"L'Hiverrier", de Terry Pratchett
PRATCHETT (Terry), L'Hiverrier, [Wintersmith], illustrations de Paul Kidby, traduit de l'anglais par Patrick Couton, Nantes, L'Atalante, coll. La Dentelle du cygne, [2006] 2009, 394 p.
Après une petite pause, retour à Terry Pratchett et au versant « jeunesse » des « Annales du Disque-monde » avec L'Hiverrier. Où l'on retrouve le casting de Les Ch'tits Hommes libres et d'Un chapeau de ciel : l'apprentie-sorcière Tiphaine Patraque, qui entre désormais dans l'adolescence, et qui est toujours escortée bon gré mal gré par une cohorte de Nac mac Feegle plus teigneux que jamais, miyards ! Et Mémé Ciredutemps, comme de bien entendu, n'est pas bien loin.
Tiphaine poursuit son apprentissage, cette fois auprès de Mademoiselle Trahison. Mais elle commet un jour (c'était la nuit, d'ailleurs) une terrible boulette : elle danse en effet la Morris noire avec l'Hiverrier, c'est-à-dire l'incarnation (façon de parler) de l'hiver. Et l'Hiverrier de tomber amoureux de la petite sorcière. Or le bonhomme (de neige, bien sûr) a l'amour tenace, et ses présents sont quelque peu gênants... à tel point, à vrai dire, que l'on se met à craindre un hiver éternel. D'autant que Tiphaine se montre peu convaincante en tant que déesse de l'été...
…
Bon. On va faire vite, parce que ça ne mérite pas plus.
L'Hiverrier est un Pratchett raté. Essentiellement pour la bonne et simple raison qu'il n'est pas drôle. Or, sauf exceptions rarissimes, un Pratchett pas drôle, ça n'a pas grand intérêt... Ici, on se rapproche même du néant, tant le roman, pas vraiment très adroit dans sa relative gravité (qui lui réussit beaucoup moins, à titre d'exemple, qu'à sa « disciple » Catherine Dufour, ainsi dans L'Immortalité moins six minutes – c'est sans doute un peu moins vrai de Merlin l'ange chanteur), se montre peu original et peu prenant, jusqu'à sa conclusion franchement précipitée et laborieuse.
C'est triste à dire, mais, en l'espace de trois romans à peine, Terry Pratchett se met déjà à tirer sur la corde avec les pourtant sympathiques Ch'tits Hommes libres. Ici, tous les gags ou presque ont un parfum de déjà-lu. Et c'est à peine s'il surnage deux ou trois bonnes idées vaguement amusantes, sur le « pipo » des sorcières (mais tant va la cruche à l'eau...) ou sur le statut de déesse de Tiphaine Patraque. Le reste est plat et ennuyeux.
C'est triste à dire, mais, ces derniers temps, Pratchett me déçoit de plus en plus... Serais-je en train de devenir un vieux con aigri ? Ou bien aurais-je trop lu de Pratchett pour y trouver encore le moindre intérêt ? Je n'exclus rien ; mais, en attendant, je reste convaincu que l'auteur des « Annales du Disque-monde » peut mieux faire. Beaucoup mieux, même. J'espère que le prochain (Making Money, je crois, reprenant les personnages du fort sympathique Timbré) saura me satisfaire davantage. Sinon – horreur glauque – il me faudra peut-être songer à arrêter les frais...
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