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"La Guerre des Chiffonneurs", de Thomas Géha

Publié le par Nébal

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GEHA (Thomas), La Guerre des Chiffonneurs, Encino, Black Coat Press, coll. Rivière Blanche, 2011, 186 p.

 

En ce moment, je lis un livre.

 

Je veux dire : un vrai livre, avec de la littérature dedans (même si les allusions à la culture pop n’y manquent pas). Mais comme ce livre est copieux et dense, arrivé à la fin de la première partie, j’ai voulu m’offrir une pause, un petit plaisir régressif, sous la forme d’un court roman de SF qui ne pète pas plus haut que son cul.

 

Pour ce faire, La Guerre des Chiffonneurs de Thomas Géha, présenté comme étant le premier tome d’un cycle intitulé « Planètes Pirates », me paraissait l’idéal. Il faut dire que, du même auteur et chez le même éditeur, j’avais bien aimé les deux « Alone », sympathique variation autour de La Terre sauvage de Julia Verlanger. J’étais donc curieux à l’égard de ce nouveau titre qui, à l’évidence – la couverture hideuse en disant long à ce sujet –, relevait plus que probablement du bon vieux space op’ à la papa.

 

Mais l’auteur m’avait cependant prévenu : dans un article éminemment parodique, mais quand même, il avait impliqué que je (oui, moi) n’aimerais pas ce livre. Je cite : « Nébal : 0/10. Ce roman, il ne faut absolument pas qu’il le lise (d’ailleurs ils n’en a pas l’intention), risque certain de nervous breakdown. Et puis mon roman fait honte à la SF, j’avoue par anticipation […]. » Bon, pour ce qui est de l’intention, c’était donc raté. Le reste, fallait bien voir, alors.

 

Alors.

 

Le roman se déroule pas mal de temps après la guerre entre les Humains et les Salamandres. Il s’en est suivi un chaos politique global et une sévère régression technologique. Notamment, on ne sait plus produire les fameux « chiffonneurs », engins permettant de « plier l’espace », et donc de voyager plus vite que la lumière sur de très longues distances.

 

Marcus Mardel, à l’origine, était un Terrien. Mais il a été élevé par les Jadoins, un peuple d’origine humaine mais passablement modifiée et, surtout, un peuple de pirates. Il s’est retrouvé très tôt en compétition avec son frère adoptif Tali, mais a su gagner son respect et gravir les échelons de la hiérarchie jadoine. On lui promettait un brillant avenir chez les pirates, mais voilà : il y a eu comme un problème, quand Marcus est tombé amoureux de Lynne, une jeune femme promise à Tali…

 

Quelques années plus tard (en fait, le roman alterne les deux trames narratives un chapitre sur deux dans les premières pages, procédé classique, mais ici moyennement convaincant), nous retrouvons Marcus en compagnie de Raugri, un Tanopien (c’est-à-dire un félin humanoïde) porté sur la boisson et perpétuellement sur les nerfs. Les deux individus entendent devenir prospecteurs, et ont pour cela monté un vaisseau baptisé un soir de beuverie Le Vieux mais Joli Lapin rose. Seulement, ils n’ont pas de chiffonneur, ce qui leur serait fort utile, pour ne pas dire indispensable. Et comme on ne sait plus produire lesdites machines dans ce monde d’après, ils ne disposent pas de 36 000 moyens pour en obtenir un. Sur Tanope, ils se rendent donc à Crève Salamandre, sorte de Las Vegas en plus cru, sous la domination d’un certain Doral, qui ne manque pas, lui, de chiffonneurs ; mais les vend très cher… Le plan de Marcus et Raugri consiste donc à en voler un ; pour ce faire, ils vont s’allier à un mystérieux baroudeur du nom d’Antoine Cinerna. Mais la suite promet d’être explosive…

 

Alors ? Alors.

 

Si j’étais effectivement du genre à noter les livres (ce que je ne suis pas, j’ai toujours trouvé ça suprêmement con), je n’attribuerais certes pas une vilaine bulle à La Guerre des Chiffonneurs. Mais le résultat ne serait quand même pas très glorieux (allez, pour vous faire plaisir, disons 2/10). Je l’ai lu, comme j’en avais l’intention, et n’en ai pas fait pour autant de nervous breakdown (enfin, rien de pire que d’habitude en tout cas). Et je ne trouve pas qu’il fasse honte à la SF, même s’il appartient indubitablement à une sorte de SF qui, surtout vue de loin, peut faire un peu honte.

 

Il n’en reste pas moins que je n’ai pas aimé ce court roman. Certes, j’ai lu bien pire, et je peux concevoir pire encore. Il est vrai que j’ai un peu cherché la merde, aussi, n’étant de toute façon guère tourné vers le space op’ à la papa (donc). Je n’ai pas fait mon éducation science-fictive au FNA, et ne vois guère de raisons de m’y mettre (même si je ne nie pas qu’il y a eu de bonnes choses dans tout ça, et apprécie, puisqu’on en parlait, Julia Verlanger, dont les romans sont généralement très efficaces). Mais quand même : l’auteur m’inspirant plutôt du bien, j’en attendais au moins un bon divertissement, relevant plus ou moins de la littérature jetable, oui, mais à même de me faire passer un bon moment, ce qui est après tout l’essentiel. Or, à mes yeux en tout cas, La Guerre des Chiffonneurs n’a été que très vaguement divertissante…

 

Le principal problème, c’est le manque – assez consternant, pour le coup – d’inventivité dont fait preuve ce roman. Même sans avoir biberonné au FNA (donc), je sais, parce que ça a tout de même infusé, que l’on a déjà lu tout ça cent fois, au bas mot. Il n’y a pas une seule idée un tant soit peu neuve ou enthousiasmante dans ce roman. Pas une. Tout est du vu et revu, mâché et remâché. Ce qui est un peu ennuyeux, tout de même (et « l’hommage » n’excuse pas tout). Les clichés s’accumulent à chaque page, qu’ils relèvent du fond ou de la forme ; celle-ci, évidemment, n’a rien d’exceptionnel, mais je ne m’y attendais pas et m’en foutais un peu en entamant la lecture de ce Géha nouveau. On a lu bien pire, certes ; mais quand même, une fois de plus… L’humour lourdingue et les punchlines puériles n’arrangent rien au tableau. Pas plus que les personnages, simples archétypes sans fond et sans surprise (j'ai même cru y voir des mesquineries, mais on m'a dit que j'étais parano).

 

Au final, il ne reste pas grand-chose en faveur de cette Guerre des Chiffonneurs. Reconnaissons, c’est déjà ça, que le roman est trop court pour que l’on s’y ennuie, et que, les péripéties s’enchaînant à un train d’enfer une fois passée l’exposition, on tourne les pages sans en avoir l’air. Mais c’est un automatisme… On lit ça sans plaisir, sans enthousiasme ; on le lit comme on relirait un vieux machin, qui aurait pu nous faire palpiter un minimum quand on était plus jeune et que le genre l’était également, mais qui, aujourd’hui, ne passe tout simplement plus. Antiquité sans charme, plutôt du genre à finir en tas dans une brocante d’amateurs, et qui ne montrera véritablement d’intérêt que pour les collectionneurs compulsifs et les nostalgiques acharnés de la vieille SF bien eud’ chez nous. Les autres pourront passer leur chemin, il y a quand même bien plus intéressant à lire.

 

D’ailleurs, après ce qu’il faut bien qualifier d’échec, j’y retourne.

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G
<br /> Les notes on s'en lasse à la longue. Sinon je sais pas quand j'aurai le temps de zieuter celui-là !<br /> <br /> <br />
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