Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #gaunt's ghosts tag

Ghostmaker, de Dan Abnett

Publié le par Nébal

Ghostmaker, de Dan Abnett

ABNETT (Dan), Ghostmaker, in ABNETT (Dan), Gaunt’s Ghosts, vol.1: First and Only – Ghostmaker – Necropolis, Nottingham, Games Workshop – Black Library, coll. Warhammer 40,000 – Gaunt’s Ghosts, [2000] 2016, [édition électronique]

Retour aux romans Warhammer 40,000, et plus précisément à la série « Gaunt’s Ghosts », avec le deuxième volume, toujours signé Dan Abnett : Ghostmaker (en françouais faiblard simplement Les Fantômes). Comme son prédécesseur First and Only, je l’ai lu dans un omnibus reprenant les trois premiers titres de la saga, éventuellement rassemblés sous le titre de « trilogie de la Fondation » (mais c’est pas exactement du Asimov – boum takatakatak boum piou-piou blam). First and Only, ceci dit, ne m’avait pas forcément hyper emballé… Mais voilà : Ghostmaker encore moins. Et là ça devient quand même sacrément problématique.

 

La structure de Ghostmaker est un tantinet tordue, même si rien d’insurmontable – le truc, c’est que le bouquin est en fait une sorte de fix-up, et il semblerait bien que ce soit le cas au sens strict, c’est-à-dire que Dan Abnett y aurait rassemblé plusieurs nouvelles antérieures, consacrées aux différents membres du régiment des Fantômes de Gaunt, avec un vague liant pour en faire un roman. Ce qui ne marche pas hyper bien, des fois…

 

La structure, disais-je : Ghostmaker n’est pas, ou pas totalement, la suite de First and Only ; après une mise en bouche bien terne et qui n’appelle pas vraiment à beaucoup de développements (enfin, j'y reviendrai brièvement quand même), on commence véritablement le roman en remontant en arrière, au moment crucial de la fondation du régiment, sur Tanith, précisément quand, suite à une bêtise du commandement de la croisade dans les mondes du Sabbat, les forces du Chaos déboulent sans prévenir et ravagent la planète. L'anéantissent, même... Bizarrement, cet événement séminal est ici traité de manière très expéditive. Il y a tout de même deux moments clefs : quand le « gamin » Milo laisse de côté ses binious pour sauver Ibram Gaunt, et quand votre commissaire préféré récompense la quasi-mutinerie de son régiment à peine formé avec les débris de ce qui restait, en filant des grades à ceux qui étaient venus se plaindre auprès de lui de ce qu’il les avait privés de l’honneur de mourir pour Tanith (bande de crétins…) ; se plaindre, oui, et plus si affinités – ou plutôt le contraire... Mais c’est ainsi que le gentil Corbec devient colonel, et le vilain Rawne major, de manière passablement invraisemblable ; dans Ghostmaker plus encore que dans First and Only, on insiste beaucoup sur la relation amour/haine entre Gaunt et Rawne, qui laisse présager d’un moment dans la série, plus ou moins lointain, où le major butera le commissaire, ou sans doute plus exactement tentera de le faire, à moins qu’il ne trouve la rédemption d’une manière ou d’une autre. Dans les deux cas, ce serait de toute façon lourdingue… et ça l'est déjà.

 

Mais, rétrospectivement, on peut si l’on y tient remonter aux premières scènes hors Tanith : l’idée, qui perçait déjà dans First and Only, c’est bien sûr que, même dans ces conditions impossibles, Gaunt a su faire des survivants de Tanith un vrai régiment, très efficace, notamment dans les missions de repérage et d’infiltration, et a également su, ce qui était au moins aussi compliqué, s’attirer le respect puis éventuellement la sympathie de ses hommes.

 

Et c’est là qu’on en arrive au gros du roman, le fix-up à l’intérieur, dont le propos est de s’attarder sur chacun des principaux membres du régiment, au fil de récits les mettant individuellement en valeur, récits qui obéissent à une progression a priori chronologique des théâtres d’opérations : les premiers, sauf erreur, renvoient à une époque antérieure aux événements de First and Only, mais, progressivement, telle ou telle allusion nous laisse entendre que les récits les plus tardifs ont cette fois lieu après le premier roman de la série. Cette structure, en définitive, prolonge plus qu’elle ne contredit le principe de base, très « film de guerre », de la « bande de frères d’armes », répétitif mais indéniablement approprié dans le contexte de cette série focalisée sur un régiment.

 

Par ailleurs, ces « nouvelles » sont (vaguement) liées entre elles par des événements cette fois clairement postérieurs à First and Only : l’assaut de la croisade sur Monthax, un monde du Sabbat totalement ravagé par le Chaos. J’y reviendrai en fin de chronique, mais, pour l’heure, il faut surtout noter que les très brèves séquences de transition, qui ont lieu juste avant Monthax (au stade du transit, eh, et de la préparation), ou sauf erreur déjà durant l'assaut (?), ces séquences donc ont avant tout pour fonction, systématiquement, d’introduire le personnage qui sera au cœur de la « nouvelle » qui suivra immédiatement ; mais la dernière de ces histoires individuelles constitue en même temps une introduction bien plus marquée et cruciale, à l’ultime chapitre, consacré à la plus folle bataille jamais menée par le régiment de Tanith (en attendant comme de juste la suivante).

 

Mais cette structure, très mécanique finalement, n’est pas sans défauts, et de deux ordres : le premier, qui n’a rien d’inattendu dans un fix-up, est la disparité des récits le composant – certains sont bons, d’autres beaucoup moins… Et c’est lié, parfois (souvent ?), à l’intérêt intrinsèque du personnage au cœur du récit. Larkin, éventuellement Bragg ou Corbec, ou Mkoll ou le médecin Dorden, l’aide de camp Milo sans doute, peuvent susciter d’emblée mon attention, et gagner en caractère grâce au traitement particulier de Ghostmaker – ça m’a particulièrement frappé dans la « nouvelle » consacrée à Larkin « le fou », car sa folie n’était jusqu’alors pas vraiment palpable : elle le devient ici, mais avec ce qu’il faut d’ambiguïté pour assurer que le personnage y gagne bel et bien individuellement, sans devenir incohérent dans le contexte du régiment ; clairement, cette histoire a été mon moment préféré dans Ghostmaker – quand le sniper est confronté à ses démons, patientant auprès de la statue d’un ange… qui a l’idée saugrenue de lui parler, et de questionner ses intentions. C’est une bonne histoire – et, indépendamment de la structure de Ghostmaker, c’est une bonne nouvelle.

 

« Try Again » Bragg gagne en épaisseur, si l’on ose dire, dans un récit très madmaxien à l’ambiance assez soignée – il s’agit avant tout de nous montrer que le bonhomme n’a rien d’un imbécile, même si tout le monde sauf Gaunt semble le croire ; dans l’absolu, on va dire que ça n’est pas très très subtil, hein, mais ça fonctionne.

 

Corbec, lui, demeure le type plutôt sympa, mais plutôt malin, aussi – au sens où il sait compter avec les circonstances ; un talent tactique qui justifie en définitive son grade. Ghostmaker donne vaguement l’impression de se répéter plus tard avec l’histoire assez proche consacrée à Caffran… sauf que cette fois on a l’impression que c’est la stupidité qui paye, et ça ne joue pas exactement en sa faveur. « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », admettons, mais là… Plus sympathique, il y a certes Dorden, mais, plus encore que pour Corbec, ce récit qui lui est consacré n’apporte finalement rien de neuf : il est Dorden, bon…

 

Mais si Rawne, un personnage que je n’apprécie donc pas, s’en tire plutôt pas si mal du seul fait que le cadre de son histoire est cool (un monde enneigé, un océan de glace même, et des Orks dans la tempête), certains personnages qui m’intéressent bien davantage ne bénéficient pas forcément plus que ça du traitement Ghostmaker, ceci parce que les histoires les concernant peinent à convaincre : Mkoll, par exemple, l’éclaireur, met certes en avant la compétence du Premier et Unique Régiment de Tanith dans son domaine, et ça change agréablement des brutes qui tirent en rafale en permanence, mais son histoire est pour le coup un peu trop badass – ce qui nous ramène d’ailleurs à d’autres séquences, antérieures, où les hommes de Gaunt massacrent du space marine du Chaos bien trop facilement ; si les plus redoutables soldats de la galaxie peuvent être abattus aussi aisément, quel est leur intérêt ?

 

C’est un problème assez similaire qui se pose concernant Milo – que nous sommes portés à suspecter d’être un psyker non déclaré depuis le premier tome ; l’arnaque à laquelle il participe est plutôt sympa sur le moment, c’est classique mais bien fait et même assez jubilatoire, mais l’enseigne se débarrasse bien trop facilement, par la suite, de l’attention menaçante de l’inquisitrice Lilith (un personnage très décevant de manière générale), et le « truc » qu’il révèle (hypocritement, peut-on supposer) suffit à la leurrer quand il ne leurre pas un lecteur en tant que tel censément bien plus crédule...

 

Mais je parlais d’un défaut d’un second ordre… et il est bien autrement gênant, car il agit sur la durée. En effet, la mise en valeur de tous ces personnages passe systématiquement par de longues scènes de bataille – Milo (comme de juste, il n'est alors pas soldat) est la seule exception dans tout le roman. Et, oui, OK, je suis au courant, merci : 1°) c’est du Warhammer 40,000, et 2°) c’est du « Gaunt’s Ghosts », donc une série focalisée sur un régiment, dans un monde où (jingle) il n’y a que la guerre. Mais là c’est tout de même lassant – parce qu’il n’y a vraiment que de ça du début à la fin (Milo excepté, donc).

 

C’est d’autant plus lassant que le traitement très « premier degré » de Dan Abnett, certes à propos dans le contexte facho++ de Warhammer 40,000, devient vite étouffant, pénible, creux (le style très utilitaire et en même temps démonstratif de l’auteur en rajoutant une couche). Récemment, je vous causais de Fulgrim, de Graham McNeill, qui était autrement plus malin (et divers) à cet égard – mais, en outre, les batailles narrées dans ce cinquième tome de « The Horus Heresy » étaient bien autrement palpitantes, et variées, que celles que l’on subit tout au long de Ghostmaker…

 

D’autant que le bonhomme Abnett est semble-t-il porté à se répéter de roman en roman : ici encore, comme dans First and Only juste avant bordel, une part non négligeable de « l’intrigue globale » (peut-être un bien grand mot ici) tourne autour de la rivalité meurtrière entre les Tanith et un autre régiment, en l’espèce le « Royal Volpone », des « sangs-bleus » qui se la pètent grave, et indirectement les artilleurs de Ketzok – si le rôle, contraint et forcé, de ces (pauvres) derniers produit quelques scènes intéressantes, je dois avouer que les gniards militaires qui s’entretuent dans le bac à sable, à force, je vais avoir du mal, hein… Là, ça commence, quand même...

 

Le grand chapitre final ne se montre pas beaucoup plus convaincant, hélas, voire bien moins encore. Cette énième bataille, en dépit de son caractère surréaliste-badass affiché (au point en fait où les cadres de l’administration impériale la passeront sous silence, et donc par là même les exploits les plus invraisemblables des Fantômes de Gaunt), pèche par trop d’endroits : une vague malhonnêteté concernant les participants (qui m’a d’ailleurs rappelé, par sa lourdeur roublarde, le MacGuffin sempiternellement retardé de First and Only), des personnages pas à la hauteur de leur rôle supposé (Lilith en tête), ce genre de choses…

 

En fait, c’est sans doute que nous sommes à nouveau confrontés à une mécanique très (trop) apparente, car cette grande scène obéit à des motifs flagrants, qui feraient sens dans l'absolu, mais qui sont plus ou moins habilement mis en scène, et plutôt moins que plus hélas. Il s'agit, pour partie, de rapprocher en dernier recours les Tanith et les Royal Volpone (sinon, ça aurait vraiment été exactement comme dans First and Only), mais surtout, du fait d’une diablerie de psykers, de donner aux Fantômes de Gaunt l’occasion de se battre pour Tanith – même si ça n’est qu’une illusion. Ce qui nous renvoie bien sûr au début du roman, et « justifie » en dernier ressort les histoires des différents Fantômes de Gaunt, pour assurer en définitive leur compétence, leur unité, leur fraternité. Une idée intéressante dans l'absolu – mais traitée aux gros sabots, et ça ne convainc donc guère.

 

First and Only était une déception relative – Ghostmaker est à nouveau une déception, mais on peut faire sauter le qualificatif charitable, cette fois… Le divertissement bourrin est certes bourrin, et c'est peu dire, mais ne divertit guère. Larkin et sa statue ne sauvent pas les Fantômes de Gaunt, à cet égard. Conséquence : Necropolis, le tome suivant, sera celui de la dernière chance. Heureusement, j’en ai lu du bien à peu près partout, voire plus que ça. Alors espérons...

Voir les commentaires

First and Only, de Dan Abnett

Publié le par Nébal

First and Only, de Dan Abnett

ABNETT (Dan), First and Only, in ABNETT (Dan), Gaunt’s Ghosts, vol.1: First and Only – Ghostmaker – Necropolis, Nottingham, Games Workshop – Black Library, coll. Warhammer 40,000 – Gaunt’s Ghosts, [1999] 2016, [édition électronique]

C’est l’été.

 

(Je ne sais pas si vous êtes au courant.)

 

Et l’été, plus le Nébal dégouline de sueur, et gémit quand le Coca Zéro vient à manquer, plus il a envie de lire des trucs de bourrin.

 

Ça arrive.

 

L’été.

 

(Surtout…)

 

Bon, et là, mes camarades m’ont contraint et forcé (tu parles…) à me replonger dans l’univers de Warhammer 40,000 – cet univers délicieusement fasciste et qui sent le mâle. Et que j’adore. Très sincèrement. Là, je suis PJ depuis peu à Rogue Trader, ce qui m’a aussi donné l’envie de lire enfin Black Crusade… et, oui, de me remettre aux romans de la Black Library. Oui. Il y a quelque temps de cela (tiens, c’était l’été), je m’étais lu les quatre premiers volumes de la considérable saga « L’Hérésie d’Horus », et, ma foi, ça m’avait bien plu, dans l’ensemble. Suffisamment pour que je souhaite retenter l’expérience.

 

Cependant, si je m’y remets petit à petit (là, je suis en train de lire le cinquième volume, Fulgrim, de Graham McNeill, et pour le moment ça se passe très bien), j’avais quand même une vague frustration à l’égard de… ben, l’univers de cette série. Car elle décrit un moment clef (et qui s’étend pas mal) de l’histoire de Warhammer 40,000, mais, eh, justement, elle se déroule dix mille ans avant le quarante-et-unième millénaire – ce n’est donc pas vraiment l’univers arpenté dans les divers jeux de rôle et de figurines, etc., mais sa colossale introduction (ou préquelle si vous y tenez).

 

Là, j’avais justement envie de cet univers de jeu, avec l’empereur-charogne qui n’a pas bougé de son trône d’or depuis dix mille ans, et avec sa si charmante Inquisition, ce genre de choses – le véritable univers Warhammer 40,000, Facho++. J’ai fait appel à Ceux Qui Savent, lesquels, hors « Hérésie d’Horus », m’ont suggéré pour l’essentiel deux pistes : d’abord (et surtout ?), la série des « Fantômes de Gaunt », à vue de nez la plus connue de la Black Library avec, eh, « L’Hérésie d’Horus », et, moins ultra-militaire, la série « Eisenhorn » ; et, dans tous les cas, à la base du moins, c’est du Dan Abnett – probablement l’auteur le plus connu et vendeur de romans Warhammer 40,000.

 

À vrai dire, lire « Les Fantômes de Gaunt » me chatouillait depuis quelque temps déjà – c’est un titre que j’ai souvent croisé… Et, du coup, hop – avec l’omnibus de la trilogie originelle (dite ultérieurement de « La Fondation »), mais en version anglaise ; pas pour la pureté du style, hein, mais j’avais quand même souffert avec certaines traductions des premiers volumes de « L’Hérésie d’Horus », à l’époque, alors…

 

Et donc, aujourd’hui, First and Only – c’est-à-dire Premier et Unique (ah ?) dans la langue de Guillaume Musso.

 

Du gros space op’ militaire – la version avec des uniformes sympa en cuir, casquettes, galons, tout ça, plutôt que les grosses méga-armures des Astartes ; ça défouraille quand même pas mal.

 

Gaunt, donc – Ibram, de son prénom. Le bonhomme n’est pas un officier de la Garde Impériale comme les autres. Bon, déjà, c’est à la base un commissaire politique, alors on évitera de le faire chier sur la doctrine. Mais, en même temps, et c’est beaucoup plus singulier à vrai dire, tout fanatique de la cause impériale qu’il soit, Gaunt a un horrible défaut : il accorde de l’importance à la vie de ses hommes (on évitera de dire « à la vie en général », faudrait voir à pas déconner non plus). Ses collègues, et ses supérieurs, n’ont guère pour habitude de s’en embarrasser ; l’armée impériale est une énorme machine, elle compte des millions, peut-être des milliards de soldats divers et variés – dans un immense théâtre d'opérations à l'échelle de la galaxie ; autant dire qu’elle peut le plus souvent se permettre de sacrifier des régiments entiers, à ce stade simples objets statistiques ; et, a fortiori dans cet empire beaucoup trop grand et beaucoup trop complexe, même les statistiques, on a du mal à en tenir le compte. Alors où est le problème ? Il n’y a pas de problème.

 

La stratégie, pour certains officiers supérieurs, obéit en fin de compte à des principes agréablement simples : on envoie les pioupious au front par paquets de trouze, on écrase les rebelles/les xénos/les disciples infâmes des Puissances de la Ruine sans regarder à la dépense en vies humaines, et on monte en grade, suffit de ne pas manquer de respect à l’inquisiteur de passage. Le supérieur de Gaunt, là, c’est d’abord le Lord-Général Hechtor Dravere, et c’est un joyeux archétype de ces aimables philanthropes. Il y a littéralement « GROS CONNARD » écrit sur son armure. Et il a de l’ambition, le bougre – frustré de ne pas avoir hérité du méga-commandement de la croisade lancée contre les forces du Chaos dans les Mondes du Sabbat il y a déjà dix ans de cela, il est à l’affût du moindre avantage qui lui permettrait de monter, monter, monter, comme la sève, quoi (en tout bien tout honneur).

 

Gaunt n’a rien d’un tendre. Le bonhomme est à vrai dire plutôt froid. Mais il prend en compte la vie de ses hommes, oui. Dingue, ça… Faut dire, il ne s’agit pas de n’importe qui non plus ! Gaunt a fait ses premières armes avec les régiments d’Hyrkan de la Garde Impériale, et s’en est ma foi plutôt bien sorti, mais on l’a affecté depuis au régiment de Tanith – oui, « au », au singulier : le Premier et l’Unique. Car la planète Tanith s’est fait défoncer la gueule pile au moment de la Fondation du régiment – les Tanith qui en font partie, eh bien, sont les seuls Tanith qui restent… Raison de plus pour éviter de faire n’importe quoi avec leurs vies, hein ?

 

Mais, rassurez-vous, ils sont quand même beaucoup moins mignons que… des pandas mignons, disons.

 

Non, ce ne sont pas des pandas mignons.

 

Non.

 

Ce sont des militaires – et des bons. D’autant que, sous le commandement avisé de Gaunt, ils se sont fait une spécialité des opérations demandant, sinon du tact, du moins de la discrétion. Ils font de bons éclaireurs, et de bons chasseurs. Ils sont donc des fantômes, et ceux de Gaunt, à deux titres : leur monde est mort, et ils frappent sans être vus (dans l’idéal).

 

Dès lors, entre Gaunt et ses hommes, nous avons droit à absolument tous les clichés du film de guerre quand il se focalise sur une petite compagnie de frères d'armes. Bon, c’est le jeu… Notez, Dan Abnett ne s’en tire pas si mal : Gaunt est plutôt un bon personnage, et, à l’occasion, il parvient effectivement à sortir ses braves pioupious de l’anonymat des statistiques – ce qui devrait bel et bien être le propos, au moins pour partie. J’espère quand même que ça s’améliorera par la suite, parce que là c’est encore assez limite…

 

Quoi qu’il en soit, Gaunt a quelques soucis. En effet, comme le disait le Philosophe, « autant j'suis pas pas pour dire du mal des cons quand ça se voit, autant on va pas parler des cons sans faire un détour par les militaires ». Et, dans la Garde Impériale, il y a beaucoup de cons – de vrais gamins, en fait, à « l’honneur » chatouilleux. Dravere n’aime pas Gaunt – mais le régiment des Patriciens Jantins, notamment, et tout d’abord son chef Draker Flense, le hait purement et simplement ; on se doute qu’il y a une très mauvaise raison derrière tout ça, et, oui, bravo, vous avez exactement deviné laquelle (ce roman est incroyablement prévisible, dans son côté « formule », j'y reviendrai). Et ça dégénère bien vite : les régiments de la Garde Impériale se haïssent tellement, en fait, qu’ils sont prêts à saboter des opérations d’envergue pour régler leurs petits comptes de sales gosses – au point à vrai dire où c'est le roman lui-même qui devient un peu trop puéril.

 

Et ça, tout inquisiteur vous le dira, c’est mal.

 

C’est de l’hérésie.

 

Enfin… Tout bon inquisiteur vous le dira. Parce que – je frémis rien qu’à l’écrire, la suspicion d’hérésie pèse sur moi, et elle vaut comme de juste condamnation en vertu du saint principe de la présomption de culpabilité – il y a des bons inquisiteurs, et des mauvais inquisiteurs ; le mauvais inquisiteur… Bon, je vais pas vous refaire le sketch. Toujours est-il qu’il y a là un inquisiteur sacrément mauvais – et lié à Dravere. Et Gaunt, par des voies détournées, découvre l’existence d’un COMPLOT au sein de la Garde Impériale, du moins dans la croisade des Mondes du Sabbat – un complot qui pourrait dégénérer très vite, si les indélicats en question mettaient la main sur une découverte incroyable… Une arme secrète d’une puissance telle… qu’elle corromprait aussitôt qui serait assez fou pour en faire usage.

 

Et là, sachez qu’en parallèle je relis Le Seigneur des Anneaux, et que, bizarrement, Tolkien s’en tire beaucoup mieux que Dan Abnett, là.

 

Bizarrement.

 

Car, pour le coup, là aussi la formule est trop évidente, trop visible – parfois même agaçante, quand Dan Abnett abuse de son MacGuffin en multipliant les fins de chapitre en forme de pseudo-cliffhangers du genre : « Cette découverte est vraiment extraordinaire ! C’est terrible ! Je n’ose le dire ! » Et il n’ose le dire bien trop longtemps, très artificiellement – quand vient le moment de révéler la chose, du coup, ben, ça tombe forcément un peu à plat.

 

Et ce n’est hélas pas le seul procédé du genre. L’exploration récurrente du passé de Gaunt, et indirectement de ses ennemis (notamment pour ce qui est de la rivalité entre Gaunt et Flense…), produit le même effet.

 

Et la dimension « prophétique » de l’implication de Gaunt est aussi lourde que vous pouvez le supposer.

 

Enfin, les scènes de batailles sont très nombreuses (je savais à quoi m'attendre, hein, c'est le jeu, mais là c'est peut-être un chouia excessif quand même à mes yeux)... et pas des plus palpitantes, en fin de compte, ce qui est davantage problématique.

 

Oh, et je ne vous parle même pas de l'identité vach'ment surprenante du pion de l'inquisiteur.

 

Autant dire les choses, dès lors : ce premier tome des « Fantômes de Gaunt » n’est vraiment pas fameux. Ou pas très bon. Voire même limite mauvais. Bon, ça se lit raisonnablement bien, c’est fait pour, mais vraiment sans enthousiasme débordant. À ce compte-là, First and Only, me concernant, est clairement une déception – pas à la hauteur de la bonne réputation de ce cycle chez les amateurs de Warhammer 40,000.

 

Ce qui, cependant, ne me dissuadera pas de lire la suite – c’est l’été, et je suppose que la série a pu prendre son envol ultérieurement. Reste que je m’attendais à mieux – et que la licence Warhammer 40,000 peut faire bien mieux, sans l'ombre d'un doute ; d’ailleurs, comme je le notais plus haut, j’ai depuis entamé la lecture de Fulgrim, de Graham McNeill, et, pour le moment en tout cas, ça n’est pas seulement (bien, bien) meilleur, c’est tout à fait recommandable et palpitant – y compris les scènes de batailles, bien plus réussies. Et, à vrai dire, de manière générale, c'est autrement plus malin, même avec des bourrins d’Astartes pour personnages : il y a un fond, figurez-vous, et très intéressant. Le roman de Dan Abnett n'est pas tant malin que roublard, lui, et la connotation est tout autre…

 

Alors, First and Only ? Franchement, au mieux bof, et probablement même pas… La suite quand même un de ces jours, avec Ghostmaker (Les Fantômes dans la langue de Stéphane Bern). En en espérant davantage.

 

(Fach... Fait chaud, hein ?)

Voir les commentaires