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"Poussière de lune", de Stephen Baxter

Publié le par Nébal

Poussiere-de-lune.jpg

 

 

BAXTER (Stephen), Poussière de lune, [Moonseed], traduit de l’anglais par Sophie Troubac, Paris, J’ai lu, [1998, 2003, 2007] 2010, 797 p.

 

Ma chronique se trouve dans le Bifrost n° 70, dans le guide de lecture consacré à Stephen Baxter (pp. 153-154).

 

Je vais tâcher de la rapatrier dès que possible… mais ça ne sera pas avant quelque temps.

 

En attendant, vos remarques, critiques et insultes sont les bienvenues, alors n’hésitez pas à m’en faire part…

 

EDIT : Hop :

 

Présenté comme étant le dernier tome de la « trilogie de la NASA », Poussière de lune est cependant un roman très différent de Voyage et Titan, et l’agence spatiale américaine n’y intervient en définitive que par la bande, et tardivement. À vrai dire, on peut même se demander s’il s’agit réellement, à l’instar de ses illustres prédécesseurs, d’un roman de « hard science »… Cet ultime volume est en effet beaucoup plus fantasque que les deux autres, et, si la science y a son mot à dire – la géologie, en l’occurrence, bien plus que l’astronautique –, le contexte est essentiellement celui d’un roman apocalyptique (mais d’une manière bien différente de Titan… et, autant le dire de suite, nettement moins convaincante).

 

Tout commence lors d’une mission Apollo, quand l’astronaute Jays Malone rapporte sur Terre une étrange pierre lunaire. Bien des années plus tard, cette pierre devient la préoccupation essentielle du géologue de la NASA Henry Meacher, lequel, après s’être vu refuser son programme de sondes lunaires automatiques Shoemaker, quitte Houston pour Édimbourg, et par la même occasion son astronaute de femme, Geena. L’échantillon lunaire, longtemps ignoré, l’accompagne. Hélas, suite à une brèche dans la quarantaine (un peu forcée pour le coup), la « poussière de lune » qu’il contient va se retrouver répandue sur Arthur’s Seat, un volcan éteint de la ville écossaise. Et c’est ainsi que va se mettre en branle un terrible processus destiné à provoquer la fin de la Terre, une fin sans doute comparable à celle de Vénus, qui explose sans que l’on sache vraiment pourquoi dans les premières pages du roman…

 

Après une (trop) longue mise en place essentiellement consacrée à la géologie, Henry Meacher parvient à persuader la NASA (et les Russes, tant qu’à faire) que l’unique échappatoire se trouve sur la Lune. Et c’est ainsi qu’est élaboré dans l’urgence (quelques semaines à peine !) un nouveau vol habité à destination de notre satellite, avec à son bord Henry et Geena.

 

Le problème, c’est qu’il faut se farcir 500 pages environ avant que cette thématique ne soit véritablement introduite dans le roman.

 

Et c’est long. Beaucoup trop long.

 

Stephen Baxter, on le sait – et un simple coup d’œil à sa bibliographie suffira à en persuader quiconque –, a tendance à faire dans le « dilaté », et sa « trilogie de la NASA » n’échappe pas à la règle. Ce qui ne pose pas nécessairement de problème. Un bon Baxter, c’est souvent long, mais c’est avant tout passionnant. Mais, quand le projet ne tient pas totalement la route, c’est hélas affreusement long. En témoigne Poussière de lune, roman raté, bancal, mal construit, mal écrit, mal traduit, qui conclut sur une note amère de profonde déception une trilogie jusque-là fascinante.

 

On s’ennuie en effet franchement à la lecture de ce dernier volume, abusant des digressions inutiles et autres personnages superflus et caricaturaux (dont un magnifiquement ridicule moine pédophile irlandais exilé au Japon, lequel, heureusement, n’apparaît que brièvement, mais c’est un exemple éloquent…) pour meubler, façon film catastrophe, une trame qui n’en demandait pas tant. Ce qui rend déjà la lecture de Poussière de lune extrêmement pénible. Hélas, les personnages principaux ne sont pas mieux servis, et les rapports humains, sous la plume maladroite de Baxter, tournent au théâtre de boulevard, amant dans le placard inclus (en l’occurrence, dans un Soyouz).

 

Cela dit, on pourrait presque fermer les yeux sur ces fâcheux travers si l’histoire principale tenait la route. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas. Si Voyage brillait par son réalisme extrême, et si Titan se montrait en définitive convaincant malgré une plausibilité moindre, Poussière de lune jette très vite toute crédibilité aux orties. Cette histoire de roche destructrice laisse déjà quelque peu sceptique, c’est rien de le dire, et, durant tout le roman, en dépit des efforts – visibles – de l’auteur pour nous faire adhérer à son propos, on n’y croit pas vraiment… En s’éloignant de la pure « hard science » pour une science-fiction plus fantasque, pour ne pas dire carrément loufoque, Stephen Baxter s’égare. Et s’il tente à nouveau, en fin de volume, de jouer la carte du vertige, procédé pour lequel il est tellement doué d’habitude, rien n’y fait : tout cela est beaucoup trop gros, et ça ne passe pas.

 

 Aussi Poussière de lune, bien loin de confirmer la réussite de Voyage et Titan, achève-t-il la « trilogie de la NASA » sur une fausse note des plus regrettables. Un Baxter raté, poussif, sur lequel on pourra très légitimement faire l’impasse ; l’auteur britannique a fait tellement mieux…

CITRIQ

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V
Dis-donc, ta contribution à ce Bifrost est assez énorme ! Je lirai les chros dès que possible.
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