"Outland", de Peter Hyams
Titre alternatif : Outland… loin de la Terre.
Réalisateur : Peter Hyams.
Année : 1981.
Pays : Royaume-Uni.
Genre : Science-fiction / Action / « Policier » / « Western »
Durée : 112 min.
Acteurs principaux : Sean Connery, Peter Boyle, Frances Sternhagen, James B. Sikking, Kika Markham…
Mine de rien, avant de sombrer dans la médiocrité complète, Peter Hyams aura, à sa manière discrète, un tantinet contribué à l’histoire du cinéma de science-fiction. On lui doit en effet le paraît-il très bon Capricorn One, que je n’ai toujours pas réussi à voir. On lui doit aussi le très sous-estimé 2010 – L’Année du premier contact (l’odyssée continue), qui a bien évidemment souffert de la comparaison avec son illustre prédécesseur, mais se révèle, pour peu qu’on le regarde avec les œillères adéquates (en se répétant que la comparaison avec ce qui constitue un des plus grands films de tous les temps est hors de propos), un film finalement très correct (au passage, il en va de même pour 2010 : Odyssée 2, le roman d’Arthur C. Clarke qui l’a inspiré, et qui constitue à mon sens de très très loin la meilleure des « odyssées », tout à fait potable… surtout dans la mesure où le « roman » 2001 n’est jamais qu’un scénario mal dégrossi, et où 2061 et 3001 sont purement et simplement catastrophiques).
Et, surtout, entre les deux, il écrivit et réalisa Outland, avec Sean Connery, qui se paye encore aujourd’hui une petite réputation de classique mineur de la SF au cinéma. Il faut dire que ce film sans prétention repose sur une idée simple mais efficace, à même de ravir l’amateur de « mauvais genres » : adopter un cadre science-fictif, un prétexte et des situations de polar burné, et y ajouter les codes du western. On mélange, on secoue, et on a Outland : certainement pas un chef-d’œuvre, mais a priori de quoi passer une bonne soirée en compagnie du plus écossais des shérifs de l’espace.
Nous sommes sur Io, troisième lune de Jupiter, dans une gigantesque mine de titane dirigée par Mark Sheppard (Peter Boyle). Vient tout juste d’arriver sur place le nouveau shérif (puisqu’on vous le dit !) William T. O’Niel (Sean Connery), avec sa petite famille… laquelle ne tarde pas à le larguer, because of qu’elle en a marre de suivre le flicaillon de trou perdu en trou perdu, et qu’elle aimerait bien respirer du vrai air sur Terre, pour changer un peu. Notre bon shérif est abattu, on le serait à moins, mais se met tout de même au travail, en véritable incarnation de la conscience professionnelle.
Et cela l’amène bientôt à s’intéresser à une étrange « épidémie » de morts mystérieuses sur la station : un ouvrier qui devient fou et déchire sa combinaison spatiale, un autre qui sort sans scaphandre (suicide, vraiment ?), etc. Il semblerait que les « cas » se soient multipliés ces derniers temps. Et s’il y avait « quelque chose » derrière tout ça, mmmh ? O’Niel fouille un peu partout, assisté du docteur Lazarus (Frances Sternhagen) et de son second plus ou moins corrompu, le sergent Montone (James B. Sikking)… et soulève un gros poisson. Il devient bientôt l’homme à abattre…
Rien de bien original, vous le voyez. On s’en fout, ce n’est pas ce qu’on demande à ce film. Au contraire, presque : ce qu’on en attend, c’est des codes (j’insiste : des codes, pas des clichés). Et, de ce point de vue, Outland est parfaitement maîtrisé. Porté par une interprétation solide et une écriture aux petits oignons, il coule tout seul du début à la fin, comme le bon divertissement que l’on est en droit d’exiger. Et si la réalisation de Peter Hyams n’a dans l’ensemble rien d’exceptionnel, elle contient néanmoins quelques beaux moments : une très chouette scène de poursuite en espace clos, notamment ; mais aussi quelques pics intenses de suspense, relevant tant d’Hitchcock que de Leone (même si la référence la plus probable est bien Le Train sifflera trois fois, pour la conclusion).
Alors, évidemment, il ne faut pas non plus trop en demander. Notamment, précisons à tout hasard aux puristes SF que nous ne sommes pas exactement ici dans un film de hard science : les gens qui explosent quand ils sont exposés au vide spatial, les séquences finales de baston en apesanteur, j’imagine que ça pourrait faire ricaner… mais parlons plutôt de « licence poétique » (paf boum eurgh).
Non, sans être un grand film, Outland est un bon film. Je l’avais déjà vu avec plaisir, je l’ai revu avec plaisir. Nombreux sont ceux qui ont été recalés au deuxième service, particulièrement en SF (la SF au cinéma m’a très souvent déçu…), mais cela n’a pas été le cas de ce film. Classique mineur, alors ? Classique mineur. Allez.
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