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CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (30)

Publié le par Nébal

CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (30)

Trentième séance de la campagne de L’Appel de Cthulhu maîtrisée par Cervooo, dans la pègre irlandaise d’Arkham. Vous trouverez les premiers comptes rendus ici, et la séance précédente .

 

Tous les joueurs étaient présents. Les PJ étaient donc Dwayne O’Brady, Michael Bosworth et la journaliste Kelly McGillian (très vite remplacée par une certaine Romy…), et, en ce qui me concerne, le garde du corps aux ambitions d’écrivain Anatole « Froggy » Despart (mon personnage a rattrapé en début de partie ses jets de SAN en attente depuis la précédente séance, lors de laquelle j’étais absent).

 

I : LIÈVRES TERRIFIÉS ET TORTUES PUGNACES

 

[I-1 : Dwayne : « n° 3 », « n° 2 »] Dwayne, guère discret, avait attiré l’attention de l’automate n° 3 en retournant à l’entrée de la mine avec ses deux outils… Et l’automate, jusqu’alors insensible à nos actions, se met à le suivre, de son pas lent et mécanique. L’automate n° 2 réagit un peu plus tard, de la même manière.

 

[I-2 : Dwayne, Anatole : Tess McClure, William Harris-Jones] Dwayne et moi ressortons sur la plateforme, baignée du sang de l’adorateur massacré par TessDwayne ferme la porte, du même métal étrange que nous croisons sans cesse, mais il n’y a a priori aucun moyen de la verrouiller ; il décide cependant de la bloquer, au moins temporairement, avec un des deux outils qu’il avait emportés – il garde le second. [Par ailleurs, en réponse à une interrogation de la séance précédente, je lui confie le Derringer de mon patron, William Harris-Jones ; je garde pour ma part mon .45 amélioré, ainsi qu’une matraque en cuir.]

 

[I-3 : Dwayne, Anatole] L’escalier continue de descendre dans l’abîme après la plateforme, et nous empruntons donc à nouveau les escaliers – la luminosité ne cesse de diminuer à mesure que nous nous enfonçons dans le trou béant…

 

II : FAUX DÉPART

 

[II-1 : Kelly : « Scott »] Kelly, dans son mystérieux hôtel, entend un prénom scandé dans la salle d’où proviennent rires et musique jazz : « Scott ! Scott ! » Ce qui génère bientôt des applaudissements.

 

[II-2 : Kelly : Hippolyte Templesmith] Mais Kelly a d’autres préoccupations : elle est en plein combat contre deux gros bras d’Hippolyte Templesmith, en provenance d’Innsmouth ! Elle s’étonne à vrai dire un bref instant de ce que les coups de feu échangés n’aient pas suscité la moindre réaction de la part des fêtards… Elle fonce, avec un tabouret en main pour se protéger, sur le type qui lui avait donné un coup de lame, mais rate totalement son coup – et en subit une nouvelle blessure : le sang coule abondamment de sa hanche… Elle lâche son tabouret, et fait feu de son Derringer – elle touche sa cible, mais celle-ci n’en est somme toute guère affectée… Et l’homme au couteau revient à l’assaut – il parvient à planter sa lame en plein cœur de la journaliste ! [Réussite critique, dégâts doublés…] Kelly s’effondre aussitôt, et perd connaissance avant que la douleur ne devienne insoutenable – elle meurt très rapidement…

 

III : SOUS L’AURA DU SIGNE

 

[III-1 : Michael : Sarah, Pierce Hawthorne] Dans l’enclos au flanc de la colline, Michael et Sarah sont rudement affectés par le symbole aklo, d’une lueur vermillonne, au plafond du couloir où le fourbe Pierce Hawthorne les a guidés par traîtrise. Leur chair et leur peau sont en effet comme « aspirées » par la rune, ce qui suscite des blessures terribles. Sarah tombe à genoux, sous le coup tant de la douleur que de la surprise. Les déchets humains s’amalgament au plafond, renforçant toujours davantage l’aura lumineuse générée par le symbole aklo. Michael voulait se jeter sur Pierce Hawthorne, mais les dégâts causés par la rune et la souffrance les accompagnant l’ont ralenti, et l’universitaire obèse, bien sûr épargné par le piège magique, n’avait eu aucun mal à l’éviter.

 

[III-2 : Michael : Sarah, Pierce Hawthorne] Michael a cependant le temps de constater que Sarah, directement sous l’aura du signe, est plus affectée que lui-même – qui n’est toutefois pas épargné par l’enchantement. Il ne peut s’empêcher de se demander ce qui se produira quand la jeune femme sera pleinement absorbée… Pierce Hawthorne fuit en courant vers la porte au bout du couloir, opposée à celle par laquelle ils sont entrés, mais Michael choisit de l’ignorer – il préfère voler au secours de Sarah : il retourne auprès d’elle, la saisit par la main, et l’enjoint à le suivre : il faut qu’elle sorte de l’aura du symbole aklo ! En même temps, Michael sait très bien que, plus il s’approchera de Sarah, plus il sera lui-même affecté par le phylactère… À peine retourne-t-il sous l’aura que la peau de son dos s’arrache et bondit vers le plafond ! Est-il seulement possible de sauver Sarah ? La serveuse, un temps secouée par les cris de Michael, tourne des yeux terrifiés vers son sauveur… mais la peau de son crâne est aussitôt écorchée, qui s’amalgame aux autres déchets organiques agglomérés au plafond, et elle retombe aussitôt à genoux, dans un terrible cri de souffrance pure. Michael continue de lui crier de le suivre… mais doit s’éloigner sous peine de périr dans d'horribles souffrances.

 

[III-3 : Michael : Pierce Hawthorne, Sarah] Michael se concentre donc à nouveau sur Pierce Hawthorne. Il tente de lui jeter une de ses lames, mais la douleur l’empêche de se montrer aussi efficace que d’habitude, et c’est un échec. L’universitaire, poussé par l’adrénaline, avance à grandes foulées vers la porte du fond. Son trousseau de clefs en main, il s’empare de la bonne et la glisse dans la serrure – dans le chaos ambiant, Michael parvient à entendre le déclic. Il constate aussi que Sarah s’efforce, derrière lui, de se dégager de l’aura – elle est bien sûr toujours affectée (Michael également – le champ d’effet concerne le couloir entier, c’est seulement qu’il est plus puissant dans l’aura).

 

[III-4 : Michael : Pierce Hawthorne, Sarah] Mais Michael a affaire avec Pierce Hawthorne, sur le point de fuir la pièce enchantée ; une autre lame, mieux lancée, atteint l’universitaire à la jambe, ce qui le ralentit. Mais Sarah, en dépit de son état de choc – elle est en outre à demi scalpée, et ses paupières ont été arrachées –, se précipite instinctivement sur Pierce Hawthorne et la porte : poussée par une force inconnue, elle dépasse Michael et rentre en plein dans l’universitaire paniqué, qu’elle pousse contre le mur – il laisse tomber son trousseau de clefs par terre. La serveuse se met à frapper sauvagement l’obèse, tandis que Michael récupère les clefs, et ouvre plus largement la porte – mais de la chair se décolle toujours de son dos…

 

[III-5 : Michael : Sarah, Pierce Hawthorne] Michael tire alors Sarah par ses vêtements, afin qu’elle franchisse elle aussi la porte – il la traîne à moitié, mais tous deux se retrouvent enfin en sécurité de l’autre côté de la porte : le signe n’y fait pas effet. Michael voit qu’une partie de la chair arrachée de son dos s’amasse contre la porte qu’ils viennent de franchir… Il la ferme, laissant Pierce Hawthorne blessé dans le couloir au hiéroglyphe – il l’entend reprendre son souffle. Sarah chancelle, sa respiration est plus affolée que jamais ; Michael n’avait pas encore eu l’occasion de s’en rendre compte, mais les deux tiers du visage de la serveuse ont été arrachés – au point qu’il voit ses dents à travers les lambeaux de ses joues…

 

IV : CELUI QUI SOUFFRAIT DANS LES TÉNÈBRES

 

[IV-1 : Dwayne, Anatole] Dwayne et moi descendons dans l’abîme, l’obscurité croissante. L’escalier est maculé de la bruine de sang résultant des sacrifices, mais un sang plus vieux s’est également incrusté dans la structure de métal. Je reconnais, distant mais présent, le rythme régulier des bruits de pas métalliques, derrière nous, plus haut. Dwayne quant à lui constate que la rambarde est de plus en plus humide, suintante, visqueuse. Nous descendons alors depuis plus de cinq minutes, prudemment – Dwayne s’aide de son bâton pour s’assurer qu’il y a bien une marche à chaque fois : l’obscurité est telle que nous n’en avons aucune certitude… Dix minutes, quinze… Nous entendons toujours les bruits de pas derrière nous. Vingt minutes… Nous ne distinguons presque rien. Je jette de temps en temps des coups d’œil en arrière, par réflexe, mais ne vois pas nos poursuivants ; au son, je suppose qu’ils se trouvent deux ou trois étages au-dessus de nous.

 

[IV-2 : Dwayne, Anatole] Puis Dwayne, tâtant le mur, y discerne une porte du même métal – avec une sensation de poussière par-dessus. L’escalier continue autrement à descendre. Pour Dwayne, la poussière indique que nous n’avons aucune raison d’ouvrir cette porte, que nous n’y trouverons pas derrière ce que nous cherchons. Je suis plus partagé… Dwayne colle son oreille à la porte, au cas où, tandis que je surveille nos arrières – persiste le pas monotone des automates… Sans doute ont-ils été tout d’abord retardés par l’outil employé pour bloquer la porte, mais, s’ils sont toujours en retard, ils poursuivent néanmoins dans notre direction. De l’autre côté de la porte, Dwayne entend faiblement des bruits évoquant des liquides ou des fluides, mais c’est très léger. La porte a une poignée, mais pas de serrure. Dwayne n’en a vraiment pas envie, mais je veux y jeter un œil – il se retire derrière moi.

 

[IV-3 : Anatole, Dwayne] Derrière la porte, l’habitude de la pénombre nous laisse deviner un couloir long de quelques mètres. Un peu plus loin se trouve cependant une lanterne accrochée au mur, qui nous permet de repérer des alcôves creusées à droite et à gauche (mais c’est un travail net et propre) ; par ailleurs, les murs (ainsi que le plafond), ici, ne sont plus constitués de terre, mais du métal omniprésent. Je vais ramasser la lanterne, et Dwayne me suit, à contrecœur. Je promène la lanterne pour balayer les alentours, en faisant signe à Dwayne de fermer la porte. Dans l’alcôve de droite, je repère l’extrémité d’un établi, tandis qu’à gauche résonne faiblement un ronronnement « visqueux », un léger bourdonnement qui a quelque chose d’insectoïde. On y trouve des plots de métal d’où jaillissent des câbles rejoignant une autre structure, qui a quelque chose de « plus ancien » : la source du ronronnement aqueux.

 

[IV-4 : Anatole, Dwayne] Je me tourne d’abord vers l’établi sur la droite – j’ai l’impression que le bourdonnement, à gauche, s’élève un peu tandis que nous franchissons le passage. Nous y trouvons pour l’essentiel des outils pour le travail du cuir. Une sorte de « cannette » d’un métal inconnu (et différent de celui auquel nous sommes maintenant habitués) est fixée au mur ; des câbles tranchés s’en extraient. Nous trouvons aussi sur l’établi comme des « reproductions » des petites boîtes de peau croisées à plusieurs reprises – mais donnant en fait l’impression de prototypes grossiers. Dwayne, qui s’y intéresse, en ramasse prudemment deux qui lui paraissent relativement plus sophistiquées que les autres – quand bien même elles sont elles aussi vieilles et poussiéreuses. S’y trouvent enfin des bougies, ainsi qu’une autre lanterne. Dwayne a un sentiment de profonde répugnance ; il me dit qu’il nous faut seulement trouver un portail pour rentrer chez nous… Mais je lui indique de prendre la lanterne, que nous allumons ; je suis curieux de voir ce qui émet ce bourdonnement…

 

[IV-5 : Dwayne, Anatole] La peur de l’inconnu s’empare toutefois de nous tandis que nous éclairons l’autre alcôve ; nous ressentons un profond désir d’identifier ce qui ne peut pas l’être… Il y a là un piédestal du même métal, surmonté d’un plateau ; dessus, ligoté par de vieilles bandes de métal, se trouve une étrange créature, évoquant tour à tour, ou tout à la fois, le crustacé et le champignon ; dotée d’une chitine semblable à celle d’un homard, elle fait environ un mètre cinquante de long pour moins d’un mètre de large ; sa tête est un bulbe fongique creusé d’aspérités et d’où jaillissent des appendices de taille variable – des antennes, etc. C’est la créature elle-même qui produit le bourdonnement. Des câbles sont plongés dans sa chair – et nous comprenons que, tout autour, ce sont ses appendices qui sont répandus, tels des trophées fixés au mur, ce qui inclut des ailes membraneuses… Nous avons même l’impression déconcertante que la disposition des lieux a été arrangée de sorte à faire voir à la créature ses propres membres et ce qu’on en a fait, dans une entreprise sadique d’humiliation… Dwayne a la chair de poule ; quant à moi, ce spectacle obscène m’inflige une minute de curiosité morbide sous le coup de la fascination. Dwayne me secoue enfin : « On se casse… » Il repart prudemment vers la porte. Je le suis, à moitié à reculons tant la vision m’obsède…

 

[IV-6 : Dwayne, Anatole] Dwayne passe la tête à travers la porte – et, cette fois, distingue les automates qui nous suivent, juste à l’étage au-dessus. Il faut qu’on y aille… Nous laissons la porte ouverte en grand derrière nous, et poursuivons notre descente dans l’abîme…

 

V : L’ASCENSEUR DANS LA COLLINE

 

[V-1 : Michael : Sarah, Pierce Hawthorne] Michael est fasciné par le spectacle horrible de Sarah défigurée ; elle le regarde, agitée de tremblements, la respiration très lourde. Ils entendent les bruits de pas de Pierce Hawthorne derrière la porte. De leur côté, un nouveau couloir s’enfonce dans l’obscurité, et il est impossible de rien y distinguer. Michael demande à Sarah si elle est en mesure de le suivre ; elle secoue un temps la tête, visiblement en état de choc, mais parvient finalement à acquiescer – elle donne l’impression d’être sempiternellement étonnée… Elle suit pourtant Michael, qui lui prend la main. Lui-même est dans un sale état…

 

[V-2 : Michael : Sarah] Michael et Sarah progressent prudemment dans les ténèbres. En tâtonnant, Michael repère un interstice dans un mur, et, en le longeant, il atteint une sorte de bouton pressoir : un ascenseur ? Il appuie sur le bouton, ce qui illumine légèrement les contours de la cage. Cela attire l’attention de Sarah, toujours chancelante. Au bout d’un moment, ils discernent le bruit d’un ascenseur qui descend vers eux – mais sur une longue distance : cela prend bien encore deux ou trois minutes.

 

[V-3 : Michael : Sarah] L’ascenseur arrive enfin, et la porte s’ouvre. Le sol est tapissé de moquette, les murs sont constitués de panonceaux en bois verni de qualité – et s’y trouve aussi un miroir : Sarah pousse un cri horrifié au spectacle de son reflet ; par ailleurs, elle traîne des lambeaux de chair détachés de sa jambe mais qui n’avaient pu être aspirés par la rune akloMichael fait un faux mouvement, marche dessus, et achève de les détacher du corps de sa compagne… Elle pleure – de douleur autant que de désespoir, probablement sans avoir bien conscience de la « faute » de Michael. Ce dernier cherche alors à briser le miroir, dont des éclats tombent près de Sarah, en sanglots, repliée dans une position fœtale. Il y a deux boutons, un pour le bas, un autre pour le haut. Michael aide Sarah à se redresser afin qu’elle entre dans la cabine – mais elle se débat tout d’abord dans un réflexe de défense. Michael lui dit d’arrêter, qu’il veut l’aider… Il chuchote son nom, palpe son faciès – ne le voit-elle pas ? Elle se calme un peu, tandis que Michael presse le bouton du haut. Il prend la tête de Sarah, l’appuie contre son épaule – il comprend qu’elle ne va pas tarder à mourir de ses innombrables blessures… Il essaye de la réconforter, usant de mots apaisants – il distingue enfin un faible « merci » d’une indéniable sincérité… après quoi Sarah meurt. Michael repose son cadavre dans un coin de la cabine – constatant seulement maintenant que des giclures de matière grise sortaient des narines et des oreilles de la jeune femme…

 

[V-4 : Michael] Cela fait bien trois minutes que l’ascenseur monte – il va pourtant assez vite : Michael ressent un changement de gravité quand il atteint sa vitesse de pointe. Autour résonnent alternativement des bruits évoquant le métal ou la terre. Michael est abattu au possible ; il ressasse sans cesse : « Tant d’innocents… » Mais il ne succombe pas au désespoir : bien décidé à en découdre jusqu’au bout, il se munit d’un couteau – quoi qu’il se trouve en haut, il fera face !

 

[V-5 : Michael : Dwayne O’Brady/« Leonard Border », Anatole « Froggy » Despart ; Leonard Border] Après une dizaine de minutes, pour autant que Michael puisse en juger, la vitesse diminue, et l’ascenseur s’arrête enfin, émettant un tintement caractéristique quand ses portes s’ouvrent – Michael prend soin à ce moment de se coller contre une paroi sur le côté. Une dizaine de secondes s’écoulent, et un nouveau « ding ! » retentit, indiquant que le passager doit sortir… Michael s’exécute. Il y a de la lumière dans la cage d’ascenseur, mais rien à l’extérieur : Michael réapparaît dans l’abîme, sur une plateforme liée à l’interminable escalier en colimaçons que Dwayne et moi descendons depuis un bon moment. Michael entend un bruit distant sur sa gauche. Il s’avance dans cette direction, et aperçoit des lanternes de l’autre côté de l’abîme, juste un peu plus haut : il reconnaît la silhouette de Leonard Border, accompagné d’un inconnu à la carrure autrement massive – ce sont bien Dwayne et moi…

 

VI : ROMY, BUNNY

 

[Introduction de Romy, le nouveau personnage de la joueuse qui incarnait Kelly McGillian en début de séance.]

 

[VI-1 : Romy : Kelly McGillian] Romy travaille dans la réserve, à côté du « salon de détente » où les fêtards se réjouissent – elle leur prépare cocaïne et alcool à volonté… Mais elle entend des détonations – qui ne semblent pas susciter l’attention des convives. Elle associe instinctivement ces bruits à Kelly McGillian – elle sait que la journaliste se trouve ici ; fût un temps où elle appréciait sa prose… Mais Romy ne s’attarde pas sur la question et ses implications éventuellement tragiques. Elle pense à la chance incroyable qu’elle a de travailler ici…

 

[VI-2 : Romy : Nathaniel Sanders ; « Scott », Hippolyte Templesmith] La musique résonne dans le salon tout proche. Romy sait que c’est bientôt l’heure où Nathaniel Sanders va faire son numéro. C’est généralement le moment où elle a pour consigne de nettoyer les chambres des invités – mais pas celle de Sanders lui-même, dont elle n’a cependant jamais pu voir le spectacle… Les invités à côté réclament à grands cris un certain « Scott ». Sanders monte sur scène, dit que quelques préparatifs doivent encore être assurés, mais qu’il n’y en a plus pour longtemps… À côté de lui, un automate joue de la musique, vêtu d’un smoking – elle sait qu’il s’agit d’une invention de Hippolyte Templesmith. Nathaniel Sanders entrevoit Romy, et lui adresse un regard interrogateur – il s’assure qu’elle sait bien quelle est sa tâche. Romy se munit du matériel de ménage dans la réserve, et quitte la pièce, rejoignant le couloir donnant sur les différentes chambres. Elle passe au milieu des invités – l’un d’eux lui pince les fesses au passage… Sa tenue, qu’elle-même trouve sans doute indécente, très « bunny » de Playboy, semble un bon prétexte pour autoriser ces gestes déplacés…

 

[VI-3 : Romy : Kelly McGillian] Romy n’a aucunement le désir d’attirer l’attention, et s’empresse de gagner le couloir. À peine est-elle sortie qu’elle tombe sur ces deux types de la sécurité qui sentent le poisson, en train de tirer par terre le cadavre de Kelly McGillian, un poignard planté en plein cœur – laissant sur le passage une répugnante traînée de sang… Les brutes disent à Romy de nettoyer le désordre sans même lui accorder un regard. Mais le spectacle de ce cadavre fait tiquer Romy – d’une manière ou d’une autre, elle se sentait une certaine complicité avec la journaliste… Elle se met péniblement au travail dans le couloir.

 

[VI-4 : Romy : Kelly McGillian, Hippolyte Templesmith, Nathaniel Sanders] Mais Romy est perturbée – sans forcément bien savoir pourquoi ; la vue du cadavre de Kelly McGillian a-t-elle joué le rôle de la goutte d’eau qui fait déborder le vase ? Alors même qu’elle nettoie comme elle peut le plancher maculé de sang, elle se rend compte qu’elle cherche une issue – et se rend compte aussi que cela ne lui était jamais passé par la tête… Elle n’a en fait aucune idée de comment partir d’ici. Certes, il y a cette porte, verrouillée, au bout du couloir – mais seul Hippolyte Templesmith l’emprunte (ou parfois Nathaniel Sanders, mais à la condition que Templesmith soit avec lui). Romy fait l’effort de pénétrer dans une chambre pour la nettoyer… Mais elle a la tête ailleurs.

 

[VI-5 : Romy : Anya] Romy laisse bientôt là son travail, et retourne à la double-porte du salon de détente ; elle y colle l’oreille, désireuse de savoir ce qui s’y passe… Elle perçoit, sous les acclamations et les rires, des gémissements de douleur, assez sourds… Elle colle alors son œil au trou d’une serrure, mais ne voit rien, si ce n’est sa collègue Anya, au comptoir, en train de nettoyer des verres – mais elle adresse régulièrement des coups d’œil en direction de la scène, qui suscitent sur ses traits un rictus de jubilation sadique ! Oui, quelqu’un souffre sur scène… et ça ravit sa collègue Depuis qu’elle travaille ici, Romy a appris un certain nombre de « secrets », mais là, c’est encore autre chose…

 

[VI-6 : Romy : Nathaniel Sanders] Romy décide alors d’aller jeter un œil à la chambre de Nathaniel Sanders – mais elle est verrouillée, bien sûr. Elle y essaye ses clefs à tout hasard – et l’une semble en fait pouvoir passer, mais à condition de forcer un peu ; c’est comme si elle n’activait qu’une partie seulement de la serrure… Romy s’assure que personne ne la voit, force sur la serrure et parvient à ouvrir la porte – mais un flash lumineux l’éblouit un bref instant : elle sait qu’il s’agit d’un appareil photo conçu pour prendre automatiquement une photo quand on force la porte…

 

[VI-7 : Romy : Nathaniel Sanders] Elle jette rapidement un œil à l’intérieur. C’est une petite chambre – en fait, peu importe le statut particulier de Nathaniel Sanders, elle donne l’impression d’être plus petite que celles des invités. Le plus étrange est cependant qu’elle dégage malgré tout une impression de grandeur – peut-être due aux larges fenêtres en tous sens… qui donnent toutes sur des lieux inconnus et incroyables, contrastant avec le caractère bien tenu de la pièce : on y voit un soleil bleu, une terre dorée… des arbres aux formes bizarres et fourchues, arborant des feuilles rouges qui tremblent sous le vent…

 

[VI-8 : Romy : Scott Ederman] Mais Romy veut s’en tenir pour l’heure au mobilier : il y a un grand placard sur la droite, un lit au fond de la pièce, une table basse avec un carnet dessus, un bureau avec des casiers ouverts débordant de documents divers. Romy sait que le flash va la trahir… Elle n’a sans doute plus rien à perdre. Elle s’approche du bureau, et survole les documents des casiers – des chemises plus ou moins garnies, où elle repère quelques noms : des gens du bottin d’Arkham, des industriels ou des financiers… Mais les dossiers contiennent des informations inattendues – sur leurs habitudes, ce qu’ils aiment, ce qu’ils détestent, leurs possessions, leurs familles, leurs proches… Le premier dossier est au nom de Scott Ederman. Romy remet ces documents dans l’état où elle les avait trouvés, puis va jeter un œil au carnet posé sur la table basse – contrastant avec les dossiers, ou l’entretien méticuleux de la pièce, ce carnet est très mal tenu, arborant de nombreuses ratures qui ont creusé le cuir de la couverture. Elle en tourne les pages, et c’est encore pire à l’intérieur : des multitudes de gribouillis et autres dessins absurdes, obscènes, et des phrases complètement folles, d’une écriture dérangée ; tout cela évoque un sale gosse particulièrement agité… Romy s’attarde sur quelques pages, qui semblent recueillir des idées de nouvelles tortures, qui seraient autant de spectacles. Par exemple :

 

utiliser des limaces pour torturer, il en existe des cannibales ??!, PLUS DE MIEL !!! JAMAIS ASSEZ faire un cHapeAu EN vers de TERrE,et si dieu etait un insecte ? Je veux marcher sur vos yeux

 

Certaines phrases sont tout simplement trop absurdes pour être réellement saisies… Romy referme le carnet ; elle cherche l’appareil photo de l’entrée, mais ne peut pas faire grand-chose : elle localise bien sa position, mais il est incrusté dans le mur et hors d’atteinte…

 

[VI-9 : Romy : Nathaniel Sanders] Romy ressort de la chambre de Nathaniel Sanders, et en referme la porte à clef – faisant mine de la nettoyer. Surgit peu après un type de la sécurité qui la reluque un instant, puis va s’asseoir sur une chaise devant la double-porte du salon de détente. Une fois la porte bien astiquée, Romy, qui n'a guère le choix, retourne au ménage des chambres des invités

 

VII : PARFAIT SUBJECTIF

 

[VII-1 : Dwayne, Anatole, Michael : Tess McClure, Chris Botti, Leah McNamara] Dwayne et moi avons entraperçu un éclat de lumière de l’autre côté de l’abîme : c’est Michael sortant de l'ascenseur. Nous le rejoignons – et constatons qu’il est dans un très vilain état, à moitié écorché et pissant le sang… Dwayne lui demande ce qui lui est arrivé – puis se reprend : pas le temps pour les explications, il nous faut descendre, nous sommes poursuivis ! Des espèces d’automates… Je surveille instinctivement nos arrières : ils sont à l’étage au-dessus, plus proches que jamais… Dwayne saisit Michael par le bras pour l’entraîner avec lui, sans considération pour ses terribles blessures, mais l’interroge quand même sur l’ascenseur – où mène-t-il ? « En enfer, un autre enfer, ça ne sert à rien de le prendre… » Mais il n’a pas trouvé de « portail » ? Non, seulement un « signe » qui lui a arraché la peau, et a tué une amie… Michael suit Dwayne, la conversation se poursuit en descendant l’escalier. Des nouvelles des autres ? Dwayne n’a vu que Tess… mais elle est passée « de l’autre côté » ! Michael est plus perdu que jamais… [Sauf erreur, il ne mentionne pas la mort de Chris et de Leah] Mais Dwayne l’incite prestement à avancer : il faut descendre, ils sont suivis !

 

[VII-2 : Dwayne, Michael, Anatole] Nous poursuivons donc… Après dix à quinze minutes, nous parvenons à une sorte d’embranchement, où l’escalier se divise en deux : une échelle permet en effet de rejoindre un autre escalier, plus bas. Nous avons l’impression étrange qu’en dessous les deux escaliers se chevauchent ou se coupent, mais peut-être n’est-ce que la fatigue, et l’étrangeté de l’endroit… Peut-être cependant l’escalier accessible par l’échelle descend-il plus bas ? Dwayne propose de passer par là, dans l’espoir de semer nos malhabiles poursuivants – mais peut-être l’autre escalier serait-il plus sûr ? Michael est prêt à suivre Dwayne ; moi de même, encore qu’avec un semblant d’hésitation : « Je te suis, patron… » Le mot le fait tiquer.

 

[VII-3 : Dwayne, Anatole, Michael] Nous prenons donc l’échelle. Dwayne pense pouvoir s’occuper de nos poursuivants avec ses lames, le cas échéant – mais je doute que ça fasse grand mal à ces êtres de métal. Par contre, l’outil ramassé par Dwayne, peut-être ? À mesure que nous progressons, nous avons l’impression que la luminosité de nos lanternes s’amenuise. Quant aux escaliers, ils ne se chevauchent a priori pas, contrairement à ce qu’il nous semblait vu de haut, mais ils ondulent, montent tantôt, redescendent, etc. Et quand Dwayne lève les yeux, il ne voit plus au-dessus de nous l’escalier d’où nous venons ! Simplement l’échelle, mais c’est comme si elle disparaissait dans les ténèbres et ne donnait sur rien… Dwayne est aussi curieux que paniqué, et aurait envie de revenir en arrière ; mais, quant à moi, je vois parfaitement le premier escalier… Michael voit encore autre chose : une intersection, et pas une échelle reliant deux escaliers distincts… Il le signale à Dwayne : pour une raison inconnue, nous avons tous notre propre perception, incompatible avec celles des autres, de notre environnement…

 

[VII-4 : Michael, Dwayne, Anatole] Michael est plus décidé que Dwayne et moi ; il s’engage dans la direction de l’intersection qu’il est le seul à voir : « Par ici ! » dit-il à Dwayne. Je décide de le suivre, et finalement Dwayne aussi, mais sur ses gardes, un peu en arrière. Nous entendons le bruit de pas des automates, pas très loin de l’échelle que nous avons empruntée – que nous la voyions ou non. Et un des automates descend, posant les pieds sur chaque échelon : ce n’est pas ainsi que nous leur échapperons…

 

[VII-5 : Anatole, Michael, Dwayne] Tandis que je progresse, j’ai l’impression d’un escalier qui part sur la gauche, et rejoint l’autre paroi en passant au centre de l’abîme. Mais quand je repose mes yeux sur Michael, je le vois marcher dans le vide ! Instinctivement, je m’arrête aussitôt, voyant Dwayne derrière moi, et plus loin encore un premier automate… Je demande à Dwayne si nous voyons bien la même chose – mais Michael nous interrompt : « Venez ! » Et il nous tend la main… depuis le vide qu’il arpente à mes yeux. Je jette un œil au second automate en train de descendre l’échelle – je me dis que, finalement, ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela, de suivre les deux autres… Je décide dès lors de suivre « mon » escalier.

 

[VII-6 : Dwayne, Anatole] Ce sont autant de sensations étranges qui nous assaillent tous, si elles sont toutes différentes… Dwayne croit reconnaître une « ombre » qui descend de tout en haut – celle de la grande statue humanoïde ; et cette perception s’accompagne de la conviction d’être observé par quelque chose de foncièrement malveillant… Tandis que moi, si je distingue bien à mon tour une ombre – même dans ces couches de ténèbres ! –, c’est plutôt celle d’une autre statue, sphérique, amas d’yeux fixés sur moi…

 

[VII-7 : Dwayne, Anatole, Michael] Dwayne se donne une claque pour reprendre ses esprits, puis poursuit son chemin – de nous trois, il est le seul à descendre. Indécis, j’envisage de le suivre à nouveau – mais il marche dans le vide ! Le rejoindre impliquerait de passer par-dessus une rambarde qu’il ne voyait pas, et je ne vois rien au-delà… Que Dwayne s’arrête à nouveau pour faire le point ne m’aide en rien. Michael, de son côté, a atteint une nouvelle échelle, conduisant à un escalier au-dessus – escalier qui redescend ensuite ; peut-être pour rejoindre Dwayne ? Celui-ci, à mes yeux, se tient toujours debout dans le vide… Il ferme les yeux une bonne minute, et respire calmement.

 

[VII-8 : Anatole, Dwayne] Quant à moi, je choisis enfin de revenir sur mes pas : j’ai dans l’idée de me dissimuler dans un recoin, lanterne éteinte, sans un bruit, pour laisser passer les androïdes devant moi – et les suivre à mon tour. Ils me dépassent en m’ignorant, j’attends de leur laisser un peu de marge, puis marche discrètement à leur suite. Dwayne, de là où il se trouve, voit ce que je suis en train de faire. Nous progressons très lentement…

 

[VII-9 : Dwayne, Michael, Anatole] Dwayne poursuit sur « son » escalier, mais ce dernier s’interrompt brusquement, donnant sur une plateforme où sont fixées à deux grosses anses de métal de grandes chaînes qui s’enfoncent dans les ténèbres. Il voit autrement un passage sur sa gauche qui traverse l’abîme, puis remonte – jusqu’en haut ? Et qu’en est-il de l’ombre de la statue qui le suivait ? Michael, de son côté, voit « son » escalier descendre encore. Quant à moi, dans la foulée des automates, j’aperçois un escalier conduisant à une échelle, laquelle donne sur un autre escalier plus bas, qui ne tarde cependant pas à remonter…

 

[VII-10 : Dwayne, Anatole, Michael] Dwayne, sur sa plateforme, cherche un hypothétique « portail »… Si je progresse lentement dans cette direction, calant mon pas sur celui des androïdes, Michael, lui, parvient bien à rejoindre Dwayne – il lui signale qu’il voit pour sa part un chemin qui continue à descendre après la plateforme avec les anses de métal. Dwayne se concentre sur les chaînes, se penchant par-dessus la rambarde pour voir où elles mènent – mais elles descendent à perte de vue. Il les touche toutes deux, elles émettent chacune un petit tintement, et leurs maillons relativement épais grincent ; les chaînes, pour être imposantes, sont cependant de ce métal léger omniprésent, et Dwayne suppose qu’il se trouve un poids, tout au bout – pas énorme, quelques kilos tout au plus. Dwayne fait alors usage de son outil, dont il fait couler de l’acide – mais il se contente de tomber à perte de vue… Les automates s’approchent maintenant de Dwayne et Michael ; derrière eux, je fais signe à mes camarades de m’imiter – qu’ils se fassent petits ! J’espère qu’ils me verront… Mais Dwayne a une autre idée en tête : il redoute que les automates le suivent lui précisément, probablement désireux de récupérer leur outil…

 

VIII : LA CAVERNE DES IDÉES (VARIATION TONY MONTANA)

 

[VIII-1 : Romy : Kelly McGillian, Anya] Romy se trouve dans la chambre d’un invité qu’elle n’a pas encore vu. Elle voulait se rendre dans la chambre de Kelly McGillian, mais les gardes le lui ont interdit. Elle en a encore pour une heure de travail, après quoi elle pourra prendre sa pause. Sa collègue Anya ne l’aidera pas aujourd’hui pour ce faire, mais la remplacera le lendemain. Romy travaille donc, puis les invités, tout sourires, retournent tous à leurs chambres.

 

[VIII-2 : Romy : Anya ; Nathaniel Sanders] Romy retourne alors au dortoir, où se trouve Anya. En chemin, nombre d’invités lui ont fait des propositions salaces et éventuellement rémunératrices, qu’elle a refusées… Anya s’endort très vite, et ronfle. Leur rythme de vie est fatigant… Anya a pris l’habitude de s’endormir en quelques minutes à peine – il lui suffit de s’allonger sur un lit, et elle dort bien vite comme une brique… Mais la pause d’Anya touche à sa fin, et Romy la réveille. Elle lui demande ce qui se passe, au juste, pendant ces spectacles auxquels elle n’a pas le droit d’assister… Anya, bien vite réveillée et fraiche comme il se doit, arbore alors un sourire inquiétant, évoquant une certaine complicité avec ses supérieurs… et, de manière tout aussi marquée, une forme de condescendance à l’égard de Romy. Anya assure cette dernière qu’elle en parlera à Nathaniel Sanders, si c’est ce qu’elle désire – avec de la chance, ils pourront bientôt l’initier… Mais elle refuse d’en dire plus pour l’instant : ce serait gâcher tout le sel de la surprise !

 

[VIII-3 : Romy : Nathaniel Sanders, Anya] Plus tard, jouant toujours l’ingénue, Romy aborde en fait d’elle-même la question avec Nathaniel Sanders. Ce dernier la détaille, avec aux lèvres un sourire pincé, auquel Romy répond par une moue timide et gênée. Il lui demande depuis combien de temps elle travaille ici, et Romy répond que cela fait un mois – c’est bien la vérité, pour autant qu’elle le sache. Sanders joue visiblement avec elle : « Vous savez, voir certaines choses peut s’avérer troublant… Connaissez-vous l’allégorie de la caverne, de Platon ? » Non… Sanders la lui explique, non sans condescendance lui aussi. Mais Romy le convainc qu’elle est prête, quoi que cela veuille dire. Très bien : Nathaniel Sanders fera en sorte de l’initier prochainement… Après quoi Sanders se retire – il a fait signe à Anya, présente mais discrète, qu’il avait des consignes à lui donner en privé…

 

[VIII-4 : Romy] Romy se rend à son poste de travail – cette fois, il s’agit du comptoir, où elle doit servir les invités. Elle guette des indices du spectacle sur la scène, mais n’en trouve pas… L’automate musicien en smoking, par contre, s’est remis à jouer. Ne se trouvent pour l’heure dans le salon de détente que deux crétins, les plus jeunes de l’assemblée, qui se lancent le défi de plonger la tête dans une vraie montagne de cocaïne et d’en inspirer le plus possible… et ils demandent à Romy d’arbitrer leur compétition ! Elle trouve ça parfaitement stupide, mais n’a guère le choix : elle obéit, sans mot dire…

 

IX : TOUS LES CHEMINS MÈNENT À ROMY

 

[IX-1 : Anatole, Michael, Dwayne] Je suis toujours les automates, tandis que Michael progresse sur son escalier, qui descend à nouveau. Dwayne est resté sur la plateforme d’où pendent les longues chaînes ; il pose son bâton dans le coin opposé à l’escalier qu’il perçoit, et tente à son tour de se faire tout petit dans un autre coin diamétralement opposé, en éteignant sa lanterne. Les automates progressent jusqu’à l’outil volé (le précédent avait déjà été récupéré par l’un d’entre eux), le ramassent… et repartent en nous ignorant complètement.

 

[IX-2 : Anatole, Dwayne, Michael] Je vois un chemin qui fait une boucle avant de remonter ; l’escalier que voit Dwayne, par contre, ne remonte pas autant. Mais nous voyons tous les deux les chaînes – avoir quelque chose en commun est finalement rassurant. Dwayne propose de tirer dessus – j’en profite pour jauger l’épaisseur des maillons, à peu près de la taille d’un poing humain. L’escalier de Michael donne sur une paroi de terre humide : il est bloqué. Mais, en se retournant, il aperçoit maintenant une petite échelle qui descend, et qui conduit à un nouvel escalier, lequel repart en boucle vers le haut et la droite ; aussi continue-t-il dans cette direction… et, finalement, c’est ainsi qu’il nous retrouve Dwayne et moi – peu importe que nous le voyions à nouveau marcher dans le vide ! Lui aussi voit les chaînes, par ailleurs.

 

[IX-3 : Anatole, Michael, Dwayne] Quand les automates se sont suffisamment éloignés, je rallume ma lanterne. Nous étudions les deux chaînes – elles ont chacune au bout quelque chose du même poids. Tandis que Michael prend enfin le temps de se soigner – l’adrénaline lui avait jusqu’alors permis d’ « oublier » temporairement ses horribles blessures –, Dwayne et moi tirons sur la chaîne de gauche ; et, si le métal des maillons est léger (de plus en plus, même), ma force est néanmoins la bienvenue. Nous parvenons à la remonter entièrement… et au bout, suspendue, se trouve une porte en bois avec son cadre.

 

[IX-4 : Anatole, Dwayne : Hippolyte Templesmith] Nous tirons la porte, et je la dispose verticalement contre la paroi, et Dwayne y colle son oreille – au travers, il perçoit une musique jazz étouffée… Dwayne cherche s’il s’y trouve un emplacement pour une des petites boîtes de Templesmith, mais il n’y en a pas : simplement une poignée, d’une substance un peu suintante et d’un âge vénérable. J’hésite à tirer sur l’autre chaîne, curieux de ce qui pourrait bien s'y trouver, mais Dwayne est rassuré par le jazz, et a envie de quitter ce lieu maudit au plus tôt – c’est là le « portail » qu’il cherchait en vain !

 

[IX-5 : Dwayne, Anatole, Michael : Anya] Dwayne ouvre la porte contre la paroi – il faut la forcer un peu. Elle débouche sur un couloir, là où il n’y avait auparavant qu’une paroi de terre – un couloir bien éclairé, ce qui nous change après tant d’errances dans la pénombre, et par ailleurs luxueusement décoré : de nombreux objets d’art, de provenances et d’époques très diverses, à l’évidence d’une immense valeur. Mais Dwayne entraperçoit aussi un garde, en train de lire un journal, affalé sur une chaise – il a la tête d’un type qui ne pense pas avoir quoi que ce soit à craindre… Mais la bosse dans sa poche témoigne de ce qu’il est armé. Il n’a cependant pas prêté la moindre attention à l’ouverture de la porte. Depuis une double-porte sur notre gauche, proviennent des éclats de voix, ceux de personnes prenant du bon temps, ainsi que la musique jazz qui avait appâté Dwayne ; ce dernier s’avance discrètement, moi juste après lui, Michael en peu plus en arrière – qui referme doucement la porte derrière lui.

 

X : LE TRAVAIL C’EST LA SANTÉ (MENTALE)

 

[X-1 : Romy : Anya ; Nathaniel Sanders] Romy, bien obligée, arbitre le duel débile des priseurs de cocaïne… Puis Anya vient la voir, qui lui dit que Nathaniel Sanders a accepté de lui dévoiler les secrets de l’établissement. Elle lui demande de la suivre, et Romy obéit. Anya lui tend un fin foulard de qualité, d’une teinte rouge bordeaux : elle doit se bander les yeux, après quoi Anya la conduira sur scène. Romy, inquiète, avance qu’on peut sans doute se passer de tout ce rituel, et tout particulièrement de ce foulard… Mais Anya insiste. Non, vraiment – Romy se rebiffe : « J’aime bien les surprises, mais là c’est trop… » Dommage… Anya est visiblement déçue : pourquoi donc ce changement d’humeur ? Romy lui dit qu’elle n’aime pas avoir ses mouvements et sa vision entravés – ça l’angoisse, c'est tout… Mais Anya semble se rendre compte inopinément de quelque chose, et lui passe la main sur le visage ; étonnée, elle constate : « Tu n’as plus d’aphtes ? » Romy avait cessé depuis quelque temps de boire du Miska-Tonic !, sur une impulsion… Elle ne le dit pas – se contentant de relever qu’elle en a été guérie, oui, « et tant mieux, c’était vraiment douloureux »… Anya s’en tient là, disant qu’elle a une tâche à accomplir dans la réserve… mais elle est tellement fatiguée ! Romy ne pourrait-elle pas s’en charger à sa place ? Elle le veut bien…

 

[X-2 : Romy, Dwayne, Michael, Anatole : Anya] Tandis que Romy se rend dans la réserve, Dwayne, Michael et moi, depuis l’encadrement de la porte que nous venons tout juste de franchir, apercevons une serveuse blonde, aux traits slaves et vêtue façon « bunny », échanger quelques mots avec le garde distrait sur sa chaise…

 

À suivre…

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