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Deathco, vol. 7, d'Atsushi Kaneko

Publié le par Nébal

Deathco, vol. 7, d'Atsushi Kaneko

KANEKO Atsushi, Deathco, vol. 7, [Desuko デスコ], traduction [du japonais par] Aurélien Estager, [s.l.], Casterman, coll. Sakka, [2017] 2018, [224 p.]

Une dernière danse ? Deathco, de Kaneko Atsushi, s’achève avec ce tome 7 tout récemment sorti en français, et qui met un point final à une orgie de tueries sanglantes, de personnages grotesques et d’oppressants et parfaits aplats de noir. La destinée de la gamine gueudin Deathko s’accomplit dans un finale relevant du feu d’artifice, comme il se devait.

 

Pourtant, comme dans les trois tomes précédents à vrai dire, titre ou pas, la petite bourrelle se fait parfois voler la vedette par sa patronne, mentor et ultime cliente en même temps qu’ultime cible : Madame M. Nous les avions laissées toutes deux, en compagnie du domestique zélé Lee (et de Taram s’il le faut), en train de quitter l’improbable château gothique qui avait été leur demeure pendant tant d’années… ou plutôt ses ruines, car, afin de gérer l’assaut en masse de Reapers dépêchés par la Guilde pour abattre celle qui fut la plus grande et la plus classe des Reapers, notre petit groupe avait dû recourir à des moyens pour le moins extrêmes : BOUM ! Conséquence embarrassante : nos « héros » (?) se retrouvent ainsi SDF… et les Reapers survivants ne les traquent pas moins impitoyablement (putains de connards de clowns).

 

Madame M est toute disposée à mourir, mais selon ses propres termes : elle a pris cette décision il y a longtemps de cela, c’est Deathko, et Deathko seule, qui devra mettre fin à ses jours. Pour que cette destinée s’accomplisse, il faut donc qu’elle survive encore un peu… Et les personnages de chercher, du coup, un refuge, et ce dans le plus improbable et en même temps le plus cohérent des asiles : la cellule la plus inaccessible d’une prison de haute sécurité jugée particulièrement redoutable et invincible, sur le mode de l’Alcatraz excessif (et à son tour pas dépourvu de caractéristiques gothiques, même si pour le coup le punk l’emporte).

 

Mais cela ne peut fonctionner qu’un temps : bientôt, les hordes de Reapers se rassemblent à nouveau – alors même que Deathko, qu’une prison ne restreint guère dans ses mouvements, fout le souk dans les locaux, y semant la peur et les cadavres… Et, parmi ces Reapers, il y a quelques habitués – dont ces crétins de Super Skull et Hyper Skull, ou les pom-pom girls de Dead Queen Bee. Mais c’est du menu fretin, et la Guilde dépêche dans la prison l’artillerie lourde – tandis que les détenus font diversion au travers d’une révolte massive, qui se mue forcément en immense tuerie aux proportions invraisemblables : les gardiens n’ont tout simplement aucune chance… mais les prisonniers non plus.

 

Globalement, ce finale correspond à ce que nous pouvions attendre – et c'est d’ailleurs un miroir du premier tome, avec ces masses de Reapers grotesques qui, ayant le même objectif, ne peuvent que s’entretuer, confirmant une fois de plus la connotation étrangement « darwinienne » de la Guilde. On y retrouve, surtout, cette débauche surréaliste de tueurs improbables, aux costumes tout droit sortis des comics de super-héros, mais dont le comportement cynique et violent relève de la parodie méchamment subversive autant que réjouissante – et ceci dans un cadre à la hauteur, qui renchérit sur le château gothique investi dans le tome précédent. Un feu d’artifice, oui, à la hauteur de nos attentes.

 

Maintenant, le scénario s’autorise quelques « finesses » (?), ou quelques twists en tout cas, qui convainquent plus ou moins ? C’est que rôdent dans la prison quelques alliés/ennemis hors-normes de Madame M… Mais, en définitive, oui, je suppose que c’est assez convaincant – d'abord parce que cela confirme l'aura du personnage, que ressent bel et bien le lecteur, jolie performance, mais surtout dans la mesure où l’ensemble de ce dernier volume souligne, sans trop appuyer mais à plusieurs reprises tout de même, que Madame M, d’une certaine manière, l'immense Madame M, l'intimidante (donc) Madame M, a peur – ou peut avoir peur. Elle a tout fait pour Deathko, et donc pour que Deathko la tue, mais l’échéance se rapproche à grands pas, et Madame M, déjà malmenée par les Reapers, une première, découvre peut-être que le rôle de proie n’est finalement pas à son goût – qu’il est horrible et redoutable… Et quand viendra le moment fatidique, elle s'accrochera à la vie, comme tous les trophées qu'elle a récoltés. Je demeure quand même un peu sceptique en ce qui concerne la fin finale… Bon, admettons.

 

De toute façon, en dépit d’un cadre de jeu sympathique, Deathco n’était probablement pas, dans l'ensemble, une BD brillant véritablement par son scénario, hein – ce qui comptait à cet égard, c’était l’ambiance, de folie meurtrière, qui fonctionnait très bien.

 

Mais, on ne va pas se mentir, l’atout essentiel de la série réside dans le dessin parfait de Kaneko Atsushi – parfait, oui, avec son caractère très cinématographique, son dynamisme, et bien sûr ce jeu sur le noir si caractéristique, et qui ne manque pas, une fois de plus, de me ramener outre-Pacifique à un Frank Miller ou un Mike Mignola. Je relève cependant une chose : l’impression que j’avais évoquée en chroniquant le tome 6 persiste dans ce tome 7 – que Kaneko Atsushi a fait évoluer son trait dans la série, vers quelque chose de plus « rond », plus fluide, peut-être un chouia moins « personnel », mais d’une efficacité redoutable. Qu’en pensez-vous, les gens ?

 

Quoi qu’il en soit, eh bien, c’est terminé… Disons-le tout net : Deathco n’a rien d’un chef-d’œuvre impérissable, ce n’est pas le manga du siècle, etc. Loin de là. Cependant, c’est une série qui fonctionne très bien de bout en bout, même s’il m’a fallu l’apprivoiser un peu avec un tome 1 quelque peu déroutant ; et son délire meurtrier costumé a quelque chose de bizarrement réjouissant et fun, que je ne m’explique pas forcément très bien, mais qui me paraît indéniable. Le dessin est vraiment remarquable, en tout cas.

 

Maintenant, ce qu’il faudrait que je fasse, c’est lire d’autres titres de Kaneko Atsushi – et notamment Soil et Wet Moon, largement plébiscités, et visiblement d’un tout autre registre, plus « sérieux » peut-être. Maintenant, le sérieux, hein… Deathco n’est pas sérieux, certainement pas – mais assurément jubilatoire.

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The Haunting of Hill House (saison 1 ?)

Publié le par Nébal

The Haunting of Hill House (saison 1 ?)

The Haunting of Hill House, saison 1 (dix épisodes), 2018

 

Bon, au cas où : je vais parler d’une série, donc, hein, gros risques de SPOILERS. Si vous voulez la version courte, j’ai trouvé ça globalement bon à très bon – jusqu’à un dernier épisode que j’ai trouvé désastreux. Est-ce que ça vaut le coup quand même ? Je dirais que oui – même en grinçant un peu des dents.

 

Autre chose : j’ai mis « saison 1 » dans le titre, au cas où là encore, mais j’espère, j’espère vraiment, qu’il n’y aura pas de saison 2.

LES MODÈLES – ET L’AU-DELÀ

 

The Haunting of Hill House, à la base, est un roman de Shirley Jackson – que l’on trouve en français sous différents titres : Maison hantée, ou Hantise, ou La Maison hantée. Et c’est peut-être bien la plus célèbre histoire du genre – notamment en ce qu’elle a inspiré le chef-d’œuvre de Robert Wise The Haunting, en français La Maison du diable. Je dois confesser ici que je n’ai pas lu ce roman (de Shirley Jackson, je n’ai pour l’heure lu que l’excellent Nous avons toujours vécu au château) et que, si j’ai adoré le film de Wise, une sacrée baffe en son temps, mes souvenirs en demeurent assez nébuleux.

 

Toutefois, cela n’est a priori pas forcément un problème pour traiter de la série The Haunting of Hill House, sortie tout récemment sur Netflix et due à un certain Mike Flanagan, réalisateur que je ne connaissais pas mais qui a semble-t-il commis quelques films d'horreur plus qu’honorables, dont une adaptation plutôt bien accueillie du roman de Stephen King Jessie, pourtant très casse-gueule (j’ai beaucoup aimé ce roman, il faudra que je tente l’expérience). En effet, le lien avec le livre initial est semble-t-il assez relâché, consistant à en croire ceux qui savent plutôt en allusions relativement subtiles, l’idée étant de s’attacher à l’esprit (uh uh) et non à la lettre du récit originel. Quant au film de Wise, Mike Flanagan était bien conscient qu’il était insurpassable, et n’a donc pas cherché un seul instant à s’y mesurer : il a inscrit sa réalisation, à bon droit, dans un tout autre registre.

 

À ce propos, on associe souvent aussi bien le roman de Shirley Jackson que le film de Robert Wise au sous-genre du fantastique psychologique. Ce qualificatif s’applique-t-il à la série ? C’est une question de définition, je suppose : la série use assurément du fantastique comme d’un prétexte, ou d’une métaphore, à l’exploration de la psyché tourmentée de ses personnages, dans un contexte trouble où le deuil joue un rôle essentiel – à cet égard, le caractère objectif ou non du surnaturel n’aurait aucune importance, et la série pourrait évoquer aussi bien, en littérature, Le Tour d’écrou de Henry James, qu’au cinéma un film qui doit probablement beaucoup à ce roman, Les Autres, d’Alejandro Amenábar. Toutefois, quand on évoque tout particulièrement La Maison du diable dans ce registre, c’est généralement en raison de son ambiguïté – qui renvoie là encore éventuellement à Henry James : dans ce film, la question de la réalité des fantômes ou de la folie d’un ou des personnages n’est sauf erreur jamais tranchée. La série The Haunting of Hill House a une tout autre approche, qui pour le coup fait davantage penser à Les Autres (ce film n’est qu’un exemple, hein – le Shining de Kubrick serait peut-être un modèle plus fameux) : même s’il sous-tend une étude de la psychologie trouble des personnages, le surnaturel dans la série est a priori objectif, il a une réalité propre, indépendante des héros et de leurs biais ; quelques passages laissent entendre (faussement et par jeu, doublement ironique donc) la possibilité d’une narration non fiable, procédé caractéristique du registre (aussi bien dans Le Tour d’écrou que dans La Maison du diable), mais, au bout du compte, l’histoire ne fait pourtant sens que si les fantômes sont là et bien là. Il me paraît important de mettre en avant ce point, mais c’est à débattre, bien sûr.

 

UNE FAMILLE IDÉALE – DONC DYSFONCTIONNELLE

 

La série joue sur deux trames temporelles, plus imbriquées qu’opposées. Lors de l’été 1992, la famille Crain (un couple et ses cinq enfants) vit des événements terribles dans la très gothique maison appelée Hill House (en référence au nom de ses bâtisseurs, les Hill, et non de quelque colline que ce soit), achetée pour être retapée et revendue avec une bonne marge : c’était l’idée, mais il y a comme un couac... Finalement, le père, Hugh, file au cœur de la nuit avec les enfants, le sort de la mère, Olivia, laissée en arrière, étant pour l’heure indécis ; mais, bien sûr, le récit laisse entendre que la maison était hantée et/ou que la mère était devenue folle et/ou dangereuse… et qu’elle est morte.

 

Quoi qu’il en soit, l’épisode est particulièrement traumatique pour les enfants Crain – qui, devenus adultes (la trame temporelle principale de la série, de nos jours), ont rompu les liens avec leur père, qu’ils rendent responsable de ce qui s’est produit dans Hill House, et ils ont toujours du mal à gérer le drame, même si chacun use d’une méthode qui lui est propre pour s'en accommoder.

 

L’aîné, Steven (Steven Crain…), est devenu un écrivain à succès, pas moins médiocre pourtant, en racontant les événements au prisme fantastique de la maison hantée – The Haunting of Hill House est littéralement le titre de son premier livre, et ses frères et sœurs lui en veulent terriblement d’avoir ainsi raconté leur horrifiante histoire dans le seul but de faire de l’argent… Steven fait bien vite l’effet d’un homme cynique et égoïste – on y devine les raisons de sa récente rupture sentimentale, qui semble devoir le condamner à brève ou moins brève échéance à la solitude (succès commercial ou pas). À noter, le premier épisode de la série (mais pas les suivants) esquisse chez Steven un côté « enquêteur du paranormal », tout en posant très vite qu’il ne croit en fait pas aux fantômes – l’idée d’établir « scientifiquement » la réalité des spectres, sur la base d’un personnage d’enquêteur de ce type, avait sauf erreur une place importante dans le film de Wise et semble-t-il avant cela dans le roman initial de Shirley Jackson, mais, dans la série, c’est une fausse piste qui est aussitôt abandonnée et ne débouche sur rien en tant que telle.

 

Shirley, la fille aînée, exerce également une profession qui la confronte aux morts, mais de manière bien plus prosaïque : elle s’est associée avec son époux pour gérer une entreprise de pompes funèbres, et fait des miracles en thanatopraxie. C’est une femme rigide (plus encore que les cadavres qu'elle rend présentables), autoritaire, et au tempérament critique : quand elle ne se noie pas dans son travail, qui est pour elle comme un refuge, elle tend à adopter une posture hautaine et moraliste qui ne tolère pas le moindre écart de conduite chez les autres, et suscite toujours un peu plus l'agacement.

 

Theo, sa cadette, vit juste à côté de chez Shirley – en fait, dans une maison qu’elle lui loue à bas prix (sauf erreur). Psychologue compétente le jour, elle présente un autre visage la nuit, systématiquement en quête d’un coup d’un soir – des femmes qu’elle évacue ensuite de chez elle, avec une rudesse assez terrible. D’un tempérament hyper agressif, dès l’instant qu’elle n’exerce pas son métier, mais c’est un tempérament qui tient de la façade, ne dissimulant guère en vérité une profonde fragilité interne, elle oscille sans cesse entre le désir presque pathologique du contact humain, et le rejet viscéral, phobique à vrai dire, de ce même contact – pour des raisons éventuellement « surnaturelles », mais qui affectent au premier chef ses relations avec ses frères et sœurs ; comme Shirley, et pourtant d’une manière radicalement opposée, plus vulgaire, elle est très portée à critiquer les autres – elle peut aussi se montrer cynique, à l’instar de Steven.

 

Ensuite viennent les jumeaux : Luke, né 90 secondes avant sa sœur, est une loque humaine ; sa manière de gérer le drame relève de la fuite en avant, le refuge dans la drogue. Accro à l’héroïne, il enchaîne depuis des années les tentatives avortées de cures pour se débarrasser de son addiction. Il a coûté beaucoup de temps, d’efforts et d’argent à ses frères et sœurs, qui ne lui font plus confiance depuis longue date (à l’exception de sa jumelle Nell). Déchet humain, faible et immature, il ne se contente pas de taper les siens : il est éventuellement capable de les voler pour satisfaire à ses besoins oppressants. Ses aînés sont donc tout disposés à le laisser crever dans un caniveau, convaincus qu’ils ont fait tout ce qu’il y avait à faire, que cela n’avait servi à rien et que cela ne servirait jamais à rien.

 

Enfin, sa jumelle, Nell, est la seule à oser encore croire en lui : « C’est un truc de jumeaux… » Mais c’est une jeune femme également fragile, qui a enchaîné les coups du sort. Depuis des années, elle a multiplié les témoignages flagrants de ce que son état mental était au mieux instable : elle rappelle en cela Luke, mais ses épisodes dépressifs brutaux évoquent surtout à ses aînés le souvenir désagréable de la dégradation de leur mère, Olivia. Fatigués de ses épanchements et de ses sanglots, ils se dispensent de répondre à ses coups de fil pressants – envisagés comme autant de lubies d'une malade impossible à raisonner. Mais, à la fin du premier épisode, ils apprennent qu’elle s’est suicidée… dans Hill House.

 

La famille Crain, si (naturellement) dysfonctionnelle, est ainsi amenée à se réunir pour les funérailles de Nell – et leur deuil, en même temps que leur inhabituelle et pénible proximité forcée, les ramènera forcément aux tragiques événements de Hill House, à ce drame qui les a construits tels qu’ils sont. Un thème très intéressant, et longtemps bien traité – mais évacuons pour l’heure le problématique dernier épisode…

 

LA STRUCTURE ET LA FORME

 

La série obéit à une structure précise et plutôt adroite. Une fois les présentations faites, et avant de dénouer l’intrigue dans le (catastrophique…) finale, chaque membre de la famille Crain se voit consacrer un épisode – à titre d’exemple, le quatrième est dédié à Luke, et il m’a particulièrement touché (je me suis vraiment, vraiment identifié à ce personnage – je suppose que la série est conçue de manière à ce que chacun puisse s’identifier à tel ou tel membre de la famille Crain, même en les « ressentant » tous). Mais il faut noter que cela ne s’applique pas seulement aux enfants (dont la défunte Nell) : Hugh, le père, y a droit, mais aussi Olivia – dans le neuvième épisode, le seul à se situer intégralement en 1992.

 

Car, normalement, chaque épisode imbrique les deux temporalités et assez habilement : dès lors, chacun des personnages principaux (à l’exception d’Olivia, bien sûr) se dédouble, et est interprété par deux acteurs différents – dont cinq enfants, qui, dois-je dire, m’ont assez bluffé : c’est toujours un calvaire de faire tourner des gamins (et vraiment en bas âge pour certains : Luke et Nell, en 1992, ont dans les six ans), mais ils se montrent tous plus que convaincants, ici.

 

Les critiques lues çà et là ont souvent mis l’accent sur la performance de Carla Gugino, dans le rôle d’Olivia Crain, et là je ne suis pas vraiment d’accord, je crois – globalement, c’est l’interprétation qui m’a le moins parlé, en fait… Je serais plutôt tenté de mettre en avant les très belles prestations d’Elizabeth Reaser (Shirley, qui a une véritable aura intimidante) et de Timothy Hutton (le vieux Hugh, toujours un peu à l’ouest, très touchant) ; mais Kate Siegel (Theo) et Oliver Jackson-Cohen (Luke) se débrouillent très bien – je mettrais peut-être un peu en retrait Michiel Huisman (Steven), même s’il fait une tête à claques très correcte, et Victoria Pedretti (Nell), qui a forcément moins de présence à l’écran que les autres, mais compose, surtout dans l’épisode qui lui est consacré pour le coup, un portrait assez émouvant (peut-être surtout dans les moments heureux, cela dit).

 

L’imbrication des deux temporalités est globalement assez subtile – mettant en avant l’idée d’une narration non linéaire (qui aurait cependant gagner à demeurer implicite… mais le désastreux dernier épisode en rajoute maladroitement une couche et une surcouche) : dès lors, les séquences de 1992, mais aussi de 2018, ne sont pas toutes présentées dans leur ordre chronologique, et c’est bien vu, de même que les retours, les flashbacks dans le flashback, etc. L’épisode consacré à Nell (le cinquième) est peut-être celui qui en joue le plus habilement, quand vient le moment de révéler la nature de « la femme au cou tordu ».

 

Mais un épisode en particulier met l’accent sur cette approche : le sixième. En effet, celui-ci repose sur l’évocation parallèle de « deux tempêtes », la première en 1992, la seconde en 2018, lors de la veillée funèbre de Nell – mais cette évocation repose sur un dispositif filmique particulier, consistant en longs plans-séquences (probablement des « faux » plans-séquences, à vrai dire) pour chaque époque : plan-séquence 2018, cut, plan-séquence 1992, cut, plan-séquence 2018, etc., chaque cut étant en même temps motivé et justifié par les déambulations des personnages, et/ou le rapport entretenu avec un objet. On pense forcément à La Corde, ce genre de choses, et c’est globalement assez habile – même si c’est peut-être surtout impressionnant. Car j’émettrais quand même une réserve sur ce dispositif : j’ai l’impression, dans nombre des séries contemporaines que j’ai pu voir, qu’il doit toujours y avoir UN épisode qui se distingue, qui doit être Le Moment Virtuose, dans la réalisation, dans le scénario, ou idéalement les deux à la fois – la bataille des bâtards dans la sixième saison de Game of Thrones, ou la baston dans l’escalier dans la deuxième saison de Daredevil, par exemple, pour citer deux cas que j’avais évoqué sur ce blog (et qui m’avaient soufflé, vraiment). Là, c’est assez démonstratif, pour le coup – un peu trop m’as-tu-vu, peut-être ? Mais je ne vais pas faire excessivement la fine bouche, ça fonctionne très bien, vraiment très bien… C’est juste que ça saute vraiment à la gueule, quoi.

 

Puis vient la question de la mise en scène de la peur, ou, plus précisément peut-être, des fantômes. La série, ici, se montre globalement convaincante, même si quelques scories demeurent peut-être çà et là, dans la tentation du jumpscare inutile – disons que la série joue un jeu dangereux entre le clin d’œil un peu fan service, car l'histoire est forcément très référencée dans le registre de la maison hantée, et la construction d’un récit plus ambitieux, avec le risque que des éléments ne s’intègrent pas toujours très bien dans la formule générale ; en somme, c’est le bon vieux problème des codes contre les clichés. Mais, dans l’ensemble, ça fonctionne bien, très bien même. J’ai apprécié, notamment, une chose qui m’a fait penser à la meilleure J-Horror : les fantômes peuvent être inquiétants en tant que tels, ils n’ont pas besoin d’adopter un comportement spécifiquement terrifiant, et, notamment, un comportement hostile ou pire, agressif – il leur suffit d’être là. Ils peuvent cependant gagner à avoir une certaine bizarrerie, dans leur allure, ou dans leurs gestes : ici, mon fantôme préféré, qui apparaît dans l'épisode 4, est l’homme à la grande silhouette difforme, avec son chapeau melon, dont les pieds ne touchent pas terre, mais qui scande ses déplacements du heurt de sa canne contre le plancher ; il m’a vraiment terrifié, et ramené aux gestuelles étranges, inspirées par la danse contemporaine, de la femme vêtue de noir dans le Kairo de Kurosawa Kiyoshi, ou éventuellement de Sadako qui progresse par à-coups, filmée en fait à l’envers, dans Ring de Nakata Hideo. La réussite de ces scènes, surtout dans les cas de cette série et de Kairo, tient d’ailleurs pour une part non négligeable à l’absence ou à la sobriété (tout de même dérangeante) de l’accompagnement musical : c’est littéralement l’antithèse du jumpscare, quelque chose qui effraie en durant, en étant lent – et inéluctable.

 

Maintenant, la série se doit aussi de jouer sur d’autres tableaux – notamment en explorant la psyché des personnages, mais aussi leurs relations compliquées ; ici, l’inspiration se trouve, je suppose, dans le soap opera, mais une variante particulièrement cruelle... À vrai dire, cela m’a aussi fait penser, encore qu’à un degré incomparablement moins pervers et terrible, au remuant malaise qui suinte de chaque séquence de l’excellent Festen de Thomas Vinterberg… Le niveau est bon voire très bon dans l’ensemble, mais la réalisation pèche parfois dans ces séquences, cependant – notamment quand elle succombe aux longs monologues ; il en est quelques exemples assez peu convaincants avant l’ultime épisode, lequel en fait des caisses à cet égard et de la manière la plus navrante…

 

MAIS… POURQUOI ?

 

Et il est bien temps d’en parler, de ce dernier épisode… Je l’ai vraiment trouvé désastreux – au point il m’a mis en colère : j’ai eu le sentiment d’une trahison, et de la pire qui soit. Ce vocabulaire, on l’emploie régulièrement pour les twists à la con, mais c’est d’un autre registre, ici – et, oui, cela tient sans doute à ce que j’avais imaginé ma propre fin, que je vais garder pour moi comme de juste, si elle était aux antipodes de cette conclusion… Mais, au-delà, dans le fond, comme dans la forme, j’ai eu l’impression d’une imposture – d’une très désolante et irritante imposture. J’ai profondément, de tout mon cœur, détesté ce finale « positif » et dégoulinant de moraline.

 

Mais cela ne tient pas qu’aux dix dernières minutes – si elles m’ont certes donné furieusement envie de défoncer mon écran d’ordinateur. Sérieux ? Après tout ça, après neuf épisodes aussi intenses et douloureux, conclure sur « cébolavi, pis lamourcéjoli, et youpilafamille, et ifoêtgentiaveklégens paske c’est bien d’êtgentiaveklégens et que cébolavi et que lamourcéjoli et youpilafamille » ? Et, au cas où, accompagner tout ça avec une ballade folk-FM sirupeuse, que c’est tout juste s'il n’y a pas un panneau pour demander aux spectateurs d'allumer leurs briquets ? Sérieux ? Bon sang, j’ai eu envie de vomir… Hollywood dans toute son anti-splendeur – mais qu’est-ce que ça vient foutre là, bordel ?! Comment peut-on en arriver là après ces neuf épisodes d'un tout autre ton ?

 

Cela dit, cet ultime épisode était déjà désastreux avant le dégueulis de guitare – dans un registre peut-être moins hollywoodien mais pas moins navrant, avec chaque perso qui a sa tirade déclamée avec autant de naturel et d’émotion que dans le pire pseudo-théâtre symboliste (à suppose qu’un théâtre symboliste puisse être autre chose que pire) (pardon, c’était un peu gratuit, ça) (pardon). Et Nell qui massacre, avec ses tirades alambiquées, l’idée de la narration non linéaire, en en faisant un étalage aussi lourdingue et démonstratif…

 

The Haunting of Hill House, ou la série qui, en dernier ressort, vous prend vraiment pour un con…

 

MALGRÉ TOUT ? OUI ?

 

Il serait tentant, après un tel cataclysme, de rejeter en bloc la série. À ce stade, est-il encore possible de la recommander à qui que ce soit ?

 

(Qui n'aurait pas tenu compte de la menace de spoilers ?)

 

Eh bien, bizarrement, peut-être – parce que, la nullité et l’imposture affligeante du dixième épisode mises à part, les neuf épisodes qui le précèdent demeurent bons à très bons, globalement.

 

Je suis en colère, mais je ne peux pas pisser non plus sur tout ce que j’ai d’abord aimé dans cette série – qui était très casse-gueule dès son principe même, et s’en était pourtant remarquablement bien tirée jusque-là. Non sans défauts, certes, mais bien plus qu'honorablement.

 

Prévoyez juste un seau, pour votre visionnage du dernier épisode – et éloignez tout objet contondant qui pourrait malencontreusement défoncer votre écran, au cas où.

 

Quel dommage, quand même...

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X-Wing 2.0 : (Building the) Phantom Menace

Publié le par Nébal

X-Wing 2.0 : (Building the) Phantom Menace

La dernière fois, je vous avais décrit une liste impériale à trois TIE/ph Fantômes que je n’avais pas eu l’occasion de tester, ça n’était alors qu’un projet. Depuis, j’ai eu l’occasion de la jouer (contre le camarade Albu)… et de perdre avec. Pourtant, je crois que l’expérience a été formatrice – et n’invalide pas en tant que tel le principe de la liste.

 

D’autant que j’avoue une ambition débile : faire du TIE/ph Fantôme, et même des multiples TIE/ph Fantômes (deux, trois, quatre ?) « mon truc » (toutes proportions gardées, car lui est un excellent joueur et je suis très, très, absurdement loin d’en être un, un peu comme ce que fait le taulier de Such an X-Wing Hipster avec Boba-Guri ?). Parce que j’aime ce vaisseau, j’aime ses capacités, j’aime ce style de jeu, et, surtout ? je trouve ça fun – et je suis persuadé que ça pourrait se montrer très efficace, avec un pilotage de meilleure qualité ; bref, je vais bien évidemment tenter beaucoup, beaucoup d’autres listes, et même pas toutes impériales, je ne suis pas un maniaque, mais j’ai envie de ressortir une variation fantomatique de temps en temps, pour travailler la chose.

 

Cet article comprendra trois parties : un rappel de la liste, histoire que vous n’ayez pas à jongler entre les articles ; puis un petit rapport de batailles, avec les leçons à en tirer en termes de tactique ; enfin un bilan en termes de composition d’escadron, avec des pistes de réflexion pour la suite.

 

Hop, c’est tipar.

 

Cette fois il y en a bien trois !

 

Le principe était donc de faire une liste avec trois TIE/ph Fantômes – chacun ayant son Équipage particulier, et une Feinte, et si possible aussi (mais sinon tant pis) un Système d’occultation.

 

Rappel d’ores et déjà : tous les TIE/ph Fantômes bénéficient de la capacité générique Réseau de stygium, qui détermine largement le fonctionnement de leur mécanique d’Occultation/Désoccultation. Quand un Fantôme se « decloak », pour parler en bon français, pendant la phase Système, il peut faire une action (il est important de le souligner : c’est une action) d’Évasion ; et, à la fin du tour, il peut échanger un marqueur d’Évasion contre un marqueur d’Occultation (et ce n’est cette fois pas une action).

 

Et, puisqu’on en est dans le « générique », je leur ai donné à tous le Talent Feinte (4 points d’escadron), qui, pour ainsi dire, coule de source : quand un de mes Fantômes attaque, s’il a un marqueur d’Évasion (ce qui n’est donc pas certain mais tout de même très probable), alors je peux changer un résultat Évasion du défenseur en un résultat Concentration.

 

 

Le premier TIE/ph Fantôme est « Whisper » (52), qui a la capacité spéciale de gagner un marqueur d’Évasion après avoir effectué une attaque qui touche. La tueuse à la voix suave a donc une Feinte (4), mais elle a aussi une Modification Système d’occultation (6 points du fait de l’Agilité de 2 du TIE/ph Fantôme) : elle a ainsi un dé vert supplémentaire, du moins jusqu’à ce qu’elle prenne un dégât, après quoi l’unique charge de la carte saute.

 

Et son Équipage est l’Agent Kallus (6) : durant la mise en place, j’assigne la carte d’état Traqué à un vaisseau ennemi de mon choix ; durant la partie, quand « Whisper » s’en prend à ce vaisseau, elle peut changer un résultat Concentration en un résultat Dégât – et si le vaisseau traqué est détruit, mon adversaire choisit un autre de ses vaisseaux, qui récupère la condition Traqué, et c’est reparti.

 

En tout, 68 points d’escadron.

 

 

Dans ma précédente liste à trois Fantômes, les seconds de « Whisper » étaient deux As de l’Escadron Sigma ; mais, cette fois, je souhaitais remplacer (pour voir, si j’ose dire) un de ces As par « Echo », l’autre pilote unique de TIE/ph Fantôme, avec ses manœuvres de Désoccultation bizarres – dont je supposais qu’elles pourraient lui permettre de se montrer plus régulier avec l’Équipage Dark Vador ; bon, fallait tenter, hein…

 

Et donc, « Echo » (50). Sa capacité spéciale fait que, lors de la Désoccultation, il peut toujours utiliser les Tonneaux à gabarit de vitesse 2, mais doit par contre remplacer le Tout Droit à vitesse 2 par un Virage sur l’aile à la même vitesse, à gauche ou à droite.

 

Comme « Whisper », « Echo » est équipé d’une Feinte (4) et d’un Système d’occultation (6).

 

Par contre, son Équipage n’est autre (donc) que le redoutable Dark Vador (14) : l’onéreux mais très puissant Sombre Seigneur Sith confère à « Echo » un marqueur de Force récurrent, ce qui fait toujours plaisir, et a autrement pour effet que, au début de la phase d’Engagement, si un vaisseau ennemi se trouve dans mon arc de tir à portée 0-2, je peux dépenser un point de Force pour infliger un Dégât audit vaisseau, à moins qu’il ne sacrifie un jeton vert.

 

En tout, 74 points d’escadron.

 

 

Reste un troisième et dernier TIE/ph Fantôme, qui est donc un As de l’Escadron Sigma (46). Lui aussi bénéficie d’une Feinte (4), mais pas cette fois d’un Système d’occultation, faute de points d'escadron.

 

Son Équipage est en effet ce bon vieux Directeur Krennic (5), qui a plusieurs effets : déjà, il confère à l’As l’action Acquisition de cible ; ensuite, durant la mise en place, j’assigne la carte d’état Prototype optimisé à un autre de mes vaisseaux – en l’espèce, « Whisper » ; dès lors, quand « Whisper » attaque un vaisseau ennemi, si ce vaisseau est verrouillé par l’As, alors je peux dépenser un résultat Concentration, Dégât ou Critique, et choisir un de ces deux effets : soit le défenseur perd un Bouclier, soit il retourne face visible une de ses cartes de Dégâts face cachée.

 

Et, puisque le Directeur Krennic confère à l’As l’action Acquisition de cible, je complète avec un Senseur Système de commande de tir (3), qui autorise l’As, quand il attaque un vaisseau qu’il a verrouillé, à relancer un dé d’attaque, à la condition de ne pas dépenser son Acquisition de cible pendant cette attaque.

 

En tout, l'As représente 58 points d'escadron, pour une liste à 200 points d'escadron tout rond.

 

En résumé, cette liste donne donc ceci :

- TIE/ph Fantôme : « Whisper » (52) – Agent Kallus (6), Système d’occultation (6), Feinte (4) ® 68

- TIE/ph Fantôme : « Echo » (50) – Dark Vador (14), Système d’occultation (6), Feinte (4) ® 74

- TIE/ph Fantôme : As de l’Escadron Sigma (46) – Directeur Krennic (5), Système de commande de tir (3), Feinte (4) ® 58

® 200

 

 

J’ai donc joué cette liste deux fois contre le camarade Albu, qui a joué de son côté deux fois la même liste – c’est que nous préparons plus ou moins notre premier tournoi d’X-Wing… Il jouait Rebelle, et alignait quatre vaisseaux : deux X-Wing T-65, qui étaient Wedge Antilles et Thane Kyrell, et deux Y-Wing BTL-A4 génériques, qui étaient deux Bombardiers de l’Escadron Gris. À l’exception de Thane Kyrell, tous ces vaisseaux étaient équipés de Torpilles à protons, dans un esprit assez « Alpha Strike » ; les Y-Wing pouvaient en outre jouer le rôle de bloqueurs et/ou de leurres.

 

Albu avait un « bid » de trois points, sauf erreur : Wedge, avec son Initiative de 6, l’emportait de toute façon sur mes Fantômes, mais aussi, pour le coup, Thane, avec son Initiative de 5, qui passait également devant « Whisper » – et ça m’a posé problème, je suppose…

 

La première de ces deux parties a été (comme souvent…) catastrophique de mon côté. Mon positionnement était un tantinet foireux (j’aurais probablement dû inverser « Echo » et l’As de l’Escadron Sigma), mais, surtout, je me suis (re-comme souvent…) montré trop agressif, et, face à des Torpilles à protons, même avec des marqueurs d’Évasion, même avec un Système d’occultation, ça ne pardonne pas – les Fantômes sont fragiles… Leur jeu avec l’Évasion ne les protège qu’en partie ; quand les dés rouges se multiplient, ça coince. Quoi qu’il en soit, « Echo », mal placé et mal piloté (avec sa Désoccultation bizarre – et, oui, il y a bien eu une occasion, pas deux certes mais une, où je me suis rendu compte un peu tard qu’il ne pouvait pas faire un 2 Tout droit…), ne m’a en gros servi à rien durant cette partie – et l’Agent Kallus pas des masses non plus, si « Whisper » s’en est tirée honorablement… avant de se faire dégommer la première ; l’As a bénéficié de l’Acquisition de cible pour lui-même, mais le Directeur Krennic n’a pas vraiment eu d’effet pour « Whisper » ; après quoi mon vaisseau générique s’est fait dégommer à son tour, et c'était plus que plié… Je ne me souviens plus si j’ai seulement sorti un vaisseau d’Albu – peut-être un Y-Wing quand même, mais je n’en suis pas sûr… Bon, c’était ma traditionnelle partie d'engagement après laquelle je m’insulte pendant une heure, quoi !

 

La deuxième partie s’est bien mieux déroulée. Oui, j’ai encore perdu… Mais ça s’est joué à pas grand-chose – en fait, à une décision trop timorée/prudente de ma part, en miroir de ma trop grande agressivité dans la première partie. Quoi qu’il en soit, j’ai piloté plus sereinement mes Fantômes, et j’ai sorti les deux Y-Wing d’Albu sans trop de difficultés. À force, cependant, il m’a sorti « Whisper », tandis qu’ « Echo » était lourdement pénalisé par une carte de Dégât Critique qui le bloquait plus ou moins – il était condamné à brève échéance. Et c’est là que j’ai commis une erreur avec l’As : croyant qu’il n’aurait pas d’arc de tir durant l’avant-dernier tour (nous jouions au temps, et je n'avais pas suffisamment accordé d'attention à l'horloge...), tandis qu’il risquait d’attirer le feu des X-Wing, j’ai connement décidé de ne pas le désocculter pour lui conserver ses deux dés verts supplémentaires – erreur… car Wedge Antilles, que j’avais déjà pas mal amoché, a bel et bien fini dans mon arc de tir, il était déjà entamé, et j’aurais eu l’occasion de l’abattre ! Sinon en une fois, en deux. Las, je ne pouvais pas tirer, l’Occultation valant Désarmement, et, au tour suivant, les X-Wing ont sorti le pauvre « Echo »… L'As était encore en bon état, il aurait pu tenter, si la partie s'était prolongée, d'achever Wedge, mais DRIIIIIIIING ! Et non. Reste que ça s’est joué à pas grand-chose, la partie était tendue, assez serrée – même si, en termes de points d’escadron, on pourrait avoir l’impression d’une partie plus unilatérale : c’est que « Whisper » et « Echo » ensemble représentaient bien plus de points d’escadron que les deux Y-Wing plus la moitié des points de Wedge… Défaite, donc, mais instructive – et, je crois, pas déshonorante : je ne me suis insulté que pendant cinq minutes au lieu d’une heure, c’est un progrès.

 

 

Il est donc l’heure de faire le bilan de ce qui marche et de ce qui ne marche pas dans cette liste à trois Fantômes.

 

Du côté de ce qui marche, outre les TIE/ph Fantômes en eux-mêmes (je suis fan, comme dit le grand poète obispien), il faut mettre en avant la Feinte – ce Talent est excellent et coule de source pour les Fantômes : je crois qu’il a littéralement produit son effet lors de chaque attaque, outre que sa mécanique produit également un effet défensif plus qu’appréciable.

 

Sinon, la capacité spéciale de « Whisper » est bien, très bien à vrai dire, même si, ma chouchoute ayant concentré le feu initial d’Albu dans les deux parties, il ne fallait pas non plus en attendre des miracles.

 

Il en va de même, je suppose, pour les Systèmes d’occultation : Albu pense qu’ils ne valent pas le coup avec des vaisseaux ayant 2 en Agilité, et que ces points pourraient être dépensés plus utilement ; c’est très possible, mais, d’un autre côté, les marqueurs d’Évasion des Fantômes en rendent la pertinence un peu plus probable, du moins le crois-je… Mais, de fait, ils ne font pas long feu non plus ; peut-être cependant permettent-ils de faire la différence en préservant tout de même ne serait-ce que pour un tour de plus les Fantômes ? Je tends à le croire, mais c’est à débattre. Peut-être, là encore, suis-je un peu trop timoré ?

 

Quant au Système de commande de tir de l’As, il ne m’a pas servi tant que cela…

 

Pourtant, même si là encore Albu est d’un avis différent, je crois que le Directeur Krennic pourrait défendre sa place dans cette liste – même si je dois concéder qu’il a surtout eu pour effet de donner une Acquisition de cible très utile à l’As de l’Escadron Sigma : « Whisper » de son côté n’en a pas tant bénéficié que cela…

 

Dark Vador est très bon, et restera dans cette liste d’une manière ou d’une autre – j’approuve les camarades qui ont décrit le TIE/ph Fantôme comme « le taxi idéal de Vador », les deux vont vraiment très bien ensemble. S’il ne s’est pas montré efficace dans la première partie, c’est parce que j’ai très mal piloté « Echo ». Dans la seconde partie, il a fait preuve de son efficacité habituelle – et de son éventuelle versatilité, car le point de Force qu’il confère peut s’avérer crucial en défense, même si j’ai tendance à privilégier son redoutable effet offensif.

 

En fait, l’équipage qui m’a le moins convaincu dans cette liste est clairement l’Agent Kallus. Je ne crois pas que « Whisper » en a bénéficié ne serait-ce qu’une seule fois… Sur le papier, c’est sympa, mais il ne m’a pas botté durant ces deux parties, c’est peu dire – lui, il va sauter.

 

L’autre chose qui ne m’a pas convaincu… eh bien, c’est « Echo ». Sans vraie surprise ? Lors de mes précédentes listes fantomatiques, j’avais commencé par dire que sa capacité spéciale ne valait pas les quatre points d’escadron de différence par rapport à l’As de l’Escadron Sigma – surtout dans la mesure où les deux vaisseaux ont la même Initiative de 4. J’ai voulu tester la chose, en supposant qu’il rendrait Dark Vador plus efficace, mais c’est tout le contraire qui s’est produit durant la première de ces deux parties, et je ne peux pas prétendre en avoir vraiment bénéficié dans la seconde. Peut-être « Echo » serait-il un choix légitime si j’étais un bien meilleur pilote, mais même : je reviens à ma première idée – en l’état, je préfère aligner un second As et répartir ces quatre points d’escadron ailleurs, clairement.

 

 

Il s’agit donc, maintenant, de faire évoluer cette liste. La question principale porte sur les Équipages les plus pertinents, je crois : si Vador reste, c'est sûr, Kallus dégage – et j’hésite concernant Krennic. Comme Vador est dans la liste, une possibilité serait d’aligner 0-0-0, qui a un effet sympathique, même si je suis un peu sceptique concernant la portée 0-1 de sa capacité ; maintenant, il coûte moins cher que Kallus ou Krennic, et pourrait faire la différence en une occasion, de celles qui décident du cours d’une partie…

 

Albu, par ailleurs, est un partisan du fait d’aligner d’autres utilisateurs de la Force, quitte à ne pas faire usage de leurs capacités spéciales, pour tabler simplement sur le marqueur de Force récurrent qu’ils confèrent, qui pourrait s’avérer crucial notamment en défense. C’est possible, mais ils coûtent une blinde… Il suggérait notamment le Grand Inquisiteur (16 points, c’est sauf erreur la carte impériale la plus chère !), auquel cas je suppose que « Whisper » devrait l’embarquer (du fait de son Initiative supérieure par rapport à « Echo » ou aux As de l’Escadron Sigma), mais ça coûte vraiment une fortune… À ce compte-là, je serais je crois plutôt partisan de La Septième Sœur (12), un chouia moins chère, et dont l’effet pourrait être, certes moins régulier, mais plus rigolo (éventuellement en la combinant avec 0-0-0, mais ça impliquerait certes un pilotage particulièrement serré…).

 

Bon, il faudra réfléchir à tout cela. Ce qui m’apparaît certain, c’est que je ne peux pas me permettre de jouer cette liste lors du tournoi qui vient. Elle est fun, incontestablement (je me suis beaucoup amusé lors de la seconde partie, comme je m’étais beaucoup amusé lors des deux parties jouées avec trois Fantômes contre Acteris la fois précédente) – et je suis convaincu que le principe de cette liste, sinon sa forme exacte, peut être très efficace ; mais à la condition de mieux la piloter, ce qui va demander de la réflexion, et du travail, et donc du temps. Comme dit plus haut, je sens un peu connement qu’il pourrait y avoir là « mon truc »… Mais, honnêtement, en l’état, je me ferais systématiquement rouler dessus en tournoi – et pour le coup ça ne serait pas fun : les conditions de jeu ne sont pas les mêmes.

 

Je pense donc couper la poire en deux – j’ai songé à une liste combinant deux Fantômes et un Punisher, probablement « Redline » : ça serait plus « méta », mais sans l’être totalement non plus… Je note aussi qu’Albu m’a suggéré une très intéressante option : trois As ayant chacun une Feinte, et un Bombardier bien bœuf pour compléter (probablement le Major Rhymer) ; ça m’a l’air fun et efficace, même si je pense en réserver le test pour plus tard. Là, une compo « Redline » + « Whisper » + As de l’Escadron Sigma m’attire davantage dans la perspective (traumatisante) de ce premier tournoi, même si j’hésite encore quant aux Équipages à engager : Vador sera là, c’est certain, mais sinon, Krennic ? ou bien 0-0-0 éventuellement associé à l’Artilleur BT-1 sur le Punisher ? À moins de garder des points de « bid » ? Et que faire concernant les (deux) Systèmes d’occultation, valent-ils ces douze points d’escadron ou pas ?

 

Les amis, vos commentaires, critiques et suggestions sont les bienvenus !

 

Et le prochain de ces articles portera probablement sur ce terrifiant premier tournoi…

 

EDIT : en fait, non...

Mes articles consacrés à X-Wing ont désormais leur blog dédié, Random Academy Pilot ! La suite là-bas !

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L'Abomination du lac, de Joseph A. Citro

Publié le par Nébal

L'Abomination du lac, de Joseph A. Citro

CITRO (Joseph A.), L’Abomination du lac, [Dark Twilight – Lake Monsters], traduit de l’américain par Michel Deutsch, Paris, J’ai lu, coll. Épouvante, [1991-1992] 1993, 315 p.

On ne se refait pas, et, de temps en temps, j’aime bien me taper un petit roman de grosse horreur qui tache – à une époque, je pouvais en dire autant pour les petits films de grosse horreur qui tache, mais ça fait quelque temps que je ne l’ai pas fait et je le regrette… Quoi qu’il en soit, si le bilan en fin de compulsion est plus qu’à son tour navrant, de temps en temps, oui, j’aime bien – et je me farcis des trucs « objectivement pas bons » mais qui me satisfont d’une manière ou d’une autre. Ce qui ne signifie peut-être pas non plus que je perds alors tout esprit critique – je suis bon public, mais aussi conscient de mes navrantes tares, dans ce que j’aime bien quand même, et dans ce que je n’aime pas parce qu’il ne faut pas trop déconner non plus. Exemple : Manitou, c’est vraiment de la merde…

 

L’Abomination du lac, de Joseph A. Citro, ça n’est certes pas fameux, c’est même probablement « objectivement pas bon », cependant je crois que c’est bien autrement honnête que le Masterton précité (et c’est déjà ça). Il y a au moins un semblant de choses qui surprennent un peu là-dedans, qui ne sauvent pas tout, ni peut-être même quoi que ce soit, mais suffisent du moins à préserver une vague forme de singularité du bouquin, et si l’auteur (dont c’était en fait le premier roman, même s’il n’est sorti qu’en 1991, après quatre autres titres) joue comme beaucoup dans ce registre à « J’aimerais bien être Stephen King », référence écrasante (avec celle de Lovecraft), sans l’emporter à la fin, eh bien, il y a au moins vaguement de ça – plus que chez… Oui, bon, OK.

 

Maintenant, comment ai-je mis la main dessus ? Enfin, oui, chez un bouquiniste, il y a quelques années de cela – la question serait plutôt : pourquoi ? D’une manière ou d’une autre, je l’avais vu mentionné quelque part comme étant « lovecraftien ». Mais où ? Je croyais que c’était dans The Rise, Fall, and Rise of the Cthulhu Mythos, de S.T. Joshi, mais n’en trouve pas trace… Bah, peu importe. Ceci dit, il y a bien quelque chose de « lovecraftien » dans ce roman, quelque chose que révèle d’emblée, d’une certaine manière, le choix d’employer le nom français « Abomination », qui n’a sans doute rien d’innocent. Et c’est un peu fâcheux, car, si ce roman bénéficie d’un vague atout, c’est probablement qu’il balade le lecteur dans des directions relativement inattendues. On peut relever que le titre original, Dark Twilight, n’a pas grand-chose à voir avec L’Abomination du lac… et pourtant, ce titre français ne manque peut-être pas totalement de pertinence ; car le roman a été ultérieurement réédité sous le titre que lui avait initialement attribué l’auteur, et qui était Lake Monsters – notez toutefois le pluriel… Cela dit, en matière de SPOILERS éventuels, ou justement pas, je suppose qu’il faut aussi prendre en compte combien, c’est ou c’était l’usage, cette couverture hideusement whatthefuckesque n’a pas grand-chose à voir, sinon rien, avec le contenu du roman… Aussi le lecteur était-il invité à ne pas trop extrapoler, je suppose.

 

Harrison Allen est notre… « héros » ? Trentenaire un peu terne, récemment licencié, il décide d’envisager ses allocations chômage comme une occasion de prendre des vacances (insérez ici un connard qui beugle : « LES CHÔMEURS SONT DES FAINÉANTS !!! »), et de satisfaire une vieille lubie en se faisant chasseur de monstres – ce décalque de l’auteur, car Joseph A. Citro a, depuis 1991, sorti beaucoup, beaucoup de bouquins sur le folklore du Vermont, la cryptozoologie, mais aussi les OVNI, et toutes ces sortes de choses, Harrison Allen donc entend en effet apporter la preuve que le monstre du lac Champlain, tendrement baptisé Champ ou Champy en miroir d’une plus célèbre Nessie, que ce monstre aquatique, donc, existe bel et bien. Et il se rend sur place pour enquêter, en squattant la vieille bicoque d’un camarade de fac, idéalement située sur Friar’s Island, une île (oui) bien placée dans ledit lac.

 

Et on a une carte de l’île en tête d’ouvrage C’EST DONC UN ROMAN DE FANTASY.

 

 

Friar’s Island attire les touristes en été, mais les autochtones ne sont pas toujours des plus accueillants pour les « étrangers ». Aux yeux de ce connard de Cliff, l’archétype du redneck détestable et borné dans ce roman, qui n’est pas du Vermont est forcément idiot et ridicule, et même les citoyens de l’État, quand ils sont « continentaux », sont au moins suspects – venir des grandes villes plus à l’est vous qualifie aussitôt en pédé.

 

Heureusement, tout le monde n’est pas comme Cliff, sur Friar’s Island. Et Harrison ne manque pas de croiser bienheureusement la route de la nouvelle instit’ de l'île, la belle et fraîche Nancy, dont chaque réplique ou pensée donne le sentiment un tantinet amer d'une femme cruchissime. C’est forcément le coup de foudre.

 

Mais… de quoi parle le roman ? Eh bien, vous pouvez oublier Champy : Harrison discute bien des « témoignages » avec quelques résidents de l’île, et en apprend un minimum sur le folklore qui va avec (pour un chasseur de monstres, l'étendue de son ignorance en la matière a quelque chose d'un brin troublant), mais l’hypothétique monstre du lac Champlain ne joue absolument aucun rôle dans ce roman, tout au plus celui d’un symbole (même si un épilogue lui donne bizarrement chair). Non, ce qui compte est ailleurs : le monastère abandonné au nord de l’île, habité en son temps par des moines un peu chelou, puis par une communauté spirite qui ne l’était pas moins ; des bruits bizarres dans la baraque de Harrison – une petite fille qui y disparaît ; un érudit qui ne dit pas tout ; une vieille dame peut-être un peu trop vieille, et son simplet de fils…

 

De fait, je crois que c’est plutôt un atout du roman – s’il doit en avoir un. Le cours des événements est assez imprévisible. C’est parfois à l’extrême limite de la cohérence, et, quand il s’agit pour Joseph A. Citro de rassembler les fils, cela implique des coïncidences un peu grossières, mais la surprise est là et bien là – y compris et peut-être surtout au regard du véritable caractère horrifique du roman, qui concerne notre pauvre Harrison, victime de son charme : c’est inattendu, grotesque sans doute mais étonnamment efficace, et… cruellement ironique ? Peut-être bien.

 

Maintenant, ce roman… ne fait pas peur. Loin de là. Si l’on excepte la disparition précoce d’une pauvre petite fille un peu trop curieuse (car manipulée par un petit con, en quelque sorte la promesse d’un Cliff futur), puis, mais en aparté, de ses parents, le roman n’a longtemps absolument rien d’horrifique. Tout ou presque est concentré dans, mettons, le dernier quart, et même ça, ça n’effraie pas des masses. La peur n’est vraiment pas du lot, en fait – la répugnance peut-être un peu plus ? Le cynisme ? La panique ? La curiosité, autrement...

 

Mais tout ceci est tardif et assez peu efficace, donc – même avec quelques surprises pas inintéressantes çà et là. Pourtant, ce roman (assez court, hein : dans les 300 pages, mais très aérées, avec une grosse police) se lit assez bien, je suppose – agréablement, oui. Quand Citro cherche à faire son King, en décrivant les habitants de Friar’s Island comme leurs contreparties de Castle Rock, il ne se débrouille pas si mal, je suppose – certes pas aussi bien, mais pas si mal… Et s’il use d’archétypes un peu trop voyants (le redneck cruel et borné, un compagnon de beuverie, le vieux Chef bourru de la police à la retraite, l’épicier d’une courtoisie à toute épreuve, l’idiot du village, la vieille qui sait tout, l’érudit à nœud papillon, et, oui, la jeune et jolie et cruchissime instit’), il arrive parfois, au détour d’un paragraphe, à leur donner un semblant d’âme.

 

Bon, le roman ne brille guère par le style, en même temps… Ça n’aide pas (et la traduction ? Je ne me prononcerai pas). Mais ça, on s’en doutait en en entamant la lecture, hein. Et, honnêtement… ben, oui, je suppose que c’est plutôt… honnête. Ça coule, en tout cas, et c’est sans doute tout ce qui compte. J’ai lu bien, bien pire, dans ce genre ou dans d’autres. C’est du roman de gare, qui a passé sans souci l’épreuve du train.

 

Je ne peux pas décemment recommander L’Abomination du lac à qui que ce soit… « Objectivement », ça n’est « pas très bon ». Mais je ne regrette pas ma lecture pour autant – car, oui, de temps en temps, j’aime bien m’offrir ce genre de péché mignon… Et je déplore que le genre horrifique, qu’on le qualifie de « mainstream » ou pas, soit aussi délaissé de nos jours – même si, durant sa Grande Époque, il a effectivement souvent consisté en bouquins parfaitement horribles. Cet unique roman traduit en français, sauf erreur, de Joseph A. Citro, s’en tire plutôt honorablement à cet égard, à vrai dire.

 

Mais c’est bien un péché mignon.

 

Oui, de temps en temps…

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Un peu de ton sang, de Theodore Sturgeon (relecture 2018)

Publié le par Nébal

Un peu de ton sang, de Theodore Sturgeon (relecture 2018)

STURGEON (Theodore), Un peu de ton sang, suivi de Je répare tout, [Some of Your Blood – Bright Segment], postface de Steve Rasnic Tem, [traduit de l’américain par] Odette Ferry [et] Véronique Dumont, Paris, Télémaque, coll. Entailles, [1961, 2006] 2008, 206 p.

Ma chronique se trouve dans le dossier consacré à Theodore Sturgeon dans le Bifrost n° 92, pp. 168-169.

 

Elle sera publiée à terme sur le blog de la revue, et j’en donnerai alors le lien ici.

 

Commentaires et tout ça d’ores et déjà bienvenu !

 

Note au passage : j’avais déjà chroniqué ce livre il y a longtemps, ici – mais mon opinion a évolué depuis, je suppose.

 

EDIT 02/02/2019 : la critique est en ligne, ici.

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Les Plus qu'humains, de Theodore Sturgeon (relecture 2018)

Publié le par Nébal

Les Plus qu'humains, de Theodore Sturgeon (relecture 2018)

STURGEON (Theodore), Les Plus qu’humains, [More than Human], traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michel Chrestien, in Romans et nouvelles – Cristal qui songe, Les Plus qu’humains et autres œuvres, préface de Jacques Goimard, Paris, Denoël – J’ai lu – Omnibus, [1953, 1957, 1977] 2005, pp. 533-710.

Ma chronique se trouve dans le dossier consacré à Theodore Sturgeon dans le Bifrost n° 92, pp. 165-167.

 

Elle sera publiée à terme sur le blog de la revue, et j’en donnerai alors le lien ici.

 

Commentaires et tout ça d’ores et déjà bienvenu !

 

Note au passage : il y a longtemps de cela, j’avais chroniqué l’omnibus Romans et nouvelles entier, ici.

 

EDIT 02/02/2019 : la critique est en ligne, ici.

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Les Jardins de la Lune, de Steven Erikson

Publié le par Nébal

Les Jardins de la Lune, de Steven Erikson

ERIKSON (Steven), Les Jardins de la Lune (Le Livre des Martyrs, t. 1), [Gardens of the Moon – A Tale of the Malazan Book of the Fallen], préface de l’auteur, traduction [de l’anglais (Canada) par] Emmanuel Chastellière, Paris, Éditions Leha, [2000] 2018, 638 p.

Ma chronique se trouve dans le cahier critique du Bifrost n° 92, pp. 86-87.

 

Elle sera publiée à terme sur le blog de la revue, et j’en donnerai alors le lien ici.

 

Commentaires et tout ça d’ores et déjà bienvenu !

 

EDIT 02/02/2019 : la critique est en ligne, ici.

 

EDIT 22/01/2019 : la suite avec Les Portes de la Maison des Morts...

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Ce monde est nôtre, de Francis Carsac

Publié le par Nébal

Ce monde est nôtre, de Francis Carsac

CARSAC (Francis), Ce monde est nôtre, préface de Natacha Vas-Deyres, [Talence], L’Arbre Vengeur, [1962] 2018, 282 p.

Ma chronique se trouve dans le cahier critique du Bifrost n° 92, pp. 81-82.

 

Elle sera publiée à terme sur le blog de la revue, et j’en donnerai alors le lien ici.

 

Commentaires et tout ça d’ores et déjà bienvenu !

 

EDIT 02/02/2019 : la critique est en ligne, ici.

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Lyonesse – intégrale, de Jack Vance

Publié le par Nébal

Lyonesse – intégrale, de Jack Vance

VANCE (Jack), Lyonesse – intégrale, [Suldrun’s Garden – The Green Pearl – Madouc], traduit de l’américain par Arlette Rosenblum et E.C.L. Meistermann, traduction revue et complétée par Pierre-Paul Durastanti, illustration de couverture de Sébastien Hue, Saint-Laurent d’Oingt, Gallimard – Mnémos, [1983, 1986, 1989, 2003] 2018, 939 p.

Ma chronique se trouve dans le cahier critique du Bifrost n° 92, pp. 74-75.

 

Elle sera publiée à terme sur le blog de la revue, et j’en donnerai alors le lien ici.

 

Commentaires et tout ça d’ores et déjà bienvenu !

 

EDIT : la critique est en ligne, ici.

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Wraith : Midnight Express

Publié le par Nébal

Wraith : Midnight Express

Wraith : Midnight Express, [Wraith: Midnight Express], White Wolf – Ludis International, [1994] 1996, 109 p.

Midnight Express est le seul supplément de contexte et (surtout) de scénarios pour Wraith traduit en son temps en français (parfois approximatif...) par Ludis. Ce qui lui confère mine de rien un semblant d’importance, notamment en ce que, après un livre de base, un livret de l’écran et un Guide du Joueur qui ne se montraient guère explicites à ce propos, Midnight Express est donc la première (et en français la seule) occasion de voir à quoi peut bien ressembler un scénario de Wraith. Et, hélas, de manière guère enthousiasmante…

 

Le Midnight Express est… eh bien, une sorte de train fantôme – littéralement : assemblé à partir de wagons dans lesquels des gens sont morts ; ce qui lui donne une allure très hétéroclite : un luxueux wagon restaurant du Simplon Orient-Express peut y côtoyer un fourgon à bétail employé par les nazis pour convoyer des Juifs vers les camps d’extermination…

 

Quoi qu’il en soit, le Midnight Express est le meilleur moyen de voyager dans le Monde des Ombres et à travers la Tempête, en y incluant Stygia : il n’est pas seulement ponctuel (où que vous vous trouviez, c’est à minuit que le train entre en gare), il est aussi remarquablement fiable – un très bon moyen de traverser la Tempête sans crainte… ou sans trop de crainte, parce que, dans les six scénarios composant ce recueil, ça merde systématiquement, et ça merde gros, dans la Tempête, bon…

 

Mais la fiabilité du Midnight Express tient aussi à sa neutralité : conçu par les Passeurs, et dirigé par l’un d’entre eux, du nom de Nicholas, le Midnight Express ne relève d’aucune faction – ce qui en fait un lieu de rencontre appréciable : dans les wagons, la Hiérarchie, les Renégats, les Hérétiques, peuvent se croiser et négocier dans l’ombre, uh uh… même si, là encore, les scénarios s’avèrent en fait passablement bourrins et bastonneux sous cet angle : on y négocie à l’arme-relique.

 

Reste que la raison d’être du Midnight Express, aux yeux des Passeurs, consiste à sélectionner des voyageurs pour un « autre voyage » : celui de la Transcendance – Nicholas et ses employés veillent au grain pour repérer qui pourra être sauvé…

 

Tous ces éléments de contexte, bizarrement, sont séparés en deux chapitres diamétralement opposés, en l’occurrence une « Introduction » et un « Appendice ». Une construction étrange et que rien ne justifie… et c’est hélas un des traits récurrents de ce supplément globalement mal conçu – mal « écrit », pas seulement au sens du style (ça, bien sûr...), mais surtout en ce qui concerne l’agencement et l’usage pratique ; chaque scénario ou presque présente ce genre de bizarreries malvenues.

 

Les scénarios, justement – le gros du bouquin. Il y en a six, et, précisons-le au cas où, s’ils empruntent tous (forcément) le cadre du Midnight Express, au moins pour partie, ils sont en dehors de cela totalement indépendants, et ne forment pas une campagne – le supplément avance qu’ils pourraient tous être joués, en les séparant, mais je ne suis pas certain que quiconque en aurait envie…

 

C’est que le niveau est… pas terrible, on va dire. Et cela tient pour une part non négligeable à des éléments déjà avancés : c’est (très) répétitif, c’est le bordel dès qu’on se retrouve dans la Tempête, et, quand les PJ ne combattent pas des hordes de spectres, alors ils se retrouvent en plein milieu des « négociations en terrain neutre » entre la Hiérarchie et les Renégats, qui donc se pougnent en permanence, se prennent en otages, se détournent, se poursuivent, se tourmentent... d’autant plus qu’il y a forcément des spectres et des Côtés Sombres derrière – systématiquement. Et le Monde des Vifs ? Il n’a que très peu d’impact… Il pourrait aussi bien ne pas être là. Alors, finalement, les Thèmes et les Ambiances de L’Art-Du-Conteur, hein… C’est presque à croire que, quand je jouais très bourrinement et même super-héroïquement à Wraith quand j’étais plus jeune, je n’étais pas totalement à côté de la plaque. Aheum.

 

On n’est pas à l’abri d’une bonne idée à l’occasion, hein – le Midnight Express en lui-même étant une de ces bonnes idées. Hélas, j’ai surtout retenu de ce supplément ses plus navrants gâchis…

 

D’ailleurs, pourquoi s’en tenir à l’ordre du supplément, qui n’a pas vraiment de sens, commençons par le plus affligeant de ces gâchis : le cinquième scénario, intitulé « Le Prix de la vengeance ». Sur le papier, c’est incomparablement le plus ambitieux des six scénarios de Midnight Express – en fait, pour le coup, il y a là matière à une campagne, très clairement, et une campagne très typée Monde des Ténèbres (Vampire, notamment), avec des gros morceaux de politique dedans ; par ailleurs, une campagne faisant appel à un thème déjà esquissé dans le livre de base, sauf erreur, et particulièrement horrible (la quintessence du Wraith idéalisé) : l’implication de certaines Ombres cupides dans les guerres les plus horribles du Monde des Vifs (en l’espèce, la Première Guerre mondiale), ces Ombres manipulant les vivants pour les amener à développer des armes et des stratégies toujours plus meurtrières, afin d’assurer à la Hiérarchie, en l’espèce, des contingents toujours plus colossaux d’âmes en peine qui, dans la perspective économique et esclavagiste de Stygia, sont autant de ressources, et rien d’autre ; mais cette influence sur le Monde des Vifs n’en est pas moins une violation de la Loi de Charon… à vrai dire la pire de toutes, et peut-être même la raison d’être de cette prohibition. C’est un très bon sujet – hélas, ce scénario repose sur une motivation totalement défaillante (on chope des Ombres au pif et on leur dit : « J’vous connais pas mais j’vous file dix oboli si vous réglez dans les 48h le plus colossal scandale ayant jamais impliqué les plus hautes sphères de Stygia, et je suis sûr que vous y parviendrez, parce que, hey ! »), et se résume bientôt à une ballade (express) (aha) en train où... on se cogne dessus en permanence, eh, jusqu’à ce que les indices ou les preuves tombent tout cuits dans la gueule de PJ qui n’avaient pas vraiment de raisons de les chercher ni même de les comprendre pour ce qu’ils sont. Il faut y ajouter que ce scénario est de très, très loin le plus mal rédigé dans tout ce supplément – et je ne crois pas que cela relève seulement de la traduction, globalement moins horrible ai-je l’impression que dans le livre de base et le Guide du Joueur : l’ensemble est peu ou prou incompréhensible. Vraiment un sacré gâchis – du genre qui agace plus encore qu’il ne navre.

 

Les autres scénarios ne brillent guère, s’ils mettent moins en colère. On regrettera surtout leur côté convenu, et, souvent, leur manque de véritable enjeu. Un procédé récurrent consiste à balancer les PJ au milieu d’un affrontement entre la Hiérarchie et les Renégats, hop, sachant que les deux camps sont (forcément) manipulés par des spectres et des Côtés Sombres – ainsi dans « L’Ombre d’un doute » et « Course de nuit », et il n’y a pas vraiment grand-chose de plus à dire concernant ces deux scénarios très plan-plan.

 

Proche dans l’esprit, « Prochain arrêt : le néant » s’en tire un peu mieux parce qu’il expose au moins une bonne idée, en figurant un « concurrent » du Midnight Express, un autre train qui, en l’espèce, se fait passer pour lui – et confier aux wagons un Côté Sombre à amadouer est plutôt intéressant, si le reste relève encore un peu de la bourrinade.

 

Je suppose qu’il faut singulariser, même si les liens avec ce qui précède ne manquent pas, « Six-Coups et Feu d’Âmes » : il reprend bien le motif de la baston Hiérarchie-Renégats, mais en le transposant dans un cadre « western de pacotille » assez intéressant, avec de bons PNJ – et, exceptionnellement, des interactions vraiment intéressantes par-delà le Voile. C’est probablement, de ces six scénarios, celui qui fonctionne le mieux – et de loin à vrai dire ; d’autant que c’est aussi le moins dirigiste, il envisage bien des possibilités d’action pour les PJ. Or qu’il soit le plus convaincant de ces scénarios est en soi problématique, car le ton de cette aventure est plus léger et même un brin humoristique/parodique, ce qui n’est pas exactement l’ambiance associée à Wraith de manière générale, hein...

 

Quant à la dernière aventure, « Jeu d’Ombres », c’est un scénario de type « mise à l’épreuve surréaliste », où le Passeur Nicholas confronte les PJ à leurs Côtés Sombres pour déterminer s’ils sont sur la voie de la Transcendance – de manière générale, je ne raffole pas vraiment de ce genre de scénarios oniricopsychosymbolistotruc, et celui-ci me convainc d’autant moins que les « tests » sont trop scriptés et, clairement, impossibles à remporter ; comme les PJ ne sont probablement pas censés atteindre la Transcendance avant un bon moment, ça n’est pas si gênant, mais l’arbitraire imprévisible et incompréhensible des situations les rend plus frustrantes qu’autre chose.

 

Bilan pas fameux, donc, pour cet ultime supplément de la gamme française de Wraith. Le concept du Midnight Express est intéressant, et les deux aides de jeu qui lui sont consacrées sont plutôt correctes. Mais le gros du supplément est occupé par six scénarios globalement pas top top : on peut éventuellement tirer quelque chose de « Six-Coups et Feu d’Âmes » et peut-être aussi de « Prochain arrêt : le néant », et on pourrait essayer de broder sur les bonnes idées du postulat du « Prix de la vengeance » pour en tirer une campagne à la hauteur, mais le reste est nul et il n’est pas dit que ces efforts soient vraiment payants.

 

Mouais, pas fameux...

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