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"Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs", de Ministry

Publié le par Nébal

Psalm-69.jpg

 

MINISTRY, Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs.

 

Tracklist :

 

01 – N.W.O.

02 – Just One Fix

03 – TV II

04 – Hero

05 – Jesus Built  My Hotrod

06 – Scarecrow

07 – Psalm 69

08 – Corrosion

09 –  Grace

 

Finalement, j’ai décidé de poursuivre dès aujourd’hui une mini-rétrospective Ministry avec ΚΕΦΑΛΗΞΘ. Mais comme ce titre « officiel » est inproçon… inço… imprononçable, on va se contenter du titre « officieux », employé par deux générations de fans, à savoir Psalm 69, The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs, plus souvent encore abrégé en Psalm 69 tout court, d’après le titre d’une des pistes emblématiques de l’album.

 

C’est là le dernier disque de la grande trilogie de Ministry, initiée avec The Land Of Rape And Honey et poursuivie avec The Mind Is A Terrible Thing To Taste. Ainsi que je vous l’avais déjà dit, en ce qui me concerne, c’est ce dernier album qui constitue le point d’orgue de la carrière de Ministry. Mais il s’en trouvera beaucoup pour considérer que c’est à Psalm 69 que revient ce titre, et ils ne manquent pas d’arguments pour cela. Quoi qu’il en soit – même si ça n’a rien à voir –, c’est en tout cas, de ces trois albums, et probablement de toute la carrière de Ministry (mais là je dis peut-être des bêtises ?), l’album qui s’est le mieux vendu, pour des raisons étranges que nous développerons plus bas.

 

Mais inutile de poursuivre plus avant les présentations : on se contentera juste de noter que l’album, au son plus typé metal, est toujours « auto-produit » par Jourgensen et Barker eux-mêmes (sous les noms d’Hypo Luxa et Hermes Pan), et que Bill Rieflin est toujours à la batterie.

 

Entrons immédiatement dans le vif du sujet avec « N.W.O. ». Je crois que, s’il n’y avait qu’un titre de Ministry à retenir ce serait celui-ci : comment faire un morceau parfait et qui dure avec seulement deux notes… Un exploit, qui révèle bien tout le talent de Jourgensen et Barker. Et accessoirement un morceau très énervé à l’encontre de monsieur George Bush père, qui s’en prend plein la gueule (mais c’est rien comparé à ce que se prendra le fiston quand Jourgensen seul sera aux commandes…).

 

On passe immédiatement après à un autre morceau emblématique de Ministry, le très bourrin « Just One Fix », où Jourgensen évoque ses problèmes de drogue, ce qui explique sans doute pourquoi il se paye le luxe d’une guest-star de marque pour son clip en la personne de monsieur William Burrough (ah oui tout de même). Une compo emblématique, oui : riff en béton armé, rythmique (faussement) primitive, tout y est. Et si vous voulez la preuve que Rammstein a tout pompé à Ministry, en plus de Laibach et KMFDM, c’est sans doute ici qu’il faut la chercher...

 

Une bizarrerie ensuite, avec le très énervé « TV II », sorte de quasi-grindcore (ou au moins crust) industriel : ça va à toute allure et ça gueule. C’est rigolo, oui, mais ça ne va pas bien loin… Premier exemple de « déchet relatif » de cet album qui, à mon sens, l’empêche d’être aussi bon que The Mind Is A Terrible Thing To Taste.

 

On en a dans un sens un deuxième immédiatement après avec « Hero », une compo assez moyenne, même si très efficace en live. Pas grand chose à dire de plus sur ce metal indus basique.

 

Par contre, après, on a une petite surprise sur laquelle il va falloir s’étendre un petit peu plus avec « Jesus Built My Hotrod », un morceau très punk et complètement crétin (NB : la version du clip diffère légèrement de celle de l’album, et pour le mieux). Pour ce morceau, Jourgensen et Barker ont invité Gibby Haines des Butthole Surfers, qui a écrit les paroles et chante. Le résultat, débile à souhait, est pour le moins jouissif. Mais, la bizarrerie, c’est que Warner a décidé d’en faire un single… qui s’est retrouvé du jour au lendemain n° 1 des charts. Ministry, jusqu’alors groupe underground s’il en est, s’est retrouvé dès lors très vendeur, et les gens se sont rués sur Psalm 69, qui s’est vendu comme des petits pains. M’est avis que plus d’un acheteur a dû tirer une drôle de gueule en l’écoutant, car on ne peut pas dire que « Jesus Built My Hotrod » soit très représentatif de la musique de Ministry… Mais c’est bel et bien comme ça que Ministry est devenu un groupe « bankable », comme on dit… ce qui a expliqué une crise interne, et justifié la voie très différente empruntée par le groupe avec Filth Pig, l’album suivant, anti-commercial au possible. On aura probablement l’occasion d’y revenir, et très prochainement sans doute.

 

Mais restons-en pour le moment à Psalm 69, et enchaînons sur « Scarecrow »… déjà un morceau aux antipodes de « Jesus Built My Hotrod » ! (Et justement annonciateur de Filth Pig, quelque part, mais chut…) Un morceau lent, long et lourd, reposant énormément sur l’ambiance, oppressante et névrosée à souhait. Ministry ne nous avait pas encore vraiment habitué à ce genre de morceau, mais, pour une première, c’est un coup de maître.

 

Suit « Psalm 69 », donc, un autre titre-phare du groupe, avec sa fameuse – et excellente – introduction mégalomane. C’est du coup devenu un classique en live, très souvent employé par Ministry pour entamer ses concerts. Mais pour le reste, c’est un morceau qui m’a toujours paru très surestimé : du metal indus de base, sans grand génie… Non, très franchement, on a connu Ministry bien plus inspiré…

 

Moi, par exemple, ben je préfère largement la suite, l’horriblement bourrin « Corrosion », quasi-instrumental indus à fond les ballons, avec des breaks de fous furieux, qui carbure aux amphétamines et nous laisse le cul par terre. Là, c'est vraiment du grand Ministry, celui qui sent la sueur et l’usine. Moi, j’aime.

 

Enfin, comme pour The Mind Is A Terrible Thing To Taste, l’album se conclut sur une piste instrumentale et purement industrielle (même si les guitares n’en sont cette fois pas totalement absentes), « Grace », bien plus sombre et bruitiste que l’onirique et planante « Dream Song ». Mais peut-être plus anecdotique aussi : on ne peut pas tout avoir…

 

Au final, oui, bien sûr, Psalm 69, The Way To Succeed And The Way to Suck Eggs est bel et bien un excellent album, et il est évidemment indispensable à tout fan de Ministry comme à tout amateur de bonne musique. Je ne comptais pas un seul instant remettre cela en cause, et c’est bien un de mes albums préférés ; il contient en outre, avec « N.W.O. », un de mes morceaux préférés, tous artistes et tous genres confondus. Mais j’entendais simplement montrer pourquoi je lui préfère – largement – The Mind Is A Terrible Thing To Taste...

 

 Prochaine chronique de ma mini-rétrospective Ministry : probablement le sous-estimé Filth Pig, en fait, tiens.

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