"Xanth, t. 1. Lunes pour Caméléon", de Piers Anthony
ANTHONY (Piers), Xanth, t. 1. Lunes pour Caméléon, [A Spell for Chameleon], traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Haas, Paris, Bragelonne – Milady, [1977, 2009] 2010, 441 p.
POUET POUET !
AH AH AH AH AH AH !
Suite de mes lectures festives, déviantes, stupides et vide-crâne, voire carrément perverses. Mais cette fois, ce n’est pas avec un livre spécialement acheté pour l’occasion, mais avec un bouquin qui traînait depuis quelque temps déjà dans ma commode de chevet. La raison en est simple : depuis que Pratchett s’est mis à gagater sérieusement, j’ai de plus en plus de mal à trouver mon injection régulière de fantasy humoristique (parce que rire, des fois, ben ça fait du bien). Or le volumineux également « cycle de Xanth » (plus de trente volumes) nous est présenté ici comme « un chef-d’œuvre de la fantasy humoristique ». Bon, certes, je me doutais bien qu’il risquait d’y avoir là comme une exagération commerciale… Mais j’étais malgré tout prêt à tenter l’expérience, et, l’occasion faisant le larron, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de tenter du Milady. D’où, ben voilà : lecture du premier tome du cycle, Lunes pour Caméléon.
TA-DOUM TCHIII !
AH AH AH AH AH AH !
Posons tout d’abord le cadre : il y a Xanth, et la Vulgarie. Xanth est une petite péninsule magique : tout y est magique, ou dispose au moins d’un pouvoir magique. Aussi y croise-t-on moult créatures improbables et dangers insondables. Par opposition, en Vulgarie, séparée de Xanth par une barrière invisible mais néanmoins mortelle, la magie ne subsiste pas. L’essentiel de l’action de ce roman, comme on pouvait légitimement le supposer au vu du nom du cycle, se passe sur Xanth.
POUET POUET !
AH AH AH AH AH AH !
Nous y faisons la connaissance du jeune Bink, qui est beau, fort et intelligent. Pourtant, il a quelque chose d’un paria, et l’on juge qu’il n’a pas sa place à Xanth. En effet, à la différence de tous les autres humains de Xanth, et notamment de son Village du Nord natal, Bink ne dispose pas de pouvoir magique. Ou alors, c’est qu’il ne sait pas quel est son don. Problème : la loi a décidé que quiconque, à Xanth, ne disposerait pas de pouvoir magique, serait exilé en Vulgarie. Voilà qui chagrine fort Bink, qui souhaite rester à Xanth et y épouser la belle Sabrina… Aussi, Bink décide-t-il de rendre visite au Bon Magicien Humfrey, spécialiste de la divination, pour que celui-ci détermine s’il a un pouvoir, et, si oui, quel est-il. Ainsi débute une aventure fort picaresque, où notre héros multipliera les rencontres (notamment avec des jolies filles et des monstres). La quatrième de couverture lâche le morceau, aussi on ne s’en privera pas ici : Humfrey détermine que Bink a bel et bien un pouvoir, très puissant (à même de faire de lui un Magicien), mais il est incapable de déterminer lequel, malgré toute sa science. Et Bink de prendre bientôt, bien malgré lui, la route de l’exil en Vulgarie… Mais ce n’est en fait qu’alors (bien tardivement, pour le coup) que le roman débutera véritablement, à mes yeux en tout cas, le reste ne constituant largement qu’un long prologue. Nouvelles rencontres, et non des moindres, et nouveaux défis pour Bink le sans-magie…
TA-DOUM TCHIII !
AH AH AH AH AH AH !
Or il y a un problème : Lunes pour Caméléon n’est PAS drôle. C’est embêtant, pour « un chef-d’œuvre de la fantasy humoristique »… Mais le constat est clair, net et précis : ce n’est PAS drôle. Mais alors pas du tout. Je n’ai jamais souri au cours de ma lecture ; j’ai par contre été navré plus d’une fois (facepalm !) devant la rudesse de la chose. Mais les responsabilités sont peut-être ici partagées. En effet, une bonne part de ce qui se prétend a priori drôle dans Lunes pour Caméléon repose sur des jeux de mots et compagnie, le genre de machins intraduisibles. Je ne sais pas du tout ce que cela donne en VO (où, si ça se trouve, ça marche) ; mais, en français, c’est juste désespérant, débordant de jeux de mots laids, de calembours lourds et de mots-valises pathentables… et tout cela n’est certainement pas drôle. J’imagine que cela prétend évoquer Lewis Carroll, entre autres, mais, dans les faits, cela m’a surtout rappelé un forumer d’ActuSF dont le pseudonyme commence par E, finit par S, et comprend entre-temps les lettres O et N (avec peut-être une touche du pire Damasio par moments). Et c’est rude. Terriblement rude. Certains passages sont tout particulièrement pénibles (je pense notamment au moment du sphinx, où ça cartonne à tout va), mais, de manière générale, chaque fois que le roman s’essaye à l’humour, ça foire. Et les jeux de mots et compagnie ne sont hélas pas seuls en cause : les situations censément humoristiques sont généralement affligeantes, c’est d’un cucul insupportable (au passage, le mot « cul » semble proscrit sur Xanth, alors qu’il joue un rôle non négligeable dans le roman…).
POUET POUET !
AH AH AH AH AH AH !
C’est d’autant plus dommage que tout n’est pas si mauvais que ça dans Lunes pour Caméléon. En fait, dès l’instant où il ne prétend pas être drôle, il contient même quelques bonnes idées – par exemple, sur le pouvoir et l’évolution. Les personnages sont par ailleurs plutôt corrects. Et on peut difficilement prétendre que Piers Anthony manque d’imagination, tant ça déborde. Il faut cependant parvenir à faire l’impasse, non seulement sur l’humour consternant qui est supposé fournir le ressort essentiel du roman, mais aussi sur un certain moralisme gnangnan qui débouche très logiquement sur un pénible happy end…
TA-DOUM TCHIII !
AH AH AH AH AH AH !
Aussi les défauts l’emportent-ils, et de loin, sur les qualités. Du coup, je ne pense pas en lire un jour la suite, sauf peut-être dans le cadre d’un pari débile comme celui qui m’a valu cette première incursion en Xanth. Parce que, dans l’ensemble, ce fut quand même avant tout navrant, voire éprouvant.
POUET POUET !
AH AH AH AH AH AH !
Oh, vos gueules.
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