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CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (27)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (27)

Vingt-septième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente .

 

Tous les joueurs étaient présents, qui incarnaient donc Dwayne O’Brady, l’avocat Chris Botti, Leah McNamara et ma « Classy » Tess McClure (ou maintenant Tess la Rouge…), maître-chanteuse ; noter que cette dernière est tombée à 0 en SAN avant même le début de la séance…

 

I : DANS LA CAVE

 

[I-1 : Tess : Stanley] Je suis éblouie par un étrange scintillement, et, quand je cesse de cligner des yeux, j’ai repris ma véritable apparence, le sortilège ne fait plus effet ; je suis recouverte du sang caillé de Stanley, sensation très désagréable…

 

[I-2 : Tess : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] La pièce où je me trouve est relativement vaste, et apparemment souterraine. Elle me rappelle infailliblement mon premier « déplacement », depuis le manoir de Hippolyte Templesmith… Se trouve contre le mur nord une rangée de lits superposés à trois étages. Quant à moi, je suis contre le mur est, les lits sur ma droite. En face se trouve une table recouverte de boîtes de conserve entamées et d’assiettes jamais finies – de la nourriture pour chiens ou chats, pas desservie depuis bien longtemps, et grouillant de mouches et d’asticots, répandant une odeur de pourriture à la limite de l’insoutenable. Contre le mur sud, au centre, il y a un évier étonnamment propre, appuyé contre la terre à nu – j’ai l’impression qu’il n’a jamais servi, ou du moins pas depuis longtemps… Contre le mur à ma gauche se trouve également un vieux portemanteau, sur lequel s’entassent des dizaines de grandes robes à capuches ; elles sont de taille et de confection différentes, mais arborent toutes un symbole aklo – différent de celui que j’avais gravé dans la baignoire pour le rituel de change-forme, mais la parenté est indéniable. Un homme est affalé par terre, à côté de la table, et je le reconnais : c’est Alexis Ranley, le directeur de l’asile d’Arkham ; il est inconscient, mais je perçois sa faible respiration.

 

[I-3 : Tess] Mais il y a d’autres respirations, et des ronflements – plusieurs silhouettes étendues sur les lits de ce répugnant dortoir. Et une d’entre elles est réveillée, qui sort de son lit. La lueur de la lanterne au plafond me permet de distinguer son faciès hideux, son visage rongé par les aphtes, qui lui couvrent la bouche et les joues jusqu’à obstruer son œil gauche. Sa langue bouffie, en dépit de tous ses efforts, ne parvient pas à franchir la barrière de ses lèvres malades ; l’homme semble vouloir parler, mais ne peut produire que de désagréables onomatopées sans signification.

 

[I-4 : Tess : Hippolyte Templesmith/« 6X »] Mon esprit est broyé… Je me souviens de la sensation répugnante, quand j’ai plongé la langue dans la bouche de « 6X » ; j’en retire globalement une certaine fierté, parce que je l’ai ainsi mouché et ai anéanti ses plans, mais demeure cette désagréable sensation râpeuse ; et, de ma langue, j’ai senti ses dents étonnamment pointues, de taille variable et non ordonnées… Mais il y a pire : j’ai déjà été transportée dans un souterrain de ce genre – ce souvenir me submerge et me terrifie. Je n’ai plus aucun espoir, que ce soit pour moi ou pour l’humanité dans son ensemble : je sais que je ne serai plus jamais heureuse et libre ; même si par miracle je parvenais à m’en sortir une fois de plus, et je n'y crois guère, je me sentirais à jamais écrasée par le poids oppressant de toute cette terre, sachant que des horreurs sans nom me guettent à chaque détour…

 

[I-5 : Tess : Alexis Ranley ; Stanley] Tandis que l’homme qui s’est levé essaye en vain de baragouiner quelque chose, je m’approche calmement de l’évier – je veux me débarrasser du sang de Stanley sur ma figure, obéissant à un besoin rituel de redevenir moi-même. Je constate que se trouve une porte en fer sur le mur est, et une autre en bois, entrouverte, laissant passer une vague lumière que je suppose « naturelle », sur le mur d’en face. J’ignore Alexis Ranley et sa respiration faible, tout autant les déchets sur ou à côté de la table : seul compte l’évier. Je fais couler l’eau en dépit des protestations de l’homme qui s’est levé – la plomberie émet des petites détonations, et produit l’eau par à-coups, témoignant de ce que l’on n’en a peut-être jamais fait usage. Je prends le temps de me débarbouiller, redeviens enfin Tess – ça me fait du bien.

 

[I-6 : Tess : Hippolyte Templesmith/« 6X »] L’homme qui s’est levé est visiblement furieux. Et j’entends un craquement de bois vieilli : il secoue une rangée de lits superposés pour réveiller d’autres de ses camarades. Tous sont vêtus de tuniques crasseuses semblables à celles qui sont suspendues au portemanteau. Je me retourne pour faire face au premier homme et le fixe avec haine : mon sadisme n’a plus la moindre raison d’être modéré, je n’ai plus aucune retenue – le désir de faire souffrir cet homme assimilable d’une manière ou d’une autre à « 6X » est plus fort que tout. Les hommes sur les lits sont visiblement affaiblis, épuisés et maigrelets ; deux d’entre eux se lèvent cependant, et m’aperçoivent : eux aussi sont rongés par les aphtes, mais leurs voix sont plus discernables.

 

[I-7 : Tess] Je vois que se trouvent des placards entrouverts à côté de l’évier ; à l’intérieur, il y a des bouteilles de verre et des petits bidons, tous remplis d’un liquide rosâtre. Le premier homme s’avance vers moi, l’air déterminé, si sa fatigue est palpable ; il a extrait une longue dague stylisée de sa tunique. Tandis que les deux autres achèvent de se réveiller, je dégaine mon .38, qui était toujours dans mon sac à main (j’ai sur moi tout ce que j’avais au gala). J’attends un instant avant de le brandir, mais le deuxième homme sort de son lit une vieille épée rouillée, tandis que le troisième cherche à réveiller d’autres comparses. Le premier, surtout, qui continue à avancer, ne dissimule en rien ses intentions : il veut me planter avec sa dague. Je lève mon arme, ajuste mon tir, et tente de lui loger une balle en pleine tête ; mais je manque de précision, et je l’atteins seulement à l’épaule gauche – ce qui le fait reculer, mais pas grand-chose de plus. Suite à la détonation, on s’agite bien davantage sur les lits – plusieurs hommes de même allure en sautent, saisissant au passage diverses armes, parfois improvisées…

 

II : L’ARCHIPEL HALLUCINÉ

 

[II-1 : Chris, Dwayne, Leah] Chris, Dwayne et Leah, s’ils ne se sont pas encore retrouvés, sont dans un environnement globalement identique. Autour d’eux s’étend à perte de vue un océan dénué du moindre repère, si ce n’est qu’ils se trouvent sur un archipel composé d’îles de taille variable, semblant disposées de manière concentrique autour d’une île centrale surmontée d’une colline (Dwayne se trouve sur cette dernière, pas les autres) ; la distance entre certaines de ces îles laisse supposer qu’on devrait pouvoir les joindre à la nage ; l’eau est très claire, avec des reflets turquoise, mais on n’en voit pas le fond. La flore est étonnante, pour partie tropicale, pour partie tempérée – il est vrai que le climat est à l’avenant. La lumière aussi est étrange, qui a quelque chose d’argenté ou d’un gris pâle, émise par un soleil mordu par deux lunes. On devine, à observer la colline centrale, que son sommet est affaissé. Par ailleurs, de cette colline partent des tranchées qui en descendent et constituent tout un réseau jusqu’aux plages – impossible pour l’heure de déterminer si elles sont naturelles ou artificielles.

 

[II-2 : Leah, Chris] Leah se réveille peu après Chris, cinq ou dix minutes au plus – juste derrière lui : il est debout et observe décontenancé le paysage. Non loin se trouve une de ces tranchées. Leur île, dont il est difficile de déterminer la surface (2 km² ?) est disposée comme les autres autour de la colline centrale. Autour d’eux s’agitent des dizaines de crabes assez gros sans être monstrueux – ils les ignorent complètement, ne sont en rien agressifs : ils passent entre les jambes de Chris sans lui prêter attention, et quand ce dernier trébuche presque sur eux ou les repousse en secouant ses jambes, ils ne tentent aucune riposte. Chris balaye l’horizon du regard, en quête de gens. Mais il n’y a que Leah, qui se réveille doucement. Il se dirige vers elle. Ils tentent d’échanger quelques paroles, mais sont l’un comme l’autre perdus et éberlués dans cet environnement étrange.

 

[II-3 : Chris, Leah : Johnny « la Brique », Danny O’Bannion] Chris se dirige alors vers la tranchée non loin – il dit à Leah qu’il va y jeter un œil, voir s’il n’y trouverait pas quelque chose à même de les aider, et Leah l’accompagne. Il n’y a pas de végétation dedans, les crabes ne s’y avancent pas davantage, et elle fait environ deux mètres de profondeur. Une substance, un peu partout, semble vaguement refléter la lumière. La tranchée a une forme régulière, obéissant à une structure, de moins en moins large ; pour autant, elle ne présente pas de signes irréfutables de conception humaine. La terre est le plus souvent asséchée, calcifiée, mais il y a quelques zones plus humides dans le fond. Chris trouve de cette substance étrange, reflétant le soleil, à portée de main, sans nécessité de pénétrer dans la tranchée. Il se penche pour s’en saisir. La sensation est celle de gouttelettes métalliques, d’une densité étonnante – c’est un matériau léger mais impossible à déformer. Leah, qui observe derrière Chris, se souvient immanquablement du métal constituant le « squelette » de « la Brique », quand il s’était lancé à l’assaut de la ferme de Danny O’Bannion… Mais, cette fois, c’est comme s’il était fossilisé. Chris peut-il en faire quelque chose ? L’avocat passe en revue leurs options : ou bien ils restent ici, ou bien ils tentent de rejoindre une autre île à la nage, mais il n’a pas l’impression qu’elles abritent davantage de vie, ou bien ils suivent la tranchée ; il s’agit de retrouver leurs camarades, ou d’autres « transportés » – ils n’ont probablement pas été les seuls à faire le « déplacement ». Les tranchées semblent pointer vers la colline au centre de l’archipel (sans végétation) – mais la rejoindre ne sera pas une mince affaire…

 

III : SUR LE FLANC DU MONSTRE

 

[III-1 : Dwayne] Dwayne se trouve sur une sorte d’esplanade à flanc de coteau. Il avait eu un pressentiment quand il avait tenté de fuir de l’Omni Parker House en se jetant par une fenêtre… La sensation de chute s’est poursuivie, mais il n’a pas atterri sur le trottoir : à côté de lui se trouvent deux gigantesques (cinq mètres de hauteur, trois mètres de diamètre à la base) becs de poulpes ! Le souvenir lui revient d’une mission accomplie il y a longtemps, pour exiger paiement d’un restaurateur contre sa « protection » – il y avait vu un cuisinier « tabassant » un poulpe pour en rendre la chair plus comestible, c’est comme ça qu’il avait vu le bec de la créature… Mais les deux becs à côté de lui sont autrement imposants, c'est peu dire ! Ils sont par ailleurs parfois dentelés, comme des couteaux de cuisine. Dwayne est submergé par un sentiment de terreur à l’idée des dimensions de la ou des créatures… Entre les deux becs, et Dwayne est miraculeusement tombé juste à côté, se trouve un « abîme » faisant dans les sept mètres de diamètre, dont il est impossible de voir le fond. La texture sous ses pieds évoque une viande hachée mêlée de cendres.

 

[III-2 : Dwayne/« Leonard Border » : Leonard Border] Dwayne se relève. Il constate que le sortilège continue de fonctionner, il a toujours l’apparence du journaliste Leonard Border. Il évalue sa position, comprenant se trouver sur une aspérité à flanc de coteau ; levant les yeux, il détermine se trouver à environ trois quarts de la pente, laquelle se poursuit, très rude, jusqu’au sommet – Dwayne estime qu’il en aurait pour un quart d’heure ou vingt minutes avant d’y parvenir, et au prix de beaucoup d'efforts. La pente est tout aussi rude dans le sens de la descente, et Dwayne redoute une chute fatale… Il préfère tenter de grimper – espérant, en progressant, parvenir à un chemin plus accessible ou du moins une pente moins marquée. Il cherche de quoi faciliter son ascension – des sortes de crochets, par exemple, mais il ne dispose que de ce qu’il avait sur lui au gala. Il se débrouille tout d’abord assez bien, calant précautionneusement ses pieds dans la terre… mais un mouvement moins assuré le fait dévisser au tiers de son ascension, et il part en arrière, roulant sur le dos – droit vers l’abîme entre les becs ! Il parvient heureusement à contrôler sa chute, et s’agrippe avec les mains – à mi-distance du trou sans fond. Il prend le temps de récupérer, mais il lui faudra bien recommencer… Il va plus vite la deuxième fois, tout en restant précautionneux, en assurant chaque prise. Il repère l’endroit où il avait basculé – la terre y est plus humide ; il prend maintenant soin de s’agripper à des zones plus solides.

 

[III-3 : Dwayne] Dwayne parvient enfin au sommet, effectivement affaissé ; en fait, à l’intérieur, il donne sur une cuvette, redescendant sur une vingtaine de mètres. Au centre se trouvent quatre autres becs de poulpes, plus imposants encore que ceux de son point de départ. Dwayne a plus que jamais la sentation d’une gigantesque « bouche », et d’arpenter une immense créature… Il y a là aussi un abîme entre les becs, mais bien plus large : une trentaine de mètres de diamètre. Mais une structure part de chaque bec pour constituer une plateforme de métal au centre de l’abîme ; s’y trouvent trois statues (et Dwayne a la conviction intuitive qu’il devrait y en avoir quatre), autour desquelles semblent prier un peu moins d’une dizaine d’adorateurs en tunique et encapuchonnés, à genoux, confits dans leur dévotion. Dwayne voit aussi deux escaliers : l’un descend en spirale dans l’abîme, tandis que l’autre suit le long de la cuvette pour aboutir à une porte en bois, entrouverte, à même la terre.

 

[III-4 : Dwayne] Mais il y a un troisième escalier, autrement plus impressionnant, mais qui était invisible jusqu’alors – il monte droit vers le ciel ! Dwayne est cependant trop loin pour en apprécier les détails… Contournant par l’extérieur, il va y jeter un œil de plus près – tendant l’oreille au cas où les cultistes se manifesteraient… Cela fait une bonne marche que de contourner ce cratère, mais Dwayne parvient à l’accomplir sans attirer l’attention des dévots. L’escalier ascendant évoque l’architecture monumentale gréco-romaine, c’est une œuvre très appliquée ; il semble fait d’une sorte de métal, peut-être le même que celui de la plateforme ? Les rambardes sont méticuleusement sculptées de motifs évoquant une infinie nuée de serpents, subtilement entrelacés. Dwayne suit l’escalier du regard, et constate qu’il s’arrête net au bout d’un moment : ce n’est pas qu’il s’est écroulé, ou quoi que ce soit du genre, c’est parfaitement délibéré. Il jette un œil en bas de la colline, et y voit une sorte d’enclos délimité par des murets. Il choisit de retourner au bord de la cuvette, désireux de gagner la porte entrouverte qu’il avait aperçue en bas de l'un des escaliers.

 

IV : LA MALCHANCE

 

[IV-1 : Chris, Leah] Chris et Leah poursuivent leur exploration. Ils discernent des gémissements et des hoquets de douleur en provenance d’une zone où la végétation est plus fournie – toujours aussi déstabilisante, entre cyprès et palmiers… Par réflexe, Leah brandit son archet – elle n’a rien qui ressemblerait à une arme… Ils arrivent dans le dos d’un homme, revêtu de l’uniforme des serveurs de l’Omni Parker House. Le pauvre homme a une branche plantée en plein torse, dont s’écoule tout son sang, tandis qu’une autre a transpercé son bras droit et qu’une troisième, enfin, lui perce la mâchoire inférieure… Mais ces termes ne sont peut-être pas les plus appropriés : Chris et Leah comprennent que le malheureux, au terme de son déplacement magique, s’est matérialisé au milieu des branches…

 

[IV-2 : Leah, Chris : Michael Bosworth] Le serveur a déjà perdu beaucoup de sang, et souffre visiblement. Ils le devinent essayer de hoqueter un : « À l’aide… » Leah dit à Chris, doucement, qu’il « faut le finir », ils n’ont pas le choix – mais ce spectacle sordide autant que cette conviction écœurent Leah, rudement affectée. Quant à Chris, il reconnait maintenant l’employé qui l’avait accompagné pour conduire le chariot où s’était dissimulé Michael dans la chambre froide…

 

V : SANS ISSUE

 

[V-1 : Tess] Mes assaillants sont tous défigurés, certains muets comme le premier, d’autres visiblement sourds. Je ne suis pas certain de leur nombre : cinq ? six ? sept ? La porte entrouverte sur ma gauche m’attire, s’en échappe une lumière que je suppose naturelle. Mais les hommes dévorés par les aphtes m’en bloqueront bientôt l’accès. J’essaye de tirer sur deux d’entre eux pour les disperser et m’ouvrir un passage. Mon premier coup de feu part au-dessus… et je dérape sur des restes pourris de nourriture au moment de faire feu pour la seconde fois. Je parviens à éviter de me casser la figure, mais c’est une nouvelle balle perdue… Deux des cultistes m’attaquent avec leurs mauvaises armes, et l’un d’entre eux m’entaille à la hanche. Il m’est maintenant impossible de gagner la porte entrouverte.

 

[V-2 : Tess : Hippolyte Templesmith] J’essaye de me dégager pour gagner l’autre porte, en fer, mais elle est à l’autre bout de la pièce et je ne vais pas bien loin, d’autant qu’un des adorateurs défigurés à fait voler le contenu de la table sur mon chemin, m’obligeant à un petit détour – je reconnais sous les aphtes la domestique des parents de Hippolyte Templesmith à Boston, qui nous avait dénoncés… Heureusement, mes assaillants sont épuisés et plutôt lents, et j’atteins la porte, tandis qu’un d'entre eux se casse la figure en essayant de me suivre ; seul celui que j’avais tout d’abord blessé parvient à me rejoindre. Hélas, la porte en fer est verrouillée… J’ai beau m’exciter sur la serrure, rien n'y fait.

 

[V-3 : Tess : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Je n’ai pas le choix, il me faut faire face. J’achève d’une balle dans la tête celui qui me suivait – dague tendue en avant, ses muscles de fanatique crispés, il gargouille puis s’effondre, et sa respiration cesse. La domestique des parents de Hippolyte Templesmith finit de réveiller Alexis Ranley, mais pour essayer aussitôt de l’assommer à coups de poings. Les autres poussent comme des cris de guerre, incompréhensibles – mais ils sont trop épuisés pour courir. L’un d’entre eux reste à côté de la porte d’où émane la lumière naturelle et la referme. La domestique maîtrise Alexis Ranley d’une clef de bras tout en continuant de le frapper à l’arrière du crâne. J’essaye de profiter de leur lenteur : je m’avance lentement dans leur direction et ajuste précautionneusement mes tirs ; j’en touche un, deux balles dans le buffet, il s’écroule et rampe – je ne l’ai pas tué, mais il est peu ou prou hors de combat. Il en reste toutefois deux de debout, que je ne parviens pas à toucher… L’un d’entre eux est armé d’une vieille épée rouillée, et me lacère le bras gauche et le torse – la douleur est immense. La domestique essaye maintenant de ligoter Ranley avec ses vêtements déchirés. Mon chargeur est vide… Je lâche mon arme et sors mon couteau à cran d’arrêt. Attaquant aussitôt les deux cultistes qui me menaçaient, j’en blesse un à la main – je visais le bras, mais la douleur était trop forte…

 

VI : L'ABRI DANS LES ARBRES

 

[VI-1 : Chris, Leah] Chris demande son archet à Leah, il veut l’utiliser pour dégager la bouche du serveur de l’Omni Parker House, en sciant la branche qui dépasse. [Hein ?] Leah chante pour attirer l’attention du blessé… Chris hésite, cependant – peut-être vaudrait-il mieux, effectivement, abréger les souffrances du malheureux… Mais c’est maintenant Leah qui l’incite à poursuivre, d’un signe de la tête. Chris se met à la tâche, et parvient à scier la branche ; la tête du serveur tombe aussitôt contre son torse. On l'entend vaguement : « Pitié, pitié… » Mais il a toujours l’autre bout de la branche dans la mâchoire – qui émet des bruissements de feuilles… Chris essaye de l’en libérer, sans succès – est-ce trop gros ? Il soulève la tête du serveur pour le regarder dans les yeux, puis se tourne vers Leah : il n’y a plus rien à faire… Leah opine faiblement du chef. Elle se munit d’une branche pointue… Mais Chris dit qu’il va s’en charger : il va l’étrangler, que ça se termine le plus vite possible. Leah hoche à nouveau la tête, et entame une berceuse… Il faut bien trente secondes à Chris pour étrangler le serveur ; l’instant précédant son dernier soupir, il lui confie : « C’est mieux pour toi ; et là où on va, on n’aura peut-être pas ta chance… » Chris a les larmes aux yeux : il est un avocat, pas un tueur, et encore moins de ses mains… Leah, quant à elle, se sent étrangement mieux – la berceuse lui a peut-être davantage bénéficié qu’au serveur, mais c’était bien la chose à faire…

 

[VI-2 : Leah, Chris] Ils poursuivent leur chemin – il ne sert à rien de s’attarder sur cette triste scène… Et Leah distingue une plateforme entre les branches – elle croit même y voir une sorte de tissu ? Elle l’indique à Chris : c’est bien un signe d’activité humaine. Mais se trouve à côté, à moins d’un mètre de la base du tronc, un cadavre, ou plutôt un squelette nettoyé de toute sa chair et de ses organes… Ils trouvent une paire de lunettes avec un verre brisé à proximité du crâne. Leah a l’impression qu’il a été dévoré – elle est très angoissée, et Chris tout autant… Ils veulent s’en aller, mais Chris entend d’abord fouiller les environs, en quête d’une arme ou de quelque objet utile. Il devrait lui être possible de grimper sur la plateforme – il pense que ça vaut le coup d’y jeter un œil.

 

[VI-3 : Chris, Leah] Chris tente donc de monter, mais glisse sur une branche pas suffisamment épaisse pour supporter son poids, et qui cède. Il tombe sur les fesses – pas de dégâts durables, juste une vilaine douleur sur le moment, et un sentiment d’humiliation… Il regarde Leah, penaud : il n’a rien d’un athlète… Il ne dit pas un mot, mais Leah comprend très bien ; elle essaye à son tour de grimper, et y parvient quant à elle sans souci. La structure est rudimentaire – celui qui l’a bâtie a fait comme il a pu avec ce qu’il avait. Leah y trouve une veste plus ou moins déchirée, nouée pour faire un baluchon ; il y a aussi des lances très artisanales, aux bouts pointus, mais d’une confection assez maladroite. Il n’y a pas âme qui vive. Leah fait passer les lances et le baluchon à Chris.

 

[VI-4 : Chris, Leah : Charles Reis, « Classy » Tess McClure, « Blutch »] Chris ouvre aussitôt le baluchon : à l’intérieur, un canif, un carnet de notes, et un stylo. La première page du carnet est signée : « Charles Reis » (Chris reconnaît ce nom, il m’avait accompagnée chez la mère de Reis ainsi qu’à l’asile d’Arkham où il travaillait – il ne s’était toutefois pas entretenu avec « Blutch »). Leah dit toutefois à Chris qu’elle a un mauvais pressentiment, qu’il vaut mieux partir – elle a en tête des images de tribus primitives et cannibales… On lira le carnet plus loin !

 

[VI-5 : Chris, Leah : Charles Reis, « Blutch », Hippolyte Templesmith] Ils s’éloignent donc, restant tout d’abord à couvert dans la végétation, puis regagnant la tranchée. Ce n’est qu’une fois là-bas qu’ils se mettent à véritablement étudier le carnet de Charles Reis. Il fait écho de réflexions intimes, en rapport avec des notes sur son travail à l’asile et les expérimentations personnelles qu’il y mène sur les patients ; il y a des états d’âme, des cas cliniques (ainsi sur « Blutch », qui a eu des soucis à Innsmouth), mais aussi une certaine fierté : tout cela a un effet bénéfique sur les patients. Après quoi, sur le mode d’un journal intime, Reis décrit sa rencontre avec un individu « délicieux », parfaitement exempt de tous préjugés à l’encontre des métis : il s’agit de Hippolyte Templesmith

 

VII : CHALEUREUSES RETROUVAILLES

 

[VII-1 : Tess : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Les cultistes se gênent entre eux, ils ont du mal à me porter des coups efficaces, je suis plus agile… J’en renverse un d’un coup de pied. La domestique des parents de Hippolyte Templesmith a fini de ligoter Alexis Ranley. J’entraperçois du mouvement, sans bien comprendre ce dont il s’agit, tandis que je repousse d’un coup de pied mon agresseur encore debout. J’ai conscience que la domestique passe dans mon dos, mais elle me plante ses ongles dans la chair sans que je puisse rien y faire – elle est plus vive que les autres, bien que tout aussi dévorée par les aphtes.

 

[VII-2 : Dwayne] Dwayne descend dans la cuvette, sans se précipiter, discrètement. Parvenu à proximité de la porte, il entend des coups de feu de l’autre côté. Mais il a les yeux braqués sur une autre scène : un des cultistes sur la plateforme au-dessus de l’abîme avance près du bord en claudiquant. Les autres le regardent faire, puis s’approchent de lui et le saisissent par les épaules. Mais il se débat, et dit : « Laissez-moi, je veux le faire moi-même ! » Ses comparses le lâchent, et, d’une certaine manière, ils semblent même le féliciter. Il demande quelle est la direction la plus appropriée, et ils la lui indiquent. Il se tient au bord du précipice, où il psalmodie quelques mots – incompréhensibles, mais Dwayne y reconnaît de ces termes étranges qui figuraient dans le rituel de change-forme : Nyarlathotep, Yog-Sothoth… Puis le cultiste se jette dans le vide sous les applaudissements de ses coreligionnaires !

 

[VII-3 : Dwayne : « Classy » Tess McClure] Dwayne tente d’en profiter pour gagner la porte et la franchir, et y parvient. Soudain, il m’entend crier de douleur ! La porte qu’il vient de dépasser était celle auparavant entrouverte qui m’avait tout d’abord attirée… Mais un des adorateurs dévorés par les aphtes y était resté pour monter la garde, armé d’un vieux tuyau de plomb. Voyant Dwayne, il baragouine quelque chose d’incompréhensible. Dwayne lui fait : « Chut ! » Après quoi il lui tire dessus à bout portant ; mais un faux mouvement l’empêche de causer de vrais dégâts… Heureusement, sa cible ne lui fait pas davantage de tort en l’attaquant avec son tuyau, elle est très pataude.

 

[VII-4 : Tess : Hippolyte Templesmith] Je me retourne instinctivement vers la domestique des parents de Hippolyte Templesmith, qui vient de me labourer le dos de ses griffes. Elle semble alors seulement me reconnaître – ce n’était donc pas le cas jusqu’à présent. Et il y a de la haine dans son regard : « C’est VOUS !!! » Je suis excédée, déchaînée, et me jette sur elle pour la poignarder – mais sans succès. [Nos échanges à partir de là se sont montrés très répétitifs, les coups ratant souvent, les esquives fonctionnant quand un portait par miracle… Je ne vais pas faire le détail des coups stériles, et vais plutôt me concentrer sur les actions de Dwayne]

 

[VII-5 : Dwayne, Tess : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Dwayne tire sur son adversaire, et l’atteint les deux fois à la gorge – il lui éclate l’œsophage et, derrière, les vertèbres, au point où il en est presque décapité. M’apercevant en mauvaise posture, il tente alors de me rejoindre – passant à côté d’Alexis Ranley ligoté et inconscient : peu importe ! Un des cultistes que j’avais repoussé de mes coups de pieds se relève. Dwayne le repère et l’achève aussitôt – je n’en avais même pas conscience, toute à ma lutte avec la domestique des parents de Hippolyte Templesmith… En reste un en arrière ; Dwayne s’avance sur lui et lui loge une balle dans l’épaule – il n’est pas mort, mais s’écroule à nouveau par terre ; dans un réflexe ardi, il tente de mordre Dwayne à la jambe, mais sans succès ; Dwayne l’achève d’un coup de crosse, lui explosant le crâne et faisant gicler la matière cervicale…

 

[VII-6 : Dwayne, Tess/« la Rouge » : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Dwayne essaye alors de passer derrière la domestique des parents de Hippolyte Templesmith, afin de la maintenir et de me donner l’opportunité de l’achever. Mais le cultiste que j’avais laissé pour mort par terre, dans un ultime réflexe, agrippe Dwayne par la cheville, suffisamment pour l’interrompre si ce n’est le faire tomber ; il s’éteint sur cette dernière action, un sourire éclatant aux lèvres… À force d’asséner des coups plus furieux les uns que les autres, même si je n’ai que très peu de réussite, je commence du moins à faire peur à la domestique ; je lis de l’angoisse dans ses yeux, presque de la terreur : c’est « Tess la Rouge » qui l’attaque… Dwayne se libère de l’emprise du mort, mais cela lui demande un peu de temps. Alexis Ranley reprend connaissance à ce moment-là, et tape frénétiquement de ses pieds sur le sol. Dwayne a bien conscience que je suis très mal en point… Cette fois, il parvient à se faufiler derrière la domestique, et l’assomme d’un violent coup au crâne. Notre lutte stérile s’achève ainsi, sur son intervention…

 

[VII-7 : Dwayne, Tess/« la Rouge » : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Dwayne me laisse la domestique des parents de Hippolyte Templesmith, et me dit que je peux en faire ce que je veux… Alexis Ranley hurle : « Quelle est cette horreur ? » Je n’y prête pas la moindre attention : la domestique est agonisante, mais je veux la faire souffrir avant qu'elle rende son dernier souffle – je lui lacère le visage, incise ses aphtes… Elle hurle de douleur ; prise de convulsions, elle se débat pour me repousser mais n’est pas en état de faire quoi que ce soit. Dwayne libère Ranley, et lui intime de se taire (il ne cessait de répéter : « C’est "la Rouge" ! ») ; le directeur de l’asile d’Arkham se montre alors docile, prêt à suivre les instructions de Dwayne – qui lui a dit qu’autrement il n’en sortirait pas vivant, et même pas forcément de son fait… Il lui dit aussi de prendre une arme, au cas où : peu importe qu’il ne se soit jamais battu, c’était un ordre, pas une question !

 

[VII-8 : Tess, Dwayne : Alexis Ranley ; Hippolyte Templesmith] Soudain, la porte extérieure s’ouvre, et un cultiste de la plateforme y passe la tête : « C’est quoi ce bordel ? » Il appelle aussitôt ses comparses, tandis que Ranley ramasse une dague. Mon instinct de survie l’emporte sur mon sadisme, et je perçois la menace ; je laisse là la domestique des parents de Hippolyte Templesmith, quitte à y revenir plus tard si c’est encore possible, et je recharge mon .38.

 

[VII-9 : Tess, Dwayne] Je constate alors que la présence de Dwayne m’est douloureuse – et qu’il m’ait pour l’heure sauvé n’arrange en fait rien à l’affaire. En fait, « quelque chose » m’empêche de le faire souffrir comme les autres, et ça me met mal à l’aise, comme une sorte de chantage ou de piège émotionnel… Pour poursuivre, il me faut l’évacuer de mon monde – pour me concentrer sur ce qui me menace… et que je peux faire souffrir ! Dwayne a remarqué que j’évitais de prendre en compte sa présence, conservant un rictus de haine sur mes lèvres…

 

[VII-10 : Dwayne, Tess/« la Rouge » : Alexis Ranley] Dwayne emmène Ranley jusqu’à la rangée de lits superposés – le directeur de l’asile d’Arkham a du mal à admettre que « Tess la Rouge » soit dans son camp… Mais Dwayne le bouscule – ce n’est pas le moment ! Il faut qu’il l’aide à faire tomber les lits pour obstruer le passage ! Heureusement, les cultistes sont lents – ne serait-ce leur fanatisme, ils seraient sans doute dans l’incapacité totale d’agir contre nous. Je m’avance lentement en face de la porte ouverte sur l’extérieur pour ajuster mes tirs…

 

VIII : LES SECRETS DU CARNET

 

[VIII-1 : Leah, Chris : Charles Reis, Hippolyte Templesmith, « Blutch »] Leah et Chris lisent le carnet de Charles Reis. L’aide-soignant se montre d’abord dithyrambique à l’égard de Hippolyte Templesmith. Mais son écriture change après quelques pages, et le contenu tout autant. Reis dit regretter de ne pas avoir pris en compte à leur juste mesure les avertissements de « Blutch »Templesmith lui a montré des horreurs, un véritable concentré de mal à l’état pur – Reis l’avait cru bienveillant, mais c’était une illusion fatale autant qu’absurde… Reis, dès lors, a cherché à échapper à l’emprise de Templesmith – il parle de statues maléfiques, de plans horriblement sombres pour asseoir son ego et sa domination… Submergé par le dégoût, Reis s’est échappé dans l’étrange jungle, cherchant les moyens d’y survivre hors de portée de Templesmith… Il évoque aussi deux « points d’accès » dans la zone : il n’a pas osé gagner l’enclos, dont Templesmith lui avait dit en ricanant qu’il était « piégé » ; mais il y aurait aussi un escalier sur le flanc de la colline, qui pourrait être (relativement…) plus sûr – il ne l’a cependant pas encore vu au moment où il consigne ces informations dans son carnet. Reis était terrifié à l’idée de devoir retourner dans ces lieux qu’il avait fuis – mais il sait qu’il ne survivra pas éternellement dans la jungle… Son principal danger est décrit, tenant à cette dérangeante luminosité d’un gris pâle : ce monde est affecté par un cycle du jour et de la nuit assez étrange, et qui fait réagir la faune – les crabes sont inoffensifs de jour, mais actifs et menaçants la nuit… Et le carnet s’arrête là.

 

[VIII-2 : Chris, Leah : Charles Reis] Chris remarque justement que « la nuit tombe », la luminosité changeant petit à petit… Il suggère à Leah de retourner à la plateforme, pour s’y abriter jusqu’à ce que la lumière redevienne plus clémente ; Leah admet que ce qui fut le refuge de Charles Reis doit maintenant devenir le leur… D’autant qu’elle perçoit des petits bruits s’accroissant sans cesse du fait du nombre : ce sont bien les crabes ! Le soleil n’est bientôt plus visible, seules demeurent les deux lunes… « Ils arrivent ! » Tous deux se précipitent dans la direction de la plateforme, tandis que, de toutes parts, ils voient des crabes s’extraire des récifs ! Ils manquent tomber dans l’affolement…

 

À suivre…

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