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"Skin Trade", de George R.R. Martin

Publié le par Nébal

Skin-Trade.jpg

 

MARTIN (George R.R.), Skin Trade, [The Skin Trade], traduit de l’américain par Annaïg Houesnard, préface d’Emmanuel Chastelière, Chambéry, ActuSF, coll. Perles d’épice, [1989] 2012, [édition numérique]

 

Décidément, s’il est un auteur d’imaginaire bankable à l’heure actuelle, c’est bien George R.R. Martin, le succès du « Trône de fer » et plus encore de son adaptation en série télévisée par HBO Game of Thrones aidant (d’ailleurs, va falloir que je m’y mette, et ça fait un moment que je me le suis promis ; mais en anglais, parce qu’il paraît que…). Aussi, comme j’avais déjà eu l’occasion de le noter, on publie aujourd’hui en France du George R.R. Martin à tour de bras. Outre les tronçonneurs de chez Pygmalion et J’ai lu qui éditent la série phare de fantasy, Mnémos a ainsi réédité le très sympa Riverdream et Denoël le très sympa également Armageddon Rag. Mais ActuSF avait pris de l’avance, avec Le Volcryn, Dragon de glace, puis Skin Trade, novella qui a obtenu le World Fantasy Award 1989 et qui va retenir ici notre attention.

 

Une ville, aux États-Unis, autrefois prospère, devenue depuis un sinistre désert industriel (ça sent fort la « Rust Belt »). Une jeune infirme y est sauvagement assassinée et mutilée. Willie Flambeaux, un agent de recouvrement à l’humour douteux qui connaissait la victime, demande à son amie Randi Wade, détective privée et fille de flic, d’enquêter sur les circonstances de sa mort. Et la jeune femme de se mettre au travail, d’autant plus ardemment que tout ceci ne manque pas de lui évoquer la mort de son paternel au cours d’une enquête, quelques années plus tôt. Or flotte sur tout ceci comme une odeur de loup-garou – pardon : de lycanthrope.

 

Wouf.

 

Pendant un bon moment, si vous désirez être surpris, vous pouvez passer votre chemin. George R.R. Martin, en effet, joue sur les codes dans Skin Trade, ceux du polar hard-boiled (décidément…) comme ceux des histoires de loups-garous, et il fait ça très habilement, très professionnellement. Aussi sait-on exactement à chaque page ou presque ce qui va se produire : une complicité très forte s’instaure ainsi entre l’auteur, sage et efficace, et le lecteur, qui n’en dévore pas moins la chose. Les personnages sont bien campés, la plume percutante – ça se lit tout seul.

 

Et puis surgit une avalanche de twists, sacrément malins (même s’ils jouent toujours sur les lieux communs du genre), qui ne font qu’accroître le régal du lecteur. Tout cela est très palpitant, on tourne les pages avec avidité, et on se fait manipuler en beauté (jusqu’à une fin peut-être un peu trop abrupte, mais bon : c’est là aussi une histoire de codes).

 

Au final, Skin Trade est donc une novella très plaisante et diablement astucieuse, que l’on lit avec un plaisir constant. Pas une lecture indispensable, non, mais dans son genre c’est remarquablement bien fait (et pour les amateurs des jeux de rôle du « Monde des Ténèbres », c’est un must have).

 

Notons que la novella est encadrée par une préface d’Emmanuel Chastelière, qui insiste notamment sur l’influence de l’écriture télévisuelle sur George R.R. Martin (il a longtemps travaillé dans ce milieu-là) et par un dossier volumineux et a priori fort bien fait (je dis a priori pour la bonne et simple raison que je n’ai fait que le survoler, désireux de ne pas me « spoiler » A Game of Thrones…).

 

Awouuuuuuuuuuu !

CITRIQ

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G
Je dois dire que "cédant à l'amicale pression de mon entourage", formule radsoc par excellence, j'ai lu le premier tome de Trône de fer qui doit en compter trois à peu près, et quoique ce ne soit<br /> vraiment pas ma tasse d'Islay, j'ai été époustouflé par la maîtrise du bonhomme (et par la qualité de la traduction, pas facile). Si ces histoires de castagne féodale avec un zeste de dragons, de<br /> surnaturel et de sorcellerie ne m'intéressent guère, la technique de Martin s'apparente à la science-fiction: il connaît très bien les ressorts des sociétés féodales de notre histoire et rebat les<br /> cartes en forçant quelque peu le trait. C'est très astucieux. Cette technique me fait un peu penser à celle de Millénium, la trilogie suédoise classée polar mais dont la structure, avec la mutante,<br /> les ET (les vilains riches)pervers, amateurs de jolies jeunes filles comme sur les couvertures de certains pulps, et le voyage dans le temps (l'enquête dans le passé), relève de la sf, ce que<br /> confirme le statut de fan de sf de l'auteur.
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