Nébal n'aime pas les fascistes...
… notamment quand ils ont l'audace ou la bêtise de se prétendre de gauche. Parce que, de deux choses l’une :
« "Le groupe le plus controversé de la scène électro-industrielle est de retour sur la scène francaise". C'est ainsi que le Havana café, salle de concert de Ramonville (31) annonce la venue du groupe LAIBACH ( le jeudi 27 Mars 2008 à 20h30 ). "Controversé", le terme est court pour qualifier un groupe qui reprend allègremment toute la symbolique nazie et totalitaire, tout en se défendant de toute sympathie avec l'extrême droite. LAIBACH ou l'art de cultiver l'ambiguité ! Pas étonnant dans ce cas, qu'une partie du public de LAIBACH soit des sympathisants affirmés du IIIème reich et autres idélogies fascistes.
« La politique du Havana café serait-elle d'accueillir n'importe qui du moment que les caisses se remplissent ? Le Havana café serait-il un vulgaire commerçant prêt à toutes les compromissions pour satisfaire leur clientèle ? La mairie de Ramonville serait elle aussi "tolérante" que le Havana café ?
« Dans le climat général de montée du racisme et du retour d'une extrême droite radicale partout en Europe, nous ne pensons pas que laisser LAIBACH faire un spectacle avec des idéologies politiques à l'origine de génocides soit un acte responsable qui aille dans le sens de plus de liberté et de démocratie.
« Que faire ? Diffusez ce texte. Appelez le Havana café pour exprimer tranquillement votre opposition. Appelez la Mairie de ramonville pour connaitre leur position. Parlez en avec Pierre Cohen,candidat PS à la mairie de Toulouse et actuel maire de Ramonville.
« Espérons que ces discussions permettront aux cafetiers et aux responsables politiques de retrouver leurs esprits avant d'envisager une riposte antifascistes le jour venu. »
…
Bande de cons…
Je ne reviendrai pas ici sur Laibach, je me suis déjà exprimé quant à la musique du groupe et à ses procédés ici (et indirectement là, en parlant de Throbbing Gristle). On pourrait d’ailleurs multiplier les exemples de semblables détournements, y compris en science-fiction (puisque c’est devenu l’objet principal de ce blog miteux) : voyez par exemple les polémiques ridicules suscitées par la publication de Rêve de fer, le fameux roman de Norman Spinrad (ceux qui ne le connaîtraient pas peuvent déjà en lire la préface de Roland C. Wagner ici). En outre, je vois également dans cette triste propagande une confirmation supplémentaire du lien que j’avais établi entre anarchisme et fascisme en rendant compte (trèèèèèès subjectivement) de ma lecture de La Zone du dehors d’Alain Damasio (roman certes pas top, mais qui vaut quand même bien mieux que les gesticulations parano-fascistoïdes des crétins à l’origine de cet appel).
Cette note n’a pas pour but d’être constructive : je ne me sens pas capable de rendre la vue aux aveugles.
Juste de faire état de ma colère, de ma lassitude pour la profonde bêtise dont témoigne cet appel, de mon écœurement à l’égard de ces hypocrites et de ces idiots qui souillent de leur imbécillité tous les combats politiques, pour certains d’entre eux légitimes, au sein desquels ils ont le malheur de s’impliquer.
Ils osent se prétendre libertaires, et appellent à la censure ?
Ils osent se prétendre anarchistes, et réclament le soutien du candidat PS à la mairie de Toulouse ?
Ils osent se dire de gauche, et donc progressistes, quand leur discours pue la réaction et le passéisme ?
Ces gens m’agacent.
Non pas tant, d’ailleurs, parce que j’aime bien Laibach (tout en étant loin d’être un fan !), parce que je sais que ces idiots de zélés censeurs ne savent même pas de quoi ils parlent, ou encore parce que je sais que les crétins de nazillons, quand bien même il y en a, hélas, sont une infime minorité parmi les gens qui se rendent aux concerts du groupe slovène. Pour être honnête, même si les accusations de ces veaux marins de bobos pseudo-gauchistes étaient fondées, je les mépriserais quand même.
Parce que je me considère libertaire, justement.
Et parce que je n’arrive pas à concevoir comment une interdiction fondée sur un préjugé pourrait être « un acte responsable qui aille dans le sens de plus de liberté et de démocratie ».
Parce que je n’arrive pas à comprendre comment le mépris revendiqué de ces horribles petits cons pour la « tolérance » peut se concilier avec l’appartenance politique qu’ils affichent avec l’élégance et le discernement d’un vilain snob dégoulinant de luxe.
Parce que je considère que ces abrutis devraient réfléchir un peu plus aux citations qu’ils publient en tête de leur site, et prendre en compte ce qui fut le plus beau slogan de ce Mai 68 qu’ils adulent béatement : « Il est interdit d’interdire. »
En d’autres termes : je les merde ; je les laisse à leur bêtise, mais n'en ai pas moins ressenti le besoin de relâcher la pression de mon côté.
Aussi, veuillez pardonner, mes chers lecteurs, cet articulet fulminant et puéril (j’avoue), mais c’est que ces cons m’ont gâché ma journée.
Et le plus triste est que je sais d’ores et déjà qu’ils m’en gâcheront encore bien d’autres, me faisant désespérer chaque jour un peu plus de l’humanité…
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