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"Le Livre des choses perdues", de John Connolly

Publié le par Nébal

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CONNOLLY (John), Le Livre des choses perdues, [The Book of Lost Things], traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre Brévignon, Paris, J’ai lu, coll. Science-fiction – Fantasy, [2006, 2009-2010] 2011, 380 p.

 

Tiens ? Un livre qui a raflé en 2010 le Grand Prix de l’Imaginaire et le Prix Imaginales sans que j’y prête attention ? Étrange… Connais pas ça du tout, moi. Et l’auteur, l’Irlandais John Connolly, pas davantage… Bon, ben, essayons, hein.

 

Nous sommes en Angleterre, à l’aube de la guerre. La mère du jeune David est morte des suites d’une longue maladie, en dépit des « rituels » que David exécutait pour la protéger. Mais son père a retrouvé l’amour en la personne de Rose, et bientôt naît un demi-frère, Georgie. Deux intrus aux yeux de David, qui ne les porte pas dans son cœur et reproche à son père son comportement.

 

David est un jeune garçon passionné par les livres ; d’ailleurs – il se garde bien de le dire, craignant les conséquences – il les entend murmurer. Dans la vieille maison de Rose, David a trouvé les livres d’un enfant disparu. Bientôt, il entend la voix de sa mère l’appeler du fond du jardin… et, bien sûr, il ne résiste pas à cet appel.

 

Il passe alors dans un autre monde, peuplé de dangers redoutables. En quête de sa mère et/ou d’un moyen de retourner chez lui – le Livre des choses perdues du roi le permettrait peut-être ? –, le jeune David se met en route, poursuivi par une meute de loups gigantesque, avec à sa tête le premier des sire-loups, Monarque. Mais il y a bien d’autres dangers dans ce monde étrange… Et le pire pourrait bien être ce sinistre « Homme Biscornu » qu’il avait aperçu un jour à sa fenêtre…

 

Alors, alors.

 

La quatrième de couv’ invoque immanquablement les mânes de Tolkien et Lewis Carroll. Je veux bien l’admettre pour le second, mais pour le premier, nan, c’est vraiment n’importe quoi. Et c’est d’autant plus consternant que les influences plus flagrantes ne manquent pas : outre les innombrables contes, notamment de Perrault et des frères Grimm, qui fournissent le matériel de base de l’intrigue du Livre des choses perdues, on pense beaucoup, au cours de la lecture, à, par exemple, Neil Gaiman, ou au film de Guillermo Del Toro Le Labyrinthe de Pan, ou encore à la bande-dessinée Fables. Avec peut-être – probablement, même – un soupçon de Forêt des Mythagos par dessus.

 

Et c’est bien le problème, en fait. Ce Livre des choses perdues n’apporte rien de vraiment neuf, et chaque page donne une impression de déjà-vu ou lu, en mieux. Alors, certes, John Connolly maîtrise bien les codes des contes de fées, et s’amuse bien avec leur quota – ici exacerbé – de sexe et de sang. C’est assez professionnel, oui, plutôt bien foutu. Il y a quelques scènes d’horreur bien vues, et, j’avoue, j’ai laissé échapper un sourire devant les sept nains communistes.

 

Reste que ce Livre des choses perdues ne fait pas vraiment avancer le Schmilblick. Une fois que l’on a saisi les mécanismes essentiels du roman, tout se déroule machinalement ; c’est bien huilé, ça coule tout seul, mais c’est sans surprise. Le didactisme assez agaçant de quelques scènes n’arrange rien à l’affaire.

 

Bon, Le Livre des choses perdues n’est pas un mauvais roman pour autant ; il fonctionne. Mais il se contente de fonctionner, sans véritable audace, et surtout sans passion. On le lit sans y prêter plus d’attention que le strict nécessaire et, une fois la dernière page tournée, on sait que cette lecture ne laissera guère de souvenirs. Aussi ce double prix m’étonne-t-il : très franchement, si l’on a lu bien pire, on a aussi lu bien mieux. Et le roman de John Connolly donne au final l’impression d’être médiocre, au sens strict. Un roman moyen, pas désagréable, vite lu et tout aussi vite oublié. Pas de quoi en faire tout un plat…

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