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"Le Sphinx des glaces", de Jules Verne

Publié le par Nébal

Le-Sphinx-des-glaces.jpg

 

 

VERNE (Jules), Le Sphinx des glaces, 68 illustrations par Georges Roux, Paris, Hachette – Le Livre de poche, 1970, 498 p.

 

Suite de mon périple littéraire en Antarctique. Je vous avais parlé il y a quelque temps de cela des Aventures d’Arthur Gordon Pym de Nantucket d’Edgar Allan Poe : Le Sphinx des glaces de Jules Verne en est la conclusion, hommage écrit une soixantaine d’années plus tard (c’est une des dernières productions de l’auteur, ai-je cru comprendre) et visant à prolonger l’aventure tout en éclairant, à la manière de Verne, les éléments les plus mystérieux du roman de Poe. Aussi avons-nous affaire, du moins pour l’essentiel, à un roman nettement moins fantasque, et forcément beaucoup plus documenté (même si l’hypothèse majeure du roman quant au continent antarctique, rendue nécessaire par le récit de Poe, ne s’est pas vérifiée).

 

L’histoire commence aux Kerguelen, onze ans après les événements décrits dans Les Aventures d’Arthur Gordon Pym de Nantucket, et peu de temps après la publication du roman de Poe. L’Américain Jeorling désespère de trouver un bateau lui offrant la possibilité de quitter ces froides contrées pour retourner dans son pays. L’aubergiste du coin lui vante l’Halbrane du capitaine Len Guy, qui doit bientôt faire escale. Mais quand le navire anglais arrive enfin, le capitaine ne se montre guère enthousiaste à l’idée de prendre un passager… C’est qu’il a, sans doute, déjà un projet en tête, projet qui sera rendu nécessaire par la découverte d’un cadavre sur un glaçon dérivant, confirmant que sept hommes, dont le capitaine William Guy, le frère de Len, ont survécu aux tragiques événements ayant entraîné la disparition de la Jane près de l’île Tsalal.

 

Eh oui : ainsi que le découvre effaré notre narrateur, Jeorling, les improbables aventures racontées par Poe dans son unique roman se révèlent bien réelles, le témoignage d’Arthur Gordon Pym authentique. Dès lors, le capitaine Len Guy entreprend de monter une expédition afin de secourir ses compatriotes survivant dans les glaces depuis onze ans, et Jeorling décide de prendre part à la chose. Et c’est le début d’une incroyable odyssée qui emmènera nos héros plus loin encore que les protagonistes du roman de Poe, jusqu’au cœur même de l’Antarctide.

 

Disons-le tout net : si le projet de Jules Verne est pour le moins sympathique, et témoigne d’une réelle admiration à l’égard de Poe, il n’en reste pas moins que Le Sphinx des glaces, sans être désagréable pour autant (encore qu’assez bavard, et sans doute trop long), est un roman mineur de la part de l’auteur des « Voyages extraordinaires ». On est bien loin ici du brio de, disons, Vingt Mille Lieues sous les mers (mon préféré), Voyage au centre de la Terre ou encore De la Terre à la Lune (dont je n’ai cependant jamais pu, malgré plusieurs tentatives, lire la suite, Autour de la Lune…). Et ce quand bien même le thème polaire ne pouvait que me séduire.

 

Mais voilà : Le Sphinx des glaces est un peu faiblard, tant pour ce qui est de l’aventure que de la construction et des procédés littéraires mis en œuvre. Si le roman n’est pas avare de surprises et révélations, le fait est que celles-ci tiennent plus ou moins debout, convainquent plus ou moins, sont plus ou moins dans la logique de Poe. Et il en est une, de ces révélations, qui mériterait sans doute à bon droit de figurer parmi les moins surprenantes de l’histoire de la littérature, d’autant que Jules Verne la fait traîner sur près de 200 pages… Procédé hélas assez caractéristique du Sphinx des glaces, qui a tendance à dilater excessivement et artificiellement l’intrigue (certes, on est ici dans du feuilleton, ça fait partie des règles du jeu, mais c’est tout de même nettement moins convaincant que dans les meilleures productions de Verne).

 

Encore une fois, je n’ai pas trouvé ce roman désagréable pour autant, et j’ai même pris un certain plaisir à suivre le périple de l’Halbrane en Antarctide. Pour des questions de goûts hautement personnels, j’ai peut-être même vaguement préféré ce roman par rapport à celui qui l’a inspiré, pourtant autrement plus célèbre, incomparablement plus astucieux, et sans aucun doute plus abouti (malgré, ou en raison de, sa fin ouverte). Je n’en ai pas moins conscience qu’il s’agit là d’un roman mineur, donc, dont je ne saurais guère recommander la lecture, si ce n’est aux inconditionnels de Verne les plus curieux des rapports existant entre son œuvre et celle de Poe.

 

Suite de mon périple antarctique avec ce qui l’a justifié, Les Montagnes Hallucinées de H.P. Lovecraft.

CITRIQ

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S
oui, et pourquoi avoir mis ce roman en Pleiade, alors que Voyage au centre de la terre s'imposait ...
Répondre
N
<br /> <br /> Sans blague ?<br /> <br /> <br /> <br />
T
Je ne savais pas que c'était un hommage à Poe ce bouquin, merci de l'info.<br /> <br /> (mon préféré c'est Voyage au centre de la Terre)
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