Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (18)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (18)

Dix-huitième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente .

 

Tous les joueurs étaient présents. Les PJ étaient donc Dwayne, Leah McNamara, Michael Bosworth (dont le joueur incarne également Clive O'Donnel dans la scène introductive), le perceur de coffres Patrick O’Brien (son joueur incarne par la suite l'avocat Chris Botti), et ma « Classy » Tess McClure, maître-chanteuse.

 

[Clive : Hippolyte Templesmith, Tomni] Au-dessus de « l’astéroïde » des Contrées du Rêve, l’étoile filante « serrée » à distance par Hippolyte Templesmith s’ouvre, laissant échapper tout d’abord de nombreuses pattes griffues ; leurs « propriétaires » s’en dégagent, quinze à vingt créatures d’apparence globalement humanoïde mais comme « faites d’encre », qui ont par ailleurs des ailes membraneuses de chauves-souris, des pattes dotées d’ergots, et une queue barbelée. Elles s’entraident pour se dégager de l’étoile filante, puis en sautent en poussant des cris ; Hippolyte Templesmith leur lance des ordres dans une langue inconnue. Clive dit à ses camarades qu’il faut partir au plus vite… Les « satyres » sont sans doute de cet avis : affolés, ils le bousculent au passage… Les créatures ailées se posent à une trentaine de mètres du navire, lequel prend cependant ses distances… et les créatures se repositionnent aussitôt. Clive entend alors comme un sifflement – repérant au dernier moment, à son envergure, qu’une créature fonce sur lui, cherchant à l’attraper ; il parvient à l’esquiver… mais elle agrippe un « satyre » devant lui et l’enlève, le ligotant avec sa queue barbelée. Tomni, quant à lui, se fait arracher un bout d’épaule à coups de griffes…

 

[Patrick : Hippolyte Templesmith ; Danny O'Bannion, Tess] De retour à la ferme de Danny O’Bannion. Patrick reprend conscience dans le fauteuil où il s’était assoupi, paniqué et en nage. Il redoutait de s’être souillé, mais ce n’est pas le cas. Il est cependant contracté, parcouru de douleurs… Il se redresse enfin, appelle un garde, mais n’obtient pas de réponse. C’est alors que le téléphone sonne : il se lève, va décrocher, entend à l’autre bout du fil une respiration haletante, ainsi que des bruits semblables à ceux que feraient des bottes sur de la terre. Puis il discerne une deuxième respiration – si la première suggérait l’effort, celle-ci évoque bien davantage la souffrance et la peur… Et une voix humaine supplie, tandis que, dans le fond, Patrick discerne le son d’un objet métallique raclant le sol… Il reconnaît cette voix : c’est celle d’un boxeur irlandais assez populaire, qu’il avait déjà entendu à la radio – que ce grand champion supplie est d’autant plus troublant… Et une vision vient alors compléter le son : Patrick voit maintenant le boxeur, il le reconnaît sans l’ombre d’un doute – mais à peine en a-t-il le temps qu’une hache s’abat sur la face du sportif, la tranchant en deux ! Et c’est alors que Patrick se réveille en hurlant – tandis que traine dans son crâne un écho de la voix de Hippolyte Templesmith l’assurant qu’il lui rendrait bientôt à nouveau visite, ou bien à moi…

 

[Michael, Patrick : Danny O’Bannion] Michael rejoint Patrick, qui lui explique avoir enchaîné les cauchemars… Nous sommes tous réveillés, maintenant. Patrick ne cesse de répéter qu’il lui faut parler à Danny. Michael lui dit qu’il va voir ce qu’il peut faire, mais, en attendant, l’enjoint de se calmer, de s’asseoir… Mais Patrick ne s’assied pas, il fait même le tour de la maison pour trouver quelqu’un. Dans la cuisine des gardes, il tombe enfin sur l’un d’entre eux, qui se sert du café. Patrick demande au garde d’appeler O’Bannion, que le patron doit venir tout de suite. Pourquoi ? Patrick le dira à Danny lui-même, et à personne d’autre ; le garde refuse… Patrick insiste – il croit que sa mère est en danger, et… Il bafouille. « Appelle Danny ! » Mais Patrick a son numéro, après tout… Le garde refusant de se mouiller, il appelle donc lui-même à la villa. Patrick obtient enfin une réponse ; un type à l’autre bout du fil lui demande s’il n’est pas fou d’appeler à une heure pareille (environ 5h du matin)… O’Bannion n’est pas disponible. Que veut-il ? Patrick, affolé, dit qu’il est en danger, et sa mère aussi. Sa mère est-elle à Arkham ? Patrick a tout juste un temps d’arrêt : non… mais ça ne change rien ! Elle est en danger ! Le type dit qu’il passera le message…

 

[Michael, Tess, Dwayne, Leah : Patrick] Michael, pendant ce temps, était allé nous chercher. Que faire ? Il faut vraiment opérer Patrick, sans doute… Mais demeure la crainte qu’il soit notre taupe, même inconsciemment, et je rappelle donc au cas où qu’il ne faut pas parler de tout ça en sa présence. Dwayne et Leah sont moins paralysés, mais pas totalement remis, loin de là – du moins peuvent-ils de nouveau bouger doigts et orteils… Dwayne se munit d’une canne en attendant que son état s’améliore vraiment. Michael, supposant que je suis celle qui connaît le mieux Patrick, me dit d’aller le voir. Nous descendons tous.

 

[Patrick, Tess : Fran ; Hippolyte Templesmith] Effectivement, Patrick est très affolé… Je me doute de ce qu’il a traversé, pour avoir vécu la même chose, mais je ne suis pas bien sûre de comment procéder. Quand Patrick commence à s’en prendre au mobilier – il jette un fauteuil dans un cri de rage –, je lui parle, lui intimant de se calmer : c’est un cauchemar, et rien d’autre ! Sa mère n’est pas plus en danger qu’elle ne l’était depuis des années ; Templesmith envoie des visions, mais ce n’est rien d’autre que cela : des images destinées à faire peur, elles n’ont rien de « vrai », Patrick doit envisager tout ça comme du cinéma, d’une certaine manière… Non, sa mère n’est pas en danger – mais c’est justement s’il se met à agir n’importe comment, ce que souhaite Templesmith, qu’il mettra en danger tout le monde ! Nous allons nous occuper de ce crevard – ensemble. D’ici-là, Patrick a sans doute besoin d’un bon thé… Je me rends à la cuisine pour en préparer ; et, tandis que je suis en route, Patrick me dit qu’il aimerait en fait surtout de la viande ! Je marque un temps d’arrêt, mais poursuis néanmoins… Fran est là, qui vient m’aider à la cuisine. S’y trouve aussi un garde, qui me demande brutalement ce que c’est que ce bordel… Je le rembarre sèchement – ces types m’énervent ! Je prépare du thé, et décide de faire aussi des œufs à tout hasard…

 

[Michael, Patrick : Hippolyte Templesmith] Michael demande à Patrick comment vont ses viscères – mais il n’en sait rien… Il ne cesse de parler du boxeur à la face tranchée… Michael s’interroge : pourquoi Patrick a-t-il ces visions, et pas les autres ? Ce dernier suppose que cela vient du passage emprunté chez Hippolyte Templesmith… mais au fond il n’en sait rien.

 

[Leah, Michael : Dwayne, « La Brique », Tess] Leah et Michael repèrent alors une lumière intermittente dehors, évoquant un code à la façon du morse – les gardes, à côté, semblent s’agiter. Michael se rapproche d’une fenêtre : la lumière vient d’une colline au-delà des champs (là où s’était rendu Dwayne quand nous avions tenté la mise en scène pour débusquer la « taupe », et où il avait été intercepté par « La Brique »…) ; Michael voit également un garde qui était sorti, qui observe la scène, mais relâche bientôt sa prise sur sa Thompson, et pénètre de nouveau dans la maison. Michael va le voir : que se passe-t-il ? Le garde lui répond qu’ils vont avoir de la visite, mais c’est réglo. Michael lui demande comment il peut le savoir : ont-ils un code ? Le garde se moque un peu : « T’es un malin, toi, t’iras loin… » Michael n’apprécie pas, lui dit froidement de ne pas se livrer à ce genre d’humour à la noix avec lui… Le garde, que j’avais déjà envoyé chier peu avant, s’agace : « Vous avez tous cette humeur de merde ? » Puis il s’éloigne, c’était de toute façon la fin de sa ronde ; un autre garde arrive pour le remplacer, qui perçoit bien la tension…

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick, Tess : « Lila »] Nous allons à la fenêtre quand entendons le bruit d’une voiture qui approche ; nous ne la reconnaissons pas, mais c’est un véhicule très luxueux. Un garde, dehors, va échanger quelques mots à la vitre côté passager ; on lui remet des sortes de « coupons », après quoi il s’en va. Une personne sort alors de la voiture, un homme élégant, vêtu avec goût – quand bien même sa veste mauve sombre sort de l’ordinaire… Il entre dans la ferme – nous sentons son parfum, agréable ; il fume à l’aide d’un long fume-cigarette. Il demande cordialement à Michael, venu l’accueillir à la porte, s’il peut entrer – simple courtoisie, accompagnée d’une main serrée cordialement. Le connaissons-nous ? Il répond à Michael que certains de ses collègues ont eu affaire à « sa sœur » – il se tourne notamment vers moi ; il parle visiblement de Lila, mais lui-même ne se présente pas sous un autre nom. Michael le fait entrer, après m’avoir adressé un coup d’œil, et l’invite à s’asseoir. « Lila » s’adresse à Patrick et moi, constatant que des membres de notre groupe sont absents… Je lui réponds qu’effectivement, le taux de rotation est conséquent… Je lui demande de préciser son nom, mais il se contente de « Lila » : « Comme pour ma sœur. »

 

[Dwayne, Leah, Michael, Patrick, Tess : « Lila »] Il dit alors que sa sœur et lui ont des soucis, impliquant nos ennemis… Je lui demande s’il ne pourrait pas se montrer plus explicite. Il fixe alors Patrick : des problèmes de santé ? Mais il a un remède pour cela : il sort de sa veste un petit flacon en forme de moineau, le pose sur la table, et le pousse dans la direction de Patrick, qui s’en empare, et renifle son contenu – ça lui évoque une décoction à la façon d’une tisane, mais froide, un remède de grand-mère… Il demande à « Lila » : « Qu’est-ce qui me vaut cette attention ? » L’entraide générale… Expression qui incite Michael à l’ironie – mais « Lila » apprécie cette réaction. Michael demande si ce médicament a un coût, mais « Lila » insiste : c’est gratuit. Je lui demande naïvement comment il a fait pour sortir, comme un prestidigitateur de son chapeau, exactement ce qui sera utile à Patrick… Je perçois bien qu’il se rend compte que je l’ai « grillé » d’une certaine manière ; l’occasion aussi de noter que, quand bien même apprêté, il est sans doute venu à la hâte – il dissimule assez bien son affolement, mais pas assez pour moi… Mais il n’est pas sur la défensive pour autant – c’est plutôt qu’il se sent las, et que mon observation l’ennuie… Michael l’étudie lui aussi : « Lila » a de toute évidence beaucoup d’argent, et sait se tenir en société – toutefois, il ne suinte pas l’ego, à la différence de la majorité des maquereaux. Dwayne propose d’aller faire du café, il a besoin de se réveiller, et Leah en profiterait bien aussi… Je m’adresse à nouveau à « Lila » : a-t-il obtenu ses informations au travers de son propre réseau ? Oui : avec tout ce que je retire moi-même des confidences de femmes de ménage, à l’évidence je peux comprendre que le proxénétisme soit au moins aussi efficace, et probablement bien davantage… Mais de là à trouver le filtre adéquat chez le bon apothicaire ? Il dit que cela vient de sa sœur – qui prise « l’alchimie »… Patrick n’y tient plus : que doit-il faire avec le flacon ? Boire son contenu, tout simplement. J’ai à peine le temps de questionner « Lila » sur sa hâte visible, tout en l’assurant que j’apprécie son geste : Patrick boit cul sec, sans plus attendre…

 

[Dwayne, Leah, Michal, Tess : « Lila », Patrick ; Hippolyte Templesmith, Dr East/Herbert West] « Lila » a l’air très soulagé ; et, après quelques secondes, tandis que Patrick devient tout flasque et s’effondre par terre, il nous dit : « Enfin ! Mais maintenant vient le plus dur… Retenez-le, je tiens à mon flacon… » Michael préfère s’occuper de Patrick, en l’attrapant par les aisselles – le flacon, lui, tombe à terre et se brise... « Lila » se frotte un peu les yeux, tandis que Patrick s’enfonce dans un sommeil très lourd. « Lila » soulève ensuite l’autre pan de sa veste, et en sort une cuillère et une épingle à tricoter – lâchant au passage qu’il ne sait pas forcément comment procéder, il comptait sur notre expérience… Je ne suis pas bien certaine de comprendre ce qu’il attend de nous, me demandant s’il s’agit d’une histoire de drogue… ou de torture ? Michael est autrement vif, qui sort un scalpel de sa propre veste ; « Lila » reconnaît que cela sera sans doute plus utile…. Dwayne lui demande alors s’il compte bien enlever « la vue » à Patrick. « Lila » lâche à nouveau un : « Enfin ! » Ajoutant qu’il aurait pensé que j’aurais compris la première… Patrick est bien notre « taupe », agissant comme une caméra pour Hippolyte Templesmith – et ce depuis la projection de poussière qu’il a reçue dans l’œil tandis que nous fouillions le manoir de notre ennemi. Mais comment « Lila » l’a-t-il appris ? Des confidences sur l’oreiller… et il ajoute que sa sœur « se promène dans les rêves ». Je dis qu’elle est décidément pleine de ressources, et « Lila » apprécie le compliment… Il va nous laisser gérer l’opération, mais compte rester sur place – ne serait-ce que pour s’excuser, après coup, de son petit stratagème, quand Patrick reprendra conscience… Quel œil doit être retiré ? J’avais remarqué que Patrick se couvrait souvent l’œil droit… « Lila » nous dit donc qu’il faut l’énucléer, et ensuite brûler l’œil prélevé. Dwayne veut bien tenter l’opération, il approche la cuillère que « Lila » lui a donnée de l’œil de Patrick… Je suis également disponible, prête à assister l’opérant, comme une infirmière, ou le cas échant à jouer le rôle du chirurgien ; tout cela m’intrigue, je ne sais pas si je pourrai me montrer efficace, mais je suis prête à tenter le coup. Michael me tend son scalpel, tandis que Dwayne va faire du feu dans la cheminée pour préparer de quoi cautériser la plaie. Je me lance… mais me montre d’emblée maladroite : alors que je cherche à sectionner le nerf optique, je dérape et enfonce ma lame dans l’œil que nous sommes en train de retirer – un liquide suinte du globe oculaire… La suite est cependant bien pire : alors que je cherche à cautériser, je pousse mon instrument trop loin, atteignant le cerveau ! Une matière grise s’échappe de l’orifice… Patrick n’y survivra pas. « Lila », consterné, avale difficilement sa salive – il va rentrer chez lui… Il affiche un air triste, tout en disant que ce n’est peut-être pas plus mal – au moins lui avons-nous enfin apporté la paix… Il nous quitte. Michael étudie ce qui reste de l’œil prélevé, mais il ne contient rien de mécanique – il ne se distingue que par des pigments d’un rouge sombre… Michael dit que nous n’avons plus besoin d’aller voir East – mais je ne suis pas d’accord : si l’opération n’a plus lieu d’être, peut-être pourtant le docteur trouvera-t-il quelque chose d’intéressant dans le cadavre de Patrick ? Je dis cela très froidement – mais reste prostrée devant le corps sans vie de Patrick : c’est ma faute…

 

[Michael, Tess, Dwayne, Leah : Stanley ; Dr East/Herbert West, Charles Reis, Kristen Johnson, Mortimer Campbell, Pierce Hawthorne] C’est l’aube. Les gardes de jour se sont levés, qui prennent leur petit-déjeuner dans la pièce voisine. Michael me prend son scalpel des mains, le nettoie avec soin, le range… Je poursuis, glaciale : nous avons besoin d’alliés ; East, donc, probablement, mais peut-être d’autres aussi – je pense tout particulièrement à Charles Reis, dont j’avais étudié les notes, lesquelles me semblaient témoigner d’une personnalité bienveillante, et j’explique tout cela aux autres ; nous avons son adresse, ainsi que celle de sa mère, et savons qu’il travaillait en tant que gardien de nuit à l’asile d’Arkham (mais il aurait disparu il y a peu). Je mentionne aussi les autres noms que nous avions relevés, mais sur lesquels nous n’avons pas travaillé jusqu’à présent, à savoir Kristen Johnson (associée semble-t-il à Mortimer Campbell), ainsi que Pierce Hawthorne (nom croisé à plusieurs reprises, mais par la bande). Dwayne, qui est revenu avec Leah de la cuisine, repère Stanley qui nous guette en haut de l’escalier ; Dwayne lui lance : « Va bosser ! », et Stanley s’empresse de décamper.

 

[Tess, Dwayne, Michael, Chris : Seth, Patrick ; Brienne, Ted, Edward Timley, Danny O'Bannion] Nous entendons la voiture de Seth qui arrive. Il porte un paquet de journaux sous le bras – pour ma revue de presse matinale –, mais est en outre accompagné par un homme élégant… dont les traits, étonnamment, ont quelque chose d’italien. Dwayne n’en tient pas compte, et demande à Seth s’il pourrait le déposer chez lui : malgré ses appels répétés depuis la veille, il n’a pas pu joindre une seule fois sa compagne, Brienne, et ça commence à l’inquiéter… Justement : Seth lui apprend qu’elle a été embarquée par les flics, sous un prétexte à la noix ! On va la sortir de là… Seth me confie les journaux, tandis que Dwayne entend dissimuler le cadavre de Patrick. Après quoi Seth nous présente le nouveau venu : un avocat, effectivement italien, mais qui travaille depuis longtemps avec les Irlandais, du nom de Chris Botti. [C’est le personnage incarné désormais par le joueur incarnant jusqu’alors Patrick.] L’homme se montre chaleureux, mais l’ambiance est pesante et tout sauf cordiale… Michael lui demande quelle mission lui a confiée le patron : nous épauler, sans forcément plus de détails… Son nom ne m’est pas inconnu : j’avais entendu parler de lui par mon fiancé, Ted, qui savait qu’il était corrompu par la Mafia (ou plus largement la pègre : il avait justement relevé que Botti travaillait avec les Irlandais) – son associé pourri, Edward Timley, était tout prêt à faire des affaires avec lui, mais Ted s’y était toujours refusé… Que cet Italien travaille pour O’Bannion a quelque chose d’une « pirouette »… Chris voit alors le corps de Patrick, et demande ingénument ce qui est arrivé à notre copain – Michael lui répond que l’amitié ne dure jamais très longtemps, avec nous…

 

[Dwayne, Tess : Seth, Patrick ; Danny O’Bannion, Vinnie, Dr East/Herbert West] Seth nous dit que Danny a prévu un service funéraire pour Patrick. Dwayne s’étonne qu’il soit déjà au courant… Seth n’en sait pas forcément plus – mais Vinnie lui a dit que Danny aurait comme « senti » ce qui s’était produit… Mais j’interviens, toute à mon idée : il ne faut pas confier de suite le cadavre de Patrick à sa mère ; c’est sans doute un geste très chrétien, mais le Dr East pourrait être intéressé par son état, et c’est une possibilité que nous ne devons pas négliger… Idée qui ne plait vraiment pas à Seth – mais c’est entendu, on va trouver un moyen de conserver le cadavre, au moins dans un premier temps.

 

[Tess, Chris : Margaret Hoover, Hippolyte Templesmith, Dr East/Herbert West, Patrick, Leonard Border, Kelly Gillian, Thomas Lindsay III, Todd Newell, Trevor Fletcher] Je me mets ensuite à ma revue de presse – histoire de me changer un peu les idées ? Je compte prendre mon temps, en tout cas. Chris propose de m’aider : je le fixe un moment, puis lui tends la moitié des journaux. Je lui dis que j’ai entendu parler de lui fut un temps… Il me remercie, mais je précise que ce n’était pas forcément un compliment – il me répond qu’il le sait bien, avec un grand sourire… Nous relevons, à terme, plusieurs informations très diverses : des articles reviennent sur cette Margaret Hoover qui a lancé une association destinée à mettre un terme à la série de « disparitions » qui frappe Arkham depuis quelque temps – comme son époux, tombé dans une bouche d’égout malencontreusement laissée ouverte… mais cela aurait en fait une tout autre ampleur : elle parle de centaines de disparitions ! Des adultes, des enfants, qu’importe : le maire ne fait rien, et c’est proprement scandaleux ! Aussi la veuve affiche-t-elle qu’elle se range aux côtés de Hippolyte Templesmith… On évoque aussi l’enterrement des parents de ce dernier, à Boston, dans deux jours. Templesmith est décidément de toutes les informations : on revient encore et toujours sur le prestigieux gala de financement qu’il va donner, attirant tout le beau monde, et peut-être même depuis l'Europe (il n’y a pas plus de précisions, même si cela semble un peu plus fondé qu’un vulgaire potin). D’autres informations : des travaux de réparation et de construction vont être effectués dans le bassin qui a recouvert la Lande Foudroyée, non loin d’Arkham. Un autre article traite des incidents de la ferme abandonnée des Tulliver, où se trouvait East à l’origine, et où Patrick et moi avions vu des journalistes en train de fouiner ; le compte rendu est dû à la plume du seul Leonard Border, et m’étonne profondément : il parle d’un incendie accidentel (tout au plus mentionne-t-il la possibilité d’une petite fête organisée sur place par des étudiants et qui aurait mal tourné), et ne fait pas la moindre mention des nombreux cadavres qui y ont été trouvés… Quant à sa collègue, une certaine Kelly Gillian, un encart (légal ?) annonce qu’elle a été renvoyée pour « calomnie » – ce qui ne fait que renforcer l’impression de fausseté et d’hypocrisie de l’article sur l’incendie… Au chapitre des faits-divers, j’apprends que Thomas Lindsay III, qui nous avait suivi un temps et que nous avions fait tomber par un chantage aux mœurs, s’est suicidé en prison… Une dernière information notable porte sur une rafle effectuée par la police au Art’s Billiard, où se tenait un rassemblement étudiant d’ordre politique, dénonçant les violences policières et l’optique ultra-sécuritaire prônée par Templesmith ; plusieurs étudiants ont été arrêtés en raison de leurs « propos subversifs », et certains même pour « atteinte à l’ordre public » : le journal cite plusieurs noms, très divers, parmi lesquels je relève celui de Todd Newell, que j’avais fait chanter quelque temps plus tôt au service de Trevor Fletcher – il y a quelques photos, mais Newell n’est visible que de dos ; l’établissement est sous le coup d’une fermeture administrative pour 48 heures… et le journal ne se prive pas de se répandre sur « cette musique nègre qui corrompt nos jeunes ».

 

[Michael, Dwayne, Leah : Fran ; Patrick, Stanley] Fran nous a rejoints – elle a visiblement pleuré, affectée par le sort de Patrick… Elle nous dit que Stanley aimerait manger. Michael va s’en charger avec Dwayne – qui préparait déjà un petit déjeuner pour tout le monde. Leah, pendant ce temps, se livre à des exercices pour reprendre un peu de mobilité – elle s’y prend bien, ça produit bientôt des résultats ; Dwayne, qui l’a vue faire, s’y essaye aussi avec son assistance, et en bénéficie à son tour.

 

[Michael : Stanley ; Tess, Tina Perkins] Pendant ce temps, Michael porte son petit déjeuner à Stanley. Il essaye de discuter avec lui, afin de savoir où il en est. Stanley s’est focalisé sur Magie véritable, mais le livre comprend de plus en plus de « hiéroglyphes » qui lui échappent totalement… Michael lui demande de synthétiser ce qu’il a trouvé jusque-là – il se montre très sympathique, ce qui change agréablement Stanley de ma propension à la cruauté… Michael dispose d’une culture suffisante pour comprendre l’essentiel de ce que lui raconte le bibliothécaire. Quand celui-ci lui montre les « hiéroglyphes » en question, Michael reconnaît les signes indéchiffrables qu’il avait vus sur le générateur du « reflet » de la serre de Tina Perkins. Stanley avance qu’il pourrait s’agir d’aklo – une langue légendaire, censément antérieure aux premières civilisations humaines, le genre de sujet auquel les scientifiques sérieux évitent de se frotter, tant cela pourrait s’avérer fatal à leur réputation… Michael lui demande tout de même s’il ne connaîtrait pas quelqu’un en mesure de déchiffrer l’aklo, mais non… Stanley a l’air épuisé ; Michael lui demande s’il trouve que je lui mets trop la pression… Sans trop s’avancer sur ce terrain, Stanley dit qu’il s’inquiète pour sa mère – Michael lui dit qu’il va se renseigner et trouver à la rassurer ; Stanley souhaiterait la contacter lui-même… mais Michael le lui refuse pour le moment, disant cependant qu’il va y songer.

 

[Dwayne, Tess : Vinnie ; Danny O’Bannion, Patrick] Au rez-de-chaussée, le téléphone sonne. Dwayne décroche, et tombe sur Vinnie, qui lui dit d’emblée que c’est à moi qu’il souhaite parler ; je m’y rends : Danny est d’accord pour conserver un temps le cadavre de PatrickVinnie m’indique un entrepôt à grain qui a été aménagé en chambre froide avec des pains de glace, et me dit où en trouver la clef. J’explique tout cela aux autres.

 

[Chris, Tess : Charles Reis] Il est bien temps de nous remettre au travail, hors de la ferme. Chris et moi allons travailler sur Charles Reis, à ma requête – je prends soin de me grimer au préalable, choisissant une nouvelle perruque et adoptant une tenue plus élégante et soignée que ces derniers jours, sans en faire trop cependant ; Chris, lui, s’en tient à sa tenue « professionnelle ». Nous décidons de commencer par nous rendre à l’asile, et de nous entretenir ensuite avec la mère de Charles Reis ; nous montons en voiture, moi derrière le volant.

 

[Dwayne, Leah, Michael : Liam ; Danny O’Bannion, Dr East/Herbert West, Hippolyte Templesmith/« 6X »] Dwayne, Leah et Michael forment un deuxième groupe. Ils contactent tout d’abord le Garage Hammer, où ils « commandent » auprès du mécano Liam un nouveau véhicule – ledit Liam leur signifie cependant que notre forte consommations en voitures a suscité des récriminations de la part de Danny, il faudrait lever un peu le pied… Une fois « livrés », ils se rendent à Arkham, et tout d’abord à la boîte postale du Dr East. Ce dernier a laissé un message :

 

« Vous me déconcertez… D'un côté, vous avez le courage de braver « 6X » et de me fréquenter, mais, de l'autre, vous faites preuve d'un amateurisme inquiétant… Néanmoins, j'ai une promesse à tenir. Aussi, si vous ne trouvez pas de salle d’opération ou d'équipement médical avant ce soir, RDV au garage en faillite sur la départementale ouest, en direction de Dunwich, à minuit. Si vous choisissez cette option, je ne serai pas responsable de potentielles séquelles chez votre ami, et ne peux garantir un taux de réussite de 100 %. Je fournirai alors l'équipement médical nécessaire si vous me prévenez avant 16h, il vous en coutera 400 dollars. »

 

Michael rédige la réponse suivante, qu’il dépose dans la boîte postale :

 

« La taupe n'est plus. L'opération n'est plus nécessaire. En revanche, vous pourriez avoir envie de nous voir pour une livraison susceptible de vous intéresser et qui permettrait la continuité de vos travaux. »

 

Le rendez-vous sera à l’heure et au lieu donnés par East.

 

[Chris, Tess : Dr Avi ; Charles Reis] Chris et moi arrivons à l’asile. En chemin, nous avons évoqué plusieurs « façades » pour nous y rendre – j’avais évoqué l’idée de prétendre que nous étions des enquêteurs privés, suite à la disparition de Charles Reis… Mais nous nous mettons d’accord sur une approche très légale, et suivons finalement la suggestion de Chris : il se fera passer pour un notaire, prétextant un héritage inattendu, et moi pour sa secrétaire. Chris se rend à l’interphone, où il présente la situation. Une voix féminine répond qu’elle va se renseigner, puis, après un temps de silence, elle revient nous dire que le Dr Avi, assistant du directeur, est disponible pour nous recevoir. Un gardien vient nous ouvrir. Je note qu’il m’observe un peu plus que ce à quoi je m’attendais – j’ai le vague soupçon qu’il m’ait reconnue, malgré mon « déguisement », mais non… Chris nous présente : « Me Botti, notaire, et sa très compétente secrétaire, Mlle Tess ! » J’arbore un grand sourire… Le garde nous guide dans les jardins, assez agréables, où nous croisons des patients très divers, de toutes classes ou origines, de tous sexes, de tous âges. La réceptionniste, à l'accueil, demande à voir les papiers de Chris, qui lui tend sa carte d’identité : « Me Botti, pour vous servir ! » Elle s’étonne de que la carte ne soit pas si neuve, n’avait-il pas dit être à Arkham depuis quelque chose comme une année seulement ? Sa vague méfiance porte aussi sur le diplôme absent de Chris… C’est une femme que je devine lasse, frustrée par son mariage ; et peut-être éprouve-t-elle une attirance inavouée pour Chris… Je l’interromps en ce qui concerne la paperasserie : nous n’avons pas besoin de tant de formalités pour le moment, je fournirai les pièces utiles le cas échéant, nous n’en sommes pas encore là… Chris, qui a lui aussi deviné la personnalité de la réceptionniste, se montre charmeur et enjoué – disant par exemple qu’il n’est pas que notaire, il est aussi amateur de musique – de jazz… Ce qui suffit à la faire rougir. Apparaît alors le Dr Avi, vêtu d’une blouse adéquate. Nous avons affaire avec un patient ? Je lui réponds que ce n’est pas tout à fait ça : c’est à propos d’un membre du personnel… Chris lâche le nom de Charles Reis. Le Dr Avi le décrit comme un brave employé – précisant : « Quels que soient ses gènes… » Chris rebondit sur la remarque raciste : ses gènes ne sont semble-t-il pas si mauvais ! En tout cas, ils lui valent un héritage appréciable… Mais il n’a pas été en mesure de le contacter, ou même d’apprendre grand-chose à son sujet. Le Dr Avi s’étonne que nous ne soyons pas au courant : il a disparu il y a une dizaine de jours de cela… Je sors alors de quoi prendre des notes. Mais le docteur suppose qu’il vaudrait mieux en parler au calme – dans son bureau, où on nous amènera du thé.

 

[Michael, Dwayne, Leah : Brienne ; Kristen Johnson] Michael conduit Dwayne non loin du commissariat, afin qu’il y retrouve sa compagne, Brienne – sa sortie est prévue pour 14h. Après quoi Michael et Leah envisagent d’aller rendre une visite à Kristen Johnson. En fouillant dans le bottin, Michael trouve son adresse, chez ses parents, dans un quartier bourgeois d'Arkham. Dwayne patiente – Brienne n’est pas encore sortie. Il remarque, avec une certaine gêne, qu’il a un peu de mal à se souvenir du faciès de sa compagne… mais cela lui revient aussitôt quand elle sort du commissariat. Dwayne lui fait signe depuis l’autre côté de la rue – elle s’empresse de le rejoindre, mais pas au point de traverser sans regarder… « Tu étais où ? » Michael intervient, lui suggérant de monter dans la voiture et de ne pas s'attarder ici. Elle s’installe à l’arrière, à côté de Dwayne. Michael va la déposer chez eux. En route, Dwayne explique qu’il a été très occupé cette nuit, et n’a appris ce qui lui était arrivé que ce matin… Que s’est-il passé, au juste ? Brienne explique qu’elle rentrait du travail, quand elle a vu une vieille dame irlandaise résidant non loin de chez eux se faire sortir de chez elle, et de manière musclée, par les flics ; elle savait que le fils de la vieille dame en question était un criminel notoire… Mais de là à s’en prendre ainsi à cette pauvre vieille ? Ne supportant pas la scène, elle s’est interposée… et en a été récompensée par des coups de matraque (Dwayne ne remarque qu’alors, scandalisé, ses bleus aux avant-bras...) ; la foule s’était rassemblée auprès des flics, mais certainement pas pour condamner leur brutalité – pour les encourager, bien au contraire ! Avec quantité d’insultes à l’encontre des Irlandais : « Allez pondre vos criminels de fils ailleurs ! » Certains allant jusqu’à dire que « les Irlandais ne devraient pas avoir le droit de se reproduire »… Dwayne la réconforte, admirant son courage et sa bonté. Quand ils arrivent devant l’immeuble où ils résident, Brienne dit à Dwayne qu’elle avait acheté du Miska-Tonic !, elle a pris goût à cette nouvelle boisson à la mode, et a hâte d’en boire une bouteille en sa compagnie… Dwayne monte avec elle, mais ne s’attarde pas ; il en est sincèrement désolé, voire honteux, mais il devra repasser plus tard – vers 20h, ils pourront alors discuter tranquillement… Brienne, d’ici-là, va faire une sieste, se calmer.

 

[Chris, Tess : Dr Avi, « Blutch » ; Charles Reis] Chris et moi avons suivi le Dr Avi dans son bureau – fièrement décoré de nombreux diplômes, tandis que de volumineux dossiers sont répandus un peu partout… À son âge, sans doute aurait-il pu prendre sa retraite, mais il est bien du genre à vouloir continuer le plus longtemps possible à se rendre utile… Il sort un dossier (plus court que ceux des patients) sur Charles Reis, qu’il lit en diagonales. À ses yeux, c’était un très bon employé – ce qui l’avait surpris, de la part d’un métis ; sa moitié blanche, sans doute… En tout cas, depuis qu’il est entré en service à l’asile, on a pu constater une amélioration notable de l’état dans lequel se trouvaient les patients à sa charge. Et c’est bien pourquoi l’ensemble de l’équipe en était venu à tant l’apprécier : les patients qu’il gardait avaient de meilleures nuits, ils dormaient mieux, et étaient du coup moins agressifs le jour… Le Dr Avi n’aurait cependant jamais imaginé qu’il serait du genre à toucher un héritage – et plus encore un gros… Nous lui demandons s’il ne sait rien qui pourrait s’avérer utile pour comprendre sa disparition – des indices qui lui reviendraient, des propos tenus qui ne l’avaient pas marqué sur le coup… Mais non, rien du tout : simplement, il ne s’est pas présenté un soir, ni le lendemain, ni le jour suivant… Or c’était quelqu’un de très sérieux à cet égard : depuis qu’il a été embauché, il n’a dû s’absenter qu’une seule et unique fois, étant à l’évidence extrêmement malade, et il avait pris soin de prévenir l’asile le plus tôt possible… Oui, un employé très consciencieux. Chris demande au Dr Avi s’il pourrait en dire davantage en ce qui concerne les bonnes relations entre Reis et les patients, et des exemples d’ « améliorations notables ». Le Dr Avi, sourire en coin, lui dit que, si nous répondons à sa curiosité, il pourra répondre à la nôtre… Chris se demande si certains patients ne pourraient pas être au courant de quelque chose le concernant – tout pourrait s’avérer utile pour le retrouver... Mais le Dr Avi poursuit quant à sa « curiosité » : de quel montant, cet héritage ? Chris répond que c’est très surprenant : plusieurs dizaines de milliers de dollars ! Peut-être pourrait-il en faire une donation conséquente à l’asile ? Remarque qui porte : le Dr Avi ne cracherait pas sur cette manne… Il va faire de son mieux pour nous aider. Le Dr Avi réfléchit un moment, puis nous parle d’un cas précis – celui d’un homme jugé irrécupérable, dont l’état stagnait depuis une dizaine d’années ; tout le monde ici avait perdu tout espoir le concernant depuis bien longtemps, mais Charles Reis l’avait pourtant apaisé, sinon guéri… Le Dr Avi ne peut même pas nous donner de nom – ils n’ont jamais su son identité. Au sein de l’hôpital psychiatrique, on l’appelle « Blutch », en raison du bruit qu’il fait en permanence avec sa bouche ; ce surnom, en fait, lui avait été donné par le policier qui l’avait trouvé, errant, à moitié nu, sur la route entre Arkham et Innsmouth… Quoi qu’il en soit, « Blutch » n’avait jamais prononcé le moindre mot, jusqu’à ce qu’il rencontre Charles Reis… Il n’est certes guère loquace, et on ne peut pas vraiment avoir de conversation suivie avec lui, mais c’est déjà quelque chose… Chris se dit intéressé par ce patient, qu’il aimerait bien interroger – en présence du Dr Avi si ce dernier le souhaite. Puis, à la réflexion, il suggère que je l’interroge à sa place – supposant qu’une jolie femme pourrait faire son effet… ou, plus prosaïquement, que je me montrerais plus psychologue que mon employeur. Le Dr Avi n’y voit pas d’inconvénient. Il me dit de le suivre, un peu cavalièrement – il suinte le machisme… Il en profite pour nous faire faire une promenade générale de l’établissement, témoignant de l’état des lieux, et glissant sans grande discrétion des remarques portant sur le bien énorme que l’institution pourrait retirer de généreuses donations… Chris joue son jeu, disant que nombre de ses clients se demandent quelle bonne œuvre pourrait bénéficier le plus de leurs libéralités… Le Dr Avi nous conduit enfin dans l’aile la plus « pauvre » (si les jardins sont partagés, la ségrégation sociale n’épargne pas l’asile, répartissant ses patients en trois ailes en fonction de leur classe). Les patients nous ignorent peu ou prou – en tout cas ne se montrent-ils en rien agressifs. Le Dr Avi nous laisse dans une pièce commune, et nous demande de patienter. Il va chercher un homme entre 35 et 40 ans, au regard lourd, qui opine de la tête en le voyant, puis se lèvre et le suit – il le conduit dans une salle de jeu (dégoulinante de dessins « mignons » réalisés par les patients ; on y trouve aussi de nombreux jeux enfantins, il y a un côté très « Disney » à tout cela…), où je vais pouvoir m’entretenir avec lui, seule à seul. Il est un peu sédaté, mais pas à trop forte dose. Chris, quant à lui, retourne vers l’accueil, en compagnie du Dr Avi qui continue à le baratiner – jusqu’à ce que Chris le coupe, s’inquiétant de ce que je sois seule avec le malade… Mais le Dr Avi le rassure : il y a un garde à côté, et lui-même ne sera guère loin.

 

[Tess : « Blutch » ; Charles Reis] « Blutch » est donc seul avec moi. Il jette un œil aux peluches répandues par terre, s’empare d’un ourson, qu’il serre contre lui en le caressant distraitement. Je me présente : « Bonjour, je m’appelle Tess ! » Il opine sans dite un mot – juste son « blutch » habituel. Je lui dis que je suis une amie ; me comprend-il ? Pas de réaction. Je lui dis que j’aimerais parler de Charles Reis, que j’aimerais le retrouver – cette fois, ça attire son attention : il serre davantage l’ourson contre sa poitrine. Il bredouille « Charles » entre deux « blutch », sur un rythme plus frénétique. Puis il me dit : « Retrouver ? » Oui, je suis là pour ça. « Sais pas… » De quoi discutaient-ils ? Cela pourrait m’aider… Il tapote sa tête, répétant « Charles » à plusieurs reprises. « Vous parliez de vos rêves avec Charles… » Il essaye d’articuler quelque chose, mais n’y parvient pas : « Blutch… » J’essaye de détourner son attention, en évoquant l’ourson en peluche – et il essaye cette fois de communiquer : je crois comprendre de ce qu’il peine à dire que son fils avait le même ourson. Je l’interroge à ce sujet, mais n’en obtiens qu’un « vorer, vorer »… C’est un traumatisme visible. Là encore, j’essaye de détourner un peu la conversation – sur des sottises, la pluie et le beau temps… Il reste crispé, mais cesse de se balancer compulsivement. Quand je le sens plus détendu, je lui montre mon carnet – voudrait-il écrire quelque chose dedans ? Visiblement, ça lui parle : je lui tends mon carnet et des crayons, et il se met au travail.

 

[Dwayne, Leah, Michael : Kristen Johnson, Hippolyte Templesmith, Meredith Johnson, Scott Johnson, Tina Perkins, Margaret Hoover] Les autres se rendent à la maison de Kristen Johnson, en repérage. C’est une maison bourgeoise dans un quartier bourgeois – une jolie villa, même si rien de commun avec le manoir de Templesmith. La boîte aux lettres identifie Meredith et Scott Johnson ; en dessous de ces deux noms, un prénom a été effacé, on distingue à peine le début d’un « K ». Il y a un garde dans une guérite, vigilant sans être spécialement méfiant. Tous trois s'interrogent sur ce qu’ils vont faire désormais. Dwayne voudrait faire analyser la poudre blanche qu’il a récupérée chez Tina Perkins ; il sait qu’il y a des revendeurs spécialisés en drogues « exotiques », mais il ne dispose pas de nom précis – se renseigner ne sera cependant pas un problème. Quant à Michael, il rendrait bien visite à Margaret Hoover, qui se trouve habiter au bout de la même rue – mais il est un peu craintif : après tout, c’est un soutien de Templesmith

 

[Chris : Dr Avi] Chris est à l’accueil de l’asile, draguant plus ou moins la réceptionniste maintenant que le Dr Avi l'a laissé pour retourner à ses affaires… Il présente le Dr Avi comme « un chaud lapin », quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux… La réceptionniste, d’abord interloquée, lui demande s’il a eu un comportement indécent… Non, non ! Mais, sans aller jusque-là, il a fait des sortes d’avances… Ce qui la choque : un homme de son âge… Mais Chris la reprend avec un grand sourire : « Mais il n’y a pas d’âge ! »

 

[Tess : « Blutch » ; Charles Reis, Hippolyte Templesmith] « Blutch » dessine dans mon carnet des silhouettes ; je repère en tout cas une silhouette féminine et une autre enfantine, entourées d’autres silhouettes, monstrueuses quant à elles ; le décor m’évoque la mer. En dessous, il dessine une autre silhouette, masculine cette fois (lui ?), en train de pleurer… Mais dessiner lui fait visiblement du bien, et je l’incite à poursuivre – comprenant que ça ne s’est peut-être pas reproduit depuis la disparition de Charles Reis. Nouveau dessin : je suppose que c’est lui-même, en train de se relever, avec l’aide de quelqu’un que je suppose être Charles Reis (il a colorié de son crayon, je suppose que c’est pour distinguer le métis). En dessous, on le retrouve lui, avec la main de Charles Reis sur son épaule – et tout autour d’eux des ours en peluche. Puis, sur un autre dessin, Charles Reis lui tourne cette fois le dos – ça n’est pas évocateur de mépris ou d’indifférence, simplement qu’il s’intéressait à quelqu’un d’autre, une silhouette masculine et très élégante (Templesmith ?). Cette fois, « Blutch » semble apeuré… au point de ne pas finir son dessin. Pourtant, il entame un autre dessin du même ordre : on l’y voit à genoux, serrant contre lui un ours en peluche, tandis que la silhouette élégante enlace Charles Reis et, dans son dos, suscite sans qu’il s’en rende compte une mâchoire béante, monstrueuse… Puis un dernier dessin : « Blutch », tout seul, avec un ourson… Tout cela a un côté onirique, tout en ayant sans doute un rapport avec des événements bien réels. J’interprète a minima les choses ainsi : Charles Reis a aidé « Blutch » à surmonter un traumatisme, puis une autre personne est arrivée (Templesmith ?), qui a ensuite « emporté » Charles Reis ; traîtrise ? Amitié feinte ? Des choses vues en rêve… « Blutch » est triste, et parvient à me dire : « Rêve plus… » J’essaye de le détendre à nouveau, mais veux en même temps en savoir plus sur la silhouette élégante – qui pourrait correspondre à beaucoup de monde, même si j’ai mon idée… Qui se confirme : il y a des journaux épars dans la pièce, et « Blutch » désigne une photographie de Templesmith. Est-il venu ici, ou seulement dans les rêves ? Plutôt la deuxième possibilité, semble-t-il – mais « Blutch » se colle contre le mur, apeuré… Charles Reis lui parlait-il de ses rêves à lui ? Non… Puis le gardien arrive – le temps s’est écoulé, il vaut mieux que je laisse « Blutch » maintenant… J’acquiesce, passe doucement ma main sur l’épaule de « Blutch », en le remerciant de tout ce qu’il a fait, l’assurant que ça sera très utile… Il frotte son ourson contre moi, gentiment ; je lui souris… Mais je dois m’arrêter là – je quitte la salle de jeu, les dessins de « Blutch » dans mon carnet. Dans le couloir, je demande au gardien si d’autres patients bénéficiaient de l’attention de Charles Reis ; mais c’était le cas de tous, sans doute… Le reste du personnel ne s’en préoccupait pourtant sans doute pas plus que ça, alors. Je retourne à l’accueil.

 

[Chris : Charles Reis] Chris y poursuit son flirt, disant qu’il a toujours été un grand romantique… Puis il parle de Charles Reis à la réceptionniste. C’était un employé apprécié de tous, toujours courtois, jamais un impair… Elle confirme que son travail de nuit « facilitait » le travail de jour des autres soignants et gardiens. Rien de spécial ne lui revient, une anecdote qui l’aurait frappée ? C’est qu’il s’agit de retrouver Charles Reis – un héritage l’attend, et conséquent ; sans doute en fera-t-il profiter son entourage… Mais la réceptionniste n’a pas grand-chose à dire ; elle relève toutefois que c’était un homme qui lisait beaucoup… Des choses olé-olé ? Non, non, pas du tout ! Des livres très sérieux, portant sur la psychologie, la psychiatrie… Puis elle ajoute qu’elle l’avait vu une fois lire un livre d’occultisme. Chris dit que c’est une de ses marottes ! Mais une que la réceptionniste ne partage pas, loin de là… Chris, un peu rabroué, demande si elle se souvient du titre du livre – mais non, elle ne sait pas, et ça ne l’intéresse pas…

 

[Dwayne : Brienne] Dwayne téléphone à un flic corrompu de sa connaissance : il veut en obtenir les noms des connards qui ont tabassé Brienne ; il est en rogne… Du moins aimerait-il savoir ce qui s’est passé au juste. Son correspondant est inquiet : ces noms… qu’en fera-t-il ? Dwayne dit qu’il veut juste savoir… Le flic est très gêné, mais lui dit enfin qu’ils étaient quatre. Quatre pour tabasser une vieille ? Et sa femme ? Le flic ne souhaite pas poursuivre maintenant, mais promet à Dwayne qu’il lui enverra ce soir une enveloppe avec les noms des responsables.

 

[Chris, Tess : Dr Avi ; « Blutch », Hippolyte Templesmith, Danny O’Bannion] Alors que nous sommes prêts à partir (Chris n’ayant pas manqué d’adresser un clin d’œil appuyé à la réceptionniste), le Dr Avi nous rejoint pour nous raccompagner à la sortie ; il donne son numéro personnel à Chris, qui l’en remercie, et lui dit qu’il aura plaisir à lui rendre service à l’occasion. Une fois seuls, je partage avec Chris ce que j’ai trouvé – parler à « Blutch » n’était guère fructueux, mais ses dessins étaient intéressants. Je précise ce qui concerne Hippolyte Templesmith – arrivé dans ses rêves, qui aurait « séduit » Reis, puis l’aurait peut-être trahi… Chris s’étonne de ce que je m’intéresse tant aux rêves. Mais O’Bannion ne lui a-t-il donc pas dit dans quoi il mettait les pieds ? Si, sans doute… mais il demeure perplexe. Je lui assure que Templesmith n’est pas un simple dandy qu’on fera tomber avec un scandale de mœurs – c’est un type aux pouvoirs occultes démesurés, impliquant notamment les rêves… et les cauchemars.

 

[Dwayne : Brienne ; Hippolyte Templesmith, Danny O’Bannion] Dwayne est rentré chez lui, comme promis – et constate que Brienne a des aphtes, ce qui est tout récent. Dwayne lui suggère d’arrêter de boire du Miska-Tonic !, ça pourrait les provoquer – il a vu ça chez des amis, comme pour elle… Elle est surprise, mais en tiendra compte, et le remercie. Puis, passant du coq à l’âne, elle lui demande pour qui il pense voter, lors des élections municipales, en février prochain… Dwayne répond qu’il sait pour qui il ne votera pas : Templesmith… Pense-t-elle voter pour lui ? Elle ne sait pas ; elle se pose la question : « Est-ce que ça ne serait pas nous, les méchants ? » Dwayne n’en revient pas : « Après ce qui s’est passé cette nuit… Tu as voulu aider une vieille dame… » Elle admet que les flics sont bien comme ça – mais Templesmith a des arguments… Dwayne ne pourrait-il pas se ranger, avoir un travail « légal » ? il serait sans doute plus souvent là… Dwayne dit que peut-être, un jour… mais ce n’est pas possible pour le moment. « À cause de ton travail… » Dwayne acquiesce. Brienne est fatiguée, elle retourne se coucher… Dwayne appelle un taxi pour rentrer à la ferme de Danny O’Bannion, afin de nous y retrouver.

 

[Chris, Tess : Charles Reis, Danny O’Bannion] De retour dans la voiture – nous nous rendons à l’adresse de la mère de Charles Reis –, Chris me drague lourdement… J’essaye de garder ma contenance ; O’Bannion ne lui a-t-il pas parlé de ma réputation ? Chris reprenant les flatteries courtoises, je lui dis que c'est de mon Légendaire Coup De Genou que je parlais… Et qu’il ôte sa main de ma cuisse, tout de suite !

 

[Chris, Tess : Anna-Marie Reis ; Dr Avi, Charles Reis, Margaret Hoover, Hippolyte Templesmith/« 6X », Pierce Hawthorne, Tina Perkins] Nous arrivons dans un quartier de classe moyenne – au sens le plus strict, ni aisé, ni désœuvré. Nous trouvons la demeure en question, avec sa boîte aux lettres au nom d’Anna-Marie Reis. Nous ne pouvons toutefois pas jouer avec elle au notaire et à sa secrétaire… Je reviens sur l’idée d’enquêteurs privés. Pour qui ? Chris suppose que l’on pourrait citer le Dr Avi – mais tant que l’on peut l’éviter, je préfère… Chris ayant encore eu la main baladeuse, je la dégage de ma cuisse – violemment ! Puis je vais toquer à la porte. Nous entendons la voix d’une vieille femme : « Vous êtes en avance ! » La porte s’entrouvre : « Mais… Vous n’êtes pas le livreur habituel ? » C’est une vieille dame, blanche, les cheveux gris, aux mèches un peu rétives à la coiffure ; elle est potelée, plutôt petite, vêtue d’une robe qui était sans doute à la mode du temps lointain de sa jeunesse… Je lui dis qu’il y a confusion : nous enquêtons sur son fils… Ce qui la surprend : elle n’y croyait plus, la police l’ignorait ! Mais je lui explique que nous ne sommes pas de la police. Elle est volontaire : en fait de surprise, c’en est une de très agréable… Elle nous invite à entrer chez elle. Je lui dis que nous manquons d’informations pour le moment ; sans doute peut-elle nous aider. Elle est têtue, cependant – revenant sans cesse sur l’incompétence de la police : pourquoi ne faisait-elle rien ? Parce que Charles est un métis ? Se moquent-ils d’elle, simplement parce qu’une Blanche a aimé un Noir ? Mais ce n’est certainement pas notre cas ! Je l'assure que tout le monde n’est pas aussi borné que les policiers, dans cette ville… Elle nous demande alors pour qui nous travaillons, et Chris cite le Dr Avi. Mais ça ne prend pas vraiment... Je lui dis que le Dr Avi s’est aperçu, bien tardivement sans doute, combien Charles Reis était un excellent élément… Quoi qu’il en soit, nous voulons retrouver son fils. Et qui mieux qu’elle pour nous y aider ? En parcourant la pièce de mes yeux, je remarque des piles de prospectus récents – parmi lesquels un issu par l’association de Margaret Hoover : ces histoires de disparitions n’ont pas manqué de la toucher… Elle nous explique enfin que son fils, quelques jours avant sa disparition, avait l’air plus heureux que d’ordinaire, et même joyeux – il évoquait « une encontre enthousiasmante »… Anna-Marie Reis s’égare sans cesse quand elle parle de son fils : les anecdotes se mêlent, elle revient toujours au portrait de Charles qui, en autodidacte de génie, et avec ses économies limitées, a sans doute acquis autant de savoir en psychiatrie et en psychologie qu’un authentique médecin ! Mais sans en avoir le titre, c’est tout… Puis, elle nous dit qu’en bonne mère, elle sait où son fils cachait ses secrets – des choses qui ne portaient pas seulement sur la psychiatrie, mais aussi sur l’occultisme… et sans doute est-ce pour cela qu’il a toujours refusé de donner un nom à cette « rencontre intéressante ». Il a pourtant avancé un surnom : « 6X ». Quels étaient ces documents qu’il dissimulait ? Elle n’en sait rien : elle s’est empressée de les remettre à la police, qui n’en a pourtant rien fait – sans doute les flics ont-ils jeté ces papiers à la poubelle… Si elle ne comprenait rien au fond, la mère curieuse a cependant pu relever quelques prénoms (sans jamais de noms les complétant) : Pierce, Tina… Elle s’égare à nouveau, louant son fils, si intelligent, mais qui avait besoin de « s’évader »… Il semblait toutefois méfiant à l’égard de ces personnes. Je lui demande si Charles s’intéressait aux rêves et à leur interprétation. Elle répond qu’il en parlait parfois, de leur « symbolique », mais elle n’en sait pas davantage. Il ne l’a jamais interrogée sur ses propres rêves ? Elle se souvient d’un cas : ils étaient tous deux sur la tombe du père de Charles ; une fleur – une pensée – avait éclot dans la pierre, resplendissante ; en parlant avec elle de ce rêve, sans doute Charles l’a-t-il aidé à faire son deuil… Son fils est quelqu'un de très bienveillant. Je lui demande alors si Charles s’intéressait à l’écriture automatique, voire s’il avait tenté des séances avec elle – mais je la dépasse complètement ; j’essaye de lui expliquer le procédé, mais non, rien : les seuls papiers qu’il lui a fait remplir étaient d’ordre administratif… Elle nous demande en tout cas de la tenir au courant ; elle ne sait pas si elle doit déjà faire le deuil de son fils, mais en parler lui a fait du bien… Chris, avant de partir, lui demande si elle pourrait nous autoriser à visiter sa chambre ; mais cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait pas mi les pieds, c’est devenu une chambre d’amis – lui avait un appartement, dans un de ces hôtels où l'on paye à la semaine (inutile donc de la visiter, le locataire a sans doute déjà changé…). Nous échangeons quelques ultimes banalités – la conversation lui profite –, puis nous nous en allons.

 

[Dwayne, Chris, Tess : Fran ; Danny O’Bannion, Dr East/Herbert West] Dwayne est retourné à la ferme de Danny O’Bannion, où il nous attend tous. Fran est déjà sur place. Chris et moi arrivons enfin, pour préparer la rencontre avec le Dr East.

 

À suivre…

Commenter cet article