"Batman Begins" & "The Dark Knight", de Christopher Nolan
(Je rapatrie ici deux brèves notes faites sur le forum du Cafard cosmique parce que groumf, d’où l’aspect peut-être un peu, euh, « polémique »… d’autant qu’elles se fondent sur de vieux souvenirs.)
Titre : Batman Begins.
Titre original : Batman Begins.
Réalisateur : Christopher Nolan.
Années : 2005.
Pays : Etats-Unis / Royaume-Uni.
Genre : Science-fiction / action / super-héros.
Durée : 152 min.
Acteurs principaux : Christian Bale, Michael Caine, Liam Neeson, Katie Holmes, Gary Oldman, Cillian Murphy, Rutger Hauer, Ken Watanabe, Morgan Freeman…
On évacuera rapidement le premier Batman de Nolan, Batman Begins, en deux mots : purge ridicule. Difficile en effet de relever quoi que ce soit de réellement positif dans ce film, et ce à quelque niveau que ce soit.
La réalisation ? À l’évidence, Nolan ne sait pas filmer les scènes d’action, qui sont toutes plus brouillonnes les unes que les autres, à grands coups de montages cut cut cut et de mouvements de caméras incompréhensibles ; le résultat est tout simplement illisible : ce genre de procédé, dans un nanar, sert souvent à cacher la misère ; ici, il ne fait que témoigner de l’incompétence du réalisateur et du monteur. Les scènes « calmes » ne valent guère mieux dans mon souvenir – et il en ira de même sous cet angle pour Dark Knight, de cela j’en suis certain –, Nolan semblant incapable de poser sa caméra : ah ça, il aime faire des ronds autour de ses personnages... Beuh...
Le scénario ? Soyons sérieux deux secondes. Si l’on excepte quelques menus emprunts au Batman Year One de Frank Miller et David Mazucchelli concernant essentiellement le commissaire Gordon (si ma mémoire est bonne), le reste est d’un ridicule achevé : Bruce Wayne qui va apprendre les arts martiaux, franchement... Je sais bien que Kill Bill est (hélas) passé par-là, mais quand même ! Ca nous donne Oskar Schindler en grand méchant, avant d’avoir un semi-Épouvantail totalement dénué de charisme. Cohésion du scénar : néant.
Ah ben on peut enchaîner sur l’interprétation : j’ai déjà expédié les méchants, reste pour l’essentiel Bruce Wayne/Batman. Soit Christian Bale, qui cabotine comme un taré, dans une dégaine étrange de quasi-drag queen, et achève de faire perdre toute crédibilité à son personnage quand il a le malheur de lui faire adopter une GROSSE VOIX TENEBREUSE BOUH. La première fois que je l’ai entendue, j’ai explosé de rire. La deuxième aussi, d’ailleurs.
Quant à l’univers... Outre que le film s’éloigne de Gotham pendant pas mal de temps, la cité de Batman n’a absolument aucune personnalité, rien de rien. Le film ayant en outre le malheur d’être régulièrement diurne, on peut dire qu’il est sous cet angle aussi complètement à côté de la plaque.
Alors quoi ? Un Batman plus réaliste ? Et mon cul, c’est du poulet ? Plus réaliste son méga-entraînement kung-fu de la mort ? Plus réalistes les pièges de l’Épouvantail ? Bah non. Désolé, mais non. On pourrait se poser la question « un Batman plus réaliste, pour quoi faire ? », mais, en fin de compte, elle ne se pose même pas, puisque ce soi-disant réalisme supplémentaire se révèle une imposture.
Divertissement raté, mal fait, et chiant comme la pluie, filmé avec les pieds de la scripte et écrit n’importe comment, Batman Begins est un triste navet, l’antithèse du bon divertissement hollywoodien.
Titre : The Dark Knight : le chevalier noir
Titre original : The Dark Knight.
Réalisateur : Christopher Nolan.
Années : 2008.
Pays : Etats-Unis / Royaume-Uni
Genre : Science-fiction / action / super-héros.
Durée : 140 min.
Acteurs principaux : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Michael Caine, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman, nabe, Morgan Freeman…
Le cas de The Dark Knight est un peu plus complexe, et, si le film est bien à mes yeux tristement mauvais, je lui reconnais cependant des qualités dont son prédécesseur ne pouvait pas se targuer.
Deux progrès sont en effet notables. Le premier concerne la réalisation : entre-temps, Nolan a appris à filmer les scènes d’action ; la différence entre les deux métrages est flagrante, et clairement à l’avantage du second : cette fois, le résultat, sans être transcendant, est tout à fait correct, je l’admets volontiers.
Le second concerne l’interprétation. En effet, il y a cette fois UN bon acteur, en l’occurrence Heath Ledger, qui fait un Joker tout à fait convaincant, dans un registre bien différent de celui de Jack Nicholson, mais tout aussi efficace. Rien à redire sous cet angle... si ce n’est qu'il bouffe l’écran, les autres « acteurs » faisant tous pâle figure auprès de lui.
J’accorde donc volontiers, sur ces deux plans, une meilleure note à The Dark Knight qu’à Batman Begins. Il n'en reste pas moins que c'est à mes yeux un très mauvais film, essentiellement à cause de son scénario lamentable, pas plus « réaliste » qu'auparavant (la batmobile panzer et la moto aussi grosse aha) et manquant toujours autant d’ambiance (film diurne), qui pèche par deux aspects : a) il manque de burnes ; b) il pue.
Mais avant de développer ces deux aspects, commençons par dissiper un fâcheux malentendu relatif au titre de ce film : non, The Dark Knight n’a strictement rien à voir avec The Dark Knight Returns de Frank Miller, pas plus qu’avec Dark Knight 2 : La Relève. Mais alors rien de rien. Le « scénario » (mal branlé, avec des twists ridicules – Gordon…) s'inspire en fait (mal) d’un excellent story arc de la sympathique série Gotham Central, qui a pour personnages principaux les flics de Gotham, et non Batman ; story arc dans lequel lesdits flics se retrouvent confrontés à un Joker plus dingue que jamais.
Mais donc a) Le manque de burnes. « Dark » ? Tu parles ! Si l’on excepte le sympathique coup du crayon dans une des premières scènes du film, Dark Knight a tout du PG-13 abominablement moralisant, le pire étant cette insupportable scène du ferry. Quant à Batman, c’est un héros « à l'ancienne », bien loin de la version « à la Miller »... ou même « à la Burton », d’ailleurs : je vous rappelle que dans les films de Burton, le Batman n’hésitait pas à tuer, contrairement à celui-ci...
b) Ça pue. Et c’est surtout ça qui m’a gêné. Le personnage d’Harvey Dent/Double-face est envisagé sous un jour uniquement positif, ce qui fait du film... une véritable apologie de la politique law and order ! Donc, au moment où, avec les comics plus « réalistes », justement, post-Watchmen, on interroge le côté éventuellement fascisant des héros en collants, on a là un film qui fait l’éloge des politiques les plus répressives, sans qu’on ait besoin d’en passer par les héros costumés ! De manière très hypocrite, en plus (voir la scène du ferry, encore une fois...), mais c’est pourtant bien à ça qu’on aboutit... Et c’est à ça qu’on est censé applaudir sous couvert de « divertissement de qualité, réaliste et intelligent » ?
Ben merde.
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