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"Fungi from Yuggoth", de H.P. Lovecraft

Publié le par Nébal

Fungi-from-Yuggoth.jpg

 

 

LOVECRAFT (H.P.), Fungi from Yuggoth, West Warwick, Necronomicon Press, 1982, [n.p.]

 

Lovecraft lui-même (plusieurs textes en témoignent, que ce soit dans sa correspondance ou sous forme d’essais autobiographiques – voir notamment Uncollected Prose and Poetry 3) était tout à fait conscient de la faiblesse relative de la majeure partie de sa production poétique (du moins de celle datant de l’époque où il se consacrait à plein au « journalisme amateur »). Son goût pour les classiques et son cher XVIIIe siècle anglais l’amenait à élaborer une poésie très conservatrice, tout à fait rigoureuse sur le plan de la métrique, mais passablement fade pour ce qui est des émotions, des images et des idées ; tout au plus pouvait-on lui accorder un certain talent pour la satire mordante, dont il a pu faire preuve à maintes reprises, notamment dans les polémiques agitant le petit monde du « journalisme amateur ».

 

Mais c’était sans doute se tromper de voie. Et son œuvre poétique n’a réellement atteint sa maturation que plus tard, et dans un genre auquel il ne s’était que peu essayé jusqu’alors : la poésie « weird ». En témoignent ces célèbres Fungi from Yuggoth, son grand-œuvre poétique, somme de trente-six poèmes fantastiques qui s’inscrivent pleinement dans le reste de la production « weird » de Lovecraft. On y retrouve en effet ses thèmes de prédilection, mais aussi sa géographie (d’Arkham et Innsmouth à Leng et Yuggoth), sa « mythologie » (Nyarlathotep, Azathoth…), ses créatures (les mi-go, donc, mais aussi les choses très anciennes de l’Antarctique, les shoggoths ou encore – inévitablement – les maigres bêtes de la nuit…).

 

J’avouerai cependant mon incapacité quasi totale à livrer un compte rendu pertinent de ces Fungi from Yuggoth : la poésie, comme vous le savez peut-être si vous êtes un habitué de ce blog, j’ai déjà du mal en français, alors en anglais… Je note néanmoins que ces poèmes – toujours d’une métrique rigoureuse, et les trente-six reproduisent la même structure – sont généralement dotés d’une certaine musicalité, et que, contrairement aux œuvres poétiques antérieures de Lovecraft, on y trouve parfois de très belles images – d’ordre cauchemardesque, bien sûr. C’est vrai dès le début du cycle, avec cet homme qui « vole » un mystérieux grimoire dans une boutique poussiéreuse, et se retrouve poursuivi par une voix moqueuse ; et la suite ne fait que confirmer la puissance des images des Fungi from Yuggoth. J’aurais pu en sélectionner bien des extraits, mais le poème consacré aux maigres bêtes de la nuit (« Night-Gaunts », XX) qui hantaient les cauchemars de l’auteur depuis sa plus tendre enfance me paraît à cet égard tout à fait parlant :

 

Out of what crypt they crawl, I cannot tell,

But every night I see the rubbery things,

Black, horned, and slender, with membranous wings,

And tails that bear the bifid barb of hell.

They come in legions on the north wind's swell,

With obscene clutch that titillates and stings,

Snatching me off on monstrous voyagings

To grey worls hidden deep in nightmare's well.

 

Over the jagged peaks of Thok they sweep,

Heedless of all the cries I try to make,

And down the nether pits to that foul lake

Where the puffed shoggoths splash in doubtful sleep.

But oh! If only they would make some sound,

Or wear a face where faces should be found!

 

J’aime bien, j’avoue.

 

Mais je ne peux guère en dire plus… Alors, une fois n’est pas coutume, plutôt que de dire trop de bêtises, je vais m’en tenir là. Et vous souhaiter de beaux cauchemars, à même de faire œuvre poétique…

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J
Les terreurs nocturnes de Lovecraft étaient dues à un épisode aujourd'hui connu de sa vie en maternelle<br /> http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2012/05/les-livres-de-la-vache-qui-ouit-inedits_05.html
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