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"Transcendance", de Stephen Baxter

Publié le par Nébal

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BAXTER (Stephen), Transcendance, [Transcendent], traduit de l’anglais par Dominique Haas, Paris, Presses de la Cité – Pocket, coll. Science-fiction, [2005, 2008] 2010, 794 p.

 

J’avais beaucoup aimé Coalescence, et plus encore Exultant, à mon sens un des tout meilleurs space opera qu’il m’ait été donné de lire. Il était donc bien temps pour moi d’achever enfin ce cycle des « Enfants de la destinée » par ce volumineux ultime tome qu’est Transcendance, un roman qui, ainsi que l’on va pouvoir le constater, ne manque pas d’ambition – c’est rien de le dire.

 

Nous sommes au milieu du XXIe siècle, alors que la Terre commence à se prendre en pleine gueule les effets du changement climatique (par exemple, la Floride devient un archipel), et ce malgré d’importants bouleversements politiques (suscités par l’administration américaine, comme de juste), hélas survenus trop tard. C’est le Siphon, prélude à une éventuelle Extinction…

 

Michael Poole (le neveu de George et Rosa, les héros de Coalescence), veuf inconsolable obnubilé depuis toujours par des visions de sa femme morte en couches, prend conscience d’une grave menace pesant sur la Terre, reposant pour l’heure sous les pôles, et qui pourrait bien précipiter les événements. Ceci à l’occasion d’un accident survenu en Sibérie à son fils, avec lequel les relations sont plutôt froides. Mais Michael, en partie poussé par le désir de renouer des liens avec son gamin, se lance dans un gigantesque projet d’ingénierie planétaire qui pourrait bien… eh bien, sauver le monde. Rien que ça, mais oui mais oui, ma bonne dame.

 

Car Michael Poole est quelqu’un d’important. Il a un destin et est appelé à devenir un personnage historique. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il soit Observé, à un demi-million d’années de distance, par la post-humaine Alia, dans son vaisseau générationnel Nord. Mais Alia à son tour n’est pas n’importe qui : elle est une élue, destinée à devenir une Transcendante, stade suprême de l’évolution humaine, et entame ainsi un long périple initiatique… riche en surprises et découvertes parfois déplaisantes sur ce que cache au fond la Transcendance.

 

Alors, certes, Transcendance pèse bien ses 800 pages. Pourtant, s’il est une chose dont on ne saurait accuser Stephen Baxter, c’est bien de tirer à la ligne : bien loin de faire des pages et des pages sur une seule idée, aussi brillante fût-elle, il procède par accumulation et son roman déborde littéralement de trouvailles géniales, des plus anecdotiques aux plus vertigineuses (et décidément, il s’y connaît, le sieur Baxter, en matière de vertige – il n’est que de voir les distances tant spatiales que temporelles franchies par le roman… le pire étant que Baxter fait tout pour les relativiser à l’échelle de l’univers !). Aussi Stephen Baxter fait-il figure, en quelque sorte, d’auteur de science-fiction idéal – d’autant que depuis ses premiers romans, il a fait de considérables progrès pour ce qui est du style et des personnages (la comparaison avec, au hasard, Gravité est éloquente).

 

Cependant, il faut bien le reconnaître, Transcendance n’est pas… eh bien, transcendant (aha). Il a en effet les défauts de ses qualités : ce roman se disperse énormément, part dans toutes les directions, sans grand souci (apparent) de cohésion interne. Le lecteur, qui se voit offrir ainsi plusieurs trames, peut en privilégier quelques-unes et se retrouver frustré ou lassé par les autres, selon qu’elles sont plus ou moins développées ou lâchées en cours de route. Les défauts de ses qualités, donc, pour l’essentiel.

 

Mais ce n’est pas tout. On avouera en effet que si Stephen Baxter sait concocter de fort jolies pages sur la post-humanité (c’est même un très bon roman sur ce thème), il n’en reste pas moins que le périple initiatique d’Alia prend régulièrement de bien tristes atours de mysticisme à dix balles et de philosopheries plus dignes (?) d’un Bernard Werber que de tout autre « être human pensant »©. Et on ne s’étendra pas sur la scène « d’exorcisme », pas plus que sur la coalescence scato visitée par Alia…

 

Un peu dommage, donc. Si Transcendance ne manque pas de qualités, il n’en reste pas moins qu’il est comparativement le volume le moins réussi du cycle – très relâché, par ailleurs, même si Baxter essaye ici, sur le mode du souvenir, de relier à sa trame les éléments fondamentaux de Coalescence et d’Exultant, ce qui ne convaincra pas grand-monde.

 

Nous avons donc au final un bon Baxter, et donc un bon roman de science-fiction, mais l’auteur britannique nous a maintes fois bluffés avec davantage de talent pour davantage de vertige (lisez Évolution et Les Vaisseaux du temps, c’est un ordre !).

CITRIQ

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C
Je dois avouer que Stephen Baxter ne m'enthousiasme guère : j'ai lu uniquement Singularité et ma première impression fut que c'était de la bonne... Pour le reste, l'ensemble de son œuvre mérite<br /> peut-être le coup d’œil, mais je ne suis sans doute pas un lecteur idéal pour le monsieur.
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