"L'Aleph", de Jorge Luis Borges
BORGES (Jorge Luis), L’Aleph, [El Aleph], traduit de l’espagnol par Roger Caillois et René L.-F. Durand, [Paris], Gallimard, coll. L’Imaginaire, [1962, 1967, 1977] 2007, 220 p.
Après Le Livre de sable, et avant de revenir aux indispensables Fictions, j’ai poursuivi mes lectures borgessiennes avec cet excellent recueil paru (après quelques tours et détours labyrinthiques) dans la non moins excellente collection « L’Imaginaire » chez Gallimard.
« Le recueil de la maturité de Borges conteur », nous dit Roger Caillois. Je le crois volontiers, d’autant qu’il m’a encore davantage séduit que le plus tardif dans l'ensemble Livre de sable. Ce bref volume comprend en effet nombre de merveilles, le plus souvent d’une concision caractéristique de l’auteur (si l’on excepte notamment la première nouvelle, « L’Immortel », plus longue que d’habitude, mais non moins fascinante). On y trouve en tout cas toutes les obsessions de l’auteur, le labyrinthe, le double, la mort et l’infini, autant de thèmes souvent traités en usant de références bibliographiques fantaisistes, quand ils ne s’inscrivent pas dans la tradition orale du conte. La plume de l’auteur s’y montre particulièrement sobre et acérée, et le lecteur se régale du début à la fin, les nouvelles se répondant mutuellement pour former un recueil d’une unité inattendue.
Une seule nouvelle ne m’a pas véritablement convaincu, à savoir « Le Zahir », qui m’a laissé pour le moins perplexe (pourtant…). Le reste est un vrai bonheur, et notamment les nouvelles « macabres » et/ou labyrinthiques traduites originellement par Roger Caillois, qui constituent à mon sens le cœur du recueil : « L’Immortel », « Histoire du Guerrier et de la Captive », « La Demeure d’Astérion », « La Quête d’Averroës », « L’Écriture du Dieu », « Abenhacan el Bokhari mort dans son labyrinthe », et « Les Deux Rois et les Deux Labyrinthes ». J’y rajouterais, de mémoire, « Les Théologiens » et « L’Aleph ».
Plus encore que pour Le Livre de sable, il me paraît impossible de décortiquer davantage le recueil sans sombrer dans la paraphrase ou l’anéantissement du charme ; j’ajouterais que, au jour où je rédige cette note, ma lecture de L’Aleph commence un peu à dater, et mes souvenirs en sont plus ou moins flous (ou, peut-être plus exactement, confus), de l’eau ayant coulé sous les ponts… Plutôt que d’écrire des bêtises, je préfère donc m’en tenir (bêtement, peut-être ; paresseusement, sans doute) à ces quelques lignes, ou vous renvoyer à la note de Francis Berthelot dans sa Bibliothèque de l’Entre-Mondes.
Et vous recommander chaudement cet excellent recueil, emblématique d’un des plus grands écrivains du XXe siècle.
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