est seulement dans ce cas que l’on considère que l’on est bien en Ombreterre, un souterrain isolé n’en fait pas partie). Ce fut le berceau des Nains et des Orques. Aujourd’hui, y vivent des Derros, des Duergars (les Nains gris qui ont refusé d’accéder à la surface), des Troglodytes, des Végépygmées et diverses autres races.

 

Suit la Sékamine, déjà un peu plus exotique, et notamment connue pour être le territoire de chasse des Drows, les fameux Elfes noirs, qui en constituent à n’en pas douter la race dominante. Mais on peut également y croiser des Goules, des Skums, des Svirfneblins (ou Gnomes des profondeurs, à peu de choses près les seuls habitants de l’Ombreterre à être potentiellement sympathiques…), et diverses autres races.

 

Reste enfin l’Orv et ses immenses Caveaux qui constituent chacun autant de mondes à part entière. Cette fois, les races qui y vivent ne sont pas détaillées, et on se contente – c’est bien suffisant – de la description des Caveaux.

 

Mais on trouvera en fin d’ouvrage un Bestiaire détaillé revenant sur certaines des bestioles qu’il est possible de rencontrer en Ombreterre : Les Hommes-serpents, les Morlocks, les Seugathis, les Urdefhans, et enfin les Vemeraks.

 

Au final, on ne peut reprocher qu’une seule chose à ce supplément fort bien fait et passionnant de bout en bout : c’est d’être si bref… On sent qu’il y a là le potentiel pour bien plus de développements. Certes, il y a déjà des modules et campagnes qui ont décrit des aspects supplémentaires ou détaillé davantage les ressources de l’Ombreterre. Mais quand même : un peu de rab, ça n’aurait pas été de refus… Mais ne faisons pas la fine bouche : Descente en Ombreterre est bel et bien un supplément tout ce qu’il y a de recommandable, offrant un magnifique terrain de jeu venant compléter un univers « surfacier » déjà d’une richesse impressionnante. Du beau boulot.

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