CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (10)
Dixième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente là.
Le joueur incarnant le bootlegger Clive était absent. Étaient donc présents l’homme de main Johnny « La Brique », la flingueuse Moira, le perceur de coffres Patrick, et ma « Classy » Tess, maître-chanteuse.
Sur l’astéroïde, en pénétrant dans la cabane à outils, Moira et Clive trouvent un gamin à l’agonie en train de pleurer. Moira lui dit doucement de venir avec elle et Clive, qu’elle ne lui veut pas de mal, qu’elle va le mettre à l’abri… Mais l’enfant dit qu’il n’a plus confiance en aucun adulte, et qu’il ne veut plus en voir : « Le monde des adultes est ignoble ! » Moira admet que c’est vrai, mais que « c’est le monde de tout le monde » ; et elle va s’occuper de lui, il peut lui faire confiance… Mais Clive s’insinue subitement entre eux… et égorge le gamin ! Moira est outrée, mais Clive, confus, lui dit qu’il croyait que l’enfant allait l’attaquer avec sa fourchette… Moira s’agenouille contre l’enfant qui n’en a plus pour longtemps, elle le prend dans ses bras, comme pour le bercer : « Ça va aller, ça va aller… », lui répète-t-elle, tandis qu’il trépasse dans ses bras… Clive bredouille, il dit qu’il ne comprend pas comment Moira peut faire ça : « Ce sont des monstres ! » Moira lui dit que non, ce sont simplement des enfants qui ont été manipulés… Dégoûtée, elle se relève enfin et dit qu’ils doivent rejoindre Johnny – mais elle ne veut visiblement pas parler davantage à Clive…
Johnny jette un œil en arrière – deux gamins le poursuivaient, mais l’un d’entre eux se dirige finalement vers le jardin, laissant l’autre en arrière, qui l’interpelle sans succès et est visiblement un peu perdu, au point de s’immobiliser (il voit par ailleurs Moira et Clive sortir de la cabane derrière lui). Johnny s’interrompt dans sa course, pour reprendre son souffle. Mais, après une petite pause, quand il a un peu récupéré, il se retourne brusquement et se précipite sur le gosse immobile ! Celui-ci, terrifié, cherche alors à s’enfuir, mais ses petites jambes ne lui permettent pas de courir assez vite – d’autant qu’il a le mauvais réflexe de regarder souvent en arrière ; il finit par trébucher et s’étale par terre… Johnny le rattrape sans la moindre difficulté et lui brise la nuque d’un coup sec, à l’aide de son seul bras valide. Puis il se tourne vers l’autre enfant, dans le jardin…
Moira et Clive, en sortant de la cabane, sont entourés par les cadavres – notamment celui d’un gamin éventré, qui semblait avoir eu pour dernier réflexe de rassembler ses tripes en essayant vainement de les faire rentrer dans son ventre déchiré… À leur droite se trouve cependant un rescapé… pour un temps : il est très pâle, a perdu beaucoup de sang, et essaye absurdement de revisser son bras droit tranché ! Moira lâche perfidement à Clive qu’il ferait bien de « le finir », puisque c’est son truc… Clive est touché au vif, il lui jette un bref regard noir : « Soit ! » Il tranche la gorge du gamin avec son cimeterre. Moira, comme par réflexe, récite une prière pour l’énième défunt… Ils repartent ensuite dans la direction de Johnny, et voient le gamin dans le jardin, qui va s’abriter dans la cabane où se trouve l’autel. Moira dit à Clive de le laisser ; mais tous deux comprennent bien que Johnny va dans cette direction… Moira l’interpelle : « La Brique ! Laisse-le, il ne nous fera rien… » Mais Johnny, toujours plus ou moins sous le coup de sa rage (et le visage toujours tordu dans un rictus douloureux baigné de larmes), n’y prête pas attention et continue ; Moira cherche alors à l’intercepter tout en lui adressant de grands signes, tandis que Clive, méfiant, reste un peu en arrière. Johnny se retrouve ainsi bientôt face à Moira… qui l’enlace. Il lui dit qu’il faut en finir, mais Moira refuse : « Non, il est tout seul… » Johnny lui rétorque que celui qui lui a fait perdre son bras était tout seul lui aussi… Obnubilé, il ajoute que, si on en laisse au gamin le temps, il va faire une autre incantation… Moira, qui prend alors conscience de ce que Johnny n’a plus d’ossature dans le bras droit, lui demande, perplexe, s’il s’agit de sorcellerie, et Johnny répond machinalement que oui. Moira, sur le point de craquer, se prend la tête entre les mains… et concède qu’il a sans doute raison. Clive se tient en retrait et laisse passer Johnny – qui guette une nouvelle incantation, mais n’entend que des sanglots…
Sur Terre, Patrick, Fran et moi dépassons la périphérie de Boston. Patrick souffre toujours de douleurs internes, il est plus ou moins somnolent et grommelle de temps à autre. Fran aussi est dérangée, même si c’est pour d’autres raisons : elle a beaucoup trop mangé depuis qu’elle s’est échappée de l’enfer de Templesmith… Tandis que nous approchons d’une ultime station-service, elle me demande de m’arrêter. J’obéis, et elle se précipite aux toilettes… Patrick a de toute évidence besoin d’un médecin, mais pense qu’il devrait tenir le long du trajet. Il transpire beaucoup – c’est d’autant plus visible qu’il n’a plus de cheveux… Il sort à son tour de la voiture, et se traîne devant un buisson pour vomir. Je descends le rejoindre, en coupant le contact et en prenant les clefs. Je le soutiens alors qu’il manque s’étaler dans son vomi. Il a visiblement besoin de se reposer, je lui dis de s’allonger sur la banquette arrière. Il ricane douloureusement, dit qu’il n’aurait jamais cru voir quelque chose de pire que les horreurs qu’il avait vécues du temps où il combattait au sein de l’IRA… Je me rends dans la station-service, me dirige vers la cabine téléphonique, et appelle le Trèfle, où je tombe sur Seth. Je me décide alors quant à l’itinéraire : je vais prendre la voie rapide (plutôt que de m’égarer dans les petites routes, ce qui serait probablement trop long, pensé-je), et je dis à Seth que nous sommes en route et avons besoin d’un médecin ; Seth laisse entendre qu’ils vont nous rejoindre sur le trajet… Je vais régler le factotum, et retourne à la voiture. J’entends Fran qui essaye de siffloter faiblement, très mal ; elle cherche une mélodie, mais n’y parvient pas… Je lui demande comment elle se sent, elle me répond que ça va, mais je sais qu’elle ment, même si c’est pour m’être agréable… Et elle se mordille régulièrement la phalange. Je lui dis qu’elle peut me parler, si elle en a besoin. C’est le cas : elle me demande quelles relations j’entretenais avec mes parents, et s’ils sont toujours en vie ; je lui dis qu’ils sont morts, et que ça se passait plus ou moins bien… Mais que j’ai appris, depuis, à dépasser tout ça ; pas forcément à faire « ce que je veux », mais du moins à toujours prendre en compte mon intérêt – à ne pas faire forcément tout ce qu’on m’imposait, parce que j’étais la fille d’untel, parce que j’étais née dans tel milieu… Cette petite conversation soulage visiblement Fran, qui avait une relation conflictuelle à son père, mais la mort atroce de ce dernier la perturbe et lui fait relativiser les choses…
Au bout d’un moment, à un peu moins d’un kilomètre devant nous, Fran et moi repérons des voitures arrêtées des deux côtés de la route : c’est de toute évidence un barrage policier… Autour de la route, il y a des champs céréaliers d’un côté, des bois de l’autre… Mais je repère un chemin de terre sur la gauche. Je décide de m’y engager, et demande à Fran si elle ne connaîtrait pas le coin, à tout hasard ; elle me parle d’un ex (plus ou moins…), visiblement un obsédé, qui voulait de toute force l’emmener par-là, où se trouverait une ferme abandonnée propice aux amourettes, mais elle a toujours refusé… Fran perçoit un reflet lumineux quand nous tournons : peut-être des jumelles ? Les flics nous ont-ils vus bifurquer ? C’est semble-t-il bien le cas : au bout de cinq ou dix minutes sur le chemin de terre, Fran voit qu’une voiture de police s’est à son tour engagée dans les champs, à notre suite… Je conserve la même vitesse, en disant à Fran de guetter nos arrières et de me tenir au courant de ce qui se passe. Nous approchons d’une ferme, avec quelques lumières allumées ; il y en d’autres plus loin, qui se découpent vaguement dans l’aube naissante… Je poursuis. Fran me dit que les policiers semblent accélérer. Je réfléchis à nos options en poursuivant ma route, pensant peut-être jouer la comédie des rendez-vous galants mentionnés par Fran, mais elle ne peut pas m’en dire davantage quand je lui demande de me briefer… Patrick, à demi conscient, suggère que nous pourrions descendre lui et moi, et laisser Fran conduire – elle n’est a priori pas recherchée, contrairement à nous… Même si, après ce qui s’est produit dans le manoir des Templesmith, nous n’en avons finalement aucune certitude. Mais nous entendons alors un bruit de moteur sur la gauche, et distinguons des phares à travers champs ; nous comprenons bientôt qu’il ne s’agit cette fois pas d’une voiture de police : c’est un véhicule tout noir, avec des vitres teintées. Et Fran devient livide. Je lui demande ce qui se passe, et elle nous parle de la cuve, de ce que Templesmith y mettait… Je me décide pour une marche arrière rapide. La voiture des flics, derrière nous, lance sa sirène. L’autre voiture, dans les champs, bifurque clairement vers nous – nous sommes bel et bien sa cible… et je vois qu’il n’y a a priori personne au volant ! J’arrive au niveau des flics, contourne tant bien que mal leur voiture et, sans m’arrêter de reculer, leur fais un geste pour indiquer l’autre voiture, qui a atteint le chemin de terre et se précipite vers nous…
De retour sur l’astéroïde. Johnny colle son oreille contre la paroi de la cabane de l’autel, il entend les sanglots de l’enfant qui s’y est réfugié, et ouvre la porte. La vision de l’autel le perturbe encore un peu davantage, si c’était encore possible, et de même pour le spectacle que lui offre l’enfant qui s’y est caché : il s’est emparé de boyaux ou autres reliquats de chair sur une des idoles, et chuchote : « Maman, à l’aide… » Johnny comprend que ce sont bien les restes de sa mère qu’il serre contre lui !
Moira, abattue, laisse Johnny se charger de cette ultime proie, et préfère se diriger vers la bâtisse au « nord-ouest », en demandant à Clive de l’accompagner. Moira ouvre doucement la porte. Elle donne sur une sorte de salle de classe, avec des bureaux pour écoliers, un tableau noir au fond (sur la gauche, on trouve des éléments pour l’étude du système optique humain, tandis qu’à droite s’étalent des noms incompréhensibles : « sothoth », « hotep », « Cthul », mais aussi « Siksxis ») ; on y trouve également une petite bibliothèque, ainsi que divers posters affichés aux murs concernant l’anatomie humaine, et d’autres arborant l’écriture « runique », à base d’angles et de courbes, que nous avons croisée plusieurs fois ; on y trouve enfin un squelette d’étude, tandis qu’au fond de la pièce une porte donne sur une remise avec du matériel de chimie.
Johnny, dans la cabane de l’autel, s’approche de l’enfant qui geint et marmonne, répétant sans cesse : « C’est pas ma faute ! J’ai suivi ce qu’on m’a dit ! » Il fixe alors Johnny de ses yeux embués de larmes : « Moi je voulais devenir comme vous ! Être fort ! Et puis j’étais un très bon élève ! » Il se met à réciter ses cours, frénétique… Johnny, sans plus attendre, lui brise la nuque d’un coup sec.
Moira et Clive sortent de la salle de classe, ils entendent le très bref cri de l’enfant quand Johnny le tue, et vont le rejoindre. Johnny sort de la cabane – toujours souriant, toujours pleurant… Moira dit qu’il faut qu’ils trouvent un moyen de rentrer chez eux ; Johnny acquiesce, sans un mot. Or un navire très sombre approche dans le ciel émaillé d’étoiles, qui semble littéralement descendre vers les quais. En guise de proue, il arbore une sorte de visage pas tout à fait humain, avec un seul œil, par ailleurs couvert de sortes de tentacules. Johnny retourne à la cabane à outils pour y reprendre sa hache, tandis que Moira sort ses dagues. Mais Clive, lui, veut se planquer : « Ils nous ont peut-être pas vus ! On peut pas partir à l’assaut comme ça ! On ne sait même pas ce que c’est ! » Il s’éloigne vers le grand bâtiment au « nord », et Moira le suit… Elle discerne un bruit de l’autre côté du bâtiment, mais ne s’y arrête pas, et pénètre à l’intérieur, à la suite de Clive. Johnny, par contre, voit ce qui fait ce bruit : encore un gamin… Mais Johnny reconnaît cette fois ce petit rouquin : c’est Pete, un fils de la famille O’Reilly, des distillateurs irlandais qui ont la réputation de vivre perpétuellement sous terre, dans leurs caves où ils travaillent – et il est visiblement terrorisé…
De retour sur Terre. Patrick fouille dans la cache derrière le siège, où se trouvent les armes et les munitions, et il met un chargeur sur la Thompson. La marche arrière n’étant pas assez rapide et, pire encore, rendant la conduite plus difficile, je tente d’opérer un brusque demi-tour… mais la voiture des flics, qui avait elle aussi entamé une marche arrière, percute notre véhicule en fin de manœuvre. Surtout, l’autre voiture emboutit celle des flics à grande vitesse, la repoussant violemment dans les champs… Un des flics est blessé, l’autre simplement sonné. Patrick et Fran distinguent mieux l’autre voiture : il n’y a effectivement personne au volant, mais ils voient une petite boîte d’écailles, semblable à celles que l’on avait trouvées chez Templesmith puis dans le tunnel, au-dessus du tableau de bord ; elle est reliée par un ensemble de tiges métalliques au volant : la voiture est conduite par un automate… La porte arrière s’ouvre, et en émerge une silhouette en imperméable… sans tête. J’essaye d’aller à fond – mais la conduite n’est pas aisée sur ce chemin de terre, et les cahots me font régulièrement mordre dans les champs… La silhouette en imperméable sort une Thompson dans sa main droite, et une arme de poing dans la gauche. Patrick, à l’arrière, défonce une vitre d’un coup de crosse, y glisse sa mitraillette et fait feu, en espérant toucher le réservoir ; il se blesse avec des éclats de verre, un premier coup tiré par réflexe part dans le vide, mais sa rafale touche au but en fin de compte… et la dernière balle fait même exploser le moteur ! La silhouette sans tête est projetée par le souffle, six mètres en avant… Fran jubile : emplie de dévotion pour Patrick, qui la sort à nouveau d’un mauvais pas, elle ne peut se retenir de l’enlacer…
Je parviens à remettre la voiture sur le chemin de terre et fonce ; cette fois, je distingue une autre bifurcation qui m’avait échappé à l’aller – un raccourci probable, permettant de rejoindre plus loin la voie rapide, et je m’y engage. Patrick repère sur la grande route une voiture de flics, gyrophare allumé, qui, sans doute attirée par les détonations et l’explosion, emprunte le chemin de terre qu’on avait pris tout d’abord – elle nous dépasse ainsi sans faire attention à nous. À un moment, je repère un paysan qui rejoint notre chemin de terre depuis son champ, et qui est ébloui par mes phares. Je parviens à l’éviter sans souci, et peux maintenir une allure plus que correcte. Plus loin, cependant, un portail nous barre la route ; je ralentis, m’arrête, et demande à Fran d’aller l’ouvrir. Mais on entend des détonations à l’arrière, un cri de douleur, des balles qui sifflent autour de nous, dont une raye la carrosserie… Fran avait commencé à descendre, mais remonte immédiatement : une balle l’a effleurée à la jambe… J’essaye alors de foncer dans le portail pour le briser… mais le choc est rude, notre pare-brise vole en éclats, et le pneu avant gauche est crevé par une écharde ! Fran pousse à nouveau un petit cri de douleur…
Nous rejoignons cependant la voie rapide. Je poursuis un temps avec le pneu crevé, mais ça ne peut pas durer : au bout d’un moment, je suis contrainte de m’arrêter sur le bas-côté ; Fran et Patrick descendent pour s’occuper de changer le pneu (je me sens incompétente à cet égard)… Mais Patrick a toujours les organes perturbés, et doit s’arrêter pour vomir – il y a cette fois un peu de sang au milieu de la bile… Il est donc contraint de remonter dans la voiture, et, n’ayant guère le choix, je descends aider Fran pour changer le pneu. Nous débarrassons aussi le pare-brise des éclats les plus gênants. Tandis que l’aube se lève, je tente de redémarrer, mais le moteur grince un peu… C’est alors qu’une voiture se gare devant nous ; en sort une femme d’une quarantaine d’années, qui nous demande, pleine de bonne volonté, si on a un souci… Je ne sais trop que dire, essaye sans grande conviction de la baratiner, en faisant comme si j’étais un peu secouée par un accident, mais glisse un vague signe à Fran et Patrick pour qu’ils passent derrière elle et la maîtrisent. Fran s’approche d’abord de Patrick… qui lui dit qu’il vaut mieux qu’il monte avec la femme pour qu’elle le conduise à l’hôpital le plus proche, tandis que nous poursuivrons, Fran et moi ; mais Fran sait très bien qu’il finira alors en prison, et le lui dit… De mon côté, je demande enfin à la femme de nous conduire un peu plus loin – elle dit qu’il y a bientôt une station-service sur la route. Mais Fran passe derrière elle, je hoche la tête… et elle frappe la femme en haut du crâne : celle-ci tombe à genoux, un peu sonnée mais consciente ; je lui donne un coup de plus et elle s’effondre… Nous la ligotons avec le peu de matériel dont nous disposons, derrière la voiture pour ne pas attirer l’attention, et la mettons enfin dans le coffre de notre épave. Fran transvase nos affaires, dont les armes, dans notre nouveau véhicule, et nous repartons – je prends à nouveau le volant… Je réalise que Fran en a profité pour voler le portefeuille et les papiers de la conductrice – elle partage la petite monnaie, nous donnant un dollar à chacun (mais peut-être conserve-t-elle les billets ?), puis jette le portefeuille désormais vide par la fenêtre. Au bout d’un moment, nous repérons la voiture de Seth, qui nous fait signe ; elle est suivie par une autre voiture d’Irlandais, parmi lesquels Big Eddie ; je me gare à leurs côtés …
Sur l’astéroïde, Moira et Clive se sont réfugiés dans le grand bâtiment au « nord » ; Moira, plus précisément, se cache dans cuisine, tout à gauche, et perd de vue Clive ; on trouve à côté, dans l’ordre, un grand dortoir, un salon ou salle à manger, enfin une grande salle de bains. Johnny, dehors, s’adresse à Pete qui est terrorisé : « Pete, c’est toi ? » Le gamin reconnaît « La Brique », et lui répond par ce sobriquet ; mais il le voit armé d’une hache, et il est impossible d’ignorer les nombreux cadavres d’enfants qui parsèment la surface de l’astéroïde… Moira, à l’intérieur, demande à Clive de la rejoindre dans la cuisine – il étouffe quelques jurons, mais obtempère. Pete, dehors, a peur de Johnny : « T’approche pas ! » Mais « La Brique » lui dit qu’il n’a rien à craindre de lui (son rictus baigné de larmes ne le rend cependant pas très rassurant…) : « Tu sais bien que je ne te ferai pas de mal, Pete… ». Ce dernier lui demande s’il travaille pour « Siksxis »… Mais, quand Johnny s’approche encore, Pete s’enfuit en courant… Johnny se précipite derrière lui, au moins pour voir où il se rend.
Moira l’aperçoit par une fenêtre de la cuisine, elle tape à la vitre pour lui dire d’arrêter. Mais Johnny continue, après lui avoir adressé un regard indécis. Clive regarde Moira à la fenêtre, et passe sa main sur sa gorge d’un air interrogatif. Moira est interloquée : « Non… Non… Non ! » Clive lui demande si elle est sûre d’elle : « Oui ! » Moira change de sujet, elle dit qu’il faudrait voir s’ils pourraient monter dans le bateau ; celui-ci est en train d’accoster sur le quai, des cordages en sont lancés. Moira voit enfin des silhouettes en descendre : leur peau, nue, est très pâle, comme la Lune – et un brin répugnante… Un de ces êtres, qui regardent partout autour d’eux, crie le nom de « Siksxis ». Moira est très affectée par ce spectacle… Et les autres « marins » appellent « Siksxis » à leur tour. Moira poursuit cependant sur sa lancée, demandant à Clive si ça ne serait pas le moment d’aller sur le bateau, mais elle est visiblement confuse, et guère convaincante… Clive lui répond qu’elle fait ce qu’elle veut, mais lui, il se planque !
Johnny, de son côté, a rejoint Pete caché derrière un buisson, et lui demande calmement s’il sait comment partir d’ici. Pete répond qu’il n’en sait rien : il n’est pas comme eux ! (Johnny, en y repensant, se rend compte qu’il n’a pas entendu dire que les parents O’Reilly soient morts.) Moira veut rejoindre Johnny et Pete, elle passe par la fenêtre. Elle discerne les silhouettes des « marins », qui sont descendus sur le quai. Moira s’adresse à son tour à Pete : « Mon garçon, aide-nous s’il te plaît ! » Son ton plus maternel fonctionne autrement mieux que celui de Johnny… Mais Pete dit qu’il ne sait pas, il se cache des autres enfants – il les avait suivis parce qu’ils avaient l’air « cool », mais sans en savoir davantage, et notamment comment retourner sur Terre… Moira lui demande s’il sait quoi que ce soit quant au bateau qui est arrivé. Mais Pete a peur, et n’a pas forcément grand-chose à dire à ce sujet : ce sont des « commerçants », qui achètent des « trucs » à « Siksxis », qui est le maître, le professeur des enfants. Moira lui demande de qui il s’agit… et il répond que c’est Hippolyte Templesmith ; qui vient ici, des fois… D’après Pete, tous les passages se font en tout cas par le bâtiment abritant les cages, par lequel Johnny, Clive et Moira eux-mêmes sont arrivés. Moira cogne alors aux vitres de la cuisine, pour dire à Clive qu’ils vont tenter de quitter les lieux. Tous entendent cependant des bruits répugnants, évoquant des gens en train de se nourrir (probablement des cadavres des enfants…) ; puis résonne une voix évoquant des grognements tirés d’une gorge monstrueuse : « OK, cherchez, et on embarque les survivants ! » Et ils comprennent ça en anglais, tout en ayant le sentiment dérangeant qu’ils ne devraient pas pouvoir le faire, car ces mots n’avaient pas été prononcés en anglais…
Commenter cet article