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Géographie du Japon, de Jacques Pezeu-Massabuau

Publié le par Nébal

Géographie du Japon, de Jacques Pezeu-Massabuau

PEZEU-MASSABUAU (Jacques), Géographie du Japon, quatrième édition mise à jour, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, [1968] 1986, 127 p.

 

Nouvelle excursion du côté des « Que sais-je ? » nippons… mais cette fois avec un volume bien trop compliqué pour ma pomme, et par ailleurs en partie obsolète.

 

La géographie du Japon m’est largement inconnue – c’est à peine si je retiens les noms des quatre grandes îles de l’archipel (bon, maintenant, ça, ça va à peu près…), et les noms des régions demeurent le plus souvent mystérieux à mes yeux d’ignare (au mieux, je vois à peu près le Kantô et peut-être le Kansai) ; la localisation des villes en dépendant pour une bonne part, j’ai du mal à retenir où se trouve telle ou telle agglomération, au-delà de Tokyo et Kyoto, peut-être Osaka et Kobe – le fourmillement de la Mégalopolis n’arrange probablement pas les choses il est vrai… Les régions « naturelles » me sont peu ou prou inconnues au-delà de ces adaptations « politiques » par l’homme, et je serais bien incapable, sans préparation, de situer, par exemple, le mont Fuji sur une carte… ou a fortiori quoi que ce soit d’autre. Le peu que je sais, ou crois savoir, de la géographie du Japon se teinte en outre de confusions, parfois de simplifications, qui me nuisent considérablement dès lors qu’il s’agit d’en faire l’assise à, mettons, une étude historique, ou, pire encore, une étude économique ou sociale contemporaine…

 

D’où cette envie, avant de me remettre notamment à l’histoire, d’envisager d’un peu plus près, et de manière un peu plus solide, la géographie du Japon – cela me paraissait de plus en plus une mesure indispensable. Et c’est pourquoi je me suis procuré cette Géographie du Japon de Jacques Pezeu-Massabuau – en l’espèce dans sa quatrième édition de 1986 (j’ai cru comprendre, après coup, qu’il y en avait au moins une de plus récente, en 1992 ? Par contre, l’ouvrage ne figure plus au catalogue de la collection, sauf erreur, et sans avoir été remplacé…). Cette question de l’édition, pour pareille matière, n’a rien de neutre. Si l’on peut supposer que la géographie « physique » (entendue au sens large – incluant par exemple le climat, l’activité tectonique, etc.) n’a « pas beaucoup changé » depuis 1986, il n’en va pas de même concernant la géographie économique et sociale, la démographie, etc., en évolution constante et éventuellement très rapide : le livre, à cet égard, ne pouvait qu’être dépassé. J’ai supposé que je pouvais m’en accommoder, l’idée étant surtout de développer une première image de la géographie japonaise, m’aidant à m’y retrouver dans d’autres lectures (historiques notamment), quitte à dénicher par la suite un ouvrage plus récent et mieux actualisé sur la question.

 

Les « Que sais-je ? », c’est parfois un peu la roulette russe… Le format est aussi propice à la vulgarisation qu’à la synthèse de pointe, pouvant éventuellement se colorer d’une dimension monographique. J’espérais, pour un sujet pareil, la vulgarisation… et suis comme de juste tombé sur quelque chose de bien plus costaud.

 

Et avec un gros souci d’emblée : cette première base, qui m’intéressait tout particulièrement, sur les villes et régions telles qu’elles ont été conçues par l’homme, n’est en rien abordée au début de l’ouvrage – il s’agit d’une question tellement « préalable »… qu’elle est en fait considérée acquise par l’auteur. Aussi livre-t-il des cartes qui m’ont fait l’effet d’être bien trop abstraites pour moi, tandis que, dans le corps du texte, pire encore, c’est un véritable bombardement de noms de villes et de régions, sans autre mise en bouche. La carte « préalable » que je cherchais existe en fait bel et bien dans l’ouvrage – présentant tout à la fois les « régions géographiques » et les préfectures… mais c’est l’avant-dernière du livre, p. 108, et donc à la toute fin ou presque ! Si j’en avais eu connaissance au début, cela m’aurait peut-être aidé dans la lecture de cet aride petit volume… mais pas sûr.

 

Car il est très aride. Ou, plus exactement, il est pointu à la hauteur des attentes de ses lecteurs les plus exigeants. Les premiers chapitres, consacrés à cette géographie « physique » qui constituait mon premier intérêt dans la matière avec la géographie, disons, « politique », sont ainsi très précis, employant sans définition préalable des notions fort complexes et fort hermétiques pour un quidam tel que votre serviteur consternant d’ignorance crasse… Cela ne m’a pas facilité la lecture, et explique largement pourquoi j’en ai si peu retenu. Il y a des quasi-clichés, certes – un pays allongé et montagneux, en même temps toujours en prise à la mer, et avec des côtes très découpées : OK, ça, je savais… Un milieu naturel violent, voire carrément hostile, du fait de l’activité tectonique (avec, outre les séismes, les glissements de terrain, plus discrets sans doute, mais redoutables), mais aussi du climat et notamment des typhons, je le savais aussi… mais pas à ce point – les statistiques sont assez effrayantes ! D’autres choses d’importance sont cependant plus difficiles à cerner à mes yeux : la Fossa Magna coupant l’archipel en deux par le milieu, par exemple… et bien d’autres notions qui m’échappent tellement que je ne me sens même pas de les citer ici ! Quelques développements, heureusement, m’ont davantage parlé – concernant le climat, par exemple, éventuellement surprenant au regard de la situation géographique de l’archipel : après tout, je n’avais pris conscience qu’à la relecture toute récente de l’Histoire du Japon et des Japonais d’Edwin O. Reischauer du fait que le nord de Hokkaido se situe peu ou prou au niveau de Bordeaux, tandis que Tokyo équivaut en gros à Gibraltar, sans pour autant que le climat de l’archipel corresponde en rien ou presque à ce que l’on s’attendrait à trouver en Europe et en Afrique à ces latitudes ; pour tout un tas de raisons compliquées, dont l’influence continentale, ou encore les courants sur la façade pacifique, l’Oyashio froid qui vient du nord, le Kuroshio chaud qui vient du sud. Mais je relève aussi cette idée, qui fait transition, d’un pays fortement modelé par l’homme depuis longtemps – la question de l’eau a ici son importance, cruciale ; en contraste (ou pas), je relève aussi la relative permanence, encore aujourd’hui (ou en tout cas en 1986), de la forêt… C’est à peu près tout, cependant : le reste me dépasse largement, et je manque bien trop de précision dans les acquis de ces premiers chapitres…

 

Demeure au moins l’idée, qui aura son importance par la suite, dans les chapitres économiques, sociaux, démographiques, etc., de ces ensembles régionaux éventuellement « naturels » (mais aux conséquences humaines), qui découpent l’archipel : on peut distinguer, en gros, Hokkaido (qui demeure à part), Honshu coupée en deux (façade de la mer du Japon et façade pacifique, éventuellement « ubac » et « adret », avec d’autres subdivisions – si l’on met à part le Tohoku, nord de l’île qui fait la transition avec Hokkaido, on peut distinguer, à l’est, et du nord au sud, Kantô, Tokai, et Kansai, et à l’ouest Hokuriku puis San-In – ce dernier au statut plus ambigu, peut-être ?), la région de la mer Intérieure qui relie le nord de Shikoku au Kansai, le nord de Kyushu qui participe aussi des foyers de développement en rejoignant le San-In, tandis que les zones méridionales de Shikoku et Kyushu constituent une dernière zone… Autant de choses qui, bien sûr, ne me disaient peu ou prou rien au moment de ma lecture, et que je n’ai acquises qu’au fur et à mesure des récurrences.

 

Après quoi l’on passe à la géographie humaine, avec ce problème particulier concernant l’évolution rapide des données démographiques, économiques et sociales : je ne doute pas qu’en plusieurs endroits le présent volume (qui accuse tout de même ses trente ans) est très probablement dépassé… Quelques idées générales demeurent, sans doute – comme celle du problème du surpeuplement, qui a de tout temps ou presque affecté le Japon, mais jamais autant qu’au XXe siècle, et a fortiori depuis la Deuxième Guerre mondiale… L’étude historique du peuplement « justifie » davantage le découpage des régions que je viens d’exposer – en appuyant tout particulièrement sur le foyer primitif de la région de la mer Intérieure, incluant probablement le nord de Kysuhu, et débouchant sur le Kansai en Honshu, puis « l’envers » et « l’endroit » de Honshu (au net bénéfice de la façade pacifique). Je ne me sens guère de rentrer ici dans le détail des chapitres portant, par exemple, sur l’agriculture (relevons tout de même la question du riz, renvoyant à l’aménagement ancestral du territoire, et posant déjà la question corrélée de l’autosuffisance alimentaire ; peut-être aussi le développement radical de l’élevage au XXe siècle, mais je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui, les choses ont pu changer ; enfin la tradition des petites exploitations, avec la même obsolescence éventuelle), ou la vie maritime essentielle (notoirement) ; peut-être encore moins pour l’industrie ou « activité de transformation » (au-delà de la question relativement étonnante des matières premières, décidant pour partie du jeu complexe de l’import-export ; sinon, les choses ont nécessairement évolué ici, et de manière sans doute trop considérable pour qu’il soit vraiment pertinent, dans le contexte de ce compte rendu en tout cas, de s’y attarder – mentionnons tout de même, y compris dans cette optique, la question de la pollution, avec par exemple un rappel de la catastrophe de Minamata)… Le sujet des transports et du commerce a au moins autant évolué, et probablement davantage encore. Concernant le développement et l’urbanisme, la carte des régions délaissées a pu changer, de même – et je suppose que la question de la Mégalopolis (la zone urbaine peu ou prou continue, même si très peu large parfois et s’accommodant de zones périurbaines faisant la transition avec des campagnes de plus en plus intégrées, allant, sur la façade pacifique, de Tokyo au nord à Fukuoka au sud, en passant par Yokohama, Nagoya, Kyoto, Osaka, Kobe, Hiroshima, Kitakyushu…), en trente ans, a pris une tout autre ampleur.

 

D’où ce constat : ce n’est pas que ce « Que sais-je ? » soit mauvais (il ne l’est probablement pas), mais il s’est avéré bien différent de ce que j’en espérais, en se montrant bien plus ardu que ce que je pouvais encaisser ; son obsolescence probable en matière de géographie « humaine » (démographique, économique, sociale) en fait par ailleurs une référence datée sur bien des points, et dès lors d’un intérêt limité (d’autant plus pour votre couillon de serviteur). Sa lecture n’a pas été une perte de temps pour autant, et j’en ai éventuellement retenu quelques choses qui pourront m’être utiles par la suite – en fin de compte, j’ai tout de même un peu clarifié ma perception de la matière, si c’est sans grande assise… Mais il me faudra revenir sur cette question de la géographie du Japon quand je disposerai de connaissances un peu plus solides et actualisées touchant au sujet.

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C
Éventuellement les ouvrages du géographe Philippe Pelletier ?
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N
Je ne connaissais pas, je note, merci...