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"Les Garennes de Watership Down", de Richard Adams

Publié le par Nébal

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ADAMS (Richard), Les Garennes de Watership Down, [Watership Down], traduit de l'anglais par Pierre Clinquart, [s.l.], Flammarion, [1972, 1976] 2004, 410 p.

 

Eh bien oui, c'est un fait : Nébal aime bien la fantasy animalière, ainsi que vous avez peut-être eu l'occasion de le constater en suivant ce blog miteux. Récemment encore, je vous parlais du Vent dans les saules de Kenneth Grahame, immense classique du genre ; et c'est à un autre classique, quoique d'un genre bien différent, plutôt à la Le Bois Duncton de William Horwood, que je me suis attaqué en lisant Les Garennes de Watership Down de Richard Adams, roman qui me faisait de l'œil depuis pas mal de temps déjà, mais que je croyais épuisé ; or non. Youpi !

 

Et donc voilà : des lapins.

 

Des lapins !

 

Plein de petits lapins !

 

Nous faisons tout d'abord la connaissance de deux lapins de garenne, deux frères, Noisette et Cinquain. Ce dernier, chétif, a régulièrement eu des pressentiments qui se sont toujours vérifiés ; et cette fois c'est une véritable catastrophe qu'il prophétise ; mais bien rares sont ceux qui l'écoutent, et certainement pas le Maître... Il y en a, cependant, et une petite troupe se forme ainsi, emmenée par Noisette (qui deviendra ainsi bientôt Noisy-shâ), et comprenant entre autres le fier et brave Manitou, le conteur Pissenlit, etc. Autant de petits lapins qui partent à l'aventure dans le vaste monde, et cherchent une nouvelle garenne, l'ancienne risquant de succomber bientôt face à une catastrophe indescriptible.

 

Mais voilà : le vaste monde est dangereux. La nature, pour les lapins, est hostile, voire cruelle. Et le voyage de ces garennes prend ainsi des allures de véritable épopée homérique, riche en morceaux de bravoure ; et une fois la nouvelle garenne établie, ce ne sera pas la fin des difficultés pour nos petits amis à fourrure : il leur manque des hases, et, pour en trouver, il leur faudra affronter et les hommes, et la garenne totalitaire du général Stachys !

 

Mais on aura entre-temps bien des occasions de découvrir le riche univers de ces lapins de garenne, leurs us et coutumes, leur mythes et légendes ; grâce à Pissenlit notamment, nous suivrons ainsi les facétieuses aventures de Shraa'ilshâ, le premier des lapins et lapin par excellence, caractérisé par sa ruse, et qui en fait voir de toutes les couleurs à ses adversaires, et jusqu'au seigneur Krik lui-même !

 

Grâce à la plume fort jolie de Richard Adams, terriblement doué pour évoquer la nature avec mille détails – de ces détails qui font l'importance –, le lecteur se trouve ainsi projeté dans une grande aventure sans pareille, ou plutôt si : une sorte de Seigneur des anneaux adapté à ces sympathiques rongeurs, capables de se montrer fiers guerriers le cas échéant.

 

Nous sommes ainsi dans un registre de la fantasy animalière très particulier – je ne vois donc que Le Bois Duncton de William Horwood comme équivalent –, où l'anthropomorphisme est limité, et les codes des sagas sont détournés et réemployés à destination d'un public plus âgé que celui des autres classiques du genre. Les Garennes de Watership Down est à cet égard une brillante réussite, qui mérite bien ses lauriers de classique. L'aventure est palpitante, le style impeccable, les personnages attachants, comme dans la meilleure fantasy. Et le fait que les protagonistes de cette histoire soient des lapins, et non de vigoureux barbares du temps jadis accompagnés d'elfes et de nains, ne la rend que plus efficace et inventive. On comprend sans peine le grand succès rencontré par le livre de Richard Adams lors de sa sortie... et l'on ne peut que déplorer l'oubli relatif dans lequel il a sombré aujourd'hui.

 

Quoi qu'il en soit, à lire Les Garennes de Watership Down, on en vient à penser lapin (comme on en venait à penser taupe en lisant Le Bois Duncton), et ce n'est pas là le moindre tour de force de l'auteur. Personnellement, je sens que je vais avoir du mal à manger du lapin après cette lecture édifiante, qui tient autant de l'épopée que de la fable ou parabole écologiste (et probablement politique aussi...).

 

Un vrai régal pour le Nébal, donc, que cette grande aventure lapinesque. Je ne saurais trop la conseiller aux amateurs du genre... et aux autres aussi, tant qu'à faire, parce que c'est vraiment de la bonne.

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