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"Ortog et les ténèbres", de Kurt Steiner

Publié le par Nébal

Ortog-et-les-tenebres.jpg

 

 

STEINER (Kurt), Ortog et les ténèbres, Paris, J’ai lu, coll. Science-fiction, [1975] 1981, 157 p.

 

Suite et fin, après  Aux armes d’Ortog, du fameux diptyque de Kurt Steiner. Ortog et les ténèbres, publié initialement au Fleuve Noir « Anticipation » en 1969, est un livre qui m’intriguait passablement ; j’avais en effet du mal, à m’en tenir au pitch, à comprendre ce que ce livre faisait au FNA, ça me paraissait un peu trop « bizarre » pour ça… Mais en fait non. Entendons-nous bien : Ortog et les ténèbres est bien un roman « bizarre », ou, si vous préférez, foncièrement original, mais il remplit en même temps parfaitement le cahier des charges de la célèbre collection populaire. Mais voyez plutôt.

 

L’action prend place presque immédiatement après le retour de Dâl Ortog Dâl sur Terre. L’ancien berger devenu Chevalier-Naute a donc trouvé comment lutter contre l’épidémie de morts précoces qui frappait l’humanité.

 

Mais trop tard en ce qui concerne sa douce et tendre  Kalla Karella, qui a perdu la vie en son absence.

 

Zut.

 

Ortog est inconsolable. Et quelqu’un entend bien, semble-t-il, en profiter : un jour, alors que notre héros se recueille, au bord du suicide, auprès de la tombe de son aimée, il est accosté par frère Alban, un prêtre qui est loin de partager le rejet de la science de la plupart de ses collègues (voir  Aux armes d’Ortog) ; c’est même, à sa manière un peu étrange, un scientifique, en contact avec les biophysiciens de l’Université. Mais son titre exact est celui de nécrosophe. Nécrosophes et biophysiciens, depuis des années, cherchaient, en réaction à l’épidémie, à percer les mystères de la mort. Et si le succès de la mission du Solaris a rendu leurs recherches moins pressantes, il n’en reste pas moins qu’elles sont sur le point d’aboutir.

 

Frère Alban a en effet conçu une nécronef, capable à l’en croire de franchir les frontières de la mort, par-delà le temps et l’espace. Dâl, dans un premier temps, n’y voit que des élucubrations d’illuminé. Mais il finit par se laisser convaincre de la réalité de la chose et, accompagné du Maisonnier-Baron télépathe Zoltan, il embarque à bord de la nécronef en partance pour l’au-delà.

 

Les navigateurs se dédoublent, et, une fois franchi le chemin des Sept Agonies, parviennent dans un étrange univers quadridimensionnel, où s’affrontent perpétuellement les envoyés et les déchus…

 

Vous avouerez que ce n’est pas banal. Du moins si l’on s’en tient au principe du voyage dans l’au-delà, on peut se demander ce qu’il y a de science-fiction là dedans. Mais ça passe mieux, certes, quand on parle de voyage extradimensionnel ou d’univers parallèles (car c’est bien de cela qu’il s’agit en fin de compte). Et si le roman débute dans le pur délire métaphysique largement incompréhensible, il se met rapidement à tenter de « rationnaliser » et « matérialiser » tout ça, à grands renforts de pseudo-science et de jargon adéquat. Pourquoi pas, après tout ? Même si l’on renacle un peu devant certaines explications qui n’en sont pas vraiment, on suit donc assez volontiers notre Orphée des temps futurs dans son périple improbable.

 

Mais voilà : assez rapidement, et ce malgré quelques jolis tableaux dantesques et une action à peine moins frénétique que celle du premier tome, on s’emmerde quand même pas mal. Disons-le (mauvais point pour moi, je sais) : Ortog et les ténèbres est chiant… comme la mort (pardon). On est bien loin, en dépit des bonnes intentions de l’auteur qui justifient bien la publication de ce roman bizarre au Fleuve Noir « Anticipation », de la réussite palpitante (un peu trop, même) dans le genre « SF à papa » qu’était  Aux armes d’Ortog. Kurt Steiner a beau multiplier les rebondissements et construire un univers pour le moins original et foisonnant, on s’ennuie. Enfin, en tout cas, JE me suis ennuyé.

 

L’ambiance d’Ortog et les ténèbres, étrangement, et à la différence du premier tome là encore, n’a rien arrangé à l’affaire. En voulant jouer des ressorts de la tragédie grecque, Kurt Steiner a usé d’un style extrêmement pompeux et vite pénible. C’est écrit, oui, mais trop (jamais content le Nébal). Et si le morbide et l’épique ont leur mot à dire, c’est sans grande conviction, hélas.

 

 Donc voilà. C’est plein de bonnes choses, mais, bizarrement, ça ne passe pas, et c’est l’ennui qui domine. Une déception, donc. Bon, pas dramatique non plus… Mais j’attends davantage de l’auteur, sous son vrai nom d’André Ruellan cette fois, pour Tunnel, que je vais lire très prochainement. Un tout autre registre a priori.

CITRIQ

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J
Ben moi, je regrette qu'il ait été écrit "Le seigneur..." C'est chiant et ça a "inspiré" tout un tas de trucs qui encombrent inutilement les rayonnages.<br /> <br /> Voilà voilà :)
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N
<br /> <br /> Tsk tsk tsk.<br /> <br /> <br /> <br />
B
C'est vraiment un petit monde que l'imaginaire français pour que naisse une polémique pareil pour une critique comme celle-là.<br /> Alors je vous le dis (préparer la roue) :<br /> "Le seigneur des anneaux" c'est chiant comme la mort. Mais je suis bien content qu'il ai été écris.
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N
<br /> <br /> AH NON ! Pas le droit ! C'est un classique ! Et pis la tradition critique !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Eh eh.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Blague à part, c'est un livre qui a beaucoup compté pour moi (et pour bien d'autres). Mais tu n'es pas le premier à lui faire ce reproche. Et je dois avouer que parfois...<br /> <br /> <br /> <br />
G
Je ne comprends pas la (nouvelle) polémique à propos de cette chronique. Nébal dit qu'il a trouvé le bouquin chiant comme la mort et qu'il s'est ennuyé. On le lui reproche car il s'agit d'un<br /> classique et qu'il ne le remet pas dans son contexte. D'où mes questions/réflexions:<br /> <br /> 1) Faut-il obligatoirement remettre le livre dans son contexte? Si on se met à la place d'un lecteur lambda qui achète/emprunte le livre, est-ce qu'il va se poser la question du contexte ou est-ce<br /> qu'il va seulement chercher le pur plaisir de la lecture?<br /> <br /> Évidemment il faut garder à l'esprit l'année où à été écrit le livre, mais même comme ça parfois ça passe mal. Relisez le passage du discours de l'empereur noir dans Ravage, de Barjavel: même si le<br /> but est de ramener aux discours de Hitler vus de France, la fin de la scène se lit quand même avec une certaine gêne et on parlera difficilement d'une vision bon enfant des noirs...<br /> <br /> 2) Peut-on dire du mal des livres considérés comme classiques? Le lecteur est-il obligé de s'incliner devant le consensus et de garder pour lui son opinion si elle va à l'encontre?<br /> <br /> Je vais prendre mon cas particulier: Même si c'est considéré comme un classique de la SF, j'ai détesté les deux livres de van Vogt que j'ai lu, les armuriers d'Isher et à la poursuite des Slans. A<br /> 16 ans je trouvais déjà ça sans queue ni tête et vraiment, vraiment mal écrit. Et j'étais pourtant déjà revenu depuis un an ou deux de Bernard Werber, qui pourrait donner des cours sur l'art de mal<br /> écrire. Je garde en mémoire un passage de la révolution des fourmis que même à cet âge j'avais trouvé catastrophique mais j'arrête là sur Werber sinon je vais en faire trois paragraphes.<br /> <br /> A contrario, j'ai beaucoup aimé Étoiles garde à vous d'Heinlein, qui bien qu'il soit à droite et réac' (et non pas facho) m'a fait tourner les pages sans m'en rendre compte, et avait quand même un<br /> thème sous-jacent assez intéressant avec les devoirs impliqués par la citoyenneté.<br /> <br /> Et si on sort du domaine de la SF, je confesse que je n'ai pas été capable de finir madame Bovary, toujours vers mes 16 ans, que Simenon m'ennuie profondément (c'est une lecture quasi imposée dans<br /> les écoles secondaires belges, à plus forte raison liégeoises) alors qu'à côté j'ai lu avec grand plaisir d'autres auteurs classiques, que ce soit pour l'école ou simplement pour mon plaisir.<br /> <br /> bref, tout ça pour dire qu'à mon avis de simple lecteur, le statut de classique d'un livre ne doit pas le mettre à l'abri d'un ressenti (et j'insiste sur le ressenti, je ne parle pas d'une<br /> véritable analyse littéraire) négatif de la part du lecteur.<br /> <br /> 3) Classique ou pas, est-ce qu'il est chiant ce livre finalement?
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N
<br /> <br /> Bah, laisse tomber, va...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour ma part, je baisse les bras.<br /> <br /> <br /> <br />
G
L'édition Laffont incluait une préface de Jacques Goimard dont la lecture aurait été utile à l'infâme Nébal.
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N
<br /> <br /> Je l'ai et je l'ai lue (mais y a longtemps, certes) dans Critique de la science-fiction, infâme épicier.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Je n'aime pas m'emmerder!<br /> Le Papou
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N
<br /> <br /> Moi non plus.<br /> <br /> <br /> <br />
G
Réponse ambiguë.<br /> C'est l'édition Robert Laffont qui est antérieure?
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N
<br /> <br /> Cette édition J'ai lu indique "copyright Editions Robert Laffont, S.A., 1975".<br /> <br /> <br /> <br />
G
Encore une fois, il aurait sans doute mieux valu lire la duologie ou trilogie d'Ortog dans Ailleurs et demain, l'auteur ayant révisé son texte pour cette édition en "classiques". Maintenant, je ne<br /> ais pas ou plus si l'édition J'ai lu est antérieure ou postérieure au texte de référence.
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N
<br /> <br /> C'est l'édition Robert Laffont...<br /> <br /> <br /> <br />