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"Marthe, histoire d'une fille", de J.-K. Huysmans

Publié le par Nébal

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HUYSMANS (J.-K.), Marthe, histoire d’une fille, [s.l.], Norph-Nop, 2011, [édition numérique]

 

Ainsi que j’ai eu l’occasion de le laisser entendre récemment (), Joris-Karl Huysmans est un auteur qui a pas mal compté pour moi (notamment pour ses trois « grands romans », À rebours, Là-bas et même – si – En route). Aussi, mon acquisition d’un Kindle m’a donné envie de découvrir d’autres textes du bonhomme (au moins ses fictions) ; et, dans le tas, il y avait notamment Marthe, histoire d’une fille, qui nous ramène au tout début de la carrière de l’auteur. On est donc proche ici de À vau-l’eau ou Sac au dos, dans l’esprit. Dans le fond, l’influence – entre autres – de Zola se fait sentir, énorme ; Huysmans est alors naturaliste, ce n’est pas encore le décadent d’À rebours et Là-bas, ni le catholique de En route, La Cathédrale ou L’Oblat. Mais, formellement, c’est déjà du Huysmans ; dès ce texte de jeunesse, on retrouve ce style inimitable, qui goûte le vocable rare, qu’il soit argotique ou au contraire très soutenu. L’essentiel est sauf !

 

Marthe, histoire d’une fille. Tout est dans le titre, ou presque. L’intrigue tourne largement autour de trois protagonistes : Marthe, donc, et deux de ses amants (car elle est de ces filles-là), Léo et Ginginet. Ce dernier la fait un temps travailler comme actrice à Bobino. Pour le reste, les codes du naturalisme sont bien respectés : cette « histoire d’une fille » est sordide, et Marthe va de Charybde en Scylla (non, je ne parle pas des librairies), oscillant perpétuellement entre malheurs et désillusions, que je ne vais pas vous détailler ici par le menu.

 

Mais voilà : c’est beau. Cette langue sonne déjà divinement, et c’est bien le principal. Non que les malheurs de Marthe ne soient pas intéressants : ils le sont, même si le trait est probablement – et sans surprise – un peu forcé. Mais ce n’est pas ce qui retient l’attention ici, à mon sens tout du moins. Non, ce qui est définitivement fort, très fort, c’est déjà le style. Maintenant, je comprendrais très bien que ça ne passe pas, et entraîne un refus d’obstacle : le moins que l’on puisse dire, en effet, c’est que c’est « chargé », déjà « baroque » d’une certaine manière ; aussi peut-on craindre l’overdose, même sur un format aussi court… Mais peu importe : sur moi, ça marche, et j’en redemande. Aussi le nom de Huysmans risque-t-il de ressurgir de temps à autre dans ces pages interlopes : cet écrivain rare – et qui me paraît un peu sous-estimé – a depuis longtemps obtenu le sceau « Nébal approved », et Marthe, histoire d’une fille n’en est qu’un énième témoignage ; certes pas le plus brillant, loin de là, mais quand même : Huysmans est déjà grand.

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