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Articles avec #super-heros tag

Daredevil (saison 3)

Publié le par Nébal

Daredevil (saison 3)

Marvel’s Daredevil, saison 3 (treize épisodes), 2018

 

Acteurs principaux : Charlie Cox (Matt Murdock), Vincent D’Onofrio (Wilson Fisk), Deborah Ann Woll (Karen Page), Elden Henson (Foggy Nelson), Wilson Bethel (Benjamin Poindexter), Jay Ali (Ray Nadeem), Joanne Whalley (sœur Maggie)…

Un fâcheux hasard du calendrier a fait que j’ai achevé de regarder cette troisième saison de Daredevil hier soir – et je n’ai appris la mort de Stan Lee qu’après avoir vu le dernier épisode. Stan Lee, bien sûr, était le co-créateur du personnage de Daredevil (avec le dessinateur Bill Everett), comme il a été le co-créateur d’un nombre sidérant de super-héros et de super-vilains dans le contexte de l’univers Marvel. Le bonhomme a beaucoup compté, et mérite bien qu’on lui rende hommage – alors, comme de juste : Excelsior !

 

Maintenant, parlons donc de cette troisième saison de Daredevil – et la précaution habituelle s’impose : c’est une série, il y aura très probablement des SPOILERS dans cet article, même si je vais essayer de ne pas trop en faire non plus – méfiance quand même…

 

Adonc, Daredevil : clairement la meilleure, et de loin, des séries Marvel/Netflix, sur la base d’un univers partagé restreint très « street level », qui a donné des choses intéressantes, et d’autres beaucoup moins… Il faut dire que l’évolution des séries parallèles, globalement, a été plutôt négative ? C’est peut-être à débattre en ce qui concerne Jessica Jones, la détective badass ayant pu convaincre des camarades avec sa deuxième saison – ça n’a pas été le cas pour moi, car j’ai trouvé cette série beaucoup trop en dents de scie, alternant de manière très foutraque le pire et le meilleur, cette inégalité dans l’écriture ayant fini par me faire relever le pire bien avant le meilleur. Luke Cage, c’était plus problématique encore : après une première saison honnête, même si sans plus, avec le charismatique Mike Colter dans le rôle-titre, quelques chouettes seconds rôles (dont l’excellente Rosario Dawson, échappée justement de Daredevil), et un gimmick musical sympathique, le niveau a drastiquement chuté dans une saison 2 tellement mal conçue, interprétée et réalisée que j’ai dû m’y prendre à trois ou quatre fois pour voir l’épisode 2, déclarant forfait peu après… Je n’ai pas osé voir Iron Fist, les critiques étant unanimement mauvaises dès le départ. Quant aux Defenders, associant les quatre personnages, j’ai trouvé ça passablement navrant – au mieux indifférent. Bref : depuis la deuxième saison de Daredevil, une seule série Netflix/Marvel m’a véritablement convaincu, qui affichait son statut singulier tout en émanant, eh bien, de Daredevil (de la saison 2 plus précisément), et c’était The Punisher

 

Autant dire que j’ai commencé à regarder cette troisième saison de Daredevil à reculons : je m’attendais à ce que le niveau baisse drastiquement, au point de l’embarras… Et, finalement, eh bien, ça n’était certainement pas irréprochable, mais c’était globalement convaincant et enthousiasmant – bien plus réussi que toutes les autres séries Marvel/Netflix (à l’exception donc du Punisher), et au moins du niveau de la saison 2, car moins inégal ? C’est que celle-ci s’en tirait quand même mieux quand elle mettait en scène le Punisher, que quand elle se focalisait sur la dangereuse Elektra… Mais, oui, il y a tout de même beaucoup à redire concernant cette troisième saison, et heureusement au moins autant à apprécier.

 

L’inspiration essentielle de cette saison semble se trouver dans un fameux arc de Daredevil signé Frank Miller et David Mazzucchelli, Born Again. Bizarrement, alors que j’ai lu et relu la plupart des épisodes signés Frank Miller en solo, dans son long run révolutionnaire au début des années 1980, ou associé avec des dessinateurs tels que John Romita, Jr., ou Bill Sienkiewicz, et alors que cet arc est un des plus célèbres et décisifs associés au personnage, et que j’ai beaucoup aimé ce que j’ai lu de David Mazzucchelli (le grand écart entre Batman : année un, toujours avec Miller, et l’adaptation du roman de Paul Auster Cité de verre), je ne crois pas avoir jamais lu Born Again… Il faudrait tout de même y remédier un de ces jours.

 

Quoi qu’il en soit, nous retrouvons Matt Murdock rescapé miraculeusement de l’effondrement d’un putain d’immeuble juste sur lui, là, dans la conclusion de la médiocre saison 1 de The Defenders. Mais tout le monde le croit mort – ce qui l’arrange, en fait. Ce qui l’arrange moins, c’est que l’accident a laissé des séquelles – notamment, son ouïe a souffert, au point où elle chamboule une fois de plus toutes ses perceptions : c’est comme s’il redevenait aveugle ! Bon, par chance, ça ne durera pas – mais Murdock n’en est pas moins aigri et refermé sur lui-même : hébergé/caché par les religieux qui avaient pris soin de lui quand il était enfant, il ne veut plus voir ses amis Karen Page et Foggy Nelson ; qu’ils le croient donc morts ! Sauf qu’il reviendra vers eux… quand il aura besoin d’eux, le détestable petit con.

 

Un besoin qui ne tardera pas : c’est ce qui se passe dans les comics, quand la Némésis resurgit ! Et donc, Wilson Fisk… Celui que l’on n’appelle pas encore le Caïd (mais ça viendra précisément dans cette saison) est en prison. Via un agent du FBI aux abois du nom de Ray Nadeem, il propose un pacte aux fédéraux : l’abandon des poursuites contre sa compagne Vanessa, en échange d’informations précieuses sur le milieu new-yorkais. Ce contrat faustien ne tarde pas à évoluer, Fisk y gagnant de sortir de prison, pour une résidence surveillée dans un appartement toujours plus luxueux après chaque visite… Et la vérité apparaît enfin – au pauvre Nadeem notamment : Fisk, qui a toujours cinq coups d’avance, l’a manœuvré pour faire son grand comeback, et les fédéraux sont à ses ordres !

 

Ceci, aussi bien Matt Murdock que Karen Page et Foggy Nelson le comprennent tous avant tout le monde – c’est qu’ils ont une certaine expérience du bonhomme… Et ils ne comptent pas se défiler : chacun d’entre eux entend lutter contre ce colossal ennemi à sa manière – Foggy usera du droit et de la politique, Karen du journalisme mais en gardant un flingue dans son sac à main si jamais, Matt enfin songe à ressusciter Daredevil, sans le costume… et sans la conception très catholique de la rédemption ? Ou avec, ça dépend des moments...

 

Problème : Fisk, qui se doute de la véritable identité de Daredevil, a choisi d’anéantir à jamais la réputation du justicier de Hell’s Kitchen – en manœuvrant un agent du FBI passablement psychopathe, mais très compétent pour lancer des trucs et des machins (Ben Poindexter, aka le Tireur ou Bullseye, même si cet alias n’est pas employé dans la série) : dans cette troisième saison, Matt Murdock ne porte jamais le costume de Daredevil, c’est l’imposteur Poindexter qui le fait…

 

On retrouve, dans cette troisième saison de Daredevil, le caractère assez inégal de l’écriture qui m’avait tant posé problème dans la deuxième saison de Jessica Jones – même si, je crois, ça passe mieux en l’espèce. Quoi qu’il en soit, cette saison repose sur une opposition classique entre le super-héros, et plus encore sa personnalité non déguisée, Matt Murdock avant Daredevil donc, et sa Némésis, le super-vilain sans costumes ni pouvoirs supranormaux Wilson Fisk. Le problème, c’est que Fisk écrase (littéralement) Matt Murdock à tous points de vue… En fait, j’ai vraiment le sentiment que, dans cette troisième saison, j’ai aimé, voire adoré, tout ce qui concerne Wilson Fisk, et trouvé au mieux indifférent, au pire carrément mauvais, tout ce qui concerne Matt Murdock ou presque… Et si, en vertu de l’adage souvent rappelé dans les comics, le bon méchant fait la bonne série, il est quand même problématique, à ce stade, que le héros se montre si faible. Cela tient d’ailleurs probablement, pour partie du moins, à ce que le personnage de Matt Murdock, si aigri, s’enferme dans le seul rôle de l’habitacle d’un Daredevil particulièrement vénère et pourtant jamais totalement libéré, et n’a à côté aucune existence sociale – je suppose qu’il n’y a rien d’étonnant, alors, à ce que ses moments les plus réussis en définitive, hors scènes d’action, soient ceux où il endosse, même avec des arrière-pensées ou à reculons, le costume qui lui sied le mieux, c’est-à-dire celui de l’avocat. Autrement, la série joue forcément de son catholicisme perturbé, et c’est bien naturel, puisque ç’a toujours été une dimension essentielle du personnage, un outil de caractérisation éventuellement très subtil… mais pas ici, hélas, où le thème est traité avec de gros et lourds sabots – en y incluant, comme la pire démonstration, la révélation de l’identité de la mère de Matt Murdock, qui est incroyablement mal amenée, pas un cheveu sur la soupe à ce stade mais une putain de perruque entière… Charlie Cox s’était montré plutôt convaincant dans les deux premières saisons, mais il pâtit ici de tous ces partis-pris, qui font de Matt Murdock/Daredevil un personnage plus unilatéral que de coutume, plus brutal aussi (incomparablement), et en définitive tristement creux. Le résultat est en fait assez désolant…

 

Mais, en face, il y a Wilson Fisk – et, répétons-le une fois de plus, Vincent D’Onofrio est le putain de Wilson Fisk : il est parfait, c’est exactement lui. Au point du paradoxe temporel, je crois : les créateurs du personnage dans la BD (soit Stan Lee, RIP encore, et John Romita, Sr., en 1967 – puis certes Frank Miller avec la redéfinition du personnage au début des années 1980) devaient disposer d'une machine à voyager dans le temps, ils se sont rendus dans les années 2010 et ils ont vu Vincent D'Onofrio incarner le Caïd, ils sont retournés à leur époque et c'est comme ça qu'ils ont conçu le vilain. Pas possible autrement. Quoi qu’il en soit, la prestation de D’Onofrio écrase littéralement toutes les autres dans cette saison, et compose un personnage complexe, mais d’abord et avant tout proprement terrifiant, sur un mode carrément diabolique : oui, c’est la bonne image, il est le joueur d’échecs qui a toujours cinq coups d’avance au moins sur son adversaire, et dont la mainmise absolue sur tout ce qui compte, y compris voire surtout ce qui ne semble tout d’abord pas compter le moins du monde, le protège contre toute intervention malvenue – ses adversaires en sont réduits au fatalisme le plus dépressif : ils ne peuvent absolument rien faire contre pareil adversaire, qui a toutes les bonnes cartes en mains, pour continuer sur le jeu… Mais, oui, il s’agit en outre d’un personnage complexe – et parfois même étonnamment touchant, figurez-vous. Bizarre aussi, assurément – et Vincent D’Onofrio a une diction très particulière, pas vraiment naturelle, mais qui colle tellement bien au personnage… Oui, il est le Caïd – physiquement ça crève les yeux, mais ça va bien au-delà : il est Wilson Fisk.

 

Si Matt Murdock et donc surtout Wilson Fisk focalisent comme de juste l’attention, la série met cependant en scène bien d’autres personnages, et si Ray Nadeem est d’une importance toute particulière au regard de cet arc précisément (un personnage là aussi plus subtil qu’il n’en a l’air, et bien interprété par Jay Ali), deux personnages secondaires se montrent probablement plus essentiels – et tout d’abord Karen Page ; j’avais détesté, sinon le personnage, du moins le jeu de Deborah Ann Woll dans la première saison, mais Karen avait considérablement gagné en consistance et en subtilité dans la deuxième – ici, il y a encore de cela, du moins au regard de la consistance, même si probablement moins de la subtilité ; ce qu’illustre à vrai dire, dans un sens comme dans l’autre, un épisode « quasi » consacré à elle (disons du moins qu’une bonne moitié de l’épisode porte sur le passé chargé du personnage), dont je ne sais pas bien que penser – en tout cas, la pauvre fille souffre tout au long de la saison, et passe la moitié de sa présence à l’écran à sangloter, toute rouge et agitée de spasmes…

 

L’autre point de mire, je dirais qu’il s’agit de Poindexter – puisqu’on ne lui donne pas ici (pas encore…) d’alias. Je me suis rendu compte, en regardant cette saison, qu’au fond je ne savais pas grand-chose de l’histoire de Bullseye, même si j’avais rencontré le personnage plusieurs fois, et notamment dans Daredevil, dont il était un méchant lié plutôt récurrent. Il ne semble pas y avoir grand-chose, en fait… Ce qui a peut-être donné de la marge aux scénaristes de la série ? Pour un résultat que j’ai trouvé assez convaincant – même en empruntant des thématiques psychiatriques et sociales très casse-gueule. J’ai aussi apprécié comment le personnage et ses facultés, pas surnaturelles mais quand même aaaaaaaaaaaaaassez spéciales, sont introduits, très progressivement, fan-service adroit avec l’ombre de Wilson Fisk dans le fond. Et, disons-le, l’acteur Wilson Bethel a une tête à claques idéale, tout particulièrement quand il revêt le masque de Daredevil…

 

Cela dit, globalement, l’écriture connaît des hauts et des bas – un peu comme dans Jessica Jones, donc, moins cependant que dans la saison 2 de cette dernière série. C’est tout particulièrement vrai dans certaines séquences qui auraient gagné à davantage de subtilité, et qui mettent en scène la psyché troublée des personnages – qui revivent des scènes en spectateurs (ce qui fonctionne exceptionnellement bien pour Wilson Fisk étudiant le passé de Poindexter, cela dit), ou se voient envahir par les personnages qui les obsèdent. Il faut aussi y ajouter que, prise avec un minimum de recul, la trame globale de cette saison est bourrée de trucs qui ne tiennent absolument pas la route… Bon, la suspension volontaire d’incrédulité peut-être repoussée très loin dans les comics de super-héros, mais là c’est vraiment limite, et plus d’une fois…

 

Cela vaut aussi pour la réalisation. Certaines séquences se montrent un peu trop caricaturales, à la limite même du risible (voire au-delà), ainsi dans plusieurs moments de « cri primal ». Globalement, cependant, c’est du bon voire du très bon boulot – tout particulièrement pour ce qui est des scènes d’action, ouf. Cette saison 3, comme les deux premières, a inévitablement son long plan-séquence de baston, il se trouve dans l’épisode 4, et il est très impressionnant – et jouissif, disons-le, même si l’artifice de ce genre de scènes commence à me laisser perplexe, chose signalée récemment dans ma chronique de The Haunting of Hill House. Au plan de l’écriture, à vrai dire, le « quasi loner » consacré à Karen Page est un peu du même ordre, il y en a dans plein de séries maintenant…

 

Mais, oui, globalement, bon boulot : cette saison 3 se regarde bien, Vincent D’Onofrio est épatant, et si les défauts sont là, indéniablement, Daredevil demeure à ce stade un divertissement super-héroïque de qualité, et incomparablement meilleur que toutes les autres séries Marvel/Netflix de ce micro univers partagé.

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One-Punch Man, t. 05 : Amoché mais resplendissant, et t. 06 : La Prédiction, de One et Yusuke Murata

Publié le par Nébal

One-Punch Man, t. 05 : Amoché mais resplendissant, et t. 06 : La Prédiction, de One et Yusuke Murata

ONE et MURATA Yusuke, One-Punch Man, t. 05 : Amoché mais resplendissant, [Wanpanman ワンパンマン : Zutaboro ni kagayaku ズタボロに輝く], œuvre originale de One, traduction [du japonais par] Frédéric Malet, Paris, Kurokawa, coll. Shônen, [2012] 2016, [208 p.]

One-Punch Man, t. 05 : Amoché mais resplendissant, et t. 06 : La Prédiction, de One et Yusuke Murata

ONE et MURATA Yusuke, One-Punch Man, t. 06 : La Prédiction, [Wanpanman ワンパンマン : Daiyogen 大予言], œuvre originale de One, traduction [du japonais par] Frédéric Malet, Paris, Kurokawa, coll. Shônen, [2012] 2017, [208 p.]

Bon, allez, il est bien temps d’arrêter les frais… Dans ma dernière chronique de One-Punch Man, qui portait sur les tomes 3 et 4, j’avais été suffisamment convaincu par l’humour délirant du tome 3 pour envisager de jeter un œil sur la suite, là, comme ça, en passant… Ce que j’ai fait, donc, avec ces tomes 5 et 6… qui sont hélas parfaitement dans la lignée du tome 4, lequel m’avait beaucoup déçu.

 

À mes yeux d’ignare en shônen, le grand atout de la série était clairement son humour, son goût pour la parodie autant que pour l’absurde. C’est semble-t-il bel et bien ce qui a fait le succès du manga originel de One sur le ouèbe, et qui a permis à la série de se développer dans cette version papier adaptée par Murata Yusuke ainsi que dans une version animée qui a semble-t-il beaucoup plu (je n’y connais rien). À maints égards, One-Punch Man est un shônen avec plein de baston, mais qui en rigole et fait mumuse avec les codes du genre.

 

Ou du moins est-ce la théorie… Car, à ce stade du manga papier, cela fait trois tomes que l’humour est presque totalement aux abonnés absents, et que l’accent est uniquement mis sur la baston, la baston, la baston. Les spécialistes vous diront que, même dans ces épisodes, One-Punch Man casse quelques codes du nekketsu, et c'est bien possible, mais, pour un lecteur lambda ou moins que ça dans mon genre, c’est une dimension totalement hermétique, et ne demeure que la baston, la baston, la baston. On pourrait assez légitimement en conclure que One-Punch Man est devenu ce dont il se moquait.

 

Je ne connais à peu près rien au shônen, ou au nekketsu. Aussi mes références en la matière sont-elles très aléatoires… Mais, à la lecture de ces tomes, j’ai eu un peu le sentiment très navrant que j’avais ressenti, gamin, quand je regardais Dragon Ball au Club Dorothée truc. Dragon Ball, c’était cool : frais, drôle, de bons personnages… Déjà, à l’époque, mon intérêt pour la série avait diminué dans les pénibles séquences de tournoi semble-t-il typiques du nekketsu, avec la montée en puissance des adversaires ; mais, globalement, OK. Puis il y a eu ce moment bizarre où Dragon Ball est devenu Dragon Ball Z… et où je me suis mis à détester ce que j’avais adoré. L’humour n’était plus de mise, chaque épisode se focalisait sur la baston, ou peut-être autant et même davantage sur les poses badass des héros et des vilains, portés à avoir les dents qui grinçaient et la goutte au front – entre le résumé des épisodes précédents et le teaser de la suite, on n’avait pas grand-chose d’autre. Le trait qui demeurait, c’était le plus mécanique : la montée en puissance, toujours davantage, et le défi héroïque.

 

J’ai toujours trouvé ça chiant à mourir, et n’ai visiblement pas changé à cet égard. Ces tomes 5 et 6 de One-Punch Man en témoignent : au Roi des Profondeurs, qui constitue l’antagoniste dans la quasi-totalité du tome 5 (après avoir déjà bouffé de la place dans le tome 4), et qui était tellement plus balaise que tous ses prédécesseurs, succède un nouvel ennemi, ou plutôt un petit groupe d’ennemis, extraterrestre, qui latte tout le monde (dont l’intégralité du casting de la « classe S » des héros, les « meilleurs des meilleurs »), sauf Saitama, dans le tome 6 – sur presque toute sa durée là encore. Un schéma typique se répète, avec tous les héros censément super-badass (malgré leur nom ridicule, le cas échéant) qui se font tous latter la tranche, tandis que cette buse de Saitama progresse tranquillou (en sachant que le principe même de la BD implique qu'il triomphe des adversaires les plus redoutables avec un unique coup de poing, ce qui devrait pourtant contredire la mécanique même de la montée en puissance) – tandis que son « disciple » Genos nous commente l’action en voix off. Ad nauseam.

 

Ce schéma se répercute aussi dans le soupçon (infinitésimal) de dimension drama de la série : inévitablement, Saitama sauve tout le monde, mais on ne le prend jamais au sérieux – contrairement aux autres héros, si classe, il est considéré par la population civile comme un imposteur, au mieux, éventuellement une menace. C’est systématique. Problème : Saitama lattant du monstre, en dépit des apparences, ce n’est pas du comic de super-héros façons disons Marvel – dans son principe même, il ne peut pas être un Spider-Man ou un X-Man ; dans ces comics, il faut que le lecteur s’intéresse au moins dans une égale mesure à, mettons, Spider-Man, et à Peter Parker – c’est bien pourquoi l’action, essentielle, ne bouffe en principe pas l’intégralité des épisodes. C’est sans doute inenvisageable avec Saitama, dont l’essence est d’être une caricature passablement ridicule et superficielle, y compris au plan graphique (même si, à l’occasion, la BD louche ostensiblement sur le drama « pédagogique », dans les épisodes bonus notamment – ici, c’est flagrant dans celui du tome 6, qui porte sur le suicide et est bien lourdingue). Que Saitama ne puisse pas véritablement jouer ce rôle, de ma part, n’a rien d’un reproche, c'est un constat : ça n’est tout simplement pas le propos de la série.

 

Non, One-Punch Man, son rayon, son prétexte, son propos, ça devrait être l’humour, la parodie, la débilité, l’absurdité… C’était ce qui faisait la réussite des meilleurs épisodes antérieurs. Mais, à moins d’être en mesure de se satisfaire d'une unique réplique idiote çà et là, noyée dans soixante pages de poses badass, de grincements de dents et de baston toujours plus plus… Non, tout cela n’a absolument plus rien de drôle. Et le sentiment se renforce sans cesse de ce que One-Punch Man est devenu ce dont il se moquait, en remisant de côté ses singularités initiales au profit (si j’ose dire) d’un récit devenu parfaitement mécanique et sans âme.

 

Notez, même si ce n’est de toute évidence pas ma came, et que je dois me résoudre à arrêter les frais, je ne prétends pas « objectivement » que One-Punch Man est une mauvaise série – elle a ses fans, nombreux, qui s’y connaissent probablement bien davantage que moi en la matière (euphémisme). C’est surtout que nous n’avons pas les mêmes critères, je suppose… Et, par ailleurs, j’admets volontiers que le dessin de Murata Yusuke est très bon – spectaculaire, dynamique, lisible… Irréprochable à vrai dire – bon, en mettant comme d’hab’ de côté la question du floutage un peu trop récurrent… Oui, c’est du très bon boulot ; mais, en ce qui me concerne, cela ne suffit pas.

 

Il est bien temps d’arrêter les frais – j’ai d’autres choses à lire, qui me parleront davantage, et sans peine.

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One-Punch Man, t. 03 : La Rumeur, et t. 04 : La Météorite géante, de One et Yusuke Murata

Publié le par Nébal

One-Punch Man, t. 03 : La Rumeur, et t. 04 : La Météorite géante, de One et Yusuke Murata

ONE et MURATA Yusuke, One-Punch Man, t. 03 : La Rumeur, [Wanpanman ワンパンマン : Uwasa ], œuvre originale de One, traduction [du japonais par] Frédéric Malet, Paris, Kurokawa, coll. Shônen, [2012, 2016] 2017, [208 p.]

One-Punch Man, t. 03 : La Rumeur, et t. 04 : La Météorite géante, de One et Yusuke Murata

ONE et MURATA Yusuke, One-Punch Man, t. 04 : La Météorite géante, [Wanpanman ワンパンマン : Kyodai inseki 巨大隕石], œuvre originale de One, traduction [du japonais par] Frédéric Malet, Paris, Kurokawa, coll. Shônen, [2012] 2016, [208 p.]

MON MANGA DE SUPERMARCHÉ

 

Ça a pris un peu de temps, mais finalement ça c’est bien produit, et dans les conditions que je supposais : j’ai lu de nouveaux tomes de One-Punch Man, le manga initialement créé par One sous forme de webcomic et adapté en version papier par Murata Yusuke, au trait plus professionnel ; deux tomes, les troisième et quatrième, que je me suis donc procurés au supermarché (c’est probablement le seul manga qui s’y trouve et qui puisse m’intéresser), ce en quoi je ne diffère guère de ce couillon de Saitama, à ceci près que, les promos sur les algues, je m’en cogne un peu.

 

J’étais perplexe, au sortir des deux premiers tomes – avec des choses qui m’avaient plu, d’autres beaucoup moins, voire qui m’avaient agacé… Mais, de l’eau ayant coulé sous les ponts, je me suis dit que ça valait le coup de retenter l’expérience.

 

Et pour quel résultat ? Pour les gens pressés, je vais lâcher le morceau dès maintenant : j’ai beaucoup aimé le tome 3, clairement le meilleur de la série pour l’heure à mes yeux ; par contre, le tome 4 m’a laissé totalement indifférent, au mieux…

 

Mais je me suis rendu compte, à parcourir les critiques sur le ouèbe, que je n’avais décidément pas les mêmes critères que la plupart des lecteurs de One-Punch Man

 

HÉROS OFFICIELS AU BOULOT !

 

La série, avec le troisième tome, aborde sans doute un changement de taille dans sa conception, parce qu’un semblant de trame, totalement absent du premier tome et encore très léger dans le deuxième, prend davantage d’importance ici, permettant de mettre en scène des personnages récurrents, dans le contexte d’un monde un peu plus détaillé, s’il demeure encore assez abstrait – mais ça, j’y reviendrai juste après.

 

Pour l’heure, Saitama, grâce à son disciple imposé Genos, a enfin compris pourquoi il demeurait un anonyme aux yeux de la foule : il lui faut intégrer l’Association des Héros, pour avoir un statut officiel ! Tous deux s’y rendent, tous deux brillent aux épreuves physiques (Saitama explose même les records), et Genos également à l’examen écrit (Saitama beaucoup moins…). Au final, tous deux sont reçus : Saitama de justesse, qui obtient le dernier rang de la Classe C, mais Genos avec davantage de brio, qui intègre directement la classe S – celle des plus puissants des super-héros…

 

Intégrer cette Association n’a rien d’anodin, et influe forcément sur la suite des événements, que ce soit au travers de la mise en scène de personnages récurrents (Vipaire, Tiger Marcel et son frangin Blackhole Marcel, Bang, ou encore, dans les histoires bonus, Mlle Fubuki ou Tatsumaki…), avec notamment les jalousies de la compétition au sein des différentes catégories de héros, ou bien en jouant des obligations que ce statut officiel confère à Saitama : dans le tome 3, en tant que héros de seconde zone, il doit effectuer un quota d’interventions sous peine d’être rayé des cadres – l’occasion de retrouver, même si par le hasard le plus total, ce connard de Sonic le Foudroyant, apparu dans le tome 2 et qui semble bien constituer la Némésis de Saitama ; mais le tome 4 illustre un autre aspect de ces problématiques, quand la foule manipulée reproche à Saitama les destructions qu’il a causées dans la ville, même si elles lui ont permis de sauver tout le monde et d’éviter qu’il y ait la moindre victime…

 

Enfin, il y a les missions assignées aux héros, selon une classification détaillée dans le tome 4 : il s’agit pour eux d’intervenir, notamment, contre la menace constituée par des gros monstres antédiluviens qui louchent bien plus du côté de Godzilla que des super-vilains américains ; le tome 3, notamment, joue beaucoup de ce registre kaijû eiga, et c’est assez chouette.

 

L’Association des Héros, en tant que telle n’est certes pas bouleversante d’originalité (même si le catalogue de ses membres les plus improbables est assez savoureux – à la manière de ce qu’on peut lire dans le Top 10 d’Alan Moore), mais elle fournit un cadre bienvenu pour développer un semblant d’histoire globale, ce qui est finalement appréciable – même si cela peut paraître entrer en contradiction avec les principes mêmes du manga en ligne originel de One.

 

En même temps, via la concurrence acharnée entre les différents héros, j’imagine que c’est aussi l’occasion de railler ce lieu commun du nekketsu qu’est le tournoi, ce qui passe bien mieux que sa reprise au premier degré dans Gunnm avec le motorball (ce n’est qu’un exemple tout personnel, en rapport avec mes lectures de l’année) ; j’imagine que la pseudo-morale philo-mes couilles « You can get it if you really want », déjà sensible dans le tome 2, et poursuivie ici, notamment à la fin du tome 3 mais pas seulement, est également liée à cet aspect, mais pour le coup je n’ai pas le même ressenti, certes…

 

UN MONDE EN GERME

 

Reste qu’une chose qui m’a bien plu, tout particulièrement dans le tome 3, c’est la constitution, petit à petit, par brèves touches çà et là, d’un véritable univers dans lequel situer les aventures de Saitama. Le côté parodique de la série pouvait s’accommoder ici d’un certain flou, mais je crois que ce procédé s’avère finalement plus pertinent, notamment en ce qu’il conserve une certaine mesure. Les auteurs ne nous balancent pas des tonnes de background d’un seul coup, sur le mode « bon, fini les conneries », mais laissent une information ici, une autre là, pour dessiner un monde qui demeure suffisamment abstrait pour ne pas changer le fonctionnement général de la BD, mais avec tout de même suffisamment de matière pour que le monde vive en dehors des personnages.

 

Ainsi de ces villes qui n’ont qu’une lettre pour tout nom, de la politique de l’Association des Héros incluant des aspects très concrets comme l’abri géant dans l’avant-dernière histoire du tome 3, ainsi de la nomenclature des menaces dans le tome 4 – et peut-être aussi d’aspects davantage « en creux », comme l’origine des monstres qui godzillent sans cesse les villes, tantôt denses, tantôt peu ou prou désertes, sur le mode de la blague dans le tome 3, mais le procédé pourrait peut-être gagner en ampleur si l’on se fie à quelques indices concernant les très chtulhiennes créatures marines qui sèment la zone dans le tome 4 – ou pas.

 

Bien sûr, cette construction d’un monde a aussi ses répercussions sur les personnages et leur histoire, au-delà des seuls Saitama et Genos, ce dont j’ai déjà donné quelques aperçus – là encore, ni trop, ni trop peu, mais bien un équilibre quelque part surprenant pour une série aussi peu portée à la mesure et à la finesse.

L’UTILITÉ DES BONUS

 

Ce monde en germe doit beaucoup aux épisodes « bonus » qui concluent chaque volume – et qui constituent souvent des flashbacks impliquant Saitama du temps où il avait encore des cheveux, mais peuvent aussi prendre la forme de brèves aventures parallèles, où Saitama peut faire son apparition, mais de manière très secondaire.

 

Or ces épisodes « bonus », à en croire les quelques critiques lues çà et là sur le ouèbe pour préparer celle-ci, n’ont pas exactement bonne presse… On leur reproche systématiquement ou presque, peut-être pas de « servir à rien », mais du moins de ralentir le développement de la trame – sauf que, vu ce qu’il en est de cette trame, je ne comprends pas un seul instant qu’on puisse avoir cette « raison » en tête pour justifier la critique des « histoires bonus »… Le fil rouge est éminemment secondaire : ces « histoires bonus » me paraissent en fait bien plus utiles, incomparablement plus, parce qu’elles développent souvent de manière très heureuse un univers qui gagne à être envisagé ainsi, avec plus de distance, dans le temps comme dans l’espace.

 

En fait, toutes choses égales par ailleurs (car on ne parle certes pas du tout de la même chose…), ces récits « à côté » me font un peu l’effet des histoires courtes, et d’une chronologie interne souvent indécise, qui parsèment çà et là le génial Sandman de Neil Gaiman, en offrant des respirations entre deux avancées de la trame – respirations qui, bien loin d’être gratuites, permettent d’envisager l’histoire principale d’un autre œil. Maintenant, hein, c’est sûr : One-Punch Man, question « finesse », c’est pas exactement Sandman – c’en est peut-être même l’antithèse…

 

Le tome 3, tout particulièrement, a été critiqué à cet égard, car il compte exceptionnellement (?) deux « histoires bonus », pour cinq épisodes « normaux » – une proportion jugée bien trop importante par bon nombre de lecteurs. Ce reproche me paraît d’autant moins fondé que ces épisodes spéciaux sont très bons, et dans deux registres très différents. « Cet été-là » pousse la logique kaijû dans ses extrêmes, et s’avère très drôle – même sur la base de quelque chose d’aussi idiot et puéril qu’une envie de pisser très inopportune. Plus surprenant, « Un vent nouveau » est focalisé sur un jeune héros ayant intégré une formation aux allures de gang yakuza (l’occasion de faire intervenir des personnages charismatiques – vraiment, je veux dire, pas comme le guignol badass caricatural qui se fait joyeusement défoncer la trogne dans « Cet été-là » –, des personnages charismatiques disais-je et dont il semblerait bien qu’ils aient un rôle à jouer plus tard dans la série : Mlle Fubuki et Tatsumaki). C'est un récit beaucoup moins drôle, avec quelque chose de dramatique même – et de pertinent, je crois, avec ce jeune homme très japonais qui a cessé de faire le sarariman angoissé pour se faire héros mais sans y perdre nullement ses angoisses… La fausse note, à cet égard, c’est donc la pseudo-philosophie (humiliante) de l’effort qu’incarnent ici aussi bien Tatsumaki que Saitama – mais ça, c’est un point de vue très personnel.

 

L’unique « histoire bonus » du tome 4, « Prison break », est beaucoup moins convaincante – si pas totalement ratée. Il s’agit cette fois de faire un très bref flashback pour expliquer les événements immédiatement en cours dans la trame principale : une séquence en prison, impliquant au premier chef ce connard de Sonic le Foudroyant, et qui n’y va pas de main morte concernant les clichés de la fiction carcérale – la brute gay obsédée sexuelle y compris, en fait un super-héros de classe S qui va volontairement en prison pour se farcir des détenus, et qui répond au nom improbable de Pri-Pri-Prisonnier… Mouais, hein…

 

Mais, si cet exemple n’est pas convaincant, les deux du tome 3 le sont amplement assez pour justifier à mes yeux l’emploi de ce procédé beaucoup plus utile et pertinent qu’on ne le dit.

 

C’EST BON QUAND C’EST CON

 

Mais, certes, la BD est inégale – en ce qui me concerne du moins. C’est qu’elle joue sur deux tableaux plus ou moins compatibles et avec plus ou moins de réussite : l’humour, notamment parodique, et l’action.

 

L’humour est clairement le point fort de One-Punch Man – d’autant bien sûr que c’est ce qui singularise vraiment, sur un mode éventuellement moqueur, la série conçue par One et les shônen lambda, puisqu’il s’agit de s’amuser avec leurs codes. Les registres humoristiques sont à vrai dire variés, au-delà de la parodie – mais ils font généralement mouche : si, dans le tome 3, je ne pouvais qu’être emballé par la conclusion totalement idiote et absurde de « La Rumeur », j’ai aussi ri de bon cœur, donc, à l’envie de pisser qui s’empare de Saitama dans « Cet été-là » ; c’est certes pas du tout fin, mais c’est efficace.

 

Le dessin y a bien sûr sa part – au-delà du seul procédé consistant à figurer un Saitama très simpliste dans un univers graphique qui l’est beaucoup moins. Murata Yusuke, assurément un bon dessinateur, fait preuve d’un don indéniable pour la caricature, que la mise en scène de héros tous plus ridicules les uns que les autres favorise particulièrement : dans « Cet été-là », encore une fois, les braves héros qui perdent en l’espace de deux cases leur pose ultra-badass pour exposer en gros plan leurs vilaines petites gueules salement défoncées, c’est con mais c’est bon – ce qu’est la série dans ses passages les plus réussis.

 

Globalement, ce troisième tome est vraiment très drôle, et c’est bien pour cela que c’est celui que j’ai préféré jusqu’à présent. Le tome 4, par contre… Je n’en ai pas retenu grand-chose. Je suppose que le plus amusant se trouve dans l’épisode « Des voix relou », avec la puérile manœuvre des frères Marcel pour nuire à Saitama. Mouais… En un mouais encore plus dubitatif pour « Prison break », donc. Scénario et dessin (dans le seul registre humoristique), c’est tout de même un bon cran inférieur, sinon plus.

 

PIF PAF POUM (OU BING BING BONG BONG)

 

En contrepartie, l’action y est beaucoup plus présente… Et ça me parle de suite beaucoup moins.

 

Entendons-nous bien : One-Punch Man est un shônen baston, je ne vais pas lui reprocher de mettre en scène de la baston... Par ailleurs, le boulot de Murata Yusuke (et de ses assistants, qu’il mentionne dans les rabats dans ces deux volumes) est assurément de qualité, dynamique, impressionnant, excessif… Agréable à l’œil, par ailleurs – même si je maintiens qu’il abuse un peu du floutage. Mais, ce très éventuel bémol mis à part, c’est clairement du très bon travail.

 

Ce qui me pose problème, concernant la baston dans One-Punch Man, et tout particulièrement dans le tome 4, c’est qu’elle manque de caractère en dehors de ce seul plan graphique – j’entends, quand la baston occupe absolument tout un épisode, où la narration et le texte sont de facto hors-sujet. Quand un épisode par-ci, un épisode par-là, fait dans la grosse baston sur ce mode, ma foi, ça ne me pose pas spécialement de problème – c’est ce qui se produit, dans le tome 3, avec l’épisode « Face-à-face » ; un épisode par ailleurs totalement inutile, car il consiste en un simple combat d’entraînement entre Saitama et Genos, qui ne contribue pas le moins du monde à l’histoire (alors quand je lis que les épisodes « bonus » ont ceci de fâcheux qu’ils ralentissent la progression de la trame principale, booooooooooooon…). Mais OK – et OK pour les autres séquences de baston dans le tome 3, jamais aussi amples, néanmoins conséquentes (notamment dans les très bons épisodes « La Rumeur » et « Un vent nouveau », ce dernier étant une « histoire bonus »). Par ailleurs, si la narration est très limitée dans « Face-à-face », l’humour est clairement de la partie (et plus encore dans les autres épisodes cités).

 

Dans le tome 4, c’est autre chose… Déjà, la baston – sur ce mode radical où il n’y a peu ou prou rien d’autre – est au cœur des épisodes « La Météorite géante » (par ailleurs, très long il fait 80 pages – il se lit néanmoins très vite…) et « Le Roi des profondeurs », sachant qu’elle occupe aussi une bonne place dans « La Menace venue de l’océan », et éventuellement dans « l’histoire bonus » qu’est « Prison break ». En clair, le seul épisode plus modéré à cet égard, davantage dans l’esprit du tome 3, est « Des voix relou », soit le seul épisode, ici, qui mette vraiment l’humour au premier plan, avec les bêtises des frangins Marcel ; je suppose qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit celui que j’ai préféré dans ce quatrième volume, et de très, très loin.

 

D’autant qu’il y a un autre aspect, dans ces bastons omniprésentes du tome 4, qui m’a posé problème, pas qu’un peu… et c’est que ces scènes (hors « Des voix relou », donc) manquent cruellement d’humour : là où le tome 3 était hilarant, y compris dans la longue séquence de baston entre Saitama et Genos, ce tome 4 relègue l’humour à quelques cases éparses, et se montre globalement d’un ton plus « sérieux » qui ne lui réussit guère – surtout dans la mesure où cela vient complètement anéantir tout ce qui distingue One-Punch Man du shônen d’action lambda, et qui consistait pour une bonne partie en un regard critique, ici aux abonnés absents…

 

Reste le dessin de Murata Yusuke – irréprochable. Mais, en ce qui me concerne, ça ne suffit pas.

 

ENTRE-DEUX

 

Bilan ? Un très bon tome 3, en ce qui me concerne – drôle, malin, avec des aperçus enthousiasmants d’un vrai univers, cependant très approprié dans son abstraction.

 

Et un tome 4 au mieux médiocre, où la baston omniprésente réduit bien trop la part de l’humour, et avec d’autant plus un côté « sérieux » qui ne me parle vraiment pas du tout…

 

Et un dessin très convaincant dans les deux tomes.

 

La suite, alors ? Peut-être un de ces jours – sans urgence : au hasard de mes déambulations dans le supermarché, et de mes envies de popcorn (non, pas d'algues)...

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