CR L'Appel de Cthulhu : Arkham Connection (34, épilogues)
I : PREMIER ÉPILOGUE : DWAYNE O’BRADY
[Épilogue « joué », contrairement au suivant.]
[I-1 : Dwayne/« Leonard Border » : Brienne, Leonard Border, Herbert West] Dwayne ne veut pas voir Brienne de suite – il a toujours l’apparence de Leonard Border… Que faire pour s’en débarrasser, pour redevenir véritablement lui-même ? Peut-être Herbert West serait-il capable de faire quelque chose… mais le docteur a quitté Arkham depuis longtemps, sans laisser d’adresse ! La magie, alors ? Dwayne essaye de réciter le texte de l’invocation à l’envers – mais cela ne fait absolument rien…
[I-2 : Dwayne/« Leonard Border » : Brienne ; Leonard Border] Dwayne se résout à retrouver Brienne en dépit de son apparence de Leonard Border. La jeune femme, voyant Dwayne pénétrer dans la garçonnière sous cette apparence, lui demande qui il est… Dwayne répond – il parvient enfin à la convaincre de ce qu’il est bel et bien son fiancé, en disant des choses intimes, que seul Dwayne peut savoir… Brienne se fige – elle reconnaît la voix de Dwayne, mais le contraste avec son apparence la trouble, forcément… Dwayne ne lui explique pas tout dans les détails – mais il a joué avec le feu, et elle ne pourra pas comprendre ce qui s’est passé au juste avant quelque temps… Mais voilà : il a hérité de l’apparence d’un autre, et ne sait pas comment s’en débarrasser... Brienne sent qu'elle n’a pas le choix – il lui faut bien accepter le fait… Peuvent-ils enfin partir, comme promis ? Oui… Il est temps.
[I-3 : Dwayne/« Leonard Border » : Brienne ; Leonard Border] Le couple s’installe en Irlande, dans la grande ferme des parents de Brienne (il n’en reste plus beaucoup de vivants), dans un village perdu où ses ancêtres ont de tout temps résidé – mais le village a reçu une importante « subvention » d’outre-Atlantique… La solide bâtisse est retapée et aménagée – elle est plus qu’assez grande pour accueillir toute une famille… Brienne a appris au fil du temps à reconnaître Dwayne sous l’apparence de Leonard Border – caressant son visage, elle a pu percevoir avec le toucher la réalité que ses yeux ne pouvaient percer…. Et, un jour, elle surprend Dwayne... en lui disant qu’elle le trouve finalement plus mignon avec l’apparence du journaliste ! Dwayne en est forcément un peu vexé… Mais lui aussi doit faire avec – et c’est sans doute un progrès appréciable : depuis leur arrivée en Irlande, la cohabitation a parfois été difficile, notamment sur le plan sexuel, mais cela s’améliore de jour en jour – l’horizon est lumineux, toujours un peu plus… Seule vague ombre au tableau : Dwayne n’a pas forcément grand-chose d’un fermier… et, surtout, il y a ces armes qu’il garde toujours en état dans la demeure ; Brienne râle régulièrement à ce propos : tout ça, c’est fini ! Mais ce problème n’est pas de taille à porter ombrage à leur union.
[I-4 : Dwayne : Alexia, Brienne ; Hope] Les années passent, calmement – et un enfant nait : une fille, Alexia. Et, le jour de l’accouchement, est-ce en raison de l’émotion, le sortilège est enfin dissipé : Dwayne retrouve sa véritable apparence ! Il n’a plus besoin de se scarifier sans cesse – ce qu’il faisait tous les soirs, avec une frénésie obsessionnelle, dans le vain espoir de redevenir ce qu'il était… La coïncidence affecte Brienne autant que lui-même. Dwayne est fier d’être père, dévoré d’amour pour sa fille : il a le sentiment que tout ce qu’il a jamais fait n’avait pas d’autre but que la naissance de cet enfant, qui donne un sens à tout – peut-être même cette fille, entourée de tant d’amour, pourrait-elle un jour convaincre Hope de ce que l’humanité en vaut la peine ? Car le souvenir demeure...
[I-5 : Dwayne : Alexia] Les années passent – Alexia grandit… Dwayne s’occupe – il va chasser, conduit quelques travaux à la ferme, s’occupe de sa petite famille… Mais il est toujours aux aguets – en dépit de tout ce bonheur, il n’est jamais totalement serein.
[I-6 : Dwayne : Brienne, Alexia, Tess McClure ; Radzak] Un jour, alors qu’il rentre d’une partie de chasse (la seule activité pour laquelle Brienne acceptait qu’il conserve une arme à la maison, un fusil de circonstance) avec des camarades de pub, quelqu’un l’accoste, lui disant que Brienne a reçu un colis à la poste, provenant de sa famille américaine – pendant qu’elle va le chercher, Dwayne doit s’occuper de la petite Alexia. De retour à la ferme, Dwayne monte à la chambre de sa fille… mais il y a quelque chose d’étrange : le sol et les murs ont une teinte différente – rouge ? vermillon ? Est-ce un effet de la luminosité ? Alexia rigole… Dwayne, emporté par la panique, se précipite dans la chambre de sa fille – car il a entendu une autre personne rigoler avec elle… et il redoute de savoir de qui il s’agit ! Dwayne entre soudainement dans la petite pièce, fusil en main : Alexia s’amuse avec « une amie », qui n’est autre que Tess… Et la chambre est baignée d’une lueur rouge, comme filtrée par un procédé inconnu. Tess adresse un grand sourire à Dwayne : « Bonjour, Dwayne… Excuse-moi, la notion du temps humain, quand on se déplace comme moi… Bref. Tu me dois quelque chose... » Et elle caresse la tête d’Alexia. Dwayne panique : « Non ! Laisse-la tranquille ! On va discuter, et… » Mais non, Tess n’a aucune envie de discuter ; ou plutôt, si – mais selon ses termes : « Il y a mieux à faire. Tu me dois quelque chose », répète-t-elle. Puis, comme une ritournelle : « Tu ne l’as pas tué, pas tué, pas tué… » Mais elle est généreuse, dit-elle, et lui propose un choix – avec un sourire cruel démentant toute générosité dans son offre : « À toi de voir – ce sera elle… ou Brienne. » Dwayne s’y refuse, il ne choisira pas. Tess s’approche de lui, et lui chuchote à l’oreille : « Si tu ne parviens pas à choisir, je prends les deux… » Dwayne en est incapable ! Il tente de plaider sa cause auprès de Tess : « Rappelle-toi tout ce que nous avons fait ensemble ! » Mais son ancienne collègue reste sourde à ces remarques : « Bon, les deux, alors… » Non ! Dwayne la supplie d’en discuter – mais ailleurs, pas ici, pas devant sa fille… Tess soupire ; puis elle pousse Dwayne hors de la chambre et en fait claquer la porte : « Dernière chance – tu choisis maintenant… » Dwayne ne peut pas… mais finit par dire à Tess de laisser la petite tranquille. Tess lui sourit, plus cruelle que jamais : « Par déduction… Mais ce n’est pas suffisant – je veux que tu me le dises ! » Dwayne est contraint de s’exécuter : ce sera Brienne… Et Tess disparaît, lâchant pour la forme un : « Tu as le bonjour de Radzak… » Brienne ne reviendra jamais du bureau de poste.
II : SECOND ÉPILOGUE : ANATOLE « FROGGY » DESPART
[À la différence du précédent, cet épilogue n’a pas été « joué » sur le moment, il est le fruit du seul Gardien des Arcanes, après coup.]
[II-1 : Anatole/« Aristide Gentil » : Hippolyte Templesmith, William Harris-Jones, Danny O’Bannion] Assez vite après l’épisode de la Lande Foudroyée, je suis conduit à New York par mes « nouveaux amis » irlandais. J’y bénéficie d’un emploi factice, d’un compte en banque garni, et d’un appartement à mon nom – ou plus exactement à ma nouvelle identité, « Aristide Gentil » : j’ai dû en changer afin d’éviter les questions embarrassantes suite au gala de Hippolyte Templesmith et à la mystérieuse disparition de mon employeur, William Harris-Jones. Tout cela a été financé indirectement par Danny O’Bannion – via sa grande famille, bien implantée à New York entre autres.
[II-2 : Anatole : Danny O’Bannion, Goody Fowler] Ledit Danny O’Bannion avait laissé entendre qu’il en ferait davantage encore, et à vie, si je partageais avec lui le fruit de mes travaux sur le grimoire de Goody Fowler… Or ce livre m’obsède, et j’y sens un potentiel inimaginable – je m’attelle à la tâche avec zèle, et ne ménage pas mes efforts pour en extirper les secrets. Sans doute aurait-il été plus aisé et rapide de faire appel à des assistants ou plus généralement à des personnes plus érudites que moi en la matière, mais, redoutant que l’indiscrétion s’avère problématique, voire que l’on me distraie de ce précieux ouvrage, je m’obstine à travailler seul.
[II-3 : Anatole : Vinnie, Erica Carlysle ; « 6X », Danny O’Bannion] Un jour, alors que je me promène dans les beaux quartiers pour m’aérer un peu, je croise Vinnie [je ne suis pas sûr qu’Anatole était en mesure de le reconnaître…], en compagnie d’Erica Carlysle – et donnant l’impression de faire office de garde du corps pour la richissime dame ; sans doute est-ce grâce à elle qu’il avait pu échapper au piège magique de « 6X »… Il n’a probablement pas perdu au change : c’est a priori un emploi bien moins dangereux et douloureux que celui qu’il avait auprès de Danny O’Bannion… Et la fortune et l’influence des Carlysle permettent probablement de gérer sans grand souci l’éventuel courroux de la pègre irlandaise d’Arkham.
[II-4 : Anatole : Goody Fowler] Mais je me jette à corps perdu dans mes recherches. Les premiers mois sont extrêmement laborieux, ne générant guère que frustration et manque de sommeil, sans témoigner de véritables progrès. Et les écrits de Goody Fowler, en eux-mêmes, provoquent en moi une désagréable et viscérale sensation d’inconfort… Chaque ligne est en soi un casse-tête – le sens alambiqué n’arrangeant en rien mes traductions incertaines. La science et l’ésotérisme s’y mêlent de telle sorte qu’il m’est impossible d’avancer autrement qu’à tâtons. Pour y comprendre quelque chose, je suis contraint d’étudier en parallèle les mathématiques, et tout particulièrement la géométrie avancée.
[II-5 : Anatole : Kristen Johnson ; Goody Fowler, Mortimer Campbell, « 6X »] Et, un matin, je suis surpris, et effrayé autant que ravi, de trouver, gravée sur mon bureau, une traduction parfaite d’un passage sur lequel j’achoppais – sans pouvoir relever la moindre trace d’effraction. Le phénomène se reproduit à plusieurs reprises dans les jours qui suivent, suscitant autant de réponses que de questions. Si bien que je redoute de sombrer dans la démence… Suis-je victime de somnambulisme ? Je suis en tout cas, d’une certaine manière, hanté par Goody Fowler… Mais je décide de passer plusieurs nuits à faire le guet pour m’assurer de l’origine exacte de ces gravures – et je finis par entrevoir Kristen Johnson, intangible ; je reconnais son visage, car j’avais été marqué par les innombrables portraits de la jeune femme se trouvant dans le bureau que je sais désormais être celui de son fiancé Mortimer Campbell (devenu « rat » plus tard), que j’avais visité dans le souterrain de « 6X », avant de revenir sur Terre par Arkham… Je tente de communiquer avec elle – et y parviens ; la jeune femme s’avère très instruite, si elle est égarée entre les mondes – et elle me dévoile avec aisance, et une sympathie croissante, tous les terrifiants mystères des sortilèges de Goody Fowler.
[II-6 : Anatole : Danny O’Bannion] Passionné par mes découvertes dans ces savoirs interdits, je néglige de les partager avec Danny O’Bannion, et ne sors plus de chez moi que lorsque le manque de provisions me l’impose. Rendu extatique par les pouvoirs que la compréhension et la maîtrise progressive de ces matières semblent à même de me procurer, pouvoirs que j’avais jusqu’alors seulement subis et qui avaient chamboulé mon existence sans me laisser la moindre prise sur le cours des événements, je perds peu à peu tout contact avec la société extérieure, tout recul, et jusqu’à l’hygiène la plus élémentaire – consacrant tout mon temps à ces études délétères…
[II-7 : Anatole : Kristen Johnson, Mortimer Campbell, « 6X »] Et je comprends notamment l’histoire de Kristen et Mortimer, je comprends l’échec de leur rituel, qui a perdu la jeune femme entre les dimensions tandis que son amant se changeait en « chose-rat ». Je comprends comment « 6X » les a manipulés, prétendant hypocritement venir en aide à Mortimer quand il ne s’agissait que de s’en faire un allié utile… Et je comprends l’ultime tentative – suicidaire – de Mortimer pour rejoindre sa bien-aimée, et son échec funeste…
[II-8 : Anatole : Goody Fowler] Mais mes études prennent aussi un tour plus « pratique », et m’amènent à « bricoler » – notamment en réalisant dans mon appartement des angles incongrus, ou en y disposant des cales obéissant à des mesures précises – c’est alors seulement que le potentiel du grimoire de Goody Fowler m’apparait pleinement. Toujours les pensées en ébullition devant ces fascinants possibles, j’ai de plus en plus de mal à trouver le sommeil – dans une tentative un peu futile de revenir à ce que je considérais jusqu’alors comme mon être le plus authentique, j’écris de nouveau de la poésie – ce qui me permet de m’épancher, en livrant sur le papier les terribles révélations qui ne cessent de m’assaillir ; ces œuvres insanes, par la suite, seront récupérées par un confrère poète, qui y trouvera modèle et inspiration pour assurer sa propre carrière…
[II-9 : Anatole : Kristen Johnson ; Danny O’Bannion] Deux années de ce travail intensif coupé du monde ont considérablement entamé ma résistance mentale – les conversations avec Kristen, et l’accumulation de nouvelles découvertes, n’ont certainement rien arrangé. Des criminels irlandais, passé ce délai, se rendent un jour chez moi pour me « motiver »… ou plus exactement me demander des comptes, au nom de Danny O’Bannion. Mais, quand ils pénètrent dans mon appartement, ils n’y ont trouvé que des pièces désertes et malodorantes, jonchées de détritus, aux angles exubérants et aux meubles gravés de formules mathématiques d’une extrême complexité… Et, çà et là, des crottes de rat.
[II-10 : Anatole : Radzak] Je voyage depuis entre les mondes, dans des endroits inconnus de l’homme ; mon esprit a sombré dans la démence, mais aussi dans l’euphorie – je suis devenu une part de ce qui m’obsédait tant… Mais demeure pourtant une certaine peur, insidieuse – qui sait combien de temps mettra Radzak à me retrouver ? Nous verrons bien…
C’est donc la fin de cette campagne – 33 épisodes, sans compter le prologue (cinq ou six séances en plus à vue de nez) et les présents épilogues ; je ne crois pas avoir jamais joué aussi régulièrement et à aussi long terme…
Mais, au cas où, je me dois de prévenir les éventuels lecteurs de ces (très longs) comptes rendus (s’il y en a) (les fous) : je vais désormais arrêter d’en faire, du moins pour les parties où je suis PJ (je vais essayer de poursuivre quand je maîtrise moi-même – on verra…).
Deux raisons à cela : l’une est que cela me prend beaucoup trop de temps à rédiger et mettre en forme – ayant de nouveau un emploi du temps, je ne peux plus me permettre d’y consacrer autant d’heures… L’autre est que cela a probablement porté préjudice à mes capacités en tant que joueur – en me rendant sans doute moins réactif, peut-être même en m’incitant davantage à la passivité… Bien sûr, je ne peux pas continuer ainsi, dans ce cas – ni pour moi, ni pour les autres. Je vais donc tâcher de retrouver une spontanéité et une vivacité qui m’ont peut-être fait défaut au fur et à mesure que la campagne avançait – car une nouvelle aventure commence…
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