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"Le Visage Vert", n° 20. "Le gorille voleur de femmes (II)"

Publié le par Nébal

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Le Visage Vert, n° 20. Le gorille voleur de femmes (II), Cadillon, Le Visage Vert, juin 2012, 189 p.

 

Hop, nouvelle livraison du Visage Vert, l'excellente revue littéraire que l'on sait, et qui semble bien avoir trouvé son rythme désormais, en toute indépendance. Ce numéro se faisait toutefois douloureusement attendre – aussi sa publication eut-elle quelque chose d'orgasmique –, dans la mesure où il contenait enfin la deuxième partie du dossier concocté par François Ducos au thème si cocasse et édifiant du gorille (et plus généralement du singe) voleur de femmes. La pièce de résistance de ce n° 20 est donc un long article (abondamment illustré, miam !) intitulé « Le Gorille voleur de femmes dans les œuvres de fiction », particulièrement savoureux malgré le caractère forcément un brin répétitif du motif. Le dossier est complété par une nouvelle sud-africaine de l'Écossais James Hogg intitulée « Les Pongos », où des singes aux caractères humains très marqués volent femme et enfant, sans, pour une fois, que ce ne soit la luxure qui les incite à commettre ce forfait impensable. Amusant et, une fois de plus, édifiant.

 

Mais il n'y a pas que les gorilles voleurs de femmes dans la vie, et l'on ne saurait s'arrêter à ce volumineux dossier qui vient conclure un numéro de grande qualité. D'autant que nous avons, en guise d'amuse-bouche, un quasi-dossier consacré aux fantômes, qui s'ouvre sur un essai en forme de témoignage de seconde main de ni plus ni moins que Mary Shelley (eh oui), « Des fantômes ». La plume est belle, encore que chargée – mais on verra que ce numéro contient pire dans le genre – et le témoignage ambigu... Suivent trois nouvelles consacrées à ce thème. Je n'ai guère goûté « L'Étang » de Catulle Mendès, malgré une ambiance tout à fait correcte ; mais cette fois, le style ne m'a pas accroché. J'y ai préféré « L'Esprit du maïs » de Jane Pentzer Myers, récit davantage tourné vers la jeunesse qui prend vaguement la tournure d'une légende indienne, pour un résultat assez joli. Reste enfin « Le Moulin hanté » de Jerome K. Jerome (oui, décidément, il y a du beau monde à l'affiche de ce vingtième numéro), récit parodique tout ce qu'il y a de sympathique.

 

Mais nous avons pris le numéro à l'envers. Revenons donc au tout début avec les Contes de minuit du Belge Émile Verhaeren, trois brefs textes à la plume très chargée (ou grasse, si l'on préfère : le « Conte gras » est, de ces trois contes, celui qui m'a le plus séduit), mais qui n'est pas sans charme, et m'a évoqué, à tort ou à raison, Joris-Karl Huysmans. Suit une étude d'Éric Lysøe, « Verhaeren ou l'art fantastique », tout à fait intéressante.

 

Ne reste plus que le joli cauchemar paranoïaque de Jakob Elias Poritzky, « L'Inconnu », complété par une étude du toujours aussi bluffant Michel Meurger, « Poritzky ou le sommeil de la raison ».

 

Et tout ça, ça nous donne un numéro d'une qualité que l'on aurait envie de qualifier d'exceptionnelle, si Le Visage Vert ne nous avait pas tant habitué à l'excellence. Un très bon numéro, donc, qui ne pourra que convaincre les amateurs de cette belle revue. Et vivement le prochain !

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