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"Prison de chair", de Clive Barker

Publié le par Nébal

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BARKER (Clive), Prison de chair, [Clive Barker’s Books Of Blood, Vol. 5], traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque, Paris, J’ai lu, coll. Science-fiction – Fantastique, [1985, 1991, 1995] 2003, 251 p.

 

Et un « Livre de sang » de plus, un ! Seulement quatre nouvelles, cette fois, mais d’une très grande qualité dans l’ensemble.

 

En témoigne d’emblée « Lieux interdits » : Helen, une sociologue, prépare sa thèse sur les graffitis d’une cité délabrée ; ce faisant, elle tombe sur un fascinant portrait dans un immeuble abandonné, et on lui raconte des histoires sordides sur ce qui se serait produit dans les environs. Réalité, mensonge, légende urbaine, hallucination collective ? Helen se retrouve confrontée au terrible pouvoir de la rumeur, dans une ambiance de conspiration… Vous l’aurez compris, il s’agit là, de manière certes moins étoffée mais peut-être plus subtile, de la source primordiale de l’excellent film Candyman. Et c’est bel et bien une superbe nouvelle, d’une richesse peu commune, et aussi intelligente que palpitante. Je n’hésite pas à la faire figurer parmi les plus belles réussites des « Livres de sang ».

 

Le reste, à mon sens, n’atteint pas ces sommets, mais reste plus que recommandable ; à vrai dire, après une petite baisse de régime, j’ai eu le sentiment, à la lecture de Prison de chair, de retrouver l’enthousiasme qui m’avait saisi à la lecture de Livre de sang

 

« La Madone » est ainsi une nouvelle tout à fait remarquable. Jerry, un paumé qui a quelques problèmes dans son couple, aimerait bien réussir un projet dans sa vie, et est prêt à tout pour cela ; même à s’associer avec le truand Garvey, pour restaurer de vieux Bains-Douches. C’est compter sans la paranoïa dudit caïd, et les superbes femmes nues qui hantent le bâtiment… et ont de bien curieux nourrissons. Les images sont fortes, les personnages magnifiquement campés, le propos intelligent. Rien à redire, c’est de la bonne.

 

On change radicalement de registre avec « Les Enfants de Babel » ; peut-être (probablement ?) trop, d’ailleurs : cette nouvelle, qui ne relève ni du fantastique, ni de l’horreur, fait un peu tache dans les « Livres de sang »… Elle n’est pas mauvaise pour autant, loin de là, et a même un certain côté jubilatoire. On prend beaucoup de plaisir à suivre les mésaventures de cette touriste anglaise dans les Cyclades, qui – ah, la curiosité féminine ! – tombe sur d’étranges nonnes barbues avec des gros flingues, et se retrouve emprisonnée avec de sympathiques petits vieux complètement fêlés… à moins que ? Sans doute la nouvelle la moins forte du recueil, elle se lit néanmoins très bien.

 

Retour à une tonalité plus typique des « Livres de sang » avec « Prison de chair », nouvelle carcérale dans laquelle Billy, un jeune délinquant qui fait son premier séjour en prison, est placé sous la tutelle de Cleve, un petit trafiquant de drogue. Mais Billy est un étrange bonhomme, qui s’intéresse de près au sort des condamnés autrefois pendus dans l’enceinte de la prison ; il faut dire qu’il porte en lui un lourd secret, dont les conséquences pour Cleve seront terribles… J’émettrais un petit bémol sur un des aspects de la conclusion (l’avant-dernière séquence, en gros), qui me paraît peu crédible ; ceci excepté, c’est là un très bon texte, doté d’une ambiance remarquable, et d’une humanité admirable. C’est en même temps sombre, très sombre…

 

Au final, Prison de chair me paraît digne de figurer parmi les meilleurs des « Livres de sang », aussi ai-je pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce recueil témoignant de la multiplicité des talents de Clive Barker.

 

Suite et fin de la série avec La Mort, sa vie, son œuvre.

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