Les brèves de Tondeuse Directe #2
Gramsci, encore lui, analysant la vie politique française de l’entre-deux-guerres : « … chaque fraction de parti croit détenir la recette infaillible pour arrêter l'affaiblissement du parti tout entier et, pour en avoir la direction ou du moins pour participer à sa direction, elle a recours à tous les moyens, tout comme au parlement le parti croit être le seul à devoir former le gouvernement capable de sauver le pays ou du moins prétend, pour accorder son soutien au gouvernement, qu'il doit y participer dans la plus large mesure possible ; d’où des marchandages subtils et minutieux, qui ne peuvent éviter de faire intervenir des intérêts personnels jusqu’à en apparaître scandaleux, et qui sont souvent perfides et équivoques. » – Cahiers de prison, 13 (XXX), § 37.
Bon, à droite, je peux comprendre, mais à « gauche », on est pas censé le lire, lui ?
Et encore (même endroit) : «
Luc Chatel confirme la suppression de 1500 classes dans le primaire, du fait de la suppression de 9000 postes d’enseignants. Après tout, c’est pas comme si on en avait vraiment besoin, hein ?
Paraît que les inégalités de revenus continuent de se creuser.
Étonnant, non ?
Dans Le Monde, Robert Badinter massacre l’idée à la con et populiste au possible d’introduire des jurés en correctionnelle.
Merci d’exister, monsieur.
(Ben oui, je peux aussi faire dans le positif, des fois. J’achète une perruque, alors. Pour la tondeuse, suivez mon regard.)
François Hollande dévoile son « rêve français ». Pas dit qu’il en fasse rêver beaucoup, avec son programme mettant « la France en avant »… En attendant, ça commence déjà à se tirer dans les pattes au PS, sans surprise. Les partisans de DSK envoient déjà leurs petites piques, comme quoi il partirait trop tôt, il ne serait pas temps de montrer ses biceps, etc. Tout ça me rappelle tristement de précédents scrutins… cf. Gramsci, plus haut.
Mais rien d’étonnant à cela : le PS ne cesse de promettre qu’il va entamer sa « refondation » après les prochaines élections. Toujours après les prochaines élections.
…
Dans les circonstances présentes, c’est dur de souhaiter qu’il se prenne la définitive et salutaire grosse baffe dans la gueule (pourtant, en 2002…), mais bon sang que j’en ai marre de ce parti qui n’en est plus un et qui n’est plus socialiste que de nom depuis tant d’années déjà…
Hollande parle d’un « rêve » ? Moi, j’en ai un : celui d’un vrai parti de gauche (socialiste ou pas, d’ailleurs, mais au moins cohérent avec lui-même ; ah, j’entends hurler…), actif et engagé, débarrassé des vieilles gargouilles et du passéisme comme des tentations populistes.
J’attends.
Georges Tron défend le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Ah, quand même. Ben oui, faut se défaire de la gabegie socialiste, vous comprenez… Et pour la Justice ? Oui, là, non. Mais attention ! Le budget de la Justice a augmenté de 18 % depuis 2007 ! Le secrétaire d’État à la Fonction publique reconnaît cependant qu’il y a là un certain retard…
Ah bon ?
Chevènement verrait sa candidature aux présidentielles de 2012 « de plus en plus comme une nécessité inéluctable ».
Ben quoi ? Si les chasseurs ont leur candidat, y’a pas de raison, les zombies aussi ont le droit d’avoir le leur.
Interpellations massives de migrants tunisiens, jusque sur les repas chauds de la Croix Rouge, par une police aux ordres d’un Guéant toujours très en forme…
Non, pas de commentaire. Vaut mieux pas.
Des Syriens fuiraient massivement leur pays à pied pour le Liban.
C’est sûr, ça vaut mieux que de prendre le bateau pour l’Italie, puis pas de train pour la France.
Et toujours ces pathétiques rumeurs (que je colporte aussi, du coup, c’est malin) ; comme si on nous faisait pas déjà assez suer avec Kaaaaaaaaate et son consanguin et son sosie du Val-de-Marne, la France a peur ; non, pas du Déménageur breton (© Humour De Droite), enfin pas seulement, mais elle s’interroge : la reine des abeilles serait-elle enceinte ? va-t-elle pondre juste au bon moment l’enfant du cynisme ?
Vrai ou faux, passez-moi un seau…
Villepin présente son programme.
Ben ça y est, on le tient, le candidat socialiste.
Henri Guaino, conseiller de Sarko : « Le grand thème de l'élection de 2012, c'est : comment affronter la crise de société, la crise d'identité, la crise morale, la crise de civilisation que nous traversons. C'est de quelles qualités, de quel caractère faut-il être doté pour affronter le monde périlleux dans lequel nous entrons. »
Ah ben au moins c’est clair.
Plus loin : « Où en serait la situation des Français, celle du pouvoir d'achat, celle de l'emploi, celle des retraites, de la protection sociale... si le président de la République n'avait pas agi avec autant de sang-froid, de détermination et d'énergie ? »
Nous ne vivons pas dans la même dimension.
C’est le 1er mai ! Fête du travail, donc. Perso, je préfèrerais une fête de la paresse ; faudrait relire Lafargue, tiens, plutôt que délirer sur du « travailler plus pour gagner… euh… joker ? ».
C’est aussi le traditionnel défilé du FN en « l’honneur » de Jeanne d’Arc. Sans skins, cette fois, nous a promis la Marine. Ça a dû être un peu tristounet, du coup… Les bonnes valeurs se perdent, ma bonne dame. Paraît qu’elle a pas arrêté de parler de « libertés » ! C’est gonflé, quand même ; si même les fafs ne savent plus où ils en sont… à moins que ce ne soit un retour à l’extrême droite « à l’ancienne », en fait de modernisation aux mains propres ? Mouais. Heureusement qu’il nous reste Guéant, tiens ; avec lui, au moins, on sait où on va.
Jean-Louis Debré, sur l’immigration : « Il faut accepter l'immigration légale [...] conformément à la tradition française. Et nous avons besoin d'immigration. La France a toujours été une terre d'asile, d'accueil, c'est notre tradition, notre honneur. Simplement, il faut que les hommes et les femmes qui viennent sur notre territoire respectent les lois de la République. »
Sur la laïcité : « Notre société repose sur le principe de la laïcité. Pourquoi le réaffirmer, pourquoi essayer sans arrêt de montrer qu'il a changé ? Non, faisons en sorte de dire que les lois fondamentales qui ont fondé cette laïcité sont toujours d'actualité, un point c'est tout. […] Il faut dédramatiser le débat. On ne débat pas sans arrêt de la conduite à droite ou à gauche... C'est notre société ! […] le problème n'est pas de multiplier les lois. […] Arrêtons de faire de la gesticulation législative […]. La laïcité, il faut l'enseigner à l'école car la laïcité, c'est la tolérance, le respect de l'autre. »
Debré 1 – Guéant 0. Depuis qu’il est devenu président du Conseil constitutionnel, c’est qu’il remonterait presque dans mon estime, le bougre… Évidemment, il y a de la lutte de clans derrière tout ça ; mais ça n’empêche pas ce qu’il dit d’être juste. Seconde perruque de ces brèves (la première était pour un ancien président de la même institution, au passage).
À propos d’immigration, la position française que l’on sait fout sans surprise le bordel au sein de l’Union européenne. Prochains épisodes : mercredi prochain, avec la présentation d’un « paquet global » d’actions pour lutter contre l’immigration par la commissaire en charge de la Sécurité Cécilia Malmström, qui se veut prudente et déplore l’attitude de Paris, puis le 12 mai avec la réunion extraordinaires des ministres de l’Intérieur à Bruxelles. Nul doute que notre Guéant saura y briller de mille feux… et nous foutre la honte une fois de plus.
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