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La Mort du fer, de Serge Simon Held

Publié le par Nébal

 

HELD (Serge Simon), La Mort du fer, préface de Juan Asensio, Talence, L’Arbre Vengeur, [1931] 2019, 420 p.

 

Ma chronique, rédigée pour le Bifrost n° 98, a été mise en ligne directement sur le blog de la revue, dans la rubrique « Objectif Runes en plus », et vous la trouverez ici.

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CR Adventures in Middle-Earth : Cauchemars d'Angmar (2/5)

Publié le par Nébal

 

Suite de notre campagne d’Adventures in Middle-Earth ! Parallèlement à la Mirkwood Campaign, nous avons entamé les Eriador Adventures.

 

 

Si vous souhaitez remonter au début de la campagne, vous pouvez suivre ce lien. Pour l’épisode précédent, c’est . Et si vous voulez remonter au premier épisode du scénario précédent, c’est là-bas

 

La présente séance est la deuxième du premier scénario d’Eriador Adventures, intitulé « Nightmares of Angmar » (pp. 7-35)

 

 

À noter, je me suis référé, pour la version française, au supplément Les Vestiges du Nord pour L’Anneau Unique, où le scénario original avait été traduit sous le titre « Cauchemars d’Angmar » (pp. 7-35).

 

Il y avait cinq joueurs, qui incarnaient…

 

 

… Agariel, une Dúnedain (Vagabonde/Chasseuse d’ombres 7)…

 

 

… Aldamar le Laconique, un Homme des Bois (Protecteur/Frontalier 7)…

 

 

… Fredegar Sanglebuc, un Hobbit de la Comté (Protecteur/Héraut 7)…

 

 

… Jorinn, un Bardide (Chasseur de trésors/Espion 7)…

 

 

… et enfin Nárvi, un Nain du Mont Solitaire (Frère d’armes/Maître d’armes 7).

 

Le camarade Bran diffuse ces aventures en direct sur sa chaîne Twitch.

 

Pour la musique, j’ai essentiellement utilisé, outre quelques compositions de Howard Shore pour la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, les bandes originales de divers jeux de la saga The Elder Scrolls : Morrowind, Oblivion, Skyrim, et The Elder Scrolls Online, ainsi que de Darkest Dungeon.

 

Les illustrations sont empruntées pour l’essentiel aux gammes de L'Anneau Unique et d'Adventures in Middle-Earth, le reste a été chipé çà et là sur le ouèbe. L’illustration en tête d’article est due à Bran.

 

À suivre…

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Les Miracles du Bazar Namiya, de Higashino Keigo

Publié le par Nébal

 

HIGASHINO Keigo, Les Miracles du Bazar Namiya, [ナミヤ雑貨店の奇蹟 Namiya zakkaten no kiseki], traduit du japonais par Sophie Refle, Arles, Actes Sud, coll. Exofictions, [2012] 2020, 370 p.

 

Ma chronique figure dans le cahier critique du Bifrost n° 98, pp. 100-101.

 

Le moment venu, elle sera reprise sur le blog de la revue, et j’en donnerai le lien ici, avec la vidéo – mais n’hésitez pas à réagir d’ores et déjà si jamais.

 

EDIT : la critique est en ligne, ici.

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Bienvenue à Sturkeyville, de Bob Leman

Publié le par Nébal

 

LEMAN (Bob), Bienvenue à Sturkeyville, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Serval, illustré par Stéphane Perger et Arnaud S. Maniak, Paris, Scylla, 2019, 184 p.

 

Ma chronique figure dans le cahier critique du Bifrost, n° 98, pp. 94-95.

 

Le moment venu, elle sera reprise sur le blog de la revue, et j’en donnerai le lien ici, avec la vidéo – mais n’hésitez pas à réagir d’ores et déjà si jamais.

 

EDIT : la critique est en ligne, et vous pouvez la lire ici.

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CR Adventures in Middle-Earth : Cauchemars d'Angmar (1/5)

Publié le par Nébal

 

Suite de notre campagne d’Adventures in Middle-Earth ! Parallèlement à la Mirkwood Campaign, nous entamons cette fois les Eriador Adventures.

 

 

Si vous souhaitez remonter au début de la campagne, vous pouvez suivre ce lien. Pour l’épisode précédent, c’est . Et si vous voulez remonter au premier épisode du scénario précédent, c’est là-bas

 

La présente séance est la première du premier scénario d’Eriador Adventures, intitulé « Nightmares of Angmar » (pp. 7-35)

 

 

À noter, je me suis référé, pour la version française, au supplément Les Vestiges du Nord pour L’Anneau Unique, où le scénario original avait été traduit sous le titre « Cauchemars d’Angmar » (pp. 7-35).

 

Il y avait cinq joueurs, qui incarnaient…

 

 

… Agariel, une Dúnedain (Vagabonde/Chasseuse d’ombres 7)…

 

 

… Aldamar le Laconique, un Homme des Bois (Protecteur/Frontalier 7)…

 

 

… Fredegar Sanglebuc, un Hobbit de la Comté (Protecteur/Héraut 7)…

 

 

… Jorinn, un Bardide (Chasseur de trésors/Espion 7)…

 

 

… et enfin Nárvi, un Nain du Mont Solitaire (Frère d’armes/Maître d’armes 7).

 

Le camarade Bran diffuse ces aventures en direct sur sa chaîne Twitch.

 

Pour la musique, j’ai essentiellement utilisé, outre quelques compositions de Howard Shore pour la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, les bandes originales de divers jeux de la saga The Elder Scrolls : Morrowind, Oblivion, Skyrim, et The Elder Scrolls Online, ainsi que de Darkest Dungeon.

 

Les illustrations sont empruntées pour l’essentiel aux gammes de L'Anneau Unique et d'Adventures in Middle-Earth, le reste a été chipé çà et là sur le ouèbe. L’illustration en tête d’article est due à Bran.

 

À suivre…

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CR Adventures in Middle-Earth : Le Sentier perdu (2/2)

Publié le par Nébal

 

Suite de notre campagne d’Adventures in Middle-Earth ! Nous poursuivons la Mirkwood Campaign.

 

 

Si vous souhaitez remonter au début de la campagne, vous pouvez suivre ce lien. Pour l’épisode précédent, c’est . Et si vous voulez remonter au scénario précédent, c’est là-bas

 

La présente séance est la seconde du scénario de Mirkwood Campaign portant sur l’année 2954 du Troisième Âge, intitulé « The Lost Path » (pp. 35-39)

 

 

À noter, je me suis référé, pour la version française, au supplément Ténèbres sur la Forêt Noire pour L’Anneau Unique, où le scénario original avait été traduit sous le titre « Le Sentier perdu » (pp. 35-39).

 

Il y avait cinq joueurs, qui incarnaient…

 

 

… Agariel, une Dúnedain (Vagabonde/Chasseuse d’ombres 7)…

 

 

… Aldamar le Laconique, un Homme des Bois (Protecteur/Frontalier 7)…

 

 

… Fredegar Sanglebuc, un Hobbit de la Comté (Protecteur/Héraut 7)…

 

 

… Jorinn, un Bardide (Chasseur de trésors/Espion 7)…

 

 

… et enfin Nárvi, un Nain du Mont Solitaire (Frère d’armes/Maître d’armes 7).

 

Le camarade Bran diffuse ces aventures en direct sur sa chaîne Twitch.

 

Pour la musique, j’ai essentiellement utilisé, outre quelques compositions de Howard Shore pour la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, les bandes originales de divers jeux de la saga The Elder Scrolls : Morrowind, Oblivion, Skyrim, et The Elder Scrolls Online, ainsi que de Darkest Dungeon.

 

Les illustrations sont empruntées pour l’essentiel aux gammes de L'Anneau Unique et d'Adventures in Middle-Earth, le reste a été chipé çà et là sur le ouèbe. L’illustration en tête d’article est due à Bran.

 

C'est tout pour « Le Sentier perdu ». Mais les aventures des compagnons se poursuivront bientôt. Alors...

 

À suivre…

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Crypt of Cthulhu, Vol. 1, No. 8

Publié le par Nébal

 

Crypt of Cthulhu, Vol. 1, No. 8, Bloomfield, NJ, Miskatonic University Press – Crypt of Cthulhu, Michaelmass 1982, 32 p.

 

Retour à Crypt of Cthulhu, le fanzine lovecraftien dirigé par Robert M. Price – et on fait dans l’archéologie, là, avec ce huitième numéro, guère épais, datant de 1982, et faisant toujours partie du premier volume de publication.

 

La dernière fois, j’avais évoqué un numéro bien plus récent (fin des années 1990) de Lovecraft Studies, « l’autre » fanzine lovecraftien, entièrement dévolu à la critique, et bien plus « sérieux » dans le ton. Le contraste sera donc particulièrement marqué avec ce numéro très léger (et à vrai dire un peu médiocre) d’une revue de toute façon globalement plus légère, mais aussi plus diverse, et mêlant aux études sérieuses d’autres qui le sont moins, en accordant une place non négligeable à l’humour, et en complétant le cas échéant avec des fictions ou des poésies, voire quelques illustrations ou même des jeux.

 

Régulièrement, les numéros de Crypt of Cthulhu sont thématiques, mais ça n’est pas toujours le cas – en l’espèce, ce n° 8 est fait de bric et de broc, si l’on compte tout de même deux articles se penchant sur les notions de genre et d’identité sexuelle, ce qui peut paraître commun aujourd’hui mais ne l’était probablement pas autant en 1982.

 

Le premier est dû à Robert M. Price lui-même, et s’intitule « Homosexual Panic in ʺThe Outsiderʺ ». L’auteur propose une grille de lecture de la nouvelle « Je suis d’ailleurs » venant, disons, compléter celles proposées par Dirk W. Mosig dans un article qui a fait date dans l’histoire de la critique lovecraftienne (hop). L’idée est que le comportement du narrateur, et la symbolique très appuyée dans un récit visiblement allégorique, peuvent évoquer le mal-être d’un homosexuel rejeté par la société et poussé, mais dans la douleur, à faire son coming-out. Maintenant, cet article témoigne d’une tendance récurrente chez Robert M. Price, voire dans Crypt of Cthulhu de manière plus générale (et éventuellement dans Lovecraft Studies aussi, en fait, mais de manière moins frontale) : établir des concordances à l’arrache, en sélectionnant des éléments qui viennent a posteriori appuyer une hypothèse, quitte à faire l’impasse sur d’autres éléments, le contexte, etc. En fait, le problème posé par ce genre de parallélismes était sans doute bien connu de Price lui-même et de ses collaborateurs, car, dans les quelques autres numéros que j’ai lus depuis, et à vrai dire déjà dans celui-ci avec l’article ultérieur de Peter Cannon, j’y reviendrai, les blagues ne manquent pas, qui font la démonstration qu’avec les lunettes munies d’œillères appropriées, on peut défendre absolument n’importe quelle hypothèse, jusqu’à l’absurde. Mes chers sophistes anciens apprécieraient, n’en doutons pas… À vrai dire, Price lui-même, et dès cet article, note bien que cette grille de lecture originale, pour significative qu’elle puisse paraître à certains égards, sans quoi il ne l’aurait pas proposée, ne traduit très probablement pas une intention délibérée de la part de Lovecraft – c’est plutôt du domaine de la coïncidence, disons. Et il ne manque pas de préciser, en fin d’article, que sa petite étude ne prétend en aucun cas faire la démonstration que Lovecraft lui-même était homosexuel, refoulé ou non (on l’a parfois sous-entendu, mais de manière passablement gratuite, rien dans la biographie comme dans la bibliographie de l’auteur ne venant véritablement étayer cette hypothèse – ce discours, pour ce que j’en ai lu, relève d’une psychanalyse de comptoir passablement primaire).

 

Le deuxième article de cet ordre s’intéresse plutôt à la notion de genre, et est dû à Morgana LaVine : au-delà du thème classique et certes particulièrement édifiant de l’absence des femmes dans le corpus lovecraftien, « Lovecraft and the Male Gender Role » relève que les notions très conservatrices de Lovecraft quant au rôle et aux attributs prétendument « naturels » ou « nécessaires » de chaque sexe, un sujet qu’il a pu aborder à plusieurs reprises dans sa correspondance, ne se traduisent pas vraiment, dans son œuvre, par une dimension « macho » (c’est le terme employé) des personnages lovecraftiens – ce qui opère, on le sait, un sacré contraste avec les personnages de Robert E. Howard, par exemple. Notamment, les personnages masculins lovecraftiens ont une tendance bien connue à s’évanouir, un trait généralement jugé féminin – cela vaut même pour les rares exemples de personnages masculins censément « durs » dans l’œuvre de Lovecraft, incluant les gros-bras de « La Peur qui rôde » ou le détective de « Horreur à Red Hook » ; la seule possible exception serait l’officier allemand du « Temple », mais l’autrice met alors en avant sa passivité ; de fait, face à l’adversité, quand ces personnages ne s’évanouissent pas ni ne deviennent fous, ils fuient ou « laissent faire », en aucun cas ils ne combattent. Quand ils survivent, c’est en raison de leur astuce et de leur détermination. Tout ceci, pris séparément, est vrai. Maintenant, je ne suis pas convaincu, et surtout au regard de l’œuvre lovecraftienne, que le fait pour un personnage masculin de ne pas se montrer aussi « physique » que d’autres, chez Howard et compagnie, suffise à qualifier ses manières de « non masculines » (même si Howard a certes pu s’amuser avec ce trait, par exemple dans « Les Pigeons de l’enfer », et j’en avais causé ailleurs, ici et ). En même temps, Morgana LaVine ne le prétend pas – ce devrait être plutôt « non machistes ». Mais je trouve son discours un peu confus, de manière plus générale, du fait d’une notion changeante, mêlant ou au contraire distinguant, mais sans toujours prévenir, le machisme d’alors et celui d’aujourd’hui, mais aussi, parfois, une simple « masculinité » moins connotée. Mais elle affirme que ces personnages ne sont du coup pas représentatifs de la population mâle en général, et, là, j’ai du mal à la suivre… Elle relève un autre trait qui cette fois est supposé concorder davantage avec les représentations masculines traditionnelles, alors comme aujourd’hui : l’incapacité au care, dirait-on peut-être aujourd’hui, à l’établissement et plus encore à l’entretien de relations solides et désintéressées aux autres, impliquant de leur conférer de la valeur – par exemple au travers des liens d’amitié, essentiellement fonctionnels voire utilitaristes plutôt qu’empathiques dans les histoires de Lovecraft, ou au sein du couple, dans les très, très rares cas où il y en a un ; pour elle, c’est le trait du machisme qui survit par-delà les générations. Et, oui, ça aussi, bon… En même temps, l’autrice suppose que ces traits éventuellement opposés se rassemblent en définitive en permettant davantage aux lecteurs de s’identifier aux personnages de Lovecraft, qu’elle préfère ouvertement aux héros masculins « machos » plus communs, tels Superman ou John Wayne, exemples cités. La rhétorique est peut-être un peu acrobatique, et à débattre ; pour ma part, je concède volontiers que le caractère non surhumain des personnages lovecraftiens facilite l’identification – mais c’est un peu un lieu commun ; pour le reste, j’aurais tendance à dire que cette identification doit en vérité beaucoup… au caractère de coquilles creuses de ces personnages, davantage qu’aux autres considérations développées dans cet article. Que je trouve plus ou moins convaincant, donc – pas des masses en ce qui me concerne. Mais précurseur, peut-être ? Je ne sais pas vraiment ce qu’il en est de cette thématique critique aujourd’hui, ça pourrait être intéressant de se renseigner.

 

C’en est tout pour cette très vague thématique. La pièce de résistance de ce numéro, de toute façon, est ailleurs – ainsi que l’affiche la couverture : il s’agit de l’article de Colin Wilson sobrement titré « H.P. Lovecraft » (tout simplement parce qu’il s’agit à l’origine d’une entrée dans une coûteuse encyclopédie de la science-fiction, reproduite ici avec l’accord de l’auteur). Colin Wilson se montre tantôt sévère, tantôt intéressé dans cette notule. Il accorde une place conséquente à la philosophie de Lovecraft, sans surprise, mais, sans surprise aussi, s’il la comprend (disons qu’il la comprend bien mieux que Derleth), elle lui répugne tant qu’il ne peut guère en traiter que sous un angle assez méprisant – le pessimisme, ou même l’indifférentisme, lui paraissent par essence puérils et naïfs (comme il se doit, les pessimistes et indifférentistes jugent les optimistes puérils et naïfs, ce qui ne facilite pas le débat). Cela dit, c’est une lecture plutôt intéressante, qui m’a incité à franchir le pas et à lire enfin un roman de Colin Wilson : Les Parasites de l’esprit. Ce fut hélas un échec, et je vous en causerai prochainement.

 

Autre article de taille conséquente, « In Search of a Mythos Genealogy », signé Bernadette Bosky. Tout ou presque est dans le titre, il s’agit de livrer une, ou plus exactement des, généalogies des créatures mythiques de Lovecraft en y incluant ses pasticheurs/successeurs/etc., et en ne les distinguant pas toujours très bien, sur la base, au mieux, de quelques déclarations (souvent humoristiques) de Lovecraft lui-même ou de ses correspondants, etc. – ce qui peut inclure le fait que Yog-Sothoth et Shub-Niggurath ont enfanté Nug et Yeb, entre autres, etc. Ce qui n’a pas de sens en dehors de la blague. L’autrice le sait, mais persévère – et le reste de ces généalogies est extrapolé sur la base de ressemblances thématiques (ici intervient notamment la navrante dimension élémentaire chère à Derleth)… ou plus largement au doigt mouillé, « parce que c’est plus joli comme ça ». On appréciera le fait que, même avec cette « méthode » qui n’en est pas vraiment une, l’autrice ne sait pas quoi faire de Cthugha (j’aurais bien une réponse, mais…). Bon, cet article est totalement vain – mais j’admets être totalement réfractaire à son propos, oui. S’il avait adopté une approche, disons, historiographique, il aurait pu se montrer intéressant, mais en l’état c’est plus de la mauvaise fanfic qu’autre chose.

 

Mentionnons enfin un dernier article « critique », avec « The Attestation Formula in the Necronomicon », par Robert M. Price. Au fond, c’est d’une autre généalogie qu’il s’agit ici – mais celle d’un procédé, ce qui est plus intéressant. L’auteur relève comment Lovecraft, de manière plus franche Clark Ashton Smith et plus récemment Brian « Unspeakable » Lumley, ont fait usage, dans leurs citations du Necronomicon ou d'autres ouvrages du même type, d’une même formule ou peu s’en faut, par laquelle le livre maudit affirme la pertinence de ses développements en faisant état de ce que d’autres sources en faisaient également état, au point du consensus : en somme, « il est unanimement attesté que… », ce genre de choses. Ce qui est intéressant, ici, même si je ne suis bien sûr pas certain du crédit qu’on peut y accorder (assez limité probablement, car on pourrait sans doute trouver bien d'autres exemples, avec un procédé aussi commun...), c’est de faire remonter cette formule dans une source possible voire probable de ces auteurs, Ambrose Bierce, en fait dans ses nouvelles où apparaissaient « Hastur », « Carcosa », « le Lac de Hali », etc., termes qui seraient repris par Robert W. Chambers dans son Roi en Jaune, puis à sa suite par Lovecraft (à peine) et Derleth (surtout), pour les résultats que l’on sait. Mais Price va ensuite plus loin, en cherchant où Bierce lui-même a pu trouver ces formules, et on en arrive à quelque chose qui ressemble déjà davantage à un grimoire… Tout ceci est à prendre avec les pincettes habituelles, je n’y reviendrai pas à chaque fois. Mais c’est plutôt intéressant.

 

Le reste de ce numéro, à l’exception d’une « R’lyeh Review » très mince consacrée à deux livres de James Blish, est de nature humoristique – et c’en est probablement la partie la plus réussie. Même si, disons-le, la nouvelle « Two Burgers to Go… Mad ! », signée Ronald Shearer, n’est d’aucun intérêt ou presque (elle constate simplement que, même à Arkham, il y a un McDo, mais qu’un McDo à Arkham a forcément ses petites particularités et ses rites obscurs).

 

Beaucoup plus amusant, « Famous Last Words » est une compilation par Robert M. Price de ces fins de nouvelles calamiteuses, dans lesquelles le narrateur écrit jusqu’à la mort. Chez Lovecraft lui-même, on cite forcément « Dagon », ou éventuellement la révision « Le Journal d’Alonzo Typer », mais Price cite d’autres exemples au moins aussi édifiants (et plus encore consternants), chez August Derleth, surtout, mais aussi Robert Bloch et Lin Carter. Il réserve cependant la palme, et je suis tout à fait d’accord avec lui, à la conclusion des « Chiens de Tindalos », par Frank Belknap Long, dans laquelle le narrateur écrit dans son journal son ultime cri de terreur ! « Ahhh indeed », tranche Price. Une compilation très drôle !

 

Et nous avons enfin la rubrique « Fun Guys from Yuggoth » (j’adore ce titre), cette fois confiée à Peter Cannon, exégète notoire mais aussi auteur de nombreux pastiches souvent hilarants, et qui, cette fois, livre une étude parallèle totalement absurde de Lovecraft… et de John Fitzgerald Kennedy ! « HPL and JFK » est un petit délire très rigolo, et, comme noté plus haut, j’y vois une petite raillerie amicale sur les exégètes lovecraftiens, dont Robert M. Price au premier chef, qui adorent établir des parallèles aux bases guère solides : avec suffisamment d’aplomb, une approche suffisamment biaisée, et suffisamment de mépris pour le contexte, on peut absolument tout démontrer – « Gorgias approved ».

 

Bon, c’est tout de même un numéro assez moyen. La lecture de l’article de Colin Wilson est intéressante, qu’on y adhère ou pas, mais les autres études critiques de ce numéro sont plutôt faibles. En dernier recours, il parvient à nous faire sourire de manière complice, et c’est déjà quelque chose.

 

Cependant, la revue peut faire bien mieux. Depuis, j’en ai lu deux autres numéros qui se sont avérés bien plus satisfaisants – et je vous en causerai plus en détail bientôt…

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CR D&D 5 - Dark Sun : Myrmiléons (03)

Publié le par Nébal

 

Suite de notre petit scénario original de Dark Sun, adapté à Donjons & Dragons 5 !

 

Vous pouvez retourner à la première séance en suivant ce lien, et l'épisode précédent se trouve ici.

 

 

Côté technique je me suis basé essentiellement sur le Player’s Handbook, complété par le site AideDD. Quelques éléments d’adaptation concernant plus spécifiquement Dark Sun ont été trouvés sur Obsidian Portal – Dark Sun 5e.

 

 

Pour ce qui est de l’univers et de l’inspiration du scénario, je me suis référé essentiellement aux suppléments dont je disposais en français pour la version AD&D 2 de Dark Sun, en commençant par La Boîte.

 

 

Mon principal guide de référence a ensuite été L’Alliance Voilée

 

 

… en prenant en compte l’évolution du « méta-plot » amorcée par le scénario Liberté.

 

 

J’ai aussi puisé pas mal d'éléments dans Les Négociants des Dunes

 

 

… ainsi que, mais dans une moindre mesure, dans Tribus-esclaves.

 

 

Je n’ai que très accessoirement eu recours au Bestiaire spécifique, Les Terreurs du Désert, ceci parce que l’adaptation à la 5e édition de D&D le rendait moins utile, mais j’ai pioché quelques idées de créatures dedans tout de même.

 

Les sites The Burnt World of Athas et Dark Sun Wiki m’ont été utiles pour creuser certains points.

 

 

Il y avait trois joueurs, qui incarnaient Az’ja, Humain, Guerrier/Maître de Guerre, Héros du Peuple, niveau 4, alignement Neutre Bon…

 

 

… Mattamaër, Humain, Roublard/Escroc Arcanique, Enfant des Rues, niveau 4, alignement Chaotique Bon…

 

 

… et enfin Yaretzi, Petite-Femme, Druidesse/Cercle des Lunes, Voyageuse, niveau 4, alignement Neutre Stricte.

 

Pour la musique, j’ai essentiellement utilisé les bandes originales de divers jeux de la saga The Elder Scrolls : Morrowind, Oblivion, Skyrim, et The Elder Scrolls Online.

 

Les illustrations sont généralement empruntées aux gammes de Dark Sun pour AD&D 2 et D&D 4, avec d’autres trucs chipés çà et là sur le ouèbe.

 

En voici une petite galerie :

 

Carte de la Région de Tyr

 

La cité-Etat de Tyr, avec la tour dorée de Kalak au premier plan, et la ziggourat au second

 

Des esclaves rebelles

 

Eglast, agent des Libres


 

Les Libres de la compagnie d'Eglast

 

Les gardes de Verrasi de Minthur

 

Il y a des demi-géants parmi ces gardes...

 

Itzli, le chien éclipseur de Yaretzi

 

La forme de kirre de Yaretzi

 

Verrasi de Minthur

 

La mort de Kalak

 

Rikus

 

Neeva

 

Tythian

 

Plan de la cité-Etat de Tyr

 

Kalla-kouro

 

Romila Parthian

 

Sadira

 

Athrialix Denestor

 

Nameth

 

Nepolas Antarik

 

Matthias Morthen

 

Abel Remales

 

K'tan Ni'kti

 

Vent du Nord

 

Thaxos Vordon

 

Voilà, c’est tout pour cette troisième séance. Mais…

 

À suivre…

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CR Adventures in Middle-Earth : Le Sentier perdu (1/2)

Publié le par Nébal

 

Suite de notre campagne d’Adventures in Middle-Earth ! Nous poursuivons la Mirkwood Campaign.

 

 

Si vous souhaitez remonter au début de la campagne, vous pouvez suivre ce lien. Pour l’épisode précédent, c’est . Et si vous voulez remonter au premier épisode du scénario précédent, c’est là-bas.

 

La présente séance est la première du scénario de Mirkwood Campaign portant sur l’année 2954 du Troisième Âge, intitulé « The Lost Path » (pp. 35-39)

 

 

À noter, je me suis référé, pour la version française, au supplément Ténèbres sur la Forêt Noire pour L’Anneau Unique, où le scénario original avait été traduit sous le titre « Le Sentier perdu » (pp. 35-39).

 

Il y avait cinq joueurs, qui incarnaient…

 

 

… Agariel, une Dúnedain (Vagabonde/Chasseuse d’ombres 7)…

 

 

… Aldamar le Laconique, un Homme des Bois (Protecteur/Frontalier 7)…

 

 

… Fredegar Sanglebuc, un Hobbit de la Comté (Protecteur/Héraut 7)…

 

 

… Jorinn, un Bardide (Chasseur de trésors/Espion 7)…

 

 

… et enfin Nárvi, un Nain du Mont Solitaire (Frère d’armes/Maître d’armes 7).

 

Le camarade Bran diffuse ces aventures en direct, et en ce moment c'est tous les vendredis soirs à partir de 21h, sur sa chaîne Twitch.

 

Pour la musique, j’ai essentiellement utilisé, outre quelques compositions de Howard Shore pour la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, les bandes originales de divers jeux de la saga The Elder Scrolls : Morrowind, Oblivion, Skyrim, et The Elder Scrolls Online.

 

Les illustrations sont empruntées pour l’essentiel aux gammes de L'Anneau Unique et d'Adventures in Middle-Earth, le reste a été chipé çà et là sur le ouèbe. L’illustration en tête d’article est due à Bran.

 

À suivre…

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Migrations, d'Algernon Blackwood

Publié le par Nébal

 

BLACKWOOD (Algernon), Migrations, [Ancient Sorceries – Max Hensig – The Listener – Confession – Wayfarers], nouvelles traduites de l’anglais par Jacques Parsons, Paris, Denoël, coll. Présence du futur, [1967] 1971, 237 p.

 

Un autre recueil d’Algernon Blackwood – le dernier des quatre « Présence du futur » qui lui avaient été consacrés que je n'avais pas encore lu. Je me suis régalé avec les précédents, et cela vaut pour celui-ci également, même si je crois que j’aurais tendance à le classer un rang en dessous, pour des raisons que je développerai dans cette petite chronique. Quoi qu’il en soit, nous trouvons dans Migrations cinq nouvelles de l’immense auteur fantastique anglais. Comme souvent dans ces recueils, deux de ces récits – les deux premiers – s’avèrent des novellas de bonne taille, là où les trois autres sont d’un format plus modeste.

 

Le recueil s’ouvre sur une histoire assez souvent citée, « Sortilèges et métamorphoses » (simplement « Ancient Sorceries » en version originale, ce qui claque davantage, je trouve). Figure dans cette nouvelle le personnage récurrent d’enquêteur du paranormal d’Algernon Blackwood, John Silence – mais il est essentiellement un auditeur tout du long, ne prenant véritablement la parole, et pour trancher l’affaire, que dans les toutes dernières pages. Avant cela, il a en quelque sorte la position du lecteur, et écoute attentivement le récit qui lui est fait par un jeune homme anglais du nom d’Arthur Vézin (oui, oui, il est anglais) de ses aventures étranges dans un petit village français où il s’est rendu sur un coup de tête. Là-bas, les chats sont étonnamment nombreux – et les habitants étonnamment félins ; de fait, la nouvelle use et abuse du champ lexical associé, d’une manière qui m’a semblé un chouia grossière – d’autant que John Silence intervient lui-même pour attirer l'attention sur ce point. Quoi qu’il en soit, notre jeune Anglais est sous le charme, et c’est bien le cas de le dire… car une minette est forcément de la partie. Mais sous cette façade simplement troublante se dissimule une histoire plus sombre, un héritage secret d’un passé sordide, à même de faire frémir… Et, en fait de coup de tête, rien, dans le comportement d’Arthur Vézin n’est dû au hasard – et John Silence d’en rajouter une couche à base de réincarnation, thème hyper-blackwoodien que l’on retrouvera plus loin dans le recueil, pour clôturer l’histoire. Des chats partout, un village mystérieux dont tous les habitants ont quelque chose de non humain, des rituels secrets, un « héros » sous l’emprise d’un sortilège et qui se voit révéler sa généalogie trouble… Ouais, Lovecraft aurait attribué un pouce vers le haut à cette nouvelle. Peut-être aussi Tourneur et Lewton, dans un registre différent. Et c’est une bonne nouvelle, mais je dois dire qu’elle m’a tout de même un brin déçu… Il y a peut-être, ici, quelques défauts de construction ? La mise en place est longue, ce qui rend d’autant plus sensible l’abus des allusions félines, et la bascule du charme à la sorcellerie vire au grotesque, ce qui peut être bien comme mal, c’est selon. L’ambiance est intéressante, mais pas à la hauteur, en ce qui me concerne, des plus grands chefs-d’œuvre de Blackwood, tels « Les Saules », « L’Homme que les arbres aimaient » ou « Le Wendigo », ou même de textes un cran en dessous comme « Le Camp du chien » (une autre nouvelle figurant John Silence, tiens).

 

La novella suivante, « Max Hensig », est assez déconcertante – mais aussi très captivante, probablement celle que j’ai préférée dans ce recueil. Sa distinction essentielle est qu’il ne s’agit pas, cette fois, d’un récit fantastique à proprement parler : le surnaturel en est totalement absent, et Blackwood nous concocte plutôt une sorte de thriller avec quelques bases vaguement scientifiques – mais ça fonctionne très bien ! C’est aussi un récit qui a une part autobiographique poussée, et à son avantage : la vie de Blackwood, et surtout sa jeunesse, a été assez mouvementée et l’a vu exercer bien des professions parfois incongrues – mais, pour un temps, il a été journaliste à New York, ainsi que le personnage point de vue de cette histoire ; pas toujours le plus sympathique des bonshommes, à vrai dire, et par ailleurs quelqu’un qui, comme tous ses collègues, boit probablement trop, car il boit tout le temps et prétend en dernière mesure y trouver la force pour triompher de l’adversité (un discours totalement pathologique mais qui se tient étrangement dans l’atmosphère de cette nouvelle), quand il ne se tourne pas vers la cocaïne. La dépiction précise par Blackwood de ce milieu social et professionnel et de ses à-côtés sordides fait partie des principaux atouts de cette novella – et elle me confirme dans le sentiment que Blackwood avait quelque chose de plus « moderne », dans le ton du moins, mais aussi éventuellement dans le fond, que ses contemporains tels Arthur Machen, M.R. James ou H.P. Lovecraft, plus… « aristocratiques » ? Quoi qu’il en soit, notre journaliste est amené à enquêter sur un médecin d’origine allemande, Max Hensig, accusé d’avoir tué sa femme avec du poison. Il y va à reculons, tout cela l’ennuie profondément, mais il n’a guère le choix, ayant été sommé de pondre un article sur le sujet, dans la veine sensationnaliste (et très éphémère) de la presse new-yorkaise qui l’emploie. Seulement voilà : procès ou pas, Max Hensig inspire bientôt à notre journaliste le plus profond dégoût – il a la conviction que cet homme détestable, cynique, méprisant, qui clame son innocence mais pour les motifs les plus incongrus, tout en affichant sa supériorité intellectuelle justifiant son amoralité, a en lui quelque chose de profondément maléfique, et qu’il serait bon de s’en débarrasser une bonne fois pour toutes… Aussi multiplie-t-il les articles à charge. Mais Max Hensig est acquitté, faute de preuves, il échappe à la chaise et retourne en Allemagne… avant de revenir aux Etats-Unis et d’y tomber « par hasard » sur notre journaliste. Bien sûr, celui-ci sait que la vérité est tout autre : l’empoisonneur est là spécialement pour lui, et il compte bien se venger de la plus horrible des manières ! Oui, « Max Hensig » est une sorte de thriller, mais qui fonctionne magnifiquement bien, pour le coup, avec des scènes dont la tension est palpable, véritablement matérielle, le jeu du chat et de la souris entre le criminel et le journaliste s’avérant d’une perversité fascinante. Je n’attendais pas Blackwood dans ce registre, mais j’ai été conquis.

 

Puis nous avons « L’Indiscret » (« The Listener »), nouvelle d’un format intermédiaire, et qui est somme toute une classique histoire de maison hantée. Ce qui la distingue et lui confère tout son effet, c’est sa forme épistolaire – plus exactement, nous lisons les entrées d’un journal intime, d’un personnage qui s’affiche d’emblée mentalement instable, et qui vient d’emménager dans un appartement au loyer étonnamment modeste ; là, il espère pouvoir écrire, car tel est son métier, et cet espoir ne se réalisera guère – mais il compte peut-être bien davantage y trouver le moyen de fuir la société londonienne qu’il juge bien trop envahissante ; seulement il reçoit bel et bien des visites ennuyeuses… d’un précédent locataire, peut-être ? La force de la nouvelle réside dans son ambiance très travaillée, et dans cette forme épistolaire – que le narrateur soit souvent désagréable, et un peu ridicule, y contribue beaucoup, dans une veine au fond pas si éloignée de celle de « Max Hensig ». Sous cet angle, cette classique histoire de maison hantée fonctionne bien. J’y mettrais tout de même un bémol : la chute, que l’avant-propos (de Jacques Parsons, je suppose ?) affirme être « particulièrement terrifiante », m’a paru bien fade – au point où je me suis demandé si je n’étais pas passé à côté de quelque chose ; mais a priori, non… Bon. Dernière chose à noter : le motif plus ou moins affiché d’une histoire qui se répète peut nous ramener indirectement à la thématique de la réincarnation, là encore – c’est moins frontal que dans « Sortilèges et métamorphoses » ou, plus loin, « Migrations », mais c’est décidément un fil rouge du recueil comme, au-delà, d’une part non négligeable de l’œuvre d’Algernon Blackwood.

 

Le recueil se conclut sur deux histoires bien plus courtes – et sans doute plus anodines, si pas inintéressantes. Nous avons tout d’abord « Confession », qui est une histoire de fantômes relativement classique là encore. Sa force réside dans son ambiance, très travaillée, le brouillard londonien lui conférant d’emblée quelque chose de vaguement surréaliste, et c’est certes un climat idéal pour croiser des fantômes. À cet égard, les développements ultimes du récit, qui conduisent le narrateur sur la scène d’un drame, ne me paraissent guère importants, s’ils sont bien tournés, ou professionnellement, en tout cas. Le brouillard et ce qu’on y croise, une femme désespérée en l’espèce, voilà ce qui compte, et qui rend cette nouvelle touchante.

 

Reste enfin « Migrations » (« Wayfarers »), nouvelle qui met plus que tout autre en avant le thème de la réincarnation. Le personnage point de vue, suite à un accident automobile, a le sentiment de revivre des événements antérieurs, ou bien de voyager dans le temps – en même temps, cette expérience troublante le confronte à ses désirs inavoués portant sur la femme d’un ami… Cette nouvelle me paraît devoir être scindée en deux parties, approximativement : la première, qui voit le héros vivre cette expérience de métempsycose, est remarquable, très habile dans sa manière de susciter l’ambiguïté – et très « moderne », là encore ; mais la seconde, qui affiche plus frontalement cette idée d’un amour maudit de génération en génération, use d’un ton beaucoup plus grandiloquent, baroque même, avec des éclats mystiques, qui pourrait faire penser à un Dunsany en petite forme ou à un Lovecraft tentant de faire du Dunsany en petite forme, et ce contraste ne me paraît pas satisfaisant. Dommage… Mais la nouvelle n’est pas inintéressante, cela dit. Oui, il y a quelque chose, dans son ambiance, dans son dispositif, dans ses personnages…

 

Migrations est un très bon recueil, à n’en pas douter. Pourtant, je crois donc que je le classerais un peu en dessous par rapport à mes précédentes lectures d’Algernon Blackwood. Même si j’ai beaucoup aimé « Max Hensig », notamment, je n’ai pas le sentiment d’avoir lu dans ce recueil quelque chose d’aussi époustouflant que « Les Saules » ou « L’Homme que les arbres aimaient ». Et, même avec leurs défauts, des nouvelles telles que « Le Wendigo » ou même « Le Camp du chien », me paraissent bien autrement séduisante.

 

Mais je remarque ici quelque chose : ce qui unit les quatre récits que je viens de citer, c’est leur cadre de nature sauvage – or celui-ci est à peu près totalement absent du présent recueil, si l’on y trouve quelques très vagues allusions dans la dernière nouvelle. De manière générale, tout est plus urbain, ici – même à la mesure d’un petit village français perdu dans les champs. Peut-être cela a-t-il joué, donc – ce cadre sylvestre me manquant. Cela dit, même sans cela, l’ambiance est toujours très travaillée dans ces nouvelles d’Algernon Blackwood, et le smog de « Confession » colporte de beaux mystères, en même temps que le naturalisme, si l’on ose dire, de « Max Hensig », produit à sa manière des pages également fortes.

 

Alors le constat demeure, de lecture en lecture : Algernon Blackwood était un génie, un grand maître de la littérature fantastique (voire un peu au-delà, puisque « Max Hensig », donc). Je trouve désespérant que son œuvre soit aussi difficile à se procurer en français de nos jours, en dehors du seul (et excellent) recueil L’Homme que les arbres aimaient, chez L’Arbre Vengeur, que je vous engage vraiment à vous procurer si ce n’est pas déjà fait. Il mériterait assurément bien plus !

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