L'Art japonais, de Joan Stanley-Baker
STANLEY-BAKER (Joan), L’Art japonais, [Japanese Art], traduit de l’anglais par Jacqueline Didier, Londres – Paris, Thames & Hudson, coll. L’Univers de l’art, [1984, 1990] 2001, 213 p.
ERRANCES DE LA SENSIBILITÉ NÉBALIENNE
Un aveu, d’emblée : parler d’art, pour moi, est peut-être encore plus improbable et difficile que de parler de poésie – ce qui n’est pas peu dire, hein ? Et je le regrette encore davantage, en fait : j’ai bien conscience de passer à côté de beaucoup de choses qui devraient me toucher, et qui, pourtant, ne le font pas, probablement par simple ignorance… J’apprécie sans l’ombre d’un doute de déambuler dans un musée, environné de toiles et de statues, mais généralement c’est plutôt dans une perspective historienne, je suppose… Il y a certes des exceptions – et j’espère que cet article, à sa manière bien maladroite, saura en témoigner.
Car il ne témoignera probablement pas de grand-chose d’autre… Considérant l’art « de manière générale », si cela veut dire quelque chose, j’ai déjà bien du mal – alors s’il s’agit en plus de l’art japonais… Je n’espère même pas un seul instant parvenir à livrer un compte rendu très pertinent en tant que tel.
Je conçois donc cet article comme… un catalogue ? Un diaporama ? Consistant à mentionner arbitrairement quelques œuvres qui, oui, pour le coup, m’ont touché, sans que je sois toujours en mesure de dire exactement pourquoi.
Dès lors, même précaution générale que pour mes articles concernant la poésie japonaise (surtout l’Anthologie de la poésie japonaise classique et Haiku : anthologie du poème court japonais) : cette sélection, forcément un peu gratuite, n’a certainement pas la prétention d’illustrer ce que l’art japonais a produit de « meilleur » ; il ne s’agit que de témoigner très subjectivement d’une sensibilité toute personnelle, et guère assurée, au point de prohiber tout discours « objectif ».
En témoigne tout particulièrement le fait que certains aspects jugés essentiels de l’art japonais me laissent totalement froid, ou plutôt, non : totalement perplexe ; comme les haïkus, au fond. Je ne m’étendrai pas ici, par exemple, sur la céramique, a fortiori celle d’inspiration zen, car je ne la comprends tout simplement pas. Je ne m’étendrai pas davantage sur les estampes ukiyo-e (même après les 24 Vues du mont Fuji, par Hokusai, de Roger Zelazny), parce que, bien trop souvent, cela ne me parle en rien. Noter qu’on en a peu ou prou fait l’expression même de l’art pictural japonais, comme le haïku le serait pour la poésie japonaise – que cela ne me fasse pas éprouver grand-chose, dans les deux cas, n’en est que plus problématique, mais, en même temps, il y a là-dedans une histoire d’arbre qui cache fâcheusement la forêt, alors disons que c’est l’occasion de nous promener dans les bois, je vous assure qu’il y a beaucoup de choses à y voir… Mais reprenons : la statuaire bouddhique, à quelques exceptions près (une surtout, très importante !), ne m’inspire pas plus que cela, la calligraphie souvent guère davantage, re-à quelques exceptions près (une surtout, très importante !). Bon, ça écrème pas mal, quoi – mais de manière arbitraire et totalement subjective : c’est dit.
IMITER, ADAPTER ?
Cette approche de « diaporama », s’impose d’autant plus à mes yeux, que cet ouvrage signé Joan Stanley-Baker (c’est une relecture, je l’avais déjà lu il y a, pfff, presque quinze ans de cela ?) ne me facilite pas forcément la tâche pour livrer un compte rendu plus « orthodoxe », sans même parler d’une « critique » ; car, s’il est compétent et finalement assez pointu à l’occasion (et abondamment illustré, parfois en couleur, le plus souvent hélas en noir et blanc), je trouve qu’il manque un peu d’ordonnancement, de propos construit et suivi (même si cette approche a ses pièges) – à la comparaison, du moins, avec L’Art du Japon, de Murase Miyeko, que je lis en ce moment et dont je vous entretiendrai plus tard. Mais justement : ce second ouvrage sera peut-être plus approprié pour tenter de mettre de l’ordre dans tout ça, dans une perspective plus critique, mais aussi davantage historique ; je classerai alors probablement davantage par époques ce que je vais classer ici par genre artistique, ou médium.
Mais attention : dans tous les cas, il faut prendre des précautions – parce que, de tous les domaines d’étude, concernant le Japon, l’art est peut-être celui qui s’avère le plus propice, sinon aux stéréotypes (mais c’est souvent le cas), du moins aux nippologies, qui n’en sont au fond guère éloignées : on a dit beaucoup de choses sur l’esthétique japonaise (pas seulement dans le fameux Éloge de l’ombre de Tanizaki, loin de là), le sabi, le wabi, le mitate, l'harmonie, etc. – des choses plus ou moins pertinentes… Ces notions peuvent faire sens, oui, elles le font même très clairement, mais le danger serait de les ériger en système – surtout pour traiter de siècles de production artistique, dans des genres, des courants, des contextes on ne peut plus distincts.
Reste une question fort complexe mais qu’on ne peut pas éviter : le rapport du Japon à l’étranger en matière artistique. L’idée est que le Japon a beaucoup emprunté et « imité » ; c’est la forme la plus dégradée du mitate, peut-être : les Occidentaux qui traitaient du Japon à peine rouvert durant Meiji n’hésitaient guère à employer des mots plus rudes, comme « parodier » voire « singer »… Ils prétendaient, et l’idée a longtemps persisté, en s’étendant à tous les domaines, que les Japonais étaient compétents pour copier, mais d'une certaine manière naturellement incapables de créer. Mais cette idée a sa contrepartie, même dans un discours qui n’est pas forcément si éloigné du précédent dans ses prémisses, en constituant sa variation laudative : le Japon a « adapté », les emprunts ne sont jamais restés tels quels, ils ont toujours intégré, d’une manière ou d’une autre, une sensibilité proprement japonaise – en tant que telle irréductiblement distincte de celles de la Chine ou de la Corée, les deux modèles anciens, et tout autant de l’Occident à des époques plus récentes. Là encore, méfions-nous : gardons l’idée en tête, mais sans trop en faire non plus, car la pertinence, comme de juste, se trouve quelque part sur le chemin, ni au départ ni à l’arrivée.
L’ARCHITECTURE ET LES ŒUVRES MONUMENTALES
Entamons donc cette petite visite. Je suppose qu’il peut faire sens de commencer par les « gros machins », l’architecture monumentale, consistant le cas échéant en endroits où trouver les autres œuvres, de taille tout autre, dont je vais parler ensuite.
Le Daisenryô-kofun
Et, histoire de ne pas faire dans la demi-mesure – histoire aussi de remonter assez loin dans le temps, car tous les autres sujets dont je vais traiter ensuite seront bien postérieurs (mais j’aurais pu remonter bien avant encore, avec la poterie Jômon, notamment) –, commençons par de l’ultra-monumental, avec les kofun, soit les « vieilles tombes », ou les « vieux tumuli », que les puissants, dans le royaume de Yamato surtout, ont fait édifier entre le IIIe et le VIIe siècles.
Celui que je vous présente ici est le plus grand de tous – c’est le Daisenryô-kofun, dans la banlieue d'Ôsaka, qui date du Ve siècle, l’âge d’or des grands kofun ; un monstre en son genre, et le plus vaste monument funéraire au monde – oui, plus grand que la pyramide de Khéops, le tombeau de Qin Shi Huangdi ou que sais-je. Citons Wikipédia : « Le tumulus du Kofun Daisenryō mesure environ 500 m sur 300 m, alors que l’entièreté de la structure fait 840 m de long. Entouré de trois douves, le tumulus s’élève d'environ 35 m par rapport au sol environnant. Sa superficie fait 100 000 m², celle de l'ensemble du complexe funéraire 460 000 m². » On estime que les travaux de terrassement seuls ont nécessité le travail quotidien d'au moins mille hommes pendant quatre ans – l'ensemble de la structure a pu réclamer encore bien plus de moyens et de temps. Ce kofun a été attribué à l'empereur Nintoku – un empereur fictif, censé avoir vécu 109 ans et régné 86 ans, vers cette période certes... Mais cette attribution est en fait récente.
Je dois dire que les kofun me fascinent vraiment, de par leur démesure. Je ne peux pas m’étendre davantage ici à leur propos (je l'ai un peu fait ailleurs), mais, oui, c’est bien de fascination qu’il s’agit…
Le Byôdô-in
Le bouddhisme arrive au Japon, de Chine via la Corée, aux environs du milieu du VIe siècle ; s’installer lui demandera un certain temps, mais cela aura des effets cruciaux sur l’art japonais – car la religion autochtone, le shintô, ne s’embarrassait finalement pas trop de création artistique (et, notamment, ne figurait pas les kami). Aussi, durant l’époque « classique » (entendons par-là les époques d’Asuka, de Nara et de Heian), l’art japonais est avant tout un art bouddhique, qui ne laisse pas forcément beaucoup de place à l’art profane. L’architecture et la statuaire, surtout, sont systématiquement bouddhiques ou peu s’en faut.
Les premiers temples bouddhiques japonais étaient très modestes (ainsi l’Asuka-dera : un petit pavillon abritant une unique statue de Bouddha), mais la donne a changé au fur et à mesure ; le Hôryû-ji (à Nara), considéré comme la plus vieille structure de bois au monde, marquait déjà une certaine évolution, avec son plan plus complexe et sa pagode, mais on atteint parfois ensuite une certaine démesure qui, toutes choses égales par ailleurs, peut rappeler celle des kofun, ainsi surtout avec le Tôdai-ji (à Nara également), immense et qui abritait une colossale statue de Bouddha (dont l’édification a tout bonnement vidé les réserves de cuivre du Japon, dont l’économie en serait longtemps affectée) ; à la même époque se multiplient les temples provinciaux, à l’initiative de l’empereur Shômu.
Mais il est des constructions qui se démarquent par leur raffinement et leur subtilité : au premier chef, un peu plus tard, le Byôdô-in (à Heian, aujourd’hui Kyôto), et, au sein même du Byôdô-in, le hôôdô, ou « pavillon du phénix ». L’ensemble date de 1052, et émane de la volonté du régent Fujiwara no Yorimichi – à cette époque, le clan Fujiwara était le vrai maître du Japon, et en même temps l’incarnation absolue de la culture de la cour de Heian, d’une extrême sensibilité. Ce temple extraordinaire est dédié au bouddha Amida et à son paradis de la Terre Pure de l’Ouest, dont, d’une certaine manière, il s’agissait de présenter un avant-goût terrestre – une réussite, on peut le dire (même si le culte d’Amida ne prendrait véritablement toute son importance que plus tard).
Le Pavillon d’or
Un ensemble d’un autre ordre, maintenant, avec le fameux Pavillon d’or, ou Kinkaku-ji, situé à Kyôto (alors Heian). Sa construction débute en 1397, et il incarne d’une certaine manière le goût des belles choses souvent associés aux shôguns Ashikaga (c’est l’époque de Muromachi) – les Ashikaga, plus encore que les Fujiwara quelques siècles plus tôt, ont généreusement subventionné les arts, notamment sacrés.
Je ne crois pas pouvoir en dire grand-chose de plus ici – car je peux vous renvoyer à un autre article, ma chronique du Pavillon d’or, le génial et magnifique roman de Mishima Yukio, inspiré par le fait-divers de ce jeune moine qui a incendié le splendide bâtiment, en 1950, par haine de la beauté. Mais le temple a été rapidement reconstruit à l’identique après cela – dès 1955, ce qui est éloquent à sa manière.
C’est l’occasion de glisser une petite remarque : les temples japonais, généralement en bois, le matériau essentiel de la culture nippone, souffrent facilement des incendies, etc., et, de toute façon, traditionnellement, on les « reconstruit » régulièrement, en principe à l’identique – la date de fondation de tel ou tel temple n’est pas nécessairement celle de la construction de ses bâtiments, qui, prosaïquement, peut être tout à fait récente (le Hôryû-ji et le Byôdô-in semblent des exceptions, sauf erreur).
Le château de Himeji
L’architecture japonaise n’est cependant pas que sacrée – a fortiori durant les époques les plus troubles du Japon médiéval ; en témoigne le château de Himeji, pas très loin de Kôbe, dont la construction date de 1346, et qui est un des rares châteaux japonais à avoir traversé les siècles relativement intact (donjon de bois inclus).
Pas grand-chose de plus à en dire ici – quelle beauté tout de même ! Pour une réalisation militaire… Cette blancheur est impressionnante, le plan global intimidant de majesté.
Mais vous l’avez probablement déjà vu – ne serait-ce que dans les excellents Kagemusha et Ran de Kurosawa Akira, qui en a usé comme décor.
LA STATUAIRE BOUDDHIQUE
La statuaire, essentiellement bouddhique, occupe une place très importante dans ce livre de Joan Stanley-Baker – comme à vrai dire dans celui de Murase Miyeko : c’est un aspect fondamental de l’art japonais de l’époque classique. S’y repérer n’est pas toujours évident, pour le quidam occidental qui ne sait pas grand-chose du bouddhisme… Et Joan Stanley-Baker ne nous aide guère à contextualiser (Murase Miyeko davantage, et c’est une dimension très appréciable de son livre).
Reste que c’est un art varié, dans les sujets (bouddhas, bodhisattvas, dieux, démons, moines...) comme dans les écoles (artistiques aussi bien que métaphysiques) ou les matériaux (bois, bronze…). Globalement, mais sans doute du fait de ma méconnaissance de cette foi, je suis resté assez indifférent aux innombrables représentations des bouddhas et des bodhisattvas (certains sont mis en avant, comme Amida ou Kannon), encore qu’il y ait à n’en pas douter de fort belles choses dans tout cela – et certaines qui peuvent paraître surprenantes, comme ces niô agressifs et effrayants qui gardent les temples contre les démons. C’est très impressionnant – mais je dois dire que les statues qui m’ont le plus parlé, pourtant, sont autrement sobres et, par définition, humaines, puisqu'elles figurent des moines. J’ai envie d’en montrer deux…
Ganjin assis en méditation
La première, dont on ne connaît pas l’auteur, est une sculpture en laque sec et colorée du maître Ganjin, le fondateur du Tôshôdai-ji, à Nara, et elle date de la fin du VIIIe siècle. Elle introduit peu ou prou un motif de représentation qui persistera par la suite (en témoignera d’ailleurs la seconde statue que je vais citer), en associant à un certain réalisme, très humain, une sensation de profonde spiritualité apaisée – qui ressort ici, notamment, de ce beau visage d’un homme plongé dans la méditation, de ses yeux clos surtout. Je trouve cette statue très belle et très forte – mais la suivante, qui en descend d’une certaine manière, encore bien davantage…
Muchaku (œuvre d’Unkei)
Et voici donc Muchaku, une statue en bois représentant le patriarche indien Asanga, mais sous des traits indubitablement japonais (perso, il me fait penser à Kitano Takeshi, allons bon…).
Cette fois, on en connaît l’auteur : Unkei, un des plus brillants sculpteurs de l’époque de Kamakura, dont on considère souvent que ce Muchaku est le chef-d’œuvre. La statue a été réalisée entre 1208 et 1212, pour le temple Kôfuku-ji (Nara).
Conformément aux canons esthétiques du temps, c’est-à-dire aussi bien ceux des guerriers désormais au pouvoir et portés au pragmatisme et à l’action (à l’encontre des Fujiwara, etc., « efféminés » de la cour de Heian), que ceux des Song du Sud, en Chine, la statue vise avant tout au réalisme, avec une efficacité saisissante.
Je trouve notamment ce visage extraordinaire, il n’y a pas d’autre mot – d’où ces quatre photographies, qui en donnent des aperçus variés. C’est une œuvre d’une très grande force et d’une très grande beauté – une des plus belles de tout ce livre, en ce qui me concerne.
LA PEINTURE, SACRÉE COMME PROFANE
J’en arrive à la plus grosse partie de ce compte rendu, qui est consacrée à l’art pictural, au sens large (encore que je garde la calligraphie pour plus tard). S’il y a un gros déséquilibre dans le présent article, il est sans doute moins marqué dans le livre de Joan Stanley-Baker, où la statuaire et l’architecture notamment bouddhiques occupent une place peut-être aussi conséquente – ce n’est donc pas forcément, et même probablement pas, représentatif.
La peinture japonaise a pu emprunter des formes et des méthodes très diverses, en, disons, l’espace de quinze siècles (puisque je ne remonte pas à la protohistoire, ici), ce qui va me permettre de faire des catégories par la suite.
Il faut sans doute accorder une importance particulière aux supports de cette peinture, car ils diffèrent largement de ceux auxquels nous sommes habitués en Occident : ici, la peinture se déploie souvent sur des paravents ou des rouleaux, cas a priori les plus fréquents, même si d’autres supports encore sont envisageables, comme les éventails, etc.
Allez, quelques exemples, très divers…
Haya raigô
L’inspiration bouddhique est très marquée, aux origines de l’art particulier qu’est la peinture – ici, elle ne se distingue pas de la sculpture ou de l’architecture. La peinture bouddhique est abondante, mais m’a plus ou moins parlé, dans l’ensemble – ou, non : dans ses premiers temps ; parce qu’ultérieurement la peinture d’inspiration zen a produit des chefs-d’œuvre sur lesquels il me faudra revenir.… Je m’en tiens ici à la peinture classique – et encore, je mords un peu sur l’époque de Kamakura, en fait.
La présente peinture, en effet, illustre un thème fréquent de l’iconographie bouddhique japonaise : la « descente » (raigô) « rapide » (haya – elle correspond ainsi davantage aux mœurs des guerriers, ce qui distingue cette interprétation d’autres plus anciennes, et plus typiques du goût aristocratique des époques de Nara et de Heian) d’Amida, accompagné de ses bodhisattvas ; le bouddha rejoint le mourant ayant fait appel à lui au moment de sa mort pour le récompenser de sa foi, en l’emmenant avec lui dans le paradis de la Terre Pure de l’Ouest.
Il s’agit peut-être ici de l’exemple le plus fameux du traitement de cette thématique – un rouleau vertical, en couleurs et or sur soie, typique de l’art religieux de Kamakura en ce début du XIIIe siècle. Y apparaissent en même temps des traits qui peuvent annoncer certaines réalisations ultérieures, notamment concernant les paysages « japonais », tranchant sur les clichés hérités de la Chine.
Ban Dainagon E-kotoba
Un aspect qui m’a séduit, dans cet art pictural partagé, disons, entre la fin de l’époque de Heian et le début de celle de Kamakura, est la propension sensible dans un bon nombre de rouleaux à raconter une histoire. Ces e-maki, je ne crois pas que ce soit si malvenu de le dire, anticipent parfois la bande dessinée, bien avant, par exemple, la Fricassée de galantin à la mode d’Edo, de Santô Kyôden, ou les « mangas » de Hokusai.
Il y en a de plusieurs types – et Joan Stanley-Baker distingue, en y attachant beaucoup d’importance, une peinture dite « féminine » (onna-e) et une peinture dite « masculine » (otoko-e), or je relève que Murase Miyeko, évoquant les mêmes œuvres dans L’Art du Japon, n’effectue jamais ce distinguo… Les œuvres onna-e, s’il faut retenir cette nomenclature, ont produit leur lot de chefs-d’œuvre, et notamment les illustrations du Dit du Genji, le fameux roman de dame Murasaki Shikibu. Toutefois, j’avoue avoir été davantage séduit par des exemples de rouleaux otoko-e, non que leur supposée « virilité » ait quelque chose de martial (ce ne sera le cas que du quatrième exemple que j’ai choisi de citer ici), mais parce que leur dessin, moins « digne », louche plus qu’à son tour sur la caricature, avec le cas échéant un humour marqué (même morbide).
Ainsi du Ban Dainagon E-kotoba, un rouleau narratif horizontal, encre et couleurs sur papier, qui date de la fin du XIIe siècle. L’exemple que voici rapporte « la dispute des enfants », scène fameuse de ce rouleau semble-t-il assez drôle rapportant un fait-divers de l’époque (l’incendie d’une porte du palais impérial, avec ce qu’il faut de médisance et de calomnie pour rendre la chose amusante, faut-il croire). La scène illustrée correspond en fait à plusieurs moments, qu’il faut lire en faisant le cercle (un procédé, cela dit, qu’on avait déjà pu rencontrer dans des œuvres bouddhiques auparavant – rapportant par exemple les vies antérieures du Bouddha historique, notamment la scène du sacrifice au tigre).
Chôjû Giga
Mais voici incontestablement mon chouchou parmi tous ces rouleaux : les Chôjû Giga ; des œuvres anonymes là encore, datant de la fin du XIIe siècle (mais le dernier rouleau semble plus tardif et dû à un autre auteur, ou plusieurs, moins doués que leur prédécesseurs), et simplement constituées d’encre sur papier. À la différence du rouleau qui précède et de ceux qui suivent, ces « Animaux espiègles » ne sont pas accompagnés de texte, et ne renvoient pas à une histoire connue – aussi ont-ils suscité des interprétations très différentes, et leur mystère n’est toujours pas percé… Peut-être les Chôjû Giga ne sont-ils pas exactement narratifs à proprement parler, en dépit de leur mode de lecture consistant à dérouler l’ensemble ?
Quoi qu’il en soit, ces rouleaux sont délicieux, qui contiennent des fantaisies animalières probablement non dénuées d’une certaine dose de satire, puisque les bêtes y singent les hommes (si j’ose dire) ; par exemple, cette adoration d’un Bouddha grenouille par des singes, des renards et des lapins est sans doute assez éloquente à cet égard, et s’avère d’une modernité stupéfiante dans le trait, autant que d’un humour peut-être un peu irrévérencieux qui fait toujours mouche.
La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais, au travers de ces quelques aperçus, j’ai immédiatement pensé à une œuvre peu ou prou contemporaine, mais littéraire (d’abord, pas seulement) et française : mon Roman de Renart adoré. C’est absolument parfait.
Gaki Zôshi
Le cas du Gaki Zôshi (fin du XIIe siècle également, encre et couleurs sur papier) n’est finalement pas moins compliqué, car l’œuvre s’inscrit cette fois dans un registre bien précis : celui du prosélytisme bouddhique. En effet, ces « Fantômes affamés » font partie d’un ensemble de rouleaux destinés à édifier les foules, en leur narrant les horreurs vécues sur Terre et aux enfers par ceux qui ont défié la loi de Bouddha en agissant mal ; oui, il y a une idée d’ « enfer », qui n’est peut-être pas si éloignée que cela des visions terribles et grotesques d’un Jérôme Bosch…
Mais la caricature est pourtant de la partie, ai-je l’impression – et, mais peut-être est-ce un mauvais réflexe de ma part, celui d’un Occidental huit siècles plus tard, je ne peux m’empêcher de savourer les traits, parfois du plus haut comique, de ces terribles fantômes.
Heiji monogatari
Les trois rouleaux dont je viens de parler ont quelques points communs : ils datent tous de l’époque de Heian, contiennent une part de caricature, mais ont peut-être aussi, sauf le premier à vue de nez, une dimension religieuse ; par ailleurs, s’ils sont en relation avec un texte (ce qui n’est pas le cas des « Animaux espiègles »), ce n’est pas avec une grande œuvre littéraire qui a traversé les siècles (ce qui les distingue en même temps de leurs contemporains, de style onna-e, qui illustrent Le Dit du Genji).
Mais nous reprenons un siècle plus tard environ (la fin du XIIIe siècle), avec un rouleau illustré dépourvu de la moindre caricature et d’un effet tout autre, plus réaliste, enfin lié à une grande œuvre littéraire : Le Dit de Heiji (Heiji monogatari), chronique guerrière dont j’avais eu l’occasion de parler sur ce blog.
L’illustration du récit épique a un souffle remarquable, l’encre et les couleurs sur papier produisent un nouvel effet, tout particulièrement dans cette fameuse scène, et traumatique, illustrant l’assaut du palais de Heian par les troupes rebelles du clan Minamoto et l’incendie qui s’ensuit. « Souffle » est le mot, je crois, et je crois également qu’il témoigne de ce que l’époque a changé – qu’avec l’avènement des guerriers, on en arrive à ce « monde à l’envers » dont parlait Pierre-François Souyri dans son Histoire du Japon médiéval (reprenant l’expression chez de nombreux auteurs contemporains des événements).
Myôe Shônin en méditation (œuvre d’Enichibô Jônin)
Je m’en tiendrai là pour les rouleaux narratifs. Il va de soi que la peinture japonaise a aussi concerné d’autres sujets qui nous sont plus familiers, comme le portrait, le paysage, etc. Ceci étant, en digérant éventuellement des influences extérieures (notamment chinoises), l’art japonais est parvenu à exprimer la plupart du temps une forte singularité – bien loin de simplement « copier », les portraitistes et les paysagistes nippons ont adapté leurs sujets à une sensibilité japonaise particulière, parfois même jusqu’à la contradiction des modèles.
J’ai envie de citer ici trois portraits – tous très différents. Le premier serait celui intitulé Myôe Shônin en méditation, dû au peintre Enichibô Jônin ; c’est un rouleau vertical, encre et couleurs sur papier, datant du début du XIIIe siècle. Myôe Shônin était un moine réformateur, très admiratif du nouvel art chinois des Song, dont il a recommandé de s’inspirer – ce qu’a fait notamment l’auteur de ce portrait, qui était en fait le disciple préféré dudit moine, qu’il représente ainsi pour l’éternité.
C’est en fait l’occasion de témoigner d’un changement dans les mentalités, et notamment dans les spiritualités. En cette époque de Kamakura dont on dit souvent qu’elle privilégiait le réalisme (voyez plus haut les développements sur Muchaku et le Heiji monogatari), dimension qui s’exprime sans doute dans le visage du moine, sensible autant que mal rasé, le peintre montre combien cette approche n’est pas un appauvrissement, mais quelque chose d’essentiellement différent, susceptible de produire des pièces d’un haut niveau artistique. L’influence zen s’y fait sans doute déjà sentir, et la composition, tout particulièrement, me paraît admirable, centrée sur le moine en pleine méditation, et même sur son visage si parfaitement humain.
Minamoto no Yoritomo (œuvre de Fujiwara Takanobu)
Des trois portraits que j’ai choisi d’évoquer dans cet article, je crois bien que celui-ci est mon préféré. L’individu représenté est une figure capitale dans l’histoire du Japon, le premier shôgun de Kamakura, Minamoto no Yoritomo ; il est peint ici par Fujiwara Takanobu, sur un rouleau vertical, encre et couleurs sur soie, qui date du XIIe siècle (le peintre a vécu entre 1142 et 1205, son sujet de 1147 à 1199).
Joan Stanley-Baker nous explique que c’est une œuvre typiquement entre deux mondes, avec le formalisme de Heian d’une part, s’exprimant notamment dans la composition, et, je suppose, dans l’allure étrangement « géométrique » du corps et des vêtements du shôgun, tandis que le visage est traité avec une grande attention réaliste, plus typique de l’art naissant de Kamakura – et à vrai dire impensable quelques décennies plus tôt. Le résultat, tout en contrastes, me paraît tout simplement parfait – c’est vraiment un type de représentation qui me plaît beaucoup.
Sakata Hongorô III dans le rôle du méchant Mizuyemon (œuvre de Sharaku)
Le dernier portrait que je retiens ici est bien plus tardif – c’est aussi, probablement, le plus connu des trois. Il s’agit de Sakata Hongorô III dans le rôle du méchant Mizuyemon, une estampe polychrome sur fond coloré de poussière de mica, signée Sharaku et datée de 1794. Elle représente un fameux acteur de kabuki, Sakata Hongorô III donc, que le peintre immortalise sous les traits les plus ridicules (on l’a parfois dit ancien acteur de nô, et très agacé par le succès du kabuki, genre populaire pour ne pas dire vulgaire…).
La caricature est vicieuse, mais aussi très drôle – et d’un art consommé, jouant là aussi beaucoup sur les contrastes, même si le grotesque est sans doute au premier plan ; dans le registre des estampes, si célébrées et courues par les artistes européens du XIXe siècle, cela me parle probablement davantage que les paysages d’un Hokusai ou d’un Hiroshige, si les sujets « badins » du « monde flottant » peuvent, quant à eux, me séduire à l’occasion.
Bois de pins (œuvre de Hasegawa Tôhaku)
La peinture de paysages est bien sûr répandue au Japon – et, à vrai dire, le bouddhisme zen a probablement eu un impact essentiel ici, qui a incité à représenter la nature selon des formes souvent épurées, et tout particulièrement dans le registre monochrome. Les premiers paysages représentés dans cette optique sont parfois la reprise de clichés chinois ne signifiant pas grand-chose pour les Japonais, mais ils ne s’en mettent que davantage à regarder leur propre nature, pour s’en inspirer et livrer des toiles immortelles.
En voici un exemple magnifique (probablement ce que j’ai préféré dans l’ensemble de ce livre), avec les Bois de pins de Hasegawa Tôhaku, datant de la fin du XVIe siècle ; il s’agit d’une paire de paravents à six panneaux, portant un dessin à l’encre uniquement sur du papier (ce qui n’est pas forcément caractéristique de l’auteur, qui a surtout œuvré dans le registre polychrome – ces panneaux ont quelque chose d’une exception).
Le plus admirable, et typique en même temps, est l’importance accordée au vide dans ces panneaux – comme une part essentielle de la composition, et semble-t-il un apport fondamental du zen, qui appréciait ce type de déséquilibre inspirant, constituant en fait un équilibre d’un autre ordre. L’artiste en dérive une sensation brumeuse, hivernale peut-être, qui embellit encore la majesté de ces grands pins élancés, tranchant sur les représentations habituelles de cet arbre au Japon (on prisait jusqu'alors les formes tordues et sinueuses – « à la chinoise »). Fonction de l’humeur, cette ambiance feutrée et indécise peut inspirer le calme, la sérénité – elle est en tout cas propice à la contemplation et même à la méditation, sur un mode supérieur prenant on compte ce que l’on voit mais tout aussi bien ce que l’on ne voit pas. C’est un immense chef-d’œuvre.
Faucon sur un pin (œuvre de Sesson Shûkei)
Proches des scènes de paysage, d’autres tableaux illustrent la nature en mettant en avant la flore (innombrables représentations d’orchidées, etc., souvent accompagnées de poèmes calligraphiés) ou la faune – ce qui a pu donner aussi bien de délicates études d’insectes, que ce tableau d’une fougue sidérante, et peut-être faudrait-il aller jusqu’à parler de violence : l’extraordinaire Faucon sur un pin de Sesson Shûkei (un rouleau vertical – il y deux rouleaux en fait, et l’autre est de toute beauté lui aussi, mais je préfère m’en tenir ici à celui-ci, autrement saisissant –, encre sur papier, milieu du XVIe siècle). La précision dans le rendu expressionniste et agressif de l’oiseau de proie s’accompagne d’une grande virtuosité dans la composition de son cadre ; en résulte un équilibre parfait, mais sur un mode étrangement hostile qui ne saurait laisser indifférent.
Au bord du lac (œuvre de Kuroda Seiki)
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le Japon voit son art bouleversé par l’ouverture au monde (même s’il n’en était pas aussi coupé qu’on a pu le dire – via notamment les commerçants hollandais) ; à l’indécision des troubles succède chez certains la conviction sans cesse martelée que ce qui vient de l’Occident est intrinsèquement supérieur (les Occidentaux pouvaient avoir une impression toute différente, notamment au regard des estampes – une histoire d’herbe plus verte chez le voisin). Les peintres japonais se livrent donc avec frénésie à la « peinture occidentale » (yôga).
Les plus habiles et conscients d’entre eux cherchent plutôt à opérer une synthèse : c’est le cas de Kuroda Seiki, grand connaisseur de l’art occidental (il a vécu à Paris puis créé une école de retour au Japon), dont voici, datant de 1897, Au bord du lac, une huile sur toile (soit deux choses inédites) qui rappelle pourtant la tradition des estampes. Le résultat « surprend » moins nos yeux d’Occidentaux, j’imagine, mais le sujet et le traitement ne sont pas sans grâce ni habileté, ni même personnalité, surtout dans pareil contexte.
Feuilles mortes (œuvre de Hishida Shunsô)
Mais le tableau de Kuroda constitue peut-être un premier état du courant dit « nihonga », soit « peinture (d’inspiration) japonaise », qui entend dépasser l’admiration éperdue pour les « nouveautés » occidentales, en en pesant bien l’apport, mais sans pour autant s’empresser d’effacer tout trait japonais ; c’est probablement ainsi qu’est né l’art contemporain nippon.
Hishida Shunsô, au tournant du XXe siècle, est représentatif de cette vision des choses, et ses Feuilles mortes (1910, paire de paravents à six sections, pigments minéraux sur papier), où les arbres se perdent progressivement dans la brume, rappellent avec bonheur les Bois de pins de Hasegawa Tôhaku, cependant avec une technique d’inspiration occidentale et davantage réaliste, mais sur un support typiquement japonais.
Rivière (œuvre de Tokuoka Shinsen)
Et nous en arrivons à l’époque contemporaine. Joan Stanley-Baker ne s’y étend pas dans cet ouvrage, n’en donnant guère que quelques aperçus rapides (il n’y a rien de la sorte dans le livre de Murase Miyeko). Je ne vais pas m’y étendre non plus – mon inculture et, c’est lié, mon absence totale de goût m’interdisent de vraiment en traiter.
Je noterai juste que cette Rivière, de Tokuoka Shinsen, datant de 1954, m’a séduit – je serais bien en peine de dire pourquoi. Mais, bizarrement (?), c’est surtout vrai dans le livre, où la reproduction a, pour je ne sais quelle raison, des couleurs bien plus douces et lumineuses que cette photographie trouvée sur Internet, dont le rouge m'agresse (la teinte est bien davantage orangée dans le livre)…
D'AUTRES ARTS – DONT LA CALLIGRAPHIE
Je n’ai finalement abordé l’art japonais, jusqu'à présent, qu’au regard de genres bien connus en Occident également, mais il va bien au-delà – et au-delà d’un partage qui me paraît malvenu entre arts dits « majeurs » et arts dits « mineurs ». L’art des jardins n’a assurément rien de mineur – les laques ou la céramique zen non plus, je suppose, même si l’intérêt de cette dernière, trop souvent, me dépasse (l’idée centrale de l’imperfection profitable me séduit, mais les quelques bols qui figurent dans cet ouvrage et qui suscitent des commentaires très enthousiastes, eh bien… je ne comprends pas), et il faut y accoler la cérémonie du thé, éventuellement le pivot autour duquel tous les arts s’organisent.
Mais la calligraphie doit probablement être mise en avant. Loin d’être un art « mineur », elle est peut-être, pour les Japonais (et pour les Chinois) l’art qui dépasse tous les autres. Bien sûr, l’écriture chinoise (mais aussi les kana, en fait) s’y prête particulièrement – d’une manière probablement inenvisageable pour notre alphabet. Ça ne nous facilite pas forcément l’appréciation au plus juste de la calligraphie japonaise, a fortiori si on ne sait pas lire le texte (j’entends : même s’il avait été écrit « normalement »), ce qui nous incite à envisager ces œuvres et leur qualité au regard de critères esthétiques un peu abstraits.
Mais, même ainsi, cela peut donner des choses proprement extraordinaires. Cet exemple m’a littéralement bluffé, qui est tiré du recueil Shigeyukishû, dans l’anthologie Sanjûrokunin ka shû, et date d’environ 1112. Je cite, je crois que c'est ce qu'il y a de mieux à faire (pp. 103-104) :
Le Sanjûrokunin ka shû (« Anthologie des Trente-Six Poètes »), du début du XIIe siècle, constitue un sommet dans l’art de la fabrication et de la décoration du papier. On pense que ce recueil de plusieurs centaines de poèmes, copiés par vingt calligraphes, a été offert à l’empereur-retiré Shirakawa, à l’occasion de son soixantième anniversaire (1112). Le poème suivant est de Minamoto no Shigeyuki (mort en 1000) :
Bien que la souche enterrée
Rencontre le Printemps quand
Les branches surgissent unanimes
Combien d’années a-t-elle
Passées sans verdir !
Le poème évoque peut-être une femme mûre, symbolisée par une souche enterrée, qui a déjà vu venir et partir plusieurs printemps suivis d’un été sans amour. L’artiste a utilisé du mica et de l’encre de Chine sur un papier décoré de collages. Au centre, un bateau abandonné, motif classique lié à l’été, est peint sur une feuille de papier déchirée, insérée entre deux morceaux de couleur plus claire, comme s’il n’appartenait pas au même monde. La disposition calligraphique du poème suit les cadences de la langue ; il se clôt sur des caractères chinois compliqués, en un paraphe d’une ferme écriture masculine. D'une pression forte et mesurée du poignet, le calligraphe semble avoir inscrit sur le papier les souffrances secrètes dont témoigne le poème waka de la même façon que s’il avait recopié un décret officiel.
Je trouve ça absolument stupéfiant, d'inventivité, d'audace, de pertinence.
À COMPLÉTER
Voilà, je vais m’arrêter là pour aujourd'hui. Mais tout cela sera à compléter avec d’autres ouvrages, ayant éventuellement un point de vue différent – assez prochainement, je vais ainsi vous parler de L’Art du Japon de Murase Miyeko, et tenter, avec un tout petit peu plus de bases, d’ordonner et analyser tout ça. Mais commencer par le pur ressenti ne me paraissait pas inapproprié.
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