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"La Solution finale", de Michael Chabon

Publié le par Nébal

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CHABON (Michael), La Solution finale. Roman d'énigme, [The Final Solution], traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle D. Philippe, Paris, Robert Laffont, coll. Pavillons, [2004] 2007, 157 p.

 

J'ai déjà eu à plusieurs reprises l'occasion de vous dire tout le bien que je pensais de Michael Chabon, notamment suite à la lecture de son prix Pulitzer, Les Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay, superbe roman qui traitait de la création des comics super-héroïques avec en toile de fond la montée du nazisme, et, à l'horizon, la Shoah.

 

Aussi, quand je suis tombé par hasard sur ce titre que je ne connaissais pas, prix Aga-Khan 2004 (?), ça a fait tilt là-dedans, et je me suis précipité sur la chose, alléché par le pitch gentiment improbable et sans tenir compte du prix (16 € tout de même, c'est un peu cher de la page !).

 

Je ne vais pas résumer l'intrigue de ce très court roman (mais alors vraiment très court) ici. Contentons-nous de dire que nous y suivrons pour l'essentiel, en 1944, un vieil homme qui n'est jamais désigné autrement, mais sous les traits duquel nous devinons tous Sherlock Holmes, rien de moins, en quête d'un perroquet bien bavard, qui récite des litanies de chiffres en allemand. Le roman d'énigme, ainsi que le sous-titre le qualifie, nous présente ici tous ses codes, et, si l'on y tient, on pourra préciser qu'il s'agit là d'un whodunit de facture très classique, malgré l'atmosphère d'absurde générale.

 

Mais bien sûr, ce perroquet disparu est aussi un McGuffin de choix ; sous couvert de pastiche holmesien, Michael Chabon a d'autres projets, et vise surtout à faire un portrait de vieillard émouvant aux heures les plus sombres de notre histoire. Parce que, avouez : sortir un livre avec un titre pareil, quand on s'appelle Michael Chabon ou pas d'ailleurs, et même s'il s'agit de faire écho à la dernière enquête du célèbre détective de Baker Street, cela n'a rien d'innocent. C'est même à vrai dire assez gonflé, et, de la part de tout autre que Michael Chabon, cela pourrait être de mauvais goût...

 

Ici, non, bien évidemment. Michael Chabon n'a plus à nous démontrer son talent, et il conduit son projet à terme sans jamais trébucher sur les écueils qu'il comporte. M'est avis, donc, que les amateurs de Sir Arthur Conan Doyle sauront apprécier ce bel hommage imprévu.

 

Mais pour les autres, c'est à vrai dire un peu léger... Alors, certes, nous avons un beau portrait de vieillard, une étude de mœurs bien ficelée, et une enquête dans les règles de l'art, le tout porté par une plume irréprochable. Mais rien de plus, et je n'ai jamais, au cours de cette brève lecture, pris mon pied comme cela m'est arrivé à l'occasion d'autres lectures chaboniennes. Oui, cette fois, c'est vraiment un peu trop léger, et pour tout dire anecdotique. Pas de quoi en faire tout un plat.

 

C'est donc finalement une déception, eu égard à l'auteur et à ses ambitions. Cela se lit bien, cela parvient miraculeusement à rester léger et frais malgré la gravité du fond, mais ça n'emballe jamais totalement. Une friandise au goût pas désagréable, non, mais de là à justifier la dépense de 16 €, il y a un pas que je ne saurais franchir (ouais, je sais, c'est bassement matériel, mais ça compte, quand même). Si l'on est à la fois fervent holmesien et lecteur de Chabon, on ne peut qu'être tenté par ce court roman. Mais sans doute la conjonction des deux traits est-elle nécessaire pour pleinement apprécier cette Solution finale. Quant à moi, qui ne saurais prétendre au titre d'holmesien, je me suis à vrai dire un peu ennuyé, et c'est un sentiment de dépit qui m'a saisi tout au long de ma lecture, dépit devant un livre qui promet beaucoup et n'offre finalement que peu. De la part de tout autre que Michael Chabon, cela aurait peut-être pu être suffisant ; mais là, non.

 

Allez, c'est pas grave...

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