L'Usage des armes, de Iain M. Banks
BANKS (Iain M.), L'Usage des armes, [Use of Weapons], traduit de l'anglais par Hélène Collon, Paris, Robert Laffont, coll. Ailleurs & Demain, [1990] 1992, 415 p.
(Euh...)
(Mf.)
(Faut que je vous avoue un truc : pour rédiger ce compte rendu miteux, je me base sur des notes prises il y a pas loin de deux mois de ça, immédiatement après ma lecture du roman.)
(Le problème, c'est que je ne m'en souviens pas du tout... C'est dire si ce troisième tome du « cycle de la Culture » m'a marqué...)
(Bon, les bêtises que je vais écrire par la suite sont donc à prendre avec des pincettes, comme d'habitude, oui, mais plus.)
(Mes notes d'alors commençaient ainsi :)
Tiens ! Ne crions pas victoire trop tôt, mais peut-être que je le tiens enfin, le Banks qui me botte vraiment.
(Ouais, tu parles, visiblement...)
Jusque-là (Efroyabl Ange1, Une forme de guerre et L'Homme des jeux), j'avais tendance à trouver ça « bon, mais... », et là j'ai envie de dégager le « mais... » (enfin, pas tout à fait, on ne se refait pas).
(Aheum...)
Le meilleur des livres que j'avais lus a été conservé (je ne parle pas ici des passages phonétiques d'Efroyabl Ange1), et le pire a été en bonne partie évincé (sous-entendu : il n'y a pas trop de tirage à la ligne ou ce genre de choses).
Un des principaux intérêts de L'Usage des armes par rapport aux romans précédents est qu'il permet de mieux appréhender la Culture de l'intérieur, quand bien même c'est essentiellement à travers les yeux de Cheradenine Zakalwe, mercenaire de son état (et espion et stratège), en principe non affilié ; ce qui peut rappeler, sur un mode inversé, le Bora Horza Gobuchul d'Une forme de guerre ; leur rapport à la Culture, à l'un comme à l'autre, est « forcé » ; Zakalwe, cependant, a un supérieur au sein de la Culture, Dziet Sma (lourd passif entre les deux), qui a parfois du mal à gérer les méthodes violentes de son pupille.
Se pose alors, une fois de plus et avant toute autre considération, la question de l'hégémonie de la Culture ; celle-ci est présente dès le début du cycle, dans une version « soft power », mais elle est cette fois beaucoup plus frontale : la Culture entend bien s'étendre sur les mondes qu'elle « protège », par la force si besoin est. Ambition classique de ces gens (enfin, ici, des Mentaux, probablement...) qui entendent faire le bonheur des autres malgré eux et sans leur demander leur avis...
L'Usage des armes est construit sur deux lignes narratives. Dans l'une, au « présent », nous voyons Sma rechercher par tous les moyens Zakalwe pour le faire réintégrer la branche Contact de Circonstances Spéciales (et c'est pas évident), puis, une fois le mercenaire retrouvé, l'engager dans une très complexe mission où la diplomatie et l'espionnage cèdent bientôt la place à la pure stratégie militaire (passablement tordue).
L'autre ligne narrative s'intéresse à Zakalwe seul, et remonte dans le temps pour mieux comprendre la psychologie du personnage (un « mieux » tout relatif, le mélange délibéré des époques rendant parfois la lecture confuse au premier abord).
Sma et surtout Zakalwe sont des personnages complexes et authentiques, que l'on suit avec plaisir (malgré le final « psychanalytique »?). Leurs motivations sont ambiguës, leurs émotions à fleur de peau, tout cela résultant d'un passé pas toujours facile à admettre, et qui, à l'occasion, remplace la pseudo-guerre « publique » par quelque chose de « privé ».
Le style est à l'avenant, qui parvient à éviter dans l'ensemble le tirage à la ligne qui m'avait semblé si pénible dans Une forme de guerre (notamment pour les interminables scènes d'action). On ne devrait pas cependant voir en L'Usage des armes un roman de science-fiction purement « cérébrale » : si l'univers qui y est dépeint est largement moins baroque que celui d'Une forme de guerre, le roman reste divertissant, et – ouf – on ne s'ennuie pas à sa lecture.
Et donc voilà : en dehors de quelques pages un peu trop confuses, peut-être, en milieu de roman (mais il y a ici une intention que je peux difficilement saisir avec le recul), L'Usage des armes m'a davantage convaincu que les précédents. Ceci étant, c'est bien avec le suivant, Excession, que j'ai enfin trouvé un roman de la Culture parfaitement à mon goût ; à bientôt, donc.
(Et pardon...)
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