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CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (15)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (15)

Quinzième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente .

 

Tous les joueurs étaient présents : les PJ étaient donc Dwayne, Leah McNamara, Michael Bosworth (dont le joueur incarnait Clive auparavant, qui continue d’apparaître dans la première scène, mais plus ou moins géré collectivement), le perceur de coffres Patrick, et ma « Classy » Tess, maître-chanteuse.

 

Sur l’astéroïde, Clive discute avec Higar, Tomni et Selvine, qu’il a libérés – ils ont rejoint le pont du bateau d’ébène. Les trois captifs sont perturbés à l’idée de devoir collaborer avec les « satyres » pour naviguer ; comme pour leurs maîtres, les hommes de Leng, ils savent que ça débouche toujours sur une trahison… Higar s’interroge sur la marche à suivre : « Faut-il nous aussi les maltraiter pour nous en faire obéir ? Et est-ce qu’on en est seulement capables ? » Clive leur demande s’il y a une hiérarchie interne parmi les « satyres » (ils ne comprennent pas ce mot). Higar suppose que oui, mais de nature discordante : les bêtes lunaires la favorisaient pour que les esclaves se disputent entre eux plutôt que de se retourner contre leurs maîtres… Il y a en bas cinq « satyres », tous visiblement mutilés – mais pas au point de les rendre inaptes à leur tâche ; les trois humains disent que certains d’entre eux sont morts à la tâche et ont été aussitôt remplacés depuis qu’ils sont à bord. Higar jette des coups d’œil réguliers pour s’assurer que personne d’autre n’arrive sur l’astéroïde (il redoute « 6X »). Clive craint que ne pas se montrer ferme soit déroutant et peu efficace… Tomni se dit prêt à faire ce qu’il faut pour maintenir la sécurité (mais il n’en semble pas tout à fait convaincu lui-même…) ; il va chercher des armes sur les cadavres : Higar prend la lame la plus légère (plus une main-gauche qu’un cimeterre), mais le vieillard ne pourra sans doute pas en faire grand-chose… Selvine prend une lance et un cimeterre – Clive lui demande si elle sait s’en servir, elle répond qu’elle n’est pas une guerrière, mais qu’elle s’est longtemps amusée à manier des armes avec son frère… Les trois captifs sont déroutés par Clive, son comportement, ses questions ; ils lui rappellent que, de toute évidence, il n’est pas « d’ici », ils disent qu’il vient de « l’Éveil », mais Clive répond ne pas savoir ce que ça signifie… Ils larguent les amarres, mais reste toujours à voir comment se comporter vis-à-vis des « satyres ». Clive continue de s’interroger : s’ils parviennent à s’assurer la coopération des esclaves, où iront-ils ? Ils veulent tous rentrer chez eux (Selvine parle ainsi d’Ulthar, en disant que sa famille est aisée et pourra les accueillir) ; Clive demande comment lui-même pourrait rentrer chez lui, mais les autres n’en savent rien, précisant seulement qu’il leur est impossible d’aller dans « l’Éveil »… Le bateau flotte maintenant dans le vide interstellaire, s’éloignant lentement du quai. Et, tandis que Clive continue à se demander comment il pourrait rejoindre son monde, il a subitement l’impression de sortir, avec le bateau, d’une sorte de « bulle » ; dès lors, les autres ne le comprennent plus, et lui pas davantage : ils ne parlent plus anglais !

 

À la ferme de Danny O’Bannion, nos supérieurs ne vont pas tarder à arriver. Michael s’interroge : est-ce qu’on dit tout à Big Eddie sur ce qui s’est passé ? Dwayne ne voit pas comment on pourrait lui cacher quoi que ce soit, de toute façon… Il sort pour mettre de côté le « cadavre » de « La Brique », et Michael va l’aider – mais la structure métallique s’avère étonnamment légère. Ils veulent le rentrer dans la maison pour le déposer sur la table, mais la voiture de Vinnie arrive à ce moment, et ils reposent « La Brique ». Michael rentre, suggérant à Patrick, plus que jamais hagard et perdu dans la contemplation morbide de la tête de Moira, de monter à l’étage, pour se reposer… Il refuse : « Non, pas le temps ! »

 

Dwayne va accueillir Vinnie – il est seul. Le bras-droit de Danny O’Bannion nous demande : « Vous êtes les seuls survivants ? » Dwayne répond qu’il y a aussi quelques fermiers, « dont l’abruti » (Jerry). Vinnie demande que tout le monde sorte : notre groupe, les fermiers survivants, Fran… Stanley reste par contre ligoté à l’étage. Vinnie examine la dépouille de « La Brique », et est visiblement décontenancé par ce qu’il voit. Tout le monde lui obéit et se rassemble dans la cour (je reste un peu en retrait pour ma part ; quant à Patrick, il garde la tête de Moira en main, mais la dissimule dans son dos). Vinnie nous demande si nous avons tous participé à la mort de notre agresseur ; oui, plus ou moins… Il va alors chercher une caisse dans le coffre de sa voiture. Une autre voiture et un camion à l’effigie de Miska-Tonic ! approchent de la ferme. Vinnie dit à Jamie de s’occuper de prévenir les familles des morts. Le devant de la caisse, qu’il a déposé par terre, est un peu décollé, et son contenu a un peu tinté quand il l’a bougée. Vinnie dit que c’est un cadeau du patron pour tous ceux qui ont abattu « cette horreur ». Dwayne ouvre la caisse : s’y trouve quatre bouteilles de whisky irlandais (de la meilleure qualité), ainsi que des « bonds » pour passer au Lila et des boîtes de cigares. Michael remercie Vinnie, mais dit que ce n’est probablement pas fini…

 

La voiture qui entre dans la cour est plus luxueuse, c’est celle de Danny O’Bannion. On entend ce dernier gueuler, tandis que Big Eddie et Seth sortent du véhicule. Une bande d’Irlandais sort en même temps du camion, mais on ne les connaît pas vraiment, ou à peine – peut-être viennent-ils de Boston ? Ils sont bien habillés, armés – des mitraillettes Thompson –, et ils ont visiblement « vécu » (sans être vieux à proprement parler, nombre d’entre eux exhibent des cicatrices, ce genre de choses). Puis Danny sort à son tour, en rugissant ; il pousse violemment un homme menotté, qui a un sac à patates sur la tête ; c’est comme si O’Bannion n’avait pas conscience de notre présence ; il enlève le sac de la tête de son captif, et nous reconnaissons Benito, l’homme de main de Potrello (qui a la réputation d’être particulièrement sanguinaire). O’Bannion traîne son prisonnier (qui reste stoïque, fermé) jusqu’au tas de cadavres. Il lui hurle : « Et ça, ordure, c’est nous, peut-être ? Ou c’est vous ? » Il secoue Benito au-dessus du tas, puis le traîne jusqu’à la dépouille de « La Brique », le jetant enfin dessus ; il est visiblement furieux, mais sa rage ne le domine pas totalement, il cherche à convaincre Benito de quelque chose – ce dernier murmure une prière en italien, il est sidéré par ce qu’il voit. Nous observons la scène en silence… O’Bannion remarque la prière de son détenu, et il lui rappelle que les Irlandais aussi sont des catholiques en terre protestante – il arrache sa propre croix en médaillon, et la fourre dans la bouche de Benito. « J’ai un message pour Potrello : on survit ensemble, ou on crève ensemble ; et demande-toi quel intérêt j’aurais eu à faire ça… » Benito maintient le contact visuel, et demande enfin à O’Bannion – après avoir été libéré de la croix qu’il rechignait à cracher – s’il compte le tuer ici devant ses hommes, ou bien le ramener à Potrello pour qu’il porte le message. Danny dit à Big Eddie de ramener Benito au quartier italien ; avant qu’ils s’en aillent, il ajoute qu’ils ont un ennemi commun, que ce soit Hippolyte Templesmith ou encore un autre, et que ça serait une très mauvaise idée que de se retourner une nouvelle fois contre lui. Big Eddie s’empare de Benito, et ils s’en vont.

 

O’Bannion allume un cigare, puis se dirige vers nous. Il donne au passage un petit coup de pied dans la caisse : « Profitez-en, c’est mérité. » Il nous demande ensuite ce qu’il en est de la « taupe », supposant qu’elle doit faire partie des survivants. Mais Dwayne lui dit que nous n’avons pas eu assez de temps à y consacrer… O’Bannion, désignant les hommes du camion, dit qu’il nous a amené des renforts – précisant que ce sont des athées…

 

Patrick s’avance alors vers Danny :

« Puisque tu fais le décompte des morts, t’as pas l’impression qu’il y a quelqu’un qui manque ?

­— Il y a plein de monde qui manque, partout…

— C’est ici, ce qui m’intéresse. »

Patrick brandit la tête de Moira devant O’Bannion. Et celui-ci, interloqué un bref instant, parle bientôt à la tête coupée : « Salut, Moira… Dis-moi : Patrick semble croire que c’est ma faute, tout ça, t’en penses quoi ? » Patrick lui demande s’il savait dans quel enfer il nous envoyait. O’Bannion le nie, fermement :

« Patrick, tu crois que je souhaite ta mort, ou que je t’ai envoyé là-bas pour le plaisir ?

— Aucune idée, mais il y a aussi le cadavre de « La Brique », là-bas, et moi j’ai les intestins déplacés. »

Patrick, répondant à O’Bannion qui l’interroge à ce sujet, dit que la tête de Moira avait été cousue sur le corps de « La Brique ». O’Bannion médite : « Malin, et cruel… Votre ennemi vous attaque à l’affect… » Patrick lui demande quand on va pouvoir en finir avec Hippolyte Templesmith, et accompagne sa question d’un geste pour armer sa Thompson. O’Bannion : « Tu crois que l’abattre serait une bonne idée ? » Il se tourne vers nous, et nous demande ce qu’on en pense – il semble tout particulièrement désireux d’entendre ma réponse, me fixant plus longuement. À regret, je réponds qu’à terme, nous devrons bien, soit l’abattre, soit trouver un moyen de le priver de ses pouvoirs ; la situation ne peut pas s’éterniser, et le temps joue en sa faveur… Mais O’Bannion nous rappelle alors la réputation des Irlandais à Arkham, plus que jamais mauvaise, tandis que Templesmith jouit d’une popularité grandissante… Il poursuit, disant dit qu’il ne nous a pas choisis pour rien – et Michael s’empresse de lui répondre qu’il a fait le bon choix. O’Bannion ramasse alors la tête de Moira, nous dit qu’elle avait deux enfants, dont il avait promis de s’occuper, et qu’il faut prévenir… « Tu veux le leur annoncer, Patrick ? » Ce dernier répond qu’il peut le faire… O’Bannion nous demande alors si nous avons besoin de consignes plus « explicites » ; Michael dit que non, et que nous allons nous remettre au travail et débusquer la taupe. O’Bannion ajoute cependant dit qu’il a épargné Potrello pour éviter des conflits de popularité, et qu’il faudra peut-être faire la même chose avec Templesmith ; il se plaint qu’il doit déjà « arroser » tout le monde en ce moment… Puis il arbore un air nostalgique, faisant la remarque que, jusqu’ici, personne n’avait jamais attaqué la ferme… Il s’interrompt, redevient plus strict : « Nick est en route. Et vous êtes les mieux placés pour protéger la ville. » Quand Michael lui demande s’il s’agit de déstabiliser Templesmith sur le plan politique, Danny répond qu’il est mieux placé que nous pour cela, mais que toute fuite sur ses vices, ou ce genre de choses, est bonne à prendre ; s’il devient maire, c’en est fini des Irlandais… Mais non, il ne faut toujours pas l’assassiner ; et, à vrai dire, O’Bannion se demande ce qui pourrait bien le tuer… Il enveloppe alors la tête de Moira dans sa veste – définitivement foutue. « Votre boulot ne va pas déterminer que votre paye, mais aussi votre survie. » Il se dirige vers sa voiture. Michael le remercie encore pour la caisse, et lui dit qu’il peut compter sur nous. O’Bannion ajoute qu’il y aura peut-être d’autres caisses plus tard… Il reprend sa marche, s’arrête un instant, se tourne vers Patrick : « C’est dommage que tu ne m’aies pas montré la tête de Moira quand Benito était là, ça aurait pu faire son effet… » Il s’en va.

 

Son médecin personnel, Nick, arrive bientôt. Il invite tous les blessés à rentrer dans la maison – où Jerry prie, tandis que Jamie passe des coups de fil, d’un ton digne mais grave, annonçant des mauvaises nouvelles (il négocie aussi avec Eleazar, le type des pompes funèbres). Nick fait ce qu’il peut pour nous soigner, avec plus ou moins de réussite (il ne peut notamment rien faire pour mon petit doigt…), puis s’en va avec Vinnie. Le camion est lui aussi parti, après avoir embarqué les cadavres. Les hommes de main ramenés par Danny s’installent dans les quartiers des fermiers – nous supposons que ces renforts ont été envoyés par la famille de Danny, à Boston, ou peut-être même plus loin.

 

Nous nous remettons au travail – mais sommes perplexes quant à la marche à suivre… Nous nous accordons pour dire qu’adresser un nouveau message au docteur East est une priorité. Je rappelle qu’il faut lui dire quelque chose à propos de la « taupe », East n’agira pas sans cela, et Michael suggère d’employer une tournure un peu énigmatique (Dwayne disait que nous pouvions prétendre que la « taupe », identifiée, est morte, mais je doute que ça marche avec quelqu’un comme East…) : « Vos talents sont requis ce soir. La taupe pourrait être démasquée grâce à vous. Bloc opératoire de l'Université Miskatonic, minuit. »

 

Patrick se lave longuement les mains, imprégnées du sang poisseux de Moira. Fran, qui nous a rejoints, dit qu’elle veut se rendre utile – elle a visiblement du remord pour la veille… Elle va partir avec Dwayne pour déposer le message – Dwayne fera aussi un saut aux garages Hammer, sa voiture présentant des dégâts visibles… Michael dit à Patrick que nous allons tenter de l’opérer ce soir.

 

Je vais voir Stanley, à l’étage, qui avait été ligoté par Harry (lequel a péri dans l’assaut…) – il est immobile, il a tourné de l’œil… Sa respiration est faible, son pouls lent ; je parviens cependant à le ranimer, en pratiquant le bouche à bouche et en lui donnant quelques claques. Il reprend progressivement conscience, mais est agité de soubresauts… Il bafouille, je lui dis de se calmer, et vais lui chercher un verre d’eau qu’il boit doucement. Je lui demande ce qui s’est passé, mais il me retourne la question… Puis il se met à geindre : il veut aller à l’hôpital ! Je lui dis que ce n’est clairement pas possible pour le moment, mais que nous pouvons faire venir un médecin s’il le souhaite. Puis, en sanglots, il dit qu’il veut voir sa mère, qu’elle doit être inquiète… Je lui réponds qu’il n’a pas le choix, il lui faut patienter. Qu’il promette de ne rien dire à qui que ce soit n’y change rien. Il est terrifié, se demande quand tout ça va s’arrêter, et ce que l’on va faire de lui ensuite… Je lui dis qu’il nous est grandement utile, que son travail pourra nous protéger de ce qui nous menace (laissant entendre que c’est surnaturel, et en rapport avec sa lecture de Magie véritable ; il en est déconcerté…) ; mais j’avance aussi qu’il est de toute façon trop impliqué désormais pour simplement s’en aller : ce qui nous menace le menace aussi ; si nous voulons nous en débarrasser et reprendre notre vie quotidienne, lui y compris, il doit continuer à travailler, c’est le seul moyen d’en réchapper. Il réclame alors Jasmine, disant qu’il a besoin de « détente »… Je lui dis que c’est d’accord, et que nous allons arranger ça (et aussi lui trouver de quoi manger).

 

Je descends pour demander aux nouveaux gardes du corps de se charger de tout ça… Mais ils refusent de s’occuper de quoi que ce soit à cet égard, disant qu’ils ne sont pas payés pour ça. Je suis furieuse de ce refus borné, leur explique sèchement que ça fait bien partie de leur travail, de ce qu’attend d’eux celui qui les paye – et qui me paye aussi –, mais ça ne marche pas du tout, et ils se montrent carrément insultants à mon égard, lâchant des remarques misogynes. Ils me disent enfin de voir ça avec Jerry – je réponds que j’aurais préféré confier cette tâche à quelqu’un avec un cerveau, mais qu’au fond, j’ai peut-être plus de chances avec le simplet qu’avec eux… Ils ne veulent même pas garder Stanley ! Garder la ferme, oui ; et ils ne le laisseront pas s’enfuir (sinon ils lui cassent les deux jambes…) ; mais pas question de le surveiller à l’étage et de veiller à ses besoins comme le faisait Harry… J’ai toutefois le temps d’en parler à Dwayne avant qu’il parte pour Arkham, et il accepte de se rendre au Lila pour faire venir Jasmine (ça ne pose pas de problème, le tarif est simplement un peu plus élevé – mais elle vient pour Stanley, son habitué, et personne d’autre ! Elle se munit de quelques « accessoires » appréciés par le bibliothécaire, et se rend à la ferme).

 

La réponse de East est reçue quelque temps plus tard : « Adresse imprécise. En quoi mes talents peuvent-ils être utiles pour cette tâche ? » Michael rédige un nouveau message : « Urgence, opération requise, attendre devant Université vers 23h pour vous y faire entrer. » Tout le monde attend… Nous retournons à la boîte postale vers 22h, et lisons une nouvelle réponse : « Non. Imprécis. Dangereux. »

 

Cela ressemble de plus en plus à une soirée perdue… Michael et Dwayne entendent alors se rendre chez la fleuriste, Tina Perkins ; ils s’équipent du nécessaire, et Patrick et Leah les accompagnent. Considérant que, plus nous sommes nombreux, moins nous sommes discrets, je préfère quant à moi retourner à la ferme pour travailler sur les livres et notes que nous avons récupérés – ceux qui me seraient accessibles : Magie véritable m’est incompréhensible, le livre de mathématiques d’Andrew Stuart aussi pour d’autres raisons, et j’ai déjà étudié les complexes notes de Mortimer Campbell – ne me reste donc en fait que les notes de Charles Reis… Fran, quant à elle, dit qu’elle a croisé des étudiants en médecine au Art’s Billard la veille, elle va se renseigner auprès d’eux pour localiser la salle d’opération, etc.

 

Mon travail à la ferme n’est pas vraiment concluant : ça me prend vite la tête, d’autant que je suis toujours embrouillée, par ce qui s’est produit et par les implications éventuelles (notamment en ce qui concerne Patrick…). J’obtiens confirmation des informations dénichées dans les registres : Charles Reis est un gardien de nuit à l’asile d’Arkham, métis, etc. Il a tout d’abord une écriture assez soignée – mais elle change régulièrement du tout au tout ; il fait état de séances d’écriture automatique, présentées comme des expériences, avec toutes les précisions adéquates : heure, date, nom du patient, sa pathologie, dosage chimique… Ceci intervient avant chaque changement d’écriture. Je déduis de mon examen qu’il y a sans doute bien d’autres carnets de ce type… J’essaye de me concentrer sur la première expérience, mais c’est peu ou prou illisible – j’y discerne cependant des changements de langue, et parfois des symboles « runiques » similaires à ceux que nous avons déjà croisés à plusieurs reprises. J’y passe une heure et demie sans en retirer rien de plus…

 

Les autres passent devant le Jardin d’Eden, la boutique de la fleuriste Tina Perkins sur French Hill Street – quartier très cossu. La boutique est bien sûr fermée par un rideau de fer. Devant, il y a une sorte de tribune à la gloire de Hippolyte Templesmith… Dwayne contourne le bâtiment pour se garer de l’autre côté – l’envers du décor : si la façade est luxueuse, le quartier derrière est sordide et mal éclairé, des ordures jonchent le sol, au milieu desquelles se faufilent de nombreux rats…

 

Ils rejoignent l’arrière de la boutique ; des grilles de deux mètres de haut les séparent de la cour. Ils parviennent à franchir l’obstacle sans trop de soucis – Dwayne fait un faux mouvement et manque tomber, mais Patrick lui vient en aide (lui-même, étrangement, bénéficie ici de sa phobie des rats…). Une fois dans la cour, ils voient que l’arrière de la boutique consiste en une sorte de grande serre, avec des bases de maçonnerie ; au nord-ouest se trouve un cabanon (c’est la partie la mieux éclairée, par les réverbères de French Hill Street). Michael veut se rendre directement à la porte de la serre, mais Dwayne lui dit d’attendre ; ils s’avancent cependant tous, à pas de loup. La serrure ne manque pas d’évoquer celles de la résidence de Hippolyte Templesmith. Dwayne passe ses doigts autour de la porte pour repérer un éventuel appareil photo – et le trouve très vite, dans un petit creux à 30 centimètres au-dessus de la porte. Il obstrue l’objectif de sa main (Michael l’aide à l’atteindre) pendant que Patrick crochète la serrure. Ils entendent un bruit très léger derrière la porte (le vrombissement d’un générateur ?). Patrick parvient à ouvrir la porte et à désamorcer le piège photographique, ce qui le rassure un peu sur ses capacités.

 

À l’intérieur, l’obscurité est totale (d’autant qu’ils ne se sont pas munis de lampes… On distingue à peine de petites lueurs rouges – des radiateurs ?), il fait chaud, on entend bien le ronron d’un générateur ; des ventilateurs émettent un léger souffle, il y a une très forte odeur de terre et d’engrais ou fumier ; ils repèrent des câbles au sol. Michael s’avance, Dwayne ferme la marche (il reste à l’extérieur pour le moment), tandis que Leah et Patrick s’arrêtent au niveau de la porte. Leah trouve un interrupteur sur la droite, mais elle n’ose pas allumer pour le moment.

 

Dwayne entend des bruits de pas derrière lui (portés par le vent, très légers). Il aperçoit une silhouette très fine qui descend de la grille et atterrit dans le jardin, tandis qu’une seconde silhouette, massive, est en train de l’escalader. Dwayne se dissimule derrière un pommier. Celui qui est passé allume une lampe torche dont il amoindrit le faisceau avec sa main, il balaye brièvement les environs, puis l’éteint ; Dwayne remarque qu’il est cagoulé. Le deuxième inconnu descend dans la cour. Le premier l’interrompt et lui chuchote : « Apparemment, on est pas les premiers arrivés, mon pote… » Il a un accent afro-américain… Dwayne suppose que ce sont les fils d’Agnes « Mama » Fletcher. Le premier des deux hommes s’avance, tandis que l’autre s’abaisse, au point où Dwayne ne le voit plus.

 

Michael, à l’intérieur de la serre, discerne de nombreux sapins – destinés à être vendus pour Noël ; il suit les câbles vers la droite. Leah et Patrick ont perçu le léger et bref halo lumineux derrière eux, et se rendent compte qu’ils ne voient plus Dwayne. Leah en informe Michael. Patrick sort, et s’avance vers le pommier – il n’est pas discret, et Dwayne comprend qu’il s’est fait griller… Patrick l’appelle doucement, il ne répond pas ; Patrick dégaine alors son Luger et l’arme… Le premier inconnu se dirige vers lui. Leah et Michael retournent vers la porte, doucement. Patrick entend soudain des bruits sur le côté, braque son pistolet dans leur direction… et voit la silhouette du deuxième inconnu, cagoulé, bien habillé, émettant une odeur de cannabis, qui le braque avec un fusil. Dwayne passe discrètement derrière lui, lui enfonce son pistolet dans les côtes, et demande s’ils sont les fils de « Mama ». « Qui ? » Dwayne leur demande qui ils sont. Celui qu’il menace grommelle… mais le premier inconnu s’avance, une arme à la main mais pointée vers le ciel, tandis qu’il fait un signe de paix de la main gauche ; il dit que ça serait une bonne idée que tout le monde pose ses armes… Michael et Leah voient la scène depuis la porte. Dwayne baisse son arme – mais est prêt à agir le cas échéant ; Patrick baisse lui aussi son Luger. Le premier inconnu range à son tour son arme, et dit à l’autre : « Du calme. Ils ont l’accent irlandais, on devrait pouvoir s’entendre… » Dwayne leur demande ce qu’ils font là, et il répond qu’ils sont venus s’approvisionner « en terre et autres choses utiles ». Dwayne dit qu’il en va de même pour eux… Le premier inconnu l’interroge : « Je suppose que vous travaillez pour O’Bannion ? » Dwayne leur demande pour qui ils travaillent, eux : « Tout le monde dans cette ville travaille pour O’Bannion… » Dwayne est sceptique, mentionne les Italiens, mais non, « ils ne sont pas assez puissants » ; il peut vérifier, s’il le souhaite… Le premier inconnu se présente sous le nom de Snake, Dwayne lui donne son nom. L’autre reprend : « Vous êtes les premiers arrivés, chasse gardée, on ne va pas vous gêner… » Il dit qu’ils sont en train de « restructurer » le quartier, que les types d’avant n’étaient vraiment pas brillants… S’il le souhaite, Dwayne peut les contacter à une adresse dans le ghetto noir. Les deux hommes s’en vont cordialement – laissant même une lampe torche à Dwayne en gage de bonne foi…

 

À la ferme, quand ma migraine se calme enfin, j’essaye de me remettre au travail sur les notes de Charles Reis, mais leur non-sens m’agace vite… Je reviens au départ, qui correspond le plus à une sorte de journal intime de Charles Reis, et j’y devine une volonté médicale bienveillante – ses séances d’écriture automatique ne sont pas que des expériences motivées par une curiosité occulte, il y a une vraie volonté de soin. Mais je ne suis décidément pas en état d’en apprendre davantage, et lâche l’affaire… Je vais voir Jamie, lui demandant s’il ne pourrait pas faire une petite course pour moi, et il accepte – je paye bien sûr d’avance…

 

Les autres retournent dans la serre, Dwayne usant de sa lampe avec précaution. On trouve dans le coin sud-est un gros stock de sacs de terreau de qualité. Dwayne suit les câbles jusqu’à une pompe assez volumineuse, et comprend alors qu’ils servent à l’arrosage automatique ; on trouve un générateur avec des bidons d’essence à côté. Au milieu de la pièce, il y a une table avec des plantes exotiques. De l’autre côté, de grands radiateurs entourent une table plus imposante encore, avec nombre de compositions funéraires. Contre le mur ouest, il y a un placard avec des outils (Michael se sert dedans, récoltant de bonnes lames). On peut accéder au cabanon par une porte au nord-ouest de la serre, mais ne s’y trouve que des courges en terre. Derrière la grande table, il y a un miroir ancien ; les pieds qui le maintiennent, assez neufs, sont soudés au sol ; au sommet, on distingue la forme d’un coquillage stylisé ; le métal du cadre évoque des végétaux aquatiques ; sur une petite table à côté, il y a une boîte en cuir (comme celles de Templesmith), au milieu de pots de terre. Leah regarde son reflet dans le miroir – celui-ci est très bien entretenu, mais son reflet est pourtant bizarrement flouté… Elle en effleure la surface, et repère ainsi un creux indiscernable à l’œil, en forme d’emplacement carré au centre du miroir, d’une taille correspondant à la petite boîte sur la table ; elle le signale à Patrick et Dwayne, et Patrick lui dit d’arrêter, ne surtout pas y insérer la boîte ! Leah ne sait pas à quoi cela servirait, Patrick non plus, mais il dit qu’il sait les dégâts que ça peut provoquer… Dwayne étudie la boîte, suggérant à Patrick de crocheter l’autre porte au fond de la pièce. Patrick a envie de fracasser le miroir… mais Dwayne le remarque et l’en empêche : il faut rester discrets ! Patrick se rend à ses raisons, mais insiste pour que personne n’y touche – et il compte bien le briser en partant… Puis il s’interrompt, les yeux dans le vide ; au bout d’un moment, il s’adresse aux autres, leur demandant si l’un d’entre eux a dit : « Maman ? » Ce qui les interloque, l’état mental de Patrick les inquiète… Il dit avoir entendu cette voix ; il redoute de reconnaître des sons dans le léger souffle des ventilateurs… Puis il se reprend, disant que ce n’est pas grave, il a simplement dû mal interpréter un bruit, le miroir lui a rappelé des choses… Dwayne se rend à la porte du fond, et y repère le même système piégé que pour la porte d’entrée ; il procède comme alors, tandis que Patrick crochète la serrure – là encore avec succès.

 

À la ferme, Jamie revient avec un petit paquet qu’il me tend ; je le remercie, fixe le paquet sans l’ouvrir pour le moment, tandis que Jamie reste à mes côtés, l’air gêné… Je lui lance : « Dis ce que tu as à dire… » Et il me demande si j’ai des nouvelles de Fran. Non, pas depuis qu’elle est partie avec les autres… Il m’explique qu’il tient beaucoup à elle, et me demande si je crois qu’il a ses chances – comme je semble bien la connaître… Je lui réponds que ce n’est pas le cas, nous nous sommes rencontrées tout récemment – mais sans doute dans des circonstances très particulières, qui créent des liens… Jamie ne sait pas vraiment comment se comporter avec elle : elle est tellement lunatique… Oui, et très perturbée par les événements récents – je dis donc à Jamie que ce qu’elle fait maintenant n’engage certainement pas le futur. Ce qui le chagrine : « Ah… » Mais je lui dis que ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas s’amuser avec elle, et elle avec lui… Il me remercie. Conscient du rôle que Danny lui a confié à la ferme, il dit qu’il est à ma disposition si j’ai besoin de quoi que ce soit, et ajoute que c’est aussi le cas de Jerry. Puis il se plaint des nouveaux venus, tout sauf sympathiques (et qui, notamment, ne cessent de se moquer du simplet)… Je ne les apprécie pas davantage, et comprend très bien ce qu’il me dit. Une chose qu’il déteste tout particulièrement dans leur comportement : « On dirait qu’on n’est jamais assez irlandais pour eux, qu’il faut toujours leur prouver qu’on l’est autant qu’eux… » J’acquiesce : « C’est souvent le problème avec les petits soldats… »

 

Les autres atteignent maintenant la boutique à proprement parler. Ils sont derrière le comptoir : outre la caisse enregistreuse (sans doute bruyante, ils évitent d’y toucher), il y a un Derringer en dessous, ainsi qu’un tiroir verrouillé ; Dwayne l’indique à Patrick, qui l’ouvre : à l’intérieur, ils trouvent des munitions pour le Derringer, une pipe en bois, ainsi qu’un petit sachet très léger ; Dwayne s’en empare, l’ouvre, et libère une poudre très fine et volatile – qui pénètre pour partie dans ses narines dès l’ouverture… Il y a enfin des documents ; Dwayne y cherche des noms déjà rencontrés auparavant, mais il n’y en a pas (ou plus exactement rien de significatif – on trouve bien Hippolyte Templesmith, qui a fait une commande de couronnes mortuaires pour les funérailles de ses parents, ce genre de choses…).

 

Dwayne veut monter à l’étage par l’escalier sur le côté de la boutique, les autres le suivent. À côté se trouve une petite table ornée d’un cactus… lequel émet un bruissement quand ils approchent des marches, puis se contracte brièvement, et projette ses épines dans leur direction ! Michael a un bon réflexe et se jette au sol à temps, mais les autres sont touchés – Patrick à peine, à la main gauche, Leah et Dwayne davantage. La main gauche de Patrick est bientôt paralysée, engourdie ; quant à Leah et Dwayne, leurs épaules et bras gauches sont comme anesthésiés, et flasques ; ils sentent que le poison diffuse… Puis ils entendent de légers bruits de pas précipités à l’étage. Dwayne cherche une cachette, mais n’en voit pas… Michael tend un fil au milieu de l’escalier. Leah et Dwayne, de plus en plus pris par la paralysie, ont maintenant du mal à parler… Dwayne retourne tant bien que mal dans la serre – sa jambe gauche est engourdie à son tour. Patrick et Michael entendent, à l’étage, la voix d’une femme au téléphone, puis le combiné qu’elle raccroche. Michael presse ses compagnons : il faut agir vite, ou se barrer… Leah, de plus en plus pataude, a maintenant la moitié gauche du corps paralysée, et le dit à Michael et Patrick. Ce dernier en conclut qu’il faut partir, pas le choix, ils ne sont pas en état d’affronter qui que ce soit… La voix féminine à l’étage retentit alors, virulente : « Je vous préviens, je suis armée ! J’ai prévenu la police ! » Patrick soutient Leah, la guidant vers la serre, mais tire au passage une balle en l’air avec son revolver… On entend des cris sur French Hill Street… Michael quitte lui aussi la boutique. Une fois dans la serre, Patrick tire dans le miroir – la balle rebondit, et se loge dans un mur ; ils perçoivent un bruissement, les sapins semblent s’agiter… Dwayne est déjà sorti dans la cour, mais sa jambe gauche est inerte, et il se casse la figure, après quoi il continue de s’éloigner en rampant… Patrick, à l’intérieur, confie Leah à Michael (ils se dirigent vers l’extérieur), s’empare d’un pot de terre et le balance dans le miroir, mais il rebondit lui aussi sans faire le moindre dégât, et il y a un nouveau bruissement… Après quoi tous (sauf Dwayne, qui est trop loin) entendent : « Maman ? » Comme si ça venait des végétaux qui s’agitent… Patrick veut s’emparer de la table à côté du miroir, mais elle est trop lourde. Il recule un peu, tire à nouveau – deux balles ricochent en laissant tomber des petites parcelles de « verre », mais la dernière rebondit sur Patrick lui-même, le blessant au bras gauche ! Mais il discerne dans le miroir, au niveau des impacts, l’effet d’une pierre jetée dans l’eau, suscitant des cercles concentriques, et une légère luminosité…

 

À suivre…

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