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Articles avec #nebal lit des bons bouquins tag

"Sur des mers plus ignorées", de Tim Powers

Publié le par Nébal

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POWERS (Tim), Sur des mers plus ignorées, [On Stranger Tides], traduit de l’anglais (États-Unis) par France-Marie Watkins, Paris, Bragelonne – Milady, [1988] 2011, [édition numérique]

 

Pfff…

 

Bon, je vais pas vous mentir et bricoler un compte rendu d’une honnêteté douteuse en pompant des éléments à droite à gauche (enfin, surtout à gauche, on ne se refait pas) : j’ai été une fois de plus victime d’un trou de mémoire. Mais un méchant, là ; à tel point que je ne me souvenais quasiment de rien concernant ce roman de Tim Powers ; seulement que je l’avais lu (oui), et que sur le moment j’avais trouvé ça sympa.

 

Alors je pourrais m’étendre sur les liens entre Sur des mers plus ignorées et la série « Pirates des Caraïbes » (qu’il a largement inspiré, officieusement d’abord, officiellement pour le quatrième épisode), voire évoquer (ça s’est vu) les « Monkey’s Island » (et j’ai effectivement de vagues souvenirs comme quoi ce serait pertinent, maintenant que j’y repense) ; je pourrais combiner un résumé en pompant comme un taré, parler de vaudou et de fontaine de jouvence, etc., mais ça ne serait pas d’une grande utilité : après tout, tout ça, vous pouvez le lire ailleurs.

 

Donc, je vais en rester là : Sur des mers plus ignorées m’a paru sympa sur le coup, mais j’en ai tout oublié un à deux mois plus tard ; est-ce que cela tient au roman en lui-même (c’est possible) ou à mon état personnel ces derniers temps (c’est probable), je n’en sais rien et ne le saurais probablement jamais. Mais voilà : trou noir.

 

J’en ai marre…

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"Daemone", de Thomas Day

Publié le par Nébal

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DAY (Thomas), Dæmone, Saint-Mammès, Le Bélial’, [2011] 2012, [édition numérique]

 

Les Thomas Day se suivent et ne se ressemblent pas (et c’est tant mieux). Entre La Maison aux fenêtres de papier et This Is Not America d’une part, et Du sel sous les paupières et Women In Chains d’autre part, j’avais laissé passer ce Dæmone, réédition augmentée du court roman Les Cinq Derniers Contrats de Dæmone Eraser. Avec ce roman indépendant prenant place dans le « cycle des Sept Berceaux », « l’histoire du futur » de l’auteur, celui-ci fait dans la science-fiction régressive, définitivement adolescente, mais avec ce qu’il faut de sexe et de sang (eh : c’est du Thomas Day, quand même). Tout juste ce qu’il me fallait, là, présentement. Alors hop (et plus vite que ça).

 

Il a été David Rosenberg. Il est mort. Il est maintenant Dæmone Eraser, un terrible gladiateur également connu sous le nom de « Golem de New Edo ». Une machine à tuer… mais pas totalement dénuée de sentiments. C’est qu’il aime toujours Susan, à l’heure actuelle en animation suspendue. Et il ferait tout (ou presque) pour la « ressusciter ». Et c’est pourquoi il va conclure un pacte faustien avec Lhargo, le Guerrier du Temps insectoïde. Cinq derniers contrats. Cinq cibles à abattre. « Pas d’enfants. Pas d’innocents. » (Tapette ! Même pas drôle…) Le reste, pas de problème. Et Dæmone Eraser de se mettre en route pour son baroud d’honneur, accompagné de ses « gardes du corps » l’überkriegrische Kimoko, femme fatale s’il en est, et l’homme-chat Gilrein. Va y avoir du sport…

 

SPLATCH !

 

Disons-le tout net : ce n’est pas pour Dæmone que Thomas Day restera dans l’histoire, et il n’y fait pas vraiment dans la finesse. Il en fout partout, oui ! Et ma foi, du coup, il atteint parfaitement son but : faire une pure SF pop-corn, largement décérébrée, et – lâchons le mot fatidique – divertissante. Et il fait ça très bien. C’est court, c’est dense, et il est impossible de s’y ennuyer. Aussi la naïveté du propos (oui, il me semble qu’on peut parler de « naïveté », même si c’est entre une éviscération et une sodomie à sec) n’est-elle en rien gênante. Elle participe du côté très ado de ce joyeux délire baignant dans les fluides corporels. Et dès l’instant que le lecteur est prêt, lui aussi, à conclure ce pacte faustien, il aurait bien tort de se plaindre parce que Dæmone ne révolutionne pas la pensée occidentale. C’est pas le propos. On est ici pour s’amuser et en foutre partout. Foutons-en donc partout.

 

SPLATCH !

 

Yeah.

 

Il en reste un peu, là, au fond.

 

SPLATCH !

 

Quel fond ?

 

Voilà. C’est ça, Dæmone. C’est con comme un balai (mais pourquoi un balai serait-il particulièrement con ?), mais ça fait du bien par où ça passe. Aussi pardonnera-t-on bien des choses à Thomas Day (je parle du contenu de ce roman, pas de Du sel sous les paupières), parce que de temps en temps, régresser, c’est bien bon.

 

Oh les jolies couleurs !

 

SPLATCH !

CITRIQ

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"La Submersion du Japon", de Sakyo Komatsu

Publié le par Nébal

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KOMATSU (Sakyo), La Submersion du Japon, [Nihon Chinbotsu], édition adaptée et traduite par M. et Mme Shibata Masumi, Arles, Philippe Picquier, coll. Picquier poche, [1973, 1977, 1996, 2000] 2011, [édition numérique]

 

La science-fiction japonaise me rend curieux. Hélas, c’est pas évident d’en trouver de par chez nous. Mais s’il est un roman pour prétendre au titre de « classique » du genre, c’est probablement La Submersion du Japon de Sakyo Komatsu, qui me faisait de l’œil depuis pas mal de temps déjà.

 

La tectonique des plaques est une salope. Et elle pourrait bien, à terme, entraîner la disparition du Japon tout entier. C’est du moins le postulat de ce roman culte au Pays du Soleil Levant, qui nous invite à suivre plusieurs personnages confrontés à cet épineux problème. On en relèvera plus particulièrement trois : le pilote de bathyscaphe Onodera, le scientifique et spécialiste du volcanisme sous-marin Tadokoro, et enfin le mystérieux Watari, éminence grise qui semble tirer les ficelles de l’ensemble de la politique nippone. Ceux-ci, et bien d’autres, vont devoir ouvrir les yeux sur ce drame fou qu’est la disparition à terme de leur patrie.

 

Dès lors, tout s’enchaîne, avec un savoureux parfum de film-catastrophe des 70’s. Mais, disons-le tout net : si le succès de ce roman au Japon est fort compréhensible, tant son thème est prégnant, on ne saurait pour autant en faire une réussite. La forme pèche ; c’est rien de le dire, mais La Submersion du Japon est mal écrit (et/ou traduit ?). Et si on s’accroche, c’est au prix de bien des douleurs… Le roman est aussi maladroit que son thème est inquiétant et, des personnages plats au comportement parfois étrange au style général perclus de béquilles, on ne trouve pas grand-chose au final pour sauver le roman de Sakyo Komatsu. Une déception, du coup.

 

C’est d’autant plus regrettable que le thème est indéniablement fort ; aussi, de temps à autre, l’auteur touche juste malgré tout et parvient à faire vibrer une corde sensible. On ne saurait effectivement rester indifférent face au sort de ses compatriotes tel qu’il est décrit en ces pages ; cette « apocalypse partielle » suscite en effet bien des échos – les catastrophes ne manquent hélas pas qui, à terme, pourraient sonner le glas de l’archipel nippon.

 

Cependant, ainsi que j’ai déjà pu vous le faire entendre dans ces pages interlopes, c’est là un type de science-fiction que je ne peux tout simplement plus apprécier, et La Submersion du Japon n’atteint pas le niveau d’exigence que je me sens en droit de réclamer pour tout roman, quel qu’il soit. Aussi, si je ne regrette certainement pas de l’avoir lu – pour l’édification, si j’ose dire –, je ne saurais véritablement en conseiller la lecture. Dommage… mais les bonnes idées ne font pas tout, à mes yeux tout du moins.

CITRIQ

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"New Cthulhu. The Recent Weird", de Paula Guran (ed.)

Publié le par Nébal

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GURAN (Paula) (ed.), New Cthulhu. The Recent Weird, [s.l.], Prime Books, 2011, [édition numérique]

 

LOVECRAFT IS NOT DEAD !

 

Mais là je ne vous apprends rien. C’est que le bonhomme, ce « Copernic littéraire » pour reprendre l’expression de Fritz Leiber, a révolutionné l’horreur en littérature, qu’elle tende vers la science-fiction ou le fantastique, et a laissé une empreinte plus que durable. Aussi, nombreux sont ceux qui ont marché (à plus ou moins bon droit, mais on y reviendra) dans les pas du géant. Il y avait, dès le vivant de l’auteur, un « cercle Lovecraft » ou un « Lovecraft Club ». Il n’est probablement pas nécessaire de mentionner ici le travail d’August Derleth, lequel, non content de faire connaître (ouééé) les œuvres de Lovecraft et parfois de les « achever » (hum…), a également publié, sous le nom générique de « Légendes du Mythe de Cthulhu », les nouvelles lovecraftiennes des membres de ce premier cercle, parmi lesquels on pourrait citer Robert E. Howard, Robert Bloch, Frank Belknap Long, etc. D’autres se sont mis plus tard à un semblable travail de compilation, tels Ramsay Campbell ou Robert M. Price. Il y a eu aussi des tentatives en solo, plus ou moins réussies (j’ai mentionné le cas de Brian Lumley…). C’est en effet le problème : de manière générale, le nom de Lovecraft est devenu une marque, apposée parfois sur tout et n’importe quoi, à plus ou moins bon droit, que ce bon droit tienne au caractère authentiquement lovecraftien du texte considéré, ou plus généralement à sa qualité intrinsèque. Aussi, les amateurs de Lovecraft et de lovecrafteries ont appris à se méfier des innombrables anthologies jouant de la filiation avec le « reclus » de Providence et avec ce qu’il est convenu d’appeler « Mythe de Cthulhu » (avec tout ce que cette expression a de derlethien).

 

Voici donc une nouvelle anthologie du genre, volumineuse ma foi, et consacrée aux créations les plus récentes du genre. Et là on reconnaîtra d’emblée qu’il y a du beau monde à l’affiche… Une chronique de ce beau volume chez l’ami Gromovar avait attiré mon attention sur la chose, et je dois dire, d’ores et déjà, que je n’ai pas été déçu. Loin de là ! J’aurais même envie de dire que j’ai rarement lu une aussi bonne anthologie, dans le genre lovecraftien, déjà, mais aussi – soyons fous – de manière plus générale. Certes, c’est peut-être le fan décérébré qui s’exprime, là, mais voilà : j’ai vraiment adoré ce New Cthulhu compilé par Paula Guran, dans lequel je n’ai trouvé qu’un seul texte véritablement et incontestablement mauvais. Le reste est au pire moyen, et souvent bon, voire excellent. Ben désolé, mesdames et messieurs, mais rares sont les anthologies qui peuvent prétendre à une telle réussite…

 

Mais arrêtons-là les salamalecs introductifs, et reprenons tous en chœur le mot d’ordre de cette anthologie : « WEIRD ! » Que ce soit drôlement horrible ou horriblement drôle, authentiquement lovecraftien ou simplement à coloration lovecraftienne, que ce soit le fond ou la forme qui témoigne de l’influence du maître, peu importe, dans un sens : il s’agit de faire ici dans le « weird », sous tous ses aspects.

 

Allez, hop, décortiquons. Passons sur « Introduction » de Paula Guran (pas inintéressante, cela dit), et abordons immédiatement le vif du sujet.

 

Commençons par le meilleur, tiens. La première nouvelle vraiment marquante est « Fair Exchange » de Michael Marshall Smith ; assez peu lovecraftienne sans doute, mais pleine de gouaille et tout à fait convaincante. « Mr. Gaunt » de John Langan, ensuite, est une chouette nouvelle mêlant Lovecraft et Henry James. Très sympa. On retourne à quelque chose de plutôt marrant avec « Bad Sushi » de Cherie Priest. Une évidence, quelque part… « A Study in Emerald » de Neil Gaiman est un chouette mélange de lovecrafteries et de Sherlock Holmes. Mais je l’avais déjà lu dans Des choses fragiles« Take Me to the River » de Paul McAuley est une chouette nouvelle musicale et psychotrope, avec une belle ambiance. Ensuite, j’ai adoré « The Essayist in the Wilderness » de William Browning Spencer. Beaucoup d’humour, une jolie plume, le résultat est très satisfaisant. « Shoggoths in Bloom » d’Elizabeth Bear mêle écologie des Shoggoths, racisme et esclavagisme. Pas mal du tout. « Details » de China Miéville (comme dans « the devil is in the details ») est un petit bijou. Ce type est écœurant, et montre une fois de plus qu’il est un des plus brillants auteurs d’imaginaire à l’heure actuelle. Autre franche réussite : « Another Fish Story » de Kim Newman, délire apocalyptique et hippie, avec dans les premiers rôles la « Family » de Charles Manson. Excellent. « Tsathoggua » de Michael Shea, malgré son titre, ne joue pas la carte lovecraftienne d’entrée de jeu. Mais c’est une très chouette nouvelle, avec ses p’tites vieilles et leurs p’tits chiens. « Mongoose » d’Elizabeth Bear & Sarah Monette mêle les influences (Lovecraft, Lewis Carroll, Rudyard Kipling, Alien, etc.) avec beaucoup de talent. Une réussite. Et l’anthologie de s’achever sur « A Colder War » de Charles Stross, histoire secrète de la guerre froide où Soviets et Ricains font mumuse avec des Shoggoths et compagnie. Une nouvelle absolument géniale, la meilleure du recueil avec celle de China Miéville.

 

Passons ensuite aux nouvelles qui sont correctes, voire plus, mais sans faire péter les scores non plus. L’anthologie s’ouvre sur Caitlín R. Kiernan et « Pickman’s Other Model (1929) » ; comme son nom l’indique, il s’agit d’une variation sur la nouvelle de Lovecraft « Le Modèle de Pickman ». Correct, sans plus. « The Vicar of R’lyeh » de Marc Laidlaw se contente d’être amusant. On sourit… « The Crevasse » de Dale Bailey & Nathan Ballingrud est une variation sur « Les Montagnes hallucinées », un de mes textes de Lovecraft préférés. Belle ambiance, mais j’avoue être sensible à ces récits polaires. « Old Virginia » de Laird Barron est une histoire d’opé noires. Correct, mais Charles Stross, dans le genre, fait beaucoup mieux en fin de volume. « Cold Water Survival » de Holly Phillips est une nouvelle variation sur « Les Montagnes hallucinées » ; alors, forcément… « The Great White Bed » de Don Webb est assez sympathique, et plutôt jolie. « Lesser Demons » de Norman Partridge est une apocalypse plus ou moins zombifique. C’est assez bourrin, mais ça se lit. « Grinding Rock » de Cody Goodfellow est une nouvelle étrange, dont je ne sais trop s’il faut la prendre avec humour ou pas, et si elle est réussie ou pas. L’ambiance est plutôt sympa, cela dit. « Head Music » de Lon Prater, malgré son vague érotisme guedin, est très anecdotique.

 

On passe au trou noir. J’ai eu quelques petits soucis de mémoire, ces derniers temps, et ça ne me facilite pas ce compte rendu, arf. Je préfère donc classer ici cinq nouvelles dont je ne me souviens pas assez pour pouvoir en parler honnêtement. « The Dude Who Collected Lovecraft » de Nick Mamatas & Tim Pratt, malgré son titre alléchant, ne m’a ainsi pas laissé le moindre souvenir. Bon… « The Oram County Whoosit » de Steve Duffy ne m’a pas laissé beaucoup de souvenirs non plus – le temps, quelle pute –, mais me semble que c’était pas mal du tout… « The Fungal Stain » de W.H. Pugmire ? Mais j’en sais rien, moi ! « Buried in the Sky » de John Shirley… ben j’en sais pas plus. Beuh… Idem pour « Bringing Helena Back » de Sarah Monette (j’ai honte).

 

Mais une seule véritable fausse note (donc). Les trous noirs ne doivent pas vous tromper : je me souviens au moins que les nouvelles qui en ont été victimes étaient au pire médiocres, et même généralement plutôt correctes. Mais on arrive ici au seul authentique ratage de cette anthologie, avec « The Disciple » de David Barr Kirtley, qui donne l’impression d’une mauvaise zèderie adolescente et qui, faute de goût suprême, ose être morale. Beurk. Celle-là, j’aurais préféré l’oublier, tiens…

 

Mais cette seule erreur ne change rien à l’essentiel : cette anthologie est dans l’ensemble d’un bon, voire très bon niveau. En matière de lovecrafteries, j’ai du mal à imaginer mieux. Autant dire que j’ai été plus que comblé par ce gros recueil bourré jusqu’à la gueule de bonnes choses, ou au pire de trucs sympas. J’en veux encore !

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"Discovering H.P. Lovecraft", de Darrel Schweitzer (ed.)

Publié le par Nébal

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SCHWEITZER (Darrel) (ed.), Discovering H.P. Lovecraft, [s.l.], Wildside Press, [1995] 2012, [édition numérique]

 

Oh ben tiens ! Un petit recueil d’essais sur Lovecraft, pour pas cher ? Je dis : « Banco. »

 

« Banco ! »

 

Commençons par le commencement, c’est-à-dire « Introduction. The Eternal Lovecraft », par Darrel Schweitzer, qui n’en est visiblement pas à son coup d’essai. Il va sans dire que je le rejoins dans son constat : quoi qu’en disent les mauvaises langues, « Lovecraft is the most important writer of supernatural horror fiction in English since Poe ». Et personnellement, je ferais bien dans le bourrin ultra-fanique, et j’enlèverais « in English since Poe ». J’assume. C’est que c’est bon, Lovecraft, tout de même.

 

Robert Bloch, le fameux auteur de Psychose, nous livre ensuite ses souvenirs de vétéran du cercle Lovecraft avec « Notes on an Entity ». On reste chez les Grands Anciens avec Fritz Leiber, Jr. et son « A Literary Copernicus », qui établit bien l’importance définitive du « reclus » de Providence. Tout cela se lit tout seul, même s’il y a de fortes chances pour que cela ne prêche que des convaincus.

 

Dirk W. Mosig, avec « The Four Faces of the Outsider », se penche (donc) sur « The Outsider » (« Je suis d’ailleurs », si j’ai bien tout compris ?) et ses différentes interprétations : autobiographique, psychanalytique, « antimétaphysique », et plus généralement philosophique. Intéressant et plutôt pertinent.

 

Avec « The First Lewis Theobald », R. Boerem se penche sur l’inspiration de Lovecraft pour un de ses pseudonymes. Ce qui m’a paru un peu vain…

 

Suit… H.P. Lovecraft himself, avec « Story-Writing », une lettre qui parle d’elle-même. Évidemment chouette.

 

Après quoi nous retrouvons Darrel Schweitzer, pour « Character Gullibility in Weird Fiction, or Isn’t Yuggoth Somewhere in Upstate New York? ». Là encore, le sujet de l’article est assez explicite. Ça se lit.

 

Arthur Jean Cox nous livre ensuite « Some Thoughts on Lovecraft », sur ses talents d’écrivain plus précisément. M’a pas vraiment marqué…

 

« The Derleth Mythos » de Richard L. Tierney rappelle utilement que bon nombre d’aspects du Mythe de Cthulhu – généralement pas les plus intéressants… – sont en fait l’œuvre d’August Derleth, et fait la part des choses. Un peu convenu, cela dit.

 

Suit un article que j’ai trouvé vraiment passionnant : « Genesis of the Cthulhu Mythos » de George Wetzel, sur l’impact de la mythologie grecque sur Lovecraft. Salutaire.

 

« Lovecraft’s Ladies », de Ben P. Indick, cherche à faire mentir la réputation de Lovecraft en ce qui concerne le rôle minime des personnages féminins dans son œuvre. C’est à mon sens un échec complet, à tel point qu’on pourrait y trouver des arguments en faveur de la thèse traditionnelle…

 

« When the Stars are Right » de Richard L. Tierney, à nouveau, sur les configurations astrologiques dans « The Call of Cthulhu », est le type même de l’article inutile. Nous n’avons pas besoin de cette érudition lovecraftienne-là…

 

Heureusement, on passe à quelque chose de bien plus intéressant avec « Lovecraft and Lord Dunsany » de re-Darrel Schweitzer, qui établit définitivement et intelligemment l’influence de l’auteur irlandais sur le pôpa de Cthulhu.

 

Un autre article fort bienvenu, même s’il peut fâcher (d’autant que son propos peut être étendu à la science-fiction en général), est « H.P. Lovecraft and Pseudomathematics » de Robert Weinberg, article qui se fonde essentiellement sur « Dreams in the Witch House » (« La Maison de la sorcière »). Très pertinent.

 

Après quoi S.T. Joshi, auquel on droit la biographie définitive de Lovecraft qu’il faudra bien que je lise un jour, livre une somme monstrueuse, même si d’un intérêt limité pour le lecteur francophone, avec « Textual Problems in Lovecraft: A Preliminary Survey ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est pointu (j’avais pas idée à quel point). Y a du boulot…

 

Suit une autre somme, avec « H.P. Lovecraft: The Books », le fameux « catalogue » des livres du Mythe établi par Lin Carter, corrigé et annoté par Robert M. Price & S.T. Joshi. Une aide de jeu bienvenue…

 

Et re-re-Darrel Schweitzer de conclure avec une bibliographie (anglophone, of course), « H.P. Lovecraft: A Basic Reading List ».

 

S’il y a du bon et du moins bon, le niveau reste dans l’ensemble très correct. Juste ce qu’il fallait pour les fans décérébrés dans mon genre.

 

Même si j’en veux encore.

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"Marthe, histoire d'une fille", de J.-K. Huysmans

Publié le par Nébal

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HUYSMANS (J.-K.), Marthe, histoire d’une fille, [s.l.], Norph-Nop, 2011, [édition numérique]

 

Ainsi que j’ai eu l’occasion de le laisser entendre récemment (), Joris-Karl Huysmans est un auteur qui a pas mal compté pour moi (notamment pour ses trois « grands romans », À rebours, Là-bas et même – si – En route). Aussi, mon acquisition d’un Kindle m’a donné envie de découvrir d’autres textes du bonhomme (au moins ses fictions) ; et, dans le tas, il y avait notamment Marthe, histoire d’une fille, qui nous ramène au tout début de la carrière de l’auteur. On est donc proche ici de À vau-l’eau ou Sac au dos, dans l’esprit. Dans le fond, l’influence – entre autres – de Zola se fait sentir, énorme ; Huysmans est alors naturaliste, ce n’est pas encore le décadent d’À rebours et Là-bas, ni le catholique de En route, La Cathédrale ou L’Oblat. Mais, formellement, c’est déjà du Huysmans ; dès ce texte de jeunesse, on retrouve ce style inimitable, qui goûte le vocable rare, qu’il soit argotique ou au contraire très soutenu. L’essentiel est sauf !

 

Marthe, histoire d’une fille. Tout est dans le titre, ou presque. L’intrigue tourne largement autour de trois protagonistes : Marthe, donc, et deux de ses amants (car elle est de ces filles-là), Léo et Ginginet. Ce dernier la fait un temps travailler comme actrice à Bobino. Pour le reste, les codes du naturalisme sont bien respectés : cette « histoire d’une fille » est sordide, et Marthe va de Charybde en Scylla (non, je ne parle pas des librairies), oscillant perpétuellement entre malheurs et désillusions, que je ne vais pas vous détailler ici par le menu.

 

Mais voilà : c’est beau. Cette langue sonne déjà divinement, et c’est bien le principal. Non que les malheurs de Marthe ne soient pas intéressants : ils le sont, même si le trait est probablement – et sans surprise – un peu forcé. Mais ce n’est pas ce qui retient l’attention ici, à mon sens tout du moins. Non, ce qui est définitivement fort, très fort, c’est déjà le style. Maintenant, je comprendrais très bien que ça ne passe pas, et entraîne un refus d’obstacle : le moins que l’on puisse dire, en effet, c’est que c’est « chargé », déjà « baroque » d’une certaine manière ; aussi peut-on craindre l’overdose, même sur un format aussi court… Mais peu importe : sur moi, ça marche, et j’en redemande. Aussi le nom de Huysmans risque-t-il de ressurgir de temps à autre dans ces pages interlopes : cet écrivain rare – et qui me paraît un peu sous-estimé – a depuis longtemps obtenu le sceau « Nébal approved », et Marthe, histoire d’une fille n’en est qu’un énième témoignage ; certes pas le plus brillant, loin de là, mais quand même : Huysmans est déjà grand.

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"Au bagne", d'Albert Londres

Publié le par Nébal

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LONDRES (Albert), Au bagne, [s.l.], Ebooks libres et gratuits, [1924] 2011, [édition numérique]

 

C’est un des plus célèbres reportages d’Albert Londres, et peut-être, partant, de toute l’histoire du journalisme. Le grand reporter s’y rend en Guyane française, au bagne de Cayenne (ou, plus exactement, de Saint-Laurent-du-Maroni et des fort mal nommées îles du Salut).

 

Albert Londres n’est pas un idéaliste. Il sait que la plupart des personnages hauts en couleurs qu’il croise dans l’enfer du bagne sont de franches canailles, souvent coupables de meurtre, au mieux de vol qualifié. Il ne le nie pas. Mais cela n’empêche pas l’ensemble de son reportage de sonner comme une espèce de réquisitoire.

 

En effet, si Albert Londres ne se fait guère d’illusions sur « les enfants de Cayenne », il montre avec brio que les deux objectifs poursuivis par cette institution carcérale bien particulière – à savoir d’une part l’amendement du condamné et d’autre part la colonisation – sont parfaitement chimériques. « Le libéré ne s’amende pas, il se dégrade. La colonie ne profite pas de lui, elle en meurt. »

 

Ce n’est pas un hasard, dès lors, si Au bagne s’achève par une lettre ouverte au ministre des Colonies, réclamant, non des réformes, mais « un chambardement général ». Selon le journaliste, quatre mesures s’imposent immédiatement : la sélection (on ne fait « aucune différence entre le condamné primaire et la fripouille la plus opiniâtre ») ; ne pas livrer les transportés à la maladie, qui fait des ravages ; la rétribution du travail ; et enfin la suppression du doublage et de la résidence perpétuelle, sorte de « double peine » s’appliquant aux condamnés, et qui les obligeait à rester en Guyane, soit cinq ou sept ans pour ceux qui avaient été condamnés à ces peines, soit à perpétuité – pour une vie bien brève… – pour ceux qui avaient été condamnés à une peine plus importante.

 

Albert Londres sera en partie entendu. Dès la parution d’Au bagne, le ministère des Colonies nomme une commission chargée d’arrêter des mesures de réforme, et suspend en attendant les envois de forçats à la Guyane ; ce régime durera deux ans… puis on reprendra la transportation. Mais des réformes importantes furent obtenues : les fers, la nuit, furent supprimés ; de même pour les cachots noirs, ou encore le camp Charvein, « où les « punis » travaillaient dans des conditions inhumaines » ; le régime des peines encourues pour fautes commises au bagne fut abaissé ; la nourriture fut « surveillée ». Puis, le 15 décembre 1931, la Chambre des députés adopte une proposition de loi modifiant les conditions d’exécution de la peine des travaux forcés. La cour d’assises a dès lors le pouvoir de dispenser de la transportation le condamné non reléguable qui subira en France métropolitaine une peine de réclusion aggravée ; surtout, la loi abroge l’obligation de la résidence temporaire (doublage) ou perpétuelle.

 

C’est à n’en pas douter du grand journalisme d’investigation que cette enquête d’Albert Londres en Guyane. On aimerait bien, aussi, que les réquisitoires des plus consciencieux des journalistes soient pris en compte par le législateur, comme ce fut le cas ici. Et ce quand bien même il fallut encore attendre pour aboutir à la suppression du bagne (qu’Albert Londres n’envisageait de toutes façons pas)…

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"Encore une chose...", d'Eoin Colfer

Publié le par Nébal

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COLFER (Eoin), Encore une chose…, [And Another Thing], traduit de l’anglais (Irlande) par Michel Pagel, Paris, Gallimard, coll. Folio Science-fiction, [2009-2010] 2012, [édition numérique]

 

Mais arrêtez de me regarder comme ça ! Je voulais lire quelque chose de drôle – j’en avais besoin. Alors je me suis dit : « Pourquoi pas la suite au « Guide galactique » par Eoin Colfer ? » Et ce, bien que n’étant pas un très grand fan de « H2G2 » (dans mon souvenir, les deux premiers sont bien, les trois suivants nettement moins, le quatrième étant même ce qu’on peut très objectivement qualifier de purge). La curiosité, toujours un peu perverse, que voulez-vous… Je me suis donc procuré la version Kindle d’Encore une chose…, et me suis lancé dans la lecture.

 

Oh putain.

 

Pas de panique, Nébal, pas de panique ! Commence par l’histoire.

 

 

Sauf que ça pose déjà problème, ça. Les embrouilles du début avec le Guide du voyageur galactique version II, pas des plus claires, font que l’on se retrouve comme si rien ne s’était passé – ou presque – dans les cinq volumes précédents. Nous nous retrouvons donc en compagnie d’Arthur Dent, de Trillian Astra, de leur fille Aléa Dent (ex-présidente de la galaxie), de Zaphod Beeblebrox (idem) et de Ford Prefect, à la veille d’une énième destruction de la Terre. Pas par les Vogons, cette fois, mais par les Grébulons. Ce qui n’empêche pas les Vogons, ces sinistres poètes-bureaucrates, de jouer un rôle important dans cette « histoire », puisqu’ils se sont mis en tête d’exterminer tous les Terriens. Ce qui inclut Arthur, Trillian et Aléa, mais aussi une petite colonie à l’autre bout de la galaxie.

 

Parallèlement, nous faisons la connaissance de Powerick Wowbagger, un immortel qui passe son temps à insulter le reste de l’univers, si possible par ordre alphabétique. Zaphod, qui n’apprécie pas de se faire traiter de « Gros Cul » (oh oh oh) requiert en Asgard l’aide du dieu Thor pour châtier le grossier personnage (allez comprendre).

 

Bon.

 

Bon, bon, bon.

 

Pas de panique ! Certes. Mais c’est quand même de la merde. À tel point que j’aurais presque envie de dire que c’est criminel de publier des choses pareilles. Encore une chose… n’a en effet pas le moindre intérêt.

 

Déjà, ce n’est pas drôle. Ja-mais. Aucun gag ne m’a fait ne serait-ce que sourire. Même l’intervention de Cthulhu en guest-star (je spoile si je veux) n’est pas parvenue à me dérider (et pourtant, généralement, je suis bon public dès qu’un Grand Ancien est de la partie). Or je rappelle aux innocents que « H2G2 », c’est censé être drôle – même si ça n’y est pas toujours parvenu. Mais là, non. Ja-mais. Tous les gags tombent à plat.

 

Les personnages, ensuite. Dans l’absolu, ils sont bons. Enfin, chez Douglas Adams, en tout cas, ils étaient bons. Ce n’est pas le cas ici. En étant bon prince, je pourrais faire une exception pour les Vogons… Mais les autres ! Quelle horreur ! Totalement dénués de personnalité (c’est embêtant pour des personnages), ils donnent un peu l’impression de seconds rôles paumés dans une production de trop.

 

« L’histoire », enfin, est nulle. Et c’est rien de le dire.

 

Aussi, ne lisez pas cette merde, elle n’en vaut vraiment pas la peine (et en plus c’est loooooooong !). Douglas Adams, avec tous ses défauts, ne méritait pas ça. Le lecteur non plus.

 

Salut, et merci pour le poison…

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"Psychologie des foules", de Gustave Le Bon

Publié le par Nébal

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LE BON (Gustave), Psychologie des foules, [s.l.], [n.c.], [1895] 2011, [édition numérique]

 

Voilà un ouvrage que je comptais lire depuis fort longtemps, tant sa réputation le précédait. C’est là en effet un classique de la sociologie et de la science politique, qui fut d’une influence durable tant sur les chercheurs que sur les meneurs d’opinion (ainsi un Mussolini, dont c’était, si je ne m’abuse, un des livres de chevet).

 

Gustave Le Bon s’intéresse donc ici à la psychologie des foules, matière qu’il juge devenir de plus en plus importante : à son époque, en effet, à l’en croire, débute l’ère des foules, qui a ses caractéristiques propres et méconnues. « Les grands changements de civilisation sont la conséquence des changements dans la pensée des peuples. » Or l’ère des foules transforme la politique des États (et cela n’a pas grand-chose à voir, selon Gustave Le Bon, avec l’avènement du suffrage universel) ; or les foules ne peuvent exercer qu’un rôle destructeur (même si elles sont fondamentalement conservatrices, ainsi qu’on le verra), et « c’est par elles que s’achève la dissolution des civilisations devenues trop vieilles ».

 

Un des points fondamentaux de la doctrine de Le Bon est que « la foule est toujours dominée par l’inconscient », et c’est donc à lui qu’il faut s’adresser quand on a affaire à une foule. Il ne sert en effet à rien de compter sur l’intelligence des foules, considérablement diminuée par rapport à celle des individus qui les composent. Il est dès lors possible de comprendre les mouvements des foules, qui peuvent être aussi héroïques que criminelles, dès lors que les impulsions auxquelles elles obéissent sont assez impérieuses pour que l’intérêt personnel s’efface. Mais les foules sont crédules, et obéissent aux suggestions (bien plus qu’aux raisonnements), et « ces images sont semblables pour tous les individus qui composent une foule » ; il y a en effet une « égalisation du savant et de l’imbécile dans une foule ». Cette crédulité explique « l’impossibilité d’accorder aucune créance au témoignage des foules ». En outre, « les foules ne connaissent ni le doute ni l’incertitude et vont toujours aux extrêmes » ; elles sont caractérisées par l’intolérance, l’autoritarisme et le conservatisme, et sont particulièrement serviles face à une autorité forte. Mais elles sont aussi, étrangement, capables d’actes de moralité (même les septembriseurs, sur lesquels l’auteur reviendra, en témoignent), l’intérêt étant, « le plus souvent, le mobile exclusif de l’individu isolé ». Les foulesn peu accessibles aux raisonnements, mais grandement aux images, adoptent dans leurs convictions des formes « religieuses » (même l’athéisme…). Ainsi, « la Réforme, la Saint-Barthélemy, la Terreur et tous les événements analogues sont la conséquence des sentiments religieux des foules, et non de la volonté d’individus isolés ».

 

Qu’est-ce qui forme les croyances des foules ? La « race », les traditions, le temps, et dans une moindre mesure qui demande à être analysée les institutions politiques et sociales, et l’instruction et l’éducation. Parmi les facteurs immédiats des opinions des foules, on trouve tout d’abord les images, les mots et les formules, qui ont une « puissance magique » ; ensuite, les illusions, qui sont à la base de toutes les civilisations ; on trouve après quoi l’expérience, fréquemment répétée. La raison joue un rôle nul. Mais les foules ressentent aussi le besoin d’obéir à des meneurs, qui « seuls peuvent créer la foi et donner une organisation aux foules » ; les moyens d’action des meneurs sont l’affirmation, la répétition et la contagion, laquelle peut remonter des couches inférieures. Reste à envisager le prestige, qui peut être acquis ou personnel. Les foules ont des croyances fixes et des opinions mobiles (de plus en plus pour ces dernières).

 

L’auteur procède ensuite à une classification des foules. La distinction fondamentale s’opère entre les foules hétérogènes, qui seules intéressent vraiment ici Gustave Le Bon, et les foules homogènes (sectes, castes et classes). Puis l’auteur prend des exemples : les foules dites criminelles, comme celles des septembriseurs ; les jurés des cours d’assises (Gustave Le Bon est très favorable à l’institution du jury ; ce n’est pas mon cas, et j’avoue n’avoir pas été pleinement convaincu ici par son argumentaire) ; les foules électorales ; enfin, les assemblées parlementaires.

 

Gustave Le Bon, quand bien même il affiche son scepticisme à l’encontre de la discipline historique, pioche régulièrement ses exemples dans l’histoire, et notamment celle de la Révolution française (il a très souvent recours à Taine, que je compte enfin lire prochainement). Et si l’ouvrage a vieilli sur certains points ou si certains partis-pris de l’auteur sont contestables (son vague « racisme » – on est cependant bien loin ici de Gobineau, etc., et plus proche de la théorie des climats – ; son étrange misogynie ; son hostilité à l’encontre du socialisme sous toutes ses formes…), il reste dans l’ensemble remarquablement lucide et pertinent après plus d’un siècle, en donnant cependant de l’humanité une image dans l’ensemble très pessimiste et marquée par le scepticisme.

 

Un ouvrage qui mérite bien tous ses lauriers, en somme.

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"Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps", de Laurent Queyssi

Publié le par Nébal

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QUEYSSI (Laurent), Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps, préface de Xavier Mauméjean, Chambéry, ActuSF, coll. Les Trois Souhaits, 2012, [édition numérique]

 

Au fil de mes lectures, j’ai eu de temps à autre l’occasion de croiser le nom de Laurent Queyssi (à plusieurs postes), dont voici le premier recueil de nouvelles. J’en connaissais déjà deux textes : « Fuck City », une histoire plutôt sympa à base d’univers parallèles et d’ordinateurs quantiques, lue dans le n° 5 de Fiction, et « 707 Hacienda Way », texte co-écrit avec Ugo Bellagamba, dans Dimension Philip K. Dick, et séduisant de par son évidence (même si on peut peut-être y trouver quelques lourdeurs de jeunesse, malgré les réécritures). Deux expériences plutôt concluantes, donc. Aussi, et le titre de ce recueil – celui du seul texte inédit qu’il comprend – étant plutôt sympa et intriguant, de même que la couverture, je me suis décidé à en tenter la lecture. Notons rapidement qu’il s’ouvre sur une préface un brin cryptique de Xavier Mauméjean (« Portrait en découpe sur écran ») et qu’il se conclut sur une interview de l’auteur ; chaque nouvelle est en outre accompagnée d’un petit texte de présentation.

 

Maintenant, décortiquons, décortiquons (je ne reviendrai pas ici sur les deux textes précédemment cités). On commence avec « Sense of Wonder 2.0 », une nouvelle bourrée d’idées jusqu’à la gueule et plutôt bien vue ; même si l’on met du temps pour y arriver, la description de l’effet « sense of wonder » est enfin pertinente, entre la fascination et l’angoisse mêlée de dépit face aux promesses non tenues. Une bonne entrée en matière.

 

Après « Fuck City », on passe donc à « Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps », nouvelle qui se déroule dans le milieu des séries TV américaines, et fait intervenir en définitive ce bon vieux Pac-Man. Instructif, amusant, là encore bien vu, c’est une réussite indéniable.

 

« La Scène coupée (Fantômas, 1963) » fait intervenir le génie du mal de Souvestre et Allain dans la production des films avec l’odieux De Funès et Jean Marais. Rigolo…

 

Passons sur « 707 Hacienda Way » pour arriver directement à « Rebecca est revenue », si je ne m’abuse la nouvelle la plus ancienne de ce recueil. Je ne suis pas sûr d’y avoir tout compris – et j’ai chopé une migraine en essayant – mais j’en garde néanmoins plutôt un bon souvenir. Là encore, il y a un certain sentiment d’angoisse et de frustration qui est bien rendu.

 

« Planet of Sound », texte écrit en collaboration avec Jim Dedieu, est un texte peut-être un peu trop long mais assez intéressant dans le fond comme dans la forme. Hommage aux Pixies (ouééé) au moment de leur reformation (aïe), c’est en outre une histoire paranoïaque du rock passablement déjantée ; tout à fait intéressant (mais faites-moi la même chose avec Sonic Youth).

 

Ne reste plus que « Nuit noire, sol froid », à nouveau un texte où la musique joue un rôle fondamental, récit dans le récit alors qu’une arche stellaire arrive enfin à destination (scandale !). Pas mal.

 

Dans l’ensemble, le recueil, qui ne manque donc pas d’idées venant de tous les horizons, est plutôt bien écrit, même si l’on relèvera de temps à autre quelques pains stylistiques, lesquels, si on y ajoute un taux relativement élevé de coquilles, laissent supposer que le recueil n’a pas été suffisament ou correctement relu, ce qui est tout de même un peu dommage. Pour le reste, on a un peu le sentiment d’un auteur très geek qui fait ses gammes, de manière assez convaincante dans l’ensemble, sans que ce soit transcendant pour autant. Un sentiment finalement assez comparable, quoique de manière différente, à celui suscité par Singulier Pluriel de Lucas Moreno, pour évoquer une autre lecture récente ; y a de l’idée, même si ce n’est pas encore tout à fait ça. Mais c’est déjà pas mal, et on va dire, bon prince (il vous en prie), assez prometteur.

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